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STUTTGARD,
COTTA.
M. DCCC. XXVI.
PS 5.0
h»
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
PREMIÈRE CARTE.
iPOQUE DE CTRUS, l'aJV 53o AVANT JÉSUS-CHRIST.
BMPIBK
PBISAH.
OEBfTUBBT.
Cynts, d'origine persanne, c'est-à- dire d'une
race sémitique, ayant mis fin à la dynastie mède
qui domina dans l'Iran , étendit avec rapidité les
bornes de SCS états. Cette carte présente soncmpire
tel qu'il était en 536 avant notre ère. Ses limites
sont marquées en rouge. Le royaume de Lydie ,
que Gyrus conquit en 538, et qui comprenait
l'Asie mineure entre la mer Egée, le mont Tau-
rus et le fleuve ffaljs, est distingué des an-
ciennes possessions mèdes par une fronlièie
bleue, et celui de Babylone , soumis deux ans
plus tard , par une verte.
En Ègjrpte régna AmasiSy sixième roi de la
vingt-sixième dynastie, qui était Saïte. Couleur
jaune clair.
A cette époque reculée les parties habitables
de VJralie étaient partagées rntrc différentes
familles de petits princes, dont le gouverne-
ment était tout-à-fait patriarcal. L'histoire, ou
plutôt la tradition postérieure des Arabes, no
nous donne que la liste de leurs noms , sans au-
cune chronologie , et accompagnée de quelques
anecdotes souvent très fabuleuses.
Quant à Vlnde et le Tubei , nous en savons en-
core moins sur les événements qui ont eu lieu
dans ces vastes régions, du temps de Cyrus et de
ses successeurs. Les Hindoux n'ont pas songé
à écrire leur histoire, et chez eux la poésie a en-
vahi le domaine de cette dernière. Les fastes de
i'Indc ne peuvent être recueillis que dans les in-
nombrables inscriptions anciennes que le tempe
et la fureur dévastatrice des musulmana ont
épargnées. La couleur bleue , qui entoure sur
-notre première carte la presqu'île en-deçà du
Gange, est donc simplement une indication
ethnographique et géographique; car nous igno-
rons si cette grande partie de l'Asie méridio-
nale était soumise à un seul monarque, ou si
elle fut partagée entre plusieurs princes indé-
pendants les uns des autres.
L'île de Cejlan, ou Lanka, a été autrement
coloriée que l'Inde ( en orange ) , parccqu'elle
était habitée par un autre peuple , qui était vrai-
semblablf ment de la race nègre.
Nous n'avons aucune notion historique des
événements qui ont eu lieu dans l'Inde ao-delà
du Gange.
V isthme Caucasien, ou le pays situé entre
la mer Noire et la mer Caspienne, était, du
temps de Cyrus , habité presque par les mêmes
peuples qui l'occupent aujourd'hui. Les chro-
niques géorgiennes prétendent que ces peuples
descendent du patriarche Thargamos , et leur
donnent pour cette raison le nom de Tharga-
mossiens. Je leur ai affecté sur cette carte la
couleur ora/ige^ en réservant \^ bleue -çouv les
habitants de VAlbanie, qui étaient d'origine dif- auaiiii.
férente.
Au nord-est de l'empire persan on voit la tkaksosiaiii.
Sogdiane et toute la Transoxiane, marquées en
IHDB TBAM-
GAHCiriQCB.
IBraMB
GADGASIBH.
II
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
SOGDIINS
OO SZV.
HASS4ckTEn.
MATIOHS
nmiifiQaBS.
violet. Nous n'avons aucune idée précise sur l'o-
rigine et sur la patente des Sogdiens et des autres
tribus qui habitaient ces contrées : il est permis
de croire qu^elles sont les Szu des historiens
chinois, qui plus tard furent chassés de ce pays,
et contraints de se rendre dans les régions situées
sur les deux bords de l'Indus et de ses confluents
septentrionaux. On peut donc présumer que ces
peuples sont les ancêtres des uijgans de nos
jours, et que, comme tels, ils appartenaient à la
souche des nations indo-germaniques.
Au nord de la Transoxiane, on voit le pays des
Masstigètes , ou les Gètes éloignés , qui étaient
de la même race que les Parthes, les Alains
et les Gèles de l'Europe. C'était aussi un peuple
indo-germanique. Sur la carte ses frontières sont
marquées en jaune foncé.
Les nations hunniques, ou Finnois orientaux,
issues de la même souche que les fVogoules,
OsUaks et Hongrois de nos jours, et les Huns,
les Awares et K bazars du moyen âge, habi-
taient anciennement au-delà de VOural dans la
Sibérie occidentale , et s'étendaient à l'orient et
au sad-est jusqu'à l'Ob et les monts Allai et
célestes. Ils sont désignés par la couleur vert
céladon.
La première carte de notre atlas nous montre
la C/une (jaune foncé) déjà divisée en plusieurs
royaumes qui sont rangés autour du domaine de
l'empereur ( enluminé en plein ) comme autour
d'un centre. L'espace trop petit des cartes n'a pas
permis d'indiquer tous les royaumes existants à
cette époque , qui souvent n'étaient que de pe-
tites principautés , ou des villes médiocres avec
leurs territoires. On s'est contenté d'en indiquer
les principaux.
Le Tchao sian, ou la Corée, qui depuis la
fondation de la dynastie Tcheou a eu des rois
d'origine chinoise , est enluminée en rouge
foncé. On ne sait pourtant pas si ces anciens
princes ont dominé sur toute la presqu'île , ou
s'ils n'en ont possédé que la moitié septentrio-
nale.
Le midi de la Chine était anciennement divisé"
entre les barbares de Tue et ceux de Non tchao.
Aux premiers le rouge clair est affecté , et aux
seconds le vert pomme.
La partie occidentale du Japon (ver<) était déjà
civilisée du temps de Cyrus. La moitié orientale
de la plus grande île de cet archipel était encore
habitée par des barbares velus, appartenant
vraisemblablement à la race Kourile.
L'Asie centrale était occupée par les tribus
nomades des Turcs, nommées par les Chinois
Hianjrun {vert ). Au nord, ils avaient les nations
samoUdes (brun)^ qui se trouvaient sur l'Ie*-
nireï supérieur, et les montagnes de Tangnouet
Sayansk. A l'occident de ceux-ci, habitèrent les
ancêtres des Mongols, en Daourie et dans d'au -
très pays voisins du lac Baikal, marqués en
violet.
Les anciens Chinois désignaient sous le nom
Toung fiou toutes les peuplades de la race toun~
gouse qui se trouvaient disséminées dans les
pays situés à l'orient des Turcs et des Mongols ,
et au nord de la Corée, ou autour du fleuve
Amour et de ses confluents. Leur enluminure
est bleue. Il paraît pourtant que dans cette dé-
nomination de Toung hou étaient confondus les
Sian pi et les Ou houon, ancêtres des Coréens
de nos jours, qui forment une souche de peuple
tout-à-fait particulière.
mi
DK LA c
s «MOU
SECONDE CARTE.
JÎPOQUE DE DARIUS HTSTASPIS , l'aW 5oO AVANT JléSUS-CHRIST.
Des progrès rapides avaient considérablement
agrandi Vempire persan. Cambyse avait conquis
rÉgypte en SîS. Darius Hystaspis, après avoir
échoué dans sop expédition contre les Scyllics
d'Europe , rendit laThrace et la Macédoine tri-
butaires, soumilfla Transoxiane, et s'empara de
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
m
FAT»
:iCCAtlK5S.
la partie de nord-ouest de Tlnde. Ces conquêtes,
et la possession de rÂrmënie et de FÂdiabéne,
mirent la Perse au plus haut point de sa puis«
sance. Ses limites vers Tan 5oo avant notre ère
sont marquées en rouge.
La Géorgie ( orange) et T Albanie {bleu ), ou les
pars Caucasiens, étaient alors indépendant». Le
reste de FAsie n*avait pas essuyé de change*
ments considérables, de sorte que les limites
et les couleurs pour les autres empires et na-
tions sont restées les mêmes que sur U premièi'e
carte.
TROISIÈME CARTE.
EPOQUE D ALEXANDRE LE GRAND, LAN 032 AVANT JESUS-CURIST.
BMPiam
ALKZAHDBa.
AIHÉRIB
IT PAYS
:AUCASIK5S.
L'empire du vainqueur de Darius est marqué
en violet. Il se composait en Europe de la Macé-
doine, d'une partie de la Thracc et de toute la
G^réce; en Asie, il comprenait l'Asie mineure (&
Tezception de la Bithynie , la Cappadoce et le
Pont, qui formaient des états indépendants), la
Syrie, Phénicic, Palestine, tous les pays situéssur
l'Euphrate et le Tigre , l'Assyrie , l'Arménie mé-
ridionale, l'Adiabéne, la Médie, toute la Perse ,
la Bactriane et la Sogdianc , jusqu'au fleuve
laxarte ; enfin , ses parties les plus orientales
étaient les contrées arrosées par l'Indus et ses
confluents.
En Afrique , Alexandre posséda l'Egypte jus-
qu'aux cataractes du Nil , et les côtes de Libye
jusqu'aux frontières de Cyrène.
V Arménie septentrionale, \9i Géorgie ^ qÛ! Alba-
nie, ne furent pas soumises au pouvoir macédonien.
Les Massagétes et les peuples hunniques , ou
Finnois orientaux , n'avaient pas changé de de-
meure.
L'Inde et le Tubet étaient historiquement aussi
inconnus qu'auparavant.
La Chine ne montre d'autres changements que
la rédaction du territoire de la domination impé-
riale et l'agrandissement du royaume de Thsout
produit par la conquête de celui d*OM.
lie Japon et la Corée se trouvèrent dans l'état
antérieur , de même que les pays habités par les
nations des Turcs , Toungouses, Mongols et «SVi-
nutSèdes. Cependant les Sian pi et Ou houon ,
habitants des contrées montagneuses et boisées
au nord de Péking et du golfe de Liao toung ,
n'étaient pas soumis aux Turcs.
NATIOM*
niBISQVM
■CKHIQVRS.
IMaBBTTVBir.
lAfon
kTcoaii.
BOMADBS
ai i*AtiB
IRTiBIBIiaB
BTORIKKTiLB.
QUATRIÈME CARTE.
ÉPOQUE DE LA DIVISION DE l'eHPIRE d'aLEXANDRE , l*AN 28 1 AVANT JÉSUS-CHRIST.
BMVIRB
DBS
I^LEUCIDBS.
Le fond de l'empire d'Alexandre en Asie était
la Perse, qui, après la mort de ce conquérant,
tomba en partage BUxSéleucides. C'est pour cette
raison que j'ai laissé à leur monarchie la couleur
violette. La domination des Séleucides s'étendait
sur la Syrie, Babylone, les pays situés sur l'Eu-
phrate et le Tigre , la Bactriane et la Sogdianc ; à
l'orient, elle se trouvait limitée par l'Indus et
l'Hyphasis. La superbe ville d'Antiochie était la
capitale de ce vaste empire.
Les rois de l'Egypte, dont les possessions sont
coloriées en Jaune, avaient en Asie la Pulestinc,
la Phénicie, l'ile de Cyprc, la Cilicie, laLycie,
la Pisidic, la Carie, la Lydie et l'Ionie. Entourés
de leurs domaines, les habitants de l'ile de
Rhode avaient pris le porti des Ptulémécs } ils
ioYm.
IV
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
HtftACLSA.
iurent attaques par Antigone et DdmëtriuS) qui
mirent le siège devant leur ville; mais j n'ayant
pas pu la prendre, ils firent la paix avec les
Rhodîeus en 3o3 , par laquelle ils reconnurent
rindëpendance de cette petite république (bleu
clair) j qui posséda quelques endroits sur la côte
de la Doride.
iirnrniB. Lg royaume de Bithynie, marque de couleur
orange, existait au moins depuis l'an 383 avant
notre ère. Son roi, Bias^ avait battu Caranus ,
général d'Alexandre , et soutenu son indépen-
dance. Zipoetes, qui lui succéda , fut installé par
Lysimaque.
A l'orient de la Bitftjmie nous voyons la petite
république à! Heraclea , marquée en bleu.
riicâHK. En 281 , Pktletaerus fonda le royaume de Per-
gamet sans prendre le titre de roi , qui ne fut
adopté que par son successeur Euméne (a6i).
Originairement ce royaume ne comprit que la
ville de Pergame avec son territoire , mais après
la guerre qu'Euménc II, allié des Romains, en>
treprit contre Antioche, il s'agrandit consi-
dérablement , et conquit toute l'Asie antérieure ,
jusqu'à la Cappadocc et la Galatie, à l'exception
de la Carie et de la Lycie. Je l'ai représenté sur
cette carte, par anticipation, dans saplusgrande
étendue , en lui affectant la couleur rouge clair,
CArrADOCB. I^ Cappadoce, marquée eu orange, avait déjà
du temps de Cyrus sea propres rois. Alexandre
ne l'avait pas soumise ; ce ne fut qu'après sa mort
qu'elle fut conquise par Perdiccas et Eumène.
Plus lard (3oo avant Jésus-Christ), AriarlherlV,
issu de l'ancienne dynastie des rois de la Cappa-
doce, reprit ses droits, et monta sur le trône.
M)»T. Le Pont parait ne pas avoir été soumis à l'em-
pire d'Alexandre ; mais nous ne savons rien sur
les événements qui ont eu lieu dans ce pays dans
le premier siècle après la mort de ce conquérant.
Vraisemblablement chaque ville ou tribu de ses
habitants formait une république , ou avait ses
propres princes. Ce ne fut qu'en aaS avant Jésus-
Christ que MithridateI(Ktistes)fonda le royaume
de Pont, si célèbre dans l'histoire romaine.
Le royaume du Bosphore comprit en Europe bostho
la partie orientale de la Chersonèse taurique,
jusqu'à la ville de Théodosie , et en Asie le terri-
toire de Phanagoria, jusqu'à la frontière de Sin-
dica. Il fut fondé en 479 avant notre ère» et se
trouve déjà marqué sur la carte précédente. Ses
limites sont coloriées en orange.
Atropates, satrape d'Alexandre, fonda en3i8 ArmopATà
un royaume dans la Médie septentrionale , qui ,
d'après son nom , reçut celui d'Atropatène. Ses
successeurs y régnaient à l'époque de notro. qua-
trième carte; plus tard ce pays fut soumis par les
Arsacides. Il est marqué en orange.
U Arménie passait pour être une province de tkUMinxi
l'empire des Suleucides ; cependant les gouver-
neurs nommés par ces princes étaient presque
indépendants ; j'ai donc cru pouvoir distinguer
leurdomaine par l'enluminure bleue.
La Géorgie, marquée ea /aune Jbncé, était aussi cioscu.
indépendante, et les princes qui la gouvernèrent
résidèrent à Mtskhéta, ville située au confluent
du Kour et de l'Aragyri.
V Albanie était habitée par différentes peu-
plades, gouvernées d'après leurs propres lois
(vermillon).
L'Inde paraît avoir été partagée à l'époque de i5bi.
cette carte en deux grands empires. Au nord
était celui des Prasiens (bleu), et au sud le
roynume des Dachinabades (jaune foncé).
Dans l'intérieur de l'Asie , et à l'orient des kbotas.
hautes montagnes neigeuses sur lesquelles l'Oxus
prend son origine , s'était formé le royaume de
Kou stana ou de Khotan, dont les rois étaient
d'origine indienne ; c'est pourquoi il est marqué
en bleu sur la carte.
Le reste de l'Asie n'offre pas de changements
remarqual>lc$.
ALBARII.
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RAo :.c c;tANFORD UNIVERSITY LIBRARIES STANFORD UNIVERSITY ^
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LIBRARIES STANFORD UNIVERSITY LIBRARIES STANFORD UNIVERSITE
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VI
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
fleuve jusqu'à la frontière de rAiiuéuxe tnineure,
et jusqu'au promontoire de Jasoa , auquel fi-
nissait la Colchide mtiridionaJc. Couleur bleue.
iiiADocK. Au sud du Pont et de la Galatie était le
royaume de CappadocC' 11 avait été envahi par
Nicomède,roi de Bilhynie; maisaprds lui l'an-
cieune famille royale reprit les rênes du gouver-
nement. Lfl capitale dtuit Alazaca, qui plus tard
reçut le nom de Césarèe. Couleur orange.
r.»o»cis. La Géorgie, marquée en jaune foncé ^ avait
SCS rois , qui résidèrent toujours à MLskhétha^
mais ies provinces occidentales) habitées par les
Géorgiens, étaient divisées entre différents petits
princes , dont quelques uns paraissent avoir été
d'origine arménienne.
itB4»i». U Albanie était indépendante; de temps à
auti'C SCS parties méridionales , ou le Cldi^van
de nos jours, étaient occupées par les Arméniens,
Couleur vermillon.
«usraoBk. Le /î(ij/>/iure avait ses propres rois, dont les
possessions sont marquées en orange:
Pendant que dans l'Asie occidentale la vaste
étendue de pays possédée par Alexandre-le-
Grand se trouvait morcelée eu plusieurs royau-
mes et principautés plus ou moins considéra-
bles, le génie des princes de Tfisin, et princi-
palement l'esprit eutrepreiiant de Thsin cki
fiouang ti, avaient rétabli l'unité du pouvoir en
Cfùtte. Les petits royaumes du temps des Tcheou
avaient disparu, et le fondateur de la nouvelle
dynastie étendit les limites de Tempire jus<
qu*au3c bortU de ta mer qui baigne les pro-
vinces méridionales de la Chine. Il divisa les
pays soumis à son sceptre en quarante provinces
indiquées sur la carte et enluminées en jawic
foncé.
A rorieut de la Chine était le royaume de
Tchao iian eu Corée ; mais nous ne savons pas
si toute cette presqu'île était soumise à un seul
prince , uu si plusieurs de ses provinces , conime
les pays de Pian han , Cliin han et Goei mé^
avaient des chefs particuliers. Cette incertitude
m'a fait donner à toute la Corée la même cou-
leur , le carmin foncé.
Le Japon , marqué en vert clair, avait à l'é-
{K>que de celte carte la ville de KarouUi pouj-
capitale. La partie orientale de ce pays n'était
pas loul-à-fail souniise , et habitée par des peu-
4 plades barbares
Au nord du Liao loung et au nord-est de la
. «Ml» ri
Chine , habitaient les nations des Sian pi et d'Où
houan^ qui, tous deux étaient de la même ori-
gine que les Coréens. Tantôt ils furent soumis
par les Turcs Hioung non, tantôt ils étaient
libres, et gouvernés par leurs propres princea.
Je dislingue leur pnys par uoe couleur brun
clair.
Les Hioung non formèrent déjà à l'époque de
cette carte une puissante monarchie, mais leurs
limites vers l'occident n'étaient pas bien déter-
minées; car ils avaient l'habitude de faire de ce
côté plutôt des invasions et des déprédations
que des conquêtes. Le campement de leur
Ichhen j-u , ou roi , était au nord du désert de
Gohî, dans le voisinage du Selengga supérieur.
Couleur veri foncé.
Au nord-ouest de la Chine et au nord de la
haute chaîne de montagnes neigeuses , appelées
Kuen lun ou Nan chan, dans un pays fertile, ar-
rosé par le Bouhungghir , mais entouré de de'-
serts de sable , habitaient ensemble deux nations-'
d'origine différente; les Vue tchi^ qui étaient d(
la race tubctaine, et les Ou sun^ auxquels on
serait tenté d'assigner une descendance plus
occidentale , car ils étaient blonds et avaient des
yeux bleus ou verdâtres. L'enluminure de leur
contrée est en vermillon.
Le royaume de Koustana ou de Kholan, fondé
par une colonie hindoue, est pour cette raison
colorié en bleu. Nous ne connaissons pas son
étendue , mais il est à présumer que , s'il ne com-
prenait pas toute la partie occidentale de la petite
Boukharie, comme je l'ai présumé sur la carte,
il lui avait au moins communiqué sa religion et
sa civilisation.
Le paya des Massagèles et des tribus de In
ni^'rae souche, qui portaient le nom général de
ZJnrt', est enluminé en Jaune foncé. Ces peuples,
d'une race tudesque, étaient pareuts des Parlhes;
ils avaient des princes de la famille des Arsa-
cides.
Dans le nord de l'Asie , les peuplades toun-
gouses , mongoles , samo'ièdes , et les nations
hutmiques t ou Finnois orientaux, n*avaienl pas
changé de place, et s'il y a eu des révolutions
parmi eux, l'histoire n'en parle pas.
Dans le sud , les Tubctaîns , ou Si khiang
(couleur orange)^ entourés de leurs montagnes
inaccessibles , n'avaient pas cherché de commu«
ntcations avec leurs voisins ; &i l'on excepte les
KliOTU
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES. vu
Ni Yinde , toujours divisifc en seplenlrionale
( bleu ) et méndionale {jaune foncé) ^n\ V Arabie,
laissée en blanc, n'offrent de l'intérêt historique
k repo<]ue de i« cinquième carte.
petites incursions qu'ils étaient accoutumés de
Taire dans les provinces occideutales de la Chine.
Cependant Tksin chihouang ti les avait souvent
châtiés f et les tint en respect.
8T 4B«Blt.
SIXIÈME CARTE.
ÉPOQUE d'auguste, l'aW 3l AVAKT JÉSUS -CHRIST.
iotmoKtiK.
iilloiCIK.
PSurLBS
COTR0.
L'agrandissement rapide de In puissance des
Romains a entièrement changé la face de l'Europe
méridionale, etde Foccidcntdc l'Asie. A l'épo-
que de noire carte la domination romaine se
trouva partagée euUe Auguste et Antoine* Le
dernier ne possédait plus que l'empire des Plo-
témées , colorié en jaune clair. Le vainqueur
d'ActJura était maître de l'Europe et de l'Asie.
La limite ixjuge clair désigne \qs frontières de
son empire, qui comprenait toute l'Asie mineure,
les côtes asi.itiqiK^s de la Méditerranée, quelques
pays situés sur l'Euphrate supérieur , FArménie,
la Colchide , et plusieurs contrées voisintîs de la
mer Noire et du Mœolis.
Le petit royaume d'Édesse ou A^Osrhoëne,
enclavé dans les possessions romaines , se trouva
tantôt sous la dépendance des Romains, tantôt
sous celle des Parlhes. Presque tous ses rois por-
tèrent le novn A' Âbgare ; le plus célèbre d'entre
eux est le treizième, nommé Abgare Uchama ,
qui vivait du temps de Jésus-Chi-ist.Cerojaunie
a duré depuis j36 avant notre ère jusqu'en at8
après celte époque. Pour l'indiquer, j'ai souL'gné
en vert le nom de sa capitale, Eiîesse.
La Géorgie avait ses propres rois, plus ou
moins dépendants des Romains. Couleur /aun&
foncé,
U Albanie seplenlrionale , marquée en ver-
millon , était gouvernée par plusieurs petits
chefs.
Les peuples tudesques ou sarmalo^goths ,
auxquels appartenaient les Massagètes et les
Alains, avaient en partie quitté les pays situés
à l'orient de la mer Cîtspicnue , et les bords
du laxartes , qu'ils appelaient dans leur laji-
gtie Tariais { ou Don , c'cst-â-dire Fleuve ). Ils
s'étaient avancés vers l'occident , où ils occu-^
pèrcnt les bords septentrionaux de la Cas-
pienne , du Mœotis et de la mer Noire , d'où ils
commencèrent déjà à menacer l'empire romain.
Je leur ai affecté sur cette carte la couleur vio-
kue.
Leurs parents méridionaux, les Parûtes, gou
vernés par les princes arsacides , étaient par-
venus à culbuter la puissance des rois de Syrie, en
s'cmparant de toute la Perse septentrionale, de
l'Assyrie et de la Mésopotamie, Leurs capitales
étaient Hécalompyles et Rhagœ, Coulem* jaune
clair.
Le royaume A' Atropatène , colorié en orange ,
avait aussi un roi arsacide , et fut allié à celui
des Parthes.
La Bactriane , coloriée en violet, était gouver-
née par des princes arsacides , mais ses fron-
tières s'étaient considérablement resserrées.
La Transoxiane, ou le pays situé entre TOxus
et le laxartes, était occupé par la nation tube-
laine des Vuejichi , venue de la frontière de la
China. Elle avait soumis ta Sogdianc détendit
ses conquêtes de plus en plus. J'ai laissé aux
Vue Ichi la couleur itermiUon, qui les désignait
sur la carte précédente, quand ils habitèrent en-
core, ensemble avec les Ou sun, au nord du Tu-
bct oriental.
Les provinces méridionales de la Perse jus-
qu'au Tigris n'étaient pas soumises aux rois
des Parthes. Eilcs étaient ou libres ou gouver-
nées par des petits princes qui s'étaient liés pour
résister aux Arsacides. Je les ai marquées par
le vert clair»
Le pays situé des deux côtés de V Indus, ou
VInde septentrionale des auteurs chinois , était
«TROPATt;»*.
t>ktr*\k%9..
PKttsK
MéaiDioHAi.r. •
PATS
ïtlR L'inDO.
!ll|]
Xfl
APERrx GÉNÉRAL DES CARTES.
r.oulfiur verte. —\jt rojaomc des Thsianyan oa
premiers Van , ao nord fi«s pro-rinces cbinoises
t\e P« tchj li el de IJao toung; enlophinreanu»-
/^«■. — Lepajs des Sianpiàe la horde de Fîu wen,
^ l'orient du précédent, en violet. — I>e campe-
ment de Thouhou hoen , chef de quelques hordes
Sianpi, qaî plas tard formaient une nation pais-
sante, se ironrait alors dans les monts In chan,
au nord du coude septentrional du Houangho;
couleur oranffe. — Le rojaume de JIo si, à TO.
de ce coude ; carmin.
H locaft «or ■L«v liioung nou méridionaux étaient soamîs
wtfRibio* âr X. am Chinois, leur pays est marqué en violetjbneé.
Lm royaumes de VJsie centrale , indiqués par
une couleur bleue claire , étaient devenus indé-
pendants. L'existence du royaume de Liang em-
p^cha leur communication avec Tempire chinois
sous la dynastie de Tsin.
IjC pays de Ta wan, colorié en rouge, était
lantdt indépendant, tanl/jt soumis aux Koe tchi.
Les Ou Sun n'avaient pas quitté leur |>ays au
nord des montagnes Célestes. Giuieur orange.
Les Ouigour ou Kiu sw, couleur rouge clair,
étaient aussi indépendants, et quelquefois tribu-
iaircsdes Thopo.
Aux sources de l'irtychc se tronvaient encore
quelques débris des Jtioung nou {riovAeva verUi),
qui plus tard se réonircnt aux Tlufu khiu ou
A%tt
DilRIf
•IS
HIOCXA 3I0C.
Turcs de f Allas La partie de la ontion des Hioong
non du nord , qui avait été' chassée à Toccsdent,
j vivait dans le pays de Vue po , indiqué snr la
carte par U coolenr/axi^ie.
Le pays des Ting Cng, nation blonde et aux vnrc utk
jeux biens, dans la Sibérie méridionale et sur le
lac Bnikal , est colorié en bleu.
Les Kiam. kuen restaient toujours sur le Kian, kias Km
on leniseî supérieur. Couleur Jaune. D'aalns
KUsn kuen s'étendaient plus an sud , jasqa'aiiz
montagnes Célestes, an nord du pays de Fan
kkjr i leur nom est souligné en jaune.
Peuplades mongoles, couleur brune claire. «oscou.
Les Toungouses en bleu. Torscocm
Les Theou mo liu [el non Â'Aeou mo han, "■* "o ^'
comme on le lit sur les cartes IX et X } , dont le
pays est colorié en orange , paraissent être des
tribus kouriles.
A l'époque de cette carte, les nations hwini- n !•.<«.
ques ou Finnois orientaux, se trouvaient encore
au nord de la mer Caspienne , habitant le pays
autour des monts Onrals ; enluminure orange.
Les Kkazars^ sans doute de la même souche , Kaaii».
s'étendaient plus au sud. lis occupaient les bords
du Wolga inférieur et les cdtes de la mer Cas-
pienne jusqu'à Derhend. Couleur violette.
Pour l'Inde , voyes l'explication de la VJII* tmw.
carie.
DIXIÈME CARTE.
i.UOQLh lih l'fSIPIRK des HU?fS, LA>' 425 DE JÉSUS-CHRIST.
■MPim La division de Vempire romain avait eu lieu en
■oHAis j5y^ L'empire de V Occident est indiqué sur celte
carte par une couleur verte Jaundtre , et celui de
V Orient ynr le rouge.
L'empire des Huns est enluminé en bleu. Les
noms des principaux peuples iudesques qui lui
furent soumis sont soulignés en jaune. Celui des
Àkatsires (ou Kliazar) est souligné en rottge
clair, comme tVori^iwJînnoise orientale.
ALAin Le pays des Alains orientaux, dans le Daghcs-
oaianacx. ^^ septentrional , est enluminé en /aune foncé.
..MWKn. Le royaume de Géorgie, couleur orange.
tauatB. V Arménie , enluminure bleue ^ se tmuvait à
Fépoqne de celte rsirle k"" VTnéc par le dernier
roi Arsaeide.
L'empire des Sassioiides en Perse , a repris ptun.
une partie de §e$ provinces orientales , et possé-
dait les côtes de l'Arabie sur le gol/è Persique ,
et sur celui à* Oman. Couleur verte foncée.
En Arabie on a marqué les états suivants : a bai».
royaume des Nabathéens, couleur violette ;•"
royaume de ffira, en jaune; — royaume de
Bedj'iaz, en orange; — royaume des princes
éthiopiens dans VFemen, enj'aune.
Le royaume des IndoScytAes, sur V Indus, qui moo-sc m*
fut un démembrement de celui des Vue tchif est
colorie en rouge clair.
Sur VOxus et Vlaxartes on voit le nouvel bmwm
empire des Te ta, qui étaient les descendants
des Vue tchi; ainsi d'origine tubétaine. Fm jaune.
DR»
VK TA.
TABLEAUX HISTORIQUES
DE L'ASIE,
DEPUIS LA MONARCHIE DE CYRUS JUSQU'A NOS JOURS.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
5 A 5 TCVAO.
MPIIK
DtS
■BOU TGHIOC.
■BOV tIAKO.
THUU K,OU
■OKU.
eOIBB.
XIV
Dans la province de Yun nan^ exisuit le
royaume de Nan tchao » qui ne devint important
que sous Âfoung che loung , & peu prés cent ans
après l'époque de celte carte.
On voit la Chine occidentale occupée par
Vempire des Heou tcheou , ou seconds Tcheouj
leur capitale était Tchhang ngan. Couleur rouge.
Le royaume des ffeoa Hong y ou de la famille
impériale des seconds Liang, dont la capitale
était Ki€ing lingj se trouvait au milieu de la
Chine , au nord du Kiang. Couleur violette.
Le nord-est de la Chine ibnnait l'empire des
Pethsi, qui avait Lo yang pour capitale. Cou-
\^\a verte claire,
IJ empire des Thou kou hoen, qui, à l'époque de
cette carte , étaient très puissants , se trouve à
l'ouest 4e la Chine et au nord du Tubet. II est
colorié en bleu.
La Corée est encore divisée en trois royaumes :
Kao U (rouge clair) , Pe tsi (violet) , et Sîn lo
(jaune).
Le Japon est colorié en vert.
L'immense empire des Thoukhiu, ou des Turcs
de l'Altàty colorié en jaune, s'étend depuis le
Caucase jusqu'à la mer Orientale. "UAsie cerUrale
lui fut presque toujours soumise. Les hordes des
Tchhy le ou Thie le , appelés aussi Kao tchhà ,
qui habitaient depuis le Terek jusqu'aux sources
dcl'O/zo/i, lui furent soumises, et sont soulignées
en rouge. Le nom des Ting ling, pareillement
soumis aux l%)u khiu est souligné en vert.
Ceux des Mou kjr et des K/ii tan , comme d'ori-
gine toungouse , en bleu. Le nom des Mongols
en violet. La route de l'ambassade de Zemarkh,
envoyée en 669 au khan des Turcs, est tracée sur
cette carte avec un trait orange.
Le pays des Chy goei^ ou Toungouses de la
Sibérie, est enluminé en bleu.
Celui des Theou mo liu, ou Kounks , en
orange.
L'Inde ne présente aucune importance histo-
rique.
jiroa.
BMrimB
TOmCB.
TOCRCOIiSE*.
DOUZIÈME CARTE.
TABLEAU ETHirOGRAPHIQUE DE l'aSIE INTERIEURE ET MOYENNE
jusqu'à l'an 1000 DE NOTRE ÈRE, d'aPRÈS LES HISTORIENS CHINOIS.
Ce tableau est indispensable pour l'intelli-
gence des migrations des peuples de l'intérieur
de l'Asie. Il servira à donner une idée juste des
cinq races principales qui ont habité ces vastes
contrées, et sur lesqueUes on trouvera d'amples
détails dans le texte de l'ouvrage. Les peuples
mongols habitaient trop au nord pour pouvoir
entrer dans ce tableau.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
XV
TREIZIÈME CARTE.
ÉPOQLF DE MAHOMET, LAK 632 DE JÉSUS-CHRIST.
>iaii CHIC.
I «UTNii.
blCifTAlX.
ll^ilMS.
mu,
lociieotJN
A Tépoque de la mort de Mahomet^ en 63a ,
soa pouvoir était le'pandu sur la presqu'île de
V Arabie ei&\xr quelques cantons de la Syrie. En-
luminure rouge clair.
Là empire des Sassanicies, agrandi du côté de
l'ouest par l'Arrodoic, a perdu l'équivalent à
l'orient. Je lui ai laisstî la couleur verte.
La Géorgie a soutenu son indépendance ,
quoique ses princPS , qui craignaient h puis-
sance des Persans, n'osèrent pas porter le titre
de mephe (roi). Ilss'appeiuient mthawari (ched).
Couleur ora/tge .
L'empire romain oriental, colorié en Jaune.
Les Gol/is Tvtraxites habitent toujours la
Criroée moyenne. Couleuryaw/ïe^«cc^.
V empire des Avares, colorié en bleu.
A l'époque de cette carte , les bords septen-
trionaux de la mer Caspienne étaient occupe's
par les Kltazar^ Ogors, et autres peuples de la
race des Finnois orientaux. A l'ouest, ils étaient
séparés par le Volga et le Don du pays des Bul-
gares. Couleur îwteWe.
L'empire de la grande dynastiedesT/iaw^, co-
lorié en /aune yo/ice, s'étendait depuis la mer
Jaune jusqu'à VOxus, qui le séparait de celni
des Sasaanides. La division de l'Asie centrale en
quatre tchin , ou gouvernements militaires, est
indiquée par des lignes bleues.
L'empire des Thoujan ou TubètainSj couleur
orange.
Le pays des Si khiang , autre peuplade tubé-
laiue au nord - est des précédents , couleur
bleue.
Le pays des Tftou kou hoen , qui ont perdu
beaucoup de leur puissance , est colorié en rouge
clair.
Au nord de l'empiic des Thangci au sud du
lac Baikal, on voit le pays des Hoei he , ou
Ouigour orientaux , colorié en vert.
l'ibiik
Dl> CAfltiK.
A l'occident de ceux-ci est b pays des Hakas ribchij!.
ou Kirghiz, couleur violette.
Les peuplades mongoles n'ont pas quitté leur mosgou.
ancien pays autour du lac fiaikal. Ceux qui hal)i-
laient au sud se trouvaient vraisemblablement
sous la domination des Turcs /ifoe/Ae. Aux autres
j'ai affecté la couleur brun clair.
Les habitations des peuples toungouses Sont Toi/f*coiv
cnlurainées en bleu.
A l'orient des Toungouses méridionaux se trkoi< no lk.
trouve le pays de Theon mo liuj qui occupaient
aussi une partie des bords occidentaux de l'île
d« Tarrakai. Qoxdcux orange .
La Corée est divisée on trois royaumes ; savoir; coMfcs.
Kaoli f coultur rouge clair ; Pe tst, colmié en
bleu } et Sin lo en jaune.
Le Japon , couleur verte.
Royaume de Tchen tchhing ou de la Coekin-
chine , couleur orange,
Royaimie de Tchin la, ou Combod/e intérieure.,
enluminé en vert.
Royaume de Non kheng ou TclUn la d'eau,
couleur violette.
Royaume de Lin j- ou Siam, couleur bleue.
Royaume de Nan tckao ou Vunnan., couleur
verte.
Depuis l'introduction du boueldhisme eixChme ,
ou depuis le premier siècle de notre ère , les
Cliinoia sont restés en relation perpétuelle avec
rinde, soit pour des objets religieux , soit pour
le commerce. Par ce moyen, ils avaient acquis
des notions tr^s exactes sur THindoustaji, qu'ils
nomment Thian tc/ut. Ils ont exposé toutes ces
notions sur une carte de ce pays, qui paraît étrt*
très ancienne, et qui, sous tons les rapports,
peut soutenir une comparaisuu avec celle de
Ptolomée. Sur la treizième feuille de l'atlas , j'ai
adapté cette carte à nos connaissancos positives,
et je dois ici ajouter quelles remarques.
ïvi APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
Le Tkiam IcAh, oo rHiadonstaii, le «iÎTtsail eu
Cinq parties, marquées mr b carte par des chif-
fres ixnnaîos^ safVMr :
1. Tkian ieku orientai, colorie en foumt.
IL Thign IcJktt méndàfnai , couleur bkue,
JSL, Tkiiui Ichu occidental f colorié en jaune.
rV. Tkian tcku du milieu « en rouge clair,
y T%ian tchu septe nirional, co aie ur violette .
Dans le J%ian tchu oriental^ on reconnaît faci>
Icneal dans Ka ma Uupo, la proTÎnce Kamarou-
pa oeiKamroup, qai ùâi partie da royaume d^As-
cam, et qui se is^ooTe sur la droite du Bourampoo-
Ira. Ifipho h ml\e rojaume de yipdl ou Népal.
La mer de Pang ka U est sans doute le Golfe de
Bengale.
Dans le TTiian tcku méridional ^ le rojaumc
«le Ngaaoualo ou An oua h torabe au m^me en-
dro't du Kamattk, où il y a de nos joars le
district et la ville d'Ongole. — Tcku li na parait
être rancieiine ville de Teidnnga ou Tchinutga
avec son district , située sur nne Ile du fleure
Maveri, — Ta lop/^ lÂou te trouve au même en-
éroit ifut Dora pouram y ville située ao pied des
Gbits , et célèbre dans l'histoire de l'Inde. —
Le rojMtme de Koetg kia «a pou io est la pra>
▼iaee indienne de KotdkoHy située entre les 14**
et *9* de lai, N., el bordée à l'occident par la
ncr et 4 Torient par les Gbits. — Le rovaurae
de Mo ka ta tho estraucienne proviuce Mkarat
dn DckMi , comprenant la partie du nord>ouest
de ce pajS| qui est très montagneuse et s'élcn^
daît jusqu^à Bombay et autres pfaoi
situées sur la même côte.
Llle de Ceilan , appelée dans la carie chi-
noise le/ig kia ckan , ou la montage de Lanka,
est eniominéc en jatme.
Dans le ûeare Najr vi tko , qui sépare le Tkian
Ichu méridional de VoccideHlal, on reconnaît
facilement la Nerhoudda,, qui traverse la moitié
de rUindoustan de Torient à ToccidenL — Le
royaume d ^J tcka li ou Ago tcka li dtx Tkian tehit
occidental est la presque le de Goudjourat, — Ou
toujan /m parait être le pays d'Oudi et d'0««-
djein. — Sou la tho est sans doute la ville et le
district de Sourate, placée sur la carte chinoise
beaucoup trop au nord , et au sud de remboa>
chure du >'ala Sind, au lieu qu'il devait se Uoua
ver sur celle dn Tapty.
Dans le Thian tchu du milieu ^ on voit le
royaume d'J yu tho, c'est celui Jyodhia ^
nommé ordinairement Oudc^ qui était ancien-
nement beaucoup plus considérable que de nos
jours. — Celui de Ma khia to est le puissant
régne de Magadha, dont le centre était le Ba-
har méndional. Sa capitale, nommée sûr la carte
cliinoise Vu che IcMiing ^ ou ville des habita"
lions en pierres précieuses j doit avoir porté un
nom sanscrit qui avait la même signification.
Dans le Thian tchu sep te nirional ^ on reconnaît
le pays de Bikanir , en Pe kia , et Lahore en
Lohouh. Kipin est la Copbêne des anciens dans
le voisinage de Kaboul, Kian tho h est A'oa-
dahar de nos jours.
QUATORZIÈME CAKTE.
ÉPOQUE DES KHALlfS OMMIADES, L*AK 679 DE JÉSUS-CHRIST.
snssbts» hu coolrées wàouùseê atuc Khatifs sont enlu-
ounéesen vert foncé.
; «tac. L'empire grec , cotdeur /aune.
Le royaume des Bulgares au sud du Danube,
couleur onaige.
^xk f^ ^ 'empire des Avare »t couleur bleue.
LV/n/rty-c des f-' ..u nord de la mer
Caspienne et de i re, et entre VOuml
et le Boug, couleur viatMte.
U Arménie yquoitinc gouvernée |»ar ses propres
rois, payait également le tril^utaux kbalifs et aux
empereurs de Constantinople. Couleur bleue.
La Gcorgie , couleur orange, avait aussi ses
propres rois ; elle fut souvent exposée à des in-
vasions des Arabes.
L'empire de Tkang, quoique toujours limi-
trophe avec la Perse , a diminué par Tagrandis-
semenl de la puissance des Tubétains » qui lui
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
TVBiTAIllS.
^
l
ont ravi les quatre gouverneraenls militaires de
TAsic ceutralc , couleur jaune Jbncé,
La inooarchie tics Thoufan ou Tubétains s^est
considérablemcnl accrue auï dépens des Thang,
et s'étend au nord jusqu'aux montagnes Célestes,
Enluminure orange.
Le royaume de Po hu lo ou Boior, aux sources
du Djilihoun , couleur verte.
L'empire Je Hoei hou ou I/oei he a pris plus
«le consistance, et s'étend ausiid jusqu'aux monts
Jncharij qui le séparent des Chinois. Couleur
verte .
XVI f
cipnl campement au fleuve Kern ouJenisei. En-
luminure viofetle.
Les Mongols^ autour du lac Baikal , couleur
ènm clair.
Les jjeuplades toungouses sont distinguées par
l'enluminure bleue.
La Garée est divisée en deux royaumes *. le
septentrional est celui de KaoU^ couleur rouge ^
et le méridional celui de Sin lo, couleur vio-
lette.
Le Japon garde sou enluminure verte.
Les deuj[ presqu'îles de Tlnde montrent Ici
TOCKnOl'SKS.
ctmén.
Les ffakas ou Kirghiz ont toujours leur prin- 1 mêmes divisions comme sur la carie précédente.
QUINZIÈME CARTE.
K^OQUE DES TDRCS HOEI HE ET DES TUBÉTAIKS , LAN ^4^ ^^ JliSCS-CHRIST.
IIK Clic.
tAJilll.
\
AVAIM.
KNAIAIS.
■OU HR.
TVIlbtIXI,
Le Khaîifat des Onwiiades se montre dans
sa plus grande e'iendue. Couleur v^rte. Les Ara-
bes , en guerre perpétuelle avec les peuplades
turques et les Chinois aunlelà du Djthhoun occu-
pent tantôt ta Trausoxiane jusqu'au Silthoun ,
tantôt le premier fleuve fait leur frontière.
V empire grec, couleur rouge.
Le nyf'aume des Bulgares , au midi du Da-
nube , couleur orange.
Uempire des Avares ^ qui a diminué do l)eau-
coup , est marque par une enluminure verte.
Uevipiredes Khazars, couleur bleue.
Les Petckeneghes, Bedjenak ou Patsinakites
occupent les pays situés au nord de la mer Cas-
pienne. Couleur î)io/f/fe.
Uen^jire des Tang est enluminé en /aune.
\Jempire des Hoeihe, coule in- verte.
Uempi/v des Thou fan s'est encore agiandi,
et s'étend au nord-ouest jusqu'au Sifdioun supé-
rieur, couleur orange.
Les peuplades mongoles non soumises aux Moncoti.
Hoei he, couleur brune.
Les Toungouses septentrionaux , gouvernés tuikccilsks.
par autant de petits chefs qu'il y avait de hordes,
sont marqués par la couleur bleue.
Le rxijaume de Phou kai, fondé par lesToungou- .-k.,, „« , .
ses ou Mo ho méridionaux, enluminé en rouge.
Le pa^s de Tkeou moHu, conlcnv orange . ntïot uo tu.
Le royaume de Sinlo ou Siralij dans la Corce «ihu».
méridionale, couleur orange.
U archipel japonais, toujours gouverné par la uros.
même famille des Daïri , conserve rcnlumintirr
i>ertc.
L'Inde en-deçà et au-delà du Gange montre ,j,ng^
les mcrnes subdivisions comme sur la carte prc'-
cédenlc , quoique l'enluminure en soit changée.
^vm
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
SEIZIÈME CARTE.
KPOQlit DES KHALIFS ABASSIDES, l'aW 865 DE JÉSUS-CHRIST.
«imirAT.
L'empire des khaltfs Abasides, qui s'dtend
sur cette carte jusqu'aux bords du Sihhoun, a
pour enluminure générale te bleu. Il comprend
la Géorgie comme pays tribut» ire, couteuiorvi/t-
ge ; et V Arménie sous la même catégorie , cou-
leur ym/ne.
Le royaume des Tfuihériens dans le Khoras-
san y est le premier démembrement du khalîfal
qui eut lieu. Couleur rouge.
U empire grec est enluminé en rouge.
Le royaume des Bulgares ^ au sud du Danube,
couleur orange.
L'empire des K/uizars, entre le Dniester , la
mer Caspienne et le Caucase, couleur t>e/*/<î.
Les GoUis Tétraxites en Crimée, couleur/a«n4f .
Le grand-duché de Russie , fondé eu 861 par
Rurik et ses frères, est marqué par l'enluminure
violette.
Uempire des Tlutng, qui ont regagne l'Asie
centrale sur le^ Tubétains, est enluminé en jaune.
Les Hakas ou. Ktrghiz , couleur violette , se
sont emparés des pays soumis aux ^oei/tou ou
Ouigour septentrionaux , qui se sont retirés
dans le Tangout, l'Asie centrale, et à rorient
jusqu'au fleiiTC Silihoun, sous la domination
chinoise.
Les Thoujan ou Tubêtains sont presque ré-
duits au Tubet et à une petite partie du Tangent
méridional. Couleur orange.
Les Mongols non soumis au Kirghiz, couleur
brune.
Les Toungouses libres , couleur bleue.
Le royaume de Phou haï ou des Toungouses
méridionaux , couleur rouge.
Le pays des Theou mo liu , ou Kouriles, qui tmkoi'
habitent aussi une partie de l'île de Tarrakai ;
enluminure orange.
Le royaume de Sin lo ou Sirakif dans la Corée su
méridionale, couleur bleue.
Le Japon, comme sur les cartes précédentes, j»
en t^erl.
Les deux péninsules de Tlndc montrent les *>
marnes divisions , comme sur la carte précé-
dente.
TOblIfi
raou «ài,
***♦%> V** »%%*>» v»»v»%»%» w »»»» » W*W»w»*v>i«*%»-<i%»vs<w»v»wwvw<<*
>«%««« VV%«V^WW««tlMv«%»«V«>M'V««'«VM>%WWWt%V.l
FAUTES A CORRIGER.
DANS LE TEXTE.
Page 8;, marginales, tUet gaS de J.-C, au lieu
de 6aô de J.>C.
Page 119, ligne i3 , tUa Tbou khiu , ai* lien de Thou
Lhtn.
P9igeiii% ligne aideUnotc/ûfiXIlT-^rl XlV'iîècle.
DANS L'APERÇU DES CARTES.
Pagcxin, & la onzième carte, colonne 1, première
ligne , li«ei : L'empire romain oriental .
DANS LES CAHTES.
Daot le tabUau «thnograptùifue (n- 11), cotontie 7, «up>
primei dans le sccund litre les motà » ou Te/iMN»
c'e*l-ù-dire .tnacidts. •
Sur ta i5' carte la position de DtutagcrdéwX «e troutt-r
lu-dcssms du D initial dr ce nom-
Sur la même carte et sur la i4», i5* el 16% la position
de Pe Ihing doit sr Irouvcr à deux ligaes au aord de
Si teheou, et h la drottc de ia rivière qui coule au
nord.
Sur la i4', »5' et »(>• carte \a position dn Tot'in en Ar-
ménie doit Être portée sur la gaucbe de VJraxe*. —
Sttf le» mûmes fcuîllts la pointe méridionale de l'i le
de Ipso doit ^trc onlurainéc en vert.
Sur la i5* et 16' carte le nom de /vac/t imir doit être
placé an sud de l'iodus, et pas au nord de ce fleuve-
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES
xix
DIX-SEPTIÈME CARTE.
ÉPOQUE DES SAMANIDES , L*AJ{ (Gôo) DE JESUS-CHRIST.
9o^^
i
DlONAI-k
^ZARS(
Vempiit grec , enluminé en rouge ^ ne se com»
pose que de la Grèce , de l'Asie mineure et de Ja
partie occiilenlale de In Crimée , jointe à un petit
territoire à la gauche de l'embouchure i\n Da-
napris.
Le khaUfatdes Abassides^ en hhu, après avoir
essaye de grands démembremenls , a pourtant
repris ses possessions eu Syrîe et en Égyple sur
les TItoulounides , il ont la dynastie fut détruite
par le kJialife Moktqfi, en goS. Les limites des
états des Thoulountdes sont marquéeii en Jaune,
En Arabie s'ulait formo , eu cjoi , le royaume
des Kaj^at/tes y couleur vermif/on^ qui avait
//ad/ar pour capitale.
L'empire des Émirs Samanides , colorie en
vert , comprend la plus grande partie de la Perse
et le Mawaraunahar.
Les provinces méridionales de la Perse y situées
' sur le golfe d'Oman, étaient indépendantes et
soumises & plusieurs petits chefs; couleur vio-
lette.
V Arménie est divistie en deux royaumes : celui
des Pagralidcs , qui avaieul Tovin pour capitale ,
est enluminé en violet; et celui des Ardzroumens
ou des rois de fVasbouragan ^ qui régnaient à
fVan, eni»tfr/.Cesdeux royaumes reconnaissatenl
plus ou moins la suprématie des khalifes.
La Géorgie, dîstingue'e par Vorange , ijuoique
gouvernée par ses propres princes , était dans
îe même cas. Sa partie occidentale j ou la Lazie ,
était divisée en plusieurs petites principautés,
tantôt soumises aux Romains , lanldt indépen-
dantes ; couleur violelte.
* Les Alains du Caucase , et dans les plaines qui
r «voisinent la partie orientale de cette chaîne de
montagnes ; couleur /ow/Ji? clair.
Les Khazars , entre le Palus Mœotis et la racr
Caspienne , avec leui* capitale Alelou Baland/ar,
en bleu-
Le grand-duché de Russie s*est accru considé-
rablement; couleur orange.
Les pays des Petchenêghes ou Patzinakites ,
au nord de la mer Noire , couleur verte ; celui
des Petchenêghes orientaux , appelés Bedjênak
par les Arabes , situé au noid de la mer Cas-
pienne ; couleur jaune clair.
Le royaume de Boulgarie, au midi du Danube,
colorié en orange.
Le pays des Boulgares , situé sur le Volga et
la Kama, est enluminé en vert clair.
Uinde en-deçâ du Gange , coloriée en bleu ,
nous est historiquement inconnue à l'époque de
cette carte.
Le Tubet, ou le pays des Thou fan est le
même que sur la carte précédente j couleur
orange.
Les Hoeihouy ou Ouigours occidentaux, occu*
pent une vaste étendue de pays entre le nord»
ouest de la Chine jusqu'aux rives du Sihhoun
ou laxartes; couleur rouge.
Les Ouigours proprement dits, ou les Kao
Ichhang, ayant pour capitale Bich balik, aujour-
d'hui Ouroumlsi, sont indiques par le vert clair.
La Chine, divisée après la destruction de la dy-
naslie des ^'hang, se compose des états suivants :
1 . L'empire dcsi/eou Uang^ couleur Jaune/bneê.
2. Royaume de Tsin, couleur verte.
3,
—
Khy,
—
violette.
4
—
Nan phing ,
—
rouge .
5.
—
Ou,
—
verte.
6.
—
Tlisou,
—
jaune.
7-
—
Chou ,
—
bleue.
8.
—
Nan han.
—
verte.
9-
—
Min,
—
bleue»
lO.
—
Ouyue ,
—
orange.
1 1.
-^
Van,
—
rouge.
12.
^-
Nan tc/uzo ,
—
verte.
i-BTcne-
KOVUIAMIK.
nkvx.
■ IfiOUOtTiA.
OlICOl'Il»-
iioki aob.
OtICOUM
ou
KAOtCKSiXe.
^B
XX APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
■
^^^^^H
Les pays desMiao o\xMiao tsu, plus ou mm'ns
L'empire des Khitan, coloûc en jaune clair.
mM9%
^^^^^^F
soumi* aux royaumes voisins , en vermillon.
comprend la Mongolie actuelle et le pays des
DU %M
^^^^^Hmu
L'Inde au-delà du Gange presetile les mêmes
Mandcbaux,
divisions que sur la carie prticédente. '
Les contrées occupées par les hordes nomades
KIftCi
^^^^^^
Vempi/v japonais s'est agrandi par la con-
des Hakas ou Kirghiz, snnt cnlumiDées en
^^^^^h
quête de la partie mcridionnb de la Corée i co-
bleu.
^^^^^
torie'e eu vert clair.
Celles des Mongols , en vermillon clair.
M(WO«
^^^^^
La Corée, réduite à Ja moitié, nous montre
Celles des Chy goeiy ou Toungouses libres , eu
CVV «4
^^K
le royaume du bonze Koungy , coa[el^ t orange.
bleu. On a pourtant souligné en bleu cl vermillon
^^^^^^^^
Au nord de ce pays on voit le royaume des
le nom des g^raniij Chj goei, parcequ'il n'est pas
^^^^B
Pitou haï, peuple de la race touogouse ; couleur
décidé 8"'ils étaient d'origine toungouse ou mon-
^H
bleue.
gole.
H
DIX^HUITIÈME CARTE.
^f
ÉPOQUE DES KHITANS OU LIAO, LAJV qSs DE JÉSUS-CHRIST.
DILtUrt
^E «Ml'ias GKIC
L'empire grec , comme sur la carie précédente,
Les pays iiu sud et à l'ouest de 1» mer Cas-
^^L
en rouge.
pienne , c'cst-à-dirc le Mazandcran , I9 Tiiaba-
^^^^B rCTCHK-
Le pays des Petchenè^hes occidentaux, en
rcstan, le Dilem et le Chrrwan » étaient soumis
^^^H
/au7«e.
aux princes Dilèmites, dont les possessions sont
^^H
Celui des orientaux , en vert.
coloriées en jaune ^foncé.
■ «!•
^^^^B
La Russie , en orange.
Dau-'i la Syrie septentrionale, l'Assyrie et le
^^^Hr
Le pays des Khazars , couleur violette.
Kurdistau , s'étaient formé deux royaumes ap-
SIIM
^^^^■^^ aoiir. tHt«.
Le pays des Boulgares septentrionaux , en
parleuanls à la famille des princes Ilamadanilesy
^^^^H
jaune clair.
dont l'un est coloriéceowmgre et l'autre enyau^^.
^^^^^^^^
Celui des Alatns du Caucase oriental, en bku.
IJ* Arménie se trouve aussi partagée entre les
«SHin
^^^H «OVLQAIia.
Le royaume de Bouigarie au sud du Danube ,
l'ois Pagratides de Tovln , couleur viole lie ; et
^^H
colorié en vertjoncé.
ceux de fVasbouragan , couleur inerte.
j
^^^^^^^ lâvrTK.
L'Egypte , la Palestine et une partie de la Sy-
La Géorgie, gouvernée par ses propres princes,
••««>**< i|
^^^^H
rie, composent le royaume des îkhchidites , co-
enlujninée en orange.
^^^^^
lorié en violet.
Ulnde en-dedi et au-delà du Gange n'offre
MM
^^^^^^^^
\J Arabie, couleur tuerie , est gouvernée par
pas des changements historiques connus.
1
^^^^^L
difltreuls petits princes réputés vassjiujc des kha-
La Chine se trouve encore divisée en plusieurs
cawn
^^^^IF
lifes de Ëagdad , mais indépendants par le fait, i
monarchies, savoir :
1
^^^H
Le royaume Aes Kartnathes , Couleur jaune
^^K
clair.
I* L'empire des ^(POK/cAeotf, co\\\, jaune foncé.
^^^^^ iovtai»
Le» différents princes de la dynastie des Boni-
a. Royaume de Pe han , — orange.
^^^^^
(ies , avaient partiigé entre eux la Perse occiden-
3. Principauté de ffia, — veHe,
^^^^^
tale et la plus grande partie de l'Assyrie et de la
4. Royaume de Chou, — violette.
^^^^^Hi
llMsopotamie ; couleur bleue.
S. — NanpUing, — verte.
LqS provinces indépendantes de la Perse , sur
6. — Thsu , — orange.
les bords du golfe d'Oman , vio/et.
7. — Nan thang , — violette.
^^^V k^N
L'emptrc des Sanianides , rétréci un peu par
8. — Ouj^ve, — orange.
^^^^^.
les BoMÎdes cl par les Dilémites, couleur ver-
9. — Nan han , — verte.
1
^H
mitton.
10. — Art/i ichao , — jaune clair.
^^^
«
1^
•
•
j
■■nu
tfu u&o.
COUÈB.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
Le Tubel ou Thoufan, couleur orangée ; le
pays des Ouigour ffoeihou, en jaune; celui des
Ouigour kao tchhang , en violei, ne montrent
pas des changements sensibles.
U empire des Khitan, ou Uao^ s'est agrandi
au sud par plusieurs provinces de la Chine sep*
tentrionale ; couleur bleue,
La Corée, réunie dans un seul royaume sous
XXI
les princes de Kao W, est coloriée en rouge.
Le Japon réduit comme autrefois à rarchipel
qui le compose; couleur verte.
Les ffakas, ou KirgtUz, qui n'ont pas quitté
leur ancien pays, en vert.
Les Mongols , en orange.
Les Ckjr goei ou Toungouses libres , couleur
/aune clair.
MONCOU.
TOtirCODSBS.
DIX-NEUVIÈME CARTE.
EPOQUE DES GHAZ1VEYIDES , LAN 1000 DE JÉSUS-CHRIST.
mfHB CIBC.
TBTCBI-
nftOBIS.
ALAIRS.
VATIIMIDBS.
■AMABA-
nnmê.
OEAiLITKS.
AtMtKi»,
là empire grec, enluminé en Jaune clair, a
repris sur les Arabes une partie de ses provinces,
telles que les tles de Crète et de Chypre. U pos-
sède une partie de la grande Grèce, de même
que la Lazie et l'Abasgia.
Le grand- duché de Russie s*est considérable-
ment agrandi en occupant la partie la plus con-
sidérable des possessions des Khazars , jusqu'à
Tmoutarakan, sur les rives du Bosphore; couleur
orange.
Le pays des Boutures, sur leYolga, en jaune.
Les Petchenèghes ont encore leurs anciens
pâturages au nord de la mer Noire , coloriés en
bleu.
Les Khazars possèdent une petite partie de la
Crimée orientale , appelée d'après eux Khazarie,
de même que les contrées situées sur le Volga
inférieur, en violet.
Le pays des AlainSj en bleu.
L'Egypte et la Syrie forment les possessions
des khalifes Fathimides, coloriées en vert.
Le royaume de Haleb , appartenant aux ffa-
madanites ; couleur orange.
;. Le royaume des OkalUtes, qui a pour capitale
Moussoul, est enluminé en violet.
Celai des Ardzarouniens, ou de Wasbottragan,
en vert.
Le royaume des princesPagratûfejj en Armé-
nie , qui régnaient à Tovin et à Ani ; couleur
bleue.
Celui des Pagratides de Kars , en orange.
CAOBCIS.
DILiHITBS.
Celui des Gorigéans, ou Pagratides de l'Alba*
nie f en Jaune Jbncé.
Le royaume de Géorgie , couleur orange.
Les possessions des princes DilenUtes, au sud
de la mer Caspienne , coloriées en vert.
La pnncipauté de KhaHzm , sur les bords khaiuh.
orientaux de la même mer et sur TOxus infé-
rieur , en violet.
Le royaume naissant des Ghaznevides dans la oha««tiom
Perse orientale , en rouge.
Les états des différentes branches de la maison
des Bouides, en Jaune clair.
Le pays des Baloudjes indépendants, en vert.
UArabie df^isée sous une infinité de petits ahabib
chefs , couleur bleue.
làHindûustan , plus connu par les guerres aiNDOun-Aif.
avec les Ghaznevides , montre à cette époque
plusieurs royanmes considérables , savoir :
Le royaume du Radja Djeipal, sur l'Indus
même , en bleu.
— de Kachimir , couleur Jaune.
— de Delhy, — verte.
— de Kanoudje, — violets.
— de Adjimir, — Jaune.
— de KalUngir, *- bleiœ.
Le royaume de Bohr, aux souices de l'Oxus bolob.
et au nord de l'Hindoukouch , orange.
Le Tubet OM Thou fan , réàuiik ses vérita- tubbt.
blés .limites, couleur om/i^e.
Les Hoei hou, ou Ouigour occidentaux, possé-
dent un vaste empire dans l'intérieur de l'Asie ,
Ol'ICUUB*
■on BOB.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
OUIGOOB-
TCBUAHC.
LinOK
' Atl-OBLA
DU CARRE.
HAHTCHAO.
XXI r
qui comprend le Tangout , l'Asie centrale , le
Turkestau et le Mnwarannahar ; couleur verte.
Les Ouigour Kao tehhang occupent toujours
leur ancien pays , et ont pour capitale Pe tbing
ou Bich balik ; couleur vert foncé.
12 Inde au-delà du Gange ne montre pas de
changements ; du moins ils ne nous sont pas
connus.
Vempire des Soung comprend presque toute
la Chine ; il est colorie en jaune foncé.
Le royaume de Non tchao , couleur verte.
La principauté de Hia, dans le nord-ouest de
la Cliinc , en rouge.
L'empire des Khitan ou Liao , contenant la uinu
Mongolie actnelle , le pays des Mandchoux et **" "^°'
une partie de la Chine septentrionale, est colorié
en bleu.
Le royaume de Kao lî ou de la Corée , en coatfB.
violet.
lie royaume de Niphon ou Japon ^ en veri. JAt^.
Le pays des Hakas ou Kirghà sur l'Irtyche , «.lasiu.
rOb et le leniseï supérieurs ; couleur violette.
Les habitations des peuplades mongoles non momgou.
soumises aux Khitan, couleur orange.
Celles des Chy goei ou Toungouses libres , toomodsu.
sont coloriées en vert clair.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
XXIII
VINGTIÈME GAUTE.
ÉPOQUE DES SELDJODKES EN PERSE ET DES ALTOHN KHA^S ,
L^AJH I2a5 DE JÉSCS-CUIUST.
KSK CIKL.
ktDJOUKBS
L DAMAS.
NOYAIUK
, HtlISLAr-
I AUIM.
I COMA!«S.
Vempit-e grec parait sur cette carte consi-
iiërabletnent diminue. It a perdu une graudc
partie de l'Asie iiiitieure. Sa couleur est le
rouge.
Ce sont les Turcs Seldjoukes , qui se sont
emparés d'une grande partie de TAsie mineure
et y ont fondij un royaumi' puissant , qui dura
de lo 74 ^ >3o8. Eninininc en vert.
UEgyple et la partie méridionale de b Pa-
lestine se trouvent sous la dénomination des
khalifs Fathimtdcs. Jaune foncé.
Les c^tcs de la Palestine, de la Syrie et d'une
grande partie de la Ctlicie, de mcmc que les
villes d'Antiochîe et d'Edesse , se trouvent sou-
mises aux /Vnncj, qui y ont établi différentes
principauté». Orange.
La partie orientale de la Syrie est entre les
mains d'une braucliu de princes Seidjoukes y
qui ont leur résidence à Damas. Us y régnèrent
de 1095 à 1154. Vert foncé.
Les pays de Haleb, de Merdin ^ de Hisn-
Kaifa,d'Asmtd, de Miafnrcktn et d'autres villes
situées sur le versant mcridjonal du Taurus, sont
gouvernés par des princes turcs Ortokidcs.
Couleur jaune. Les Ortokidcs de Merdin et de
Miafarekin ont régné de 1096 à i3ia } ceux
d'Emed et de Hisn Kaifa de 1 100 à ia5i.
Le royaume de Kliclat , cti Arménie, de 1099
à 1207. Couleur i/ewe.
La Géorgie. Couleur orange.
Le pays de Zjklics ou Tchcrkcsses et Abases,
sur la mer Noire, se trou vc libre; ilestentumin4>
en bku.
Celui des Alains au nord du Caucase, f^îoiet.
Les Comans et Ouzes , appelés Pohvtses
dans les chroniques russes, occupent les vastes
pays depuis rembouchure du Danube jusqu'au
lac Aral. Jaune.
Le grand duché de Russie. Couleur orange.
La Perse se ti'ouve sous la domination d'une
autre branche de princes Seldjtiukes ; elle ré-
gna depuis loS^ jusqu'en n95. Cuulcur verte.
Une quatrième branche des Setdjoukes s'était
emparée, en io63, du Kirman ai de plusieurs
coDlrées voisines ; elle y régna jusqu'en 118-,
Orange.
Au milieu do la Perse , dans le pays monta-
gneux, depuis Ileï jusqu'à Khonissân, s'était
établie la secte fameuse et la dynastie des Ismaé-
liens ou Assassins ^ dont Id siège principal était
le ch4teau dV/Az/no/iC; elle se soutint jusqu'en
iq55 , époque à laquelle elle fut exterminée par
les Mongols, sous Houlagou. Jaune.
Les habitants du Mekran et du Bahudjistdn
étaient libres, yiolet.
La Perse orientale et la partie occidentale de
rHindoust;»a roriuenl le puissant empire des
Ghaznevides , qui a dure de l'an 1000 jusqu^eu
1 183. Jaune.
Le Kharizm devint , en 1097 , le partage d'un
esclave turc, qui prît le titre de Kharizm ctiah ,
*'t fut le fondateur d'une puissante d3'nastip ,
qui ne fut détruite qu'en ia5( par les Mongols.
Couleur brune.
A l'orient des possessions des rois de Rharizm
on voit l'empire des Knra kithaï ou des Liao occî'
dentauXjCbasséa de la frontière delà Chine. Bien.
Le reste de l'Asie centrale montre les royaumes
àc Khotan , en rouge; celui des Turcs Hoei fiou
ou Ouigonr de Clia (cheou , eu vert; et celui des
Ouigour Kao tc/ibang, dans le paysde Tourfân,
de Kliarachar,de Kîiamil et de Bich-Balik. Jaune.
Le Tubet , déchu de sa grandeur antérieure ,
et divisé, a ce qu'il paraît, entre plusieurs chefs ;
colorié en orange.
Le Kachmtr^ en violet.
Le royaume de Bolor^ en orange.
Le royaume de Gouzêrat, dans l'Inde ; violet.
•AMAkllKK.1
B*IALDJI»^TâN.
r.n«i:nKvti)iL<<.
kn4ni7»ni.
KAIA KITIUI.
ASIE
IkACItHIJI.
noioi.
GOVttBàT.
^p
XXIV APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES. ^^^
■
^^^^^^^^tn7ôi .
Le reste de V HindousUînesl enluminé en rerf.
5. Toug kingnan lou , i3. Kîngnanlou,
^^H
^^f^
Soo état politique est peu connu.
4. ïluei nan toung lou , \^. Younghiang,
^H
^^ OKHLiKé
L'île de Ctyhm ; orange.
5. Hoei nan si lou, i5. Li tclieou lou.
^H
H i.'t»t AU-DELA Dans Vlnde au-delà du Gange existent les
6. Liaug Iche lou ^ 16. King hou pe lou ,
^1
^1 ou C4»GI.
mêmes royaumes qu'auparavant-
7. Kiangnantotinglou, 17. King hou nan lou ,
^^^K TCUAO.
Le royaume de Nan tchao ; couleur verte.
8. Kiang nan sî lou, 18. Kouei Icheou lou ,
^^^^
Le pays des Khiang ^ uation tubotaine , qui
g. Fou kian lou , 19. Thoung tcbhouan
■
habitait au sud du lac Rhouktiou noor; violet.
10. Kouang nan toung lou,
1
^^^_^ Ttnc MtANG.
Celui des Tafiff Am/ig, autre tribu tubélaine ,
lou, ao, Tchhing ton fou
^^k
qui a donnd au pays qu'elle occupait le nom de
II. Kouang nan si lou, lou.
^^B
Tangout, est en bleu.
■' 12. Klug pe lou,
^^^^
Le royaume de /Tra , ou du Tan goût propre-
^^^^ ot tANGorr.
ment dit , dont les princes descendaient des
La Corée , ou le royaume de Kao li; couleur
comte
^^ft
Tang liiangt fut fonde à la lin du neuvième
orange.
^^V
siècle , et finit en 1227. Rouge,
LVmpire de Kùi, ou des Jltoun khans i violet.
a.w.
^^^^K
La dynastie impériale de Soung ue possédci
Les liabilations des /JC«/;^</ejwiorigo/e* libres.
woxaui
^^^^^
que hi partie de la Chine située au sud du Ilouang
Jaune. Les noms de leurs tribus soumises au Kiii
^^^^^
ho. On a laissé ù leur empire la couleur jaune
sunt aussi soulignés eu /«««e.
^^^^^B
foncée affectée dans ces caries à la Chine,
Les Tûungouses indépendants, bleu.
^^^^H
sous les empereurs. 11 se composait des provinces
Les pays de» Kirghtz , en rouge.
"^
^^^^B
suivontcs ;
Les îles habitées par des Aïnos, conieurj autte.
1
^H
i . Toung kiog , -j. Toung king sî lou ,
L'empire du Japon , eu vert.
H
YINGÏ-UNIÈME CARTE.
H
lîPOQUE DES TCHINGHIZ KHAN
, l'ajv laaG ue jésus-christ.
^^^^^^' IMPIII
L luum'use empire du conquérant mongol
Celui des Agoubiles dans le l'emeny en jaune.
TCIIfS.
^^^^B MoncoL.
s^étend depuis les bords de TOccan oriental jus-
Les possessions des princes Orlokides , en
«aT<OKt0i|
^^^^^L
qu'au Danube et jusqu'à la Krima; il est eolnrié
rouge.
•
^^^^H
en tfleu;le bien était la couleur que Tchinghiz
Celles des princes Âtabeks , eu violet.
ATAMUi
^^^H|
khan affecta pour sa nation.
Ulrak Arabi, l'apanage peu sûr des khaliji
KnAiir«.
^^^HpP^ M'kOM.
La Russie, en orange. La Hongrie , eu Jaune.
de Bagdad , en jaune.
^^F '
Le royaume fValac/io-Bulgare , en violet, ^em-
Le royaume des Atabeks du Farsistâa t ou 1
lALCOBIiai
^^^
pire grec , en rouge.
des Stilgouriens , qui subsista depuis ii48 jus-
^1 «MriAK DV
L'empire grec de Trapezunt ou Trébizonde ,
qu*en \i^!\-, en rvuge.
^
■ MAriiitiiT.
en violet.
Los possessions des Ismaéliens ou Assassins ,
ISHAÉMU
H IILDJOL'Ki^j.
Le royaume de Sekiioukes iV Iconîum , en vert.
en jaune foncé.
^Ê rkTtTR
Le royaume de la petite Arménie , en Cilicte ,
Les Provinces indépendantes de la Perse , en
RALOtOJH
^^^^^
couleur /ax/z/e.
orange.
^^^^M
Le royaume de Chypre , en violet.
U Arménie , en vert.
A>»|ËAifc.
^^^H
Les étal* des Francs , sur les cdtcs de la Pa-
Ia Géorgie f en orange.
niCOMII.-
^^^
lestine et de la Syrie , en orange.
Le royaume de Chirvan , eu jaune foncé.
• nnfâd
^Ê
Le royaume Agoid:>ite ^Egypte ^ en vert.
Tu Inde , eu vert.
IKDB.
Les royaumes Agoubiles de 1;« Sj-rie , eu bktt.
Le Kachmir, en jaune.
HACaKIt.
1
TCSBT.
L'i.tDR
APERÇU GENERAL DES CARTES. xxv
L'empire des Soung , dans la Chine méridio-
nale ; jaune foncé ,
L'empire des Kin , en rouge.
Le Japon t eu yerL
L'île de Ceylan , tr^ jaune.
Le Tubet, en orange.
L'Inde au-delà du Gange montre les mêmes
royaumes que dans la carie précédente.
VINGT-DEUXIÈME CAIITE.
JKPOQUE DES KOUJBLAl KHAN» l'A-jV 1 29O DE JÉSDS-CHUJST.
I cnixic.
Le grand empire mongol est divisé entre les
descendants de Tchinghiz khan , formant qua-
tre lignes , dont les ti'ois autres se trouvent ce-
pendant encore dans une certaine dépendance
de celle qui régnait en Chine , en recevant de
l'empereur mongolo - chinois Tinvesliture de
leurs états respectifs.
Les Mongob de la Cfiine avaient donné à leur
"dynastie le nom de yuan. Leur empire, colorié
eo jaune , se composait :
L Des neuf provinces de la Chine proprement
dite , dont les noms sont soulignés en orange sur
la carie ; savoir :
6, Yun nan ,
7. Szu Ichhouan,
8, Cliensi,
9. Kan sou.
I. Fou li»
'j. IIo nau>
3. Kiaugtche,
4* Kiang si,
5. Hou kouang,
II. Des gouvernements extérieurs suivants :
I. Changton, 7. Khaiyuan,
•2. Ynlchhang, 8. Kboran , ou des
Tatars aquatiques,
3. Tatoung, 9. Du pays du Liao
4. Tûning, Wang,
5. Khoriu(Kara ko- 10. Kouei,ou Koucitd,
mm ), ou Ling pé, 1 1 . To kan ,
6. Liao yang ,
15. Thou fan.
111. De royaumes tributaires, soulignés dans
la carte en vert.
I. Kao li ,ou la Corée, 5. Karaïn,
3. Khnmi),oudesOui- 6. Mtan ,
gour Kao IchJiang,
3. Tubet, y. IVgannan,
4. Bangahi, 8. Tchen Ichhing.
L'empire mongol de Tchagatai, dans l'Asie
centrale; couleur bleue.
Celui des Mongols de la Perse, descendanls
de Houlagou, en rouge.
L'empire des kJians Mongols du Kaplchak ,
descendants de Touchi, eu jaune foncé.
Le royaume de Kaùlou, prince mongol, re-
belle contre Koublnï khan; eu ^>erl.
Le royaume do Sibir^ en violet.
Dans ['Inde ultérieure on voit , comme précé-
demment, le royaume de Siam^ en bleu; celui
de Cambodje t en vert; elDzianiba, en orange.
Le Japon, couleur verte.
Li'Inde en-deçà du Gange, coloriée en vert.
Le royaume de Nipitl, en orange.
Celui de Kachmir, en rouge.
Les peuplades indépendantes de la Perse
orientale , en violet.
U Arabie , en bleu.
Le royauni^'de Verne n , en orange.
li Egypte et la Syrie sous les Mameluks baba-
rites, en vert.
Le royaume de Cftyjire , en bleu.
Le royaume de la petite Arménie , en orange,
IJ" Empire grec , en jaune foncé.
h' Empire grec de Trapezunl, en bleu.
Les j>ossessions des f^énétiens , en vioiet.
Celles des Génois , en orange.
Le royaume l^alacho-Bulgarc , en vert.
La Géorgie , en orange.
Le royaume Ortokide de Merdin , en jaune
foncé.
La république de Novgorod, en orange.
Le grand-duché de Lilhuanie , en vert.
Les possessions de V Ordre teuionique ^ en
violet.
TCIIA.
r.4T4IX!>8.
UOXUOLft
DC HAMCntK.
JIOVADNS
DU KAIDOi-.
•OlArUK
l>K SISIN.
CiTltailVBS.
HlttOOttTA.I.
'WfKL.
«RABIR,
«IMKN.
iCTliVIItlC.
esypiiK.
nnru ^
euruï GâKC.
TaAJ>BZO!IT,
uinoiit
r.ltORCIC
MliUDlK.
^oYRoaoo.
llTWVAWm.
J.
XXVI
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES
VINGT-TROISIÈME CARTE.
ÉPOQUE DE LA FONDATION DE LA DYNASTIE CHINOISE DES MING ,
LAjr i368 DE JÉscs-cunisT.
■ur»K Clic.
Tune»
KMIM Tlk4».
ftULC*«lfc.
■.ârrtNtK.
M. RUA»*.
MOOMAtr*-
• •lin».
•AtOVMU.
AMBIt.
Yimit.
Vempire grec est réduit i cette époque à la
possession de quelqut«s provinces , et d'îles peu
considérables, marquées en bleu clair.
Les Turcs olfimans ont envahi ses meilleures
provinces , el en ont formé le noyau de leur
nouvel empire ; colorie' eu orange.
La i^art'ie orientale de r J sic mineure se trouve
♦.•ntre les mains d'émirs turcs , qui n'étaient pas
alliés aux Olhmans, et souvent leurs ennemis.
Couleur bleu foncé.
L'empire grec de Tîno/Tes/mf est encore iolacl;
en violet.
L'ile de Chypre forme uti royaume dépendant
ou quelque sorte de l'Egypte ; en rouge.
Le» possessions des Vénétiens sont coloriées
eu violet.
Celles des Génois se trouvent coloridcs ou
soulignées en orange.
Le royaume de la Bulgarie en bleu clair.
L'empire mongol du Kaptchak ne s'étend plus
que jusqu'au Bug ; il est colorié qu faune foncé,
La Géorgie , couleur orange.
Le royaume de Chirvan , eu bleu clair.
Le royaume de // khans j dont la capitale est
Bagdad , en jaune foncé.
Les Etats des princes tnodfuiff ariens , en
Perse, avec la capitale Chirat ; eu orange.
Celui des Sarbeddriens , qui résident à Sebze-
var, en bleu foncé.
Le Royaume de Kouris ^ dans la Pei*se orien-
tale , en brun.
he» peuples indépendants de cette même partie
de la Perse , en rouge.
\j Arabie , en bleu clair.
Le royaume de l'emen , en violet.
V Egypte , la Syrie, el une partie de la Cilicie,
sous des Mameluks bahariles; eu brun.
Les états des princes mongols , descendants
de Tchagaiaï , dans VAsîe moyenne , en bleu
clair.
Le royaume ouigour de Khamil on Hami . ea
orange.
L'empire du Yuan du nord^ ou des Mongols vdaado
chassés de la Chine, ne mérite peut-être pas ce
titre , car il était divisé entre plusieurs chelis
plus ou moins indépendants. Couleur bleu foncé.
Dans le Tangout on voit deux principautés
mongole», qui finirent par devenir tributaire»
de la Chine ; celle t\e Kouei , en violet, et celle
de Tho kan , en bleu.
La Chine presque entière , soumise à la dynas-
tie des ^fing , en Jaune foncé.
Le royaume de Jlia ^ formé par un des chcfi
qui s'étaient révoltés contre les Mongols, existe
encore dans la province de Szu icbhouan; en
bleu clair.
La Corée , devenue indépendante , en rouge.
Le pays des D/ourd/e ou Talars aquatiques ,
ancêtres des Mandction.v , on jaune.
Les peuples Kouriles ou Alnos , sur le conti-
nent de TAsie et sur les lies ; orange.
Le Japon ou Niphon , en bleu.
'L'Inde ultérieure se compose des roynumes de
JVg'nn «rtiî ou Tonquiu , en viole t; de celui de
Tchen tchhing ou Cochin chine, en bleu clair; du
Stamj en bleu foncé ; du royaume de Cambodje,
en rouge ; du Dziamba , en orange , et du
royaume de Mian ^ dont on ne peut fixer les li-
mites il celte époque.
Le Bengdlf colorie en jaune foncé , forme un
royaume indépendant.
Le reste de ïltide en-deçà du Gange est colo-
rié en bleu foncé.
Le Tubet, couleur orange.
I.*HI
r
^^^^^^^APERÇÏ^ÉNÉ^I^ÊS CARTES. ^^^^fe^T^^^^^H
1
VINGT-QUATRIÈME CARTE. ■
k
ÉPOQUE Dli TIMOUR, LAIV
l4o4 I>£ JÊSUS-CHRlST. ^ ^H
KMffllM
L'empire des Turcs othmans , comprcMiaiit la
La /^Tï/flc/He, enluminée en i/cw. v*l*cbi«. ^^
OniHAll.
plus glande jitirtie de l'Asie mineure, et s'ëlcn-
Le Khannat de la Sibérie , fondée par les suc- »i8k«it. 1
cfanl en Europe jusqu^aux bords du Danube, est
cesseurs de Clteibani, n'a pu être indiqué que .^^M
colorie en Jaune >
par ses fronlières occidentales et méridionales, ^^|
IP1MB CREC.
Les débris de Vempire grec de Constaiitinople
coloriées en jaune foncé. On n^a aucun rensei- ^^|
sonl colories ou soulignes en carmin.
gnement jusqu'où il s'élenduit à l'est et au nord. ^^|
VKittBIt.
Les possessions des p^éniliens en Grèce et dans
Le royaume des princes ouigour ou hoei khe, *•'* ^^|
l'Archipel en veri plein.
de Bicfi-balik ^ dans TAsie centrale, divisé ' 1
Ct.lKS.
Celles des Génois sur les cotes de In Dalmalie,
en plusieurs petites principautés qui n'étaient ^J
dans rArchlpel , dans l'île de Chypre , sur les
pas toujours soumises à un seul prince , et dont ^^|
côtes de la mer Noire et de celtes d'Azov ou de
on connaît peu Thistoire, couleur verte. ^^|
Zabncde , sont coloriées en orange.
Le 7«ie/, gouverné pra- un roi, enluminé en «dkt. ^^|
coiiniinx.s.
Les pos>iessions des despotes de taJandUe des
orange.
Comnênes, sur les cotes occidentales de la Grèce,
Le royaume de Népal, en Jaune. nirAt.
sont indiquées par la couleur bleue. CVtail
Celui de A'ac^0mr>j aussi en yVzu/ie. kachkiiiii.
Charles Tocco , comte de Cephalanie, Zantc et
Le royaume de Bengale , couleur ve ri clair. bbniulk.
Saint-Maur, qui , en i3^{.>, obtint par un mariage
L'empire de YHindoustân^ considérablement »j<!«»oi;«rT*s.
l'Acarnanie et l'Élolie, etquiplus (nrd s'empara
diminud par tes conquêtes de Timour, en bleu. ^^^|
de Joauuina et d'aulrcs vilhs de l'Aliiante.
Il est impussihlc de déterminer avec exactitude ^^H
VRAFKZDAT.
\2 empire de Trapezunl., couleur vcrf clair.
ses limites méridionales. ^^|
cntrriiB.
Le rojaume de Chjpre , dont la ville princi-
Dans Vliide au-delà du Gange on voit le *"!>« a«-o«l« ^^B
piile, Ffimagusie, restait entre les mains des Gé-
royaume de Siam , bleu; celui de Tobin la ou "^ «*''nii. J
nois, violet.
Cambodje,/a«/iÉf ; le Dziamba , l'iolel; le royau- J^H
itOYPTE.
L'empire des maniclucs fiordjiles , en Egypte,
me de Tchen tchhing , ou la Cocbinchine , verl; ^^H
bleu.
et le royaume de Ngan nan , ou Tonquin , car- ^^H
ANAtlIt.
U Arabie , gouvernée par plusieurs chdrifs et
min. ^^m
roiteiels, î»er/<?.
L'empire chinois , couleur Jaune foncé. La empub I
Le royaume de Vemcn , colorié en orange.
Chine, proprement dite, n'était alors divisée «^«isoi». 1
IL-RH«:^8.
Royaume des Jl-khans sur l'Euphralc et le
qu'en quatorze provinces, ^^J
Tigre inférieur, /aune.
i. KiangnaujOuKiang 8. Tcbe kiang. ^^|
KMPtBB
L'empire de^TYmour ou Tamertan^ en carmin.
nau Ki nai. 9. Kouang loung. ^^H
»K TIMODB.
La Géorgie, coulcuc orange.
3. Pe phing. 10. Kouang si. ^^|
«.ArTca&R.
L'empire des khans du Kaptchak ou Kip"
3. Kiang si n. Fou kian. fl
tchak, en bleu.
4. Ho nan. l'jt. Chen si. ^^^1
1 ■tttik.
iàQ gtand-duchc de Russie , en vert clair*
5. Chan loung, ]3. Yun nan. ^^H
plUVOOKOO.
La lepublique de Novgorod , coloriée en
6. Cban si. 14. Szu tchhouan. ^^|
orange .
7. Hu kouang. ^^^
UTVtABriK.
Le grand-duché de Lithuojiie ^ enluminure
Les Mongols, chassés de la Chine, avaient Moiiciot». |
violette.
formé dans le nord de la Mongohe l'empire des ^^J
rauoi.iR.
La Podolie , coloriée avec du vermillon.
Yuan septentrionaux, presque loujoui'S déchiré ^^|
WOLDAVIB.
La Moldavie , couleur vert clair.
\
par des troubles ; bleu foncé. ^^H
XXV 10
Tot;Heov8w. Les peuplades toungouses , dont celles qui
habitaient l'Amour inférieur et ses adltienls,
ont plus tard forme' la natioa des Mandcboux;
rouge clair.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
Les Ainos du continent, de l'île Tarrakai et
des Kouriles, orange,
La Corée , coloriée eu vhletjoncé.
Le Japon , en vert.
VINGT-CINQUIÈME CAIîTE.
EPOQUE DE MOHAMMED II, LAN l497 ^^' I*OTRE ERE,
oinii«».
viHITtKJIS.
TtHCOItAflS.
niioKCiK.
• HOJMTAK.
llItOllASJAX.
|t»0AI^«CIIA5.
KtBOUt.
JSiiiAfca*»
CHIUÉB.
■ VHIR.
«taAai».
h^empire olhman, considërablemenl «grandi,
bleujbncè.
Les possessions des Vénitiens dans la Médi-
lerrauée , vert clair.
La Karamanie , qui avait ses propres princes,
plus ou moins dépendants du sullhan des Olh-
man s, /au/ie.
L'empire des mamelucs BordjUes en Lgyple ,
carmin,
V Arabie, gouvernée par difTéreats petits
prince» , bleu.
Le royaume de Temen , couleur vert clair.
L'empire des Bayandouriens ou des Turco-
mans du mouton blanc , chtz les Grecs Asprobu'
tades t rendu puissant par Oussun Hassan , co-
lorie en jaune foncé.
La Gcorgie , gouvernée par ses propres rois,
carmin.
Le jf/cX'nu/i , indépendant , aussi colorié en
carmin.
Le klianat de SedjesUtn , couleur bleue.
Celui de Kandaluir, enluminé en j.iune
Le khanat de Khorassdn ^ colorié en carmin.
Le khatjat de Badakhckan, couleur verte.
Celui de Kaboul , plus ou moin* dépendant
des sulllians de l'Inde, violet.
Le royaume de Mavarannafuir (cl n«ui pas
Marawanuahar t comuie on Ta gravé sur la
carte], bleu foncé.
Les possessions des Ouzbeks nomades, carmin.
Le klianald'-</j^aAAn«, dont les princes étaient
de la race de Tcliinghiz kliau , vert.
Le khanat de Crimée , aussi gouverné par dts
ïcbinigliiz-kha aides, yaiirte.
Le khanat de Kazdn , sous des princes de la
famille de Tchmghiz khan , -vert bleuâtre.
La Russie , coloriée en carmin.
Le khanat des Cheibanienj en Sibérie n'est
que souligné en orange j ses limites étant lr«»
incertaines.
Ijc khanat de Ferghdna ^ colorié e a jaune.
Le royaume de Kachgar , sous des princes
turcs, carmin.
Celui de Khotan, aussi sous des princes turcs,
violet.
Le royaume de Khamil, ou Hami, couleur
orange.
Le pays des Ouirat ou Kalntuks, entre Je»
montagnes Célcsles et l'A liai , t'iolet.
Le pays des Mongols, colorié en vert. On a
souligné avec la même couleur les noms de toti»
les peuples d'origine mongole, n'importe sous
quelle domination ils se Iroiivent.
Peuplades toungouses , couleur bleue.
La Corée , enluminée eu carmin.
Le royaume de Japon , couleur verte.
L'empire cA/rtow, colorié an Jaune foncé. II
comptait à celte époque quinze provinces, par la
(brmiiltou de celle de Kouei tchéou.
Dans Vinde au-delà du Gange , ou voit les
royaumes de Mian lia» , ou Ava , souhgné en
l'crf; celui de Siam, couleur bleue ; le Tchin la
ou Canitiodje, carmin; le Tiz'istmha^ Jaune foncé;
le Tclicn Ichliing, ou la Cochinchtue , o/vi/ige.-
Mgan nau ou le Tonquin, vert clair.
La presqu'île en-deçà du Gange tnontre :
L'empire des snithana de Dehly, carmin.
Le royaume de Kaclieinir,yaurae.
Le pays de Sindi, vert.
Le rnyaumc de Go ud je rat , bleu.
Le Malwa , violet.
Le Kandez, orange.
Le royaume de Konkana , vert.
Le Malahur , Jaune foncé.
Le pays de Karnata , carmin.
Le Dckau, bleu*
TOI »nci
col
iê
en II
OU BA
M) Se
>
i ,^- ^
Le royaume de Golcondc ^ jaune
L'Oulkala, ou l'Orissa , vert.
L'île de Ceyian, bleu.
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES.
Le royaume de Bengale , jaune.
Celui de Népal , vert.
Le Tttbel, gouverne' par des rois, bleu.
XXIX
VINGT-SIXIÈME CARTE.
ÉPOQLE DES RUSSES F.T DLS MAWDCHOLX, l'aN lyiiS DE NOTRE ÈRE.
BOCKKAIA.
SU LOB.
hSAlkBCU*?!.
CRATID-
! VONCOLS.
«ARll>IO:iAi.H.
L'etnpii-c des Turcs othmans ■, en carmin.
Les clals tlu chéH/de Médine , sous la protec-
tion turque , jaune.
Ceux du cUériJde la Mecc}ue, ëgalemcnl sous
laproteclion turque, bleu.
Le roynume de Vemenf colorié eu jaune.
Le royaume d'Aden, en bleu.
Celui de Farlak , en violet.
Le roy;juine de Hadjary en orange.
Le royaume de Mashale , en veU.
L'empire persan el ses dépendances , bleue.
Les possessiotis de la Russie , agrandies consi-
dëi*ablemLMiL par \es couquêles de Pierre I", vert
clair; les divisions des provinces de fa SiLcrîe
sont indiquées par des frontières oranges.
Le khanat de la Crimée , tributaiie de la Tur-
quie, est diminué pai Icscouquélcs des Russes;
bltu.
Le pays des Kirgàiz el d'autres tribus turques
i ad é pc ud [i n tes , jaune .
Le royaume dei khans Ouzbek de KhanzntCf
colorié eu orange.
Le kiiiinai de Boukluira, gouverné par les
dcscendr)ats de Timour , vert.
L«f pays de Botor, couleur orange.
Le khauat de Badakhcluui , gouverné par un
sullhan ^ jaune foncé.
Le pays d'AJgluM , colorié en orange.
Le pays de Beloutches , ou le Belotttchistdn ,
indépendant, carmin.
LeSittdhy « l'embouchure de Tlndus^ ver-
millon.
L'empire des Grand-Mongols , ou des Babe-
rides ,de$cvndants de Timour par Je suhlian Ba-
berj qui ftll chaïisé de ^cs états , se rendit dans
l'Inde, et y établit cet empire puissant , i>«r/.
Les provinces méridionales de la presqu'île e«-
deçàdu Gange, gouvoroécs par plusieurs princes
indépendants , cou leur Jaune .
Ou a indiqué dans Tlode les possessions des
diffcircntes nations européennes en les soulignant t'»^r**!fnK».
avec les couleurs suivantes:
Carmin i Anglais.
fiole t., Portugais.
Jaune foncé , Français.
Orange , Danois.
Bleu, nollandais, A ces derniers appartenait
aussi l'île de CeyLtu , à l'exception du royaume
de Kandj; souligné eu vermillon, situé dans i'in«
té rieur du p.iys.
Dans rinde au-delà du Gange on voit les indk ac or^a
pays suivants : "^ Riscg.
Le royaume d'Assam , en violet.
Celui d'Arrakan , en carmin.
Le royaume d\i\a ou de Miat^y esxbleu.
Le royaume de Pegou, en jaune.
Le royaume deSicun^ en orange.
Le royaume de Laos , en carmin.
Le royaume de Kambodje , en jaune.
Le royaume de Tsiampa, ou Dziamba , en bleu. •
La Cochinclune , en vert clair.
Le royaume de Ngan nan , ou de Tonquin , en
violet.
L'empire chinois des Mandcluiux est colorié
en jaune foncé. Dans la Cliine proprement dite ^
les limites des provinces sont indiquées par des
traits en vermillon i dans les pays habités par des
Mongols^ par des frontières vertes ; dans le pays
dc&Mandchoux , par le bleu ; la Corée est séparée
de ce dernier par uue ligue en carmin; dans les
lignes oranges.
Le Ngariy ou la partie occidentale du Tubel,
n'étant pas encore soujnise aux Mandcboux , est
enluminée en vermillon.
Le Japon et ses possessions en carmin.
L'empire des OEketSy ou Kal/nuks, dans l'Asie
centrale, violet.
Le royaume de Népal ^ en bleu.
Le royaume de Kachemir^ soumis au Grand*-
Mougol , couleur bleue.
■MPtkli
MAROC IIOO-
CMlKUli.
JAPON.
hALMCM.
K tCH»Hia,
^v
APERÇU GÉNÉRAL DES CARTES. ^^^^^^^^H
^^H
VINGT-SEPTIÈME ET DERNIÈRE CARTE. ^^^|
^^^^K
ÉPOQUE DK LA PRÉPONDÉRANCE DES
anglais DAPfS l'aSIE MÉRÏDlOffALE , ^^^H
^^^^^
l'a^ lS'23 DK .\OTRE ÈRE. ^^^H
^^^B rvnea
h empire des Turcs ot/imans , colorié eo bleu.
i.Tctiyli. lo. Chan toung. ^^^^^|
L'empire russe, colorié en vert. Oq a marque
;2. Kiangsou. ii.Chansi. ^^^^^^|
^^^^^
la nouvelle A[\\s'ion de Ja Sibérie pardesfron-
3. Ngan hoer. iq. Clien si. ^^^^^|
^^^^V
lièrcs en orange.
4< Kiitng si. i3. Kari .sou. ^^^^^H
m rtrilLOMARS.
Le pays des Turkomans cl des Kirgfiiz noma •
5. Tche kiaug. ]4- Szu tchliouan. I^^^^H
^_
(les, en vermillon.
6. Fou kian. tS. Kouang toung ^^^^H
^^^B
Le k ha nul de Kfiiva, en violet.
7. Houpe. 16. Kouansi. ^^^^|
^f
Celui de Boukhara , en vert foncé.
6. Ilounan. ly. Yun uan. ^^^^|
^^^ MOARMCNAK.
Les possesâioiis du sulthun de Badoklichan ,
(j. f lo nan. 18. Kuuei Icheou. ^^^^|
^H
ver/ clair.
Le pays des Jifandchoux , ou la province de ^^|
^^H
Le Perse i en orange.
Chitig king , se divise en trois gouvernements, ^^|
^^^^
Le royaume de Kaboul^ ou des Afghan, di-
sépiués par des frontières oranges, savoir ; ^^H
^^^^_
visa acliieltement en deux , dont rorienlal en
t.Ghîugking. 3. Sakhalian oula. J^^^l
^^^^F
violet y el l'occidcnlal en è/e«.
3. Gbirin oula. "^^^^H
H mtijovmà».
Le pays des JBeloudjés ^ eu jaune.
La Corée , entourée d'une lisière ^/«fue. ^^|
W fttlROrRB^S
On trouve sur la carte nii^mc l'explication des
La Mongolie , divisée p;ir des limites ^/tfwej , ^^|
■ VAIii t'iAUS.
couleurs employées dans ïlnde , en - deçà du
^^1
^B
Gange.
t . Mongols Chara gol. 3. OKIœt, à Touest dti ^H
^^^^^ CiTUii.
L'île de Cejlan est la seule possession que Je
■j. Kbalkba. pays d'Ordos. ^^|
^^^^B
roi d'Angleterre ait dans Tlndc } elle est enlumi-
Les pays des Mongols et Ekuts à Coccident ^H
^^^^H
née en rouge très clair, avec une lisière Jaune
de la Chine , divisés par des traits verts , savoir: ^^|
^^^P
foncé.
1. Mongols du Kou* •!. Mongols ajipelcs ^^|
^^^ lIHUâN».
L'empire des Birmans , violet. On a souli-
kbon noor. Khor, au nord du ^^|
^^■^
gné avec du carmin les villes principales qui se
Tubet. ^1
^^^
trouvent entre les mains des Anglais.
L'jésie centrale, ou IJùan chan Nan lou, c'est.*- ^H
^^^^P
Le royaume de Siam^/'aunc. La capitale ac-
dire province au sud des montagnes Célestes, en- ^H
^^m
tuelle Dankok, un peu nu sud de Juthia^ a ettî ou-
lourée d'une lisière eu carmin. ^^Ê
^^m
bliée par le graveur sur la carte.
L'ancien ji^y.'i des Dzoïîngar, ou Thian chan ^^^
^^^^^^ M â 1. i ce i .
Le pays de Afalacca , gouverne par des prin-
Pelouj province au nord des montagnes Célestes, ^^|
^^^^b
ces indépendants , brun. Le graveur y a e*gale-
avec des divisions en bleu, savoir: ^^|
^^^^B
ment oublié In ville de SmcAPoun, apparlenant
1. Province d'Ili. 3, Province de Tarba- ^H
^^^^y
aux Anglais, elle se trouve à 1;« pointe la plus ujéri-
^H
^^^^
dionale de la presqu'île de Malacca , sur une île.
■X. Province de Kour 4- ^^^J^ des Bourout, ^^|
^^B KilOMDJI.
Le royaume de Karnbod/e , en bleu.
kara oussou. tribus kirgbîzes. ^^^^H
■ LAUtU
Le royaume de Laos , en rouge.
Le Tubet, avec ses divisions en orange, savoir: ^^^^H
■ cocaturciiinB.
La Cochinchine , qui comprend attuellcmenl
I. Province de Kani. 4- Piovînce de Ngarî. ^^^^H
^^^^%
Je Tonquin , en orange.
'j. Province d'Ouei, 5. Le Ballr , ou le Petit ^^M
^^K KMrtiit
L empire chinois, Ibnd/rtK/ie,
3. Province de Thzang. Tubet; fond el It- ^^Ê
^^^^^H CNIliois*
La Chine proprement dite compte à présent
sière orange. ^^|
^^^^m
les dix -huit provinces suivantes, distinguées
Le Japon et ses possessions , fond bleu , lisière ^^^|
H
par de« limites d^un faune foncé , savoir:
carmin. ^^M
FAVTE D'iHrSEï^IOrr QUI
k\ pas été ITCDJQtjÉE. ^H
■
Page t77, àaas les deux derniërei ootes tnargiaalet , i
itcz iji après J.-C, et 373 après J.-C. ^^|
1
^^^^^^^H
TABLEAUX HISTORIQUES
DE L'ASIE.
INTRODUCTION.
L'Asie, séparée de F Afrique par la mer Roiige et Tisthnie de Suez; de
FEurope par le détroit des Dardanelles, les deux Bosphores, le Caucase et le.s
monts Oural; de rAmérique par un étroit passage, peut, dans sa vaste étenduei
se diviser en différentes régions principales. L'Asie centrale est hérissée dç
chaînes de montagnes élevées, couvertes de neiges , qui renferment, d'un côté,
de vastes déserts pierreux et des sables mouvants, de lautre, des pays fertiles, ou
la vigne, le coton, le mûrier et le riz s'ofh-ent en ahondance, et où s'étendent des
prairies immenses, théâtre éternel du vagabondage d'une multitude de peuples'
La Chine, partant des monts qui limitent cette région centrale, s'étend de l'ouest
k l'est jusqu'au bord du grand Océan, et forme la partie orientale de l'Asie, la plu^
éloignée de notre partie du globe. L'Inde, s'étendant des monts Himalaya jusqu'à
rOcéan, abritée par eux des vents du nord, et recevant les influences d'un ciel
pur et chaud, forme la partie méridionale, moins éloignée de nous que la Chine,
et par conséquent plus connue des anciens. La partie occidentale, enfin, com-
posée de la Perse, de l'Arable, s'avançant par l'Asie mineure jusqu'en Europe,
mêlée dans nos révolutions, figine dans toutes les époques de notre existence
et s'y rattache presque continuellement.
Dans l'Asie occidentale, c'est la Perse, qui depuis le septième siècle avant
notre ère, a formé l'empire dominant, et dont l'histoire doit principalement
I
n ^^^^p INTRODUCTION,
nous occuper. Nous ignorons quel était, dans ces temps reculés, Tétat de Tlnde.
Les Tubétains n'étaient que des barbares féroces et indépendants, n*ayant au-
cune espèce de gouvernement, vivant dispersés dans leurs montagnes inacces-
sibles, et ne présentant point l'ensemble d'une nation. Les nomades Tiircs,
Mongols et Toungouses, de même que leurs voisins occidentaux, les peuples
tudesques et hunniques, se composaient de hordes ne reconnaissant entre elles
aucune supériorité, et errant confusément dans de vastes solitudes.
Dans une position centrale entre l'Euphrate et ITndus , se trouvait VIrân ou la
Perse proprement dite, sur laquelle s'étaient alternativement établies des popu-
lations différentes. Il paraît que, sous l'empire assyrien, de nombreuses colonies
sémitiques avaient passé FEuphrate pour s'établir dans fïrân, ce qui est prouvé
par l'histoire et par la grande quantité de mots sémitiques qui se trouvent dans
les idiomes de la Perse et de la Médie, Ces mots sont très différents de ceux que
les Arabes musulmans y ont introduits plus tard avec la conquête , et leur dif-
férence marque clairement les deux mélanges aux deux diverses époques.
On est donc fondé à croire que l'ancienne population de la Perse a été à la
fois sémitique et iiido- germanique oujaphétique. Sa primitive histoire nous est peu
connue, car les Juifs ne nous en ont appris que ce qui a rapport a eux-mêmes; les
Grecs nous en ont ditdavantage, mais ils ne s'accordent pas les uns avec les autres;
enfin, les livres persans, qui, sans nous éclairer complètement, auraient pu nous
procurer plus de lumières que des traditions étrangères, furent entièrement dé-
haiits par l'ardeur dévastatrice des mabométans. Ce ne fut qu'au commencement
du onzième siècle que le sukhan Mahmoud de Ghizneh^'jcdoux d'exécuter un pro-
jet formé inutilement par ses prédécesseui's , résolut de faire recomposer les an-
ciennes annales de la Perse, dont quelques fragments épars se trouvaient entre
les mains des adorateurs au feu, qui avaient fui dans les montagnes la fureur des
musulmans. Ces fragments réunis avaient déjà été confiés, environ un siècle au-
paravant, au poète Dak*ik*i ^ pour composer l'une de ces histoires en vers que
nous nommons épopées : elle devait s'étendre depuis le commencement de la
monarchie persanne jusqu'à Yezdedjerd, defnier roi, chassé par les Arabes, dans
le septième siècle de notre ère. La mort empêcha Dak*ik'i d'achever son ou-
vrage. Un jeune chantre, que Finstinct du talent et de Farabition avait conduit
à la cour de Mahmoud, et qui s y était rendu fameux par ses vers, eut l'ordre
INTRODUCTION. 5
d'exécuter l'ouvrage commencé par Dak*ik*i, Le nouvel snitear , Firdoussi (i),
mécontent de ce qu'on ne lui tînt pas les promesses qu'on lui avait faites, s'en-
sevelit dans la retraite, où il acheva sa vaste entreprise. 11 fut rappelé à la cour
du sulthan ; des présents magnifiques arrivèrent pour récompenser son travail, à
Tinstant où il expirait; et, comme le Tasse, il mourut la veille du triomphe.
Son poëme est cehii qui est devenu si fameux sous le nom de Ctiak-nameh, ou
livre des rois. C'est dans cet ouvrage tout chargé de fables que nous trouverons
ce que savent les mahométans sur l'ancienne histoire de l'Asie occidentale; el,
sans espérer d*y rencontrer ni chronologie ni certitude , nous y découvrirons
cependant quelques lueui*s qui peuvent contribuer k éclaircir et à confirmer les
récits des historiens grecs.
(i) Aboul Kasem ^HQiQViT Fircloussi , né engiO ou 917 ele notre ère , mourut à l'Age tic cent
quatreans. Le premier orientaliste qui ait donné quelques fragments du Chah^namehAtV\tAo\M9\
est sir William Jones, dans son Traité de la poésie asiatique j placé â la suite de la traduction
de V Histoire de Nadir-chah, et dans son Poeseos asiaticœ Commenta rium, (Londres, ijyS, in-4",
et Leipiig, 1778, in-8°. )Langlè$ a profité de ce travail pour composer la Notice sur h vie et les
ouvrages de Firdoussi, pUcèe à la suite des Fables et Contes persans, traduits et publiés en lyÔSjf
in-i6 elin-S". M. Champion a traduit en fers anglais le commencement du Chah-nameh, cl
Ta publié sous ce litre: The Poems ofFerdousi translated from the original persian, 1788, 1 yol.
m-4". M. de Wallenburg, conseiller autiquc de Tcuripereur d'Autriche, ayait entrepris une tra-
duction française de tout le Chah-namch : cette Iniduclion était avancée quand la mort l'enleva
au milieu de scm utile travail. Vn de ses amis, M. A. de Bianchi, a publié sa traduction dt-
V Introduction au Chah-nameh, par Ebn-Mansour-el-Omry, et celle des Chants préliminaires
du Chah-nameh^ dans une brochure intitulée Notice sur le Chah-namch de Firdpussi, el
traduction de plusieurs pièces relatives à ce poëme ^ ouvrage posthume de M. le conseiller de Hal-
lenburg, ( Vienne, 1810 , in- 12,) Un des professeurs du collège de Fort- William , à Calcutta, le
savant fti. Lumsden, secondé de deux mollas très familiariséïi avec la poésiepersanne,/ a entre-
pris de publier le texte persan du Chah-nameh, revu sur vingt-sept manuscrits , sous ce litre
anglais : Tlie Shah-nama; beingn séries o/heroic Poems, on th<- ancienl Hislory o/Persiafrom
the earliest times. L'éditeur s'est contenté d'ajouter une très courte préface en anglais. Il n'y a
que le premier volume qui ail paru de cette édition, qui devait former huit volumes in-folio»
tSij. Le récit de la mort de Sohrah a été traduit librement eu vers anglais p'ar M. Alkinson, qui
a publié cet épi^iode intéressant du poème avec de nombreuses et savantes notes et le texte per-
aan, d*après l'édition de M. Lumsden , sous ce titre : Soorab, a Po€m,/reely translated from
the original persian 0/ Ferdousee , etc. (Calcutta, 1814 ; 1 voC gr. in-8« de 267 pages.) M. SU-
4 INTRODUCTION.
vestre de Sacy, qui, dans le tome IV des Notices et extraits des manuscrits , avait traduit la TÎe
de Firdoussi d'après Daulet*Chah, a inséré, dans le tome IV du Magasin encyclopédique deiSid,
de curieux détails sur le Chah-nameh et sur les diverses traductions qu*on a faites de quelques
fragments de ce fameux poème ; il en cite même des morceaux assez étendus. M. Jourdain a parlé
amplement de Firdoussi, et a donné la traduction de plusieurs fragments ou passages de cet
auteur dans Touvrage qu*il a publié en i8i4> sous le titre de La Perse, tomeV. H. Goerres
a traduit le Chah-nanteh en allemand , sous ce titre : Heldenbuch von Iran, oêu den Schtd^
nahmeh des Firdussi , von F. Goerres , avec figures et une carte. (Berlin , i8ao, a roi. ia •%*,)
Cette traduction n*est qu'un abrégé, qui cependant forme un ensemble ; elle est précédée d*uiie
introduction sur l'ancien état de la Perse. Le professeur fVahlà Halle s'occupe depuis long-
temps d'une traduction complète en allemand du même ouvrage , de laquelle il a inséré des
fragments dans les Mines de l'Orient. Le Chah'nameh a été traduit en prose arabe par un nommé
K'aouam-eddjrn Aboul Fetah Issa, fils d'A'ly Alhindarj, natif d'Isphan, d'après l'ordre du grand
roi Aboul Fetah Issa, fils d'Adel el Aboubekr, fils d'Ayoub. On possède à la bibliothèque du
roi une copte de cette traduction, sous les n** 694 » ^aS des manuscrits arabes, et plusieurs beaux
exemplaires du texte original persan , ornés de peinlures.
%*^»»<*^^»fc% » «^
HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
D^\PRÈS FIRDOUSSL
DYNASTIE DES PICHDADIENS.
Kéioumaratz fut, d'après les traditions pehïwis, le premier qui gouverna dans Keïoumaraiz.
le monde. Il vécut mille ans et en régna trente. Couvert d'une peau de tigre, il
descendit des montagnes et enseigna aux hommes l'usage des vêtements et d'une
nourriture meilleure: les bètes fauves, ainsi que tous les êtres vivants, venaient
deux fois par jour lui rendre hommage. ^Artman, le génie du mal, envoya un
démon pour l'attaquer. Siamek, ûb de Kéioumaratz, fut tué dans ce combat;
Houcheng vengea le trépas de son père.
Houdieng parvint au trône à Tâge de quarante ans. Il régna avec justice ; il Houcheng.
apprit aux hommes Tartde cultiver et d ensemencer les champs, et leur fit con-
naître les céréales. Rencontrant un monstre dans une foret, il se saisit d'une
énorme pierre pour le combattre; la pierre heurtant contre un rocher en fit jail-
lir des étincelles, et le feu fut découvert. Avec le secours de ce précieux élément,
Houcheng inventa fart de travailler le fer, et forgea la pince, la scie et le mar-
teau. 11 dirigea en outre le cours des ileuves, et construisit des canaux. Il ap-
prit encore à ses sujets l'art d'élever le bétail et de substituer les étoffes dé laine
aux simples peaux de bétes.
Tkeimouratz , fils de Houcheng^ lui succéda. Il fut le premier qui chassa avec
l'once et le faucon , et qui apprit la musique aux hommes. Un ange, envoyé par
la Divinité, lui remit un lacet et un cheval, pour prendre les démons et les sou-
6 HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
mettre. lî leur livra une bataille à la tète des Iraniens, les battît complè-
tement, et fit prisonniers un grand nombre d'entre eux. Ces derniers lui de-
mandèrent la vie, et, en retour de ce bienfait, ils lui enseignèrent lecriture et la
science. Theimouratij vainqueur des dénions , régna trente ans.
Bchicî^ Theinwuratz fut remplacé par son fils Djemchid. Les oiseaux et les peri$^ ou
bons génies, lui obéissaient. Il inventa la cuirasse, les étoffes précieuses, et Tari
de la broderie. Il employa cinq années à diviser son peuple en quatre castes prin-
cipales. Les Katour formèrent la caste des prêtres, et habitèrent sur les montagnes;
les Asgar formèrent celle des guerriers, les Sebaisa celle des agriculteurs, et les
Anoukhechi celle des artisans. Le luxe se répandit sous son règne, et pendant trois
cents ans Djemchid fut constamment heureux, jusqu'à ce que l'orgueil lui inspirât
la pensée de se révolter contre la Divinité. Dzohâk* était alors prince des Yaù
ou Arabes, et communiquait avec les mauvais génies. Dzohâk' accueillit les sujets
de Djemchid qui abandonnaient leur souverain depuis ses désordres. Il se mit à
leur tête, marcha contre Djemchid, le prit dans sa fuite, et le mit à mort après
Tm règne de sept cents ans.
Dzohâk* régna mille ans. Sa tyrannie réduisit la Perse à la plus tdïreusc misère.
Par la malice des clémons, deux serpents étaient nés de ses épaules , et y demeu-
raient attachés. Pour apaiser leur faim dévorante, il fallait tous les jours la cer-
velle de deux hommes. Par im adroit stratagème, les cuisiniers du roi sauvaient
chaque jour l'un des deux malheureux destinés à la nourriture des serpents, et
renvoyaient dans les montagnes : c'est de ces réfugiés que se forma dans la suite
la race des Kurdes, Un songe avertit le sanguinaire Dzohâk' du sort qui l'attendait,
et de la vengeance qu'exercerait contre lui Feridoun , fils d'une de ses victi-
mes. Il fit rechercher partout cet enfant redoutable ; mais la mère de Feridoun,
qui Tavait donné à nourrira la vache divine Pour-mayeh, se sauva avec lui dans^
le nord de l'Inde, sur le mont Albrouz, Là Feridoun fut élevé par un Pûrst. Arrivé
à l'âge de seize ans , il descendit de la montagne, et rejoignit sa mère» qui lui ap-
prit son origine et ses malheurs : car il était issu de la race royale de Perse, chas-
sée du trône par Dzohâk'. Enflammé du désir de venger ses ancêtres, il se prépara à
saisir la première occasion. Quelque temps après, une sédition éclata en Perse, et
fut conduite par un forgeron , qui mit son tabher au bout d'une lance et en fit
fétendard delà révolte. Les recherches continuelles qu'avait ordonnées Dzohâk*
DYNASTIE DES PICHDADIENS. 7
avaient appris au peuple et le songe qu*il avait fait, et Texistence de Feridoun
qu*il poursuivait : le peuple courut donc se réunir au jeune proscrit qui devait
être le libérateur de la Perse. Feridoun fit couvrir d*or et de pierreries le tablier
porté au bout dune lance, ladoptacomme étendard royal, et Xenomm^Direfcli-gâ-
wâny; et, en effet, cet étendard n a pas cessé detre depuis un objet de magnificence
et de respect dans tout l'empire. Armé de la massue appelée ^(iii'-/îef^Afr,parce-
qii'elle était ornée dune tête de buffle, Feridoun se mit en marcbe, et fut joint
par l'ange Serouck , que la Divinité envoya pour lui apprendre le moyen
de détruire un charme puissant qui protégeait Dzohâk'. Après avoir passé le
Tigre à Bagdad, il marcha vers Beit-ul-makaddes ^ où était la résidence de
Diohâk'^ arriva à son palais , et brisa d'un coup de massue le talisman de
son pouvoir. Dzohâk'j qui s*était d'abord enfui, revint avec une armée, mais
il fut vaincu par Feridoun, qui l'attacha avec de fortes chaînes dans une caverne
de la montagne Damawend.
Les deux sœurs de Djemchid, Chehmias et Arneivas, avaient été les femmes favo-
rites de Diohâk*. Après raille ans, Feridoun les trouva encore assez jeunes pour
les épouser. Il en eut trois fils, qu'il maria à trois princesses de Yemem. L'aîné
était Seim j le second Tour, et le dernier IredJ. Il leur partagea la terre : Selw
reçut Roum et Khâwer, c'est-à-dire la Grèce, l'Asie mineure et l'Egypte; Tour
obtint Tourân et Djin, c'est-à-dire le pays situé en-delà de l'Oxus, et l'em-
pire chinois. Ireéj devint maître de la Perse {Iran) et de l'Arabie. Mécon-
tents de ce partage, les deux premiers vinrent à la tête d'une armée làii^e
une incursion en Perse, tuèrent Iredj {\m s'était rendu dans leur camp pour
les apaiser, et envoyèrent sa tête à Feridoun. Dans sa doulear, le malheui-eux *
père demanda à Dieu un prolongement de vie, pour venger la mort de
son fils.
Une seule des femmes àHredj se trouva enceinte; elle mit au jour une fille, Menauichehr.
que Feridoun unit à Menouichchr, fils de son frère. Il Féleva dans la sagesse, et,
parvenu à Vàge d'homme, lui remit le trône, la massue Gâw-peig/ter , ses tré"
sors et ses armées. A la nouvelle de la guerre que Feridoun avait ordonnée contre
eux, Selm et Tour tâchèrent d apaiser sa colère par des prières, des offres de sou-
mission et des protestations de repentir. Ces moyens n'ayant pas réussi, les deux
frères résolurent de combattre, et de livrer la première attaque. Leurs armées,
)li»s«ace de
HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
composées des peuples de Djin et de Khâwer, entrèrent en Perse. Celle de Tour
arriva bientôt en présence de celle du chah. Dans une bataille nocturne, Me^
noufchehr vainquit Tour et lui trancha la tète. Seim restait seid à punir. Il était
maître d'une forteresse inexpugnable située sur la montagne Keboud, et voulait
s'en faire un asile; mais, tandis qu'il tenait la campagne, K'dren, l'un des géné-
raux du chahj s*y introduisit par surprise et lui ferma cette retraite. SeltUy battu
par les Iraniens, voulut se réfugier dans son asile, dont il ignorait la prise; il
fîit atteint et mis à mort.
Feridoun ne cessa de déplorer le crime et le trépas de ses fils. Il mourut
aimé de ses sujets, qu'il avait rendus heureux pendant cinq cents ans de règne.
Menoutchehr lui mit une couronne sur la tête, et le plaça dans un sépulcre bril-
lant d*or et de pierres précieuses. Après avoir porté le deuil de son grand-père
pendant une semaine, le nouveaii chah prît possession du trône.
Pendant ce temps vivait le valeureux .S^î/n , fds de Nerimân^ prince âe Sedjes-
tdnet de Zaboulistân ou Ghiznek, Privé d'enfants, Sâm faisait depuis long-temps
des voeux pour en avoir; enfin Tune de ses femmes lui donna un fils. Ce fut
Zâl, qui, quoique doué de toutes les qualités du corps, avait les cheveux
blancs comme Ja neige; son père, épouvanté de cet augure, le fit exposer au pied
de la haute montagne Elbrouz. Le roi des oiseaux, Simourg, dont le nid était
situé près de là, nourrit cet enfant, l'éleva jusqu'à l'âge de puberté, et le rendit
à son père, qui, plein de repentir, redemandait à tous les lieux le fils qu'il avait
exposé. Le roi des oiseaux, en quittant Zâl, lui donna une de ses plumes, en lui
enjoignant de la bi-ider s'il se trouvait jamais dans un danger pressant.
Bîenoutchehr A\k\i%\A près de lui 5/lm avec son fils Zd/^ le combla de présents f
et lui donna la souveraineté de tous les pays compris depuis K'about jusqu'au
fleuve Sind. Sâm céda à Zâl le pays de Zabontislân.
Mihrâb régnait alors à K*aboul. Il était d'origine tasi (arabe) et de la race
deDzohâk'. Il avait une fille très belle, nommée Roudabeh, que_Z/î/ épousa, et de
laquelle naquit Roustem, le héros de la Perse, et le même dont les hauts faits
sont le sujet principal du poëme de FirdoitssL Cet enfant merveilleux étant
encore dans le sein de sa mère , lui causa de telles douleurs , qu'on fut obligé
de l'en tirer par l'opération césarienne, conseillée par l'oiseau Stmourg, auquel
Zâi s'était adressé dans la crainte de perdre une épouse chérie. Le premier
I
DYNASTIE DES PICHDADIENS, 9
exploit de l'Hercule de firân fut la prise d'uue forteresse située sur la mon-
tagne Sipend et le massacre de ses habitants, par lequel il vengea la mort de
Nerimân, père de Sam,
Mcnoutchehr, parvenu à lage de cent vingt ans, ti-ansmit la couroiuae à son
fils Naivdetj et mourut rpielque temps après. Celui-ci ne suivit pas l'exemple
et les préceptes de son père. Ses sujets, mécontents, se soulevèrent. Sâm se
rendit auprès de lui avec ime armée, pour le protéger contie les révoltés; mais
ceux-ci offrirent la couronne à Sâm lui-même, qui la refusa, et qui leur conseilla
de rester fidèles, et à leur prince de devenir meilleur. Malgré les exhortations
de Sâm, Ntnvder ne changea pas de conduite. Pechengj roi de Tourâiiy ou des
Turcs, voulant profiter des troubles qui agitaient Tlrân, et venger la mort de
son père Tour, ordonna à son fils Afrasiâb de passer le fleuve Djihoun avec
une armée de quatre cent mille hommes. La mort avait ravi à Nawder l'appui
de Sàm , et il ne pouvait opposer que cent quarante mille guerriers aux quatre
cent mille de son adversaire. On se battit pendant plusieurs jours, enfin le chah
fut contraint de céder le terrain et de se retirer avec le reste de ses troupes.
Bientôt après il tomba dans les mains du vainqueur, et fut mis à mort, après
un règne qui n'avait duré que sept ans.
Afrasiâb quitta dès lors la province de Dahestàn , qui avait été le théâtre de
la guerre, et entra par Rei dans VIrân, où il mit la couronne des chah sur
sa tête.
Pendant cette invasion des Turcs, le successeur de 5dm, son ûhZât, avait pris
à son tour la défense de la dynastie de Feridoun, et avait fait proclamer comme
chah un membre de cette race; c'était Zou , fils de Thamasp. La guerre dévasta
le pays pendant cinq années, et fut suivie d'une disette générale. On fut donc
obligé de conclure une paix , d'ajtrès laquelle le Djihoun fut déclaré limite des
deux empires. Zoamoxivuï bientôt, et laissa pour successeur son fds Gerehâsp,
qui ne régna que neuf ans , et laissa la Perse sans maîti'e.
Niivydcr,
Zou.
Gcrcbflsp.
Avant de poursuivre cette narration du Chak^nameh, il est nécessaire
de faire quelques remarques sur la première dynastie persanne des
Pichdadiem , dont il contient la tradition.
2
HTSTOÎKE DE L'ANCIENNE PERSE.
Si Ton peut supposer, comme on le verra plus bas, que KaiKhosrou,
le second prince de la dynastie suivante, est le Cyrus des historiens
grecs , on parviendra à déterminer l époque de Textinction des Pie/uia-
diens. La première année de Cyrus, ou Kai Khosrou, en admettant
l'identité, est la 553* avant Jésus-Christ. Il faut ajoutera ces 555 ans
les 25o ans que régnèrent le père et le grand-père de Cyrus; ce qtiî
donne boô ans avant Jésus-Christ poui' le commencement de la seconde
dynastie et la fin de la première. Maintenant supputons la durée des
Picfidadiens d'après le même livre :
KiîovMAEÀTz, ûh de Sem , ùh de Noah , régna
UovcBENG, envimii
Tbaïmoibatz,
Djemcbid,
DZOUAK*,
Febidoin,
Menoftcbehb ,
Nawdbh ,
CEiCHASP,
Durée totale de h dynastie des Pichdadiens 2,333
Ajoutons à celte durée celle de 960 ans que Kaïou-
tnamtz avait vécu uranl de monter sur le trune .... 960
En supposant que Kaioumamtz %Q\i né cinquante ans
iiprès le déluge , ajoutons 5o ans -60
Ce qui donne une durée totale depuis le déluge de
Maintenant joignez à ces 3,343 ans les 8o3 avant J.-C,
date du commencement de la seconde dynastie. . .
Et Ton a pour l'époque du déluge
3,342
8o3
4ti45
Ainsi, d'après le Chah-namcli, le déluge serait fixé à Tan 4,1 45
avant Jésus-Christ. La chronologie de Firdaussi placerait donc cettt
DYNASTIE DES PICHDADIENS. ii
époque 427 ans avant l'année donnée parles Septante, 1099 avant celle
du texte samaritain, et 1795 avant celle du texte hébreu.
Les vies et les règnes de 700 et de 1000 ans n'obtiennent plus
de foi aujourd'hui , et il faut donc supposer que Djemchid et Dzohûk'
représentent des familles entières. Il serait inutile de vouloir conipai^
les traditions grecques avec les récits monstrueux du Chah-nameh,
qui , n'ayant été recueillis que sous les Sassanides , nous sont arrivés
pleins de vague, d'invraisemblances et de fables, et sur lesquels MoUe
de Khorene a déjà jeté un si juste ridicule» Nous ne chercherons donc
pas à trouver des ressemblances insaisissables, et nous nous bornons
à quelques rapprocliements généraux.
Les historiens grecs nous rapportent trois faits principaux : inexis-
tence d'un vaste empire connu chez eux sous le nom d'empire assy-
rien; 2* son renversement par celui des Mèdes; 5" enfin, les incursions
fréquentes des Scythes venant du Caucase, de l'orient ou de la mer Cas-
pienne et de rOxus. Ces trois mouvements des popidations Tune sur
l'autre se retrouvent à peu près dans les traditions persannes qu'on vient
de hre d'après FirdoussL
En effet, le théâtre des quatre premiers règnes du Chah-nameh est sans
contredit la Médie,oii fut établi le culte du feu par Houcheng. Kaïoumaratz
et ses successeurs fiu-ent donc ime dynastie mède détrônée par Dzohâk' ,
prince tasif ou arabe , et qui commença ce que les Grecs ont appelé
l'empire assyrien. Le mot ta$i désigne aujourd'hui les habitants tle
l'Arabie, mais rien n'empêche de croire qu'anciennement il s'appli-
quait à tous les peuples sémitiques, et par conséquenl aux Assyriens.
La nouvelle dynastie de Dzokâk\ si détestée par les Iraniens, parce-
quelle était étrangère, et qu'elle apporta lUie espèce de culte dia-
bolique, n'était donc vraisemblablement que celle des princes assy-
riens, qui, d'après les Grecs, ont possédé toute la Perse jusqu'à l'indus,
et le Dj ihoun ou Oxus.
Feridoun lui-même , qui, d'après le Chah-nameh_, détrôna et renferma
Dzohâk', serait le représentant de la nouvelle dynastie mède qui com-
mença avec Déjocés et renversa l'empire d'Assyrie. Les princes assy-
m
HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
riens, ou tasi, iiliabitaient pas Jérusalem , comme on pourrait le croire
par le nom de Beit-ut-makaddes , maison sainte j, donné par Firdoussi à
leur résidence, et qui est celui par lequel les Arabes désignent la capitale
de la Palestine. Le poète persan nous éclaîrcit lui-même sur ce point, en
ajoutant que Beit-ui-makaddes portait le nom tasi de Hameh-el-Harran,
<:'étaît donc vraisemblablement Harran, situé eu Mésopotamie dans
la contrée appelée Diar Modzâr, D'après des traditions encore exis-
tantes, cette ville a été bâtie peu de temps après le déluge, et elle est
regardée comme une des plus anciennes du monde.
Albrouz est le nom ancien de la grande cbaine de montagnes qui com%
mence à Toccident du Bospbore ciraniérien , borde la mer Caspienne au
sud-onest et au midi , et vu se joindre vers l'orient aux monts Himalaya
qui séparent l'Hindoustan du ïubet. Elle comprend donc le Caucase de
nos joui"s, les montagnes du Qhiian, le Dammvend , la cbaîne du Kho-
rasdn et le Paropamisiis ou Ilindoti-kouch. Feridoun^ venant de la Médie
fonder le nouvel empire mède sur les débris de l'empire assyrien, des-
cendit de ï Albrouz. La Perse orientale, comprenant le Sedjestàn et le
Zabouli&tàn, qui est le pays de Gkiznek^ était soumise au chah, mais
gouvernée en sous-ordre par les princes de la race de Sàm. Quant au
K'abottt, îl n'était que tributaire , et appartenait à une branche de la
famille de Dzohâk'y c'est-à-dire k des princes assyriens qui avaient traité
.ivec les Mèdes^ vraisemblablement pour ne pas être forcés de faire
la guerre dans un pays d'un accès difficile , el habité par ime nation
valeureuse.
On trouve la troisième analogie entre les traditions grecques et
persannes, dans le débordement des peuples barbares venant de la Perse
orientale. Les incursions des Scythes rapportées par les auteurs grecs
concorderaient assez avec celles des princes de Tourân venant d'au-
delà \v Djihoun ou rOxus, et qu'on a vues commencer sous la dynastie
des Pickdadiens. Depuis les temps les plus reculés , la Perse a été ex*
posée aux invasions des peuples venant an côté du Caucase , de la mer
Caspienne et de l'Oxus. Les Grecs les appelèrent Scythes, parcequils
n'avaient pas daittre nom pour désigner les peuplades barbares. Les
DYNASTIE DES PICHDADIENS. i5
Persans les ont appelés Turcs ou Chinois , Tottrân et Djin , quoique
de ce temps, ou sept cents ans avant Jésus-Christ, il n'y eût ni des uns
ni des autres sur la côte orientale de la Perse; mais au temps de la com-
position dnChah-namehy on n'y connaissait que des Turcs et de^ Chinois,
et on a donné le nom de ces derniers à tous ceux qui les avaient précédés.
En réalité les tribus turques ne se sont avancées vers l'occident que quel-
ques siècles plus tard. Le nom de Chine, Djin, ne date que de la fin du
troisième siècle avant notre ère, ou de Tépoque île la dynastie impériale
de Thsin; et les Chinois n'arrivèrent sur l'Oxus que vers la cent vingtième
année avant Jésus-Christ. Les anciens ennemis de la Perse, débordant sur
elle par son côté oriental , n'étaient vraisemblablement que des tiûbus
hunnique^ et tudesques, auxquelles, du temps des Sassanides , succédè-
rent les Turcs et les Chinois, Le nom des deux derniers fut donc reporté
aux peuples qui les avaient anciennement précédés sur TOxiis.
Ce qui paraît donc constant d'après le rapprochement des traditions,
c'est que é^ux dominations se succédèrent : Tune, partant de TAssyrie,
domina la Médie et toute l'Asie orientale; Tautre, partant de la Médie,
réagit sur la première et repoussa les peuples sémitiques au-delà dti
Tigre et de TEuphrate; et, enfin, à ces révolutions des deux populations
l'une sur lautre se joignit l'invasion fréquente des peuples barbares
venant du Caucase, de la Scythie et de rOxus.
DYNASTIE DES KAIANIENS.
À la nouvelle de la mort de Gerchâsp, le roi de Tourân ordonna à son iils
ylfrasiâb de repasser le DJihoun , et de profiter des troubles de l'Irdn. Alors
Zdl, roi du Sedjeslân, tint un conseil auquel assistèrent tous les grands de l'em-
pire, et proposa de choisir pour chah Kai K'obâd, issu de la race de Feridoun et
de Djcmchid. Roustem monte sur son cheval /î^â;c/*, se rend au mont Aibrouz, où
se trouvait Kai K'obdd, et lui offre le trône. L'offre est acceptée, les Touràniem
sont battus, et le nouveau chah couromié. Une seconde bataille fut livrée, où
Afrasiàb manqua d'être pris , et après laquelle les jftfarrffuVn*, entièrement dis-
K^^^ k u));î«l.
i4 HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
perses, repassèrent le Djikoun et firent la paix. L'Oxus fut de nouveau reconnu
pour limite entre les deux empires. Kai K*obâd se rendit dans les pays de
Fars (Farsistânj, et tint sa cour à /sfaMiîr ( Persépolis ). 11 régna avec gloire
pendant cent ans.
Kai K'aous succéda à son père. Séduit par une description du Mazanderàn
qu*un *poëte voyageur lui avait faite, il résolut de le conquérir. Les grands et
Zâl lui-même le dissuadèrent de cette entreprise périlleuse, car le Mazanderàn
passiiit pour le siège des mauvais génies, et on le disait entouré de cliarmes qui le
rendaient redoutable pour tous ceux qui tentaient d'y pénétrer. Aucune de ces
considérations ne put empêcher le chah de se mettre en marche. H commença par
dévaster le pays ennemi, et par faire un butin immense. Le roi du Mazanderàn en-
voya dentander du secours au démon blanc ( Dlivi-sefid), qui frappa les Iraniens de
cécité et les retint prisonniers avec le c/«i/i lui-même. Roustem accourut pour les
secourir, et prit le chemin le plus court, quoiqu'il fut rempli de lions, de démons
etûegohiinsighowel). Après beaucoup d'aventures et de combats, il réussit à
délivrer le chah; il tua les démons et les enchanteurs ; et le Mazanderàn , soumis,
fut confié à un roi vassal de la Perse. Après quelque temps d'un règne paisible à
Istakhâr, Kai K'aous voulut faire le tour de son royaume. Il se rendit au Tou-
riht,ei visita Mekran et Djin, Pendant qu'il était à Zereh dans leSedjestân^Xç roi
des Berbers fit une invasion en Perse. Kai K'aous marcha aussitôt contre lui, le
mit en fuite, et le poursuivit jusque dans son propre pays. H retourna ensuite
vers l'orient, visita la montagne /i*(//* ( Fllindou kouch) et passa un mois entier
chez Moustem,
Revenu de cette incursion, il tenta une expédition maritime contre les trois
pays (Sih-chehr). Il se rendit à Hamawerân ( Damascus ); c'était le pays du milieu ;
celui de la gauche était Misr ( l'Egypte); et celui de la droite le Berberistân ou
le pays des Berbers. Après avoir soumis le Hamawerân j il épousa la iille du
roi ; mais il fut trahi par son beau-père , qui s'empara de lui pendant les ré-
jouissances du mariage, et le retint prisonnier dans une forteresse située dans
les montagnes. A la nouvelle de la captivité du chah y les Tourâniens , sous
Afrasiâb , firent une nouvelle invasion en Perse et la dévastèrent encore une
fois. Roustem vola au secours de son souverain , battit les rois des trois pays
réunis, délivra le chah et le remit siu* le trône à Istakhâr. Les Tourâniens fiirent
DYNASTIE DES KAIANIENS. iS
[contraints de nouveau à repasser le Djikoun^ car les Persans s'étaient unis
pour les chasser avec les rois tles Égj'ptiens et des Berbers ^ et avec le keissar
I de Roum ( la Grèce ).
Kai K'aous avait régné long-temps avec justice et sagesse , raais tout à coup
un mauvais génie lui inspira la coupable idée de s'élever jusqu'au ciel. Il se
plaça donc sur un siège attaché à de grands aigles , et se fit emporter dans les
airs; mais ces oiseaux, fatigués, le laissèrent bientôt retomber sur la terre.
Le prince, humilié, retourna dans sa résidence, et expia son orgueil par lUie pé-
nitence de quarante jours. Ici le livre des Rois rapporte Tunion de Roustem
ivec une princesse tourànnienne , de laquelle naquit Sohrâb y légal de son père
en force et en courage; mais dans une bataille le père elle fils se rencontrèrent
sans se connaître, et Sohrâb tomba sous le fer de Rouslem.
Kai K*aous eut un fils nommé Siaweck; sa beauté et sa valeur rendirent sa
belle-mère Seivdabeh éperdument amoureuse de lui» Ce prince vertueux mérita
sa haine par sa résistance à des propositions criminelles, et fut accusé par elle
d'avoir voulu porter atteinte à sa vertu. Afin de prouver son innocence, Siatvech
se soumit à Tépreuve du feu, et sortit glorieusement de cette fausse accusation.
Sewdabek irréconciliable lui suscita de nouveau la colère de son père, et l'obligea
de quitter Vlràu et de se rendre à la cour iXAfra&iàb , roi de Tourân. Cekii-cl
le reçut avec joie, malgré des prédictions qui annonçaient que le prince persan
serait la cause de la ruine du Tourân. Siatvech épousa Ferengisy fille du roi ,
et reçut en apanage le château et la contrée deGenk, situés au-delà de Khotan,
dans un climat fortuné. Simvech y bâtit le palais magnifique de Siaxvcchkerd, et
y vécut heureux. Gerùwez ^ frère û^Afrasidb , étant venu le visiter, fut saisi
d'envie à la vue d'un bonheur si parfait; retourné auprès à'Afrasiâb , il
rindisposa tellement contre son gendre , (\\\Àframib se mit en marche , l'atta-
qua et le fit mourir. Il voulait immoler aussi sa fille Ferengis qui était enceinte,
car il craignait raccompUssement de prédictions sinistres; mais Birân , prince
de Kfioian, la sauva et la reçut chez lui. Elle y accoucha de Kai Khosrou , que
son père Afra&idb , revenu de sa colère, fit élever chez les pâtres des moi^
tagnes.
A la nouvelle de la mort de Siawech , Roustem se rend à la cour de Kai
K^aous, Taccable de reproches , ârrachç Sendabeh du trône, et la tue en présence
Sinwech.
Kai Kiiosi oii.
HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
du roi. Il se met ensuite à la tète de larniée persanne, pénètre dans le TourâtP
et y porte la dévastation. Son fils Feramerz ie devance, s'empare d'un fils
(\\4frasidb , le tue, et fait ainsi un premier sacrilicc à la mémoire de Siawech,
Afrasiâb se défend avec vigueur contre Houstem , mais il est complètement
battu. Alors il s'enfuit rapidement jusqu à Gcnk , pour faire noyer Kai KIwsrou ,
et ne pas le rendre vivant à Routihn. Birân parvient à le calmer, l'engage à sauver
Kai Khosrou, et a le loi remettre pour Tenvoyer au-delà des mers, dans le p>ays
DJin ( Chine ). Roustem arriva à la tète des Iraniens , mais ne trouva plus
Afrasiâb^ qui s'était enfui sur les bords de la mer de Djin. Ferberz, fils de
Kai K'aou», est alors institué roi de Tourân et mis en possession de tout le
pays compris depuis ÏOxm jusqu'à Djin et Maàjin.
En ce temps-là, une sécheresse générale affligea toute la Perse, Un songe
prescrivit d'envoyer chercher Kai Khosrou pour la faire cesser. Après sept ans de
recherches dans les déserts, il fut eniin trouvé, reconnu, et ramené chez sa
mère Ferengis^ à Siaxvechkerd. Elle lui rendit le cheval de son père, Chebrenk;
pour le soustraire aux persécutions des Touràniens , ils partirent ensemble,
et arrivèrent aux bords du Djihomi et le traversèrent à ia nage. Kai K'aous
reçut son pelit-fils avec beaucoup de joie ; et, pour terminer toute jalousie
entre ce nouveau venu et son fils Ferberz , il déclara que le trône appar-
tiendrait à celui des deux qui prendrait Ardcbii , la retraite du rebelle
Behmen. Ferberz s y essaya ie premier, et revint sans succès. Kai Khosrou, plus
heureux, se rendit maître à'Ardebii, et, d'après la promesse de son aïeul, fut
reconnu héritier de l'empire.
I^es Iraniens firent à cette époque une nouvelle invasion dans le Totirdn. Ils
furent repoussés et réduits à l'extrémité sur la montagne aride de Himawend
dans le Khorasân. Roustem vint encore» à leiu* secours. Une grande bataille fut
livrée. Les Sik'lab (Slaves), les Indiens et le K'akkàn de Djin, alliés (X Afrasiâb,
furent totalement battus. Les Persans entrèrent dans le pays de 5é>^</ ; de là ils
allèrent à Bidâd^ ville habitée par des anthropophages, et la saccagèrent entiè-
rement Ils pénétrèrent jusqu'à Khotan. Afrasidb perdit encore une bataille, et se
sauva de nouveau dans le pays de Djin. Après Tavoir inutilement cherché,
Roustem retoiurna avec les Iraniens chez le chah, qui le reçut avec de grandes
démonstrations de joie. De nouvelles guerres recommencèrent entre les deux
DYNASTIE DES KAIANIENS.
empires; /tflf Khosrouy l'héritier du trône, se niit lui-même en campagne contre les
Tourdniens, passa le Djihoun, et s'empara de la résidence d'^frasiâb. Celui-ci
reparut l'année suivante avec une armée formidable; mais^ toujours battu, il fut
enfin obligé de se cacher. Kai Khosrou passa une année à le chercher inutilement ,
et retourna en Perse auprès de son aïeul, qui désirait le voir encore une fois. Pour
^frûsiàh , fuyant d'asiles en asiles, il se retira dans ime caverne dans le voisinage
de Bcrdu. Découvert en cet endroit par un saint homme nommé Hom, il fut
saisi , et remis dans les mains du chah, <\m lui fit trancher la tête, pour accom-
plir se^ promesses de vengeance.
Kai K*aou$ mourut à l'âge de cent cinquante ans, et Kai Khosrou monta sur le
trône de Xîrân. Celui-ci, parvenu à sa soixantième année, craignit .e tomber dans
les erreurs de Djemchid et de Bzokâk' , de quitter le chemin de la vertu , et de
méconnaître la puissance divine. Il tint alors publiquement sa cour , distribua
ses trésors, et rendit à Djchemy lils iVjfrasiâbf le patrimoine de son père, en
le faisant roi du Tourân^ voulant laisser à ses peuples un sage monarque, il fit
choix de Lohnhpj petit-fils de Pecken, et issu du sang royal. Kai Khosrou se retira
ensuite sur une haute montagne et disparut.
Lahrâsp fit sa résidence dans la ville de lialkh. Il avait deux fils, Gouchiâsp et
Zerîr. 11 ae chérissait que le dernier et lui destina lacouronni'. Gouchuhp, irrité de
cette préférence, €[uitta sa patrie et se rendit dans le pays du K'eissar de Iloum
(Ca^sar de la Grèce), dont il épousa la fille. Quand sa retraite fut connue, son père
lui envoya ZfrtV, pour lui ofirir le trône. Attiré par cette offre, il revint en Perse.
A cette époque vivait un vieillard nommé Zerdouchi , qui se présenta devant le
chah, en lui disant : « Je suis un messager du ciel, venu pour te montrer le chemin
..qui conduit à Dieu. » Il lui remit en même temps un bassin rempli de feu cé-
leste, et l'instruisit dans sa nouvelle doctrine. Gouchtâsp et Z^rfr suivirent cette
religion, et on établit à Balkh le temple du feu berzin. Les grands de fempire
abolirent alors f idolâtrie, et la religion de Zerdoucht devint celle de VIrân. Ce
changement de croyance fut la cause d'une nouvelle guerre des Tourâniens et de
DJin contre VIrân Gouchtâsp passe alors le Djihoun; son fils Isfendiàr fait des
merveilles de valeur, et les ennemis sont battus après une résistance opiniâtre.
Cette victoire remportée , Isfemiiâr est envoyé par son père dans toutes les pro-
vinces de l'empire pour y abolir le paganisme et introduire la croyance de Zer-
3
Règne
lie Kai KfiusroaJ
Lohràâp.
Gouchtâsp.
Zerdoucht
ou
Zoroastre.
Isfendiàr.
ta^
,8 HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE,
(loucht. Kurzem, ennemi secret du prince, le dénigre auprès de son père, et
éveille des soupçons dans le cœur de Gouchtâsp^ qui pour se défaire CCl$fendiàr
le charge de se rendre dans le Zaboulestân et de ramener Roustem les mains liées ,
sous prétexte que ce héros avait manqué de respect à la majesté du chah. Isfen-
diârse d**fend de cette commission périlleuse, et funeste pour lempire; mais son
père insiste , et il est forcé d'ohéir. Il arrive chez Roustem, et le prie d^accéder à la
demande de Gouchtâsp, Le vieillard, âgé de sept cents ans, refuse de se soumettre
à imc humiliation qu'il n'avait pas méritée. Un combat singulier a lieu entre le
fils du roi et le prince de Zaboulestân. Le dernier, fatigué et blessé, se retire sur
une montagne et prie lêfendiâr de lui donner quelque repos. Zdi brûle une
plume de l'oiseau Simourg, qui paraît pour assister Roustem. L'oiseau guérit ses
blessures , le transporte au bord de la mer de Djin et lui montre l'arbre qui pro-
téine la vie d'Isfendiâr. Rousiein fait une flèche avec des branches de cet arbre,
et Sitnourg lui conseille de tirer aux yeux de son ennemi, seule partie vulnérable
de son corps d'airain. Il lui recommande pourtantd'essayer,avant de combattre,
tous les moyens de conciliation. îsfendiâr les rejette, et il est atteint par la flèche
de Roustem, qui lui perce les yeux. Avant de mourir, il se réconcilie avec le vain-
fort de Roustem. queur et lui confie l'éducation de son fds Behmen. Roustem est enfin tué par
l'astuce de son propre frère Chegad et du roi de K*abottt, qui le font tomber à la
chasse dans une trappe. Avant d'expirer il se venge de Chegad. Son fils Feramerz
met à mort le roi de K'aboal et quarante de ses parents.
Gouchtâsp remit la couronne à Behmen ^ fils â: Isfendiâr : c'est le même que Mir-
kliond appelle aussi Ardechir Dirai-dest j ou Ardechir à longues nutins. La pre-
mière occupation du nouveau chah fut la vengeance de la mort de son père; il alla
donc dévaster le Zaboulistdn, fit prisonnier Zdt, et ordonna de pendre F^ram^rj.
Behmen eut un fils nommé Sassan et une fille appelée H ornai. Il la rendit
enceinte, et il déclara que Fenfant dont elle accoucherait serait son succes-
sexWy quel que fut son sexe. Cette résolution paraît avoir été prise d'après
ce principe de Zerdoucht, que tout ce qui est engendré en retournant à la
source d'où il est sorti , participe d'une origine doublement pure et excellente.
Behmen mourut avant la naissance de Tenfant de Jlomai, et celle-ci lui succéda.
Elle fit mettre son fils nouveau-né dans une boîte remplie de pierres précieu-
ses , qui fut jetée dans l'Euphrate. Un blanchisseur trouva l'enfant, le nomma
Uchniiu
ou
Ardechir
Dtraz-drst.
Ilomi
DYNASTIE DES KAIANIENS. 19
Ddrâb ( don de l'eau ), et l eJeva au lieu ciu sien , qu'il venait de perdre. DArâb, Dànllv,
devenu grand et valeureux, hit reconnu et ramené à sa mère , qui lui remit las
Tenes du gouvernement.
Après une guerre heureuse contre les Tasi (Arabes), Dàrâb marcha contre
Fi7//b«* (Philippe, empereur de Roum), le battit et le rendit tributaire. Pour
consolider la paix ^ le clmà épousa Nakid, fille de Fili fous. Elle devint enceinte
de lui; mais, à cause de sa mauvaise haleine, il la renvoya à son père. Elle mit
au monde un fils nommé Sekander. Dâràb choisit pour épouse la fille de R'a-
kfmnàe Djin^ de laquelle il eut un autre fils nommé Ddr^î. Celui-ci monta sur
le trône après la mort de son père, qui avait régné dix ans. Dàrâ était d'un ca- iUiA.
ractère hautain , cruel et dissimulé. Sa mauvaise administration contribua beau-
coup aux succès de son frère Sekander, qui est le même qu^/ejfl72£/r(? le Grand, Sckandtr
La querelle entre la Perse et la Grèce (Roum) vint de ce qu'Alexandre refusa le tiû- iskondcr.
but, consistant en raille œufs d'or pur, que son père s*était engagé de payer
annuellement. Il répondit aux ambassadeurs de Dârâ, venus pour les réclamer:
• De ce tribut il uy a plus ni couleur ni fumée, car Toiseau qui pondait ces œufs
«vient de s'envoler dans laulre monde.» Z)(3r^ envoya alors un autre message
au prince grec , par lequel il lui fit présenter une raquette, une paume et un sac
rempli de grains de sésame. Son intention était de se moquer pfir les deux pre-
miers objets de la jeunesse d'Alexandre, et dlndiquer par le dernier Farmée in-
nombrable avec laquelle il comptait lallaquer. Alexandre prit dans sa main la
raquette, et dit : « Ceci est l'image de ma puissance, avec le secours de laquelle
je jetterai loin comme une paume le pouvoir de Dârâ. Puis, faisant apporter une
poule, il ajouta qu'elle allait montrer ce que deviendrait la nombreuse armée du
chah: la poule en effet mangea les grains, et le prince grec envoya en outre
une coloquinte à son ennenrd , pour lui indiquer l'amertume du sort qui l'at-
tendait.
L'invasion des Grecs fut prompte. Us commencèrent par la conquête de Misr
(l'Egypte) et ne pénétrèrent en Perse que plus tard. Dârâ partit iVlstakhàrAyec
une armée innombrable et s'avança jusqu'au bord de TEuphrate. Alexandre^ dé-
guisé en ambassadeur, vint dans son camp pour traiter avec liu, et ne put réus-
sir. Le lendemain une bataille sanglante fut Uvrée, et les Persans succombèrent.
Alexandre les poursuivit , passa rpluphrate et s'empara de leur camp. Dârâ, k
ao HISTOIRE DE L'ANCIENNE PERSE.
a lé te d'une nouvelle armée , repassa le fleuve et fut vaincu une seconde fois.
L'ennemi se rendit maître iVIrak', et y resta quatre mois. Le chah s était porté à
Tckehrem, Heu où il cachait ses trésors, et de là à Jstakhâr (Persépolis), pour y ren-
forcer son armée par de nouvelles levées d'hommes. Alexandre lattaqua de nou-
veau, le chassa iVIstakhâr , et s'empara de cette ville. Ddrâ se rendit à Kirindn.
Son vainqueur lui fit des propositions de paix qui furent rejetées. Une troisième
bataille fut perdue par les Persans, et Dàrâ fut assassiné pendant la nuit par
deux de ses ministres, Mahesiar et DJamesiar, Alexandre consola son ennemi
expirant, et vengea sa mort en immolant ses meurtriers.
Les Orientaux appellent Alexandre Sekander ou ïskender Dxui-k'arnaïn , c est-
à-dire, Alexandre avec les cornes. Ce surnom provient des deux cornes d'^m-
mon qu'il portait à son casque , et avec lesquelles il est représenté sur ses mé-
dailles.
• Le récit du Chak-nameh sur la seconde dynastie est aussi fabuleux
que celui sur la première , et il serait inutile d'y chercher des rapports
exacts avec les relations de Xénophon et d'Hérodote. Le Déjocès de ce
dernier auteur fut, comme KaiK'obdd, choisi pour roi à cause de sa justice
et de sa sagesse, dans un temps où la Perse était dans la misère et l'anar-
chie. On trouve encore une autre ressemblance entre Déjocès et Kai
K'ûbâd. Kai K'obâd est appelé j^rck par quelques auteurs mahométans,
Déjocès est appelé Arcœces par Ctésias. Hérodote nous dit que Déjocès
eut pour successeur lui fils nommé Phraortes , et c'est à ce prince mède
qu*il attribue la conquête de la Perse. Firdoussine fait pas mention de
ce monarque; il confond probablement sou règne dans celui de son
père , qui occupa le trône pendant un siècle. Cependant an auteur ma-
hométan fait mention de ce second Phraortes; et il rapporte positi-
vement , diaprés quelques historiens, que Kai Kaous était le fils à\4phra
et petit-fils de Kai K'obàd, Il paraîtrait encore que rhistoirede/îLtfi Kaous
de Firdoussi est en même temps celle deCyaxarès et d'Astyage. L'aveugle-
ment de Kai Kaous et de son armée n'est vraisemblablement autre chose
que leclipse totale du soleil, qui arriva pendant la bataille queCyaxarés
DYNASTIE DES KAIANIEJSS. • ai
livra aux Lydiens, et qui avait été prédite par Thaïes aux Ioniens. LVx-
pédition contre Hamawer , mentionnée dans le livre des Rois , semble
être le siège de Ninive des écrivains grecs , qui s'accordent encore avec
Firdoussi quand ils disent que l'opération fut interrompue par tme
invasion des Scythes; de même, le récit que fait Hérodote, du mariage
d'Astyage avec la fille du prince de Lydie , concorde avec celui de
Tauteur persan qui nous parle du mariage de Kai Khosrou avec
Sendabeh.
Il n'est pas douteux que Kai Khosrou, ou simplement Khosrou , soit
le même personnage que leCyrus d'Hérodote. Cyrus était Ois du Persan
Cambyse et de Mandane, fille d'Astyage. Ce dernier vit dans un songe
une vigne qui sortait du ventre de sa fille enceinte, et qui étendait ses
rameaux sur toute l'Asie ; il consulta les interprètes des songes. Ceux-ci
lui ayant déclaré que le fils dont accoucherait sa fille occuperait son
troue, il la fit venir de la Perse auprès de lui, et la retint sous une garde
étroite, décidé à faire périr Tenfant quelle mettrait au monde. Lorsque
Mandane fut accouchée, Astyage fit appeler Harpagus, qui lui était très
dévoué, et lui ordonna démettre à mort Fenfant de Cambyse. Harpagus,
ne voulant pas souiller sa main du sang ùes rois , lit chercher un des
principaux pâtres d'Astyage, et le chargea tlexposer Tenfant sur une
montagne déserte, pour qu'il y trouvât Une mort prompte. Mais le pâtre
n'exécuta pas cet ordre cruel, et éleva le jeune Cyrus comme son propre
enfant. Ce récit dllérodote correspond assez avec ce que Firdoussi
raconte de Khosrou , qui fut aussi persécuté et condamné à roort par
son grand-père, à la suite d'un songe, mais sauvé et élevé chez les
pâtres des montagnes. La seule différence est que Khosrou n'était pas le
petit-fils du chah du Perse, mais celui iVAfrasidbj roi de Tourdn, et que
toute l'histoire de sa jeunesse s'écoule dans ce dernier pays.
Après Kai Khosrou , le récit des écrivains mahoraétans recommence
à diftérer totalement des auteurs grecs. Jusqu'au temps d'Alexantlre, il
n'y a que deux points de ressemblance entre les deux relations; c'est le
nom de Gouchtâsp^ciiû est VHystaspis des Grecs, et celui d'JrdcchirDiraZ'
desl ( Ardechir à longues mains), donné au Behmen du Chah-namek pai"
HISTOIRE DE ^ANCIENNE PERSE.
Mirkhond : c'est le même que l'Artaxerxès JjOngimanus. Le tableau sui-^
vant marquera la différence entre la chronologie des Orientaux et_
celle des Grecs.
AUTFXRS PERSANS.
AUTEURS ANCIENS.
DVMASTIE DES KAÏANIENS.
ROfS DE PERSE.
KâiK'obM, règne loo ans.
Kai K'jtoiis, i5o
SiawecI» ( lie règne pa«).
Kai Kiiosrou,
60
C) rus , règne
• * • •
26 ans,
Lolirâbp ( gendre de Kaî K'aous ) ,
îao
Cambysc ,
8
Gûuchtâsp,
60
S
(
Darius Hystaspîsf
Xcrxès,
3a
3a
hfeudfâr ( ne règne pas ).
BeUmea ou Ârdeciiir Dlrax-de&l,
112
\
Artaxcrxès Longîmanus,
Darius Notlius ,
41
i5
Homai,
32
Arlaxerxès Mnemun,
i^
Dârâb,
10
Artaxcrxè$ OcHus ,
a6
Dârâ , ( supposé )
8
Darius Codomaiius ^
8
Durée tolale depuis Kai Khosrou , 402
Durée totale depuis Cyrus » aa 1
•i i->-i i -»if»m«wi^ » ->w»^v»w »i-» *i«f»iM fc i i ^«» «i yw»ir> in|^>i -»-» i i -» i -i i
HISTOIRE DE LA PERSE,
JUSQU'AU TEMPS D'ALEXANDRE-LE-GRAND,
D'APRÈS LES AUTEURS GRECS.
La patrie des Perses est la province qui porte encore de nos jours le nom
de Farûslan , c'est-à-dire habitation des Fars, ou Perses. Elle est appelée Elam
dans l'ancien Testament , et Eiymaïs chez les auteurs grecs. Les anciens Perses
étaient d'origine sémitique, de même que leur langue, qui différait totalement du
persan actuel ou de Tidiome répandu entre l'Elwend et l'Indus. Leur pays était
une principauté soumise au roi des rois, qui originairement n'était ni très éten-
due ni très peuplée; car, d'après le récit des anciens, la nation qui l'occupait
consistait en douze Irihus , ne formant ensemble que vingt-six mille hom-
mes. Cyrus était le fils de Cambyse, chef de cette nation , et de Mandane, fille Cyms.
d'Astyage, roi des Mèdes. Il naquit à la cour de son grand-père. Exposé par
les ordres de ce dernier, et élevé par la femme dun berger, il fut bientôt
reconnu et envoyé à sa mère en Perse. Parvenu à l'âge viril , Cyrus se révolta
contre Astyage , l'attaqua, détridsit son armée et le fit prisonnier. Avec cette 553 ;K-. j.-c.
victoire finissait l'empire raède^ qui avait dominé sur toute la partie de l'Asie
située entre le fleuve Halys et llndus, pendant cent vingt-huit ans, non com-
pris le temps de l'invasion de Scythes, qui en avait duré vingt-huit. Cyrus se
rendit maître de tout cet empire, et l'agrandit encore par la conquête du
royaume de Lydie, qui comprenait ia partie occidentale de l'Asie mineure
[jusqu'au fleuve Halys. Il s'empara de Sardes, capitale du pays , en 539 avant SSpav. J.-C.
'Jésus-Christ. Il resta dans l'Asie mineure jusqu'à ce qull eût entièrement sou-
mis les divers peuples qui l'habitaient. De là il passa en Syrie et dans le nord
5n8 IV. J,-C.
555 av. J.-C.
OMritt!» HyMaspis,
2/, HISTOIRE DE LA PERSE,
de l'Arabie, qu'il siU3Jug:ua pareillement. U s avança vers Bahytone , capitale
des rois d'AssjTie, et la prit après un long siège , eu 538. 11 permit alors aux
Juifs, qui avaient été en captivité dans cette ville, de retourner dans leur pays
et de rétablir le temple de Jérusalem. Cvtus périt dans une expédition contre
les Massagelés, d'après un récit d'Hérodote qui en lui - même n*a rien d*in-
vraisemblable. On peut, en effet, supposer avec raison que les peuples scy-
thiques, qui habitaient au -delà de l'Oxus , l'auraient forcé par leurs incur-
sions daller les chercher, et de les punir dans leur propre pays. Xénophon à
la vérité fait mourir le roi persan de maladie dans un âge très avancé, et dans
sa patrie, l'ancien pays des Perses ; mais, comme tout ce qu'il raconte de cet
homme extraordinaire ressemble plutôt à un roman historique et politique
qu'a une histoire véritable , il est présumable qu'il n'aura pas voulu diminuer
la gloire de son héros par une bataille perdue et par une mort en terre étrangère.
La première carte montre Tempire de Cyrus tel qu'il existait en 53o.
Son successeur Cambyse agrandit la domination persanne par la conquête
de rÉgypte, qiu eut Ueti eu 520. Darius Hystaspis s était soumis la Thrace et la
Macédoine, et avait rendu tributaires les rois de ce dernier pays. Pour venger
les invasions des Scythes, Darius quitta sa capitale, Siise, à la tète d'une armée
formidable, passa le Bosphore, et s'avança vers Tlsler. Après avoir soumis les
Gètes, la seule nation qui lui opposât quelque résistance , il passa le fleuve
sur mi pont de bateaux quil avait lait construire par les Grecs de l'Asie mineure.
Les Scythes, au Heu de lui livrer bataille, se retirèrent toujours devant son
armée. 11 passa les fleuves Tyras (Dniestr), Ilypanis (Bog) et Borysthène
(Dnieper); longea le bord septentrional de la mer d'Azow, passa le Tanaïs ou
Don , et arriva jusqu'au fleuve Oarm , qu'on regarde avec raison comme le
Wolga de nos jours. Il faut remarquer ici que, dans les dialectes des Lesgki-
Awarh du Caucase, les mots qui désignent une rivière sont ouar, or ou hor.
Ces mots ont beaucoup de ressemblance avec le nom (VOarus , et il est présu-
mable que les Scythes du temps de Darius appartenaient a. la même souche de
peuples que ces habitants dn Caucase. Darius campa dans le désert au bord
de rOarus; il y fit construire huit grands forts, dont les ruines subsistaient
encore du temps d'Hérodote. Tandis qu'il s'occupait de ces ouvrages , les
Mythes qu'il avait poursuivis tournèrent par le haut du pays, et revinrent vers
fe
5<K) av. J.-C.
JUSQU'AU TEMPS D'ALEXANDRE-LE-GRAND. ^5
locciclent. Il laissa donc ces fortifications à demi achevées, etse mît à leur poursuite.
II repassa le Don dans le voisinage de la ville actuelle de Woroneche, le Dnieper au-
près de Tchernigotv, et remonta jusqu'aux défilés des Monts Carpathes. Enfin la
disette commença à désoler les Persans, et Darius se vit forcé d'abandonner
une entreprise qui n'avait aucune utilité véritable. Il repassa donc l'ister et re-
tourna dans ses états.
En 5o8 , il dirigea une autre expédition non moins considérable contre 5o8av. J.-C.
ITnde. Il soumit les provinces de ce vaste pays qui sont les plus rapprochées
du fleuve Indus , et les érigea en vingtième satrapie de son empire. La se-
conde carte de notre atlas représente la moniirchie persanne telle qu'elle était
Tan 5oo avant notre ère.
C est sous le régne de Darius que commencèrent les guerres entre la Perse et
la Grèce , dont l'importance a dû être fort exagérée par les écrivains de l'anti-
quité. Les grandes monarchies en Asie ont pour principe de regarder comme
sujets les petits états qui les avoisinent. Les Grecs ioniens de l'Asie mineure
se trouvant sous la domination des Perses , le roi des rois ne put pas imaginer
que les Grecs du Péloponèse dussent demeurer seuls indépendants de son empire,
et il les regarda comme des sujets naturels qu'il fallait faire rentrer dans le devoir.
Après avoir étouffé une révolte des Ioniens^ et après la prise de Milet, foyer
de cette révolte, Darius résolut de faire une invasion dans la Grèce, et de
se venger des Athéniens , qui avaient incendié la ville de Sardes. Il confia cette
expédition à son gendre, qui ne réussit pas, et fut obligé de retourner en Perse,
après de grands échecs enThrace et en Macédoine. Darius, avant d'entreprenth-e
la fameuse campagne, qui est trop connue pour que j'aie besoin de m'y arrêter,
avait envoyé des hérauts dans tous les états grecs pour les inviter à se sou-
mettre. Après le refus des Athéniens et des Lacédémoniens , le roi de Perse or-
donna une seconde expédition en Grèce, et la journée de Marathon ne l'empê-
cha pas d'en essayer une troisième qu'il dirigea en personne, quand la mort vint
arrêter et détruire tons ses projets de vengeance.
Xerxès fut moins heureux que son prédécesseur. Quoiqu'on puisse présumer
que les auteurs grecs ont ridiculement grossi le nombre des troupes persannes,
Salamine et Platée prouvent que la multitude ne saurait l'emporter sur Tin-
telligence unie au courage.
4
Xcrxés,
26 HISTOIRE DE LA PERSE
449 av. J.-G. Sous les successeurs de Xerxès Tempiredes Perses commença à déchoir. L'af-
franchissement des Grecs de TAsie , arrivé en 449 » ^^ ^ révolte de Mégahyze en
Syrie, étaient le prélude des grands désastres que cet empire allait subir sous le
héros macédonien.
Philippe avait préparé cette mémorable catastrophe , par la soumission de h
Grèce ; une mort prématurée l'empêcha de mettre à exécution ses projets sur
Alexandre. TAsie. Son fîls Alexandre, le plus illustre de tous les monarques auxquels iliis-
toire ait décerné le surnom de Grand, hérita de son trône et de ses desseins.
A la tète des Grecs, il se mit en marche pour s emparer de la couronne du roi
353 av. J.-C. jgg j.Qjg g^jj histoire est une longue chaîne de triomphes. Sa victoire sur les
bords du Grauicus le rendit maître de presque toute l'Asie mineure. Après cette
bataille, il pouvait se précipiter sur le centre de la Perse, il préféra sagement
garantir ses derrières. Il s'assura des côtes de la Méditerranée , depuis la Cilicie
jusqu'en Egypte. En détruisant Tyr et en s'emparant de Gaza, il intercepta tous
les secours que Darius aurait pu recevoir, non seulement de ces cités puissantes,
mais aussi des Lacédémoniens , des Carthaginois, et de tous les alliés delà Perse.
L'Egypte, toujours en révolte contre les successeurs deCambyse, se liviaaux Grecs
sans la moindre résistance. Après avoir visité le temple de Jupiter Ammon, fondé
la ville d'Alexandrie, qui subsiste encore , rejeté toutes les propositions de paix,
et après avoir renforcé son armée , qui cependant ne dépassait pas 4o,ooo hommes,
33 1 a V . J. -C. il se mit en route pour remporter la victoire décisive de Gaugamela, près de la ville
d'Arbela en Assyrie. Dès ce jour les forces de Darius furent détruites. Babylone,
Suse , la proviéce de Perse avec la magnifique Persépolis , tombèrent succes-
sivement au pouvoir du vainqueur. En attendant, Darius parvint à rassem-
bler des forces nouvelles. Alexandre ne lui laissa pas le temps de leur donner de
la consistance; il fit la conquéfe d'Ecbatana, et pénétra, par les portes Caspiennes,
dans la Parthie et FHyrcanie. Bessos, gouverneur de la Baçtrie, fit assassiner
Darius pour lui succéder, et prit le nom d'Artaxerxès lY. Bientôt il cessa d'exister,
et Alexandre poursuivit sans obstacle ses courses victorieuses , qui lui soumi-
rent la Margiane , l'Aria , le pays des Évergètes et des Arachosiens , le Paropa-
misus, et au-delà de ces montagnes, la Bactriane et la Sogdiane , et les Massa-
gètes , dans les contrées qu'arrose le Jaxartes.
L'Asie antérieure étant complètement coiK|uise , Alexandre porta .ses
JUSQU'AU TEMPS D'ALEXANDRE-LE-GRAND. 27
regards sur l'Hindoustan. En conséquence il franchit le Paropamisus, traversa
te pays des Assarènes, renversa les obstacles que la nature lui opposait dans la
partie septentrionale de Flnde , actuellement soumise aux Afgans, et, soutenu
par un prince du pays, Taxiles Omphis, il passa Flndus. Arrivé sur les bords de
la rivière Bihat cmjhilem, appelée alors Hydaspes, U la traversa malgré la résis-
tance héroïque que lui opposa Porus, roi de cette partie de l'Inde. En mémoire
de ses triomphes, il fonda dans ces contrées les villes de î^icée et de Bucéphalie.
Il pénétra jusqu'à la rivière Àccsines (Tchinâb), passa ensuite cette grande
rivière , de même que le Hydraorles (Rawi), et arriva jusqu'au I/yphasis, qui
est le Bigah de nos jours; mais ici le refus de son armée de s'avancer davantage
arrêta ses courses: il fut obligé de rebrousser chemin. Avant de partir il fit
élever des monuments gigantesques sur les bords de l'Hypbasis. Il suivit ce
fleuve jusqu'au confluent avec THydraortes , et celui-ci jusqu'à l'Acesines; traversa
le pays des Maiiiens (Multàn) jusqu'à l'embouchure de l'Acesines dans l'Indus ;
descendit le long de ce dernier jusqu'à THe de Pattaîa , et sur le bras droit de
l'Indus jusqu'à l'Océan . Néarque fut chargé de conduire la flotte des bouches
de rindus dans le golfe Persique, aux embouchures de l'Euphrate. Alexandre lui-
même conduisit Tannée par le désert de la Gédrosie, et, après avoir parcouru
la Caramanie et s'être arrêté à Ecbatana , il se rendit à Babylonc, où il succomba,
en 323, à une maladie, peut-être la même qui a mis un terme à la vie d'autres^ 5a3a^J..C.
grands hommes, le poison.
Les conquérants qui ont fondé des empires stables étaient ou des chefs i\v
peuples moins civilisés que ceux qu'ils avaient soumis, et alors ils ont eu l'esprit
de laisser subsister les mœurs et les lois des pays conquis, en assimilant leurs
anciens sujets aux nouveaux; ou des conquérants éclairés, apportant la civilisa-
tion à un peuple inférieur à eux, et alors les institutions qu'ils ont données ont
attaché les vaincus aux vainqueurs, et leur ont ainsi conservé le pouvoir. Quoi-
que la Perse se trouvât, à l'époque d'Alexandre, dans un état de dissolution
politique, ses institutions étaient néanmoins convenables au caractère de ses
habitants. Le héros macédonien avait trop de génie pour ne pas s'apercevoir .
que le seul moyen d'établir son empire sur des bases solides était de conserver
les anciennes constitutions et le système des satrapies. En adoptant les mœurs
et les usages des chah, il cessa d'être conquérant et devint roi des Perses. Alexan-
%
2b HISTOIRE DE LA PERSE.
dre indisposa beaucoup les Macédoniens en se faisant Persan, cependant il est
probable que, s'il eut vécu vingt ans de plus , sa dynastie aurait pris de la
consistance et se serait affermie sur le trône , pour lequel il n*y avait aucun
compétiteur indigène. Ses généraux, qui, après sa mort, se partagèrent l'em-
pire , n*ont pas eu le talent de comprendre la manière d'être des Orientaux.
Ils ont voulu rester Grecs dans des pays qui n'étaient pas faits pour être gou-
vernés à la grecque. Ce défaut politique est la cause principale de la ruine
de la puissance macédonienne en Asie , qui fut si facilement bouleversée par
les Parthes.
Supposons maintenant que Tempire des Perses se fût relevé de la décadence
Alexandre. où Alexandre dut le trouver pour le renverser aussi facilement qu'il l'a fait,
qu'en serait-il résulté? Il aurait envahi la Grèce , et Rome n'aurait pas rempli
le monde de sa puissance. Si, en effet, les Persans l'avaient emporté sur les
Grecs, Carthage, l'ancienne alliée de la Perse, en aurait reçu des secours efficaces
contre l'Italie, qui , par sa position , était l'ennemie naturelle des dominateurs de
la Grèce. La race forte et commerçante de Carthage aurait alors exercé un
pouvoir absolu sur toutes les côtes de la Méditerranée, depuis les colonnes
d'Hercule jusqu'aux îles de la mer Egée ; enfin, un ordre de choses autre que
celui qui a dominé sur cette partie du globe aurait changé la face de l'Europe,
^ et aurait vraisemblablement produit des effets politiques et moraux tout-à-&it
différents de ceux qui ont donné sa forme actuelle au monde civilisé.
La Chine, environnée à l'orient et au sud par une mer orageuse, limitée au
nord par d'immenses <îéserts, et bornée à l'ouest par des chaînes de montagnes
couvertes de glaciers, a du être peuplée à une époque très reculée , car ses tradi-
tions remontent à plus de trois mille ans avant notre ère. Cependant les Chinois
actuels n'ont pas été les premiers habitants de ce pays, et ils étaient d'une autre
race que les peuplades de sauvages qu'ils y trouvèrent en arrivant. Leur em-
pire a indubitablement pris son origine dans le nord de la Chine, peu de temps
après le déluge de Noé.
Les nouveaux habitants vinrent du nord-ouest, à en juger par le heu où
les Chinois placent le premier théâtre de leur mythologie. C'est sur la haute
chaîne de montagnes couvertes de neige, appelées jadis Kueji (un^ maintenant
Kouîkoun ;elle se trouve à l'occident de la C^hine septentrionale, commence au
lac Khoukhou noor , et se joint par le Thsoung ling à la montagne céleste.
Semblables en cela aux Chinois, les Hindous, c'est-à-dire tous les peuples
parlant des langues dérivées du sanskrit, descendus de ï Himalaya pour en-
vahir \ Hindou$lan ^ ont placé la demeure de leurs dieux sur la montagne
d'où ils sont issus, et ont conservé ainsi dans leur religion une preuve ir-
récusable de leur première patrie. Le nord est donc sacré aux Hindous, par
la même raison que l'occident l'est aux Chinois , c'est-à-dire parcequ'ils en tirent
leur origine.
Les colonies arrivées du Kuen lun soumirent et exterminèrent successivement
les tribus barbares. Quelques restes de ces anciens indigènes se sont conservés
J
5o nîSTOlHE DE LA CHINE
dans les montagnes de la Chine occidentale, où ils portent le nom de Miao, 11
^ serait curieux de se procurer des renseignements plus exacts sur leurs moeurs
et usages, et principalement un vocabulaire de leur langue, qui nous indique-
rait sous quelle race il faudrait les classer, et s'ils sont de la même souche que
les K'iang ou TuOetains ^ comme on pourrait le croire d'après quelques passages
des historiens chinois.
Les premiers fondateurs de Tempire chinois ne se composaient guère que d'en-
viron cent familles; lein- ancienne manière detre, conservée jusqu'à nos jours,
est assez remarquable, et offre un singulier contraste avec celle de la race
indo-gemiaftique. Tandis que celle-ci , répandue sur le continent européen , s'y
est partout divisée en castes héréditaires, supérieures les unes aux autres, et
conservant même leur supériorité sans la possession d un domaine quelconque,
la race chinoise se compose de familles parfaitement égales entre elles, et ne
reconnaissant d'autre domination que celle de la dynastie régnante, à laquelle
elles sont soumises de la manière la plus absolue. Tandis que les institutions
. européennes accordent aux souverains une légitimité inaliénable , même après la
perte du trône, en Chine le pouvoir n'est regardé que comme une possession de
fait; et chaque puissance nouvelle qui s'élève est légale à l'instant où loccupa-
tion de l'empire est achevée. Chez ce peuple, qu'on regarde comme esclave, la
légitimité d'un souverain cesse quand sa tyrannie devient insupportable ; Confu-
cius, Mencius, et tous les philosophes de l'antiquité chinoise, étabhssent le droit
qu'ont les sujets de se délivrer de l'oppression par le régicide.
Si les Chinois diffèrent de la race indo-germanique par la croyance politique,
ils s'en éloignent encore plus par la croyance religieuse. Les anciens habitants de
la Chine n'ont jamais admis un système de religion conservateur de la morale
sociale, et manifesté par un culte. En effet, le Chang ti, ou Vemperetir éievé^ appelé
aussi simplement Thiatty ou le Ciei ^ auquel les empereurs sacrifiaient de temps
eu temps, n'était pas regardé comme une divinité qui pèse les actions des hu-
mains, les punit ou les récompense. C'était plutôt un dieu particulier à l'empe-
reur ou à l'empire , mais qui ne s*occupait pas des autres mortels. En revanche
ceux-ci ne se souciaient guère de lui, et se contentaient de sacrifier aux bons ou
mauvais génies qui, suivant eux, faisaient la haute police de ce bas monde. Ce
sont les âmes des morts qui , d'après leurs actions pendant la vie , deviennent ou
inon'lation
chinoise en a2y>
av J -C.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE THSÏN. 3i
génies bieïifaisants ou démons. Ce furent les seuls êtres supérieurs auxquels le
peuple chinois rendait une espèce de culte dans l'antiquité. Actuellement le
Bouddhisme j venu de l'Inde, qui est une véritable religion , est très répandu en
Chine; mais son introduction dans cet empire n'eut lieu que dans le premier
siècle de notre ère.
Dans un pays où l'écriture est anciennement connue ( et cette connaissance
paraît dater en Chine de l'origine mèrac de la monarchie), lliistoire, fondée sur
cet art, doit être aussi fort ancienne. En effet , les annales de cet empire remon-
tent, comme je l'ai déjà observé, à plus de trois mille ans avant notre ère. Leur
commencement est rempli de fables, et on y voit des souverains qui ont inventé,
comme ceux de la Perse, les arts nécessaires aux premiers besoins de la vie hu-
maine. Au travers de ces narrations, elles nous conduisent à l'époque d'une
grande inondation, produite par le débordement des rivières, et qui dévasta
principalement les provinces du nord de la Chine. Il est remarquable que cette
inondation fut presque contemporaine du Typhon ou du déluge de XisuUtrus j
car ces deux événements eurent lieu, l'un en 2290, et 1 autre en 2:^97 avant
notre ère. C'est a cette époque que l'histoire commence à se dépouiller du mer-
veilleux et k mériter plus de conliauce sous le rapport des faits, sans devenir
cependant plus exacte sous le rapport de la chronologie.
Yu, à qui son mérite, et surtout le service signalé qu'il avait rendu à sa pa-
trie en faisant écouler les eaux de l'inondation, avait valu le trùne, devint le
fondateur de la dynastie appelée Hia. Elle commença vingt-deux siècles avant lï^nasiit dv Hii
Jésus-Christ, régna pendant 44<^ ans, et finit en 1766. Aux Hia succèdent les ijôrtav. .r-C.!
Change qui régnèrent pendant 6/j4 ans, jusqu'à 1 1 20 avant Jésus-Christ. L'histoire Dv-nasiic! Chao^
de ces deux dynasties est si dépourvue de faits qu'elle n'offre aucun intérêt. Ce
défaut même prouve en faveur de son authenticité, caries anciens historiens de
la Chine ont mieux aimé avouer l'absence des monuments historiques, que de
supposer des annales imaginaires dans le genre du Chah-nameh. C'est une nou-
velle preuve de cet esprit d'exactitude et de sécheresse qui caractérise particuliè-
rement les Chinois.
Cheou sin, le dernier empereur de la dynastie des Citang ^ perdit l'empire Cheou.sin.
par les débauches et par les cruautés auxquelles l'entraîna Ta ki, sa maîtresse
favorite. Toutes les remontrances des grands é^nt restées inutiles, il se forma
"Wen Wang .
\Vi*u waiijt;.
iJyoaslie
de
r)2, HISTOIRE DE LA CHINE
divers partis: celui qui les réunit tous par son mérite fut le prince Tekeou ,
nommé Si pe^ mais plus connu sous le nom de fVen wang , et qui avait ses pos-
sessions dans le nord-ouest de la Chine; la mort lenipécha d'achever la déli\Tanc«
de ses compatriotes, et il légua la continuation de cette entreprise à son fils
ff^'ou wang, autour duquel se réunirent les grands de lempire. On convint de
ne prendre les armes qu'après avoir essayé de ramener le prince par de sages
conseils; mais Cheou sin persista dans sa première conduite, et fVou wang se
mit à la tète de la nation. H gagna l'unique bataille qui fut livrée dans cette
guerre de la liberté, et le tyran, se voyant perdu, s'enfuit dans son palais^ où il
se brûla avec tous ses trésors.
Wou ivang fut proclamé empereur, et donna à sa nouvelle dynastie le nom
de Tckeou, Il transporta la capitale de l'empire, qui avait été dans la province de
Ho nan, à Fung hao, aujourd'hui Tchhang nganhian, dans le Chen si. Ce prince
heureux avait k la vérité rendu le bonheur à la Chine, mais il coroimt une
grande faute politique, ce fut de détruire l'ancienne forme de la monarchie pure,
et de lui substituer une espèce de système féodal. En partageant le pays entre ses
généraux , il n'en garda pour sa famille qu*une partie proportionnellement peu
considérable; de là vient la division de l'empire en tant de petits royaumes et prin-
cipautés, lesquels sont représentés en partie sur la première carte de ces tableaux
historiques, tels qu'ils subsistaient à l'époque de Cyrus. Tant que les successeurs
de IV ou ivang furent assez forts pour maintenir dans l'obéissance les petits rois
qui étaient leurs vassaux, leiu- gouvernement conserva une espèce dWité;
mais depuis le huitième siècle avant notre ère la puissance impériale alla toujours
en déclinant, et fut ruinée peu à peu par une vingtaine de petits princes qui
se faisaient entre eux une guerre continuelle. L'empire ressemblait alors à ce
que la France était du temps des ducs et des comtes, qui, bien que vassaux du
roi , étaient ses plus grands ennemis,
I>a seconde et troisième carte montrent les changements successifs qui ont eu
lieu dans le territoire de ces royaumes et dans l'empire des Tcheou, autour du-
quel ils étaient rangés comme autour d'un centre. La Chine, c'est-à-dire le pays
habité par la race chinoise, ne s'étendait que fort peu au sud du fleuve Kiang,
et toutes les contrées situées au midi des monts Nan ting étaient occupées par
ime autre race d'hommes, sur laquelle nous n'avons pas de données exactes.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE THSIN. 35
Tel était Télat de la Chine à la fin du troisième siècle avant notre vre. Les
désordres et les guerres qui la désolaient allèrent toujours en croissant. Sept
royaumes s'étaient formés dans le sein de l'empire, parmi lesquels celui du Thsin,
situé au nord-ouest, était le plus puissant, car son étendue occupait la cin-
quième partie de la Chine, et le nombre de ses habitants était à peu près un
dixième de sa population totale. Tchao siang wangj roi de TItsin , qui avait TchaosJaug waug,
encore considérablement augmenté son pouvoir par la conquête d'une partie
des domaines de la maison des Tckao, poursuivit ses entreprises avec activité.
L'empereur de TcheaUj commençant alors à craindre pour sa propre sûreté^
ordonna à tous ses vassaux de marcher contre les Thsiîi; mais bientôt après ,
et sans attendre le résultat de cette guerre, il prit le parti daller se mettre
lui-même à la discrétion de son ennemi et de lui demander Foiddi du passé.
Content de voir l'empereur à ses pieds et de lui céder la dignité siq>réme ,
le roi de Thsin lui pardonna et le renvoya dans sa capitale. Il mourut en
chemin, Tan a56 avant Jésus-Christ, sans laisser un héritier capable de faire
valoir ses droits; car son successeur, qui ne régna que quelques années, n'est
pas compté dans la liste des empereurs de la Chine.
Le vainqueur, quoique empereur par le fait, n'en prit pas le titre, et mou-
rut en 35 1. Son fils lui succéda. Peu de joui-s après être monté sur son
trône, il tomba malade, et fit reconnaître son fils Y jin pour son successeur. Ce
prince, que Thistoire connaît sous les titres de Tchouang stang Wang, est le
père du célèbre empereur Tksin cki houang ti, qu'on peut regarder comme le
véritable fondateur de la dynastie Thsin, dynastie qui a donné à la Chine le nom
quelle porte dans l'Occident. Il monta sur le trône à Tâge de treize ans, et,
réparant les échecs que son père avait essuyés dans la guerre contre les petits
rois voisins , il affermit son pouvoir , et n'eut bientôt plus aucun emiemi à
redouter. C'est un des plus grands empereurs de la Chine, quoique son
mérite y soit méconnu et sa mémoire dénigrée par des historiens partiaux. Il
s'était soumis tout Tempire, et régnait sujr un territoire presque aussi étendu que
celui d'aujourd'hui. Il le divisa eu trente-six provinces, savoir:
■i56 av. J.-C
j5i av. J.-C.
Icliouau^ siai
Wang.
Thsin clii
houang ti.
1. San tchhouao,
a. Uo toung,
3. Nan ydog,
4. Nan kiuQ,
5. Kieou kiaog ,
0. Tcbang kiun ,
7. Hoei ki,
8. Yo Ichbouan,
9. Thang kiuo ,
10. âiu Lhouy,
11. Sic kiun,
i!i. Toungkîun,
Ami'lîorMUonfl
34
i3. L«ngye,
14. Thsy kiun,
i5. Cbang ka»
16. Yu yang ,
17. Yeou pe pbing,
18. Liao ai.
HISTOIRE D£ LA CHINE
19. Liao touDg, 95. Yun ichoung.
10. Tni kiun,
11. Kiu louy
aa. Han tan,
a3. Chang tang,
24. Tai youan ,
a6. Kicou youau ,
37. YaD meo ,
aS. Chang kiun y
ag. Loiing sî,
3o. Pe ti ,
3i. Hao tchouog ,
3a. Pa kiun,
33. Chu kiuD,
34. Khian ichoung,
35. Tcbhang cha ,
36. Nei MU.
A ces ti*ente-six provinces il faut en ajouter quatre autres situées dans le sud de
la Chine, et qui n'étaient que tributaires de Tempire ; elles portèrent les noms
suivants r
1. Min tchoudg, 2. Nan hai ,
3. Kouei [in,
4. Sûing kiun.
Le siège impérial fut fixé à Hian-yang, ville de la province de Cken $i, qui
porh' encore le nriénie nom. L'empereur l'embellit avec magnificence, et y fit
construire des palais exactement semblables à ceux de tous les rois qu'il avait
soumis à son empire. Il ordonna que les meubles précieux qui décoraient ces
palais seraient transportés dans ceux qui avaient été construits sur le même
modèle, et que les personnes qui y faisaient leur séjour pour le service et les
plaisirs de leurs maîtres respectifs continueraient à les habiter. Ces bâtiments,
d'un goût si varié, occupaient tui espace de terrain immense, le long des bords
de la rivière de Ouvi, On communiquait de l'un à l'autre au moyen d'une ma-
jçniiique coloiuiade qui s'étendait autour , et fonnait une vaste et superbe galerie
oii Ton était à couvert en tout temps.
Le nouveau monarque faisait ses tournées dans l'empire avec un faste jusquV
lors inconnu. Partout il fit construire des édifices destinés à servir à l'utilité
pulilique , et k prouver son pouvoir et sa magnificence. Des chemins commodes
et larges et des canaux bien entieteiuis facilitèrent les communications et le cotn-
nierce, qu'mie paix profonde, succédant à de longs troubles, avait fait re\avre. ^Ê
Depuis une longue suite de siècles, la Chine septentrionale avait toujours été '
exposée aux incursions des peuples de la race turque habitant au nord
de reropire. Ce^ peuplades, qui, pendant le règne de la troisième dynastie chi-
noise, étaient connues sous le nom de Hian yun, commencèrent de porter sous
les Thsin celui de Hioung nou , qui leur resta encore plusieurs siècles après.
I
Couquêle
de la Chine
méridionale.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE THSïN. 35
Thsin dit houangti résolut de châtier les Uioung nou, et de leur oter pour 1 ave-
tout désir de reparaître sur les frontières de la Chine. Pour cet effet il leva
proniptement une armée de trois cent mille hommes, et la fit partir par diffé-
rents chemins, pour surprendre l'ennemi, qui ne se doutait nullement de l'arri-
vée d'une ex|>édition si formidable. Un succès complet couronna cette entreprise :
la plus grande [>artie des Hioung nou qui vivaient dans le voisinage de la Chine
furent exterminés, et le reste se retira au-delà des montagnes les plus reculées
de leur pays. Celte même année, où des avantages si brillants avaient élérenipoités
contre les ennemis extérieurs de l'empire, vit éclater en même temps une révolte
dangereuse dans le Ho nan. Après avoir dompté la rébellion et rétabli la tran-
quillité, l'empereur tourna ses armes contre les peuples situés au sud de la
chaîne Nan ling, qui traverse la Chine méridionale de l'ouest à l'est. C'étaient des
tribus indociles et à demi sauvages, qui n'avaient jamais voulu se soumettre.
Défendues par des fleuves et des rivières, et par im grand nombre de hautes mon-
tagnes , il n'était pas aisé de les forcer dans de pareils retranchements. Il fallait
pour cela de nombreuses armées. L'empereur enrôla tous ceux qui n'avaient pas
d'état fixe, et, après les avoir exercés à la hâte, il se mit en marche. Malgré le peu
d'expérience de ses troupes, il obtint un succès complet, et soumit à son sceptre
tout le pays jusqu'à la mer qui borne au sud la Chine actuelle.
Après tant de travaux glorieux il ne restait plus à l'empereur qu'à se délivrer
d'une multitude d'oisifs et de vagabonds incapables de gagner leur vie d'une ma-
nière utile à leurs concitoyens, et toujours prêts à troubler le repos de l'empire.
Il les fit enfermer , au nombixi de cinq cent mille ,dans des forteresses , où ils
étaient obligés de s'occuper de travaux utiles.
Avant lui les princes de Thsin, de Tckao et de Yen avaient fait construire des
murailles destinées à protéger leurs états contre les invasions des Hioung nou. ^^^antle muraille.
... ^'4 ^v. J -C.
Tsing cki houang U entreprit de réunir ces diverses murailles en une seule, qui
s'étendrait le long de la frontière septentrionale de la (^hine,depuis le point le plus
occidental du Chen si jusqu'à la mer orientale. Il fit rassembler pour ce travail
une immense quantité d'ouvriers, et les plaça sous la surveillance de plusieurs
corps de troupes. L'empereur était alors à la trente-troisième année de son règne
(214 avant JésuSrChrist), et il n'eut pas la satisfaction de voir terminer ce travail
gigantesque, qui dura dix ans, et ne fut achevé qu'après l'extinction de sa dynastie.
Incendie des
livres.
pinvention du
papier.
Nouvelle Ibrnx!
des caractère».
r,G HISTOIRE DE LA CHINE
Après tant d'entreprises heureusement terminées, ce prince avait drofl
d'attendre la reconnaissance de ses sujets et la possession tranquille de la
dignité inipériale , qu'il avait obtenue à si juste titi-e. Cependant il eut sans
cesse à lutter contre des grands, qui auraient voulu de nouveau morceler l'em-
pire, et qui n'oubliaient rien pour rétablir le système féodal des Tctieoa, en
s'appuyant sur les anciens livres et sur l'histoire. Excédé des représentations
importunes et répétées, qui contenaient des passades et des principes extraits de
ces livres, il commanda de brûler tous les anciens ouvrages historiques, et prin-
cipalement ceux deConhicius , qui avait vécu environ trois cents ans avant lui. Ces
ordres furent exécutés avec la plus grande rigueur. C'est cette mesure violente que
leslettréschinois n'ont jamais pardonnée à nilustre fondateur de la nouvelle mo-
narchie. Cette exécution est la cause , il est vrai , de letat incomplet dans lequel
les notions historiques sur l'antiquité chinoise nous sont parvenues. Néanmoins
elles n'ont pas été tout-à-fiiit perdues; car, dans un pays où lecriture est si
répandue, il était presque impossible que toutes les copies d'ouvrages univer-
sellement respectés pussent être anéanties , surtout à une époque où la matière
sur laquelle on écrivait était très durable. Les caractères étaient en effet gravés
avec un stylet sur des tablettes de bambou, ou bien ils y étaient tracés avec
du vernis , d'une couleur foncée.
Cependant si l'empereur des Thnn a fait essuyer une perte irréparable aux
sciences par la destruction des livres anciens, son grand général Moung thian
les en a amplement dédommagées par la découverte du papier et du pinceau ,
dont le premier surtout a été de la plus haute importance pour la Cliine.
Une autre amélioration littéraire, qui eut lieu sous le même règne, fut l'in-
troduction d'une manière plus facile de tracer les caractères, jusqu'alors compo-
sés de traits raides et longs à former. Ces nouveaux caractères, appelés iy chou,
sont ceux qui ont produit l'écriture actuellement en usage , qui , quoique d'une
forme plus élégante, n'en diffère que très peu pour la composition des groupes.
Malgré les grandes qualités de Titsin chihouang ti, ses sujets n'étaient pas très
attachés à sa personne et à son gouvernement; ses innovations, quoique utiles,
ne pouvaient trouver grâce auprès d'im peuple qui chérit par-dessus tout ses an-
ciens usages, et qui n'est pas trop porté à croire à la perfectibilité du genre humain.
L'illustre fondateur de la dynastie des T/«tn pouvait bien lutter pendant sa vie
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASXrE THSIN. 37
Tontre de si grands obstacles, mais sa famille devait y succomber après lui. Il
mourut 210 ans avant Jésus-Christ. Le mécontentement général produit parles
débauches et Tavarice de son fils replongea l'empire dans son ancien état. Les
bons ministres furent éloignés y et le prince n'accorda ses faveurs qu'à ceux
qui savaient flatter ses passions. Dans toutes les provinces se formèrent
des partis ; les descendants de phisieurs rois détrônés par les Thsin saisirent le
moment favorable pour revendiquer les domaines de leurs ancêtres. Après quel-
ques années de règne, le fils de Thsin chi houang ti pérît par une conspiration
tramée dans son propre palais; son neveu et successeur fut contraint de se
remettre, après quarante-six jours de règne, entre les mains de Lieou pang ,
chef des rebelles. Il périt bientôt par les mains d'un autre factieux, qui anéantit
toute la race de Thsin ; triste exemple de l'ingratitude des peuples envers les
grands hommes qui les ont servis et illustrés !
aioav. J.-C.
'^»^^*^'%»'***'»*^^%'**o*^»%^^i%»»^^%^^%i^^ » »^m%i^%^%% » %f%%»i»f%>^%» ■a-t-i.n^jaj^i.
ÉVÉNEMENTS
DE L'ASIE OCCIDENTALE,
DEPUIS LA MORT D'ALEXANDRE
jusqu'ebt a 36 APRÈS j^usk:ueist.
Hautr Asie
«t Perse.
Sëleucus
Nicator.
Alexandre avait à peine terminé sa carrière, si courte et si laborieuse, que déjà
ses généraux commençaient à se disputer les différentes provinces de son empire.
A ridée y son frère naturel, et bientôt après son fils posthume, qui portait son
nom , et qui était né de son épouse Roxane , furent déclarés ses successeurs ; mais
peu de temps après la famille entière du conquérant périt par la trahison de
ses propres membres, et par celle des grands de Tempire, qui tous cherchèrent
à s emparer du pouvoir suprême. Après vingt-huit ans , aucun rejeton de cette
illustre race n'existait dans le monde ; la mère , le frère , les soeurs et les frères
d'Alexandre, tous avaient péri d'une mort violente.
Les cinq premiers lustres qui s'écoulèrent depuis la mort de ce maître du
monde ne nous montrent qu'un tableau révoltant de guerres civiles et de dévas-
tations; l'Asie fut cependant moins malheureuse que la Macédoine et la Grèce.
Séleucus, surnommé Nicator , ou le vainqueur , fils d'Antiochus , avait été mis
à la tête de toute la cavalerie lors de la mort d'Alexandre ; c'était une fonction qui
devenait très importante , jointe à celle de gouverneur de Babylone. S'étant lié
avec Ptolémée, roi d'Egypte, et avec Lysimaque et Cassandre, contre Antigone ,
loi d'une partie de l'Asie mineure , de la Grèce asiatique et de la Médie , il perdit
la possession de Babylone. Après la victoire que Ptolémée remporta sur Démé-
trius à Gaza, il donna un corps de quatre mille hommes à Séleucus, avec lequel
ce dernier essaya de rentrer dans ses possessions : enrôlant les troupes macé-
doniennes qu'il rencontrait sur son chemin , sa petite armée se trouva bientôt
considérablement augmentée. Arrivé devant Babylone , les habitants lui ou-
ÉVÉNEMENTS DE L^ASIE OCCIDENTALE. mj
vrirent les portes de cette ville, car il y était généralement aimé. Les partisans
d*Antigone se retirèrent dans la citadelle. C'est de cette entrée dans Babyloiie, qui
etit lieu le i" octobre 3is -avant Jésus-Christ, que date la célèbre ère des Se" ÈredesSéleucidc*.
ieueides, conservée long-temps par plusieurs peuples orienti\ux, tant païens que
juifs, chrétiens et mahoniétans. Les juifs rappellent V ère da contrats ^ parceque,
lorsqu'ils tombèrent sous la domination des rois syro-macédoniens , ils furent
obligés de s'en servir dans toutes les dates de contrats et d'autres pièces civiles.
Les Arabes la nomment ïère de DzuUk'amaïn ou du Bicornu, parceque Séleu-
cos, imitant sans doute Alexandre, s'était fait aussi représenter avec des cornes.
A peine Séleucus était entré à Babylone , que Nicanor, gouverneur de
Médie pour Antigone , marcha contre lui ; mais il fut défait, et Séleucus s'em-
para de la Médie, de la Susiane, et d'autres provinces voisines. Il était occupé de
soumettre ces pays, quand Démétrius, fils d*Anligone , lui enleva de nouveau
Babylone ; mais celui-ci ayant reçu Tordre de rejoindre son père, Séleucus n eut
pas beaucoup de peine à rentrer dans sa capitale.
Pendant qu'Anligone et Démétrius avaient tenté une expédition malheureuse
contre l'Egypte, la puissance de Séleucus s'était bien accrue dans l'Orient :
après avoir tué dans une bataille Nicanor, envoyé contre lui par Anti^fone, il
s'était non seulement affermi dans la possession de la Médie, de la Syrie et de
Babylone, mais, portant ses armes encore plus loin , il avait réduit la Perse, la
Bactriane , rilyrcanie , et toutes les autres provinces en-deçà de llnde qu'A-
lexandre avait conquises, et qui étaient restées entre les mains de ceux qull en
avait faits gouverneurs. Séleucus, voyant Antigone tout occupé de s emparer de la
Syrie et de la Pbénicie, et d'attaquer Ptoléraée jusque dans l'Egypte, conçut le
projet de tenter ime expédition contre l'Inde. Ce pays se trouvait alors (5o3 ans
avant Jésus-Christ) gouverné par Sandracotta. Cet homme , issu d'une origine obs-
cure, avait rassemblé une armée, avait chassé les Macédoniens de son pays, et s'en
était ensuite déclaré roi. Séteucusj arrivé sur les frontières, et voyant Sandracotta
k la tête d'une armée formidable et maître absolu de l'Inde , ne jugeii pas à propos
d'attaquer ce prince puissant ; il traita avec lui , et lui céda toutes ses pi-éten-
tions sur l'Inde , à condition qu il recevrait un don de cinq cents éléphants. La
paix fut conclue à ces conditions.
Séleucus dirigea dès lors toutes ses forces contre Antigone : la bataille
3<35 rtv. J.-C
4o ÉVÉNEMENTS DE L'ASIE OCCIDENTALE.
5oi av. J.-G. d'Ipsuê en Phrygie, qui fiit livrée en 3oi , et finit par la mort d'Anti-
gone, décida le sort de la haute Asie. Les quatre prince» confédérés par-
tagèrent alors les états du vaincu en les ajoutant à ceux qu'ils possédaient
déjà. Ptolémée eut l'Egypte , la Libye , TArabie , la Célésyrie et la Palefttme;
Cassandre eut la Macédoine et la Grèce; Lysimaque, la Thrace, la Bithyoie et
quelques autres provinces situées près de lUellespont, et le Bosphore ; tout le
reste de TAsie jusqu'au-delà de TEuphrate et jusqu'à l'Indus échut à Séleuciu.
Ses états formèrent ce que les historiens appellent ordinairement le royaume
de Syrie , parcequ'il y fit sa principale demeure , et y bâtit depuis la ▼ille d'An-
tiochie. Ses successeurs furent, d'après son nom , appelés 5e7eacfi(tfs. l>iu* puis-
sance , qui s'était considérablement accrue sous lui et son fils Antiochus, dimi-
nua beaucoup, vers le milieu du troisième siècle avant notre ère, par la fondar
tion du royaume des Parthes et de celui de la Bactriane.
Les Parthes sont un peuple de la souche indo^germanique qui habitait au
sud-est de la mer Caspienne, et qui appartenait à la même race que les Gètes ,
les Massagètes , et autres nations confondues par les anciens sous la dénomina-
tion vague de Scythes. C'était une tribu brave et aguerrie. 4r$ac€s hoinme:d'une
, basse naissance, avait ramassé quelques amis pour venger l'insulte que son frère
avait reçue du gouverneur qui administrait le pays au nom du roi de Syrie. Arsace
tua ce gouverneur et parvint à chasser les Macédoniens de sa patrie. A peu près
255 av. J.-C. dans le même temps (253 avant Jésus-Christ), Théodote se révolta dans la Bac-
triane, qu'il gouvernait pour Antiochui, et se fit roi de ce pays. Il s'y fortifia si
bien qu'il ne fut plus possible de le réduire. Les nations voisines suivirent son
' exemple, et la partie orientale du royaume de Séleucus fut perdUe pour ses suc-
cesseurs.
Aniiochus le Atitiochus le Grand parvint pourtant à recouvrer, vers la fin du troisième siècle,
la Médie, que les Parthes lui avaient enlevée. Il pénétra aussi chez ces peuples, et
obligea leur roi à se retirer en Hyrcanie , d'où il revint à la tête d'une armée
considérable. Antiochus conclut alors des traités avec le roi des Parthes et celui
de la Bactriane, par lesquels il leuFrlaissait leurs pays, à condition qu'ils l'aide-
raient à soumettre d'autres provinces révoltées.
En Asie mineure existait déjà le royaume de Bithynic, depuis 587 avant Jésus-
Christ; celui du Pont s'était formé en 5.o4, et celui de la Cappadoce quatre ans
^tH av. J.-C.
Arm«-'iii*?.
• 88 av. J.-C
ÉVÉNEMENTS DE L'ASIE OCCIDENTALE. 41
plus tard. Phitetœre, le trésorier de Lysimaque, jela les fondements du royaume
de Pergame, et son fds Euraènes en devint le premier roi. I^ côte occidentale et
méridionale de FAsie mineure, avec nie de Chypre, se trouvèrent, à l'époque de la
mort de Séieucus, sous la domination des rois d'Egypte. La Paphlagonie avait
ses princes particuliers, et un grand nombre d'autres gouverneurs méconnais-
saient le pouvoir des rois de Syiùe. L'Atropatène, ou l'Adzarbaitchan de nos jours,
s'était déjà constitué, en 3i8, royaume indépendant, et fut reconnu comme tel
par Antiochus le Grand. La même cliose arriva pour l'Arménie, sous Artaxias,
en 1 88 avant Jésus-Christ.
Tous ces démembrements contribuèrent a la cliute de la puissance des Séleu-
cides. Elle fut presque anéantie par les conquêtes que Milhridate , roi arsacide
des Parthes, fit de 16:1 à 137, et par lesquelles il soumit tous les pays situés ifia-iS; av. j.
entre Flndus et l'Euphrate. Les Séleucides ne possédèrent depuis que la S}Tie,
et quelques autres pays situés au bord de la Méditerranée.
MUhridaie Rupaior, fameux par ses guerres contre les Romains, déjà maître du
Pont, du Bosphore et de la Chersonèse Taurique, s'empara en outre de la Cap-
padoce et de toute l'Asie antérieure; il envoya même des expéditions en Grèce.
Son règne de cinquante-sept ans (de 122 à 65 avant Jésus-Christ) offrit un
mélange singulier de revers et de victoires et Huit par causer la soumission to-
tale de l'Orient par les Romains. C'est en Tan 68 que les rois de Pont et de fAr-
ménie furent forcés de se mettre sous la protection de Rome : la dynastie des
Séleucides avait fini en 63 par l'asservissement de l'Assyrie.
Grâce à cet événement mémorable , les maîtres de Fltalie le devînreirt de toute
l'Asie antérieure jusqu'en Mésopotamie. Les pays situés plus à l'Orient restèrent
entre les mains des princes arsacides ou parthes, les plus dangereux ennemis
de la puissance romaine,^ qui n obtint jamais sur eux d avantages durables.
La monarchie arsacidc était le centre d'un vaste système politique qui, du coté
de l'occident, était en rapport avec les Romains, tandis qu'à l'orient il était en
contact avec l'empire chinois. Ainsi, d'un coté, on voit les Parthes chercher des
ennemis à l'Italie jusque sur les bords du Danube, de l'autre les monarques
chinois intervenir comme médiateurs dans tes sanglants démêlés des princes ar-
sacides. Cette puissante monarchie féodale se composait de quatre royaumes
principaux, possédés par une même famille: la branche aînée occupait la Perse,
6
Milljiridalr
Kiipatnr.
122-65 av. J.-C.
Arsacfdcs.
aî>6 de J.-C.
4a ÉVÉNEMENTS DE L'ASIE OCCIDENTALE,
et son chef, décoré du titre de roi des rois, avait la haute souveraineté sur tous
les princes de son sang. Les rois de TArménie tenaient le second rang. Venaient
ensuite ceux de la Bactriane, chefs de toutes le^ tribus alanes et gothes ré-
pandues sur les bords de ITndus, ou dans les régions inconnues qui se prolon-
gent au nord de l'Inde et à l'orient de la Perse, Au dernier rang était le roi ar-
sacide des Massagètes, qui possédait toute la Russie méridionale, et gouvernait les
tribus gothes, alanes, saxonnes, mèdes, persannes, etc., fixées sur les rives du
Wolga et du Tanaïs. Quoique ce soit en Asie qu'il faille chercher ta prennière
origine des Arsacides, quand ils soumirent cette partie du monde, ils venaient
de l'Europe, et ils faisaient partie d'une puissante nation, dispersée depuis les
bords du Danube jusqu'aux contrées les plus reculées de la haute Asie : ces
peuples étaient les Daces; c'était là le nom national des Arsacides, qu'ils donnè-
rent à tous leurs sujets. Trois siècles avant notre ère, la Hongrie et la Bactriane
portaient également le nom de Dacie, et cette dénomination , toujours très recon-
naissable, mais diversement modifiée dans les idiomes qui se sont succédé en
Europe et en Asie, sert encore à désigner les Allemands et les descendants des
anciens Persans.
La dynastie des Arsacides en Perse posséda presque cinq siècles cet empire et
ses dépendances, et ne finit qu'avec Ariaban, fils de Fobgéses, qui, en 226 de
Jésus-Christ, fut détrôné par les Sassanides.
La monarchie des Parthes eut une grande influence sur le commerce de TO-
rient. Aussi méfiante et jalouse que plusieurs peuples de l'Asie le sont aujour-
d'hui, elle interrompit les communications immédiates entre les nations de
rOccident et celles de l'Orient, et n*accorda le passage à aucun étranger sur son
territoire. En s'emparant ainsi de tout le commerce intermédiaire, elle y met-
tait de grandes entraves. On sentit les effets de cette politique fatale pen-
dant les guerres multipliées des Romains avec les Parthes ; le commerce prit
alors une autre direction , il communiqua par Alexandrie et Palmyre, qui de-
vinrent des villes riches et puissantes.
Les Géorgiens sont une des plus anciennes nations de l'Asie : leur origine se
perd dans la nuit des temps, et leurs traditions mêmes remontent à une très
haute antiquité. Us ont plusieurs livres historiques, dont le plus estimé est la
chronique que le roi Wakktang F fit composer au commencement du siècle passé,
d'après les documents conservés dans les couvents de Mtskhétha et de Gélathi.
Quoique la croyance chrétienne, introduite en Géorgie vers 3i8 de notre ère,
ait porté les Géorgiens à altérer leurs traditions en les rattachant aux récits de
Moïse, elles sont pourtant encore assez intéressantes pour mériter une place ici.
Les Arméniens et les Géorgiens, dit la chronique de Wakhtang , de même que
les habitants de tous les pays situés entre îa mer Noire et la mer Caspienne, et
entre le Caucase et la rivière Araxes , descendent de TAar^amiîs, arrière-petit-
iîls de Japhet, fds de Noah. Après la confusion des langues, et quand Nebrod
^H ( Nerahrot ) était assis sur le trône de Babylone, le genre humain se dispersa;
^^KXhargamos se fixa alors avec sa famille dans le pays situé entre les montagnes
^H Ararai et Masstssi. Sa race devint grande et innombrable, car il avait beîiucoup
^B de femmes, fils, filles, petits-fils, et autres descendauts. Il y vécut pendant six
^B" cents ans. Bientôt sa postérité n ayant plus de place dans cette contrée, elle se
1 répandit dans tous les pays voisins, peupla les régions caucasiennes, et l'Armé-
P nie jusqu'à la Médie. K'karthtoSj, fils de Thargamos, s'établit avec les siens en
Géorgie; il lut le premier chef des K'harihli ou des Géorgiens, comme son frère
//*ao« devint celui des Arméniens. K'harthlos habita une montagne située au sud
de la jonction de l'Aragwi et du Kour, qui fut appelée Àrmazi, d après le nom
Gl^OKGIl.
Thargamos.
K'harthlos.
Mlskhcthos.
»^!
<[0
ÉVÉNEMENTS DE LA GÉORGIE
Octp'Ios.
Muriia s»khij ,
ou
père de In maison .
Irruption
des peuples
s^-pUMitrionaiix.
vlphritJon,
ou
Fdridouu.
oie qu'on y adora plus tard. Son fils Mtskhéihos , qui était le plus puissant
parmi ses frères, bàttt la ville de Mtskhétha, située au nord de la montagne
d'Armazi et du Kour, dans Fangle que ce fleuve fait avec la droite de l'Aragwi. Elle
fiit pendant long-temps la capitale de la Géorgie.
Les descendants de Thargamos vécurent en paix et en amitié jusqu'à Li mort
de Mtskhéthos. Craignant alors que les partisans de Nebrod, tué dans une bataille
par Ilaos, ne vinssent pour venger son sang, ils firent construîj'e beaucoup de
forteresses et de châteaux. Après la mort de Mtskhéthos, les autres fils de
K'harthlos se désunirent et commencèrent des guerres les uns contre les autres. Ils
n'obéirent pointa Oup'loSy fils de Mtsldiélhos, et ne le reconnurent point pour
leur chef, quoiqu'il fut assis sur le trône de R'harthlos et qu'il eût reçu de son père
la puissance suprême. Ces querelles durèrent pendant quelque temps, de sorte
que les familles se faisaient de proche en proche une guerre continuelle. On fit
quelquefois la paix, mais les guerres recommençaient toujours; aussi ne voyait-
on poiut de maisons riches et puissantes. Chaque contrée avait son chef; ce-
pendant celui qui coramandidt à Mukhétha était réputé le supérieur et arbitre
des autres, mais il ne portait ni le titre de mep'hc ou roi, ni celui â'erislhawi ( chef
du peuple } ; on l'appelait seulement marna sakhii^ c'est-à-dire père de ta maison.
La viWeMiskkétàd était la plus grande de toutes, et efie s'appelait Deda k'halak'hi,
ville mère.
Dans ce temps, les descendants de ïi'harthlos oublièrent Dieu le créateiu* pour
adorer le soleil, la lune et les cinq planètes. Le plus grand de leurs serments, et le
plus saint, était celui qu'ils faisaient par le tombeau de K'harthlos. A cette époque,
les peuples scythiques, que la chronique géorgienne appelle Khazars, devinrent
puissants; ils firent une irruption par le Daghistân en Géorgie, et dans les autres
pays cancasieus. Ils dévastèrent toutes ces contrées jusqu en Arménie, et les ren-
dirent tributaires.
Bientôt après les Persans , qui habitaient à l'orient des peuples de Nebrod
( Assyriens ), devinrent puissants et les subjuguèrent. Un héros qui vivait parmi
eux, nommé Jpkridon ( le Féridoun du Chah-namck), mit de doubles chaînes au
seigneur des serpents, et l'altacha à une montagne inaccessil>le aux autres hommes.
C'est le même que Dzokak* ou Dzokak' mari, c'est-à-dire Dzokak' aux serpents^
duquel j'ai parlé plus haut (page 6), dans l'histoire fabuleuse des
4
4
I
*
i
A
ErJsUtawi
ou
JUSQU'AU MILIEU DU TROISIÈME SIÈCLE DE NOTRE ÈRE. 45
Aphî idon fut alors maître de la Perse et de plusieurs autres pays qu'il avait con-
quis; il y plaça des cnsthawi (gouverneurs). Il envoya un de ces derniers, nommé
Ardam , avec une armée en Géorgie. Ardam était de la race de Nebrod : il dé- snirapos pcisa
A Ha m.
truîsit les villes, et tua tous les Khazars quil trouva. Près de la porte de la mer, il
fonda la ville de Derbend , et il fit entourer Mtskhétha d'une muraille construite
en pierre et en chaux. Avant lui on ne connaissait point en Géorgie cette manière
de bâiir. Il forrifia d*une semblable muraille le fort iïAnmzi, qui est le même
(\u^ Harmozica , sur le Rour, mentionnée par Strabon. Lorsque Aphridon par-
tagea son empire entre ses trois fils, celui qui se nommait lared ( Iredj ) resta eu
Perse, et la Géorgie était comprise dans sa portion. Après le temps d' Ardam , les
gouverneurs persans n obéirent plus aux fils d'Apbridon , qui étaient divisés
entre eux. lared fut tué par ses frères, et la partie occidentale tle la Géorgie sou-
mise aux Grecs. Il paraît qu'elle ne resta pas long-temps dans cette dépendance.
Les Géorgiens firent bientôt après une alliance avec les Om, attaquèrent le gou-
verneur persan, et le tuèrent lui et les siens. Ils restèrent alors libres juscpi'à Vé-
poque de lexpédition que Kai K*aom entreprit contre les Lesgbi, qui est la
même que Firdoussi attribue à ce monarque contre le Mazauderân. Kai K'aous
rendit encore la Géorgie tributaire de la Perse. Les traditions du pays placent cet
événement dans le même temps que le passage des Israélites à travers la mer
Rouge, c'est-à-dire en i59() avant Jésus-Christ, d'après le calcul samaritain.
A l'occasion de la guerre que Rai K'aous soutint contre les Touràniens, les
Arméniens et les Géorgiens entreprirent de recouvrer leur liberté. Tous les
Thargamosiens se réunirent contre rennemi commun, et se fortifièrent dans
leurs villes et châteaux. P' harchoroih^ fils de Kai K'aous, s'était avancé contre eux
à la tête d'une armée formidable, mais il fut battu dans TAdzarbailcban et re-
poussé avec une perte considérable. Ce ne fut que Kai Khosrou qui parvint à
faire rentrer les révoltée sous la domination pcrsanne. Il pilla leur pays, détruisit
les villes et y établit des satrapes. Dans l'Adzarbaitchan , il érigea un temple de sa
religion, et retourna dans son pays. Pendant qu'il était occupé par la guerre
contre le Touran, les Géorgiens tuèrent ses gouverneurs et se rendirent indé-
pendants.
A l'époque de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor (606 avant Jésus- JuHseuG^^orçic,"
Christ),un grand nombre de familles juives se sauvèrent en Géorgie. Elles reçurent
i5gti ;iv. J.-C.
Invasion
Azou,
ouveineiu- macé-
donien
46 ÉVÉlSfEMENTS DE LA GÉORGIE
du marna sakhti de Mtskhétha un terrain pour y habiter, et leur payèrent des im-
pôts pour cette concession. Jusqu'alors on n'avait parlé que la langue géorgienne
dans les pays occupés par les descendants de K'harthlos; mais depuis que des
tribus étrangères , parmi lesquelles on comptait aussi des Tourânlens, étaient
venues se fixer au milieu d'eux, leur idiome se remplit d'un nombre considérable
de mots étrangers. La pratique des devoirs religieux se relâcha pour la même
raison , de sorte qulls n'observèrent plus les degrés de parenté dans les mariages;
et ils mangèrent la chair de toutes sortes d'animaux, et au lieu d'ensevelir leurs
morts ils les dévorèrent.
Quelque temps après, Spandiai, le géant de bronze, fils du roi de Perse
Wachiackbi^ marcha contre la Géorgie. C'est sans doute Isfendiar , fils de
GoushtiUp, et qui, d'après les traditions persannes, avait le corps d airain. ( Voyez
page i8.) Les Géorgiens et les Arméniens, ne se sentant pas assez forts pour
lui résister, se retirèrent dans les endroits inaccessibles de leur pays. Arrivé
dans VjÉdzaritaitckan^ le prince persan reçut la nouvelle que les Tourâniens
avaient tué son père et fait une invasion eu Perse; il fut donc forcé de tourner
ses armes contre eux, et de laisser la Géorgie en repos. Sous son fils Baâman ,
surnommé A rdec kir (Artaxcrxes Jjîngimanus), îes Géorgiens redevinrent tribu-
taires de la Perse. Leur pays était inondé d'étrangers, de sorte quon y parlait
arménien, géorgien , khazare, assyrien, hébreu , et grec.
Ijes traditions géorgiennes veulent qu'Alexandre soit venu en personne dans
leur pays et qu'il l'ait soumis jusqu'au mont Caucase ; elles nomment même les
villes et châteaux qu'il y prit, et ajoutent qu'il resta pendant six mois à
Mtskhétha, d'où il dirigea le siège des forteresses an pays. Il fit massacrer tous
les étrangers qui se trouvèrent en Géorgie, et n'épargna que les femmes et les
enfants au-dessous de quinze ans, qu'il fit esclaves, et les Géorgiens, auxquels il
donna pour gouverneur un Macédonien, son parent, nommé Azon. Il lui ordonna
d'adorer le soleil, la lune et les cinq planètes, mais de ne servir que le Dieu invi-
sible créateur de Tunivers. Cette religion, ajoutent les chroniques, était de l'in-
vention d'Alexandre.
Azon résida à Mtskhétha, et commanda sur les pays situés entre la mer Noire
etlamerCaspienne.il rendit tributaires les Om, Lesght elles Kiiazars, Alexandre,
sentant approcher sa fin, partagea son empire entre ses quatre généraux An-
II
I
I
i
J
JUSQU'AU MILIEU DU TROISIÈME SIÈCIJE DE NOTRE ÈRE. 47
tioehosy Romos, Byzinl'ios et Plat* on. Le premier reçut TAssyrie, TArménie et
les pays orientaux; il construisit la ville d'Ant^iochia, où il résida. Romos
obtint les trois Mikozi et les pays occidciitatix , où il bâtit la ville de Rome.
ByzinCios eut en partage la Grèce, la Géorgie et les pays septentrionaux, Alexandre
ordonna par écrit à Azon de reconnaître ce dernier pour son souverain. Byzint'ios
bâtit la ville de Byzinlhij qui actuellement porte le nom de Constantinople.
PtaCon resta à Alexandrie (1).
Après la mort d'Alexandre, y/ io/i quitta la religion introduite par ce conqué-
rant, et commença à adorer les idoles Hatsi et Hail, qu'il avait fait faire
d'argent. Il fut soumis à Ryzintlo, roi de la Grèce, et extermina tous les Géor-
giens qui par leur bravoure lui paraissaient suspects et dangereux. Il vivait alors
à Mtskhétha un jeune homme nommk P' harnmvaz: du côté de son père il était
Géorgien et issu de la race d'Oup'hlos, fils de K'harthlos ; par sa mère il sortait de
la famille persanne des Aspaneii; il était aussi le neveu à^Samar, chef de la na-
tion à Mtskhétliii , lors de l'arrivée d'Alexandre, Samar et son frère avaient été
tués par ce contjuérant ; mais P'harnawaz , âgé de trois ans, fut sauvé par sa mère,
quile cacha dans les montagnes du Caucase. Sur le point de quitter la Géorgie et
de se réfugier avec elle en Perse, pour éviter la tyrannie d'j^^£>n_, le jeune prince
trouva un trésor considérable caché dans une caverne. Il se rendit alors chez le
roi de rimiréthie et de la Mingrélie, fit une alliance avec lui, et leva une armée
composée de Lesghi etd'Ossi, à la tête de laquelle il marcha contre Azon.
Celui-ci, abandonné par les soldats grecs, fut obhgé de se retirer dans le sud-
ouest de la Géorgie , ou dans le pays arrosé par le Kour supérieur.
Mot^ P' harnawaz envoya un ambassadeur et des présents k Anî'iocboi, roi de
l'Assyrie, offrit de devenir son sujet, et lui demanda du secours contre les Grecs.
Ant'iochos accepta les présents, donna kP*harnawaz le nom de fils, lui envoya
une couronne, et ordonna au satrape de l'Arménie de le secourir. Azon, vaincu,
Hoyaulê
L'n Géorgie.
P'huruawaz.
•tfiS av. J.-C.
(1) Je ne donne ce récit sur Alexandre ^ et aur le partage qu'il fit de son empire, que pour
montrer conatnenl l'histoire C5t traitée par les écrivains de l'Asie occidentale. — Le nom des
Khaiars, qu^on rencontre très souvent dans Fancienne histoire géorgienne, démontre que
les matériaux sur lesquels elle est basée sont postérieurs A Tépoqne de rapparilion des Khainrs
dans les pays situés entre le Wolga et le Don, qui ne date que du commencement du quatrième
siècle de notre ère.
Noblesse
j{éorgienne.
Anthropophagie.
Ecriliire.
Pliaruadj.
Aiclink ,
d'une famille
nmiêniennc.
X!o av. J,-C.
Aderk'hi.
09 av. J.^.
48 ^ ÉVÉNEMENTS DE LA GÉORGIE
resta parmi les morts sur le champ de bataille. De celte manière, P'Aariîfft»^
devint le premier roi de la Géorgie. H fortifia Mtskhétha, et rebâtit les villes dé-
truites par les Grecs. Il fit élever une grande idole qui portait son nom, celui
iXArmazi, car c'est ainsi qu'il sappeLnt en persan; elle fut placée sur le sommet
du mont habité jadis par K'harthlos, et qui, depuis cette époque, fut uoramé
Armazi. Les guerriers grecs qui avaient quitté Azon pour se joindre à P'har-
nawaz s'étaient distingués dans la guerre par leur courage; pour les récompenser,
ce prince leur donna, suivant leur rang, des places ou des bénéfices, et il les
appela -^^naourt, c'est-à-dire appartenant à v^^on ; c'est d'eux que descend la
noblesse géorgienne , qui porte encore ce nom.
Les Géorgiens ne cessèrent de manger de la chair humaine tju'après l'invasion
d'Alexandre , à Fexception cependant de celle qu on offrait dans les sacrifices.
Sous le règne de P'harnawaz, les habitants de cette contrée vivaient heureux et
tranquilles. Il repeupla le pays, dévasté par tant de guerres, et répandit la langue
géorgienne dans tous ses domaines. Il est aussi regardé comme l'inventeur de
récriture civile usitée en Géorgie. Il fut enterré auprès de l'idole ^rm^ri., que je
crois être ÏOrmouzd des Persans.
Les premiers successeurs de P'imrnawaz étaient pris dans sa famille, que la
chronique de Wakhtang appelle race de Nebrod,P'harnadj , le quatrième roi, était
adonné au culte du feu; il fit venir des mages de la Perse, et les établit à
Mtskhétha. il détruisit les anciennes idoles du pays, et s'attira ainsi la haine de
ses sujets. Les mécontents demandèrent du secours au roi de TArménie, et
offrirent la royauté à son ïAsArchak. Pliarnadj fut vaincu et tué. Cependant son
fils Mirwan, qui n'avait qu'un an, fut sauvé et élevé en Perse. Trois rois de la
famille d'Archak régnèrent après cet événement en Géorgie, jusqu'à ce que
Mirwan revînt à la léte d'une armée persanne pour soumettre ce pays. Environ
trente ans avant notre ère , son fils Archak fut détrôné par les Arméniens. C'était
le dernier roi de la race de P'harnawaz.
Les Arméniens mirent Aderklà^ fils de Bartom , sur le trône de la Géorgie.
Dans la première année de son règne naquit Jésus-Christ; plus tard les apôtres
Andréas et Simon vinrent dans les pays caucasiens, et le dernier convertit les
Mingréliens. Aderk'hi, sentant approcher sa fin, partagea le royaume entre ses deux
fils, dont les descendants régnèrent jusqu'au commencement du second sièclede
JUSQU^\U MILIEU DU TROISIÈME SIÈCLE DE NOTRE ÈRE. 49
notre ère , époque à laquelle tout le pays fut réuni sous une raéme domination.
La dynastie arménienne, sous laquelle la Géorgie avait souvent été dévastée par
des guerres civiles et par des invasions des Persans, finit avec Asp'kagoiir ^ qui
se lia avec K*hosros, roi d'Arménie, contre les Sassanides de la Perse. Ils avaient
I renforcé leur armée par une multitude d'Ossi, deLesghi et de Khazars; ils bat-
tirent complètement les Persans , et dévastèrent la partie septentrionale de leur
pays. Quelque temps a près R'hosros fut assassiné par Anakk, prince arsacide , et
Àsp'hagour mourut sans laisser un successeur mâle. Les notables de la Géorgie
s'adressèrent alors au roi de la Perse, et lui offrirent, pour un de ses fds,Ia
main de ia fdie d'Asp'hagour et la possession de leur pays. De cette manière,
Minan devint roi de la Géorgie et fondateur de la dynastie k'hosronienne, qui a
régné dans ce pays jusqu'à la fin du huitième siècle.
Asp'hagour.
FamilJe
k'hosronienne,
d'origine
pcrsanne.
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ÉVÉNEMENTS
DE L'ARMÉNIE
rosQu A LAS aSa apbès JÉscs-cairsT.
AmtfsiK. La Dation arménienne, entourée de hautes montagnes, gùnla long-temps
son caractère propre et une espèce dlndépendance. Les conquêtes que les
^ princes voisins firent en Arménie n'empêchèrent pas ce pays de conserTcr ton-
• jours des rois indigènes. Ce peuple acquit de bonne heure une écrittire par-
ticulière, et par conséquent rinstruction qui résulte de ce moyen de €X>nimuni-
cation. Les Arméniens lurent et traduisirent des Tm-es grecs, chaldéeiis et per-
sans , et devinrent ainsi les conservateurs d'une partie de Tancienne histoire de
TAsie occidentale. La conversion de cette nation au christianisme a dénaturé
SCS traditions antiques; car, ainsi que les Géorgiens, elle les a rattachées au
récit de la Genèse. Les commencements de son histoire, comme ceux de presque
tous les autres pays , sont très obscurs et fabuleux ; ce qu'on y voit de plus
certain, c'est que les Ai-méniens devinrent de bonne heure les vassaux des
Ha%. monarques assyriens et persans. Au rapport des écrivains indigènes , Haïg fut
le premier chef ou prince qui gouverna leur pays. Il était fils de Tagtathy qui ,
^selon eux, est le même que le patriarche Thogorma, petit- fils de Japhet Vingt-
deux siècles environ avant notre ère, il quitta Babylane,sa patrie, et vint se fixer]
avec toute sa famille dans les montagnes de l'Arménie méridionale, pour fuir laj
tyrannie de Belus, roi d'Assyrie. Celui-ci vint l'attaquer dans son nouveau pays,]
mais il fut battu, et périt de la main de Haîg.
Arain. jiram, le sixième successeur de llaïg, se distingua tellement par ses grandes i
actions, que depuis son règne les peuples étrangers appelèrent Annénie le pays
habité par la nation qui, d'après son premier fondateiu*, se nommait elle-même
Uaïganienne. Arani vainquit les Mèdes, s'empara de l'Assyrie septentrionale, et
ÉVÉNEMENTS DE LARMÉNIE. 5l
Ipoussa ses conquêtes jusqu'en Cappactoce, où il fonda la ville de Majak'h ou
\*Mazaca, qui depuis a été noinrnée Ccsarée. Il fit alliance avec Ninus^ roi d'As-
l^yrie, qui lui accorda le premier rang en Asie. Son fils ^ra périt en défendant
' Findépendauce de son pays contre Sémiramis. Cette fameuse reine , d'abord
k' éprise de la beauté d'Ara, voulut l'engager à devenir son époux, mais ensuite,
'irritée de son refus, elle chercba à s'en venger en sVmparant de son royaume.
La défaite et la mort d'Ara donnèrent à Sémiraniis la possession de toute TAr-
piéuie, qui depuis devint province assyrienne, quoiqu'elle eût des rois indi-
Lgènes. Cet état de choses dura jusqu'à Baroïr, trente-sixième successeur de Itaïg,
jqui se joignit à Farbag ( Arbacès), gouverneur {le Médie, au Babylonien Bèlèsh,
et à plusieurs autres, pour se révolter contre Sardanapale, Ils le détrônèrent et
détîuisirent son empire, et chacun d'eux prit dans son gouvernement le titre tle
roi, posséda ses états en toute souveraineté, et les transmit à ses descendants.
Les historiens placent sous le règne du fils de Baroïr, ou dans le septième
siècle avant J.-C. , l'époque de 1 établissement en Arménie de la puissante famille
des Pagratides ; ils prétendent quelle descend d'un Juif emmené captif à Baby-
lone par le roi Nabuchodonosor. Ce Juif obtint sa liberté par les bons offices du
roi d'/Vrménie, qui l'appela à sa cour, et lui donna un rang distingué. Si cette
origine n*est qu'une fable, elle est au moins fort ancienne, puisqu'elle se trouve
dans Moyse de Khoren. Il ne serait pas au reste fort étonnant que les Pagratides
eussent une origine juive; les IsraéUtes, emmenés en captivité par les Babylo-
niens, étaient déjà longtemps avant fère chrétienne dispersés dans les diverses
parties de l'Orient, et il y avait en Arménie , au quatrième siècle et antérieure-
ment, une grande quantité de Juifs. Les princes de la famille des Pagratides ont
toujours tenu un rang très distingué parmi les satrapes arméniens , jusqu'à ce
qu'enfin, au milieu du neuvième siècle, ils soient parvenus à se faire déclarer
rois d'Arménie et de Géorgie.
En 565 régnait Dik-ratt ou Tigrane P% qui rétablit l'Arménie dans son ancienne
puissance. Il fut fallié de Cyrus pour faire la guerre à Astyage, roi de Médie,
qui fut vaincu. C'est ce Tigrane qui fit bâtir la ville de Tigi-anocerta , située sur
les bords du Tigre, et portant aujourd'hui le nom d'Amid. Son fils et succes-
seur était Vahakn^ THercule de rArménie , célébré par les poètes de ce pays , et
qui après sa mort fut mis au rang des dieux.
Ara.
Rriroïr.
Pagi»lid«$.
Tigrane !•
565 av. J.-C.
52
ÉVÉNEMENTS DE LARMÉNIE
Aidoalêîi.
Arlaxias.
Dynastie arsacidc,
r49 av. J.-C.
Tigrnnc II,
89 av. J.-C.
4
Fmde la dynastie Le dernier roi de la dynastie haïganienne fut Falié, qui périt l'an 3a8, én^
combattant contre Alexandre, qui n^entra cependant pas en Arménie, où il ^à
envoya seulement ses généraux. Après la mort d'Alexandre , TArménie de- ^^
vint le partage trun Persan nommé Mitkriné$_, qui en avait été nommé gouver-
neur par le conquérant macédonien, et qui continua après sa mort de la régir
au nom de ses prétendus successeurs. Les Arméniens , profitant ensuite des san- ^
glants démêlés des généraux macédoniens , qui se disputaient le partage de Tenn H|
pire d'Alexandre, secouèrent le joug, et se donnèrent pour chef un certain
y/r^tfflft?s. Celui-ci, affectant à l'extérieur une grande soumission pour les princes
séleucides, n'en gouverna pas moins son pays avec un pouvoir absolu. Après sa
mort, ses états tombèrent sous le pouvoir des rois de Syrie, qui les firent gou-
verner par des envoyés ;mais ce régime dura peu de temps, car Artaxia$, Vim
d'eux, natif d'Arménie, se révolta contre Aniiochai k Grand au moment ou
celui-ci venait d'être vaincu par les Romains , et se déclara indépendant. Depuis
ce temps, jamais les rois séleucides ne purent rétablir leur puissance dans ce pays.
Artaxias régna jusqu'à la fin de sa vie , et transmit la couronne à ses descen-
dants, qui, à ce qu'il paraît, ne la conservèrent pas long-temps, puisqu'on voit
bientôt après les Arsacides faire la conquête de l'Arménie et y établir leur race.
Cet événement eut lieu en 149 avant J.-C. Mithridate /", roi arsacide des
Partfaes, vainquit les rois de Syrie, et répandit la terreur de ses armes clans
presque toute l'Asie. Il entra dans l'Arménie, déchirée par des troubles, et y
Waghoicling. établit son frère Wagbarckag roi de ce pays et de l'Atropatène ou Adzarbai-
tchan. La ville de Nisibe, en Mésopotamie, fut la capitale de ce nouveau
royaume. Wagharchag fil des conquêtes considérables en Asie mineure , dans
le pays des laizes, et étendit sa domination sur les peuples montagnards du
Caucase. Il donna, après son retour de ces expéditions lointaines, des lois et de
sages institutions à son peuple. Tigrane U ^ son arrière-petit-fils, parvint au
trAne Fan 8g avant notre ère; doué de quelques talents et d'un grand courage,
il voulut soumettre tous les peuples de l'Asie à son empire. Peu content d'avoir
réuni à ses états la Syrie et plusieurs provinces de l'Asie mineure, il attaqua la
branche aînée des Arsacides, qui régnait en Perse. Son audace fut couronnée du
phis heureux succès ; la Mésopotamie , FAdiabène et l'Atropatène conquises lui
valurent le titre de roi des rois , que les princes' partbes lui cédèrent. Il ne
4
<
rUSQU*A L'AN uôii APRÈS JÉSUS-CHRIST. 55
balança pas à embrasser la cause de Mitkridate, roi <te Pont, qui , vaincu par les
Romains, était venu chercher un asile clans ses états, et implorer son appui.
Vainement il déploya, pour soutenir ce prince malheureux, beaucoup décou-
rage ; tous ses efforts furent vains devant les armes romaines, et l'orgueilleux
Tigrane, défait, fut contraint d'abandonner presque toutes se^ conquêtes, de
souscrire de honteux traités avec les princes qu'il avait offensés, et de quitter
le titre fastueux de roi des rois. Son fds Arlavasde lui succéda, et périt l'an 54
avant J.-C. , par la perfidie de Marc- Antoine, qui, mécontent de ce qu'il n'en
avait pas été servi avec assez de zèle contre les Arsacides, en Perse, s'empara
par trahison de sa personne, l'emmena captif à Alexandrie, et livra sa tête à
Cléopâtre. Son royaume fut donné à Alexandre ^ fds de cette reine et d'Antoine.
Mais les Arméniens ne tardèrent pas de chasser cet étranger. Depuis ce temps ,
FArménie ne put jamais se relever. Les divers successeurs de Tigrane, jouets de
la politique romaine ou de celle des princes parlhes leurs parents, virent dans
tous les temps leur empire ravagé par ces deux puissances ; trop heureux ericore
quand ils purent conserver sous la protection de l'une des deux un trône avili.
La plupart des vallées ou cantons de leurs pays montagneux étaient possédés
par de nombreux vassaux , souvent aussi puissants que leurs maîtres , et peu
disposés à leur obéir.
Après la mort à'Àbgare, aiTivée Tan 52 avant J.-C.» le royaume fut partagé
en deux portions, ^nane , fils de ce prince, gouverna à Éd^sse, qui alors était
la capitale, et Sanadroug, fils de sa sœur, eut FArménie, ou plutôt ce que sa
famille possédait dans ce pays. Ce dernier chercha k détruire la race d'Abgare,
et à réunir tout le territoire sous une seule domination. Il réussit dans cette
entreprise, et régna avec gloire à Nisibe , ville qu'il avait hh reconstruire.
Après deux siècles de troubles, FArménie fut conquise, en 232, \\^t Àrdedtir,
premier roi de Perse, de la dynastie des Sassanides, sous la domination de la-
quelle elle resta pendant vingt-huit ans.
ArliivastI''
Divistoa dit
3a après J
pk>i,
1^1 av. J.-C.
Hecherchc
lies
livres anciens.
56 EVENEMENTS DE LA CHINE
son autorité ; ainsi Kao houang ti devint possesseur de tout le territoire de IT
Chine, avec son étendue actuelle.
Lorscjue cet em|Derenr s'était rendu maître de la capitale des Thiin, il avait
:d)oli les ordonnances de Thsin chi houang ti , mais il en avait excepté celle qui
concernait les livres. Ce prince j qui par son origine n'était que guerrier, avait
une espèce d*aversion pour les lettres; et s'il rendit de grands honneurs à
Confucius lorsqu'il visita son tombeau , il le faisait plutôt par politique que
par estime pour ce philosophe. Ce ne fut qu*en 191, et sous son successeur,
que les proliibitions contre les livres anciens furent révoquées. Les Han, après
avoir combattu tous les petits princes qui clierchaient k se rendre indépendants ,
întrodtiisirent un autre mode de gouvernement, qui , conformément à l'exemple
des Th$in , maintenait la souveraineté unique de Femperenr. T>e laps de temps
avait fait tomber dans l'oubli lancien système féodal des Tcheoa; de sorte
que les empereurs de la dynastie des Ilan purent ordonner sans risque la
recherche de livres qui avaient paru si dangereux aux Thsin, On fit donc
dans tout Tempire les pcrqiiisitions les plus soignées, et l'on fut assez heu-
reux pour recouvrer des fi-agments considérables des anciens ouvrages , et même
des livres entiers. C'est d'après ces matériaux , et avec le secours d'un vieillard
qui savait le Chou king par cœur , qu'on rétablit cet ouvrage sacré , et qu'on
parvint plus tard à former un corps d'histoire ancienne, qui , quoique dénuée
d*un grand intérêt, porte du moins toutes les marques d'authenticité.
A l'exception de quelques révoltes dans l'intérieur , et des incursions faites
par les Hioung nou et d'autres peuples barbares habitant au nord de la Chine,
cet empire jouit, jusqu'au règne de fVou ti, de beaucoup de prospérité. Les
arts et les sciences, opprimés pendant les guerres civiles, avaient recom-
mencé à fleurir , et le peuple se trouvait heureux étant gouverné par des lois
douces et justes. Les Tchhen yu^ ou les rois de la nation turque des Hioung
nou, qui occupèrent alors le pays actuellement habité par les Mongols, avaient
souvent demandé des princesses chinoises en mariage, qu'on leur accordait
pour qu'ils empêchassent leurs sujets de faire des invasions en Chine. Mais,
sans respecter ces alliances, ces peuples inquiets et remuants , avec lesquels il
était impossible de laire une paix solide, étaient fréquemment venus dévastei* les
terres de l'empire pour en transporter les richesses dans leur pays. Les prin-
JUSQU'x\ LA DIVISION DE L*EMPIRE. 57
cesses chinoises, sacrifiées à la politique, éprouvèrent le sort le plus malheu-
reux parmi ces barbares. En i55 avant Jésus-Christ, le roi des liiouug uou
ht tleniander par un ambassadeur une infante chinoise en mariage. L'em-
pereur la promit, et congédia l'envoyé turc. Une dispute eut lieu avec les
Hioung nou. ff^ou ti changea d'avis et se détermina à leur faire la guerre. Le
général en chef de Tannée dirigée contre eux avait dressé des embûches au
Tctihen yuy et chercha de Tattirer en Chine. Mais ce dernier, averti à temps,
rebroussa chemin en toute hâte. Malgré cette rupture avec les Hioung nou,
les marchands de leur nation ne cessèrent pas de trafiquer avec la Chine et d'y
apporter les productions de leur pays. Les Chinois allèrent de même commer-
cer chez leurs voisins. Le Tchhen yu ne chercha pas à renouer avec la cour ,
et Fempereur parut peu empressé à le ramener à l'alliance projetée.
Cependant les llioung nou continuaient leurs courses sur les terres de Fem-
pire, et y connnettaient les plus grands désordres; l'empereur résolut d'user
de représailles et d'entrer dans leur pays , mais son armée fut battue.
La nation de Yue tchi habitait alors entre l'extrémité occidentale de la pro-
vince de Chen «i, les Montagnes célestes et le Kuen tun j c'est-à-dire dans le
pays que nous appelons à présent le Tangout, où elle avait formé un royaume
puissant. En i65, les llioung nou l'attaquèrent, la chassèrent à l'occident, où
elle se fixa en Transoxiane. L'empereur Wou ti rechercha l'alliance des Yue
tckij parcequ'il espérait qu'ils se réuniraient avec lui contre les Hioung nou.
Le Tchhen yu ayant pénétré ce dessein chercha tous les moyens pour le
iaire échouer. Tckang khian s'était offert à remperem^ pour entreprendre le
voyage en Transoxiane , et il avait demandé à être accompagné d'environ cent
hommes; mais, en passant par le pays des Hioung nou, il fut arrêté avec
sa suite et retenu prisonnier pendant dix ans i au bout de ce temps il trouva
l'occasion de s'évader, et marcha du côté de l'ouest. Il trouva les Yue tchi dans
Jeur nouveau pays. L'envoyé chinois y séjourna pendant plus d'un an, au bout
luquel , repassant chez les Hioung nou , il fut fait de nouveau prisonnier ;
^mais il s'échappa, et revint en Chine après treize ans d'absence.
C'est cette expédition qui fit connaître les Chinois en Occident, et amena les
communications non interrompues qu'ils ont eues pendant long-temps avec le
Mawaraimahar, la Perse et l'Inde. C'est alors que la soie fut apportée à travers
8
i65 av. J.-C.
ia6 av. J.-C.
Séres
et commerce
tle soie.
Ex|icditio»s
des Clnnitis
<lans l'inlc-rieiti
de l'Asie j
l'Jl av. J.-C.
58 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
ces pays en Europe. Il n'y a plus de doute que les Sères des anciens ne soient
les Chinois. D'après les auteurs grecs , le mot dip désigne et le ver à toie et les
liabitants de la Sérique ou les Seres ; or ce fait démontre que le nom de
ces derniers leur venait de la marchandise précieuse que les peuples de TOc-
cident allaient chercher chez eux. En arménien , l'insecte qui produit la soie
s'appelle ckéram , nom qui ressemble assez au <Tiftp des Grecs. Il est natiu^l
de croire que ces deux mots avaient été empruntés à des peuples plus orien-
taux. C'est ce rpie les langues mogole et mandchoue nous donnent la facilité
de démontrer, il en résultera que le nom de la soie , chez les anciens, est vé-
ritablement originaire de la partie orientale de l'Asie. La soie s'appelle sirkek
chez les Mogols, et sirghé chez les Mandchoux. Ces deux nations habitaient au
nord et au nord-est de la Chine. Est-il présuniable qu'elles eussent reçu ces
dénominations des peuples occidentaux? D'un autre côté, le mot chinois sée
ou szu, qui désigne la soie, montre de la ressemblance avec sirghé ou êirkek ,
et avec le ffiftp des Grecs. Cette analogie frappera d'autant plus quand on saura
que, dans la langue mandarine, 1er ne se prononce pas, tandis que cette finale
se trouvait vraisemblablement dans les anciens dialectes de la Chine. Mais le
mot coréen str , qui désigne la soie, est tout-à-fait identique avec le cTjp des
Grecs , qui devait se prononcer aussi str. La soie a donc donné son nom au
peuple qui la fabriquait et qui l'envoyait dans l'Occident , et les Sères sont
évidemment les Chinois, quoi qu'en puissent dire les géographes, qui ne savent
employer que le compas pour chercher remplacement des nations.
Par la suite on verra que les Chinois ont poussé leurs conquêtes presque
jusqu'aux bords de la mer Caspienne, et que ce fut justement dans le temps
même où les anciens connaissaient les Sères , au centre de l'Asie , alors sou-
mise à la Chine.
Hanwoati ne resta pas long-temps sans profiter des notions que Tchang khian
lui avait données sur l'Occident. Il envoya , 121 ans avant Jésus-Christ , son
général Ho kkiu phing k la tête d'une armée à l'ouest, pour attaquer l'aile droitP
des Hioung nou ; car ces peuples considéraient le pays habité par eux comme
un vaste campement plutôt que comme un état. Ils étaient partagés comme
une armée prête à s'avancer vers le midi ; la partie orientale était l'aile
gauche, et la partie occidentale l'aile droite. C'est une division dont on trouve
JUSQU'A LA DIVISION DE L'EMPIRE. 69
des vestiges dans la disposition des forces de plusieurs peuples nomades
de l'intérieur de l'Asie , et qui existe encore aujourd'hui chez les Mongols
Khatkha. Ho khiu phing dévasta les pays appartenants aux Hioung nou, et si-
tués au nord-ouest de la Chine. Leurs généraux, craignant le ressentiment des
Tchhen yu, se soumirent aux Chinois avec tous les peuples qui se trouvèrent
sous leur commandement. Cette défection porta un grand coup à la puissance
des Ilioiig nou, qui alla dès lors toujours en diminuant. Les Chinois étaient aussi
entrés en relations amicales avec tous les rois et les petits princes des peuples oc-
cidentaux qui se trouvèrent vassaux des Hioug nou, et qui tâchèrent de s^afïran-
chir de cette servitude. Les possessions des Han , au nord-ouest de la Chine, Gouvei acmeut
s'étendirent de jour en jour; ils y établirent des colonies, bâtirent des villes, I'A^îp cnnirale.
et donnèrent des gouverneurs mihtaires à ces provinces nouvellement acquises.
En 108 , ils soumirent les Ouigour , petite peuplade turque qui habitait
Kkamit et à Tour fan, et la plus grande partie du pays que nous appelons, sans
beaucoup de raison, la Petite Boukharie. Quatre ans plus tard, le général Li
kouang li pénétra encore plus loin à loccident, et parvint jusquau désert liabité
de nos jours par les Kirghiz de la grande horde. Son expédition n'avait pourtant
pas le succès désiré , car, après avoir perdu beaucoup de monde, il fut obligé de
rebrousser chemin, et de venir chercher un asile dans les possessions chinoises,
(cependant les guerres continuelles des Chinois contre les Hioung nou, et les
divisions qui eurent lieu parmi ce peuple, préparaient s|i. ruine, et donnèrent à
leurs ennemis la facilité de les repousser de plus en plus de la frontière. L'an 5i '>« nv. J.-C.
avant Jésus-Christ, le ïchhen yu fut contraint de venir en Chine se déclarer vo-
lontairement vassal de l'empire. L'empereur le reçut avec beaucoup d'égards, et
cette bonne réception contribua puissamment à ce que d'autres rois et chefs des
peuples occidentaux suivissent son exemple.
A la fin du premier siècle avant notre ère, des intrigues dans l'intérieur du Intrigues à h mur .
palais, des conspirations et des désordres dans les provinces, contribuèrent beau-
coup à diminuer le bonheur dont la Chine avait joui sous les premiers empe-
reurs de la dynastie des Han. La mère de Tempereur Tckiiing-ti était de la famille
de Wang ; un de ses neveux fut le célèbre Wang mang. Il se distingua dans sa vvHng mang,
premier ministre
jeunesse par une application sans relâche. Nommé prince après la mort de son
père , il répandait à pleines mains les sommes immenses dont l'impératrice kii
6o ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
faisait part. Ces libéralités excessives lui valurent dans tout Tempire une répiita-
tion de désintéressement et de magnificence qui lui fit un grand nombre d*amis
et d'admirateurs. Par la découverte d'une intrigue qui existait entre le i&vorî de
Fempereur et une impératrice déposée, il sut gagner les bonnes grâces de ce
prince , qui Téleva à la dignité de grand général de l'empire. Sa modestie et la
simplicité apparente qu'il affecta dans sa. conduite raffermirent de jour en jour
8av. .T.-C. son crédit, dont il jouit jusqu'à la mort de Tchhing ti, arrivée l'an 8 avant
Jésus-Christ.
Suivant l'intention de cet empereur, l'impératrice mère choisit un autre pre-
mier ministre pour son successeur Ngai ti; et afin que Wang mang, qui com-
mençait à preiiJre trop d'ascendant^ ne pût lui disputer l'autorité, qu'elle voulait
conserver, elle résolut de lui faire donner l'ordre de se retirer. Averti à temps,
il prévint cet affront, en se démettant de ses emplois entre les mains de
l'empereur. Celui-ci ne fut pas fâché de voir que Wang mang prenait de lui-
même ce parti ; ce prince le craignait , et désirait diminuer la trop grande
autorité que sa famille possédait. En effet, il le tint toujours éloigné de la
cour. Après sa mort, l'impératrice mère fit revenir Wang mangf et comme Ngai ti
était décédé sans postérité et sans avoir pourvu à son successeur, cette princesse
et le nouveau premier ministre choisirent un jeune prince de la famille im-
périale , qui n'était âgé que de neuf ans, et qui monta sur le trône sous le nom
de Phing ti.
Wang mang roulait déjà dans sa tête le grand dessein de dépouiller la famille
des Han de la dignité impériale ; il chercha alors les moyens de se concilier
l'estime de tout le monde, et de gagner l'esprit du peuple. Cependant cette
conduite ne servit qu'à confirmer les partisans de la famille impériale dans les
soupçons qu'ils avaient conçus sur ses vues ambitieuses. Si la libéralité du mi-
nistre à l'égard du peuple , quil voulait mettre dans ses intérêts, était extrême,
sa sévérité contre les officiers qui n'entraient pas dans ses projets n'était pas
moindre. On comptait des jours où il avait fait mourir plusieurs centaines de
personnes dont tout le crime était d'appartenir à des gens qui condamnaient son
usurpation.
Après s'être enrichi par la spoliation des tombeaux des membres de la famille
impériale , qu'il fit ouvrir , en disant que les richesses enfouies avec les morts
r\ LA niVISION DE
seraient plus nécessaires aux vivants, il crut pouvoir porter les coups décisifs.
Le jeune empereur, victime de sa perfidie , mourut empoisonné, et eut pour
successeur un enfant de deux ans , que Wang mang ne tarda pas à dépos-
séder.
Ce fut Tan 9 après Jésus-Christ que Wang mang prit le litre d'empereur, et
qu'il donna à sa nouvelle dynastie le nom de Sin, Ce changement dans la suc-
cession du trône donna aux Hioung non le prétexte de se révolter, et de rompre
la paix qu'ils avaient jurée. Leurs incursions dans les provinces septentrionales
de Fempire recommencèrent. I^es peuples de Toccident qui avaient été soumis
rompirent de même leur communication avec la Chine, et l'ancienne influence
de la cour de Tchfmng ngan au dehors diminua considérablement IVang mang
fut forcé d'envoyer des expéditions lointaines et coûteuses pour rétablir sa pré-
pondérance dans le milieu de l'Asie ; ces expéditions épuisèrent se§ trésors. Afin de
réparer ce vide, il augmenta les impôts, et établit de nouvelles douanes pour
percevoir des droits sur toutes sortes de marchandises ou denrées. Cette charge
de taxes et tme nouvelle loi agraire indisposèrent le peuple contre lui ; des
insurrections éclatèrent partout, et bientôt l'empire entier se leva contre l'usur-
pateur. Tous ceux qui appartenaient à la famille des Han , et leur nombre
était très considérable, levèrent l'étendard contre Wang mang, A leur tête se
trouva Lieoa sieoa , descendant du quatrième empereur de la dynastie de Han .
Il battit à plusieurs reprises les troupes de l'usurpateur, et son armée s'agran-
dit journellement. Un corps d'armée s'avança vers Tckkang ngan. A la nouvelle
de cette marche , toutes les villes de la province de la cour prirent les armes
pour investir cette capitale. Wang mang se réfugia dans ime tour fortifiée,
qui fut prise d'assaut. Les soldats lui coupèrent la tète, et le peuple de Tchhang
ngan traîna son corps ddns les rues et le mit eu pièces.
A cette époque, l'an 23 de notre ère, tout l'empire se trouvait dans une
étrange agitation ; le chef du corps d'armée qui s'était approché de Tckkang
ngan avait pris le titre d'empereur, et une bande ou plutôt une armée de
voleurs, connus sous le nom des Sourcils rouges (Houng mei), parcoururent
l'empire et dévastèrent ses provinces. Après plusieurs années de convulsions,
Lteou sieoa, qui s'était fait proclamer empereur et se nommait /fan kotiang
wou ti , parvint à calmer les troubles. La dynastie des Han fut rétablie dans sa
Wang mang
usurpe le Irônc
l'an g de J.-C.
a3 de J.-V,
Sourcils rougrs. {
Kouauj; wou ti ,
fondateur de la
dynaslie des Han
onenlaiit.
6a ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
personne et remonta sur le trône; mais comme il choisit pour sa résidence
la ville de Lo yang, dans le Ho tian , située à Forient de Tchhan§ ngan , cette
branche de la dynastie fut nommée celle des Han orientaux.
Ming 1^ Sous son règne, et sous celui de son successeur Ming ti , les relations des
Chinois avec les peuples de Foccident furent renouées , et letendue des fron-
tières rétablie telle quelle avait été avant Fusurpation de Wang niang.
46deJ.-(:. Ce fut l'an 46 qu'eut Ueu l'événement remarquable qui divisa les Hioun^
nou en septentrionaux et méridionaux. Il porta la prépondérance chinoise
dans FAsie intérieure à son plus haut degré. La barbarie du Tchhen yu Pou nou
lui avait aliéné les esprits de ses sujets. Voulant faire mourir son frère aine ,
celui-ci, instruit de ses intentions, se sauva et se mit à la tête d'un parti com-
posé de huit hordes qu'il parvint à s'attacher, et qui le proclamèrent Tchhen
yu. Soutenu de ces alliés , il se retira vers la frontière chinoise, où il établit le
royaume des llioung nou mcTidionaux. Il y fit alliance avec les Chinois, et se
réunissant à eux pour attaquer le Tchhen yu du nord , il contribua au ren-
versement de sa puissance. L'empire de Hioung nou du nord finit Fan p3 ,
celui des méridionaux en 216 après Jésus-Christ.
i«tiodiirt.oii L'an 65, la religion de Bouddha (j), appelé Foe par les Chinois, fut portée
(1) ta rdïgioD Je Bouddha, originaire de THindouslân, s'est répandue dans h ptusi grande
partie de l'Asie. Sa domination s'étend depuis les sources de FIndus jusqu^à Tocéan PaciSque et
mËme jusqu'au Japon. Les farouches nomades de l'Asie centrale ont été changés par elle en
hommes doux et Tcrtueux, et son iaQuence hlenraisaote s'est fait ressentir jusque dans la Sibé-
rie méridionale.
Comme toutes les croyances qui tirent kur origini! de l'Inde, le bouddhisme e*l fonde sur le
graud principe que « Funifers n'est animé qutMl'un mêmt; esprit, individualisé sousd'ianom-
iibrahles formes, et que la matière n'existe que dans nos illusions. » — Bouddha apparut coinuie
rêformtiteur de la religion dominante de l'Intle. Il rejeta les Fedas, les sacrifices sanglants et
la distinction des castes. Du reste, les principes philosophiques de sa doctrine sont les iitêmes
que ceux qui se retrouvent dans les autres branches de la rrlîgion des Hindous. Bouddha est
regardé par les brahraes comme la neuvième incarnation de Ficknou, Les Mongols l'appellent
Chakia-Mottni, c'est-à-dire le pieux pénitent de la maison de Chakia, et ordinaireinenl Chigr-
mouni ou Bourkhan-Bakchi (finstituteur divin ). Ils lui donnent aussi le nom de Chahia-ùn
nrshm, ou lion de Chakia; c*est la traduction du sanscrit Chakia-Sinha.
Dans une table chronologique mongole, traduite par J. Jaehngtl publiée pur Pallas, on lit:
JUSQU'A LA DIVISION DE L'EMPIRE.
.65
de l'Hindoustân en Chine , et depuis ce tenips-Ià elle a été presque toujours la ^u bunddlitaiiir»
croyance populaire de ce pays. Si les nomades féroces de FAsie centrale 65 de J -c.
avaient tout à gagner en adoptant cette religion, les Chinois, déjà très civi-
lisés, n'avaient qu'à perdre avec elle. Les prêtres de Bouddha, forcés de vivre
parmi des barbares, se sont empressés de leur inculquer des principes i*eli-
gieux et moraux , au lieu que ceux de Chine dégénérèrent bientôt. Guidés
par une soif insatiable de richesses et d'honneurs , ils ont souvent bouleversé
cet empire par leurs intrigues, et ils furent presque toujours les instigateurs
des révoltes qui Tout déchiré.
a Depuis la conception du Bourkhan-Chakia-Mouni, qui eut lieu le quinzième jour du dernier
s mois d'été d'une nnoée du mouton terrestre ( choroî khoîn), on compte |a5qu*à la présente
• année du mouton terrestre 3640 ans ( el non pas 2649^ comme on le lit dans Pal! as). — Depuis
ftla naissance de son incarnation dauH l'année du singe de fer ( temur metchin ), ^659 ans $^e
• sont écoulés. » — Celte table a été composée en 167g de notre ère, qui est une année du
iuttan terrestre, où la cîaquanle-sîxième du cycle sexagénaire; elle met donc la naissance de
Bouddha en 961 avant J.-C» Ce calcul se rapproche de celui des Chinois, qui font naître Foe ou
Bouddha à la cinquante-unième année {kiaiyn) du XXVII* cycle de soixante, correspondant
à t*nn 1027 avant notre ère, et qui fut la vingt-sixième du roi Tchao wangdes Tcheou. D'après
Kaemfjfer, les Japonais adoptent te même calcul» Cependant la grande encyclopédie japonaise,
intitulée fVo han san thsaithou hoel (XIV, pag. ai , recto), diffère sur ce point en mettant la
aaissancc de Foe au huitième jour de la quatrième lune de la vingt-quatrième année de Tchao-
Wang, ou an 1029, et sa mort au cinquième de la seconde lune de la cinquante-deuxième année
de Mou Wang, c*est-A"dire en 960 avant notre ère. — Matouan lin, auteur chinois du douzième
siècle, qui a composé rcxcellente bibliothèque hif^torique inlitulée H'^en kian ihottng khao, donne
deux dates pour l'époque de la naissance de Bouddha; la première est l'an 1027 avant l.-C, et
la seconde est la neuvième année du règne de Tchoung wangdes Tcheou, qui correspond â 668
avant J.-C. — Abdallah Beid'awy, auteur persan d'une bi*Ioire générale intitulée Enjilade des
perles de l'histoire , douoe dans la huitième section de cet ouvrage une chronologie des empe-
reurs de la Chine d'après Kfioiiffrt Rachid; il y place la naissance de Bouddha en loaa avant
J.-C. — Le» bouddhistes des différents pays de TAsie méridionale diffèrent sur l'époque de lu
naissance du fondateur de leur croyance. Les Péguans la placent en 638 avant notre ère.
M. J. Da\fy nous apprend , dans sa relation de l'intérieur de l'île de Ceylan, que les Cingalais
rappellent Boudhou , et qu'ils le fotit naître en 619 avant J.~C. Ils disent que dans l'époque
{Maha kalpa) actuelle du monde , cinq Boudhott ou s^auveurs divin» du genre humain doivent
paraître, Gooutarna Boudihou est le quatrième d'entre eux et le dernier qui ait paru, de «orte
64 ÈyÇ]S£MENTS D£ LA CHINE
Par l'usurpation âeWatigfrhang^ rinfluence chinoise, dans les contrées
ciden taies, avait re<;u un échec considérable. I>es alliances subsistant avant cette*
époque entré^lqs princes de ces pays et la Chine avaient pour but la ré-
sistance aux Hioug nou , et formaient un système fédératif contre leurs dé-
prédations continuelles. Les troubles causés par Wang mang détruisii'ent bien-
tôt Tédifice politique élevé dans l'intérieur de l'Asie par les empereurs de$
premiers Han. Dans le premier siècle de notre ère , les Ouigour étaient sou*
mis aux Hioung nou, et les princes des pays situés au midi des montagnes
qu*il n'en reste plus qu'un seul qui doll Tenir; c'est fiiiré Boudhou ( le Makari des Mongols).
Si Ton excepte In diiïérence dans h chronologie, leurs traditions sont conforraes à celks qui se
âont conserrécs chex tes Mongols.— Les Siamois placent la mort de Bouddha en ^44 ayant J.>C.,
îU commencent à cette époque leur Sonkmdou chronologie religieuse. — Aboulfazel , miaiflre
du grand mogot Akbar, prétend , dans son Ayin nkbari, que 2g6a ans se sont écoulés depuis li
niiîssancc de Bouddha jusqu'à la quarantième année du régne de son souTerain, Par ce calcul
l'érénement aurait eu lieu en i36G avant notre ère. — Le Bagwad amrita, ouvrage sanskrit,
cité par Vi. Jones , met Tapparition du législateur indien tin Van looa du Kaliyouga, ou 2099
avant J.-C.j ceci paraît être une erreur.
Toute* ces dates diffèrent consîdérablenieut ; cependant il paraît que celle des Chinois , qui
place la naissance de Bouddha en 1037 avant notre ère, mérite le plus de confiance, p^^rce-
qu'elle correspond avec la chronologie des successeurs de ce légî:}lateur, conservée dans Ic^
livres chinois, et traduite par M. Ahel-Rémusai.
Plusieurs savants, guidés par la faible ressemblance du nom A'Odin ou fVodan, héros déifié
des peuples septentrionaux de TEuropc, ont cru pouvoir admettre TiHeutité de cette divinilé
Scandinave avec le Bouddha indien. Ils ont principalement appuyé cette hypothèse sur lacir-
constàoce que dans le Nord le mercredi était consacré à Odifi, comme il Tétait aux Indes
A Bouddha. Celte preuve, si c'en est une, paraît extrCmeiacnt faible, et ne peut être admissible
que quand on prouverait que les autres jours de la semaine se trouvaient, dans le nord de I'Eu-h
ropc comme chez les bouddhistes de TAsie, dédiés aux mêmes divinités Si long-temps que ce fati,
ne sera pas Je*inontré , la seule re?semblanre des noms du mercredi restera sans aucun poid<>,
d'autant plus quand on ne trouve pa4 ta moindre ressemblance enire lu croyance et le culte de
Bouddha et deccHxd'Orfm, comme on peut se convaincre au premier coup d'oeil jeté surcequl
a été public par l»allas et par moi relativement à la religion du pliilosophe indien — Il est bien sût
que les tribus tndesques, qui anciennement habitaient les bords de l'Oxus et de Tlndus, suivaieni
les préceptes de Boud<|ha; mais il est aussi sûr qu'Odin n'est pas le même que Chakia-Mcu^i^
T<îon^iiierces fleur personnages est aus«i absurde que de confondre Krichna et le Christ.
JUSQU'A LA DIVISION DE L'EMPIRE. m
célestes se faisaient des guerres sanglantes entre eux. Ces désunions facilitèrent
Wes nouvelles conquêtes aux Hioung non. Ceux du midi recommencèrent, Tan
, leurs courses en Chine. Leurs compatriotes septentrionaux , toujours
portés au brigandage, ne purent voir sans envie leur immense butin, et , pour
y aVoir part, ils rompirent les traités avec les Chinois , et se mirent en course.
Ils entrèrent dans le pays entouré par le coude le plus septentrional du
fleuve Jaune , où ils firent de grands ravages, mettant tout à feu et à sang :
de sorte qu'on fut obligé de fermer les portes de la plupart des villes. En
même temps ils envoyaient des ambassadeurs à la cour chinoise pour payer le
tribut ou hii faire des présents.
L empereur AI n<^ (t, fatigué de tous ces désordres, leva, l'an 73, des armée-s
considérables, qu'il tit marcher vers la frontière occidentale pour pénétrer
dans le pays des Hioung nou. Un conseil de guerre, composé de généraux ex-
périmentés et qui connaissaient parfaitement le^ localités dans lesquelles on se
disposait à pénétrer , proposa , comme le seul moyen de briser la puis-
sance, de Tennemi , le rétablissement du système politique introduit par les
précédents empereurs dans les pays occidentaux. Il fut aussi arrêté qu'une ar-
mée chinoise devrait entrer dans le pays des Ou kouan pour menacer les
Hioung nou du côté de l'orient , tandis qu'une autre s'emparerait du pays et de
la capitale des Ouigours supérieurs, qui se trouvait k peu près au même endroit
que la ville de Khamit ou I/ami de nos jours. Une fois établis dans ces con-
trées, les Chinois avaient la facilité d'envoyer des troupes dans le pays des
Ou 8un, et dans les autres royaumes occidentaux. Ces projets furent mis à
exécution Tannée suivante avec un succès qu'on doit principalement attri-
bueï* aux talents militaires de Pan tchao , un des plus grands capitaines que
la Chine ait produits. Aussi bon général quliabile négociateur, ce grand
homme ramena , par un coup hardi , le roi de Chen chen à Talhance des Chi~
nois. Ce début, dans une carrière difficile, satisfit beaucoup l'empereiu*, qui
chargea Pan tchao de pénétrer dans Foccident aussi avant que possible pour
obtenir le même résultat sur les autres petits royaumes. Le roi de Ya thian
( ou de Khotan ) suivit bientôt l'exemple de celui de Chen chen. Le roi de
Khouei thsu (qui est Kotttché de nos jours), redevable de sa couronne aux
Hioung nou du nord, ne voulut pas se reconnaître tributaire de l'empire,
9
72 de J.-C.
Expcriiliioti
occidentale.
Wtn tchao.
j6 de J.-C.
Tclian^ li.
66 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
Persuadé qu'ils le soutiendraient , il leva des troupes, s'empara du royau
de Chou ie ou Kackgkar, dont il fit mourir le roi , et en mit un autre à sa place.
Pan tchaoj instruit de cet événement , envoya à Kachghar un de ses capitaines,
accompagné de peu de monde, se saisit de la personne du nouveau roi , et le
remplaça par un autre dévoué aux intérêts de la Chine. Après ces succès dans
louest , on s occupa sérieusement de la soumission des deux royaumes des
Ouigours , qui furent bientôt conquis, et dans lesquels on établit des campe-
ments militaires , dont les commandants étaient chargés de surveiller la con-
duite politique des habitants. Les liioung nou échouèrent chaque fois qu'ils
tentèrent de reprendre le pays des Ouigours , ainsi que les autres contrées oc-
cidentales. Aussi, en l'an 76, toutes celles situées au midi des montagnes cé-
lestes reconnurent la suprématie chinoise, à Texception de celles de Yan khi
et de Khouei thsu.
L'empereur Tchang ti, qui venait de monter sur le trône, crut toutes ces
conquêtes peu utiles à la prospérité de ses sujets, et rappela Pan tckao. Ce gé-
néral, qui avait si bien réussi dans ses expéditions lointaines, les voyait
Système (ëdératif abandonner avec regret , étant persuadé que le système fédératif de VAsi^
centrale pouvait seul tenir les Hioung nou en respect. Il fit donc parvenir
à lempereiu" un placet , démontrant la nécessité de conserver les con-
quêtes occidentales, et exposant en même temps le moyen de réduire, avec les
forces seides des royaumes tributaires , les peuples qui refuseraient de se
soumettre à la Chine, sans que celle-ci eut besoin d'y fournir des troupes et
des munitions. L'empereur, ne pouvant résister aux bonnes raisons de son gé-
néral , lui donna plein pouvoir d'agir.
L'an 80 de Jésus-Christ, Pan tckao partit de la cour, se porta vers l'occident,
et reprit le royaume de Kachghar , qui, par une révolution intérieure , avait
été détaché de l'alliance cliînoise. Après ce premier succès, il se renforça de
vingt mille hommes, tirés du pays des Ou sun , pour aller attaquer à force
ouverte le royaimie de Khouei thut. Cette guerre ne fut pas aussi facile à ter-
miner que les précédentes. Dejmis que Pan tchao avait pénétré dans les pays
occidentaux, il n'était encore parvenu à i^endre tributaires de la Chine que
huit de ces royaumes. C'est pourquoi il résolut, Tan 94 , de déployer une plus
grande force militaire. Il assembla les troupes de ces huit royaumes, et, avec
4
l'Asie centrale.
Ko Hc J.-C.
I
I
JUSQU'A LA DIVISION DE L'EMPIRE. 6^
leur secours , il passa les montagnes neigeuses de Thsoung ling pour attaquer
le roi de Yue tcki^ qu'il fît rrtoO^ir. Celui de Khouei thsu, s'il u'éprouva le même
sort, fut du moins réduit comme les autres. La défaite totale des Hioung non
du tmrd , effectuée par le général chinois Teou fitan , et là soumission entière
de ce que nous appelons la petite Boukharie, permirent k Pan tchao de pousser
ses conquêtes jusqu'à la mer Caspienne. ïl soumit plus de cinquante royaumes,
dont il envoya les héritiers présomptifs à la cour de Tempereur, pour y rester
en otage et demeurer garants de la fidélité de leurs compatriotes. Il (102 loadtJ-C
1 T/ .rri • ^ • • . ■ .1» 1^ - . Projet d'allaqucr
de Jésus -Christ ) nourrissait même le projet d entamer 1 empire romain, rcmpire roin;.îu.
mais le général à qui il avait confié cette expédition se laissa décourager par les
Persans, qui lui représentèrent son entreprise comme très longue et périlleuse,
et il revint sur ses pas. Après avoir soumis l'occident et consolidé la puissance
chinoise , Pan icfiao désira finir ses jours dans sa patrie et au sein de sa famille; il
demnnda donc son rappel. Après l'avoir ohtenu, il se retira en donnant de sages
conseils k son successeur pour le commandement des troupes stationnées dans
la petite Boukharie. Malheureusement ces conseils ne furent pas suivis; les
Hioung nou septentrionaux, quoique repoussés fort loin au nord-ouest, repa-
rurent et dévastèrent les royaumes alliés. La Chine se vit obligée de renforcer
les garnisons mises dans les différentes villes de la petite Boukharie , qu'on
avait eu le projet d abandonner tout-à-fait. Le fils de Pan tchao rétablit, en
i24t la suprématie chinoise dans Toccident. Il demeura plusieurs années dans i^ticJ^-C.
ces contrées. La défaite des Ouigour$ ultérieurs, la déroute d'un chef des Hioung
nou et du roi de Y an khi, le seul qui ne se fiit pas soumis aux Chinois, fu-
rent les fruits de son expédition. Cependant le général étant à peine de retour,
les Hioung nou reparurent aux environs de Khamit. Les Ouigours ultérieurs
étaient demeurés fidèles à ce peuple , et avaient fait avec lui des incursions
en Chine. La discorde les désunit en i54 de notre ère; les Ouigours attaqué- n4iirj j.-c.
rent leurs anciens alliés et les vainquirent. Depuis ce temps il est rarement
question dans l'histoire chinoise des Hioung nou septentrionaux. Il paraît qu'ils
se sont toujours plus rapprochés de Toccident, vers les monts Durais et
la mer Caspienne. •
Bans le centre de TAsie, la puissance chinoise s'est maintenue pendant le
règne de la dynastie Ilan , c'est-à-dire jusqu'au commencement du troisième ^
L
es ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
siècle de notre ère. Après cette époque, la Chine fut trop occupée des trou-
bles intérieurs et des guerres civiles pour conserver ses conquêtes lointaines.
Néanmoins la dynastie de Goei , qui régnait alors dans la partie septentrionale
de ce pays , entretint des liaisons politiques avec la petite Boukharie , et les
empereurs de cette dynastie furent de temps en temps salués par les ambas-
sades de plusieurs des petits royaumes situés au midi des montagnes célestes.
Kelauons pgj, j^g proÊ^rés de leurs armes et les liaisons politiques qu'ils entretenaient
politiques r & . .
iivec ks Romains, avec les princes de TAsie centrale, les Chinois ont du nécessairement acquérir
des notions sur les pays occidentaux , tels que la Perse , Tlnde et TEurope. Le
commerce de la soie, marchandise si recherchée par les Romains, se faisait
par rintermédiaire des peuples qui avoisinent la mer Caspienne, et principale-
ment par les Asioii Parthes. Ce même commerce avait fait connaître les Chinois
ou Sèrcfi aux Romains , qui les croyaient les plus justes des hommes , tant la
considération dont ce peuple jouissait chez ses voisins était grande. Les Chinois,
de leur côté , avaient aussi reçu des notions vagues sur l'empire romain , situé
au-delà de la mer occidentale ou Caspienne. Le récit que leur firent les Parthes
et les Persans des merveilles de ce pays éloigné, et de son immense capitale , de
la puissance de ses princes, de Tintelligence et de la droiture de ses habitants,
les étonna d autant plus que jusqu'alors ils n'avaient rencontré dans leurs ex-
péditions lointaines que des peuples moins civilisés qu'eux-mêmes. C'est par
cette raison qu'ils donnèrent à Tempire romain le nom de Ta tksin ou de la
Grande Chine. Tout ce qui se trouve de précieux et d'admirable dans les autres
royaumes étrangers, disent les auteurs chinois, vient de ce pays. On y bat de la
monnaie d'or et d'argent ; dix pièces d argent valent une d'or. Les négociants de
Ta thsin trafiquent par mer avec la Perse et l'Inde. Ils gagnent dans ce commerce
dix pour un. Us sont simples et droits, et n'ont pas deux prix pour leurs mar-
chandises. Les grains se vendent chez eux à bas prix, et il y a d^immenses
capitaux en circulation. Lorsque des ambassadeurs viennent aux frontières de
l'empire, on leur fournit des voitures pour se rendre dans la capitale; dès qu'il»
y sont arrivés, on leur donne un certain nombre de pièces d'or suffisant pour
leur dépense.
Les empereurs romains avaient toujours eu le désir de communiquer avec les
Chinois; mais les Parthes, qui gagnaient considérablement par le commerce de
4
Ta thsin ,
nom chinois
cfe
IVmpiie l'omaio.
(
I
JUSQU'A LA DIVISION DE L'EMPIRE. 6q
soieries qu'ils transportaient, leur fermèrent soigneusement le chemin de ta
Chine, et les empêchèrent d'y pénétier. Ce ne fut que l'an 166 de Jésus-Christ
qu'une ambassade envoyée par An îun (Antonin), roi de Ta thsin, vint à la
cour de Bouon ti , de la dynastie des Han. EDe avait fait le voyage par mer, et
arriva par le Jy nan , qui est le royaume de Tonquin de nos jours. Le tribut
qu'elle apporta (car les Chinois regardent tous les présents offerts à l'empe-
reur comme une chose due ) n'était pas très précieux , et ne consistait qu'en
des cornes de rhinocéros, des dents d'éléphant et écailles de tortue. On crut
alors que les ambassadeurs avaient soustrait les objets les plus rares. Il n'est pas
douteux que le roi ^n tun, mentionné dans ce récit , ne soit l'empereur Marc-
AurhU, l'un à-^^ Antonins , qui régna depuis 161 jusqu'en 180 de Jésus-Christ ,
et il parait que l'ambassade envoyée en Chine partit en i65. Les conquêtes
faites par Trajan , qui pénétra jusqu'au golfe Persique, quoique abandonnées
par Adrien, ont nécessairement agrandi la sphère des relations mercantiles et
maritimes des Romains , et ces relations se sont maintenues long-temps après.
On ne peut pas dire précisément combien de temps ces relations entre les
deux plus puissants empires de l'antiquité ont duré , mais il est probable qu'elles
continuèrent pendant tout le règne de la dynastie des Han , et jusqu'au com-
mencement du troisième siècle. I^s expéditions maritimes pour la Chine par-
taient des ports de l'Egypte et du golfe Persique, pour se rendre, à travers les
mers de l'Inde, à Canton, ou tout autre port de la Chine méridionale. C'est à
ces expéditions que Ptolémée devait les renseignements précieux qu'il nous a
laissés sur ces contrées de l'Asie. Les troubles et le partage de l'empire chinois ,
qui succédèrent à la dynastie des Han, n'ont probablement pas empêché ce
commerce des Romains, qui alors se devait faire dans les états du roi d'0«,
situés dans le sud de la Chine. Quoique les données positives sur cet objet nous
manquent, il n'y a aucune raison de douter de la continuation de ces relations,
car partout le commerce suit la route une fois frayée, si de grands événements
politiques ne l'ont pas interceptée pour une longue suite d'années.
Il faut observer que les Parthes ne vendaient pas la soieécrue aux Romains,
mais des tissus de cette matière fabriqués par eux-mêmes. Les historiens chinois
nous apprennent la cause principale pour laquelle les Asi s'opposèrent à toute
communication directe entre Rome et la Chine ; c'était parcequ'ils ne savaient
Arii)iH55ad(
d'Anloniu.
i6fide J.-C.
lO
ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
Atiihi^ssade
de Théodore,
frère d'Hëracllus.
pas aussi bien travailler les étoffes que les Roraaios, et qu*ils craignaient de perdre
le profit de la fabrication sur la soie chinoise. Les Ta thsin, ajoutent-ils,
désiraient Ijeaucoup pouvoir acheter chez nous la matière première, car ils
sont très habiles à la travailler ; leur teinture est meilleure, et leurs couleurs sont
plus vives et plus brillantes. Us préfèrent donc de tirer la soie écnie de la Chine
même, pour en faire des étoffes à leur manière, que d acheter des soieries faites
chez les Parthes et d autres peuples voisins de la mer Caspienne.
L'empire romain , avant de porter chez les Chinois le nom de Ta tfuin , leur
avait été connu sous celui de Li kian , qu il garda encore long-temps après. \}ne
nouvelle ambassade de ce pays vint en Chine dans Tan 284 de Jésus-Christ.
Sous la dynastie des Thang , Ta thsin était connu sous le nom de Fou lin. Po
to lie, roi de ce pays, envoya des présents à rcmperenr. Il s'agit ici sans doute
de Théodore (1), frère d'Héraclius, qui combattit contre les Aiabes. Son ambas-
sade en Chine avait vraisemblablement pour btït d'obtenir du secours contre les
mahométans, qui dévastèrent la Perse, occupèrent la Syrie et menacèrent l'Egypte^
mais il ne paraît pas qu'elle ait obtenu ce qu'elle demandait. D'autres ambas-
sades romaines arrivèrent en 642, 719 et 74^; la dernière avait à sa tête un
Ambassade prêtre, qui portait le titre de Moine de la grande vertu. Sous la dynastie de
Miciiacl Dwcas. Soung , en 1081, il en vint une autre, expédiée par Mi kia i iing Kai sa (a).
c*est-à-dire Mickaei Caesar, empereur de Constantinople. Ceci doit être Michael
Ducas, qui avait été détrôné en 1078, mais dont les envoyés avaient pu demeu-
rer aussi long-temps en route. Les puissants empires fondés par les musulmans
dans l'Asie occidentale, la décadence de celui de Bysance , et la culture des
vers à soie (3) répandue dans le midi tle l'Europe, sont les causes qtû ont inter-
(1) Il l'aiil lemarqHcr que le 5 grec se prononce sourent comme Ph, Les RuMes, par exem-
ple, disent toujours Phéodor^om Théodor, et alors ce dernier mot resseiulile assez au Po to lie
des Chinois, qui remplacent le r par un /.
(a) Dans l'origioaJ chinob que faî %^^yx^ les jeux, on Ut, à la vérité, dans le uotu «Iv cet
«■mpereur, /* (n* 8G5 du Dictionnaire chinois imprimé à Paris ) po«r kia { n" 868). Celte diOë-
rcnce provient de ce qu'on a oublié d^apposer le signe de la boitche k la droite du caractère /»,
qui par celte addition reçoit In prononciation de kia,
(5) C'était en 5âo que Tempereur Justinien envoya deux moines en Sériqtie , d^où ils rap^
portèrent des graines de ver à soie , qu'ils firent éclore en Europe.
JUSQU'A LA DIVISION DE L'EMPIRE,
rompu les liaisons existantes entre l'Occident et la Chine. Le commerce avec cet
empila ne fut rétabli que plusieurs années après que l'intrépide Vasco de Gama
eut doublé le cap de Bonne-Espérance.
Dans le second siècle de notre ère , la Chine était souvent livrée à des
troubles causés par les intrigues du palais. Ces intrigues étaient tramées ou par
les familles qui cherchaient à s'approprier tous les honneurs , ou par les eunu-
ques , dont Tinfluence s'était beaucoup accrue; sans cesse ils travaillaient k
donner toutes les charges à leurs parents et à leurs créatures , dans le but de
conserver un pouvoir sans bornes, que la faiblesse des empereurs leur avait per-
mis d'usurper, I^s lettrés, qui de tout temps ont été chargés en Chine du gou-
vernement et de ses dépendances, s'élevèrent en vain contre ces abus, et princi-
palement contre le pouvoir avilissant des eunuques. Ces derniers, pour mettre
fin à toutes les plaintes adressées par leurs adversaires à l'empereur Ling ti ,
accusèrent, en i6g de notre ère, les savants de conspirer contre le trône, et
d'avoir formé des sociétés secrètes dans le but de renverser Tautorité impériale.
Ce prince, faible d'esprit, malgré le nom d'empereur spirituel qu'il portait, se
persuada facilement de l'existence de semblables complots; et, voyani dans
chaque lettré un conspirateur, il se laissa arracher un ordre par lequel ils furent
baimis de la cour, et les principaux d'entre eux arrêtés et jetés dans les cachots
comme criminels d'état.
L'empire, gémissant sous la tyrannie des eunuques, fut encore, en 173, af-
fligé par des maladies contagieuses qui s'étendaient de plus en plus, et faisaient
d'affreux ravages dans toutes les provinces. Cette épidémie paraît avoir été une
véritable peste ; elle continua ses ravages pendant onze ans. Enfin , un certain
Tchang kio , qui avait fait luie étude particulière des livres de Tao szu (1) , pré-
tendit avoir trouvé un remède infaillible contre la contagion. Ce remède consistai!
à boire de l'eau sur laquelle il prononçait des paroles mystérieuses. Comme cette
cure était prompte, elle lui fit bientôt une grande réputation, et il eut une multi-
tude de disciples qui obtinrent un succès égal à celui de leur maître. Les malades
(i) Le» Tao szu, ou les docteur» de la raison, sont les sectateurs d'une des troîs grande»
croyances qui se divisent la Chine. Lao tsu , qui florissail au commencement du sixième siècle
iiTont notre ère , est ïeur fondateur ; ils adorenl la suprême intelligence y el ne suivent ni les pré-
ceptes de Confucius ni ceux de lo religion de Bouddha.
Eimuqu)^!* ,
Liug ti.
i6û de J.-C.
Sociétés secrètes.
Pe,tc
«•n 1-5 de J,-<;.
iH4 dn J.-C.
Empiriques
qui deviennent
rebeiles.
7» ÉVÉNEMENTS DE iLA CHINE
entre leurs mains recouvraient proniptenient la santé, ce qui engagea Tchang kio
iraugnien ter encore le nombre de ses disciples. Il les organisa en un corps régulier,
leur donna des chefs afin de les maintenir dans le respect et dans l'obéissance,
et nomma ses deux frères inspecteurs-généraux. Cet empirique devint bientôt
|p chef d'un parti puissant. Par ses émissaires, il répandit que le ciel bleu (la
dynastie des Han) était fini, et que le ciel Jaune devait prendre sa place. Voyant
que plusieurs districts de la Chine orientale lui étaient extrêmement dévoués, il
portait ses vues vers le trône, et cherchait à gagner le cœur du peuple. Pour parve-
nir plus siVenient à son but principal, il tâcha, par des émissaires, de se faire des
amis à la cour ; mais ces manoeuvres furent découvertes, et Ton exécuta im grand
nombre de coupables, Tchang kio sentit qu'une résolution hardie pouvait seule le
sauver. Il rassembla avec une vitesse incroyable une multitude de soldats auxquels
"Bonnets jaunes, il fit prendre des bonnets jaunes, et bientôt son armée s'éleva à 5oo,ooo combat-
tants. Il la divisa en trois corps, qui mirent l'empire à feu et à sang, et battirent à
plusieurs reprises les troupes impériales ; à la fin cependant ils furent dissipés.
Cette guerre civile donna occasion à Thiao thsao de déployer ses grands
talents politiques et militaires. Après la mort de Ling ti, arrivée en 189, Youan
ichao, chef militaire, pour venger la mort de son général, assassiné par les
eunuques y prit le palais impérial d'assaut, fit main basse sur tous les eunuques,
et intronisa le successeur présomptif. Celui-ci, tombé après entre les mains de
Toung icko ^ fut ramené à Lo yang, déposé et mis k mort. Son frère fut élevé au
trône à sa place, et adopta, comme empereur, le nom de Hian ti. Toung tcho
s'était fait proclamer gouverneur de r empire ; mais, craignant Youan tchao et
Thsao thsao , il s'efforça de se les attacher en nommant le premier gouverneur
d'une province éloignée, et le second général de la cavalerie. L'entreprenant
Thsao thsao n'accepta pas ce commandement; il vendit ses terres pour enrôler
des troupes; il forma un corps de 5ooo hommes, et trouva bientôt d'autres chek
qui firent cause commune avec lui. On leva subitement de tous côtés l'étendard
contre Toung tcho; celui-ci, ne se croyant pas en sûreté à Loyang, transporta
la cour à Tchong ngan, ancienne capitale des Han, à laquelle il fit conduire
lempereur et tous les habitants. Lo yang et tous les villages voisins furent livrés
aux flammes. Pendant phisieurs années la guerre civile ravagea la Chine. Tchouns,
tcho fut assassiné en l'an 192 de Jésus-Christ A la même époque, les bonnets
Thsao tbsau.
i89de J.-C.
Hian ti.
19^ (te J..C.
JUSQU'A Là DIVISION DE L'EMPIRE. 73
jaunes » riu ou croyait dissipés depuis long-teraps, recommencèrent à se montrer
dans la province actuelle deChan toang Tkuw tlisao se mit eu campagne contre
eux , et les dispersa ; quelque temps après il les attaqua de nouveau, lés battit , et
les força à metlre bas les armes. Lii plus grande partie d'entre eux se .donnèrent
à lui , et il se trouva par ce moyen à la tète de plus de 1 5o,ooo hommes. Avec cette
armée, il se rendit maître d'un assez vaste territoire, et parvint à battre plu-
sieurs autres chefs de parti ; mais la défection d'un de ses généraux le mit dans
un danger qui s'accrut encore par plusieurs défaites, et par une famine qui
dévasta le pays. Son génie et ses grandes qualités militaires le sauvèrent
de ce péril. Ne pouvant pas vaincre les ennemis qu'il avait en face, il se mit
à faire des conquêtes d'un autre côté, où il était sur du succès, malgré le
peu de troupes qui lui restait. Il parvint ainsi à se rendre si puissant , qu'il se
vit bientôt en état de tirer l'empereur de la servitude dans laquelle le rete-
naient quelques grands de la cour. Ayant réussi à le délivrer, il se fit nom-
mer son premier ministre, et commandant-général de toutes les forces de
l'empire. Quoique occupé dans ce poste élevé à faire oublier les malheurs de
la guerre civile, et à rendre la paix et la tranquillité à la Chine , il ne négligea
cependant pas ses propres intérêts, et se fit un grand nombre de créatures, en
plaçant tous ceux qui lui étaient entièrement dévoués, et en destituant cmxx
dont il suspectait les dispositions. S'il ne fut pas assez hardi pour se faire pro-
clamer empereur, il se donna tous les honneurs et toute la puissance de la
dignité suprême, et sut maintenir son crédit jusqu'en 220, époque de sa mort.
Tksao thsao avait un talent particulier poOr connaître les hommes, et les
employer selon leur mérite. Cette connaissance fut la principale cause des grands
succès qu'il obtint dans presque toutes ses entreprises ; lorsqu'il reconnaissait de
rhabileté à quelqu'un, il le cultivait avec soin, quelle que fut sa naissance.
Il usait de tant de précautions dans ses expéditions, qu'il était très difficile
de le surprendre. En présence de l'ennemi, et dans le plus fort du combat, il
conservait un rare sang-froid , et ne laissait jamais apercevoir la moindre itiquié-
tude. Libéral à l'excès quand il s'agissait de récompenser une belle action, il
était inflexible à l'égard des gens sans mérite , et ne leur accordait jamais rien. Ne
condamnant personne sans de puissants motifs, il était inflexible dans l'exécution
de ses ordres, que ni la recommandation ni la compassion ne pouvaient faire
10
i94dcJ.-C.
Murt
de Tiisao tdsa»
en atïo de J.-C-
Thsao |>(iii
l'ondRleur
lie la djnaslitf
des Goei.
74 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE.
révoquer. Ces qualités Tavaient élevé à un si haut degré de puissance , qii*il
était presque devenu le maître de l'empire. (
Son fils Thao phi, plus ambitieux que lui, se garda bien de refuser la cou-
ronne que l'empereur Hian ii lui ofïrit. H la reçut publiquement, et donna à sa
nouvelle d)iiastie le nom de Goei, Ainsi linil la famille des Han , qui, pendant
plus de quatre siècles, avaient possédé le trône, et illustré la Chine par le ré-
tablissement des lettres et par lextensiou qu'ils donnèrent à l'empire en re-
culant ses frontières occidentales presque jusqu'à la mer Caspienne.
Partage Les Goei ne possédaient cependant que la moitié septentrionale de la Chine,
en trois rojaumes. limitée au sud par la chaîne de montagnes Pe Hng et le grand fleuve Kiang.
Le raidi de ce pays était divisé entre les dynasties des Chou han et Ou.
Chou han. Ueou pet, un compétiteur de Thao thiao, était de la famille des Han. Quand
la paix fut rétablie dans l'empire, il fut nommé prince de Han Iclioung dans
le Chen sL II s'y était formé une armée sur laquelle il pouvait compter, et se
tint prêt à tout événement. I^orsqu'il re^^ut la nouvelle que Hian ti avait été
détrôné par Thsao phi , il se fit proclamer empereur et fixa sa résidence à
y tcheou 3 dans le pays de Chou , qui est la partie occidentale du Szu tcUwuan
de nos jours. C'est pour cette raison qu on a donné à sa dynastie le nora de
Chou han ou Han de Chou.
An aa6 de J-C. Un troisième chef très puissant , nommé Suri khiuan, se trouva alors en pos-
session du reste de la Chine méridionale, situé au sud de Kiang. Au commen-
cement de la guerre que les Goei firent aux Chou han , il prit le parti de ces
derniers ; mais s'étant ensuite brouillé avec eux , il passa du côté des Goei et se
soumit à leur puissance. Ils lui conférèrent le titre de roi d'Où , qui ne satisfit
pas son ambition , et après la mort de Tluao phi ou fVen ti, arrivée en 226, il
se revêtit de la dignité impériale.
La Chine se trouva donc divisée en trois royaumes. L'histoire donne le pre-
mier rang au plus petit , à celui des Chou han, parceque son fondateur était
du sang impérial des Han.
I
»%«^ «*«&'%.'«.
ÉVÉNEMENTS
DE LA CORÉE,
jusqu'à la fin du N£UV1ÊM£ SIECLE
APRES JBSUS-CHRIST,
La grande presqu'île de Corée , située entre la Chine et le Japon , et au sud tle
la longue Montagne /ï/rtJic/rc^ est habitée par les descendants d'une nation autrefois
très puissante dans l'Asie moyenne, mais dont les restes onl totalement disparu de
riiistoire. Cette nation, qui avait sa langue particulière, portait chez les Chinois le
nom de Sian pi. Les Japonais Tont conservé aux Coréens de nos jours, mais ils les
appellent aussi Kirin. Les Sian pi avaient anciennement pour patrie les mon-
tagnes situées au nord-est de Péking, au pied desqiielles la tribu mongole
de Kàratsin fait actuellement paître ses troupeaux. Kirin ou Ghirin est en-
core aujourd'hui le nom de la partie supérieure de la rivière Sounggari ,
qu'elle porte jusqu'à sa réunion avec le JSon. Les Sian pi et anciens Coréens
habitaient sur ses bords.
La moitié méridionale de la Corée était autrefois habitée par un peuple ap-
pelé Han , qui se divisait en trois tribus, nommées Ma han , Pian han , et
Chin han y qu'on désignait du nom collectif San han, ou les trois Han, Jl
paraît que leur langue différait de celle des Coréens du nord , et qu'elle se
rapprochait davantage de celle des Japonais , auxquels les Han ressemblaient
aussi par leur manière de vivre , leurs mœurs et leur habillement. Au nord des
Chin han, et sur le bord de la mer du Japon , se trouvait la nation des Goei me;
plus, au nord, sur la même cote, jusqu'au fleuve Toumen, celle de Wou tsiu. I>e
pays situé autour du Ya tou et le Toumen supérieur portait le nom de Fou
yu ; et le nord-ouest de la Corée , y compris la partie la plus occidentale du
Liao toung, était le Tohao sian proprement dit. D'après l'histoire chinoise,
À
76 ÉVÉNEMENTS DE LA CORÉE
Ki tsu. Ki tsu, parent du dernier empereur de la dynastie Chang, avait été renfermé
dans une prison par ce prince, dont il n'approuvait pas la conduite. fF'ou
Wang, qui avait usurpé le trône desCAan^^ et qui connaissait le mérite de
Ki tsu, voulut remployer et s'en faire un premier ministre; mais oeltii-ci loi
répondit avec courage qu'ayant jusque là servi la dynaiAle des Ckmng , de qui
sa famille avait reçu tout son lustre, il ne passerait jamais au eervioe de
celui qui l'avait détruite, malgré ses grandes qualités. Wou wang , loio de
désapprouver ces sentiments généreux, crut lui devoir une grande ÛLveur,
iiaaav. J.-G. et le créa roi de Tehao $ian ou de Corée, ce qui eut lieu en usa avant
Jésus-Christ. Ki tsu se transporta dans ce pays, donna des lois k ses nou-
veaux sujets , et les poliça. Ses successeurs y ont régné jusqu'au quatrième
siècle avant notre ère , dans le nord-ouest de la Corée ; leurs noms et leurs ac-
tions sont restés inconnus. A cette époque ib furent soumis aux petits rois
de Yûn. Pendant que Thsin ehi houang ti était maître de la Chine, le roi de
Tehao sian s'appelait Feou. Après la destruction de la dynastie des TAsin, un
grand nombre de Chinois, pour échapper aux troubles qui agitaient leur pa-
110 av. J.-C. trie , se retirèrent en Corée , et se dispersèrent dans ce pays. JEn 1 10 avant Jé-
sus-Christ, fFou tiy empereur de la Chine , envoya une grande armée contre
la Corée , la soumit et en fit alors une province chinoise. Cependant il semble
qu'il ne s'agit pas ici de toute l'étendue de ce pays, mais seulement de la
moitié septentrionale , qui ne resta pas long-temps sous la domination chi-
noise.
Rois de Kao li. L'an 58 avant notre ère , un homme d'une naissance merveilleuse, originaire
Oo av. <la«C^.
du pays de Fou yu, s'avança vers le sud et devint roi du nord-ouest de la
Corée ou de l'ancien Tehao $ian , à laquelle il donna le nom de Km kiu U oa
de Emo U (en japonais Koma et Koukouri). Sa dynastie a subsisté dans ce pays
jusqu'en 668 de Jésus-Christ, époque à laquelle le dernier de ses rois, qui
s'était soumis aux Chinois, ait détrôné par eux et conduit en Chine; Alors le
pays devint une province de cet empire, gouvernée par des vice-rois.
'^8***'*'jtr*' ^^" ^^ temps avant la fondation du royaume de Kao U, ou l'an i8 avant
Jésu&dhrist, il s'était formé dans le sud-ouest de la Corée, et dans l'ancien pays
des Pian han et des Ma han un autre état nommé Pe tsi ( en, japonais JTm»-
tara), dont les rois tiraient aussi leur origine du pays de Fouyu, Les rois de
JLSQU^4 LA FIN DU NEUVIÈME SIECLE APRES J.-C. 77
ce pays, qui pendant quelque temps avaient été tiés puissants, furent forcés
de se soumettre en 660 à la dynastie chinoise des Thang.
Un troisième royaume, situé dans la partie du nord-est de la presqu'île et dans R'o»:» de Sin lo.
5*7 a V T -C
l'ancien pays des Chin han , fut celui de Sin io (en japonais Siraki). Il e^t plus
ancien que les précédents , car il fut fondé Tan 57 avant notre ère , par un
prince venu par mer du pays des Ma hau. Au milieu du troisième siècle après
Jésus-Christ ce royaume fut soumis par les Japonais , dont i! avait déjà été
tributaire ; ils étendirent ensuite leurs conquêtes sur d'autres partiels de la Co-
rée. Une reine de Sin h attaqua, vers Tan 643, les Pe tsi et les Kao U, fît
une alliance avec les Chinois, et remporta de grandes victoires. La dynastie
de ces rois finit en 934.
Les Coréens , anciennement civilisés par les Chinois , avaient adopté l'écri-
ture de ce peuple , quoique peu propre à être adaptée à lem* langue. Ce ne
fut qu'en 574 de notre ère qu'on inventa, dans le royaimie de Pe tsi , un syl-
labaire qui servait à exprimer les sons de la langue du pays. La religion de
Bouddha, ou de Foe , fut introduite dans le Kao ii en 372; en 364 ^ï^^ fut
portée dans le Pe Lu par un bonze étranger, nommé Mo io na ye , et ce ne
fut qu'en 528 qu'un autre bonze, nommé Me ho tsu, qui était venu du Kao Ji ,
l'introduisit chez les Sin io.
Ecriture
particuliéi-e^
.174 av. J.-C
Bouddhisme
Jutroditit.
37a RV. J.-C.
ÉVÉNEMENTS
DU JAPON,
JUfiQtTBlf 399 DE iBSUS-CURIST.
S. L'archipel qui forme le rojaume du Japon est habité par un peuple don r
ht figure et Texlérieur ressemblent beaucoup -a ceux des Chinois, mais qui
rst d'ime origine différente , puisque le fond de sa langue n'a rien de com-
mun avec le chinois. L'ancienne histoire de ce pays est enveloppée de fables,
d'après lesquelles des dynasties de dieux et de demi-dieux y ont régné pen-
dant des miUions d'années.
Sm bon. L'histoire .véritable du Japon ne commence qu'en 660 avant notre ère, avec
f-60 av. J.~C.
piomier Dsiril Sitt bou OU Sin ttiou ( Ic guerrier divin ) , qui est regardé comme le fondateur
de la monarchie- De lui descend la famille des Dàiri, que nous sommes ac-
coutumés d'appeler empereurs ecclésiastiques. Son nom indique un conquérant
étranger. Il civilisa les barbares d'Akitsau no sima ; c'était l'ancien nom du
Japon, qui signifie île de la demoiselle , et que ses habitants lui ont donné
parcequ'ils trouvent une ressemblance entre la forme de cet insecte et celle
de leur pays. Sin mou et ses trois frères, qui a vident régné avant lui, étaient
vraisemblablement d'origine chinoise. Leur famille sortit peut-être de la Chine
pendant les troubles qui agitèrent ce pays sous la dynastie des Tckeou , et
se réfugia dans un autre pays plus oriental , d'où elle arriva ensuite au Japon,
Cette conjecture paraît d'autant pins fondée, que les Japonais ne savent rien
des événements qui , dans leur patrie, ont précédé Tarrivée de Sin mou, et qu'ils
remplissent le vide qui existe dans leurs chroniques entre lui et la dynastie
fabuleuse des demt-dieux par les noms des premiers empereurs de ia Chine.
Ceux des anciens Dairi sont aussi Chinois, et non pas Japonais, comme cela
aurait dû être si leur famille avait été indigène.
ÉVÉNEMENTS DU JAPON. 79
Après la première colonie chinoise venue au Japon sous la conduite du
guerrier divin , plusieurs autres y sont arrivées, et nommément une expé-
dition composée de trois cents couples de jeunes gens , envoyés par Thsin
chi houang ti j à travers la mer Orientale, pour chercher le remède qui pro-
cure l'immortalité. Elle aborda au Japon en 209 avant notre ère, et s*y fixa
pour ne plus retourner en Chine. L'ancien mélange des habitants du Japon
avec les Chinois se manifeste aussi par une civilisation tout-à-fait semblable,
et principalement par la multitude de mots chinois introduits dans la langue
japonaise et défigurés par la prononciation.
Sinmou fixa la durée de l'année, et la divisa d'après les mois et les jours. 11
donna des lois aux tribus sauvages, il introduisit la religion et le culte des ido-
les, Jusqu*au commencement du cinquième siècle après Jésus*Christ rhistoire
du Japon est encore fabuleuse , et donne une trop longue durée aux règnes et à
la vie des Daïri; de sorte que, depuis Tan 660 avant Jésus-Christ jusqu'à 1 an 4oo
après cette époque, ou pendant une suite de 1060 ans, elle ne compte que dix-sept
empereurs y nombre trop peu considérable pour un si grand espace de temps.
I^ Daïri est regardé par ses sujets comme une divinité, et la supersti-
tion lui impose et le force de se conduire en dieu, ce qui parfois ne manqua
pas de le géncr beaucoup. Jamais ses pieds sacrés ne doivent toucher le sol;
au lieu de marcher, il se fait porter par des hommes. L'air extérieur n'est pas
digne de souffler sur son visage , et le soleil ne mérite pas de jeter ses rayons
sur sa sainte personne. Ce serait un sacrilège que de lui couper les cheveux,
la barbe et les ongles pendant qu'il veille; cela ne peut se faire que quand il
dort. Anciennement ces dieux vivants étaient obligés de rester tous les matins
pendant quelques heures , assis sur le trône , immobiles et la couronne sur la
tête. Le peuple y voyait la seule manière de conserver le bonheui' et la paix à
l'empire. Cependant, comme cette tâche était dllïïcile et fatigante pour les
demi-dieux, on se contenta, dans les temps postérieurs, de n'exposer que la
couronne impériale sur le trône, en lui attribuant le même effet pour le repus
du pays. A la mort du Daïri , les ministres choisissent pour son successeur ce-
lui de sa famille qui est l'héritier le plus proche , sans que l'âge ou le sexe
y fassent une différence. Aussi a-t-on vu des enfants et plusieurs femmes ré-
gner sur le Japon , et souvent des impératrices y ont porté le sceptre avec gloire.
Première guerre.
471 av. J.-C.
Révolution
phvsique
a85 av. J.-C.
Singou Kogou ,
premiéi-e
impératrice.
201 av. J.-C.
80 ÉVÉNEMENTS DU JAPON.
Le commencement de lliistoire japonaise est dénué de faits et peu intéres-
sant. La première guerre dont elleÊtit mention a eu iieii en 47» avant Jésus^
Christ , entre les princes de&Yeti et des Go, Un événement naturel remarquab le
arriva sous le septicftte Daïri, en a85 avant Jésus-Christ i c'est un écroulement
volcanique très considérable, qui forma, dans une seule nuit, le grand lac
nommé Mitzou oumi ou Bma no oumi , situé dans la province d'Oomi, et an-
quel nos cartes donnent le nom à^Oïtz.
La première impératrice qui a régné seule sur If Japon est Singou Kogou,
Elle parvint au trône en aoi de notre ère, C*est elle qui, la première, a tenté
une conquête extérieure, celle de la Corée. L'expédition contre ^ pH^ était
commandée par elle-même. Après avoir rendu tributaires lés petits rbyàumes
de Siraki {Sinlo) et de Koutura on Fakkotàai {Pe Ui) , elle panrinlt en s6o
à soumettre ht plus grande partie de la Corée, y tx>mpris les états ées rois
Postes au Japon, de £f rm (Koo /f). L'étsdHissemeiit des relais de poste au Japon Ini doit son
origine ; il eût lieu en 25o de notre ère.
Le fils de cette princesse qui lui succéda est 0min ^ qui, pour sa bravoure,
reçut j après sa mort, le titre divin àe Fatsman, I^es Japonais le regardent
comme le dieu de la guerre. Avec le règne de son fils Nintokou ^ qui fut le
dix-septième Daïri , l'histoire japonaise perd son caractère fabuleux ■ car il est îe
dernier empereur qu'elle fait vivre 170 ans et régner pendant 87, c'est-à-dire
jusqu'en 399.
Oosin.
1
<
*****^^*'<**»»^*-*'»<^i***^«i<»l*»»l»»*»%^<*i<%»%%»»^v>->i»^^^.»^^.>^^^
APERÇU
HISTORIQUE ET ETHNOGRAPHIQUE
DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
jusqu'à l'an lOOO DE NOTRE ÈRE,
Les auteurs grecs et romains ne nous fournissent des renseignements que sur
les événements qui se sont passés dans l'Asie antérieure jusqu'à l'Iiidus et à
rOxus; les révolutions et les changements politiques survenus dans les contrées
situées au-delà de ces deux grands fleuves paraissent leur avoir été inconnus;
du moins nous ne trouvons rien de précis sur l'histoire de l'Asie centrale et
orientale chez les écrivains de l'antiquité qui nous sont parvenus. Les connais-
sauces positives des anciens sur la géographie de l'Asie ne s'étendaient pas au-delà
du Rha ou Wolga, de la mer Caspienne, du cours du laxartes, et de la haute
chaîne de l'Himalaya, appelée par Ptolémée Emodus et Ottorocorras. Toutefois ce
gf*ographe ne manquait pas de renseignements sur les pays plus éloignés , mais
ils n'étaient ni assez complets ni assez exacts pour donner une idée juste de
la conformation de FAsie centrale et de la position respective de ses différentes
parties. C'est cette imperfection des matériaux conservés par Ptolémée qiii a
rendu infructueuse toute tentative pour les mettre en harmonie avec les connais-
sances positives que nous possédons aujourd'hui sur ces contrées.
Ce n'est pas non plus chez les écrivains arabes et persans que nous pouvons es-
pérer de trouver des éclaircissements sur l'état ancien de l'intérieur de l'Asie et de
ses habitants, ces peuples ignorantméme les vicissitudes du sort de leurs proprrs
ancêtres peu de siècles avant la funeste époque de l'établissement et de la propaga-
1 1
82 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
tion de l'islamisme. Les Hindous, abrutis par une croyance qui leur fait envisa-
ger comme impur tout ce qui est étranger à leur pays et à leurs institutions,
n*ont jamais pensé à écrire l'histoire de leurs voisins; ainsi ce n'est pas chez eux
qu'il faut chercher des renseignements sur les événements qui ont eu lieu dans
les contrées situées au nord de l'Himalaya.
L'unique source dans laquelle il soit possible de puiser pour obtenir ces ren-
seignements, est le recueil des annales de la Chine; les habitants de ce vaste em-
pire, en écrivant leur histoire, ont été forcés de donner celles des barbares qui
lavoisinaient au nord et k l'ouest , et qui ne cessaient de faire des invasions sur
leur territoire. Les conquêtes faites à plusieurs reprises par les Chinois dans l'Asie
centrale leur ont procuré la connaissance de ses différentes parties et des peu-
ples qui y demeuraient. Fiadetoitj Gattbii et Deguignei le père ont les premiers
extrait ces faits des livres chinois, mais ils ne se sont pas occupés de classer ethno
gniphiquement les différentes peuplades de l'Asie moyenne, dont ils ont voulu
écrire l'histoire; à la vérité les moyens de travailler à cette classification n'étaient
pas k leur disposition. Ces auteurs manquaient d'une quantité de renseignements
que nous possédons, et qui nous mettent en état de remplir cette lâche, acluelJe-
ment moins difficile, puisque nous connaissons mieux l'état récent de ces régions ,
et que nous avons été à même de fixer la parenté respective de leurs habitants,
pnr Ictude comparative de leurs langues.
Depuis la dynastie des Ilan, les auteurs chinois ont assez exactement tracé
les limites entre les grandes souches des peuples qui vivaient anciennement
dans l'Asie centrale. Ces souches se réduisent à cinq , savoir :
L Nations tolngouses-
II. Nations sian pi.
m. Nations turques.
IV. Nations tudétaines.
V, Nations alano-gotiies, à cheveux blonds et aux yeux bleus.
Les nations d'origine mongole et samoVede, et, plus à l'occident, les peuples hun
niques finnois orientaux , bornaient iiu septentrion ces cinq races, dont les habita-
tions les plus méridionales ne dépassaient pas h frontière de la Sibérie actuelle.
RACE TOUNGOUSE. 83
J'ai tâché de réunir les notions ethnographiques siu' ces cinq races principales
dans un tableau général qu'on trouvera dans Fatlas qui accompagne cel ouvrage.
Je vais donc présenter ici un aperçu des événements occasionés par leiu* extension
et par leurs difïérentes migrations. Comme nous savons fort peu de chose des
mœurs et usages de ces peuples à une époque reculée, il me paraît intéressant
de saisir cette occasion de les faire connaître.
PEUPLES DE RACE TOUNGOUSE (i). •
Aussi long-temps que les peuples toungouses ont mené une vie nomade, sans
former de grands états ou de puissants empires, leurs habitations n ont jamais
dépassé à l'occident la chaîne des monts Khinggan, qui commence au nord-est dt*
de Peking, dans le pays de la tribu mongole de Karatsin, et se chrige au nord Race toungousc.
nord-est vers V Amour ^ en séparant le système des affluents du Non, de celui des
lacs BoyouT et Datai et de la rivière ê^Argoan, La véritable patrie de ces peuples
est Fextréraité orientale de TAsie moyenne, située au nord de la Corée et de la
longue montagne Blanche (Tchhang pe chan, en chinois.) Elle est arrosée par
V Amour, depuis la réunion du Chtlka et de VArgoun, et parle Non^ le Soung-
gari-ouia, VOu&&ouri et le Tchingghiri. La partie méridionale de ce pays était
connue des Chinois dès le temps de Wou ivang et de Tdihing wang , de la dy-
nastie des TcheoUy onze siècles avant notre ère. Les habitants de cette contrée
portaient le nom de Su tckin ou Su ckin , qui, chose étonnante, s'est conservé Su ichin.
pendant 3ooo ans et jusqu'à nos jours; en effet, nous le retrouvons chez les
Chinois vers l'an looo de Jésus-Christ ^ dans la dénomination de Ju tchin ou Ju
(i) Les anciens Chinois appelaient par le nom collectif de Toung hou, ou barbares orien-
taux, toutes les peuplades qui habitaient au nord-est de l*>ur empire ; ils confondaient sous celte
dénomination des nations d'origine différente, en l'appliquant tant mxToungousesqyi'aunSi'anpi.
Il paraît donc peu vraisemblable que le nom de Toungous soit dériré du chinois Toung hou
PaUaa a cru que la nation qui le porte Tarait reçu , pour aa malpropreté, des Mongols, danfi
la langue desquels Toangoas ( i\ ce qu^il croyait) signifiait cochon-, mais ce mol est turc et
non pas mongol. Il 9c pourrait, à la vérité, que les peuples turcs aient donné ce nom aux
Toungouses, parceque plusieurs de leurs tribus nourrissaient un nombre considérable de
cochons; il faut cependant remarquer que plusieurs branches de Toungouses , en Sibérie ,
s'appellent eux-mêmes Donki, ou hommes.
Y lîu ou Y leou.
8/| APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
ché^ dans celle de Giorza de Marc-Pol , dans le Djourdji et Djourdjit des aut
persauset turcs, et dans la dénomination de Dzartchii , donnée encore aujoiinl'ht?
|varlesMongolsauxMandclioux, Les5a(cAmapportèrcnt en Chine desflèches faites
avec le bois d'un arbre nommé hou, et des pointes de flèches en pierre dure. Pen-
tlant mille ans, les relations avec ce peuple furent interrompues; alors leur nom
fut changé en celui de Y lia ou Y leou, sous lequel ils envoyèrent aux em-
pereurs des <?<?«( vers ^65 de Jésus-Christ ) un tribut consistant en flèches,
pointes de flèches en pierre, arcs, cuirasses et peaux de zibelines. Le mont Poa
hian chan bornait au sud leur i>ays, qui se trouvait à miUe li au nord-eslde celui
de FouyUj s'étendait jusqu'à la grande mer (orientale), et confxnait au sud avec
les pyou tsiou, dans le nord-est de la Corée. C'était une contrée si montagneuse
qu'on n'y pouvait aller ni en voiture ni à chevaL I^* chmat > était très-froid. I^s
habitants ressemblaient pour l'extérieur aux Fouyti, mais parlaient uue langue
totalement différente de celle de ce peuple, lis st-maient les cinq sortes de cé-
réales, élevaient des bœufs et des chevaux, et faisaient leurs hiihtts avec la
roile de chanvre. On trouvait chez eux des pierres de yu de couleur rouge et
dexcellentes martres zibelines.
Les Y lia n'avaient ni princes ni chefs; leurs villages, situés clans les forêts et
sur les montagnes, étaient gouvernés par des anciens, ils vivaient dans des cabanes
souterraines; celles tles riches étaient plus profondes que les autres. Ils nourris-
saient beaucoup de cochons, dont ils mangeaient la chair; la peau leur servait à se
faire des habits. En hiver, ils enduisaient leur corps avec de la graisse de ces uni*
maux pour pouvoir mieux endurer le froid; en été ils allaient nus et ne s'envelop-
paientque le milieu du corps avec une pièce de toile qui les couvrait par devant et ^
par derrière. C'était un peuple puant , parcequ'il ne se lavait jamais, et vivait dans
la plus grande saleté. Les Y liu n^avaient pas ifécrittire ; leur parole valait un
contrat. Ils se servaient de paniers pour s'asseoir. Ils foulaient la viande avec les
pieds avant de la manger; si elle était gelée, ils s'asseyaient dessus pour la
faire dégeler. On ne trouvait ni sel ni fer dans leur pays; pour remplacer le pre-
mier ils employaient de la lessive de cendre. Tous se tressaient les cheveux; celui
qui voidait contracter un mariage ornait la tête de celle qui lui plaisait, avec des
phiraes d'oiseaux, et* payait la dot, sans s'inquiéter si sa fiancée était vierge ou
non. Les jeunes gens, forts et robustes, étaient seuls estimés chez ce peuple, qui
I
RACE TOUNGOUSE. ^l^P 85
ruéprisait les vieillards. Les morts étaient enterrés dans les champs le jour même de
leur décès; on les plaçait dans une petite bière faite avec des planches: on tuait
un porc et on le posait sur la sépulture, pour servir de nourriture au mort. Les
Y Uu étaient d'un caractère méchant et cruel, et n'avaient aucune compassion
de leurs semblables. A la mort du père ou de la mère, les enfants ne pleuraient
pas , regardant les larmes comme un signe de lâcheté. Ou tuait les vo-
leurs, n'importe la valeur de la chose dérobée. Leurs armes étaient Tare et
les flèches , et des cuirasses faites en peau et couvertes d*os. Les Y lin étaient
de bons archers, ils se servaient darcs très forts et hauts de quatre pieds; leiurs
flèches, longues d'un pied huit pouces, étaient garnies de pointes empoisonnées
faites d'une pierre verte très dure ; c'est ce qui rendait ces peuples redoutables
H leurs voisins. Il ne parait pourtant pas qu'ils aient souvent profité de la su-
périorité que leur donnaient ces armes formidables , car ils n'ont jamais fait de
conquêtes, et sont restés habitants paisibles de leiu* ancienne patrie. _
Un autre peuple toungouse, ou plutôt les descendants des Y /m ^ sont les Mouky ou
Mou ky ( i). Comme ceux-là ils habitaient du temps de la dynastie des Goei
(au V* siècle de notre ère) le pays situé au nord de la Corée, mais plus à
1 occident ; plus tard ib furent appelés Mo ho ou Mo kho. Chaque village avait sou *
chef, ils n'étaient pas réunis en corps de nation. C'était un peuple brave et belli-
queux, et le plus puissant parmi les barbares orientaux. Son idiome différait de
celui de ses voisins, tels que les Teoti nw leou et autres hordes, qtieles Mou kyïx\<\\xïér
taient continuellement, et auxquelles ils inspiraient une crainte extrême. Dans
leur pays coulait le Sou mo, grande rivière qui est la même que le Kuen thoung
kiang, ou le Sounggari ouia de nos jours. La nation se divisait en sept tribus prin-
cipales , parmi lesquelles on en remarquait une appelée horde du fleuve ISoir; elle
habitait surlesbordsde Tj^mottr super leur, nomméencore aujourd'hui //eu uciVt/tr.
Les Mou ky vivaient dans les montagnes et sur le bord des rivières. Leiur pays était
pauvre et humide; ils entouraient leur habitation de petits remparts de terre
battue, et se tenaient dans des excavations souterraines; on y descendait au
moyen d'une échelle. Ils n'avaient ni bœufs ni moutons, mais ils élevaient des
Mo ho»
( i) Mou ky e«t la Ycrîtabic [ïrononciatioa des deux caractères qui composent ce nom, et non
pas Fo kîe, comme on les a lus juaqn'ù présent.
rSou
Rojaunie
de Phou hai.
APERÇU DES PEllÇlES DE L'ASIE"
chevaux; ils cultivaient le froment, quelques autres céréales et des légumes.
I^ur pays n'avait que de Teau saumatre;le sel se montrait en efflorescence
même sur lecorce des arbres, et il y avait des lacs salés. Ils tenaient une
grande quantité de porcs. L'eau-de-vie avec laquelle ils aimaient à s'enivrer
était faite de grains moulus. A leur mariage, la femme apportait des robes
en toile et le mari des habits en peati de cochon , il avait une queue de tigre
ou de léopard attachée à la tète. Ordinairement les Mou ky se lavaient les mains
el la figure avec de l'urine, c'est pourquoi on les regardait comme les plus
malpropres de tous les barbares. La première nuit des noces, le mari allait dans
la maison de son épouse , et suçait son sein. Si quelqu'un avertissait le mari de
Tinfidélité de sa femme, Têpoux irrité latuait aussitôt, et ensuite il traitait de même
celui qui lui avait annoncé son déshonneur ; c'est pour cette raison que Tadultère
restait ordinairement caché. De même que les y/iu, les Mou ky étaient d'excellents
archers et de grands chasseurs; ils composaient au septième ou huitième mois
le venin dont ils se servaient pour empoisonuei' leurs flèches. Ce venin était si
actif, que, quand on le cuisait, la vapeur seule pouvait tuer un homme. Quand leurs
parents mouraient au printemps ou en été, ils les enterraient sur des hauteurs
et construisaient une maisonnette sur la sépulture pour la préserver de la pluie
et de l'humidité; quant à ceux qui mouraient en automne ou en hiver, ils se
servaient de leur cadavre pour allécher les martres , qui venaient en manger la
chair; de cette manière ils attrapaient une très grande quantité de ces ani-
maux.
Ce fut l'empereur chinois Yaitg ii , de la dynastie Soui, qui, au commence-
ment du VIP siècle , réunit les sept hordes de ce peuple, et lui donna le nom
Mo ho. Du temps des Thang , c'est-à-dire cent ans plus tard, on ne connaissait
que les Mo ho an fleuve Noir et cetïx du Sou mo ; il n'est plus fait mention des
cinq autres hordes , qui vraisemblement furent confondues avec celles-là. Dans
le Vr siècle, des princes de Mo ho de Sou mo étaient de la famille de Tba szu;
ils furent soumis à la Corée ; mais, en 677, quand ce pays devint une province
chinoise, les Mo ha de Sou mo se tinrent sur le mont Thoung meou chan, et un
grand nombre de Coréens se retirèrent chez eux. Ces mêmes Mo ho fondèrent, à
la tin du VU' siècle, le puissant royaume de Pkou hai, qui comprenait une
grande jiartie de la Corée, et finit en 926, époque à laquelle de nombreuses armées
RACE TOUNGOUSE. 87
des Khi tan entrèrent dans ce pays, et en firent la conquête. Les Pliou kai
étaient civilisés, avaient i'usage des lettres et une forme de gouvernement réglée.
Les Mo ko du fleuve Noir habitaient à lest de Tancien pays de Su tckin ; ils
s'étendirent jusqu'à la mer. Au sud ils étaient limitrophes avec les Coréens, aux-
quels ils envoyèrent des troupes auxiliaires contre les Chinois; mais ils furent
battus sous le règne de l'empereur Hian tsoang des Thang, dans la première
moitié du huitième siècle. Ils devinrent alors sujets de la Chine, et leur pays
reçut une administration semblable à celle des autres provinces extérieures de
fempire. Cependant à l'époque de la prépondérance des Pkou hai, les Mo ho du
fleuve Noir se soumirent à ceux-ci, et cessèrent d'obéir aux Chinois. Quand les
Khi tan ou Liao firent la conquête du royaume des Pbou bai, ces Mo ho tom-
bèrent sous la domination des vainqueurs.
Les Khi tan eux-mêmes étaient une nation toungouse, de la branche appe-
lée Cky goei par les Chinois. La partie méridionale de cette branche habitait
anciennement dans le pays situé au nord du Liao toung et du fleuve Houang
ckotii , nommé à présent en mongol Stra mouran. Ce peuple fut attaqué
par les Hioung nou , et se retira dans la montagne de Sian pi y au nord du
Tkou ko ou Lokhan, k environ cent lieues au sud du campement de l'aile
droite de la tribu mongole de Karatsin, par ^2" 5' de latitude nord, et 1 16* aà'
de longitude orientale. Elle habitait avec les Khou mou ki, qui étaient d'une origine
thfférente des Kki tan; leurs mœurs et leurs usages ressemblaient à ceux des
Mo ho. Ils regardaient comme une marque de faiblesse de pleurer ses parents dé-
funts, et exposaient les morts siu des arbres dans les montagnes. Après trois
ans, ils en recueillaient les ossements et les brûlaient, versaient du vin pour rendre
le sacrifice solennel , et disaient : « Dans les mois d*hiver mangez à la clarté du
i> soleil, et en été mangez à fombre. Quand nous allons à la chasse, faites que nous
« puissions tuer beaucoup de sangliers et de cerfs. » C'était un peuple sans civi-
lisation , grossier et fourbe ; néanmoins il tenait le premier rang parmi tous le>s
barbares.
Au commencement du V* siècle , les Kki (an furent totalement défaits par
■ les Goei (qui possédaient le nord de la Chine), et forcés de se sauver chez les
ft Khou mou ht. Cependant ils revinrent bientôt habiter leur ancien pays, d'où il
^^^ faisaient de fréquentes incursions sur le territoire chinois. Depuis l'an 44o ^^ se
^ ^
Mo ho
du fleuve Noir,
625de J.-C.
Kht tau.
440 de J.-<
88 APERÇU DES PEUPLES DE LWSIE MOYENNE,
reconnurent vassaux des Goei , auxquels ils envoyèrent le tribut par des
ambassades La raème chose eut lieu sous la dynastie des Pe tsi, qui suc-
553dc J.-C. céda à celle des Goei. En 555 les Khi tan, ayant fait une nouvelle invasion sur
les terres de IVmpire, furent complètement battus, et perdirent cent mille pri-
sonniers et autant tie têtes de bétail. Après cet échec ils devinrent sujets des
Thou khiu ou Turcs, à Fexception de dix mille familles qui s'étaient retirées en
Corée. A la fin du A^I" siècle ime de leurs hordes vint se rendre à l'empereur
If 'en ti, de la dynastie des Sout ; le reste de la nation demeura soumis aux Turcs.
585 de J.-C. Vers l'an 585 , les Khi tan tuèrent le gouverneur envoyé par le Kakhan CkapoUo
et en 6i i ils recommencèrent à envoyer le tribut aux Soui. Ils restèrent alors su-
jets de cette dy nastie,et devinrent après leur décli n vassaux de.s Tkang. Ces derniers
établirent des gouverneurs dans leur pays. Pendant les VII% VIII* et IX* siècles ,
les Khi tan se révoltèrent plusieurs fois contre les Chinois, et quoiqu'ils fussent
toujours réduits par ceux-ci, ou qu'ils retombassent sous le joug des Turcs, ils de-
vinrent très puissants. Ils habitaient à la fin de cette période au sud des fleuves
Hoaang ho, Liaoho et Sira mottran ; ce fut là qu'^ pao khi fonda un royaume,
qui , après lui, reçut le nom de Liao,
Cet illustre guerrier naquit dans le canton de Thie la , à peu près au même
endroit où se trouve à présent Barin, ville ruinée de la Mongolie. Le nom de Thie
(a est aussi prononcé Chy tiu,et parles Chinois Y tiu. Il devint celui de .sa famille
dont le fondateur fut le Kakhan Khi kheou; qui naquit près du mont Ngan tou et
vint camper sur les bords du Liao ho. Un de ses descendants, nommé Yaii, civi-
lisa ses sujets, établit des magistrats, et introduisit les bois crénelés dont on se
servait au lieu d'écriture. Il fil aussi faire des prisons souterraines. Yali, ne voulant
pas être Kakhan, ou empereur, céda cette dignité à lafamitle Yao nian. Son troi-
sième descendant fut Neutis^ qui régna avec douceur et contribua beaucoup à Fétat
prospère de son peuple. Son fils Salade était toujours en guerre avec les Chy goei
( ou Toungouses) Jaunes. Son petit-fils Yundechi rendit les Khi tan agriculteurs,
et leur enseigna la manière d'engraisser le bétail, de sorte que les richesses com-
mencèrent à se répandre parmi ce peuple. Sous Saladi , successeur de Yunde-
chi, les Khi tan apprirent à forger le fer et à fabriquer des ustensiles en fonte.
Ati nord, Saladi rendit tributaires les Yu khiu et les Chy goei^ et au sud les Ht
et leSiSy. C'est alors que les Khi tan étendirent leurs frontières, bâtirent des
-M
RAGE TOUNGOUSE.
8c,
villes et les fortifièrent par des remparts et des palissades. Ils s'adonnèrent aussi ii
la culture de la soie et du chanvre^ et tissèrent des étoffes. Tous les successeurs de
Yali avaient été vassaux de la famille de Yao nian , dans larpielle la dignilé de
kakhan f empereur ) était restée héréditaire.
L'épouse de Satadi^ voyant en songe iin soleil qui toniba dans son sein, de-
vint mère d'y/ paok/ii, fondateur de la dynastie des Liaà. Quand elle le mit an
monde, la maison parut environnée d^inehimière divine et fut parfumée d\me
odeur exquise. A sa naissance, A pao khi avait la taille d'un enfant de trois ans, et
pouvait déjà marcher en s*aidant de ses mains. La mère, admirant ces prodiges,
réleva avec soin; elle le tenait caché dans luie tente différente de la sienne. Ati bout
de trois mois lise tint sur ses pieds; à l'âge d'un an, il parlait déjà, et prédisait l'a-
venir. Il se prétendait entouré d'êtres surnaturels qui lui servaient de *ijardes. De
semblables récits sur la naissance miractdeuse des «grands honuTies et des rois ne
sont pas rares chez les peuples de Fintérieur de l'Asie; tous paraissent être calqués
sur le même modèle, comme nous aWons occasion de le remarquer ailleurs. Les
qualités extraordinaires d'^ pao khi croissaient avec l'âge : son oncle maternel ,
alors chef de sa horde, profitait des conseils de son neveu, malgré les craintes que
ce jeune homme lui inspirait. Hen tekin, le dernier kakhfm de la famille de Yao
nian, conçut aussi beaucoup d'estime pour lui et le créa vice-roi, en lui donnant le
pouvoir de faire la guerre et la paix. Cest alots qu'il soumît les hordes voisines
des Rhi tan, fit des incursions en Chine, et succéda, en 907, à son bienfaiteur,
qui lui avait légué la dignité impériale. Avec une rapidité étonnante, il répandit
ses conquêtes à l'orient jusqu a la mer, et à l'occident jusqu'à Rachghar et aux
monts Thsoung Ung. Au nord, sou empire tout;hait au Baïkal; et au sud il
comprenait le nord-est delà Chine , ainsi qu'une grande partie de la Corée, celle
qui avait été soumise aux Phoa hai. A pao khi, après s'être rapproché de la Chine ^
établit sa cour kLiao yang dans le Liao iôung;\\ la transféra ensuite à Y an dans
le Pe tchy li , aujourd'hui Pe king. Fier de ses conquêtes, il prit le titre de Houang
ti , ou empereur auguste. Ses successeurs devinrent si puissants, qu'ils disposè-
rent en quelque façon du trône de la Chine. C'est par leur moyen que la dynastie
impériale des Tsin postérieurs y fut établie. I^s princes Rhi tan possédèrent Tem-
pire pendant plus de deux siècles; leur royaume fut détruit par les Ju tckin ^
qui s'étaient révoltés contre eux.
A puo kilt
087.
Fund.ilinn
(le IViiipiie
dns Klii tan.
IS
Ju tciiin
ou DjoiH djtL
Fondation
du royaume
de Kin,
li5 de J,-C.
90 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Les Jw tchifiyOïi JuUhe{\), sont le même peuple qui clans l'antiquité fut appelé
Su chin; ils habitaient à lest des rives du Ktien thonng kiang un Sounggari
oulûj au nord du mont Tchhang pe chan, et aux sources du Ya (ou kiang, sur
la frontière septentrionale de la Corée; au nord, ils confinaient avec les Chy
gçeijkïotïeni à la mer, et à loccidcnt au Thie ùan, pays appartenant aux P/iow
h/ii. C'étaient originairement les Moho de la rivière Noire, cpii depuis le milieu
du Vif siècle avaient repris leur ancien nom, et s'appelaient Ju tchin. Sqxis le
règne de la dynastie des Thang, ce peuple fut soumis aux.€biuoi$.; plus tard
il fit partie de l'empire des Phou hai, fondé par une de ses branches ; à la destruc-
tion de celui-ci, il devint en partie tributaire des Khi tan. L'autre moitié de la
nation, qui demeurait plus au nord, reçut alors le nom de Ju tcltin sauvages. Les
moeurs et les usages des Ju Ichin ressemblaient à ceux tle leurs ancêtres : ils
étaient très braves, et experts dans Tart de lancer des flèches. Sachant contrefaire
le Cri des cerfs, ils parvenaient par cet artifice à les rassembler dans un s«ul
endroit potir tes tuer avec plus de facilité ;'éls se nourrissaient de la viande de ces
animaux, et faisaient une boisson enivrante avec le lait des femelles. Il y avait
dans leur pays beaucoup de bétes fauves , des san^gliers , des boBufs sauvages ,
des ânes et dexcellçnts chevaux. Ils montaient des bœufs et des mules,
Pendant la pluie, ils s'enveloppaient d'une-^au de bœuf non tannée. lueurs
maisonnettes étaient couvertes d'écorce de bouleau.
Les Ju îckin étaient gouvernés par différents chefs, indépendants les uns de^
autres. L'un d eux, nommé Hiiin phou, originaire de la Corée, devint riche et puis-
sant. Ses successeiu's contribuèrent à policer leurs sujets et à les réunir en un
corps de nation. Agouika, se trouvant à la tête de toutes leurs hordes, s» révolta
contre les Liao ou Khi tan, dont il était le sujet. Il les battit en plusieurs ren-
contres, et leur prit une grande étendue de pays. En 1 1 15 il fut proclamé em-
pereur, et donna à sa dynastie le nom de Kin, c'est-à-dire or; elle fut appelée
Alloua par les Mongols, et ses princes sont les Ailoun kitan des écrivains
raahométans. Les Chinois curent recours aux Ju tchin pour détruire les Liao.
î^tes Ju tehin eurent le dessus, et anéantirent dans Test la puissance de ce peuple.
Introduits par là en Chine, ils ne voulurent plus en sortir, et s'emparèrent de
(") Il ne faut pas lire Nia tchin et Nifi tche, comme Dçguigne» cl jutrcs l'onl fail
RACE TOUI^GOUSE.
9»
toute la partie septentrionale de cet empire, jusqu'au Houaiig ho; l'empereur
des Soung fut contraint de se retirer dans le midi. C'est ainsi que les Chinois,
par leur imprudence, ont souvent attiré cliez eux les étrangers, et se sont
donné des maîtres. Les Ju tchin devinrent alors les souverains de la partie
orientale de l'Asie moyenne, comme les Hioung nou, les Thou khiu et les
Khi tan lavaient été auparavant. En Chine ils possédaient les provinces de Chan
toung» Honan , Pe tchy li , Chan si , plusieurs villes du Kiang nan et du Chen si;
le Liao toung^ et tout ce qui est au nord et au nord-est jusqu'à TOrkhon, à la
Toula, au Keroulun et à l'Amour. Dans le commencement, ces peuples n'a-
vaient pas de caractères ponr écrire leur langue; ce ne fut qu'en 1119 qu'ils en
firent sur le modèle de ceux des Khi tan. Nous n'avons aucime notice sur la
fonne et le mécanisnie de ce système graphique. La dynastie des Kin a duré jns-
quen i354, époque à laquelle elle fut détruite par Tchinghiz-khan.
La dernière branche des peuples toungouses connue des Cliinois est celle Chvgoei
que » depuis le commencement dû VII* siècle, ils nommaient Chy goei ; elle ^ «ngo^ e*,
consistait en plusieurs hordes qui n'avaient pas de liens entre elles, et qui
nVbéissaient pas à des princes. C'était un peuple faible et pauvre, autrefois
soumis aux Thou khiu, ou Turcs. Il avait la même origine que les Khi tan,
et parlait leur langue, qui était identique avec celle des Mo ho. Les Chy goet
les plus méridionaux habitaient à trois mille li au nord des Khi tan, dans le
voisinage des bords du ^on. Cette contrée était peu fertile, très humide et cou-
verte d'herbe et de forêts qui recelaient des bétes fauves. Des nuées de cousins
désolaient le pays ; les habitants vivaient dans des excavations souterraines. Les
Chy goei s'habillaient comme les Khi tan; comme eux ils se rasaient la tète. Ils
attelaient des bœufs à leurs charrettes, et se faisaient des cabanes couvertes de
nattes grossières. A la manière des Ttircs , ils avaient des tentes en feutre posées
sur des chars. Pour passer les rivières, ils se servaient de radeaux et de bateaux
en peau. Au lieu d*un feutre, ils mettaient un paquet d'herbe sous la selle des
chevaux; des cordes leui*servaient de brides. Ils couchaient sur des peaux dé
cochons; de petits morceaux de bois, disposés dans un certain ordre, leur rap-
pelaient les choses qu'ils ne voulaient pas oublier. Le climat de leur pays était
très froid; il n'y avait pas de moutons , et on y voyait 1res peu de chevaux ; en
revanche, les porcs et les bœufs y étaient communs. Les Chy goei s'enivraient
*
92 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
avec une espèce d'eau -de- vie qu'ils savaient préparer. Les mariages se fai-
saient moyennant une dot payée pai' la famille de l'époux à celle de la femme.
Les veuves ne pouvaient pas se remarier. On poiiait pendant trois ans le deuil
des hommes qui avaient des tentes considérables, et qui par conséquent étaient
les plus riches. Comme il n'y avait pas de fer dans leur pays, ils étaient obligés
de le tirer de la Corée.
Les Chy goei méridionaux se divisent en vingt-cinq hordes. En sortant de
chez eux et montant pendant dix journées vers le nord, on arrivait chez les
Chy goâ septentrionaux , qui formaient neuf hoi des (i), dont les chefs portaient
le titre de fcy yn mo ho tau. Le pays de ceux-ci était excessivement froid ; on
doit le chercher à l'orient du lac Baikal. Gomme il y tombait beaucoup de
neige, owse servait de traîneaux. En hiver les habitants se retiraient dans les
cavernes des montagnes; ils vivaient de ia pèche, et faisaient leurs habits avec
la peau des poissons. Les zibelines et d'autres espèces de martres abondaient
chez eux; ils portaient des bonnets en peaux: de renard et de blaireau. Mille
H au nord de ceux-ci , habitaient les P& Chy goeij près de la montagne de
Y hou pou. ïls étaient très nombreux; on ne connaissait pas la quantité de leurs
hordes, A quatre journées à l'ouest de ce peuple, se trouvait le Chy goei de la
rivière Chin mo tan. A plusieurs milliers de ti au nord-ouest étaient les grands
Chy goei, dans uu pays hérissé de montagnes. Leur langue différait tota-
lement de celle des autres Chy goei : circonstance qui pourrait faire présumer
qu'ils étaient de race mongole. Il y avait chez eux beaucoup de martres zibe-
lines et de petits-gris. Sous la dynastie des Thang, ces peuples envoyèrent
plusieurs ambassades aux empereurs de Chine.
(i) Dnns le IX* siècle, sous le règne de la dynnttle cbiaoise des Thaug^ les neuf hordes de
ce peuple portaient les ooms suivants: Chj goei, ù Toccldent de la chaîae des montagues
{Khinggan); Chy goei seplentrionaux, Chy goei tfiles jaunes, Chy goei grands Ju tclte, Chy
goei pelits Ju tche , Chy goei de Nou pho ouOj Chy goei de Ta mou, et Chy goei à chameaux.
Ju tchc paraît être le même nom que Djourdjé ou Djourdjit (pag. 84). De ce» hordes descen-
dent les tribus toungouses, qui habitant actuelletnent la Sibérie orientale.
RACE SUN PI.
95
PEUPLES DE RAGE SIAN PI.
Siiin pi
ou
A Touest et au sud des nations toiingouses habitaient anciennement des peu-
ples qui diiFéraient d'elles de race et d'idiome ; leur branche principale formait la lacr coriennc.
nation appelée Sian pi par les Chinois. Les grands bouleversements politi-
ques, les guerres que les peuples barbares de l'Asie intérieure se faisaient pres-
que continuellement, ont détruit successivement des tribus entières et produit
des mélanges de races diverses. Ces événements sont cause que plusieurs na-
tions, autrefois célèbres, n*existent plus pour nous : <:'est ainsi qu'ont disparu
les Sian pi, les Ou houan, et d'autres peuples de la même souche, de laquelle
il ne s'est conservé qu'une seule branche, celle qui habite la Corée. Les Japonais
ont conservé à cette dernière le nom de Sian pi, comme je l'ai remarqué plus
haut ( page 75 ). La langue des Coréens , très difjTérente des autres idiomes de
l'Asie , nous donne donc celle de leurs ancêtres. Ce fut probablement long-temps
avant notre ère que les Coréens se séparèrent des aiitres tribus de la même
souche, car, onze siècles avant Jésus-Christ, ils habitaient déjà le nord de
leur presqu'île. Ils y sont v^us de la partie supérieure du Sounggari ouia^ ou
Ghirin, qui bornait à l'est l'ancien pays des Sian pi; c'est pourquoi les Chinois
et les Japonais leur donnent encore le nom de Ghirin ou Kiiin, par lequel les Co-
réens se désignent eux-mêmes. Les hordes Sian pi, arrivées des bords du Ghirin,
trouvèrent dans le midi de la Corée une autre population , vraisemblablement
d origine japonaise, avec laquelle elles se mêlèrent et formèrent les nations an-
ciennement connues en Chine sous le nom des San kan, ou les trois Han, des-
quels j'ai déjà parlé.
Autrefois le pays situé au nord du Liao ioung, entre la haute chaîne des
monts Khinggan et les rives du Non et du Sounggari oula^ était habité par les
peuples appelés en chinois Toung ftou {barbares des montagnes). C'étaient les Toug hou.
ancêtres des Ou houan et des Sian pi, qui parlaient une même langue et avaient
les mêmes mœurs et les mêmes usages. Quand ils se mariaient, les hommes se
rasaient la tête. Au commencement du printemps, les Sian pi tenaient une
94 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
graade assemblée sur les bords du La ko (i). Dans leur pays on trouvait des che-
vaux sauvages, des moutons à grosses queues, et des bœufs qui avaient de
longues corues droites, dont on se servait pour faire des arcs ; il y avait aussi
des castors et une espèce de rat dont le poil était extrêmement doux, et pour
cette raison sa peau était très recherchée en Chine. Ces peuples se divisaient en
différentes hordes dont chacune avait son chef. Ils ignoraient Tusagc de récri-
ture, et se servaient de tailles de bois pour leurs conventions mutuelles. Avant
de se marier, ils enlevaient leurs femmes, et les gardaient une demi-année ou
cent jours chez eux : ce n'était quau bout de ce temps qu'ils envoyaient aux
parents de la femme, par un de leurs amis , la dot, consistant en chevaux, boeufs
et moutons. Le nouveau gendre suivait alors son épouse à la maison paternelle ,
pour y servir comme esclave pendant un ou deux ans : tous les matins il était
obligé d'aller témoigner ses respects à son épouse et non aux parents. î^e temps
de ce service expiré, il conduisait la mariée chez lui. Les femmes brodaient
et faisaient des tapis en laine; les hommes s'occupaient à fabriquer des arcs,
des flèches , des selles et des brides ; ils savaient aussi forger des armes d«
fer et d'autres métaux. Letir pays produisait différentes espèces de millet,
dont une mûrissait à la onzième lune , avec laquelle on faisait une liqueur
spiritueuse blanche. Ils ne savaient pas cuire le pain, qui, comme le riz»
leur venait de la Chine. Dans les maladies , ils pratiquaient la brûlure avec
une espèce d*armoisQ, passaient des pierres chaudes sur le corps, ou échauf-
faient la terre , sur laquelle ils se couchaient ensuite. lis se saignaient aussi, en
piquant avec un couteau Tendrmt où ils souffraient. Jamais ils ne se servaient
d'autres remèdes: si la maladie ne cessait pas, on offrait uit sacrifice aux génies qui
président au ciel, à la terre, aux montagnes et aux rivières. A la mort dun
guerrier riche, ils le plaignaient en hurlant et en pleurant; arrivés à 4a tombe,
ils se mettaient à chanter et à danser. Ils y conduisaient un chîfln engraissé,
attaché à une corde de différentes couleurs et ornée de flocons de soie; il était
pendu à coté de la sépulture, après qu'on y avait brûlé le char, le cb«val, le»
habits et les meubles du défunt. Ils adoraient les bons et mauvais esprits, sa-^
crifiaient au ciel, à la terre, au soleil, à la Urne, aux étoiles, aux montagnes
(i) Celte rivirre, qui s'appelle acluellcmenl Lokhan , coule atj nord-est, et se joint au
Houang choui ou Sira mouran.
Ou houiiu
et Sjan pi.
RACE SI AN PL 95
et aux rivières, de même qu'aux mânes des grands hommes qui s'étaient rendus
célèbres. Ixs victimes ordinaires étaient des bœufs et des moutons.
Vers le milieu du troisième siècle avant notre ère, les Stanpi et les Ou houan
étaient devenus très puissants; Theoa man , empereur des Turcs Hioung m*^ siècle av. J.r:.
uou, ne pouvant les réduire, fut obligé de se retirer pendant dix ans au
nord du désert de Oobi. Me ihe vengea l'injure de son père , attaqua
ses ennemis à Fimproviste, les délit entièrement , et se rendit maître de leur
pays. Les débrlii des Sian pi et -des Ou houan se réfugièrent dans les monts
qui leur ont donné leur noitf. I^s Hioung nou, les voyant hors detat de rien
entreprendre, ne jugèrent pas à propos de les exterminer; ils aimaient mieux
eu tirtr un gros tribut. Ces peuples portèrent ce joug autant de temps que
leur impuissance les y contraignit ; mais, durant une longue paix, leur nom-
bre s'étant considérablement augmenté, ils songèrent aussitôt à recouvrer
leur indépendance. Profitant des troubles qui déchiraient les Hioung nou,
ils commencèrent à se répandre par petites tribus, et sous différents chefs,
dans les pays voisins de leurs montagnes. Ce furent les Ou /louan qui, vers
Tan 70 avant notre ère, se révoltèrent les premiers. Ils violèrent les tombeaux
des Tchhen yu des Hioung nou, et principalement celui de Me the, et défirent
les troupes que le prince de cette nation avait envoyées pour les punir. Après
cette vieille, ils tournèrent leurs armes contre les Chinois, et les mirent en
déroute; ensuite ils poussèrent vivement les Hioung nou, et [es ayant fait re-
culer plus de cent lieues à Foccident, ils devinrent maîtres du pays que ceux-ci
avaient abandonné. L'an 5o de Jésus-Christ , un des chefs des Ou houan vint se
déclarer vassal de fempereur de la Chine. Depuis ce temps cette nation a été
alternativement soumise aux Chinois ou en guerre avec eux.
Les Sian pi , qui demeuraient plus au sud que les Ou houan , suivirent bien-
tôt l'exemple de ceux-ci, et se reconnurent sujets de la Chine. Ces deux nations,
profitant de l'affaiblissement des Hioung nou, produit par la division de leur
empire, s'emparèrent, vers la fin du premier siècle de notre ère, de leur
pays et s'y fixèrent. Quant aux Ou houan, ils ne cessèrent d*inquiéter les fron-
tières de la Chine. ^ la faveur des troidbles de cet empire, ils avaient aug-
menté leur puissance : plus de cent mille familles chinoises s'étaient réfugiées
et établies chez eux. En 206, ils se liguèrent avec Yuan tchao [voy, page 72) aofide J.-C'
70 av. J.-C.
5o de J.-C
Kmpire
(\rs Sian pi.
i56 de J.-C.
96 APERÇU DES PEUPLES DE I/ASIE MOYENNE,
contre Tksao thsao. Ce grand capitaine les battit complètement; leur roi resta
sur le champ de bataille, et tous ceux qui ne périrent pas mirent bas les armes
et se rendirent. Tshao thsao les reçut dans ses rangs, et en fit une excellente ca-
valerie qui lui rendit de grands services.
Un des chefs des Sian pi nommé Than chy hoai , dont la naissance avait été
accompagnée de prodiges, réunit sous sa puissance les diverses tribus Àe ce
peuple et les poliça. Les hordes de Torient et de l'occident se soumirent à lui.
Au nord, il vainquit les Ting ling, peuples de la Sibérie méridionale; à lest, le
pays de Fou yu ; à l'ouest, celui des 0« 9un: ce qui formait un empire de qua-
torze cents lieues détendue. L^m i5(> de Jésus-Christ, il commença à faire des
courses en Chine. Sous le règne de son troisièuie successeur, la puissance des
Sian pi diminua. En 224 il paya tribut aux Chinois; neuf ans après il lui tué
par KliO pi neng, qui s'empara du pouvoir. Celui-ci eut bientôt le même sort
que son prédécesseur. Alors l'empire des Sian pi ne subsista plus , et les che£s
des hordes s'emparèrent de l'autorité.
Dans les 111' et IV* siècles , et au commencement du V* des princes
Antres lovaaines 5ifln pt fondèrent plusieurs petits royaumes dans le nord de la Chine, dont
les principaux sont: r. Liao ioung , nommé ensuite royaume des Thsiari
yan, ou des premiers Yan, dans le nord-est de la Chine, de 281 ^. 3^0 r vers
l'an 5o3, la ville de Tchang te fou, dans le Ho nSiti , *appel«^'alors Po,
devint sa capitale; — 2. Si yan ou Yan occidentaux, dans le Chén si, de
585 à 594 ; — 3. Nanyan^ ou Yan méridionaux y de ôg-j à /po; — - /^. Heouyan,
on Yan poitérietirs , dans la province de Pe tchy li et dans le Liao toung, de
38 '1 à 408.
I^ puissante horde de Yu iven était la plus orientale de toute» celles qui
composaient la nation de^wn />i; elle avait ses habitations entre le Liao ko et le
Ghirin, au nord du Liao toung et du Fou yu. Anciennement elle était soumise
aux Hioung non du midi. Les Yu xven se rasaient la tête, ne laissant sur le
sommet qu'un toupet de cheveux qu'ils regardaient comme un ornement. Il
pirait qu'ils étaient mêlés avec les Hioung nou , leur dialecte, différait
de celui des autres Sian pi. En 285 , leur chef, Mo koa% fonda un royaume
indépendant, qui resta toujours en bonne intelb'gence avec la Chine^ et qui
dura jusqu'en 344- A cette époque ^ le dernier roi de Y u wen fut défait par
S55 de J.-C.
fondés
pur les Stan pi
Yu vvcn.
lA^
BACE SIAK Pt
97
celai des seconds Yan. Il se sauva au nord du désert, d'où il passa en Corée.
La famille impériale des Heou tcheou, qui a régné en Chine dans le Vil' siècle,
descend de cette branche des Sian pi.
Dans le pays situé k roccident du Liao ho, sur le bord du Thou ho, ou Lokhan,
se trouvait une autre horde de ce peuple, appelée Kia; en 289 elle commença
à devenir puissaifte, et fonda le royaume de Liao si, (Jui a duré de 3o5 jusqu'en
v356: alors il fut soumis par les premiers Yan. •
Les Ky fou étaient une tribu des Sian pi , composée de trois hordes; s'étant diri-
gés vers Toccident, ils s'établirent dans le Loung si , territoire de la partie occi^
dentale du Chen si. Avec le temps ils devinrent puissants, et donnèrent à leur
royaume le nom de Si tsin, ou de Tsin occidentai. Il a duré depuis 585 jusqu ev
45i . A cette époque leur pays fut occupé par les Thou kou koen.
Thou kou koen était de la race des princes des Sian pi , et frère du fondateur Thon kou hoeaj
du royaume des premiers Yan. Il reçut de son père mille sept cents familles en
partage. S'étant brouillé avec son frère, il quitta son pays iiatal, passa du côté
de l'occident, et vînt camper dans les monts In clian (i), qui se trouvent au nord
(1) En tnoDgol Gardjan: c'est In partie occidentalu de là grande chaîne qui s^étend au nord
de la Chine depuis le Houang fio juaqu'i b frontière de la proTÎnce de Liao toung, où elle se
jjDÎnt aux rnoolâ apparlenants à la chaîne qui sépare la Corée du pays des Mandchoux, vt a la-
quelle SCS hautes cimes , couvertes de neiges perpétuelles , ont fait donner le nom de longue
montagne Blanche, La dénomination chinoise de In chan est ancienne et appartient aux monts
situés au nord du pays des Onlos ^ on les appelle aussi les grandes montagnes Bleues. Vin chan
a des pics coiirerts de neiges perpétuelles; il s'étend depuis le ia4' juisqu'au i3o* degré de
longitude ortenlale , ou depuis In fi-onlière occidentale du pays liubité par la tribu mongole des
Ouirats jusqu'à la ville de Khotikhou khoton. 11 forme des chaînes de rochers poitttus et
escarpés, auxquelles les Mongols qui habitent dan» le voisinage ne donnent pas un nom gé-
néral. Chacune en a un distinct; les principales d'entre elles sont , de Touest à Test, Mouna,
Koundouloun f Bartoit , Djara, Tchakhan oho A la froolière orientale de» Ouïrais ; TchafJian
khada , Lissour âjelekou djougou ; au nord de Khoukhou kholon est le mont Ougoung oola ,
et la partie la plus orientale s'appelle Imatou. Tous ces monts forment la chaîne qui portait
chez les anciens Chinois le nom d'/n chan, et qui borde le coude septentrional du Houang
ho. Dans les temps plus récents on appliqua le mSrae nom à la chaîne des Alachan , qui
vient du sud-ouest et se joint h l'autre au nord de la Tille de Ninghia dans le Kansou. C'est
par V Alachan que Vin chan est lié aux montagnes neigeuses de la profince de Kan sou. Les
1 J •
So llicuu
DiiTho po.
.îeJ.-C.
5S(iflpJ.-C.
Emitirc tU's Goei
098 de J.-C.
<j8 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
du pays appelé à présent Ordos. Dans la suite , profitant des troubles qui exis-
taient en Chine, il descendit davantage vers le midi , et se cantonna entre Ho icheou,
dansleChen si occidental, et le lac Bleu ou Khoukhou noor. Il soumit les hordes
des Khiang ou Tubétains, qui habitaient ce pays. Sa postérité s'étendit vers Cha
tckwu, où elle devint très puissante, et ses sujete adoptèrent le nom de Thou
kou hoen,he conimenceméht de cet empire est fixé environ à laù 5ia; il a duré
jusqu'en 665, époque à fequelle il fut anéanti par les Thou fan, ou Tubétains
occidentaux. Les Thou kou hoen ont souvent été en guerre avec les Chinois, qui
les vainquirent deux fois, savoir en 44^ ^t t*" ^^9- Leur royaume comprenait
les pays situés autour du Rhoukhou noor et s'étendait, à l'ouest, jusqu'à ia fron-
tière de celui de Kftotan.
Une autre branche {\esSian pi, ou de la nation des Toung hou (barbares orien-
taux) , étaient les So theou oii Tlw po. Elle s'appelait aussi Ta Sian pi ou grands
Sian pi, pour se distinguer de ceux du Liao toung. Les princes de te peuple pré-
tendaient descendre.de fancien empereur chinois Houang ti. Pendant que les
Hioung non étaient puissants, les Tho po avaient habité au nord du désert de
Gobi, dans la Sibérie méridionale. Dans le premier siècle de notre ère, ils vinrent
camper auprès d'un grand lac, qui paraît être le Gulen noor ou Datai de notre
temps; ils s'avancèrent encore plus au midi, et vinrent demeurer dans le pays
des Hioung non. Enfin , en 261, Ly ouei, leur khakan ou roi, se cantonna dans
les environs de Ta tkoun g fou dans le Cban si. Se» successeurs devinrent très
puissants, et possédèrent, vers Fan 32o, tous les pays qui sont entre VI U et
VJmour. En 386, un de leurs rois, appelé Kuci, donna « sa dynastie le nom
de Goei, Il eut quelques guerres avec lesJeoujan. Depuis qu'il avait été déclaré
roi, toutes les horrles des Turcs Kao te fihe s viàient soumisesàlui, mais les «/e&u
Jan avaient refusé de le reconnaître; en conséquence il marcha contre eux , et les
dispersa. Il eut une rude guerre à soutenir contre les rois de Yan. Les succès
furent long-temps partagés; enfin la puissance des Goei augmenta de plus en
plus. En .398, Kuei prit le titre d'empereur; sa famille est regardée par les Chinois
comme une de leurs dynasties impériales, et ils rappellent ïleou Goei, c'est-à-dire
Tchhenyu , ou oricrf*!)» rois des Hioung nou, y avaient leurs camjiieineols» Ils y entrclennient
un giaud nomhre d'ouvrier* orcupés j la fabriralîon dts arcs «.*t des fléchais.
RACE SIAN PI. 9g
^es teconds Goei , pour les distinguer de celle qui avait régné antérieurement
du temps de* trois royaumes qui, dans le troisième siècle, succédèrent nuxHan.
Quant aux Tho po , ils donnaient à leur dynastie le nom de Yuan goei ou Goei
principaux. Ils avaient adopté ce nom de famille paiceque Kuet descendait par
les femmes de la famille impériale des princes Goei. Le pptil-fils de Kuei acheva
en 4% la conquête des cinq provinces de la Chine septentrionale; c est de cette 4^9 dv J..c.
époque que date la division de ce. pays en deux empires, l'un septentrional,
l'autre méridional. Il soumit ou rendit tributaire l'Asie moyenne, entre Vjémour
et les monts Thsoung iing. Cet empire, auquel je reviendrai à l'article de la
Chine , dura jusqu'en 534, temps où il fut divisé en oriental et occidental, l^
dynastie des Goei s'éteignit en 556. • 556 de J.-C.
Une partie de la nation des Tko po s'était établie dans la partie occidentale du Koyaumerfo Hosi.
Chen si ; en 370, elle y fonda le royaume de Ho si, appelé ensuite Nan liang, ou
Liang méridional. Sa capitale était Liang tckeou. Il a duré jcisqu eu 4i4; alors il
fut détruit par les Tsin occidentaux.
l^es Jouanjouan ou Jeoujan descendaient des Tho po. Conrnie ceux-ci, ils ha-
* bitaieut dans le pays des Kaika, sur la frontière de la Sibérie, Les Jouanjouan
héritèrent , pour ainsi dire , des terres des Hioung non et de la puissiïnce des
Sian pi. Us slibjuguèrent les tribut nomades du nord, tandis que les Goei, leurs
parents, possédaient les pays rapprochés de la frontière cliinoise, et occupés par
des peuples plus stables, qui avaient des habitations fixes. Il paraît que les Jouun
jouan s'étaient mêlés avec les Turcs Hioung nou, de sorte qu'ils présentaient une
nation mixte. La famille de leur prince descendait d'un cavalier goei qui, con-
damné à mort, s'était sauvé dans les montagnes, où il parvint à se faire un parti.
Son fils se vit bientôt à la tête d'une horde régulière , à laquelle il donna le nom
de Jeoujan, Un de ses descendants à la sixième génération, nommé Thouiun, Thonlun.
qui avait réuni de grandes forces, alla attaquer es Turcs Kao tchhe. Des qu'il fut
parvenu à ce haut point de puissance, il établit del'ordredanssesétats et dans ses
armées. Au nord-ouest de ses possessions hajïi tait une peuplade des Hioung nou,
il la réduisit sous soo obéissance. Cette dernière victoire l'éleva à la monarchie
universelle de l'Asie intérieure , à laquelle il aspirait. Son empire s'étendait k
l'ouest jusqu'à la frontière septentrionale de Y an khi ou Kharachar, à l'est jusqu'à
celle de la Corée ; au nord il se terminait aux limites du désert de Gobi les
Jouaii jouan
Jcou ian.
loo APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
plus reculées, et au sud il était borné par les vasfps campagnes pierreuses qui se
trouvent dans la partie méridionale de ce désert , et atteignent Tesiti^iBilé orien-
tale du Chen si. Ce fut en 4oa que Thoulun prit le titre de kkakan 6u d'em-
^ pereur , et abandonna celui de tehhen yii. adopté par les prinœs qui araient
gouverné les mêmes [(^3rs avant lui. En 4io'il fut battu fiar les Goei, et mourut
' dans sa fuite. Son quatrième successeiu* se soumit en 43 1 à ces derniers , et leur
pa^a tribut. Après lui , la puissance des Jouan jouan commença à décliner ; ik
furent à plusieurs reprises complètement dé£ûtB par les Gwi , qui leur eBlerè-
rent une partie considérable de leurs sujets , en rangeant sous leur autorité les
Turcs Kao tchhe. Des troubles intérieurs contribuèrent aussi à afi^iblir la nation
554 de J.-G. des Jouan jouan, qui , en 554, fut vaincue par les Thou khiu: alors cet empire fut
détruit.
La prépondérance des peuples turcs, qui, après plus de quatre siècles s'é^
talent rerois du cboc formidable occasioné par la deatrudîon de Tempire des
Hioung nou, devint, vers Fan 55o, très forte dans la partie orientale de l'Asie
intérieure et dura long-temps sous différentes dynasties. C'est principalenieftr
à cette prépondérance qu'il fout attribuer la disparitioii des peuples de ta€rs
, différentes qui occupaient autrefois ces contrées. De cettelteùèi»; les desceà-
dants des Sian pi, des Ouhouan, des Tho po et des Jeau jmi se so&t tout-à-fiiit
perdus. Les débris des première, qui existent encore en Coi^, jj^acaissent très
mêlés , et on peut dire que ces peuples ont totalement cessé d'ensler. Les
ei^emples de races qui se fondent ensemble ne sont rares ni en Asie ni eà Europe;
témoin les habitants de la Gçande-Bretagne , produit d'un mélai^ deGoei, dJ
Kymri, de Romains, de S^; de mim les Allemands au-delà de TOder,
peuple mixte de «nves et dKf^eutpr^^^émàopté falangne de ces dinùers,
ï tandis qu'en Angleterre la r4uni9iK^tf quatre langues n'a produit qa'on jar-
^^basé sur la grammai^ saxonne. La ,patu«'de liHangue anglaise dcwme
nS9^:la plus exacte de celle def|:^^mes mongols et mandchoux , qui se sont
à pfeu près composés de la même loaMère. Ils ont mutuellement adcf^té un
gianil nombre de leurs mots respectifs , et se sont enrichis de beaucoup d'autres
originaires du turc, duquel ils ont aussi emprunté plusieurs^»wiéfe gramma-
iicaieSf '. f »■
RACE TURQUE.
loi
• •PEUPLES DE RAGE TURQUE.
De toutes les nations originaires de Fintérieur de TAsie, ïa turque est la plus
nombreuse. Après la race indo-germanique , celle des Turcs est la plus répandue
deFancien continent. Aujourd'hui leurs habitations commencent au sud-ouest,
sur les bords de la mer Adriatique, et s étendent au nord-ouest jusqu'à l'embou-
chure delà Lena dans l'océan glacial. Il paraît qu'après la dernière grande inon-
dation, leurs ancêtres sont descendus des monts' neigeux de Tangnou et du
grand Allai, d'où ils se sont bientôt dispersés vers le sud-est et le sud-ouest, en
se fixant principalement au nord des provinces chinoises de Chan si et de
Cken si, dans le voisinage du mont In chan.
Ces barbares vivaient principalement du produit de leurs troupeaux, et
menaient une vie errante, en suivant le cours des rivières pour chercher les
pâturages. Quelques tribus, adonnées à l'agriculture, avaient des habitations
plus stables, et des champs dont les limites étaient fixées. Ils ignoraient l'usage
de l'écriture; leur parole était lui sûr garant de leurs promesses. Dès l^age le
plus tendre, les enfants étaient exercés à la chasse et à la guerre. On leur faisait
monter des moutons, et on leur enseignait à tirer sur l'es oiseaux et sur les
souris avec de petites flèches. Devenus plus grands, ds allaient à la chasse aux
renards et aux lièvres, dont ils mangeaient la chair. Parvenus à l'âge de puberté,
et en état de manier les arcs les plus forls, ils recevaient une cuirasse et un
cheval de selle: la guerre devenait alors leur occupation principale. Leurs armes
étaient l'arc, les flèches, fépée et k lance. Lorsque ces peuples avaient des
succès, ils avançaient; au contraire, si la fortune ne les favorisait pas, ils bat-
taient en retraire, ne regardant pas la fuite comme honteuse. Ils n'étaient alors
que plus redoutables, car ordinairement ils reveiiaient brusquement à la charge,
et attaquaient avec une vigueur nouvelle. L'agilité de leurs chevaux leur était
d'un grand avantage pour cette manière de .combattre, et les troupes réglées
ne leur résistaient que difficilement. Souvent les essaims innombrables de leurs
cavaliers, poursuivis de trop près, se dissipaient dans les déserts comme la
poussière; et leurs ennemis, entraînés dans ces solitudes affreuses, y périssaient
des
Moeurs
anciens TiTrcs.
I02 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
de misère. Le guerrier gui pouvait enlever le corps de son camarade tué dim
le combat, devenait son héritier etrs'emparait de son bien. Ces peuples s'atta-
chaient à faire le plus de pdsonniers qu^|;ytouvaient, et kfi c^j^pifs composaient
leur principale richesse; ils« les employaient à la garde de leurs haras et de
leurs bestiaux. •..*'• * . . * V
Ces peuples étaient rustiques "^tgjpssiers; ils ne ^jnontTtie&l aucun respect
à leurs parents et à leurs supérieurs : ils se nourrissaient de la chair de Jeins
bestiaux, dont les peaux leur servaient pour fidre des habits et ^ieséleiidaaxbi •
les jeunes gens mangeaient .les meilleurs morceaux, et les vieillard étaient
'f^ obligés de se contenter de» restes; car, de même que feus les Barbares, les
anciens Turcs n'ièstimaient que les hommes vigoureux, et mépriasent ceux
dont les forces avaient diminué par l'âge. Après la mort du père, le fils
épousait souvent les femmes qu'il avait laissées. La même- chose avait lieu à la
mort d'un frère. Le nom que chaque particulier portait ne passait pas à ses
^ ' descendants; ainsi l'usage des noms de £aimille, et, de plus, les prénoms, leur
étaient inconnus. Les animaux domestiques , qui faisaient leur richesse princi-
pale, étaient des boeufe, des moutons, des chevaux, dii fhfinswx, des ânes,
». différentes espèces de mulets, enfib des ânes et chevaux ÉHVifBS.
La dénomination générale sous laquelle les Chinois déu^Mient ancienneiiient
lus peuples noqoades de race turque qui occupaient la partie méridionale de la.
rj,; Mongolie actuelle , était Ti. Jjg caractère qui exprime ce mot es| composé du
signe de chien et de celui de feu, pour indiquer, dit un ancien Iconeographe ,
que ces barbares étaient une race issue d'un chien. Ufiis le mot 7c flgaifie aussi
un grand cerf$uuvage , et je serais porté à croire que, dans les tenaps anciens,
les hordes dont il s'agit ici se servaient de rennêè comme leurs voisins, wiee-
taux , et que c'est pour cette raison qu'elles ont reçu le nom de ri. Dans les temps
Pc \\. antérieurs on a ajouté à ce nom le mot de Fe, quf signifie nord, ^t^^ les a
H^és Pe ti, ou Ti êeptentrionayx; sous cette dernière dénominaticiMonl com-
pris des peuples d'origine très diâiérefite , et sa significatif a varié à 4SèNntes
époques. On confond sous le nom, de Pe ti les peuples de race tonnas « siaii fi
et toungouêe. L'histoire de la dynastie des,Thang naTappliqud'pAsdaCbujfaux
Turcs, elle l'attribue aux Khi tan, €hy goei, Mo ho, et Phou hai, qui étaient d'o-
rigine toungoiise, en y comprenant toutefois les At ou Khçu mou hi, qui appar-
RACE TURQUE. ■ ■" ™ io3
tiennent à la race sian pi. On voit donc que la signification de Peti est extrême-
ment vague , et que , par cette raison , on doit éviter de faire usage de ce nom.
Une autre dénomination très ancienne, par laquelle les Chinois désignent les
Turcs, est celle de Ckan joung, ou Joung{ barbares) des ynontagna : elle date
de 2200 avant Jésus-Christ. Les Turcs Font reçue parcequHs occupaient le«
montagnes qui se trouvent au nord delà Chine. Cependant le nom de Joung ne
s'applique pas non plus à une seule et même race; plus tard on le voit donner
par les historiens chinois à des tribus tabétaines qui habitaient au nord-ouest
de la province de Chan si.
Sous la première dynastie chinoise, ces méraes peuples furent appelés Hiun
yu; sous la troisième, environ mille ans avant notre ère, ils portaient le nom de
Rian y un ; enfin, sous les Thsin et les Han ils furent appelés Hioung non. Ce dernier
nom a en chinois la signification injurieuse déietîabtes enclaves; il paraît cepen-
dant qu'il est dérivé primitivement .du nom que ces tribus se donnaient à
elles-mêmes, dénomination défigurée par les Chinois, qui en ont fait les mots
significatifs de Hiun yi% H tan y un et Hioung nou. Visdelou et Deguignes père
ont cru y retrouver le nom des Hun» qui ont dévasté l'Europe ; je démontrerai
plus bas que cette hypothèse est inadmissible.
La Chine septentrionale fut dès la plus haute antiquité exposée aux incursions
des peuples de race turque; ces incursions devinrent plus héquentes à mesure
que le gouvernement des empereurs s affaiblit. Aussi long- temps que les diffé-
rentes tribus des Hioung nmi n'obéirent qu'à des ciiefs particuliers , et qu'elles
ne furent* pas réunies dans un corps de nation, elles rwincommodèreot pas
beaucoup les Chinois. Leur puissance était d'ailleurs contre-balancée à Foc-
cident par les Yue Ichi^ et à Torient par les Toung hou. Environ douze siècles
avant notre ère, un prince de la fomille impériale des Hia s'étant retiré chez
les Turcs, H «y fonda un empire, état qui ne devint puissant que sous Theou
man, deux cents ans avant Jésus-Christ. Ce Theou man fut le premier tchhenyu
ou roi de ces peuples. Son fils et successeur Me ihe devint conquérant , soumit les
Sian pi et les Ou houan et dispersa les \ue tchi ; il étendit sa domination très
avant dans l'occident et ravagea les provinces septentrionales de la Chine. Lan
200 de Jésus-Christ, le fondateur de la dynastie des Han marcha contre lui avec
une armée nombreuse ; elle fut investie par les Hioung nou. I^'empereur eut
AuL'ieimos
<lt'ii(*iriiii.iUi>tis
des Turcs.
de»
Hiuung nou
Me the.
joo .IV. J.-C,
« .
io4 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENI^E.
recours à la ruse , et dépêcha au tchhen yu une belle fiUe;,^iJ^HMnriiit à fiûre It
paix entre les deux monarques ; les Hioung nou , après avoir wluté la proivioce
de Chan si, se retirèrent dans leur pays, chargés d'A butia immense, et Kmo
houang ti retourna dans sa capitale.
L'année suivante les Hioung nou, natuTçUwaent inquielB et avides de pâbige,
revinrent sur leurs pas, et, malgré le li^|d|i. conclu, insultèreDt le territoiie
chinois. L'empereur dissimula pour ne point s'embarqiier' dans ime noaveUe
guerre, dont le résulut pouvait lui devenir fiinesCe. M'ê tke devenift «ée jour
en jour plus puissant. Le ministère chinois, qui connaissait sa méchanceté et
sa mauvaise foi, désespérait de le gagner par la raison et de le contenir par la foi
des traités. Un des grands de Tempire conseilla alors d'engager ce prince à pren-
•' dre une des filles de l'empereur' pour légitime épouse , ajoutant que s'il en avait
un fils qui devint héritier de ses états, sa mère lui inspinuit des sentiments fa*
vorables à la Chine, on pourrait par son moyen venir k btfWpSrpplicer la na-
tion barbare ^e Me the gouvernait. On espérait a^aai -tfae sto' monarque, de-
venu le gendre de l'empereur, cesserait d'être son ^0em^ Kao houaog- ti
adopta ce conseil , et ce fut la première fois qu'une p rin oM te chinoise iut alliée
à un roi étranger. Dans les temps postérieurs, cet eiemfle s'eat répété sou-
vent, mais comme les infantes de la Chine se trouvaiei;it trèi malhaureuses dans
les pays barbares et parmi les nomades soumis à leurs époux, on leor substitua
* souvent des filles du palais. -^
{/alliance conclue entre les deux souverains* eut en .ii|fet des suites heu~
reuses pour la Chioefles incursions des Hioung nou devinrent ukhus fré-
quentes ; les frontières de l'empire jouissaient d'une, tranquillité rarement inter-
rompue. Pour couvrir les provinces septentrionales contre les insultes des bar-
bares, les Chinois y avaient établi des colonies militaires qui étaient asses.ftirles
Sur résister au premier choc. Après la mgrt de Kao houang ti , lea HiouiU[:^(kou
commencèrent leurs invasions; et, jusqu'au règn^ de Hiao wou ti, de la dynastie
de Han, la pai« fut souvent interrompue. Cet empereur ne fut pas plus tètpai^
. • , vcQu au trône (i4i avâht Jésus-Christ ), qu'il forma le dessein de détruire ou
V i4i'av. J.-c. ^ ' ^
du moins d'afiBûblirla puissance de ces peuples, et de viager les affiH>nts que sél
prédécesseurs en avaient reçus. Il leur fit une guerre ai Mide , durant plusieurs
années, qu'il parvint à les chasser des pays Umrtrophes de la Chine, dans une
RACE TURQUE. rr job
étendue de plus de deux cents lieues. Afin de se mettre en contacl avec les con-
trées occidentiiles ou l'Asie centrale, dont les différents princes étaient les
ennemis naturels des Hioung nou , Hiao wou tî s'empara de la région située à
Fouestde la province deCben si. Il la divisa en quatre grands districts, y fit bâtir
des villes, aussi bien que dans ses conquêtes septentrionales, y mit une armée
formidable en garnison , et y établit des colonies chinoises , destinées à civiliser les
habitants barbares du voisinage. Pour parvenir plus promptement à son but de
briser la puissance des Hioung nou, il envoya un de ses conseillers dans l'Oc-
cident pour contracter des alliances avec les Yue tchi et autres peuples dis-
posés à soutenir la guerre contre Tennemi commun. Quoique cette ambassade ,
qui, comme nous Tavons vu à la page 67, eut lieu en 126 avant J.-C. ,
n'atteignit pas tout-à-fait le but que l'on s'était proposé, elle contribua ce-
pendant beaucoup à rendre l'intérieur de l'Asie plus familier aux Chinois, et
prépara l'établissement de la puissance qu'ils déployèrent plus tard dans les
contrées situées au nord ilu Tubet et au-delà du Slhoun ou laxartes.
Les Chinois connaissant l'état des vastes possessions des Hioung nou, et ce-
lui des pays d'où ils tiraient leurs forces principales et surtout des richesse^
et des armes, résolurent de les leur enlever. Le succès de la première expédi-
tion qu^ils entreprirent, en 101 avant notre ère, contre le royaume de Ta ouan
( voyez les cartes 5, 6 et 7 ), ne fut pas brillant. La seconde réussit complète-
ment : le général chinois assiégea la capitale, se fit livrer le roi , auquel il fit
trancher la tète, et en mit un autre à sa place. Ces victoires contribuèrent beau-
coup à affermir dans l'obéissance les royaumes soumis , et obligèrent les rois,
qui ne l'étaient pas encore , à se déclarer vassaux de l'empire des Han. L'em-
pereur donna même une infonte chinoise en mariage au Kuen mi, ou roi de^
Ou *un, pour serrer plus étroitement le nœud de l'alliance. Il établit dans le
centre de l'Asie le siège d'un gouvernement militaire, indiqué sur la sixième
carte; le généralissime qui y résidait avait sous sa surveillance trente-six royau-
mes, dont les monarques avaient reçu l'investiture de l'empereur de la Chine,
avec le sceau qui en est 1^ marque. Ce système fédératif étabfi au détriment des
Hioung nou eut tout le succès qu'on en avait espéré; il contribua puissamment
à renverser leur puissance , néanmoins la bravoure de ce peuple le soutint en-
core long-temps, et il fut souvent heureux dans ses guerres contre les Chinois,
14
126 av. J.-C.
joi av. J.-C.
ip8 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYEUMl
plus au nord, et de leur abandonner tout ce qu'ils possédaient aa sod da désert
de Gobi. Pour établir son fils sur le trône, P^ tu^u fit tuer le aoco e gg cn r légi-
time. Pe, un des descendants de Hou han «m, avait des prétentioiis à FcB^piie,
et vivait, pour cette raison, en mauvaise intelligenoe avec Pmi non. Il awt
secrètement envoyé aux Chinois une carte ou description da pays des ffîomig
nou, en demandant de se soumettre. Pou nou, instruit de ses démai'idies, réso-
lut de le faire assassiner. Pe assembla alors les huit hordes dont il avait le gou-
vernement, se fit proclamer Tchhen 3ru, et prit le nom de Hûu kém s», qui
resta à ses successeurs, comme celui de César aux empereurs romains. Il r^na
sur les frontières de la Chine et dans les provinces méridionales de Tenipii^ <ies
Hioung nou, qui, par «cette division, fiit partagé enddix royaumes, J'un du
midi , et Tautre du nord. Pe, qui s'était soumis aux Chinois, fti| toaio«m sou-
tenu par l'empereur, qui le reconnut en qualité de Tchhen yii, et le chargea
d'arrêter les incursions des Hioung nou septentrionaux et des Sian pi.
Dans l'Asie centrale, le pouveir de Pou nou avait aaaH considérablement
diminué; et, quoique les Ouigour et quelques autres pwpltdes lui otbéissaiest
encore , ils n'attendaient qu'une occasion favorable pnujjw^rmmr on joug qu'ils
détestaient. Malgré sa position précaire. Pou nou recooMMMQa ses cotiraeft sur
le territoire chinois.
72 de J.-C. La cour de Tchhang ngan ne vit donc d'autre moyen db dompter ces voisins
incommodes que d'entreprendre, l'an 72, la fameuse expédition à Foccident,
commandée par Pan ichao , que j'ai racontée à la page 65. £lle porta on coup
terrible à la puissance des Hioung nou du nord; leur Tchhen yu se vH dôs la •
84 de J.-C. nécessité de rechercher l'amitié de l'empereur de la Chine, et obtint, fan 84,
pour ses sujets, la permission de venir trafiquer à U firontière ooeiâentale
de l'empire. Les. Hioung nou du raidi, ennemis jurés de ceux dn Étoté^ ne
voulant pas souinir ces liaisons, surprirent leurs anciens compatriotes, etleur^
enlevèrent p jusque tous leurs bestiaux. Les Ou houan, les Sian pi, l/iîj^jlli 1
de l'Asie centrale, et lés Ting ling, les attaquèrent chacun de leor côté, et les
obligèrent de se retirer de plus en plus au nord-ouest Le successeur de fkm
nou fut tué, l'an 87, dans une bataille sanglante qu'il perdit contre ies^Sian pi.
Ceux-ci poussèrent si vivement l'ennemi, que cinquante-huit hordes vinrent
implorer la protection de la Chine, et demandèrent à se soumettre.
RACE TURQUE.
lo-
aulresTchhen yii suiviren
furent tous bien accueillis
j 1 de J..C.
n exemple et se déclarèrenl sujets de la Chiuc; ils
cour de Tchhaug ngaii était iitlérieurement ravie
de la dissension qui régnait parmi ses ennemis naturels. Cependant Hou han sie
parvint à se défaire de ses compétiteurs, et, après avoir rétabli la paix parmi ses
sujets, il revint en Chine pour faire sa cour à l'empereur, qui lui donna une
princesse chinoise en mariage.
Ses successeurs vécurent pendant Jong-teraps en bonne intelligence avec gnprésJ.-C.
la Chine, à laquelle des otages répondaient de leur fidélité. L*an g, )Vang
man^ usurpa le trône impérial de la Chine: ce changement fournit un prétexte
aux Hioung nou, déjà mécontents delà cour chinoise, de rompre la bonne
intelligence qui avait presque toujours subsisté jusqu'alors. Plusieurs royaumes
dans l'Asie centrale, qui étaient tranciens alliés de la Chine, se déclarèrent indé-
pendants, ou prirent le parti des Hioung nou. Wang mang, dans le dessein de
délivrer ses provinces des incursions de ces derniers, avait rassemblé des maga-
sins immenses; il leva une armée de trois cent mille hommes, qui, Fan ii,
pénétra par dix routes différentes dans le centre du pays ennemi, et s'avança
jusque chez les Ting Hng: tout l'empire des Hioung nou fut soumis. Wang mang
le partagea entre les quinze fils et petits-fds de Hou han ùe^ dont un devint
Tchhen yn de sa nation.
Après le rétablissement de la dynastie des Han sur le trône, les relations
(le la Chine avec les pays occidentaux ( voyez page 62 ) furent renouée^. Les
Hioung nou, qui n'avaient pas cessé de faire des incursions sur les terres de
Pempire, s'étaient liés pour cette entreprise avec les Sian pi et les Ou houan;
ils avaient de cette manière regagné leur ancienne puissance. Cet état de
choses dura jusqu'au temps du Tchhen yu Pou nou^ dont le règne commença
Ta» /|6. Alors la division se mit derechef dans l'empire de Hioung nou.
Depuis plusieurs années, leur pays était désolé par tme quantité d'insectes qui
dévoraient les pàtiu-ages et les moissons: une grande sécheresse avait achevé de
détruire le reste. La famine qui se fit sentir chez ces peuples fut comme le
prélude de tous les malheurs qui les accablèrent ensuite. Les Hioimg nou ,
autrefois si fiers, demandèrent la paix aux Chinois, dans la crainte que ceux-ci
ne vinssent les attaquer. Les Ou houan et les Sian pi, anciennement soumis
aux Tchhen yu , tombèrent sur les Hioung nou , et les obligèrent de se retirer
4(i H*: j.-a
1
li^J.-c.
84 de J.-C.
io8 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
plus au nord, et de leur abandonner tout ce qu'ils possédaient au sud du désert
de Gobi. Pour établir son fils sur le trône, Pou nou fit tuer le successeiu* légi-
time, Pe, un des descendants de llou fian sie, avait des prétentions à Tempire,
et vivait, pour cette raison, en mauvaise intelligence avec Pou nou. Il avait
secrètement envoyé aux Cbinois une carte ou description du pays des Hioung
nou, en demandant de se soumettre. Pou nou, instruit de ses démarches, réso-
lut de le faire assassiner. Pe assembla alors les huit hordes dont il avait le gou-
vernement, se fit proclamer Tchhen yu, et prit le nom de Hou han «te, qui
resta à ses successeurs, comme celui de César aux empereurs romains. Il régna
sur les frontières de la Chine et dans les provinces méridionales de lempire des
Hioung nou, qui, par cette division, fut partagé en deux royaumes, l'un du
midi , et l'autre du nord. Pe, qui s'était soumis aux Chinois, fut toujours sou-
tenu par l'empereur, qui le reconnut en qualité de Tchhen yu , et le chargea
d'arrêter les incursions des Hiotmg nou septentrionaux et des Sian pi.
Dans FAsie centrale, le pouvoir de Pou nou avait aussi considérablement
diminué; et, quoique les Ouigour et quelques autres peuplades lui obéissaient
encore, ils n'attendaient qu'une occasion favorable pour secouer un joug qu'ils
détestaient. Malgré sa position précaire. Pou nou recommença ses courses sur
le territoire chinois.
La cour de Tchhan^ ngan ne vit donc d'autre moyen de dompter ces voisins
incommodes que d'entreprendre, l'an 72, la fameuse expédition d l'occident,
commandée par Pan icfiao , que j'ai racontée k la page 65. Elle porta un coup
terrible à la puissance des Hioung nou du nord ; leur Tchhen yu se vît dans la
nécessité de rechercher l'amitié de l'empereur de la Chine, et obtint, l'an 84,
pour ses sujets, la permission de venir trafiquer à la frontière occidentale
de l'empire. Les Hioung nou du midi, ennemis jurés de ceux du nord, ne
voulant pas souffrir ce* liaisons, surprirent leurs anciens compatriotes, et leur
enlevèrent presque tous leurs bestiaux. Les Ou houan, les Sian pi, les peuples
de l'Asie centrale, et les Ting ling, les attaquèrent chacun de leur côté, et les
obligèrent de se retirer de plus en plus au nord-ouest Le successeur de Poir
nou fut tué, l'an 87, dans une bataille sanglante qu'il perdit contre les Sian pi.
Ceux-ci poussèrent si vivement Icnnemi, que cinquante-huit hordes vinrent
implorer la protection de la Chine, et demandèrent à se soumettre.
RACE TURQUE. log
Pendant que ces désastres accablaient les Hioinig nou du nord à l'est, Pan '
fchao consolidait la domination chinoise à l'ouest , dans la petite Boukharie,
L'an 89, le général chinois Teoa hian les attaqua, et les défit dans une bataille «^de J,-C.
qu*ii leur livra prés du mont Khi lo, qui doit faire partie de la chaîne appelée
à présent Nom khoun. Cette victoire obligea quatre-vingt-une de leurs hordes à
se déclarer vassales de la Chine. Poursuivant ses succès, Teou hian pénétra plus
avant, jusqu'au mont Yanjan^ appelé à présent Khan g gai ^ sur le sommet
duquel il érigea un monument, avec une inscription qui attestait ses victoires.
L'année suivante, Teoa hian se remit en campagne, sj^mpara de la ville de
Y ou ou Khamui^ et obligea le roi des Ouigour de donner son fils en otage.
Depuis la dernière victoire qu'il avait remportée, les Ilioimg nou du nord
n'osaient plus reparaître les armes à la main; ils demandèrent la paix, et en-
voyèrent un ambassadeur prêter hommage à Fempereur. Teou hian , glorieux de
ce résultat de ses succès, fit partir Pan kou pour aller recevoir, sur les fron-
tières, l'ambassadeur, et l'amener à la cour. Ce général était à peine parti, qu'un
envoyé des Hioung nou du midi vînt demander du secours à Teou hian contre
ceux du nord. Sans égard pour la bonne foi, celui-ci donna ordre à un de ses >
généraux de se joindre avec toutes ses troupes aux Ilioimg non du sud. Plus
forts par cette jonction, ils allèrent attaquer ceux du nord, et remportèrent une
victoire complète. Teou hian, apprenant la défaite de l'ennemi , résolut de le dé-
truire entièrement; il leva une armée formidable, dont il donna le commande-
ment à Keng koueï. Ce général alla chercher les Hioiig non au mont Kin xvei, 91 6193 de J.-i
situé à la source de Vîrtyche. Il les dispersa totalement, et leur Tchhen yu périt
dans la déroute.
Les débris des Ilioung nou septentrionaux , qui avaient choisi un nouveau
Tchhen yu , passèrent dans leur fuite le mont Kin wei, et dirigèrent leur
marche à Toccident, vers le Khan g khiu, ou la Sogdiane; mais leur bétail étant
très maigre et excessivement fatigué, ils ne pouvaient plus avancer; ils furent
donc contraint» de s'arrêter au nord de Khueï iksu (1), ou Koutché de nos
(1) A cette occasion , les annales chinoises racoDtenl uu fait très curieux pour Thistoire na-
lurelle. Elles nous apprennent qu'au nord de Kkuéttksu, sur la front îùre méridionalu du pays
occupé alors parles débris des Hioung; nou fugitifs, s'élevait une montagne de fea (Ho chan). D'un
oôlé de cp mont, ajouteal ces récils, toutes les pierres brûlent, se fondent et coulent à quelques
no APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
jours, dans un pays qui avait quelques milliers de ti d'étendue, et où ils se
fixéreut pendant quelque temps, sous le nom de Yue po ou Yue pan. Plus tard ,
ils allèrent au nord-ouest, et habitèrent, sous le même nom, le pays situé des
(Uzaints de li. CeUc musse en tu&iaa se refroidit cl se durcit, les habilaatî^ du pays s'en sefvent
dans lu médecine. Oa y trouve aussi du soulre. — Un auteur chinois du septième siècle, en
parlant de Khuéi tlisu y dit : A deux cents ïi {ao lieues) an nord de celte Tille, il y a In mon-
«tagne Blanche (Peclian), qa*on appelle aussi Aghie, lien sort continuellement du feu et de
»h fumée; c'est de lu que vient le fel ammoniac. «
L'ancienne ville de Khuéi thsu est Koulchil de nos jours, siluée par /il'' 3/ latitude nord el 80"
35' longitude orientale, d'après les observations des missionnaires envoyés, vers le milieu
du siècle passe, dans te pays des Eleuls , pour en dresser la carte-
Le nom d'Âghie paraît avoir ta même signification que Hochanzn chinois, c'est- à -dire
rnontfigne de Jeu; cet élément s'appelle ag dans les idiomes de l'Hindoustan , et la même
racine se trou?e également dans plusieurs langues de l'Europe
I/C volcan de la chaîne neigeuse des Thi'an chan doit donc s'y trouver à peu près par
4'i* 55' de latitude nord : c'est probublemenl le mCnie qui porte à présent le nom de Khalar,
D'après le récit des Boukhares qui apportent le sel nmmoniac en Sibérie et en Russie, il est
situé à deux journées u^i £ud de Korgos^ ville siluée sur 1'///. Oti y recueille souvent une si
grande quantité de ce sel que les habitants l'emploient pour payer leur tribut à l'empereur
de lu Chine. La Nouvelle description de l'Asie centrale^ publiée à l*ekin en 1777, contient la
notice suivante: «Le territoire de Koutché produit du cuivre, du salpHre, du soufre et du »el
» ammoniac. Ce dernier vient d une montagne appelée Mont-du-Sel-ammoniac y qui se trouve
»ao nord de la ville. Elle a beaucoup de cavernes et des crevasses qui i nu printemps, en été
»et en automne, sont remplie^ de t^-u ; de sorte que, pendant la nuil , fa montagne parnît
•»illumi«ée par des millier9 de lampions. Personne ne peut alors s'en approcher. Ce n'est qu'en
nhiver, pendant la saison lapins froide, quand la grande quanlité de neige a ètoufîé le feu,
«que les habitants du pays y vont; ils se mettent tout nus pour recueillir le sel ammoniac,
••qui se trouve dans les cavernes en forme de stalactites, et qui, pour cette raison, est diflictle
«à détacher. »
A douze journées de caravane, au nord de Korgos^ se trouve unr autre \ ille appelée commu-
nément Tchoilgoitltcfiak, Elle est située au pied des monts Tarhftgntai, par ^fi" 5' lat, nord , el
8o' 45' longitude. A f]uatrc stations à l'orient de cette ville, on arrive dans te canton de Kho-
boksarif près du Khoboft, qui tombe dans le lac Darlai; il y a une petite montagne, remplie
de crevasses, dans lesquelles it fait excessivement chaud , mais qui n'exhalent aucune fumée.
Dans ces crevasses, le sel ammoniac se sublime v\ s'attache fi fortement contre les parois,
, qu'il faut abattre le roc pour le recueillir. ^.
RACE TURQUE nT
deux cotés des monts Oulott tan et Àtghin taity qui borneul an midi !a steppe
de VIchim. Ces Yue po firent ensuite alliance avec les Jouanjowjn^ mais ils
finirent par se brouiller avec eux, et ces querelles occasionèrent des combats
fréquents. En 41^ ils envoyèrent une ambassade aux Goei, pour les inviter à iis^^îJ.-C.
attaquer les Jouan joimn du coté de l'orient, pendant qu'eux-mêmes fondraient
sur ce peuple it foccident. Après cette époque, fbistoire ne fait plus mention
de ces Hiouug non, qui se sont vraisemblablement mêlés avec d'autres peu-
ples turcs.
Après tant de désastres, il ne restait plus que quelques faibles débris des
îlioung nou <hi nord. Les Sian pi vinrent, à main armée, s'établir dans leur
pays, et en soumirent à leur domination plus de cent mille. Ces nouveaux
sujets, pour obtenir des conditions plus favorables, se fondirent entièrement
avec les Sian pi. C'est de cette époque que date la grandeur de ces derniers,
qui se rendirent si redoutables à leurs voisins.
Après la défaite des Hioung non du nord, ceux du sud, qui furent soumis
aux Chinois, se tinrent tranquilles pendant long-temps; mais, en 109, une
disette affreuse ayant désolé la Chine, leTchhen yu recommença ses incursions
dans cet empire, espérant d'en conquérir au moins une partie. Cependant les
Chinois se rallièrent, allèrent à sa rencontre, et le battirent si complètement,
qu'il fut obligé de venir demander pardon et de renouveler son acte de sou-
mission. Depuis ce temps, ce prince vécut en bonne intelligence avec l'empire.
En i55, les Hicung nou à\i midi, profitant d'une circonstance semblable, se
réunirent aux Kkiang, ou Tubétains limitrophes de la Chine, pour tenter de
secouer le joug. Le général chinois qui commandait sur la frontière de ces
derniers parvint à rompre cette alliance, et coupa toute communication entre
les deux nations. Il joignit alors les troupes des Rhiang aux siennes, et, se
mettant à leur tête, alla combattre les Hioung nou, et les contraignit à se sou-
mettre. Depuis ce temps, ce8 peuples furent tantôt en guerre avec les Chinois,
tantôt leur obéirent. Leur pays fut déchiré par des guerres civiles et par les
incursions perpétuelles des Sian pi. Enfin, Th$ao thsao^ le père du fondateur
de la dynastie des Gocr, retint, en 216, le dernier Tchhen yu captif en Chine, et
envoya le chef d'une horde des Hioiuig nou dans leur pays pour le gouverner.
Le titre de Tchhen yu fut entièrement aboli , et Tempire de ces souverains
Hioung mm '
du sud y
109 fie J.-C.
t55de J.-C
216 de J..
1
112 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
détruit à jamais sous ce nom. Une partie des Hioung non s'était dispersée
sur les frontières septentrionales de la Chine, où elle s'était fondue avec les
fiimilles indigènes. On les partagea en cinq cantons, commandés chacun par
un chef de leur nation. Dans la suite, vingt mille familles qui étaient restées
dans leur ancien pays vinrent se soumettre à la Chine; elles vécurent paisi-
blement pendant le règne de la dynastie des Goei, dont les empereurs étaient
devenus très puissants, et gouvernèrent avec fermeté. Lorsque les Tko pa>[on-
dèrent leur empire, quelques princes Hioung nou essayèrent de se rendre indé-
pendants ; entreprises qui ne réussirent jamais complètement.
La partie la plus septentrionale de la Chine, et principalement les cantons
du Chan si et du Pe tchy li, renfermés par la double muraille indiquée sur nos
cartes, était depuis long-temps habitée par des familles Hioung nou, mêlées
avec des Chinois. Une mauvaise politique les y avait placées ; elle leur faciUta les
moyens de s'emparer d'une partie du territoire de lempire. En effet, après s'être
multipliés , ces Hioung nou ayant pris une connaissance exacte des affaires de
la Chine, profitèrent de la division qui y régnait au commencement du IV' siècle
pour fonder le royaume de Haris ou des premiers Tchao, qui dura depuis 5o8
08^529 'fle"j.-C. j"squ'en 529. Ces princes tenaient leur cour à Phing yang fou, dans le Chan si:
ils étaient très puissants, portèrent un coup fatal à la dynastie impériale des
Tsifif pillèi'ent Lo yang , et firent Tempereur prisonnier. Chy /e, un chef des
Hioung nou, s'étant attaché au service de deux rois de Tchao, commanda une
partie de leurs troupes. Dans la suite , il sut tirer avantage de la faiblesse de
ces princes, fit des conquêtes, et se forma un petit état: plusieurs généraux se
soumirent à lui, et le reconnurent pour souverain: alors il prit le titre de roi
de Tchao; il détruisit la dynastie de ses maîtres; la sienne reçut le nom de
- jucconds TcJia secondi Tchao; elle a subsisté de 3 1 9 en 35 1 . Chy te tenait sa cour à Siang koue,
3i9à55i de J.-c. ^^^^^ j^ p^ ^^hy Ii;sa dynastie fut renversée par un prince de Goei, d origine
Hioung nou, qui ne régna que tiois ans: il fut défait et mis à mort par les
premiers Yun (voy. pag. 96). ^
Au commencement du V* siècle vivait un descendant des anciens eraperems
Hioung nou, nommé He iian po po. Son père s'était rendu maître du ffo tao
ou pays d'Orrff?*, entouré par la courbe septentrionale que décrit le Houang ho;
il fut battu par les troupes des empereurs Goei , et son fils obligé de se sauver
RoYuume
de Tchao,
4o; de J.-C.
4iadr J,-C
RACE TURQUE,
chez les Sian pi. Ce dernier réunit ensuite quelques Iiordes, et comraenra à se
faire une armée nombreuse. En 407, il se révolta contre les princes de la dvnaistie
des seconds Tstn^ et prit les titres de roi de H ta et de grand Tchhenyu. Il entra
alors sur les terres des Sian pi, et y subjugua trois bordes, dont il augmenta son
armée. Revenant ensuite sur ses pas , il attaqua le prince \le Tsin , et lui enleva
quelques villes. Depuis ce temps, He lian po po devinl de jour en jour plus
puissant. En 4»^, il tâcha de s'emparer de Tekfiang ngan (iwy. pag. 55);mais
il fut battu par les Chinois, et contraint de regagner son pays. Il répara cet
échec avec une promptitude incroyable, revint à la charge, et prit cette ville
dans la même année. La possession de Tchhang ngan , ancienne capitale de
la Chine, lui donnait un droit à Fera pire : il prit donc le titre d'empereur,
et s'entoura d'un cortège convenable à cette dignité. Sa résidence était à Hia
icheoUy dans le Chen si , ville connue aujourd'hui sous le nom de Ning hia.
Son second successeur, qui avait été en guerre avec les empereurs goei, at-
taqua le roi des Liang septentrionaux: il fut battu et fait prisonnier; les Thou
kou hoen (pag. 97 ), qui étaient venus au secours des Liang, le remirent entre
les mains de l'empereur, qui le fit mourir» C'est ainsi que le royaume de Hia
fut détruit.
Le royaume des Lffliî^ septentrionaux fut fondé, en 398, par Moitng soung,
d^origine hioung nou, qui s'était révolté contre le roi de Limig. Il s'agrandit,
battit le dernier prince des Liangméridionaux, se rendit maître delà ville de Xoa
thsang, et se forma un petit état. Sous ses successeurs, ce royaume s'augmenta
vers l'occident, et une partie des Ouigour lui obéit. En 4^9» *! ^^^ envahi et
soumis par Tkài wou tt, empereur goei. Leh*ère du roi réunit quelques troupes,
et fit des courses sur le territoire des Goei. Il conquit le royaume des Ouigour.
Son successeur fut vaincu par les Jeoujan en 460. C'est le dernier état qu'aient
possédé les princes hioung nou. Cette nation, dispersée alors dans toute l'Asie
moyenne, perdit son nom, et se confondit en partie avec d'autres peuples d'ori-
gine différente. . •
Quelques débris des hordes des Hioung nou chassés du royaume des Liang Premiers Turcs.
septentrionaux s'étaient retirés au nord, et habitaient sur le bord du Si haï, ou
de la mer Occidentale ^ qui paraît être le lac Baikhack, Ils y furent détruits par
une nation voisine, qui, d'après la tradition fisibuleuse conservée par les histo-
i5
Hnyaumes
de.»
Liiing du nord.
/^Zg de J.-CJ
460 de J.-Cj
Assena.
Ressemltliiute
lies liwdittoiis
Itrrqucs
rt mongoles.
Turcs
Ju IVÎoul-d'Or.
n4 APERÇU DES PEUPLES BE L'ASIE MOYENNE,
riens chinois, extermina tout, sans distinction dage ni de sexe. U ne restait
qu'un enfant de dix ans, auquel Fennemi, par compassion, se contenta de
couper les piedà et les mains. L'enfant se traîna jusqu'à un grand marais, où il
se tint caché: une louve prit soin de le nourrir, et partagea sa proie avec
hii. Par suite de leurs rapports, la louve devint enceinte: persécutés, l'un et
Taiitre par les ennemis, qui s'étaient ravisés, ils furent transportés, par un être
surnaturel, à l'orient du lac, et'é^iarrétèrenr sur une montagne située au nord-
ouest du pays des Ouigour. Ayant découvert une caverne , ils y entrèrent ,
et, après l'avoir traversée, ils arrivèrent dans une plaine fertile, qui avait plus
de vingt lieues de tour: ce fut là que la louve le rendit père de dix eulants
mâles. Ceux-ci, devenus grands, enlevèrent des femmes, et prirent chacun m»
nom de famille distinct. Assena (loup), doué de plus de capacité que ses frères,
devint le chef de cette petite trihu, qui augmenta rapidement. Pour conserver
la mémoire de son origine, il plaça des têtes de loups au haut de ses étendards.
Cette tradition ressemhle beaucoup à celle que rapporte Aboulghazi sur l'ori-
gine des Mongols, qui furent aussi enfermés, pendant plusieurs siècles, dans
la plaine d'Irgene koun , située entre d«s montagnes inaccessibles. Elle offre
également quelques rapports avec celle que l'histoire des Mongols de Setsen sanan
Khoung Taidzi a conservée sur les auteurs de la famille de Tchinghiz klian.
Selon cet écrivain , ils étaient venus d'un pays situé au sud ou à l'ouest du lac
Tenghiz. Ce nom, qui signifie mer, est encore aujourd'hui donné au Balkhach
par les Éleuts ou Kalmuks, qui habitent dans sou voisinage. Le fondateur de
cette famille traversa aussi ce lac; il portait le nom de Burlè Tckina , mot qui
signifie un loup en hiver, qimnd son poil a pris luie couleur plus claire. D'après
cette tradition, on pourrait croire que la famille de Tcliinghîz khan descendait
des anciens khans turcs : c'est ce qui n'est pas impossible, puisque ces derniers
ont possédé tout le pays situé entre la Sibérie et la Chine. Ils furent donc vrai-
semblablement, pendant quelques siècles, les maîtres des Mongols, auxquels ils
peuvent avoir donné des princes de leur sang. ^ Peut-être aussi le récit de la
descendance de la famille de Tchinghiz khan n'est qu'emprunté à la tradition
fabuleuse de Forigine des princes turcs.
Après s'être considérablement accrue, la tribu à'A$iena sortit de la plaine,
qui était devenue trop étroite pour la contenir ; elle se dispersa dans les vallées
I
RACE TURQUE. ii5
du Kin cimn on Altaï , dont le nom signifie mont d'or. Les princes établirent
leur demeure au pied d*une montagne qui avait la forme d'un ca&quc. Cette
arme s'^fM|elait dans leur langue tkou khiu; et c'est de cette dénomination que
toute la nation emprunta le nom qu'elle porta dans la suite. 11 paraît cependant
que Thou khiu n'est que le mot Turc, altéré par la prononciation chinoise. Ce
nom est celui sous lequel cette nation fut connue dans l'Occident.
Les Thou khiu étaient sujets des Jeou jan ( voy. pag. 99); ils excellaient dans
l'art de forger les armes. Sur la tin de la dynastie des Goei, leur chef s appelait
Thou men; il combattit les Turcs Kao iché, et les défit entièrement. EnHéde ce
succès, il envoya une ambassade en Chine. En 546, il eut la hardiesse de de-
mander en mariage une fille du khan des Jeou jan. Ce prince, qui regardait
les Tkou khiu comme ses esclaves, fut surpris que le chef de gens dont remploi
était uniquement de travailler à ses forges osât lui demander une princesse de
son sang. Il chassa honteusement les ambassadeurs de Thou men. Celui-ci,
encore plus irrité que le khan, fit tuer ses officiers, rompit tout commerce
avec lui, et tourna ses vues vers Tempepeur des Goei, qui lui accorda une prin-
cesse cKInoise. Alors il déclara la guerre aux Jeou jan, et les battit en plusieurs
rencontres : leur khan se tua de désespoir. Thou men prit, en 55ii, le titre de
kakhan, et se fit appeler li khan. C'est ainsi que se forma l'empire des Thou
khiu, ou des Turcs , un des plus vastes de ceux qui ont existé dans l'Asie
moyenne. Ces peuples firent des incursions fréquentes .dans la Chine et dans
la Perse, et envoyèrent des ambassadeurs aux empereurs de Constant! nople.
Iski khan, successeur de Thou men, atterra les Jeou jan par ses victoires; il
transmit Tempire à son frère, qui régna sous le titre de Mou kan khan,
ou Ti theou pou li khan. Celui-ci était brave, cruel et belliqueux; ainsi il neut
pas de peine à disperser entièrement les restes des Jeou jan. Il subjugua tout
le pays compris entre l'Océan oriental et la mer Caspienne, et depuis la Chine
et le Tubet jusqu'au nord du Baikal, il établit un gouvernement stable et bien
organisé, et parvint ainsi à donner de la consistance à son empire.
C'est sous le règne de ce prince que les Thou khiu eurent des relations suivies
avec les empereurs byzantins. La première ambassade de ce peuple arriva en 562
k Constantinople ; elle fut envoyée par Jskel, appelé par les Grecs roi des Uer-
mikhiones ou Turcs. Cet Askel était vraisemblablement un des gouverneurs des
Thoi» men,
546 dp J.-C.
55a df J,>C.
553 de.I.-Cv.
DhnUoul
ou
Mou k:m khan.
Preiuit'ie amUas^
satle ciivoycc
par Je* Turcs
àCiiustauijnople.
562 dr J. C.
1 1
6
APERÇU BES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
568dcJ.>C.
r>69dt-J-C.
de Zemarkh
provinces occidentales de rempiredukakhaii , qui voulut empêcher une alliance
entre les empereurs grecs et les Avares, nation qui s'était soustraite à la domi-
nation des Turcs en se réfugiant vers l'Europe. Les Turcs, qui les poiCJ||ivaienr,
s*ét^ent emparés, en 568, du pays situé entre le Wolga et le Maeotis. I^urs am-
bassades invitèrent Justin 11 à refuser aux Avares des terres dans Tétendue de
lempire. Dans la même année, Maniakh, prince des Sogdtens , qui obéissaient
aux Turcs, avaient demandé à Dizatfoul(\), empereur de cette nation, la per-
mission d'envoyer une ambassade à Nauchinvan y roi de Perse , pour obtenir la
liberté de vendre de la pourpre ( soie ) aux Mèdes. Les députés de Maniakh
échouèrent dans leur mission , de même que d'autres, expédiés par Dizaboul
pour engager les Persans à conclure un traité d'alliance avec lui. Ces derniers ,
craignant les Turcs, empoisonnèrent leurs envoyés: c'est de cette époque que
date l'inimitié qui exista long-temps entre ces deux peuples. La guerr.e éclata.
Noucftirwanj voyant que sou pays serait exposé aux incursions des Turcs, eut
recours aux Chinois. Des ambassadeurs allèrent de sa part vers fVou ti , empe-
reur des Tckeou, probablement pour l'inviter a faire une diversion sur la fron-
tière orientale des Turcs. Maniakh alors conseilla au khan des Turcs de' recher-
cher l'amitié des Romains et de leur proposer le commerce de la soie, dont ils
faisaient uq grand usage. Dizaboul goiita ce projet , et chargea Maniakh de son
exécution. Celui-ci se mit en marche , traversa des montagnes escarpées et cou-
vertes de neige, des, plaines, des forêts, des marais, franchit le Caucase et
arriva à Byzance: l'empereur le re(,;ut avec distinction, et s informa s'il restait
encore beaucoup d'Avares dans rintérîeiir de l'Asie, Cette circonstance fait croire
que les Avares étaient la même nation que les Jeoujan ou Jouan Jouan^ chassés
à l'occident par les Thou khiu. L'ambassadeur turc signa un traité d'alUance dé-
fensive avec les Romains.
Justin II ^ pour répondre aux intentions de Dizaboul^ fit partir, en 569,
Zemarkh, préfet des villes de VOrient. Celui-ci se rendit dans le pays des Sog-
diens, où il rencontra des Turcs qui lui offrirent du fer. Leurs chamam cher-
chaient, par leurs cérémonies bruyantes, à détourner les influences malignes
qui pouvaient s'opposer à la réussite de sa mission. Zemarkh arriva ensuite au
(1) Dizahoul est le même nom que Titheoupou liées historiens chinois, mot dont la Téri-
lable proDonciatioQ doit être DithouhouL
RACE TLRQUE. 117
camp du kakhan : il se trouvait dans une vallée du Mont-d'Or, que Zemarkh
nomme Ektel au lieu (ïyéitai , qui est le véritable nom turc, et qui signifie or»
Il tfouva Dizaboai dans une tente posée sur des roues , suivant la coutume de
sa nation. Ayant renvoyé la plupart de ses gens par le pays des Khoiiles , il ac-
compagna l'empereur turc, qui marcha contre les Persans. Arrivés à un endroit
appelé Talas, situé vraisemblablement sur la rivière qui porte encore ce nom ,
le kakhan rencontra des ambassadeurs du roi de Perse : il les reçut fort mal.
Ce fut là que Dizaboul donna au préfet romain son audience de congé , et lui fit
présent d'un esclave de la nation des Kkerkhiz ou Kirghiz. Il le fit accompagner
d'une ambassade conduite par Tagma , qui avait la dignité de TarkhaUj, dignité
qui existe encore aujourd'hui chez les peuples de TAsie moyeiuie , et qui donne
la haute noblesse. Zemarkh alla rejoindre les siens dans la ville des Kiwiites. De
là il marcha pendant douze journées par iin pays sablonneux entrecoupé de
marais; il passa ensuite VHiich, qui est la ïemba, et le Daik, nommé à présent
laïk ou Oural. Il parvint de là aux pays marécageux qui se trouvent à lembou-
chure de VAuiiia ou Wolga , et traversa le pays des Hougores. Ces peuples le
prévinrent que , pour le faire prisonnier , les Persans s'étaient mis en embuscade
dans les forêts qui avoisinentle Kophen (Kouban). Le prince des Hougores j qui
gouvernait ce pays au nom du kakhan des Turcs , donna à Zemarkh des outres
remplies d'eau, pour qu'il put passer la plaine aride qui s'étend au nord du Cau-
case. Après avoir franchi un grand lac ou marais (vraisemblablement le Ma-
nytch supérieur), ils parvinrent à celui qui reçoit les eaux du Kophen^ Ce sont
sans doute les marais formés par le Kouban, qui autrefois étaient beaucoup plus
considérables que de nos jours , et dont des traces marquent encore l'ancienne
extension. Quoique les éclaireurs envoyés en avant n'eussent rien trouve qui
put indiquer une embuscade persanne, Zemarkh jugea pourtant à propos de
gagner promptement le pays des Jlains (Ossètes); car il craignit d'être atta-
qué par les Horomoches. Il voulut se présenter avec les ambassadeurs turcs chez
SarodiuSj roi des Aiains; celui-ci refusa de recevoir ces derniers avant qu'ils
eussent déposé leurs armes. Il dissuada Zemarkh de traverser le pays des MimU-
mianest ou plutôt Missimianes_, parceque les Persans s'y étaient postés près de la
Souanie; il lui conseilla au contraire de prendre le chemin de Dan'na. La Souanie
est la partie des hautes montagnes du Caucase qui s'étend à Touest du lUoni
ii8 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
supérieur vers b mer Noire. Le pays des Missimianes est la vallée de Mamisson,
dans laquelle coule VArre-don supérieur; elle est habitée par une tribu ossète du
Toème nom. Au nord, elle aboutit à un défilé très étroit, fermé par une ancienne
muraille. Ce col, qui est un ,de ceux par lesquels on passe le Caucase, s'appelle
Porte de Kasri. Le cftemin de Darina est celui de Dariei ou plutôt Darian , qui
longe la vallée du Terek : il est à présent le plus fréquenté pour pénétrer du nord
en Géorgie. Zemarkh suivit le conseil de Sarodius , passa par Darina et arriva
heureusement en Jpsilie^ et de* là k Rogatorium , fort situé sur le Phasis. Il
sVmbarqua sur ce fleuve pour Trébizonde , d'où il partit en poste pour Byzance.
Apiiti est encore le nom d'un village en Mingrélie.
S-i de J -n. Moa kan khan mourut en 572 , après avoir éloigné de la couronne son fils Ta to
pian ( prononcez Taroban ) : il lui substitua son propre frère , qui régna sous le
nom de Thobo kftan. Ce dernier surpassa en puissance son prédécesseur, et se
rendit redoutable à tous ses voisins. Les dynasties qui, vers la fin du Vil* siècle ,
régnèrent dans la Chine septentrionale, épuisèrent leurs trésors en présents
^Èk qu elles lui envoyèrent pour empêcher ses inciursions sur leurs terres. Ce fut lui
qui introduisit la religion de Bouddha parmi les Turcs. Il fit venir de l'Inde des
prêtres et les livres sacrés de cette croyance, et bâtit plusieurs temples ainsi que
58i de J-C ^^^ couvents. A sa mort, qui arriva en 5^1, il conseilla à son fils Ngan lo de
céder l'empire à Ta to pian, fils de Mou kan khan; mais les grands de cette nation
rehisèrent de se conformer à cette dernière volonté de leur monarque, sous
prétexte que la mère de Ta to pian n'était pas d'une famille aussi illustre que celle
de Ngan h. Celui-ci fut proclamé kakhan; cependant, ne pouvant soutenir les
guerres que Ta to pian ne cessait de lui faire, il se dépouilla de l'empire en faveur
de Ctie tfiou. Ce dernier était fils â'hki kitan, et prit le titre de Cfm potio khan,
et fixa sa résidence au mont Tou kin , qui est une des branches de l'Altaï.
Ngan lo se contenta du titre de vice-khan , et alla camper sur les rives de la
Touta. Ta lo pian eut le titre iYJpo ktian , avec un certain nombre de sujets.
Un oncle de Cha po tio fut envoyé du côté de l'occident avec le titre île Ta theou
kimn. Les historiens byzantins appellent ce dernier Tardoti khan ; et ils ont
changé le nom à'Àpo khan en celui de Bo ktian.
Bientôt après la division de l'empire des Turcs entre quatre kakhans, la dy-
nastie ^ Tcheou, qui régnait en Chine, fut détrônée par le fondateur de celle
RACE TURQUE.
des Soui. La femme de Cha po tio, qui était une princesse du sang impérial des
Tcheou, le sollicitait continuellement de venger sa famille. En conséquence, il
ordonna, en 582 , à une armée nombreuse de franchir la grande muraille: elle
entra donc dans les états.desSoui, qu'elle ravagea. L'année suivante, le kakhan
étant venu lui-même faire une incursion en Chine, fut battu, et obligé de prendre
la fuite. Son armée manqua de vivres; la peste se mit dans ses rangs, et lit périr
un grand nombre dliommes. Pendant que ces désastres accablaient Cha po lio ,
les Chinois réussirent à fomenter des troubles dans l'intérieur de son pays; ils
parvinrent à détacher Ta theoukhanet Àpo khan de Talliance avec ce monarque;
ces deux khans se déclarèrent vassaux de l'empereiu' des Soui. Partout la ré
volte éclata contre Cha po iio; de sorte qu'il fut enfin forcé de se rapprocher
des frontières de la Chine, et de se soumettre, eu 586, à cet empire. Les
troubles qui, sous son règne, avaient divisé les Thou khin , leur devinrent plus
funestes sous ses successeurs. Les Chinois profitèrent des circonstances pour
fondre sur eux , défirent totalement le kakhan en 654 -> ^^ firent prisonnier, et
le conduisirent en Chine. Il n*y eut plus alors de prince turc régnant dans
l'orient. Les descendants é'Apo khan, très puissants dans l'occident, furent con-
tinuellement en guerre avec les Perses : leur campement principal était k Fouest
de la chaîne de X Altaï ^ dans l'ancien pays des Ott sun; ils s avançaient jusque
sur les terres des empereurs grecs.
Ce ne fut qu'en 639 que les Chinois remirent un nouveau kakhan sur le trône
des Thou khiu orientaux. Les successeurs de ce prince, tantôt soumis, tantôt en
guerre avec la puissante dynastie de Thang, qui occupaient alors le trône de la
Chine, furent cependant ses vassaux. D'autres peuplades turques, telles que les
Si yan tho et les Hoei he , desquelles je parlerai bientôt, profitèrent de la fai-
blesse des princes des Thou khiu pour fonder de nouveaux empires, et contri-
buèrent par là à la chute totale de ïa dynastie de leurs anciens souverains. Vers
la fin du VII* siècle, les Thou khiu orientaux se relevèrent un peu; époque
brillante qui ne fut pas de longue durée, car leur empire fiit, en 744» totale-
ment déti'uit par les Hoei he.
Malgré l'éloignement du pays des khans des Thou khiu occidentaux^ les Chinois
y exercèrent constamment une grande influence : tantôt ils expulsaient un ka-
khan du trône, et en plaçaient un autre, tantôt ils les amenaient prisonniers en
58Q*leJ..cJ
584 fJe J-C. '
63q (le J.-C.
744 de J..C.
Turc»
occidentaux.
RACE TURQUE.
121
lURCS-OUIGOUR
Les Ouigoar, peuplade de race turque (i), étaient originaires des bords de
ÏOrkhon. De \k ces nomades se répandirent vers l'occident jusqu'aux sources
de rirtyche et jusqu^au lac Dzaisan. Une de leurs tribus, nommée Kiu szu ou
Ouigour.
()) Les hisiorieoa el les orienlalL<l«9 qui oui parïé des Ouigour onl prouvé l'origine turque
de ce peuple; M. J.-J. »Sc7imiV/f de Saînl-Pétersbourg e»l le seul qui, sur ce point, ail cru devoir
êlre d'uu avis différent. Ce ?avant estimable s'occupe aTec beaucoup de succès de h liuératurc
des Mongols et des Kalrauks. Guidé par un passage d'un livre mongol très récent, il a sou-
tenu que les Ouigour étaient des Tangoutains y ou, ce qu'il croit synonyme, des Tithetains;
cependant un texte unique d'un auteur dont rexaciilude mSme est très douteuse, et qui a
écrit loDg-temps après les éTénemenls dont il parle » ne peut militer contre le témoignage
d'un grand nombre d'écrivains graves, et en partie contempoji^ins. Ces écrivains, qui appar-
tenaient à des époques el à des pays très dtfTérenls, loin de se copier, ignoraient même l'exis-
tence de leurs ouvrages respectifs : tous ont cependant dit positivement que les Ouigour étaient
des Titres. L'extrait de leurs livres, les endroits où il est principalement question de ce sujet,
et qui, combinés avec d'autres preuves matérielles, nous offrent PéTidence mathématique de
cette assertion, me dispensent de reprendre à FaTenir une question déjji tant rebattue^
I* La peuplade nommée par les anciens Chinois Kiu szu ou Gouz est lu même qui, plus
tard , fui appelée Kao tchhan^.
a' Ces Kao tchkang s'appelaient, dan» leur langue, Ouigour.
3* Les auteurs chinois disent que le peuple appelé Ouigour sous la dynastie mongole des
Yûuan éliiit le même qui, sous celle des Thatig, avait porté le nom de Kao tchhatig.
4* La langue des Kao tchluing, de laquelle nous possédons un vocabulaire d'environ huit
%Deiit$ mots , est du turc oriental pur,
5' Rachid - etùlin , auteur de la meilleure histoire des Mongols , écrite en persan, et le vitir
Ala-eddiUf qui a composé une histoire des conquf^tes de Tchinghiz khan, savaieut tous les
deux la langue des Ouigour, ils déclarent que ce peuple était de race turque.
6' Les missionnaires catholiques envoyés 9 au XII* et XIII* siècle, dans l*intérieur de^
TAsie, pour convertir les Tatars, nous instruisent que la langue des Ouigour e'tait la véritahk
racine du turc et du coman.
7* Les historiens chinois du temps de I.i dynastie de Youan nous apprennent que les
16
iiiu IZU,
ou
Gouz.
133 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Kouszu (prononcez Gouz) (i) se fixa au sud des monts Célestes (Tinsinchan),
dans le pays de Khamut et de Tour fan. Ses habitatious s'étendaient vers le midi
jusqu'aux lacs Bostouel Lob. Les Chinois les y tronvèrent au milieu du secoud
Ouigour formaitinl un même peuple avec les Hoeihe , ut que les langues de ces deux nations
étaient identiques.
8° Tous les mots Hocihe conservés par les Chinois ?oïiI turcs.
9" Les historiens chinois du moyen âge disent que les Hoeihe descendent des Hiourt^ non,
penpie de race turque.
10' Les mêmes auteurs assurent que les Tkou khiu, ou Turcs proprement dits^ étaient les
descendants d'une tribu litoung non, chassée des frontières chinoises, Tcrs le nord-ouest.
II' Les Tatars de la Crimée se servaient, dans leuri^ acl»!S, d'une laofue appelée iingua
uguresca par les Génois fixés dans ce pays. Al. de Hammer a publié dans les Mines de l'Orient
( vol. IV, pag. 359) un diplôme écrit dans cette langue, qui esl du turc oriental.
Ces om.e points démontrent clairement
Que les OLIGODR sonl = HOEI HE, =: TURCS.
J'ai prouvé ailleurs que les Ouigonr, ou floei ke , pouvaient Cire appelés Tangoiifains par
les écrivains mongols posléfioers A Tchinghiz khan, parceque le TangoutélaHf à oeUo époque,
habité par une partie de la nation Hoei he. (Voy. VerzeichUss der Ghintsischen B ûchcr und
Handschriftcn der Koeniglichen Bibliothek zu Berlin. Paris, i8aj , in-fol. Anhang, pag. 65 )
(t) Le k non aspiré des Chinois est en eiïet un g, et correspond parfaîtemeol au kef, et
au kef&yec trois points des Persans. Ces deux lettres soai des g plus ou moins doux. Les
Chinois se servent aussi quelquefois du A non aspiré pour exprimer le ghain, qui est un gh
guttural, prononcé 1res tbrlement par les Arabes. C'est pour celte raison que, djus la troisième
édition de mon Mémoire sur les Ouigour, j'avais conjecturé que les Ghoz ou Gkouz des écri-
vains mahométans, peuplade lurromane du Mawarcnnahar, qui, dans le XI* siècle de notre
ère, firent une incursion en Syrie, et, dans le Xir, une autre dans la Perse orientale, où ils
s'emparèrent de Ghiznek^ pouvaient bien ûtre les mêmes peuples que les Gouz ou Ouigour des
écrivains chinois. Cette conjecture me paraissait d'autant plus vraisemblable, qu'encore aujour-
d'hui il se trouve dans le Kliarisni des tribus Ouzbek qui portent le nom d'Omgour. Mon
docte et respectable ami, M. Abvl Remusat, dans un article inséré dans le Journal des Sai'ants
(mai i8a4), a combaUu mon opinion sur ce point d'histoire; il ne croit pas admissible ce
rapprochement, parcequc, dit-il, le mol G Aos commence par une gullurule faible ou voyelle
r* articulée, qu'on n*a jamais pu prendre pour un A. Je crois cependant que les personnes qui ont
entendu prononcer le gfiain par des Orientaux no le prendront ni pour une gutturale faîBle ,
ni pour une vojelle articuUfe : c'est plutôt le am qui mérite ce nom. Le ghain est un véritable
gtrès forte ment prononcé, el beaucoup moins doux que k k chinois non aspiré.
f •
RACE TURQUE, " " i^
siècle avant notre ère. Cette petite peuplade était alors gouvernée par deux
princes, l'un, apipelé roi de ta tribu anlirieare , avait 6*o5o sujets, et Fantre,
portant le nom de roi de ta tribu ultérieure, n'en comptait que 4774- Ue pre-
mier résidait à Kiaohotchking, ville située dans le voisinage de celle de Tour-
fan de nos jours; le second demeurait plus au nord-ouest, dans une vallée
des monts Célestes. Les Kiu S2U ayant renoncé à la vie nomade, habitèrent
des villes, et furent tributaires des Hioung nou. Dans les premiers siècles
avant J.-C, le boudhisme était déjà répandu dans l'Asie centrale, et il est
très probable que les Kiu szu , ou Ouigour proprement dits , professaient cette
religion. Pendant les guerres des empereurs de la dynastie des /fan ( pag
k 67) avec les Hioung nou, ces Ouigour furent tantôt soumis aux Chinois,
tantôt ils redevinrent vassaux des Plioungnou, Au commencement du qua-
trième siècle, leur pays passa sous la domination du royaume chinois des
premiers Liang; ensuite les Liang du nord (pag. 11 3) s'y établirent; ceux-ci
en furent chassés par les Jeoujan (pag. 99). Alors plusieurs tribus ouigour
se retirèrent au nord des monts Célestes. Vers l'an 35o une peuplade des Kiu
szu antérieurs, nommée Kao tchhang py, et plus tard Kao tchhang, s'empara de
tout le pays des Kiu szu, et donna son nom à la nation des Ouigour , qui de-
puis cette époque ne fut connue que sous celui de Kao tchhang. En 460 Tchhu lo,
kakhan des Jeoujan, ayant défait le dernier roi des Liang du nord, établis
dans le pays des Ouigour, donna ce royaume kKhanpe tcheou. Les successeurs
de ce dernier ne tardèrent pas à devenir tributaires des Turcs Kao tchlie , et
ensuite des Thou khiu, ou Turcs proprement dits.
Les troubles qui, dans le septième siècle, déchirèrent l'empire des Thoukkiu
obligèrent le roi des Ouigour Rao tchhang à se soumettre en 63o à la Chine.
Dix ans plus tai^d ce même roi mécontenta Tempereur; il retenait les mar-
chands chinois, et empêchait les ambassades des pays occidentaux de se rendre
à la cour. Il avait maltraité Je roi de Yan khy, qui était sous la protection de
la Chine. L'empereur, sur les plaintes qui lui furent portées, manda le roi des
Ouigour en sa présence : celui-ci refusa de venir, comptant sur le secours des
Thou khiu occcidentaux. Alors l'empereur résolut de le punir : une armée
chinoise entra en 640 dans le pays des Ouigour, s'empara de plusieurs villes
et attaqua la capitale. Le roi mourut de chagrin , et son fils se rendit à dis-
Kào tchhang.
460 de J.-C.
63oileJ.-(
64© de J-C.
chinoise.
7i3deJ.-C.
962 de J.-G.
Civilisalion
des Onigour.
*r#i APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Pays crétion. Le royaume de Kao tchhang fut alors déclaré province chinoise ; on y
de¥*c*uu provbce établît un chef militaire el des tribunaux. Ce pays avait quatrevingls lieues de
l'est à louest, et cinquante du nord au sud. Le nom de sa capitale, Kao
ichhang , fut changé en celui de Si icheou (ville occidentale). Eu 713 une
famille appelée Tchhin obtint des empereurs des Thang l'investiture de la
principauté de Si tcheou, qu'elle posséda pendant dix générations sous la
protection chinoise. Plus tard le pays des Ouigour proprement dits fut occupé
parles Turcs Hoei he ou Hoeihou; les chefs qu'ils y avaient établis envoyè-
rent en 962 une ambassade au fondateur de la dynastie de Soung. Après la
destruction de l'empire des Hoeihe, les Ouigour Kao tchhang eurent leurs
propres rois, qui , à Fépoque de la puissance des Khi tan ou Liao ( pag.89 ),
devinrent vassaux de ces derniers , sous la domination desquels ils restèrent
jusqu'au temps de Tchinghiz khan , auquel le roi de ces Ouigour se sou-
mit en 1209, comme nous le verrons plus tard.
Un voyageur chinois qui, à la fin du X* siècle, était à Si tckeoit, trouva dans
cette ville plus de cinquante temples de Bouddha, la plupart élevés par ordre
des empereurs chinois. Dans ces temples, on conservait le livre de la loi , et des ou-
vrages chinois , tels que le dictionnaire ionique de la dynastie des Thang , le voca-
bidaire Yu pian , et les commentaires sur les King, ou livres classiques. Dans
d'autres parties de la ville, on voyait des bibliothèques publiques, où se trou-
vaient les ordonnances de l'empereur Thaï tsoung, fondateur de la dynastie de
Thang. Il y avait aussi des temples de la religion de Mo ni ou Manès, des prêtres
de Pho szu ^ ou de la Perse, c'est-à-dire des sectateurs de Zoroastre , et d'autres,
observant chacun leur loi , et désignés dans les livres des bouddhistes par le
nom de doctrines extérieures. La langue du pays s'appelait alors oui gou et ,
ou ouigour. Les Ouigom™ avaient des annales que Rachid-eddin et le visir Ala-
eddin {voy. la note page 122) ont consultées. Quoique le fragment que ce der-
nier en a inséré dans son histoire de Tchinghiz khan soit rempli de fables » nous
aimons à croire que le reste valait mieux , et qu'on sera, avec le temps, assez heu-
reux de trouver et de pouvoir traduire quelques ouvrages historiques des Ouigour,
On voit , par ce récit, que les Ouigour proprement dits avaient à cette époque
une civihsation d'origine chinoise, indienne et occidentale. Il serait cependant
dHïicile de suivre la trace de cette civilisation , à une époque beaucoup plus reçu-
RACE TURQUE. 1^5
lée, et encore moins jusqu'avant la naissance de J.-C. L'hypothèse favorite de
ceux qui veulent que toute la civilisation de l'ancien continent soit venue du pla-
teau de la Tatarie, qui oexiste que dans leur cerveau, ne reçoit donc aucun
appui de la part des Ouigour, dont le petit royaume ne s'est jamais élevé k une
certaine importance politique, car k son origine il ne comptait que quinze cents
familles, et à l'époque de sa splendeur, sa plus grande étendue n'était que de
quatre-vingts lieues.
Ce qui contribue principalement à rendre les Ouigour célèbres, en Asie et Écnuirc otiigom .
en Europe, c'est leur alphabet, qui a doiuié naissance aux caractères dont
les Mongols, les Eleuts et les Mandchoux se servent encore aujourd'hui. Cet
alphabet est visiblement dérivé du syriaque, comme nous Favons démontré
dans nos mémoires sur les Ouigour. Il n'offre pas la moindre ressemblance
avec le Devanagari , et fournit par là tmc preuve convaincante que, parmi
les nombreuses sectes du christianisme, quelques unes étaient répandues dans
l'Asie intérieure à une époque assez éloignée, quoiqu'il soit jusqu'à présent
jmpossible de la préciser.
Uaulre branche des Ouigour, et la principale, menait une vie nomade en
parcourant avec ses troupeaux les pays situés au nord des monts Célestes et entre
les rives de VOrkhon et de VIrtyche. Elle porta, dans le 111" siècle de notre
ère, le nom de Kao ichhe ou de Chariots élevés , vraisemblablement parceque
les rôties des chariots, qui portaien%ps tentes de feutre, étaient plus hautes que
celles des autres peuplades turques. I^s Kao tchhe avaient alors leur principal
campement entre la Toula, TOrkhon et laSelengga; ils étaient de la même origine
quelesllioung non, quoiqu'ils parlassent ini dialecte un peu différent, D*aprèsles
traditions fabuleuses conservées par les historiens chinois, un ancien tchhen yn
des Hioung non avait deux filles d'une beauté parfaite: croyant qu'aucun mortel
n'était digne de devenir leur époux, il résolut de les offi-ir au ciel; il les plaça
donc sur une haute tour, qu'il avait fait construire dans un pays situé au nord
de ses états. Les deux princesses y eurent commerce avec un loup qui avait établi
sa lanière au pied de la tour, et qu'elles prirent pour une divinité métamor-
phosée. Les enfants qu elles conçurent furent les ancêtres des Kao tchhe. Telle
est Torigine fabuleuse de cette nation, qui, suivant le récit des mêmes auteurs,
traînait la voix et imitait en chantant les hurlements des loups. Flusietirs peu-
McBurs
des Kao tchhe.
iÉ6 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
pies turcs ont la manie de vouloir descendre des loups, comme nous l'avons
déjà vu (page \iY),et cet animal est souvent le sujet de leurs fables.
Les Kao tchhe étaient un peuple barbare et cruel; ils ne peusaient qu'au
brigandage; dans leurs guerres avec leurs voisins, ils n'observaient aucune règle
Hiililaire; la fuite n'avait pour eux rien de déshonorant; ils ignoraient les lois de
rUospilalité, s'asseyaient accroupis comme les animaux, en posant les mains sur
les genoux. Ils ne connaissaient pas l'usage du blé et de l'eau-de-vie. Quand ils
prenaient une femme ils payaient la dot en bœufs ou en chevaux, en cher-
chant à se distinguer par le grand nombre des bestiaux. Le jour où le mark
recevait la future dans sa maison, les hommes et les femmes se rassem-
blaient, se régalaient de lait de jument caillé et de viande rôtie; le maître
de la maison invitait les pauvres et les passants à s^asseoir devant la porte. On
buvait jiLsqu'à la fin du jour. Ce peuple n'avait pas la coutume de se laver ; il
se réjouissait des éclairs et des coups de tonnerre. Quand la foudre tombait ,
les Rao tchhe poussaient des cris affreux, tiraient des flèches contre le ciel,
quittaient leur camp et le transportaient plus loin. L'année suivante, quand
leurs chevaux étaient bien gras, il y revenaient en grand nombre, faisaient une
fosse dans laquelle ils brûlaient un bélier : les sorcières exécutaient alors leurs
prestiges. Du reste, les mœurs et usages des Kao tchhe ressemblaient à ceux des
autres peuplades turques.
Peu à peu ce peuple se multiplia et s'éto^it plus au sud ; il s'avança jusqu'au
lâifLoH hoen y qui avait du nord an sud dix lieues de largeur. Les Kao tchhe
y demeurèrent tlans la première moitié du V* siècle; étant devenus très puis-
sants, ils faisaient de là des incursions sur les terres des Jfûwya«(page 99), et
sur celles de Fempire de Goei (page 98 et 99). Thai wou ti, empereur des der-
niers, s'approcha alors de leui's habitations , les battit, et remporta une seconde
victoire près du mont Lang chan, H pilla toutes leurs hordes, fit plus de 5o,ooo
prisonniers, leur enleva un million de têtes de bétail, et deux cent raille cha-
riots. Dans la suite, ce même empereur ayant vaincu les Jeou jan, envoya des
troupes contre plusieurs bandes des Kao tchhe, qui campaient du côté de l'est,
et força un grand nombre de leurs familles de reconnaître son autorité. Il
les fit venir au sud du désert, et les plaça sur la frontière de la Chine, où
elles s'adonnèrent à l'agricnlture.
127
RACE TURQUE.
Les Kao tchhe du nord, quoique soumis aux Goei, avaient leurs khans
particuliers qui se révoltèrent souvent. Ils devinrent, plus tard, sujets des Jeou
jan, et aprt^s que la puissance de ceux-ci fut abattue par les Tbou khi u, les
Kao tchhe se trouvèrent sous la domination de ces derniers. Au commence-
ment du VIP siècle, les Kao tchhe adoptaient le nom de Goei he, d'après ce-
lui d\ine de leurs hordes principales.
En 606, ils furent vaincus par Tchku h, kakhan des Thou khiu , qui les dé-
pouilla de toutes leurs richesses. Redoutant ensuite les efforts de leur res-
sentiment , il voulnt les prévenir, convoqua une assemblée générale de leurs
principaux chefs , et en fit mourir un grand nombre. Les Goei he se lièrent
alors avec plusieurs tribus de leur nation, se choisirent un khan, et se révol-
tèrent contre les Thou khiu; ils s emparèrent de Khamul, ou pays tles Ouigour,
et de Yan khy ou Rharachar. Leur prince porta le titre de Khi kin et eut
son camp au bord de la Selengga; il battit les Thou khiu à plusieurs re-
prises , et vint habiter le pays arrosé p^ la Touia. Après la destruction de la
puissance des Thou khiu, les G(7e« Ae devinrent la nation prépondérante dans
l'Asie moyenne. En 629, ils envoyèrent une ambassade à lempereur de la
Chine, et se déclarèrent bientôt après vassaux de l'empire des Thang.
Vers le milieu du VI" siècle, la partie occidentale de la nation des Kaû
tchhe avait son campement principal à l'ouest du lac Si haij ou Baikhack;
elle s'appelait Tckhy te s ou Thie te. Ce nom devint aussi celui de toute la
nation. On trouve dans le tableau ethnographique des peuples de l'hitérietir de
l'Asie, à Tarticle TcAAi? le, la liste de toutes les hordes qui composèrent la
nation des Kao tclihe , et on y voit que dans le Vil' siècle les plus occi-
dentaux atteignirent les frontières de l'empire romain, tandis que ceux qui
habitaient le phis à l'Orient avoisinaient les rivières qui par leur réunion
forment TAmour.
Le nom des Goei he fut bientôt changé dans celui de Hoei tie. La bonne
intelligence de ce peuple avec les Chinois dura jusqu'au règne de Tengri K/ian,
qui, en 765, fit des invasions sur les terres de rempirc et dévasta les pro-
vinces septentrionales. Jusqu'alors les Hoei he avaient vécu avec beaucoup
de aimpUcité; mais depuis que le commerce avec la Chine, le butin que
leur procuraient leurs invasions dans ce pays, et surtout les présents con-
606 de J.-(
Tchh^f le
ou Thie le.
fWi he.
765dcJ..C.
èngri khan
Bika khan.
787 dt J.-C.
12S APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
sidérables qu'ils en retiraient, leur eurent fait connaître le luxe, Tengri khan,
abandonnant les mœurs antitines, s'efforça de donner un éclat noyveau
à sa cour, bâtit de magnifiques palais, et vêtit ses femmes d'babils su-
perbes. Cette conduite déplut k ses sujets ; Tun mo ko se nât a la tête
des mécontents et attaqua Tengri khan, qui fut tué. Alors Tun mo ho se
proclamer kakhan des lloei he, et prit le titre de Bika khan. Il envoya des
députés à l'empereur de la Chine, et l'empereur lui accorda l'investiture de
la dignité qu'il venait d*usurper. En 787 , Bika khan demanda une prin-
cesse chinoise en mariage; mais l'empereur, mécontent de la conduite que
les Hoei he tenaient depuis long-temps envers la Chine, se montra peu dis-
posé à lui accorder cette grâce. Cependant il changea d'avis sur la représen-
tation d'un de ses ministres, qui lui démontra la nécessité de remonter la
cavalerie chinoise avec des chevaux qu'on ne pouvait tirer que de chez les
Iloei he. 11 lui conseilla en même temps de faire une alliance avec le roi
de Yun uan , avec le khalife des Arabes et avec les rois de Tllindoustan , qui
Division de l'Asie l*aideraient à détruire la puissance colossale des Thoîi fan ou Tubétaim , de-
a cette époque. *■
venue inquiétante pour tous leurs voisins. L'Asie était, à cette époque, divisée
en six grands empires: à l'Orient était celui de la Chine, gouverné par les
princes de la dynastie des Thang ; au sud se trouvait le royaume deiVan tchao,
ou Yun nan^ qui, indépendamment de cette province chinoise, comprenait
aussi une grande partie de l'Inde au-delà du Gange; ensuite le royaume de
Magadha^ le plus puissant parmi ceux de Tkian ichou , ou VHindousian in-
térieur ; à l'occident, l'empire des Khaiifs; au milieu de TAsie, celui des
Tubétains, qui s'agrandissait de jour en jour, et au nord celui de Hoei he,
qui s'étendait jusqu'à la mer Caspienne , et reconnaissait la suprématie chi-
noise. Les Tubétains étaient continuellement en guerre avec les Arabes : les
Chinois avaient donc intérêt de rester unis avec ces derniers , afin d'être plus
en état de repousser les Tubétains, qui faisaient souvent des courses sur le ter-
ritoire de Fempire.
Nom de Hoei hou, Le kakhau des Hoei he reçut la princesse chinoise avec tous les égards
dus à son rang, et promit, en qualité de gendre de l'empereur, de lui fournir
des troupes auxiliaires contre tes Tubétains. Il demanda aussi la permission
de ciianger le nom de sa nation en celui de Hoei hou. Sa mort, qui arriva
788 de J.-C.
Toros kliun.
7î^•
tk J.-C.
84o de J.-C.
RACE TURQUE. liig
Faniïée suivante, l'empécLa de tenir la promesse de donner du secours aux
Chinois. Son fils Toros khan, qui lui succéda, fut assassiné bientôt après; ce
ne fut que son fils Aichoue kfian qui envoya un cor()s d'année pour secourir
Pe (fdng, forteresse chinoise, assiégée par les Tubétaius. Les Jloei hou livrèrent
bataille à ces derniers, mais ils ne purent les obliger de lever le sîége : les
ravages qu'ils commirent forcèrent les peuples de se soiunettre aux ennemis.
Alors tout ce que les Chinois possédaient dans l'Asie centrale, à rexceplion
du pays des Ouigour , se rendit aux Tubétains. Le kakhan des Hoei hou vint ,
en 791, attaquer les Tubétains à Ling tcheou dans le Chen si, les battit, et
envoya les prisonniers à l'empereur. Malgré toutes les victoires remportées sur
l'ennemi commun, la puissance des Tubétains augmenta de jour en jour,
tandis que celle des Iloei hou diminuait continuellement.
Cet état de choses dura jusqu'en 84o. A cette époque, les Hakas, ou, comme
on prononce ordinairement leur nom, \^s Kia kia izu étaient devenus puis-
sants. Les Hakas sont le même peuple appelé autrefois Kian kuen : ce sont les
ancêtres des Kirghit de nos jours. Ils avaient alors leur principal cam-
pement au Hord de Yan khy t ou Rharachar , et des monts Célestes. En 84o,
OJe, leur prince, à la tète de cent mille hommes de cavalerie , attaqua Khai
sa y kakhan des Hoei hou, "qui perdit la bataille avec la vie, Après^ ce
combat, la plupart des hordes des Hoei hou se dispersèrent. Une bonne par-
tie vinrent alors sur les frontières du Chen si, et se mirent sous la protection
de l'empereur de la Chine. Elles y proclamèrent Ouhi pour leur kakhan. L'em-
pereur le reconnut en cette qualité, et lui envoya vingt mille mesures de
grains , mais il lui refusa la permission de demeurer dans une ville du pays
où est à présent Khoukhou^ kkoton , au nord du Chen si. 11 lui conseilla eik»
même temps de songer \ reconquérir ses états. Les troubles dans le pays
des Hoéi hou durèrent jusqu'en 848, époque à laquelle cette nation fut
totalement tlispersée et soiunise par les Hakas. Plusieurs de leurs hordes
s'étaient retirées dans le pays de Cha tcheou et de Koua (cheou, villes situées
sur les affluents du BouhuHggkir et à Test de la province de Chen si.
Gouvernés par plusieurs khans, ils occupaient une grande partie du Tangoul
et s'étendaient à l'ouest jusqu'au Sihoun (Jaxarles).
En 1001, Wang lou ching, un de leurs rois, envoya des ambassadeurs en looi de J.-C.^*
17
Destructioii
de l'élaï
des Hoei hou ,
848 de J.-C
Soumis
aux Mongols
en taS; de J.-C.
13Ô APERÇU DES PEUPLES DE UASIE MOYENNE.
Chine. Ce prince était très puissant, et son royaume contenait plus de cent
petites principautés: à l'est, il était borné par le Ilouang ho supérieur; et à
l'ouest, par la chaîne des montagnes Neigeuses ou Cétesîes qui entoure TAsie
centrale.
La puissance toujours croissante des Rhitan ou Liao, força les Hoei hou à se
retirer insensiblement plus à l'occident : ils perdirent ainsi les places qu*ils
avaient occupées sur les frontières de la Chine. Ils se soutinrent pourtant à
Cha tcheou et dans les environs, jusqu'en 1257, époque à laquelle ils furent
entièrement subjugués par les Mongols. Ces derniers leur donnaient, comme
je l'ai déjà remarqué, le nom de Ouigour: il n'y a donc pas de doute que
c'était le véritable nom de ce peuple , qui a été défiguré par les Chinois en
Oui ke, ou Goei iiCj Hoei he et Hoei iiou.
Les Hoei hou étaient en relation avec les Arabes. Ils avaient en partie adopté
Tislamisme : cependant il y avait aussi parmi eux des adorateurs du feu, et
^Écriture Hoei hou. des sectateurs de la religion de Bouddha. Ce peuple se servit dune écriture
particulière; mais on ne sait pas si elle était identique avec celle des Ouigour
proprement dits , dérivée des lettres syriaques. C'est par cette raison que j'ai
cru pouvoir supposer que les inscriptions en caractères inconnus qu'on
troyve souvent dans la Sibérie méridionale, entre l'Irtyche, TOb et le leniseï,
pouvaient bien appartenir au genre d'écriture qui ftit commun aux Hoei he
et aux HakaSj ou Kirgkis. Ces derniers furent les anciens habitants de ces
contrées , qu'ils n'ont quittées qu*au commencement du XVIII* siècle.
Mahoraetans.
RACE TUBÉTAINE.
Tubéiains. D'après le petit nombre de renseignements qu'on trouve dans les anciens
livres chinois, il paraît que les peuplades tubétaines occupaient, dans la haute
antiquité, la partie occidentale de la Chine bornée au sud par la chaîne de
Nan ling, qui sépare les provinces méridionales du reste de cet empire.
D'autres s'étendaient k l'est jusqu'au Siang, qui coule dans la province Hou
kouang et se jette dans le lâc Toung ting. Quelques tribus de la même origine se
trouvaient même dans les montagnes de la province de Ho nan : c était sur les
bords de cette rivière que le peuple tubétain appelé San miao , ou les trois
RACE TUBÉTAINE. ^n™.^ ,5,
miao, avait ses habitations trente siècles avant noire ère, ou à F^poque de
l'arrivée des premières colonies chinoises, qui descendaient des monts Ktten lun.
(pag. 29 et 3o). Les San miao furent chassés par ces dernières, et obligés
de se retirer dans les hautes montagnes qui se trouvent à Fouest des provinces
de Chen si et de Szu tchhouan , autour du lac KhoukJiou noor. Ils occupèrent
même pendant très long-temps la partie occidentale du Chen si, qui ne fut
soumise à la Chine que vers la fin du second siècle avant J.-C. Les descendants
des San nnao reçurent plus tard le nom de Khiang^ qui devint chez les Chinois
la dénomination générale de toutes les peuplades tubétaines. Ils menaient la vie
nomade et avaient des troupeaux nombreux; ils cultivaient pourtant quelques
champs d*un produit peu considérable; leurs mœurs et leurs usages étaient
les mêmes que ceux des Barbares du nord; ils vivaient dans une anarchie
complète, et ne connaissaient d'atitre droit que celui du plus fort. Leur pays
portait aussi, chez les anciens Chinois, le nom de Si joung, ou des Barbares
occidentaux, et celui de Ko ne i fan g (région des démons).
Ainsi que toute la nation tubétaine, les Khiang prétendaient êti-e issus
d*une grande espèce de singes. Encore aujourd'hui la partie moyenne du Tubet
s'appelle pays des Singe». D'après les ouvrages des Bouddhistes, ses habitants
descendent du singe 5flrr mef<:Afn et de sa (emi:\\e Raktcfta. Us se glorifient de
cette origine, et se croient plus anciens que les autres hommes. Jaekrig , qui
pendant long-temps a vécu parmi les Mongols à la frontière russo-chinoise ,
prétendait que les traits des Tubétains offrant une gi^ande ressemblance avec
ceux des singes. Cette ressemblance, disait-il, se montre principalement chez
les vieillards, qui parcourent souvent la Mongolie comme émissaires du clergé
du Tubet. Ils se vantent de leur parenté avec les singes, et sont très satisfaits
de la laideur de leurs figures. On pourrait donc supposer que //rtHtïwman , le
dieu du vent de la mythologie hindoue, qui était le prince des singes, et qui
habitait les monts Himalaya, n'était qu*un prince tubétain venu avec un grand
nombre de ses sujets au secours de Rama, quand celui-ci se préparait à faire
la conquête de Ijtnka ( l'île de Ceylan ).
Pendant le règne des deux premières dynasties chinoises, les Tubétains orien-
taux furent souvent en guerre avec cet empire. Quand Wou wang marcha , en
1 1 23 avantnotre ère, contre le dernier empereur des CVtfl?i^ (pag. 32), un
San niiao.
Kiiliing,
Si jounj;
î%i7i a?. J.-C,
Yue Ichî,
_aoï av. J.-C.
ifiS de J.-C.
Petits tl Grands
Yue Ichi.
APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
chef des Khiang lui amena des troupes auxiliaires. Pendant plus de cent ans
après, les Khiang n'envoyèrent aucune ambassade en Chine, quoiqu'ils fussent
vassaux de cet empire. C'est pour cette raison que l'empereur Mou wang les
attaqua et les défit vers le milieu du X' siècle. Depuis ce temps, ils ne cessèrent
d'inquiéter les frontières chinoises, et eurent des guern^s fréquentes avec le
royaume de Thsîn, qui était situé dans la province de Chen si et limitrophe
avec ces Barbares. Après la conquête de la Chine par Thsin chi houang ti
(pag. 35), Moung thiariy général des armées de ce monarque, repoussa les
hordes des Khiang, et en purgea la frontière.
Le' pays situé entre la chaîne neigeuse du Nan chan, les affluents de Boa-
toungg/iir et la partie supérieure du Houang ho, qui traverse la partie occi-
dentale de la province de Kan sou, était occupé, dans le IIP siècle avant notre
ère, par la peuplade tubétaine appelée Yue tchi; elle y habitait mêlée avec les
tribus blondes des Ousun , et menait la vie nomade; sa principale richesse
consistait en bétail. Les Yue ichi possédaient donc luie partie de la Chiiit* et du
Tangout. Leur puissance portait ombrage à Me the, tchben yu des liioung nou
(page io3); il les attaqua en 201 avant J.-C., les battit et les soumit en-
tièrement en 1^7. Non content des succès de son prédécesseur, le tchhen yu
Loa chang entia une seconde fois dans leur pays, en i65,et remporta de
grandes victoires sur les Yue tchi. Leia' roi fi.it tué et le vainqueur fit faire
du crâne de ce prince un vase à boire , dont il se servit depuis dans les
grandes cérémonies. Une partie des Yue tchi dispersés se retira au sud des
monts Nan chan, qui séparaient leur ancien pays du Tubet, chassa les Khiang
et reçut le nom de Petits Yue Ichi (1). L'autre partie, beaucoup plus nom-
breuse, appelée pour cette raison Grands Yue tchi, se sauva vers le nord-
ouest, et alla camper sur les bords de Vlii, qui se Jette dans le lac Balkhach.
Elle expulsa de ce pays la nation de Szu, qui se retira en Transoxiane, où
elle attaqua les Grecs bactriens et détruisit leur empire. Après avoir séjourné
là pendant quelques années, les Yue tchi y furent rejoints par leurs anciens voi-
sins les Ou xuTij qui s'étaient aussi sauvées dans les contrées situées sur rili, pour
(1) Les auteurs chinois rapportcnl que fa Inague des Petits Yue tchi était identique avec
celle de» Khiang ou Tttbétains; comme les Petits Yue tchi ne formaient qu'un même peuple
avec les Grands, il est éyidenl que ces deraiers parlaieal aussi tuhëtain, . '
RACE TUBÉTAINE. "^^^ i35
éviter les vexations des Hioung non. Les Ou stm poussèrent alors les Yue tciii
à 1 occident, les forcèrent de passer le laxartes ; ces derniers s y emparèrent de la
Transoxiane et de la Bactriane, où ils fondèrent im puissant empire, qui a duré
pendant plusieurs siècles. A lou est, il était limitrophe avec celui des v/ si, ou
Parlhes. Bans la suite, les Yue tchi 'firent la conquête du K^aboul, du Kandaliar
et de tous les pays situés sur les deux rives de Tlndus. Les anciens les con-
naissaient alors sous le nom des Indo-Scythes, Leur capitale était Kian chy
tchhing, et leur principal campement se trouvait au nord de l'Oxus, appelé
alors par les Chinois Koei et Goei (i).
Nous avons vu plus haut (page 57) que les empereurs des Han recher-
chèrent l'alliance des Yue tchi, ennemis irréconciliables des ïlioung nou.
L'ambassadeur chinois, envoyé chez eux pour cet objet, y séjourna pendant
un an; il accompagna leur roi dans son expédition cx>ntre les Parthes : néan-
moins ses négociations n'eurent aucun succès réel, car les Yue tchi n'atta-
quèrent pas les Hioung nou du côté de l'ouest; ils préférèrent la conquête
des provinces fertiles de la Perse et du Sind.
I^a nation des Grands Yue tchi se composait originairement de cinq hordes,
nommées Hieon mi, Chottang mo , Kouei chouang, Hy tun et Tou mi.
Quatre-vingts ans avant notre ère^ Khieou tsieou ky, chef de la horde de Kouei
chôuangy extermina les commandants des quatre autres, se déclara roi de
toute la nation , et lui fit adopter le nom de sa propre horde. Il fit de fré-
quentes incursions sur le territoire des Parthes, et s'etnpara du pays de Kao
fou, qui paraît .ivoir été une partie du Kaboul, il soumit aussi l'autre appelée
Ki pin ou la Cophène , et la contrée de Pou ta\ Son fils Yan kao tchin ravagea
pour la seconde fois le Sind , et depuis ce temps la puissance des Yue tchi alla
toujours en croissant.
A la un du second siècle après J.-C, la capitale orientale des Yue tchi était
Lou kiang chi: elle se trouvait à l'ouest des sables de Foe ty. Il paraît qu'il faut
la chercher sur l'Oxus inférieur, dans le voisinage de la ville actuelle de Khiva.
latJde J.-C.
80 .'IV. J.-C,
(1) Lp nom de Goei esl le même que celui de P'eh, dénomination lentle donnée par le*^
anciens Pt-rsans à l'Oxus , et qtit nous a élé conservée dans le Boundehech du Zend ayepla.
4tï4 ^«^J c.
?5Î APERÇU DES PEUPLES DE I^ASIE MOYENNE.
Au nord, les Vue tclii étaient limitrophes avec les Jouan j'ouan (page 99. ) Ils
avaient soumis beaucoup de pays. Polo, éloignée de deux cent dix lieues des
sables de F^^ ty, devint leur capitale occidentale. Quelque temps après, ils
eurent un roi très belliqueux, appelé Kitoîo (Gliidor). A la tête dune armée
fonnidable, ce prince francbitla haute chaîne de rilindoukouch, et fît une nou-
velle invasion dans le Sind ; il soumit aussi cinq principautés situées au nord
de Kantûio ( Kandahar ). A cette époque les Yue tchi avaient des chariots
attelés de deux à quatre paires de bœufs.
Sous le règne de Thai wou ti, de la dynastie des Gaei (de 424 à 45i de J.-C.)
un marchand du pays des grands Yue tclii vint à la cour de cet empereur, et
promit de fabriquer en Chine le verre de différentes couleurs^ quon recevait
auparavant des pays occidentaux, et qu'on payait extrêmement cher. D'après ses
indications, on fit des recherches dans les montagnes, et on décou\Tit en effet
les minéraux propres à cette fabrication. Le marchand parvînt à faire du verre
colorié de la plus grande beauté. L'empereur l'employa pour en faire coni>truire
une salle spacieuse qui pouvait contenir cent personnes. Elle était si magnifi-
que et si resplendissante, qu'on aurait pu la croire • l'ouvrage d'êtres sur-
naturels. Depuis ce temps le prix de la verrerie diminua considérablement en
Chine.
Nous ne savons pas précisément à quelle époque la puissance des Yue tchi
de la Transoxiane a commencé à décliner. Il paraît que ce fut dans le V' siècle ;
l'agrandissement de la monarchie des Sassanides et les invasions de^ Jouan jouan
contribuèrent à la renverser. La partie orientale de la nation des grands
Yue tchi s'était répandue à l'est jusqu'aux monts Altaï et jusqu'à Khotan,
Ye la ou Yj la. Elle portait le nom de Ye ta. Vers l'an 4oo, les Ye ta devinrent puissants, s'é-
tendirent ii fouest, et eurent leur principal campement au sud de VOu hou
(Oxus); leui' capitale s'appelait jP/ia tiyan (Bami^n?); elle était carrée et avait une
lieue de tour. On y voyait le palais du roi et plusieurs temples richement dorés,
et consacrés au culte des divinités bouddhiques. Les mœurs des Ye ta étaient
les mêmes que celles des Thou khiu ou Turcs, Ils étaient nomades et suivaient
avec leurs troupeaux le cours des rivières et les prairies; habitaient sous des
tentes de feutre , et avaient en été des campements différents de ceux de l'hiver.
C'était une nation farouche mais brave et aguerrie. Ils subjugèrent toutes les
RACE TUBÉTAINE. i35
autres peuplades voisines qui habitaient à Test de la mer Caspienne et en Tran-
soxiane; ils dominèrent même à Khotan. Leur royaume fut appelé en chinois.
Ta koue, mot qui signifie le grand empire, mais qu'on peut aussi tiailuire par
empire de Ta ou Da. Entre le milieu du V* et au commencement du YI? siècle
ils envoyèrent des ambassadeurs en Chine. Leur langue différait de celles des
Jouanjouan (de race Sian pi), des Kao Uhke (Turcs), de tous les autres
barbares. Un auteur chinois nous apprend que Ye ta était originairement te
nom de la famille de leurs rois, et qu'il est devenu plus tard celui de toute la
nation; on le prononce aussi Yi ta. Leur empire s^écroula dans le VIP siècle,
'et les Ye ta devinrent tributaires des Turcs. Alors leurs habitations étaient res-
serrées dans la Sogdiane.
Les tribus du grand Tubet vécurent pendant une longue série de siècles
séparées les imes des autres, sans former un corps de nation. Les historiens
chinois ne nous ont conservé que peu de détails sur celles de ces tribus qui
étaient en contact immédiat avec l'empire; elles ne cessèrent d^inquiéter ses
frontières.
La peuplade appelée Ti occupait autrefois la partie occidentale de la
province de Szu tchhouan , et s'étendait vers l'ouest dans le Tubet. Ces Ti
vivaient à la manière de ce pays, dont ils parlaient aussi la langue. Malgré
cette circonstance, les liistoriens chinois prétendent qu'ils étaient originaires de
la Chine. Cette assertion ne paraît s'appliquer qu'à leurs princes. Dès le temps
des Han, ils faisaient souvent des incursions dans l'empire, et on était obligé
d'envoyer des armées contre eux. Ces courses continuèrent sous les rè-
gnes suivants. Ils étaient gouvernés par différents chefs. Bans la suite, un
d'eux demeura dans la partie du Szu tchhouan, appelée Khieou tchky ^ un
de ses descendants devint très puissant et se fixa à Loung tckhing, dans
le Chen si occidental ; il adopta pour son fils \Meou mou, qui , à l'occasion
des troubles dont la Chine était agitée, sous Hoei ti, empereur des Tsin,s'en
retourna dans le pays de Khieou tchhy, où il prit le titre de roi de Ti. Il
y fut joint par un grand nombre de mécontents et d'exilés, vers Fan 296
de notre ère. Ses successeurs ont régné jusqu'en 3^1, époque à laquelle ils
furent dépouillés de leurs états par les généraux de Fou kian, roi des pre-
miers Tsin. Après la mort de Fou kian, Ting qui descendait de Meou seou,
Tf.
Khieou tciihy.
Koyaurae
de- Thsin.
•JccoDcls Th*>iu ,
457 à 564 ^e J-C-
i56 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
rétablit le royaume de Khieou tchhy. Il prit le titre de roi de Loung si, et
régna dans le pays de Lin thao fou dans le Chen si. Ses successeurs étaient en
quelque sorte tlépendants de la Cliine. Us eurent de longues guerres à sou-
tenir contre les Tkou kou koen (page 97 ). Chao sian , le dernier de celte race,
parvint au troue en 5o3 et prit le titre d empereur, Il fut vaiucu par les
Goei et son royaume entièrement nlétruit.
Une autre branche de la nation des Ti fonda, en 549, ^^ autre petit royaiune
|588 à 417'dê J.-C. dans la partie occidentale du Chen si. Son chef s'arrogea le titre de grand tcbhen
yu et donna à son état le nom de Thsin. Son fils s'empara ensuite de Tc/i/iûw^n^'^fln
(page 55), dont il fit sa capitale. Ses descendants régnèrent jusqiiVn 594. Un*
autre royaume, nommé des seconds Thsin, avait été établi en 583 par un de leurs
vassaux qui s'était révolté; il se conserva jusqu'en ^ly, époque à laquelle il
fut asservi par les Chinois.
L'établissement du royaume des seconds Thsin ^ fît naître celui des Tang
tchhang. C'était une peuplade des Rhiang qui habitait à l'ouest de Khieou tchhy,
dans un territoire très montagneux du ïuhet oriental. En 4^7, leur prince,
Liang kin thsoungy fut reconnu roi des Khiang, par l'empereur lliao wou ti
de la dynastie des Soung. Ses successeurs eurent la guerre avec les Thou kou
hoen; leur dynastie fut détruite en 564 » P^^ l'empereur des Tcheou.
L'ancien nom des habitants de la province dCOuei, qui forme le Tuhet oriental,
était, selon les historiens, Thou fan, ou plutôt Thou po; c'est le même nom que
Tubel. Leur pays était, au nord-est, limitrophe avec les Thou kou hoen. D'après
l'histoire de la dynastie des Thang, les Thaa fan appartenaient à la même souche
que les Khiang; ils comptaient cent cinquante tribus dispersées entre les parties
supérieures du Houang ho et du grand Khiang, et les rives du Houaug choui et
du Min ho. Ces tribus porttdent les nom^^ de Fa, Khiang, Thang, Mao, etc. An-
ciennement ce peuple n avait eu aucune relation avec la Chine; une partie
d'entre eux habitaient à l'ouest du Sy tchy; le chef de ces derniers était Hou thy
Pou so yé. Il parvint à réunir sous sa domination toutes les hordes des Khiang,
et soumit le Tubet occidental. Le nom de sa famille était Pou so yê. On le disait
descendu du Thou fa Li tou kou, de la dynastie desSian pi de Nan liang, qui
'tf/H de J.-C. mourut en 4oi de notre ère. Il laissa deux fils nommée F^R ny et Nou îhan. Ce
4i4 de J.-C, dernier fut défait en 4t4' Fan nj- ramassa les débris de ses peuples, et se sauva
Tliou fan
eu Thou po.
55o de J.-C.
Tare
de Dzan pJjou.
RACE TUBÉTAINE. iS;
rf^ Mnung xun. roi de& Liang $eptenlrwnaux (page ii3), qui le reçut avec
bienveillance. Après la chute de celui-ci. Fan ny se rendit k l'ouest du Tsy ho ^
et se fixa avec les siens au-delà du mont Tsy chy; il y fut rejoint par un grand
nombre de Khiang.
Vers Tan 55o , ses descendants occupaient le pays montagneux au sud de Kan
tcheou dans le Chen si. Pendant les troubles qui éclatèrent en Chine après la
chute de la dynastie des Goei, eu 556, ces princes devinrent très puissants et
soumirent un grand nombre de tribus des Khiang. \\s prirent alors le titre de
Dzan fou ou Dzan phoa, qu'on traduit par né de l'esprit du Ciel. D'après une
autre explication , un héros, dans la langue de ce peuple , s'appelle dzan, et un
chef pkou.
La résidence ordinaire de ces Dzan phou était sur les bords du Khi pou
Ichhouan appelé aussi Losa tchhouan^ qui coulait dans le voisinage de H'iassa
(Lassa de nos jours). Quoiqu'il y eut de petites villes dans leur territoire, ils
préféraient de camper dans le voisinage sous des tentes de feutre. Les grands de
leur cour portèrent le nom de Dchubo.
A cinquante lieues du campement du Dzan phou se trouvait la nier noire. Après
avoir passé ce lac, on rencontrait les hordes clés Thou kou hoen^ de Mi , To mi
ou Do mi. Sou phi et Pe lan, qui toutes habitaient sur la frontière des Thou
fan. Ces derniers étaient nomades; leur nourriture ordinaire consistait en lait,
fromage, chair de bœuf et de mouton, et eu grains torréfiés; jamais ils ne
mangeaient d'ânes, ni de chevaux. Leurs habits étaient faits de feutre et de draps
de laine, qu'ils fabriquaient eux-mêmes. Quand un Thou fan mourait, on tuait
des chevaux et des boeufs sur sa tombe, et on les enterrait avec lui. Ce peuple
n'avait pas d'écriture; il se servait de bois crénelés et de cordelettes nouées,
avec lesquels on tenait registre des choses dont on voulait se souvenir. Chaque
année les Thou fan prêtaient à leur roi le petit serment, à l'occasion duqtiel on
immolait des cliiens et des singes. Tous les trois ans on prétait le petit serment ,
et Ton sacrifiait des hommes, des chevaux, des boeufs et des ânes. On comptait
le commencement de l'année à l'époque de la maturité des grains.
Vers l'an Sgo Lun dzan So loung dzan, Dzan phou des Thou fan, agrandit con- 5f|o de J.-c.
sidérablemeijt^ou royaume , qu'il étendit vers le sud-ouest jusqu'à la frontière So loTngXtn.
des Brahmes ou de ITnde. Ye dzoung loung dzan, un de ses successeurs , nommé Ye dzoung luung
lull'OiJuctiou
du bouddhisoMl,
après 63tï de J.-C
634 'ic J.-C.
ERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
dans les livres niogols, Srong-bdzan'Sgambouo . régna à W lassa (i). Ayant eu
quelques notions de la religion de Bouddha , il envoya son premier ministre
Touomi Sambouoiias en 652, dansl'inde, pour y étudier la doctrine Cio^Cliakia
mouni dans toute sa pureté. Revenu au Tubet, ce ministre composa deux es-
pèces de caractères propres à écrire la langue du pays. Son maître fît alors
élever à Illassa le principal temple de la religion qu'il venait d*adopter. Sous
lui la puissance des Thou fan prit im grand accroissement ; ce qui les fit re-
douter de tous leurs voisins, et leur donna une grande prépondérance dans
l'Asie intérieure: ils pouvaient mettre aisément sur pied quelques centaines de
mille hommes bien aguerris, llien ne pouvait donc être plus flatteur pour
Tempereur Thai tsoung , de la dynastie des Thang , que l'ambassade par laquelle
le Dzan phou Ye dzoung loung dzan se déclara , en 654, vassal de Tempire
chinois. Quatre ans après, l'empereur envoya un des grandis de sa cour auprès
de ce roi, afin d'entretenir la bonne intelligence qui s'était établie entre ses
états et les Thou fan. Le Dzan pliou reçut l'ambassadeur chinois avec beau-
coup d'honneur. A son retour, il le fit accompagner par un de ses prin-
cipaux officiers, chargé de demander une intante de la Chine eu mariage pour
son maître. L'empereur la refusif Le Dzan phou se regarda comme insulté ,
parceque précédemment les princes turcs, auxquels il se croyait au moins égal
en dignité , avaient obtenu pour épouses des princesses du sang. Outré de co-
lère , il mena une armée nombreuse camper devant une forteresse sftuée sur
la frontière de la Chine, et expédia de là de riches présents à la cour, sous pré-
texte de son mariage futur avec la princesse, à laqueFlo il les oflVait. L'empe-
reur, pour toute réponse , fit assembler des troupes. Les Thou fan furent battus,
et le Dxan phou demanda la paix, et en même temps la main de la princesse,
qui lui fut promise. Lu effet, la Koung tchou (infante) U en iMwg partit en
6/( 1 pour le Tubel. Elle fut reçue par les grands et par les plus proches parents
du Dzan phou à lasotircedu Houang ho, d'où elle alla en cérémonie à Iflassa.
Ye dzoung loung dzan avait fait heureusement la guerre contre les Tang hiang,
les Pe lan et les Thou kou hoen; en 649 il battit le roi de l'Jlindoustan
(1) ZT'/uîjra est la prononcîalion et rorihographr védiabk' du nojii de la capitcdc du Tubcl ,
que nous nppel(>ns ordînaireraent Lhassa ou Lassa,
RACE TITEÉTAINÉ. ijg
moyen , ou de Bahar. Il mourut l'année suivante , et laissa le troue h son petit-
fils Ky lipha bon , qui, étant en bas âge, eut le premier ministre Lou ioung
dzan pour tuteur et régent de l'empire. Ce dernier fit une ja^iierre sanglante aux
Thou kou hoen , dont le roi sollicita le secours de la Chine. Lou loung dzan
lit une démarche semblable. L'empereur, peu disposé k se mêler de la querelle,
et d'ailleurs très content de voir deux voisins incommodes s'enlre-détruire eux-
mêmes , refusa des troupes auxiliaires. Cependant les Thou fan battirent si com-
plètement les Thoti kou hoen, que leur kakhan et son épouse, qui était une
princesse chinoise, furent obligés de se réfugier à Liang tcheou, sur le terri-
toire chinois. La cour impériale , qui n'avait pas supposé les Thou fan si puis-
sants, ordonna de prendre des mesures de précautions contre une irruption
inattendue de ce peuple. Alors le Dzan phou adressa une requête à fempereur,
dans laquelle il lui exposait les griefs qu'il avait contre le kakhan des Thou kou
hoen, et offrait de faire la paix aux conditions qu'il jugerait convenables.
Content de cet acte de soumission , l'empereur rappela ses troupes, et après
avoir fait une réprimande au kakhan , il le renvoya dans son royaiuiie. La ten-
tative de Lou touug dzan de s'agrandir aux dépens des Thou kou hoen n ayant
pas réussi , il résolut de s'emparer des diflérents royaumes de l'Asie centrale. En
effet, il y conquit dix-huit cantons considérables. Se joignant ensuite au roi
de Yu thian ou Khoian^ il marcha contre celui de Kitouei ihsu ou Kou te ké, et,
en 670, prit d'assaut Pou hottan ^ ville importante, eft située à Textrémilé occi-
dentale du pays de ce dernier. Dans la même aunée , le régent de Thou fan mourut ;
son fds Kin ling lui succéda dans cette dignité. Il poursuivit avec activité les en-
treprises de son père. L'empereur de la Chine, s'étant déclaré contre les Tliou
fan , avait envoyé dans l'Asie centrale un gouverneur général, cliargé de prendre
sous sa protection les quatre districts militaires qui lafornjaient, savoir ceux de
Kkouei ihsu (Koutché), Y a thian ( Khotan ) , Y an khy ( Kharachar) , et Chou le
(Kachghar). La division s étant mise entre les généraux chinois chargés d'agir con-
tre les Thou fan, ces derniers en profitèrent adroitement, et réussirent ainsi à battre
et à ruiner séparément deux corps d'armée dans le pays du lac Rhoulthou noor.
Depuis cette épocjue, la puissance des Tubétains alla toujours eu croissant. Ils
s'emparèrent des quatre districts nommés plus haut, quoique ces états dépendi.s-
sent de la Chine. En 672, le kakhan des Thou kou hoen, redoutant le ressentiment
Rdgcuce
de Lou tonng tz.in.
Coiifjuéles
des TulRUains
l'Asie cenlralc.
6-^0 de J.-C.
Régence
<ic Km ling.
i4o APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
des Thon fan, se réfugia en Chine, où il obtint la permission de se fixer k Liang
tcheou. Son pays devint alors la proie de ses ennemis» qui, malgré cet état hostile,
envoyèrent une nouvelle ambassade à l'empereur, pour lui témoigner leur sou-
mission. La grande puissance des Thou fan alarma même les T/tou khht ou Turcs.
I^ horde de Kou yue envoya en Chine une députation, qui accompagna l'am-
bassade du roi de Kachghar, pour demander d être protégée efficacement contre
Fennemi commun; mais l'empereur, qui ne voulait pas de guerre, se contenta de
bien recevoir ces députés sans leur rien promettre. Cependant les incursions
que les Thou fan ne cessaient de faire sur les terres de l'empire même forcèrent
le gouvernement chinois de prendre des mesures énergiques contre eux. iJne
678 de J.-C. armée de cent quatre-vingt mille hommes entra, eu 678 , dans le pays de Tcn-
nerai et rencontra ses troupes siu' les bords du lac Thsing liai ( Khoukhou
noor). Il s'y livra une bataille sanglante, que les Chinois perdirent; les Thou
fan n*en retirèrent cependant aucun avantage réel L'année suivante le Dzan
phou mourut ; son fils Khy noti sy toung, âgé de huit ans , lui succéda. Le régent
du royaume fit partir une députation pour annoncer cet événement à l'empe-
reur. Ce monarque expédia au Tubet un des grands de la cour pour rendre les
devoir» au roi défunt suivant le rit chinois ; et le commandant des frontières
reçut en même temps l'ordre de profiter de cette occasion pour attaquer les
Thou fan. Comme il manda que le régent, étroitement uni avec les principaux
chefs du pays , se tenait sur ses gardes et se trouvait préparé à tout événement,
Tempereur al)andonna le projet de cette guerre.
680 de J.-C. En 68d, les Thou fan s*emparèrent de plusieurs cantons de la Chine occi-
dentale; leur puissance s'était accrue si considérablement , qu'ils possédaient,
outre leur pays, toutes les contrées situées entre la Chine, les monts Thsoung
hng et le Thian chan. Ils étaient en possession paisible des quatre places prin-
cipales de l'Asie centrale, lorsqu'ils en furent inopinément chassés, en 692, par
les Chinois réunis aux Turcs orientaux. Le ministère tubétain , désolé de cette
perte , crut que le meilleur moyen de la réparer, et de recouvrer les provinces
qu*on avait perdues , était de demander une princesse chinoise en mariage pour
le jeune Dzan phou. L'impératrice Wou heou, qui gouvernait alors (696) la Chine,
avant de donner aucune promesse, voulut connaître les prétentions des Thou iiin;
KhiH itngj qui était toujours récent du royaume, proposa que les troupes impé-
RACE TUBÉTAINK • , /, i
riales évacueraient les quatre provinces principales de FAsie centrale, et quon
déterminerait et fixerait à chacune des dix hordes des Thou khiu le pays qui
lui convenait; enfin, que chacune aurait son chef indépendant. Le conseil de
iTmpératrice décida d'offrir aux Thou fan la cession des quatre provinces qu'ils
ambitionnaient, et, en revanche, de leur demander le pays du Khoukhon
noor , qui était avanlageusement situé pour Farrondissement des frontières de
Fempire- Cet arrangement n'eut pas lieu , et les hostilités continuèrent des
deux côtés.
En 702, le Dzan phou étant parvenu à sa majorité, crut devoir se méfier du
régent Ivin ling, qui avait trop de crédit : il fit donc mourir un grand nombre
de ses parents et de ses affidés. Kin ling en conrtit tant de chagrin qu'il se
donna la mort Plusieurs officiers, qui lui étaient dévoués, allèrent, à la tète des
troupes qu'ils commandaient , offrir leur service a l'impératrice de la Chine : elle
les prit sous sa protection. Malgré cette désertion , le Dzan phou envoya une
armée , qui pilla les frontières occidentales duChen si, et qui plus tard fiit battue.
Il expédia ensuite un ambassadeur à la cour , pour faire des propositions de
paix : elles furent rejetées. Les Thou fan recommencèrent donc leurs courses, et
causèrent de grands dommages dans les cantons limitrophes ; c'est ce qui obligea
les Chinois d'y entretenir une grande armée prête à les repousser. L*année sui-
vante le Dzan phou envoya une ambassade à la Chine, pour obtenir la main
d'une princesse du sang. Cette ambassade apporta des présents, consistants en
mille chevaux et deux mille onces d or. Sur ces entrefaites, les provinces méri-
dionales du royaume de Thou fan se révoltèrent. Khi nou ay loung partit en
personne pour les réduire à l'obéissance; il livra aux rebelles une bataille san-
glante, ils la perdirent; le Dzan phou y fiit tué. Ki li sou dzan, un de ses fils ,
âgé seulement de sept ans, fut élu son successeur. En 707, une infante chi-
noise lui fut promise pour épouse ; mais Ki li sou dzan ayant exigé une province
considérable coq^ie dot de la princesse, Talliance n eut pas lieu. En conséquence
une armée Thou fan forte de cent mille hommes vint, en 714, ravager la partie
occidentale du Chen si , et ces déprédations se renouvelèrent presque tous les
ans. En 716 , ils s'emparèrent du pays deFerghana, et obligèrent le roi de cette
contrée de se sauver sur le territoire chinois. Les Thou fan étaient alors alliés
des Arabes, qui faisaient la guerre dans le Mawarannahar ; il y ^yait même des
yo2 de J.-C.
Révolu IJon
dans le Ttibel.
tesïubcliiina
sVmparenl
de Fc'ighana , ^
7^5 de J.-C
732 de J.-C.
Guerii-
contre le Bolnr,
7^7 de J.-C,
142 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
troiipc's arabes dans leur armée. L'année suivante , les Turcs occidentaux, mé-
contents des Chinois, disposèrent le khalife des Arabes et les Dzan phou des
Thon fan à tes aider de leurs troupes pour attaquer les contrées soumises aux
Chinois dans l'intérieur de l'Asie. Les alliés assiégèrent donc deux villes dafis
le pays de Kachghar; mais les Chinois, aidés par d'autres hordes turques,
parvinrent à faire lever le siège. En 722, les Thou fan attaquèrent le royaume
des Petits Ilolor. Mou kin mang, roi de ce pays , demanda du secours au gou-
verneur chinois de Pe thing (dans le voisinage de Tourfan ); les Thou fan furent
entièrement défaits. Depuis cet échec, ils n osèrent, pendant quelques années,
inquiéter les frontières de Tempire.
Le Dzan phou,s'étant remis de ces désastres , fit, en 727, une invasion sur le
territoire cliinois,et s'empara de la ville de Kouo tcheou. Les troupes impériales
entrèrent l'année suivante dans le pays des Thou fan, et y obtinrent quelques
succès. Cependant, toutes les tentatives pour dompter ce peuple brave et inquiet
ne produisaient ordinairement que des résultats peu importants : on n'avait
remporté aucune victoire décisive; ces entreprises contre les Thou fan , au heu
de les humilier, contribuèrent aies rendre plus fiers et plus insolents. L'empereur
résolut donc de leur porter un coup décisif, et de reprendre sur eux Chy phou
tchking, qu'ils lui avaient enlevé. Cette ville se trouvait à Fouest du Houang ho,
sur le chemin qui conduit de la Chine au pays du lac Rhoukhou noor. Les
Thou fan en avaient fait une place qui passait pour imprenable; on ne jjoti-
vait Taborder que d\m côté. Cependant le général chinois s*en rendit maître,
en 729, et porta la guerre dans le pays de rennemi, qu'il pilla et dévasta dans
une étendue de cent lieues. Le Dzan phou envoya alors demander la paix et
une princesse chinoise : elle lui fut accordée, et il se reconnut vassal de lem-
pire. D après un traité conclu avec les Chinois, les Thou fan avaient dé-
garni leurs frontières de troupes. En 737, ils portèrent la giierre chez le roi
de Bolor. L'empereur les invita de cesser les hostilités; um^r le Dzan phou
poursuivit son entreprise. Les Chinois entrèrent dans son pays et défirent un
corps de ses troupes près du lac Khoukhou noor. Le roi des Thou fan, irrité
d'une telle infraction du traité , refusa de payer le tribut , et la guerre entre
les deux états recommen<,ii- Les Chinois obrinrent divers succès, et parvinrent,
en 747 , à s'emparer an royaume des Petits Bolor, qui était devenu allié û^s
RACE TUBETAINE.
145
765 *l€ J.-C.
764 tie J.-C.
Thon fan. En 7/19 , ils reprirent d assaut la ville de Chy phoii tclihing, retombée
soa> la domination des Thou fan. En 755 meurt le Dzan phou Ky li sou loung la^
et son fils So sy loung la Dzan lui succède, I.a rébellion excitée en Chine \yaTNgan
h chan, qui dura de 755 jusqu'en 764 » interrompit les projets que Terapereur
méditait contre les Tubétains. Il avait même été forcé de retirer les troupes
destinées à protéger les frontières occidentales contre les incursions des Thou
fau. Ceux-ci profitèrent de cette occasion favorable, et s'étant considérable-
ment renforcés, ils fondirent, en 763, sur la Chine. Le gouvernement de Fera-
pire était alors entre les mains d'un eunuque , qui ne fit rien pour arrêter la
marche de l'ennemi. Les Thou fan passèrent tranquillement VOuey , et se Les Tubéiaio»
dirigèrent sur fchhang ngang {voy. pag. 55 ). L empereur s enfuit de cette de In capitale
capitale. Les ennemis y entrèrent et la pillèrent , brûlèrent le palais , et procla-
mèrent un autre empereur. Cependant, à l'approche d'une armée chinoise,
ils abandonnèrent Tchhang ngang, pour retourner dans leur pays, chargés
d'un butin immense.
En 7O4 Boukou hoai ngen y prince d'origine turque , de la horde des Tkle le
(voy. pag. 127), ([ui était entré au service de la Chine, excita une nouvelle
révolte dans cet empire. S'étant ligué avec les Titou fan et avec les Turcs Hoei
lie j il mit sur pied une armée formidable , et fit une incursion dans les pro-
vinces du nord-ouest. Une maladie, qui le força de s'arrêter, n'empêcha pas
ses alliés de poursuivre leur marche; mais sa mort mit bientôt la désunion entre
eux. Les Chinois profitèrent de cette mésintelligence, parvinrent à détacher
les lloei lie de la ligue, et se servirent d'eux pour détruire l'armée des Thou fan.
En effet , l'armée de ceux-ci fut entièrement défaite; les Hoei he firent un grand
nombre de prisonniers, et enlevèrent tout le butin qu'elle avait ramassé en Chine.
Une autre invasion des Thou fan, sur les terres de l'empire, quatre ans plus tard,
n'eut pas un meilleur succès. Lorsque ces peuples pillards échouaient dans leur
expédition contre l'empire, ils se jetaient sur les possessions que les Chi-
nois avaient encore conservées dans l'Asie centrale, et ne cessaient de les inquié-
ter de toutes les manières. L'empereur Te tsoung, parvenu au trône en 779,
traita les envoyés du Dzan phou , qu'on avait retenus prisonniers en Chine, avec
bonté, et les renvoya dans leur pays. Cet acte de clémence disposa les Thou
fan à rentrer dans l'obéissance, et ils vinrent apporter le tribut la mèmQ année.
779 de J,-C.
iM
APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENN3
Pendant sept ans, ils persistèrent dans ces intentions pacifiques ; mais voyant
la Chine encore une fois déchirée par des guerres civiles, ils tentèrent une nou-
velle incursion en 786. Cette entreprise échoua, et ils furent forcés à demander
la paix, qui cependant ne fut pas conclue; car ce peuple perfide surprit le
camp chinois le jour fixé pour la conclusion du traité. Depuis ce temps leshos-
790 df J.-C. tilités ne cessèrent pas. En 790 les ThoLi fan furent battus par les Chinois dans
le Szu tchhouan. Cependant ils devinrent de plus en plus redoutables parleurs
fréquentes courses dans les cantons limitrophes du Chen si. Cette même année,
ils défirent, dans l'Asie centrale, les Tiu^cs Hoei he, qui avaient déjà adopté le
nom de Hoei hou. Cette bataille fut livrée près de Pe tking, siège du gouverne-
ment militaire que les Chinois entretenaient dans le pays de Tourfan. Après
celte victoire, les Tubétains s'emparèrent de Pe thing et des forteresses chinoises
du Ngan si. La seule ville de Si tchhing (Tourfan) tint encore contre eux.
Ces conquêtes les rendirent très puissants ; néanmoins ils furent battus Tannée
suivante par les Iloei hou près de Yan tcheou (Ning hta de nos jours), dans
le Chen si ; et, en 792 , par les Chinois , dans le voisinage de Tchhing iou, capi-
tale du Szu tchhouan. Dans cette dernière bataille, leur général en chef fut fait
prisonnier. Les Chinois entrèrent dans les états du Dzan phou. Ils parvinrent
aussi à détacher le roi de Yun nan de son alliance avec les Tubétains. Celui-ci
reprit son ancien titre de roi de Nan tcftao, prêta serment de fidélité à l'empe-
reur , fit mourir les Thou fan qui se trouvèrent à sa cour , et entra à main
;irmée dans leur pays , où il remporta des avantages considérables,
1797 de J.-C En 797 le Dzan phou Ky iy dzan étant mort, eut pour successeur son fils
Dza ichi dzian, L*aiuiée suivante, ses troupes firent ime irruption dans le Chen si ;
elles y furent battues. Les Chinois fortifièrent alors les frontières de cette pro-
vince et y établirent de nouvelles villes militaires. Cette mesure contribua puis-
samment à tenir en respect, pendant plusieurs années, du moins de ce coté, ces
ennemis redoutables de l'empire. Ils essuyèrent im autre échec très considérable
dans le Szu tchhouan en 801.
I.-C, Après le décès de Dza tchi dzian, arrivé en 8o4 » son frère lui succéda. Ce
nouveau Dzan phou était plus paisible que ses prédécesseurs , et bien que la
horde turque des Cha to, qui lui obéissait, eut abandonné ses états, en 808,
pour se soumettre à la Chine, il se contenta de la poursuivre et de la harceler.
/ S
RACE TUBETAINE.
terres de l'empire. Il mourut en 8 1 6 , et ^eut
les
sans faire une invasion dans
pour successeur Kho li kho dzu. Celui-ci envoya une ambassade en Chine , et
resta tranquille pendant trois ans. En 819, il entra avec une forte armée dans le
Chensi et fit le siège de Yan tcheou^ ou Ninghia: il fut obligé de le lever et de se
retirer. Malgré les pertes considérables qu'il essuya dans cette occasion, il renou-
vela sa tentative Tannée suivante, mais avec aussi peu de succès. La paix entre
la Chine et le Tubet fut enfin conclue en 82 1 , sur des bases solides» Les ministres
chinois la jurèrent avec les plénipotentiaires du Dzan phou, envoyés à Tchhang
ngan. La Chine céda aux Thou fan tons les cantons du Chen si situés à l'ouest
des rives du Thao et du Min. On érigea au milieu delà ville de H'iassa un mo-
nument en pierres , sur lequel le contenu de ce traité fut gravé ; il s y trouve
encore aujourd'hui dans Tenceinte du grand temple, nommé en mongol Ike
âjao. La paix jurée n'empêcha pas une nouvelle incursion des Tubétains , qui
eut lieu en 823. Depuis long-temps les Thou fan étaient dans la possession de
Ouei teheou dans le Szu tchhouan; cette ville leur avait même été cédée par le
dernier traité. En 8j2, Tofficier qui y commandait pour eux livra cette place
importante aux Chinois. La cour de Tchhang ngan , par respect pour le traité,
la remit aux Tubétains : cet acte de justice charma ceux-ci, et, pendant
quelque temps, les fit renoncer à leurs brigandages accoutumés. Y ihai , lem-
Dzan phou, étant mort en 858, fut remplacé par son frère Da mo. Ses violences
et ses débauches le rendirent odieux à ses sujets. Sous son règne, les Thou fan
perdirent beaucoup de leur puissance; dans le nord elle fut contre-balancée par
celle de Hakas ou Kirghiz. Les Hoei hou occidentaux profitèrent aussi des
troubles du Tubet , et de la guerre que les Dzan phou faisaient au roi de Yun nan ;
ils s'emparèrent du pays de Pe thing,deSi teheou ou Tourfan, et de terri-
toires considérables dans le Ngan si, qui est le pays de Koutché et d*Aksou
de nos jours.
Da mo mourut en 84» ; comme il ne laissait pas de fils pour lui succéder ,
Lun khoungje, un de ses ministres, s'empara du pouvoir suprême, et plaça sur
le trône un parent de lepousedeDa mo,quï reçut le nom de Kilt hou.Des troubles
k survenus dans le Tubet firent concevoir à la cour de Tcldiang ngan le projet de
recouvrer les cantons du Chen si, qu elle avait été forcée de céder aux Thou fan.
Les armements dans cette province furent poussés avec activité*, on ne prit
.. ■
Klio tl klio dzu
fii6dc J.-C.
Moiiuitienl de
y thaï.
Dh mo.
Usurpation de
irpa
ikh
Luii khoiing Je.
«Î5 cir .}, ^
i46 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
cependant pas Toffensivc, et on se contenta d observer les frontières, pendant
que le pays ennemi était en proie à des guerres intestines. Sur ces entrefaites
l'empereur Woii tsoung mourut. Lan koung je, croyant ce moment favorable
pour attaquer les Chinois, se mit à la tète des Tang hiang [voyez le tableau
ethnographique dans latlas ) et de quelques tribus des Hoei hou , et entra dans
ie Tangout;i\ fut battu et obligé de se retirer en désordre. Il obtint ensuite quel-
ques succès contre le chef du parti qui lui disputait le trône. Cependant sa du-
reté envers ses troupes et ses alliés occasiona bientôt (85 1) la retiaite de ces
derniers , qui s'en retournèrent dans leur pays, et mit la désertion dans les rangs
des premiers. Ces événements ayant beaucoup affaibli sa puissance, il résolut de
se soumettre à la Chine, et de demander le gouvernement d'une province limi-
trophe. L'empereur le reçut avec honneur, mais il se garda bien de lui accorder
le poste éminent qu'il ambitionnait. Désespéré, et abandonné par les siens, il
se retira avec un faible parti dans la ville de Kouo tckeou. Ce fut là qu'il em-
ploya plusieurs années à se former une nouvelle ai^mée. En ^Q6 , il fit attaquer
les Tang hiang, qui s'étaient soumis à la Chine, et qui habitaient au sud de
Si nrn^, ville du Cben si. Ses trou|>es furent battues; il fut surpris dans sa rési-
dence, et le chef des Tang hiang lui (it trancher la tète, qui fut envoyée à
[Chuic loule de la Tchhaug ngau. Depuis ce temps la puissance desThou fan, qui, pendant deux
puissance des , i . , • n. , . i n * • r
X _, „ cQpts ans , avaient domme dans Imteneurde lAsie, lut presque entièrement
détruite. Les provinces qu'ils avaient possédées au nord du Tubet devinrent le
partage des Hoei hou ou Ouigour; les rois de Nan ichao ou de Y un nan s'em-
parèrent de plusieurs contrées qui, dans le sud-est, avaient appartenu aux
Thou fan. Mais ce qui porta le coup le plus funeste à leur puissance, ce fut
i'étabUssement du royaiune de Hia, dans le nord-ouest de la Chine, duquel
je parlerai plus tard.
Pendant un siècle et demi l'histoire chinoise ne fait aucune mention des Tubé-
tains ni de leurs rois , qui avaient perdu toute influence extérieure. Ce n'est qu'en
1 o 1 5 que les Thou fan reparaissent sur le théâtre politique de l'Asie orientale. Ku
szu h, descendant des anciens Dzan phou, envoya une ambassade à l'empereur
de la dynastie des Soung pour lui proposer d'attaquerconjointement le roi de Hia.
Cette offre ne fut pas acceptée. Ku szu b résidait orttinairement dans la ville de
Dzounggo. Son premier ministre était un bonze de la religion de Foe^ appelé
Thou fan.
8(3ti de J.-C.
Ku szu lo.
ioi5deJ.-C.
RACE TUBÉTAINE. 14^
Li iy dzun, homme fourbe et cruel qui avait fait périr tant de monde, qu'il
s'était rendu odieux à toute la nation. Dans l'intention de rétablir l'ancienne
renommée des Tbou fan , ce bonze attaqua un corps d'armée de la frontière
chinoise ; il fut repoussé avec perte. Une seconde tentative n*eut pas phis de
succès. Irrité par ces revers contre son ministre , le Dzan phou quitta Dzoung^
go; le dernier y resta, et, pour se réconcilier avec les Chinois, il adressa des
suppliques à l'empereur pour lui demander de devenir Dzan phou des Thou
fan. La cour des Soung se contenta de le nommer gouverneur honoraire.
Ka szu to répéta sa proposition d'attaquer les Hia, mais comme ou soup-
çonna quelque ruse de sa part, on la refusa de nouveau. Alors le Dzan phou
entra en Chine en 1 1 6 î il fut battu , et obligé de retourner dans son pays.
Dix ans après, les Khi tan {voy. pag, 78) ayant attaqué les Hoei hou ou
Ouigour âe Kan tcheou, qui étaient leurs tributaires, Ku szu to , craignant
quelque entreprise de leur part contre ses états, alla les cherchera Kan tcheou,
les défit et les força de lever le si^e de cette ville. Attaqué en io55 à son tour
par les troupes de Hia, il^les battit et prit leur général. Yuan hao, roi de Hia,
voulant réparer ce premier échec, en essuya un second et perdit tout son bagage.
11 se vengea pourtant Tannée suivante sur les Thou fan , en leur enlevant les
villes de Sou tcheou, Cha tcheou, et Koua tcheou. Le Dzan phou, qui était
toujours ai^ez puissant, vécut, depuis ce désastre, en bonne intelligence avec
les Chinois, ceux-ci le ménagèrent pour avoir en lui un allié utile contre la
puissance des Ilia, qui leur portaient ombrage. Ku szu /<? mourut en io65; il eut Uouuk difln.l
pour successeur son fils Doung djan , qui reçut l'investiture de 1 empereur des
Soung. Son règne n'offre rien de remarquable, de même que celui d'Ali ku , Alj ku.
1086 de J.-C.
qui monta sur le trône en 1 086. Hia tching^ le fils de ce dernier , parvint Hia tching.
au trône en logS: alors les Thou fan recommencèrent leurs courses en Chine. ' *'
Ce prince s'étant aliéné par sa cruauté l'esprit de ses sujets, ils se révoltèrent
contre lui; abandonné de la plus grande partie des siens, Hia tcbing se soumit
aux Chinois. Les troubles allèrent alors toujours en augmentant dans le Tubet,
et ce pays fut divisé sous plusieurs chefs qui se fiiisaient mutuellement la guerre.
Ilia tching finit par se faire bonze en 1 102. Les Thou fan, fatigués des dissen- Los Tbou i'an se
... • ï 1 ' 1 . . 1 . . I . ^ 1 , soumettent nii\
Siens civiles qui les déchiraient depms si long-temps, prirent en i lab la reso- clnnoJs.
lution de reconnaître la souveraineté de la Chine.
Chronique
libelaiiie du P.
dclla Penna.
i/i8 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Les Tubétains ont des livres historiques, mais nous ne les connaissons que
par un maigre extrait, qui ne contient guère qu'une liste incomplùte des rois
et n'offre que peu de faits. Cet extrait, fait par le P. Horace délia Penna, a
été publié dans VAlphabetmn libeianum du P. Georgi. Comme il n est pas présu-
mable tpi'un peuple ait une histoire avant d'avoir une écriture, les faits
historiques ne peuvent se conserver par tradition que pendant un petit nombre
de siècles. On doit donc supposer que Tliistoire des Tubétains ne peut remonter
beaucoup au-delà du VIÏ* siècle de notre ère, époque à laquelle cette nation
re(;ut avec le cidtc de Bouddha un double alphabet, adapté aux sons de
sa langue.
Dans la table des princes tubétains, traduite par le P. délia Penua, Ja chro-
nologie est totalement fausse. Nous savons positivement, tant par les historiens
chinois que par l'histoire mongole extraite par M. J.-J. Sclmiidt, que le roi
Srong bdzan sgambouOj nommé dans cette chronologie Tzhong tzheng K'ambô ,
et par les auteurs chinois Ye dzoung loung dzan , le même qui introduisit le
bouddhisme dans son pays, vivait dans la premièfe moitié du VIT siècle.
Cependant le P. délia Penna (ou peut-être son éditeur, le P. Georgi) le fait ré-
gner vers Tan 60 de notre ère. On a sans doute confondu ici l'introduction
du bouddhisme en Chine, qui eut lieu à cette époque, avec celle delà même
religion dans le Tubet, arrivée vers 635 après Jésus-Christ. Cett« première
méprise a vraisemblablement occasioné le bouleversement total de la chro-
nologie du P. délia Penna. Selon ce missionnaire, les premiers ancêtres des
Tubétains furent PrasrinpOj et sa femme Prasrinmo , qui vivaient 85o ans
après la grande inondation, et i34o ans avant Jésus-Clirist, ou, dans la suppo-
sition de la faute que je viens de relever, environ 765 ans avant Jésus-Christ.
Prasrinmo est représentée comme une femme velue , de couleur brun foncé;
elle a une barbe blanche, un nez de singe très camus, les yeux chassieux, des
défenses de sanglier, les cheveux hérissés et des griffes de tigre. La position de
ce monstre est voluptueuse, et son air terrible et menaçant; cinq crânes com-
posent sa coi ff Lire,
Gwia iljni2lie«ïs«, D après la même chronologie, le premier roi du- Tubet, Gnia thritzhengô ,
était fds de l'épouse de Maldtiaba, roi de rilindoustan. Exposé dans son
enfance , il fut recueilli et élevé par un paysan. Plus tard il se sauva de
jircjjupr
roi ou
Tuhr(.
V
RACE TUBETAlNE^^^'T"^^"" 1/19
riiide et arriva au ïubet, où les pâtres de larlon le reconimreiu pour roi.
11 y introduisit Tagnculture et régna jusqu'en 1102 (lisez environ 527) avant
Jésus-Christ. Vingt-trois rois , dont on ignore même les noms , lui succédèrent
jusqua Tzong tzheng K'ambo , fils de Namri tzeng pb , qui commença à régner Tzoug t^Ucn
, ^, 1 . n I i K'ambo , ou
vers l'an 60 ( lisez 629 ) de notre ère. C est le même que ôrong bdzan sgamhouo. Si ong hdzan
il établit dans le pays de H' lassa la résidence royale, qui était auparavant à (i%'X j"-c,
larlon. Il y éleva des palais magnifiques sur le mont Boudala, situé dans le voi-
sinage. C'est sous son règne que la doctrine de Chakia fut répandue dans le Tubet,
par Samanla Bouddhânâna, qui traduisit les livres de cette religion du sanscrit eu
langue tubétaine , pour laquelle il avait inventé un double alphabet. Cet homme
célèbre parait être le même que nous connaissons sous le nom indigène <le
Touomi sambouoda. Le roi du Tubet avait épousé la ûlle d'un roi de Yang boit
ou Népal , qui lui apporta une statue de Bouddha en or. Il reçut lUie semblable
statue par la La ichi kontckioa (i), ou princesse chinoise, qui l avait aussi épou-
sée. TZ'hong izkeng K*ambd mourut, d'après le père Georgi, Fan 90 après
Jésus-Christ, et en 65o d'après les historiens chinois. Les règnes des cinq pre-
miers successeurs de ce roi n'offrent rien d'intéressant ^ ils ont duré ensemble
environ 1 35 ans. De même que dans les livres chinois , le second et le troi-
sième sont, à leur avènement au trône, des enfants en bas âge. Tri srong teou Tu siouj^ leon
tzhen,\e sixième, vint au monde peu de temps avant la mort de son père;
il paraît être le Ky H so toung la dzan des Chuiois , qui mourut en 755. C'était
un fervent sectateur du bouddhisme; il épousa aussi une La îchi konîchioa (i) ,
ou princesse chinoise, et envoya dans Tllindoustan des religieux qui appor-
tèrent le Ganéjour, ou le grand corps de la doctrine de Chakia, en 108 volumes;
ils traduisirent en tubétain ce livre, le plus vénéré parles bouddhistes; des tem-
ples furent construits uniquement pour renfermer ces saints volumes. Comme les
sectateurs de Bouddha pensent qu'il suffit, pour que les prières adressées à la
divinité soient efficaces, qu'elles soient mises en mouvement, soit récitées par
la bouche de l'homme , soit écrites et agitées par un moyen quelconque, on
voit dans ces temples un grand nombre de cylindres , qui tournant conti-
tzhen.
(1) On reconnaît ici facilement le litre Koung tchon, qu'on donne aux infantes de l'empire ,
dans le mol Kontckioa.
100 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
juiellenient par le moyen d*un moulin à eau; ils renferment les volumes
du Gantljour , dont le contenu, ainsi agité, doit être d'une influence très
heureuse sur le bien-être du genre humain. Dans les grandes solennités, on
allume aussi un guéridon garni de io8 lampes, qui représentent les io8 vo-
lumes du Gandjour, et qu'on fait tourner dans le même sens que les cylindres.
Les chapelets des prêtres bouddliistes se composent également de io8 grains.
Sous Tnsrong teou tzhen le bouddhisme trouva une opposition très forte dans
le Tubet. Les grands de H'iassa , mécontents de la ferveur de ce prince, enle-
vèrent tous les li^Tes de cette religion qui tombaient entre leurs mains, de
même que la staUie de Chakia , et changèrent le temple de Laprang en marché
pour les bouchers. Les divinités irritées se vengèrent par des fléaux dont elles
frappèrent le pays. Pour apaiser leur coiuroux , le roi invita le grand Lama
Ourkien, qui résidait dans THindoustan, à venir au Tubet. Ce pontife ht cesser
ces maux par des œuvres expiatoires. Une incarnation divine du rang inférieur,
qu'on nomme Boddkisaioita , arriva de Tlnde et fonda le premier couvent de
bouddhistes à »Sflmï^j ville éloignée de trois journées de Hlassa. L établisse-
ment de la vie monastique dans le Tubet date donc du milieu du VHP
Maoi lïheng po. siècle de notre ère. Mani tiheng po, le fils Tri srong teou tzhen , ne régna
qu'un an et sept mois; il fut empoisonné par sa mère, qui mit son autre fils,
Mouii thzeng po, sur le trône. Celui-ci ne régna que quelques années ; il mou-
rut vers Fan 83 o. Son fils Tarma lui succéda ; c'est le même que les Chinois
Tanua. appellent Da mo, et qui régna, selon eux, de 858 à 842. D'après le récit des
B.'iS-Sia e - . Tubétains , il fut un cruel persécuteur de la religion, brûla les hvres de la
croyance de Bouddha, et détruisit les temples et les images de cette divinité.
Le clergé et les grands se réunirent pour le détrôner, et le remplacèrent par
Kelwatcheii, SOU frère Rckvatchen. Celui-ci commença par rétablir ce que son prédécesseur
avait renversé. Il fit reconstruire les couvents et les temples, et ne négligea
aucun moyen de se concilier l'affection des prêtres. Cependant, comme il vou-
Tarma remis sur ïait diminuer l'influence des grands, ils finirent par l'assassiner; son frère Tarma
reprit les rênes du gouvernement. Da mo ou Tarma succéda, suivant les histo-
riens chinois, à son frère ( Y thai to) et non à son père. Ces mêmes auteurs le fai-
sant parvenir au trône en 838, on peut présumer qu'ils ne comptent le com-
mencement de son règne que depuis son second avènement. Le règne de Tarma
Ilosroug el
YoiiintPTi.
RACE TUBÉTAINE. i5i
ne fut pas de longue durée: ce prince perdit la vie dans une révolte que les
prêtres avaient excitée contre lui*
Après la mort de Tanna le Tubet fut bouleversé par des troubles que la Troublesetparta^
succession au trône fit naître entre ses deux fils. Leur différend fat enfin accom-
modé par les grands , qui partagèrent le royaume entre les deux compétiteurs.
Hosroung reçut l'orient, ouïe pays d'Où (Oueî), et Youmten l'occident, ouïe
pays de Thzang, Cette division finit par la mort à'Youmten^ qui résidait à
Stsigatsé (Jikadzé); son frère Hosroimg tenait sa cour à If' lassa. Ces dissen-
sions intestines, qui portèrent un coup fatal à la puissance des Thou fan, déjà
ébranlée dans l'Asie intérieure, sont aussi racontées par les Chinois, mais d'une
manière différente , comme nous l'avons vu auparavant. Le petit-fils et le Piinco.'! de Ngarr^
second successeur de Ilosroung transféra J* siège de son empire dans le pays
de Ngarij qui est la province la plus occidentale du Tubet. Il y épousa ime
femme d'une famille noble , de laquelle il eut trois fils, qui, après sa mort , se
disputèrent la succession de leur père et partagèrent ses états. Il paraît que ce
dernier ne possédait que le pays de Ngari, car ses fils n'eurent que les trois
provinces qui le composent , savoir, Ngari Sangkar, Ngari Pouran et Ngari
TamÔ. Konré, fils et successeur du prince de iV^flri Tamo, réunit les trois Konr^.
provinces sous sa domination. Il fit venir des prêtres de l'Hindoustan pour
restaurer la religion dans ses états. Voyant que ce nouveau clergé ne s'occupait
que de ses plaisirs et du soin d*amasser de l'or, le pieux Konré mourut de dou-
leur. Son fils Laté, qui lui succéda, animé du même zèle pour le rétablis- I*r<?.
sèment de la doctrine bouddhique dans toute sa pureté, appela de Finde le
célèbre lama Atictm, qui contribua puissamment à faire refleurir la religion.
Il parcourut le pays, préchant et convertissant les impies.
La chronologie tubétaine du P. délia Penna ne donne sommairement que
i55 ans pour le règne de tous les rois, depuis Moud tzken pà jusqua la mort
de Laté, ce qui placerait cet événement en 9";6. Le même ouvrage ne dit rien
des princes qui ont régné dans le Tubet oriental, ou dans les provinces de
On et de Tzkang , pendant le temps que ceux dont il fait mention ont possédé
le Ngari; il ajoute seulement que Laie n'ayant pas laissé d'enfants, le Tubet
fut en combustion, et déchiré par des factions, dont les chefs cherchaient à
s'emparer du pouvoir. Des guerres civiles éclatèrent partout , et le pays retomba
Anarchie.
i5a APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
dans la barbarie. Les étrangers, qui autrefois y avaient introduit la civilisa^
tion indienne, n osèrent plus s'y montrer, et les indigènes furent en proie à
toutes les horreurs de Tanarchie. Cet état de choses durart depuis long-temps
lorsqu'une partie des Tubétains s'adressèrent enfin à l'empereur de la Chine
pour le supplier de venir au secours de leur malheureuse patrie. Une amiée chi-
noise entra dans le pays, le soumit et y rétablit Tordre. Depuis cette époque le
Tubet resta province chinoise. Cet événement eut lieu en 1126, comme nous
l'avons vu plus haut. Quant à la somme de 354 ans que la chronologie du
P. délia Penna donne pour la totalité des règnes des différents petits princes du
Tubet indépendant, je pense qu'il faut la regarder, non comme une série
d'années successives, mais comine la somme de la durée des règnes contempo-
rains. Dans le cas contraire, Tas^jettissement du ïubet par les Chinois tom-
berait dans le temps du règne des Mongols en Chine.
Avant de terminer cette partie de 1 histoire tubétaine, je dois remarquer
ii''Hr?T.iW "^"'^ "ï"^ ^^^ historiens arabes , et notamment le Tarikh tabari ^ Massoudi , et
îbn ai Wardi , rapportent que les rois de Tubet {Tobat) descendaient des an-
ciens rois arabes de TYemen, qui portaient le nom de Tobba et qui résidaient
à Sanaa. D'après les mêmes auteurs , ^amar , neveu d'un Tobba, fit, dans le
VP siècle, une invasion en Perse, défit le roi Kobad et ravagea tout ce pays
jusqu'au DJihoun. Il passa même ce fleuve et assiégea Samarkand -, après la prise
de cette ville, il marcha contre le Turkestan et le Tubet. Ses successeurs ont ,
dit-on, régné dans ce dernier pays. Si ce fait est \Tai (chose qui paraît fort
douteuse), il ne peut être question ici que de la partie la plus orientale du Tu-
bet, qu'on a l'habitude d'appeler le petit Tubet. Dans aucun cas, il ne faut con-
fondre cette dynastie arabe des Toi/ bu , avec celle des Tfwu fan ou du Grand
Tubet, qui, d'après le témoignage formel des auteurs chinois, descend des
princes de Sian pi de ]Nan lîang. ( Voyez page 1 36. )
Récit fabuleux des
Arabes sur
RACE MONGOLE.
i53
PEUPLES DE RACE MONGOLE.
Eu examinant le Tableau ethnographique des peuples de l'Asie intérieure et
moyenne sjusquà l'an looo, on a peut-être été surpris de ny trouver aucune
mention des Mongols. \jk cause en est que la plus grande partie des tribus qui
composent cette nation habitèrent, avant cette époque, beaucoup trop au nord
pour pouvoir entrer dans ce tableau, qui ne présente que les peuples qui oc-
cupaient la partie de l'Asie comprise entre la chaîne de FHinialaya avec sa con-
tinuation orientale se dirigeant au nord-est, et celle, formée par les mon-
tagnes Altai, Tangnou, Kliangai et Khingan, qui sépare du désert de Gobi le
système des confluents de l'Amour supérieur.
Lres naturalistes se sont emparés de la dénomination race mongole ^ pour
l'attribuer à toutes les nations dont les paupières remontant aux tempes sont
fendues et comme gonflées , qui ont la figure plate, les pommettes saillantes et
peu de cheveux noirs et raides. C'est un abus que Thistorien ne peut tolérer
d'aucune manière. Presque tous les peuples qui habitent actuellement la partie
orientale de l'intérieur et le nord de TAsie , de même que la plupart des peuples
américains, montrent les mêmes signes caractéristiques. Les Mongols n étaient
originairement qu*une tribu de la nation des Tatars; ils habitaient au sud et à
l est du lac Baikal, et entre les rivières qui se jettent dans l'Amour supérieur. Du
temps deTchingbiz khan même, ils ne comptaient qu'environ 400jO00 tentes.
C'est donc sans la moindre raison qu'on désigne sous la dénomination de race
mongole une des plus grandes subdivisions de l'espèce humaine. Que dirait-on
si quelqu'un s'avisait d'appeler Goths tous les peuples de l'Europe et de l'Asie
parmi lesquels il règne une identité physique, seulement parcequ'un seul d'eux,
les Goths, ont formé autrefois un empire considérable? — Je dois donc prévenir
le lecteur que je n'adopte le nom de race mongole que pour les peuples qui
parlent des idiomes dérivés de la même souche que celui des Mongols de nos
jours; par conséquent je n'y comprends que les Mongols proprement dits, les
Khalkha, les Euleutsou Kalmuks, et les Bouriates de la Sibérie.
Le nom Mongol signifie dans la langue de ce peuple brave ei fier. D'après le
20
Abus
de la déiKîminaliiiri
race m ongulé.
Oiiginp du nom
Mongol.
Ta tais.
i54 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
récit de Rachid-eddin, il n'existait que depuis trois siècles , à l'époque de
composition de son ouvrage (i5o4), ou depuis le temps d'Aioung Goa, mère
de Boudantsar^ dixième ancêtre de Tchmghiz khan; il fut donné aux descen-
dants de cette princesse qui s*étaient fort multipliés. Racbiid-eddin dit encore
que plusieurs nations, telles que les Tchalatr, Taiar^ Ouirat, Oungout , Keraït ^
Naïman, Tangout et autres se glorifiaient du nom de Mongol, illustré par
rchinghz khan ; nom qu*ils eussent antérieurement dédaigné. Les jeunes gens de
toutes ces nations, poursuit-il , croient même à présent que leurs ancêtres ont
toujours porté le nom de Mongols ; il n'en est pas ainsi , car auciennement les
Mongols n'étaient que lune des peuplades turques (i).
La plus ancienne mention du nom de Mongol se trouve chez les historiens
chinois, dans le dixième siècle de notre ère. Il y est écrit ^TL^M^fwng^ gourou
Wf 'f* ^ Moung gou sz«(Moungous); le terme Moung goa -^ ^, actuel-
nient usité, ne date, dans les annales chinoises, que de Tan 1 155, ou vingt-six
ans avant la naissance de Tchinghiz khan. Ces écrivains disent expressément
que les Moung gou sont le même peuple qui fut appelé antérieurement Moung
gou szu ou Mounggous.
J'ai déjà observé que les Mongols n'étaient qu'une tribu de la nation des Ta-
tars (2). Les historiens chinois ont originairement très bien rendu le nom de ces
(1) Racbid-etidia fait ici, comme ailleurs , ua mauvais usage du nom Turc, en rappliquant
il la plupart des nomades de l'intérieur de l'Asie.
(a) C'est uilP erreur généraleinenl adoptée que de confondre le* Tatars et Jes Turcs , eï d'ap.
pliqucr tii déxiomination des premiers ù la plus grande partie des peuplades qui composent la
dernière nation, et qui parlent la langue turque. Celte erreur n'est pas très ancienne » car dans
le temps de la puissance des i^/ongo/*, qui sont les véritables Tatars , ce nom ne fut donné qu'a
eux- II n'y aquc quelques siècle^que son usngc est devenu si vag^ue, qu'on Rapplique ù présent
non seulement à toutes les tribus des Turcs orientaux, mais même à des peuples qui nu sont ni
Turcs ni Mongols. L'origine de celte confusion n'est pas diflîcile à expliquer.
Quand Djoudjikhan, fils de Tcbinghii, fit la conquête d'une partie du nord-ouest ilc TAaic
et de l'orient de Tlllurope, les pays situés au nord de la mer Caspienne^ et entre cette mer et le
Dnieper, claîenl principalement habités par des peuplades turques, telles que les Comans et le»
Petcbcneghes, une partie des sujets de* rois des Boulgars sur le ^olga , et d'uulres. Toutes cf^
tribus devinrent sujettes des conquérants tatars :ceux-ciy fondèrent Pempiredu Kiptchiik,quM'é«
tendait du Dniester jusqu'ù l'Iemba ,et se terminait à l'orient iv la steppe des RIrghiï. Les princes
RACE MONGOLE. 155
(ïeniieîs, en l'écrivant par ces deux signes ^g -^ ou jfe J^. Ils remarquent^
qu'il faut les prononcer Ta ta. Cependant comme le second de ces deux ca-
ractères peut aussi avoir le son de dsfie , on a adopté abusivement celui-ci, et on
prononce à présent , presque toujours. Ta dshe au lieu de Tata ou Tatar. La pre-
mière mention de ce peuple se trouve dans des annales de la Chine, à Tan 880
de Jésus-ChrisL C était une tribu Mo ho {voyez page 85), qui habitait au nord-
est des Hy et des Rhitans [voyez page 87 et le Tableau ethnographique, n" 12
de l'atlas); mais ayant été attaquée, en 824, par ces derniers, ses hordes se dis-
persèrent. Une partie fut soumise aux vainqueurs, et une autre se sauva chez
les Phou hai, qui appartenaient aussi à la nation des Mo ho, et qui occupaient
le pays situé au nord du Liao toung et de la Corée.
Les Mo ho y comme nous l'avons vu (page 85), étaient de la race toun- Ancien mélange
gouse; mais il paraît qu'à l'extrémité orientale de l'Asie les tribus mongoles et irihus mr>nK«ies
toungouses se sont fréquemment croisées, de sorte qu'il est souvent difficile de ^ oungouses.
décider à laquelle des deux nations telle ou telle peuplade, mentionnée dans
riiistoire, ait appartenu. 11 se pourrait donc que les Mo ho septentrionaux
fussent, en effet, les ancêtres de la tribu des Mongols, taudis que ceux du midi
étaient les aïeux des différentes hordes toungouses, qui, plus tard, formèrent
la i\jition des Ju tchin , de laquelle dérivent les Mandchoux de nos purs.
fie cet empire étaient donc Tatars, mais ta plus grande partie de leurs sujets étaient Turcs. Ver;»
te quitiKième siècle, l'empire des Tchingbiz-khanides dans le Kiptchak. fut dirisê en plusieurs
khanats, parmi lesquels ceux de Kazan , à^ Astrakhan et de la Crimée étaieul les plus consi-
dérables. Les khnns , ou roia, qui les possédaient descendaient de Tchinghiz; ils étaient donc
Mongols ou Tatars. Cependant les armées de cette dernière nation , venues de l'iulérleur de
l'Asie, n'existaient plus ; l^usaçe de la langue mongole même s'était perdu, et les khans étaient
entourés de soldats et de sujets turcsi issus des anciens habitants du pays; malgré cela, ces kha-
oals furent toujours appelés tatars, pnrceque les gourernants étaient d'origine mongole. On disait
le royaume des Tatars d'Astrakhan , de Kazan et de la Crimée ; même après la soumission de
ces pays au sceptre des czars, la dénomination de Tatars resta aux hubitaols turcs ; leur langue
fut aussi appelée tata^e. Qu'on demande, cependant, à un soi-disant Tatar de Kazan ou
d^Astrakban, s'il est un Tatar; il répondra négativement ; il appellera l'idiome qu'il parle
turki, et jamais taiari. N'ayant pas oublié que «es ancêtres ont été subjugués p.fr les Mongol^
ou Tatars , il regarde ce dernier nom comme une injure équivalente au mot brigand.
^^m
Tatars
is dans iv uovd
de la Chiuc.
Aucjtii
pays des Talars.
i56 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Une partie des Tatars se relira dans les monts In chan ( voyez page 9^ ) et
dans le Ho si ou Tangout ; elle y garda son nom , se répandit et fut bientôt con-
nue des Cliinois, Le général Li ko young se sauva en 880 chez les Tatars ; trois
ans plus tard il rentra en Chine à la tête d*un corps composé de troupes de
cette nation, et défit le rebelle Houang tksao. Après cette victoire, il se fixa avec
ses auxiliaires dans le nord de la province de Chan si Les Tatars y vivaient du
produit de leurs troupeaux, qui consistaient principalement en chevaux. Leurs
compatriotes en dehors de la grande muraille restèrent pendant long-temps en
bonne intelligence avec les différentes dynasties qui régnèrent en Cliine , aux-
quelles ils envoyèrent des ambassades et du tribut. Après avoir été soumis aux
Tang postérieurs et aux Khilans^ ils devinrent sujets des Ju tckin ou Km {voyez
page 90 ).
Quant à Tindication de lancien pays des Tatars , les historiens chinois corres-
pondent parfaitement avec Rachid-eddin et Abouighazi. « Le nom du peuple
» tatar, dit ce dernier, était célèbre dans Tantiquité, comme il l'est de nos jours.
» Dès son origine il comptait 70^000 familles; plus tard il habita tlifférentes
n contrées. Cependant la meilleure et la plus grande partie vivait dans le pays
» appelé Bouyour naour, près de Khathai, ou de la Chine septentrionale, aux rois
» de laquelle elle obéit aussi. Elle fut cependant souvent en guerre avec le Kha-
« ihai; enfin le roi de ce pays se mit en marche contre les Tatars, les attaqua et
» les subjugua entièrement. D'autres tribus de ce peuple habitèrent sur le^
» bords de VAlk'ara mouran (i). »
Ije lac Bouyour naour ou Bouïr noor se trouve en effet au nord-est de l'ancien
pays ^es Hy et des Khitans; on voit donc qu'AbouIghazi place la contrée occu-
pée originairement par les Tatars au même endroit que les annales chinoises.
Quant à Forigi ne des Mongols, les historiens arabes, turcs et persans n'ont
fait que copier ou extraire ce que Rachid-eddin, visir de l'empereur Gazan khan,
en rapporte. Cet écrivain mérite la plus grande confiance <lans tout ce qu'il nous
a laissé sur Thistoire postérieure des Mongols, en remontant peu de siècles avant
Tchinghiz khan. Mais, égaré par un zèle religieux, il a rattachéles anciennes tra(U-
tions des peuples nomades de l'intérieur de l'Asie à celles des Juifs, conser\ées
(t) Li^ez Ouigoiir mouran f cVst le lenisei ou Kern.
RACE MONGOLE. ,5^
dans le Coran. Cette circonstance rend cette partie de son ouvrage suspecte,
et même tout-à-fait inutile.
La parenté des Mongols et des Tatars y est pourtant très bien indiquée. Sui- Mungols et Tatar
-, peuples
vant Rachid-eddin , lapket ou Abouldje khan, fils de Noé, se transporta à Forient, dt lam^meoriginfl
et c'est de lui que descendent les nomades de l'intérieur de l'Asie. Ces peuples
furent partagés entre Tatar khan et Mogoul khan. Le premier et ses successeurs
régnaient sur les Tatars , et le second et les siens sur les Mongols. Après plusieurs
générations , ceux-ci furent attaqués et vaincus par les Tatars; leurs débris se
sauvèrent dans une vallée étroite, nommée Irghene koun. Ils y restèrent pen-
dant quatre siècles, et leur nombre s'accrut considérablement; sortis de là, ils
attaquèrent à leur tour les Tatars, et les soumirent. Tout ce récit est fabuleux,
et correspond si peu avec les notions que nous trouvons dans les historiens chi-
nois, qu^il ne paraît mériter aucune confiance.
L'histoire des khans mongols, composée en 1662 par Séisen Sanang Khotwg
Taidzij traduite par M. J.-J, Schmidt, ne donne aucun renseignement sur
l'origine des Mongols, mais bien sur celle de la famille de leurs princes, pré-
décesseurs de Tchinghiz khan. Cet ouvrage fait dériver ceux-ci des rois de Tubt^t ,
qui eux-mêmes étaient originaires de llnde.
Digoum DzanbOy roi de Tiibet, périt par la trahison de s6n ministre Longnam,
(Jui s'empara du pouvoir suprême. Les trois fils du roi se sauvèrent dans diffé-
rents pays. Le cadet, nommé Burté Tchino, se rendit dans la province tubétaiue
de Gangboj située au sud-est de Il'lassa; ne s'y trouvant pas en sûreté, il
traversa le lac Tenghis, après avoir épousé la vierge Goa matai, et arriva ati
lac Baikai, et à la montagne Bourkkan Kaldouna, Il y trouva le peuple Bèdè ou
Bida , c'est-à-dire les Mongols, qui le reçurent avec respect, quand fis appri-
rent sa naissance illustre et sa parenté avec les empereurs de l'Ilindoustan. Ils
le choisirent pour roi (i). Burté Tckino avait deux fils; le premier, nommé
de la faiurlle
«les
princes monpoli.
(1) Tout ce rtcît paraît extrêmement fabuleux. Dans les livres mongol* les deux frères de
Burlé Tchino mn\ appelés Chîwagkotchif ou l'oiseleur, cl Borrotchi, ou le pêcheur. Diaprés un
ouvrage lubélaiti, Iraduil eu kaïmuk, inlitulc Nom ^arkoi lodorkhoi Tollt , qui doinic plus
de détails sur rusurpatiou du ministre Longnam, tes noms lubêtains des trois frères étaient
Djaihî, ou lu prince oiseau , Nia tki ^ leprince poisson, et Cha sza thi, le prince carnÎTore. Ce
dernier était Burltf Tchino. La syllabe qui termine ces trois noms est écrite A'n*^ cl se pro-
,58 APERÇU DES PEUPLES DE UASIE MOYENNE.
Hèéès khan, fut la souche des princes Taidjoî, et le second, Bedètsè kfian, celle
de h branche mongole.
Son neuvième successeur, Torghaléjin Bayan, eut deux fils,Z)oû Sokhor et Doho
Mergèn. Du premier naquirent Donoi, Dokchin, Emnèk et Èrkè: ces quatre
princes devinrent les souches des familles qui régnèrent sur les quatre peuples
Oirad, c'est-à-dire les Euleuth ou Kaîmtik, les Bahtoud^ les Khotl et Kergnd
ou Kirghiz. Dobo Mergèn épousa Aloung Goa, fille du prince des Tummed; elir
eut deux fils de lui. Après la mort de Dobo Mergèn , elle devint enceinte pai; la
coopération d'une divinité ( Tègri), et accoucha de trois autres fils, nommés
Boukhoii Kkataki, Boukkou Saidjiglio et Boudonisar Mong khan. Ce dernier
régna sur les Mongols, et c'est de lui que Tenwudjin ou Tching/iiz khan des-
cendit, dans la dixième génération.
Bèdè ou Bida , Le nom de Bèdè ou Bida, donné dans ce récit aux Mongols , paraît avoir été la
*S?n uiLaa'iur dénomination tubétaine de ce peuple, car il ne se trouve ni chez Rachid-eddin,
f es ontîo s. ^^. jp^yj^jHg^ g^j, j^g mémoires authentiques conservés dans les archives de la
famille de Tchinghiz khan, ni dans les liistoriens chinois, qui auraient dû le
connaître, si les Mongols dominateui^s delà Chine l'avaient porté avant d'adop-
ter celui qu'ils ont actuellement. J'ai démontré autre part (i) l'impossibilité de
confondre le nom deBvdè avec celui de Pe ft, que les Chinois donnaient ancien-
nement à plusieurs nations qui demeuraient au nord et au nord-est de leur
pays, de sorte que je n'ai pas besoin de revenir ici sur ce point. Quant au récit
de la descendance de la famille de Tchinghiz khan des princes tubétains, il se
nonce r^/; elle signifie tréne , et se retrouve dans tous les noms des anciens rois et princes
ttihélains. Te livre cité ne s'occupe que de Thisloire de Tubet;ilne raconle que \a fuite du
Burté Tchino jusqu'à la province de Goinbo, el ne parle pas des événements postérieurs de sa vie.
Il faut avouer que l'hisloire des trois princes sent un peu les Mille et une nuits , et leurs nunis
mi^me n'y seraient pas déplacés. Le silence de Thisloire tubétainc sur rarrivée de Burté Tchino
che» le peuple Bèdi- ou Bida , et sur son élévation au UOne , prouve que ce sont des invention>
postérieures. Il est d'iiilleur» peu probable qu'un prince fugitif, n'étant accompagné que de son
épouse, ait pu aller du Tubet méridional, au travers du désert de Gobi et de la inerTenghix,
et arriver sain et sauf chea les Mongols au bord du lac Buikal: c'est une prouienade trop forte
pour le rejeton d'une faraille légitime , persécuté par un usurpateur puissant.
*(0 Mémoires rclaùfs à l'Asie. Paris, 1824, in- 8", page 186.
Origine
de la iamiJfc
RACE MONGOLE. ,59
pourrait que cette descendance ne fut qu'une fable inventée par les prêtres
bouddhistes pour illustrer Forigine de ce conquérant , en faisant venir ses
ancêtres d'un pays réputé saint ou sacré.
Cette dernière conjecture est d'autant plus vraisemblable, que les historiens
chinois, qui nous ont conservé la généalogie de Tchinghiz khan, ne parlent deTcijinghizkhaa
. , , -. d'après
pas du tout de l'origine Uibétaine de sa race. " Le premier ancêtre de cette la- les Chinoîs.
» mille, disent-ils, était un homme d'une haute stature, et de couleur bleue , qui
» avait épousé une femme triste et délaissée. »Un autre écrivain dit, « que c'é-
• tait un loup bleu de ciel; c'est Burté tckitio, dont le nom signifie un loup de
» couleur claire, que le poil de certaines bétes fauves prend en hiver. Ce loup
a épousa une biche blanche et féroce, c'est-à-dire Goa Marat^ car maral est une
» biche , et goa en mongol équivaut à dame. Ce premier ancêtre mena une vie
M nomade, traversa Teau appelée Tenghiz,et arriva devant la montagne Bourklian,
» à la source de la rivière Onon, où sa femme accoucha d'un fils nommé Bata-
» tchi khan ( Bètètsè khan). De celui-ci naquit Tamatcha (nommé dans le récit
• mongol Tamatsak ), dans la douzième génération ; il eut pour successeur
» Èodouantckar ^ duquel descendit, dans la treizième, Temoudjin (Tchinghiz
» khan), qui porta le nom de famille Bordjighin , et qu*on regarde comme le
« fondateur de la dvnaslie Yuan. »
J'ai classé dans cet ouvrage les Kintans parmi les peuples de race- touii-
gouse, suivant en cela les auteurs chinois, qui les rangent avec les Mo /toei les
Chy goci. Rachid-eddin est d'un avis différent ; il dit que les Khitans étaient de
la même race que les Mongols. Ces derniers les appelaient Kara kkiiai , au trei-
zième siècle. « Les Kara khitai , ajouta-t-il, sont tous nomades, et leur territoire est
» contigu au pays des Mongols. I^ langue, la figure, les usages des deux peuples
« ont la plus grande conformité; en chinois, les Kara J^hitai sont appelés Kidan
Tatie ( Kidan Tata). » De leur côté les auteurs chinois assurent que les mœurs,
riiabillement et rextérieur des Kliitai étaient tout-à-fait les mêmes que ceux
3es Mo ko, qui sont d'origine toungouse. D'après ces données, il paraîtrait que
les Khitan étaient une de ces nations mêlées de tribus toungouses et mongoles
fondues ensemble, comme on en rencontre plusieurs dans la partie orientale de
l'Asie. Malheureusement, les Chinois nous ont laissé fort peu de mots khitans, qui
pourraient servir à comparer leur langue avec d'autres, et ceux qui nous sont
<i}v I.i descendante \
tit's Kliitnns.
i6o APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
parvenus sont encore extrêmement défigurés par î orthographe. Il faut pourtant
que je remarque qu'en khitan, une rivière s'appelle mau li ou mou ri, mot qui
pourrait bien être le muran des Mongols. Je ne dois pas non plus passer sous si-
lence que toutes les peuplades chy goei {voyez page 92) ne parlaient pas la même
langue, et que nommément les grands Chy goei, qui se trouvaient au nord-ouest
des autres, dans un pays hérissé de montagnes, avaient un idiome tout-à-fait
différent. I^ question de la descendance des Kkiian et des grands Chy goei reste
donc encore à décider, puisqu'il y a autant de probabilités pour les ranger
parmi les Toungouses que parmi les Mongols (1).
(1] Il paraît que les habitations des peuples de la race moiigolc s'étendaient autre Tois beau-
coup plus à l'orient que de nos jours. Sur une ancienne carte japonaise, en caractères chino ts,
on Toit In première patrie des Yuan ou Mongols indiquée au nord du fleuve Amour , dans les
montagnes qui vont jusqu'à la mer. La même carte place sur une île de cette mer les fV ou
lion Moun £0u , ou les Mongols séparés des autres. Le déplacement des tribus nomades n'est ja-
mais difficile ; souvent la politique de leurs maîtres les force d'abandonner la contrée qu'elles sont
accoutumées ii parcourir avec leurs troupeaux , et les établit dans des régions fort éloignûes.
Les Khitans ou les Kin peuvent avoir exilé une horde mongole à l'île de Tarrahai , située
devant l'embouchure de TAmour. La tribu talare que reipédhion du capitaine Krusenstern
trouva établie dans le nord de celte île descend peul-C'lre de celle norde. Si M- de Krusensteni
avait jugé à propos de recueillir quelques mots de la langue de ces Tatars, on aurait su à quoi
s'en tenir sur leur origine. Quand les voyageurs commenceront-ils donc de s'occuper plutôt
•de ce qui a rapport à la race humaine, que des genres de plantes et d'animaux^'dont la descnp-
tion minutieuse envahit presque toutes les pages de leurs relationsi'
RACE BLONDE.
PEUPLES DE RACE BLONDE.
df TAsin.
iJÀsie moyenne est la longue bande de pays comprise entre le Don et l'océan
Pacifique; elle est bornée au. sud par le Caucase, la mer Caspienne^ le Djihhoun
ou rOxus, lliindoukouch, l'Himalaya, la Chine, et la montagne Blanche, qui sé-
pare la Corée du pays des Mandchoux; au nord, elle a les ramifications méridk>-
uates et la prolongation orientale de l'Oural, qui traverse le step des Rirghiz
jusqu a rirtyche, les montagnes du petit Altaï, celles de Sayansk, du Baïkal et de
la Daourie, et enfin la haute chaîne appelée Khingan, qui va jusqu'à la mer cFO
khotsk. Potir se faire une idée exacte de l'état ethnographique de ce vaste pays, Aiu icn ém
depuis le temps d'Hérodote jusqu'à la naissance de J.-C. , il faut se pénétrer de ' aîTr JSJtdnc»^^^
cette vérité, que les nations de race turque ne s'étendaient alors à l'occident que
jusqu'aux confluents supérieurs de l'Oxus et du laxartes. La contrée que nous
sommes accoutumés d'appeler la peiile Boukharie n était pas entièrement occu-
pée par des Turcs; elle se composait anciennement de plusieurs principautés, qui
étaient tantôt libres, tantôt soumises à ce peuple, dont la véritable patrie se trou-
vait plus à Torient, entre la Chine, l'Altaï et lac Baïkal. I^ population de tous
les pays situés au nord du Caucase, de la mer Caspienne , de l'Oxus et du Pa-
ropamise se composait presque entièrement de tribus d'origine indo-germa-
nique , qui parlaient des langues dont la plupart des racines se retrouvent dans
le sanskrit, le persan, les idiomes tudesques, slaves et autres appartenants à ia
même souche. Déjà, à une époque très reculée, ces peuples avaient dépassé le
Don on Tandis ,et s'étendaient jusqu'aux bords septentrionaux du Danube; ils
iurmaient plusieurs nations , qu il n'est plus possible de bien distinguer les unes
des autres. Des tribus de cette même race étaient anciennement répandues jus-
qu'aux confins de la Chine, et jusqu'aux monts Altaï; elles y étaient dispeisées
parmi les hordes turques et tubétaines; les Parthes, les Bactriens, les Sogdiens, les
Khorasmiens , les Gètes et Massagètes, les Alains, les Aorses , les Roxolans, les
lazyges, et tant d'autres, appartenaient tous à cette grande souche de peuples.
Quelques faibles indices historiques, la comparaison des langues, des tradi-
tions anciennes, cachées dans la mythologie hindoue, et même quelques notions
21
i6a APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
physiologiques sur des Iribusde FAsie orientale, foni présumer que le centre de
cette partie du monde fut occupé , à une époque très reculée, par les ancêtres
Disi>cr$«oii (le tous les peuples indo-germaniques. Un événement dont nous ignorons les
hido-germanique. causes , dispersa cette race vers le sud, vers l'occident, et même vers l'orient
et le nord. La nation qui parlait le sanskrit descendit des monts Himalaya, et se
répandit dans les plaines de l'ilkidouslan, d où elle chassa les tribus de la race
malaie et nègre, ou se confondit avec elles. Après avoir purgé la presqu'île en-
(kck du Gange, elle finit ses conquêtes par celle de nie de Lanka ou Ceytan^
qu*elle arracha à la puissance de la race noire. Cette hypothèse est fondée sur
les traditions indiennes, conservées dans les Pouranas, qui nous montrent la
race divine originaire de rilinialaya , combattant et chassant vers le sud les
- mauvais génies , dépeints comme nègres ou hommes cuivrés.
Une autre partie des anciens habitants du centre de TAsie se porta vraisetn-
blablement, à la même époque', vers l'occident , suivit ïe cours du Djihhoun et du
TÔir, et se répandit delà au sud-ouest en Perse, et au nord-ouest vers le Volga et le
Don, d*où elle entra en Europe. Ses migrations paraissent s'être répétées plusieurs
fols, et à des époques assez éloignées les unes des autres; c'est de cette manière
au moins qu'on peut expliquer la diversité apparente qui règne entre les na-
tions et les langues de la souche indo-germanique.
J*ai dit qu'il y avait aussi des indices de migrations orientales et septentrio-
nales de la même race de peuples. L'orientale se trouve constatée par l'existence
d'un peuple blond, et aux yeux bleus, qui habitait encore dans le troisième siècle
avant notre ère aux confins de la Chine, et duquel je parlerai tout à l'heure; elle
se fait aussi présumer par la grande quantité de racines indo-germaniques qu'on
rencontre dans les idiomes turcs et mongols, et encore plus dans ceux des Toun-
gouses, et particulièrement dans le mandchou. Cette dernière langue offre même
des formes grammaticales qui ont un grand rapport avec celles de lallemand. 11
existe aussi parmi les Mandchoux , près des rives duSotmggari et de rOussouri ,
des tribus chez lesquelles on observe un grand nombre d'individus à cheveux
Idonds et aux yeux bleus- Quant à l'émigration septentrionale de cette même
race, on peut la soupçonner par l'existence de peuples, offrant les mêmes signes
caractéristiques, qui habitèrent, jusqu'à une époque assez récente, sur l'irtyche,
rob, le lenisei siqiérieurs, et vers le lac Baikal. Ces tribus se sont fondues plus
RACE BLONDE. ' "" ifj3
tard avec une nation turque, mélange qui a produit les Rirghiz , parmi lesquels
les yeux bleus ou verts et les cheveux roux ne sont pas rares.
Ce sont les peuples indo-germaniques, habitants de l'Asie intérieure dans les
temps historiques, qui entrent dans le plan de cet ouvrage. Je commence ici
par les plus orientaux, sur lesquels les historiens chinois nous ont laissé des do-
cuments.
Les Ou mn étaient un peuple dont rextérieur différait totalement de celui
des nations voisines. Ils avaient des yeux bleus et la barbe rousse; ils res-
semblent assez , ajoute Thistoire des premiers Han , a l'espèce des grands
singes, «lesquels ils descendent Originairement ils avaient habité, mêlés avec
les Yue ichi (voyez pag. loa), à Toccident du cours supérieur du Houang,
dans le pays deKau tcheou, Sou tcheou et Cha tcheoo. Quand, en 1 65 avant J,-C.,
le Tchhen yu des Hioung nou dispersa les Yue tcfii, la plus grande partie de cette
nation se sauva vers l'occident, et alla camper au nord du Thian cban, ou des
monts Célestes : ils y séjournèrent pendant quelque temps, et furent rejoints par
leurs anciens voisins, les Ousun. Ceux-ci poussèrent les Yue tchik l'occident, et
s'emparèrent de leur pays. Leur prince porta le titre de Grand Kuen mion Kuen
moi il résidait à Tc.hy kou tchhing ou la ville de la Vallée-Rouge, qui se trouvait
près du bord oriental du Yan hai ou lac de Bel; appelé aussi Je kai ou la mer
chaude (i). Les Ou stm comptoient 120,000 familles, 65o,ooo individus et 188,800
soldats. Les deux grands généraux portaient le titre de Talou ou Darou. H avait en
outre plusieurs charges, sur lesquelles les Chinois donnent des détails. Ceci fait
déjà présumer un certain degré de civilisation. Le nouveau pays des Ou sun avait
|té celui des Sai, peuj)le de la même race : c'était une belle plaine , couverte
'd'excellents pâturages pour le bétail, qui faisait la principale richesse de ces no-
mades. Le climat était pourtant froid et les pluies fréquentes ; leurs montagnes
étaient couvertes de sapins et de mélèzes. Les mœurs et usages des Ou sun étaient
les mêmes que ceux des Hioung nou; ils élevaient beaucoup de chevaux, et
les riches en possédaient de quatre à cinq mille. C'était un peuple dur, méchant,
sans foi et enclin au pillage : ce caractère lui donna un grande supériorité sur
Ou sun.
i65 av. J.-C,
(1) Ce lac porte encore aujourd'hui ces deux dénominations, qui, en lurc, 80nt Touz koul el
Issi kmdi les Kalmakd Euleuts rappellent TemouHou-noor , ou le lac ferrugioeux.
1 Ou ftiiii
Ira ChinuÎNi
5 «t. i.-i:.
I0/| APERÇU DES PEUPLES DE LASIE MOYENNE.
M» voiftiiM. Dsnftla dernière moitié du second siècle, les HioiiDg dou étant de-
venus très puissants f avaient attaqué les Ou sun et tué leur prince. Une fable
rapporte que son fils fut conservé miraculeusement par une louve qui venait
l'allaiter, et par un oiseau qui lui apportait de quoi vivre. C'est encore la niénie
narration de loups qui se retrouve chez tous les nomades de l'Asie moyenne
(voyez pag. i i4» *25 et 159). Le Tchhenyu, informé de ce prodige, regarda
cet enfant comme une divinité, et prit soin de son éducation; dans la suite
il lui donna le commandement de ses troupes, et en reçut de grands services.
Pour les reconnaître, il lui rendit les sujets de son père, lui conféra le titre de
Huen niij et le fil gouverneur des pays occidentaux. Le nouveau prince des Ou
6un , api'cs avoir rassemblé tous ceux de sa nation qu'il put rencontrer, se ren-
dit midtro de (>lusieurs contrées et augmenta considérablement le nombre de
ses vassaux. Après la mort de son bienfaiteur il refusa de se rendre à la cour du
nouveau Tchlien yii , qui se vit obligé d envoyer une armée contre lui; cepen-
dant elle ne remporta aucun avantage. Les Ou sun devinrent de jour en jour plus
redoutables et se mirent en relation avec la Chine. Le voyage que le général chi-
nois Tchmig khian {voyez pag. 67) entreprit, en 126 avant notre ère, dans les
pays occidentaux , avait pour l)ut de susciter des ennemis aux Hioung nou. Ayant
appris k connaître la puissance des Ou sun, il rej>résenta à son retour à l'empe-
i^'iir, tpie les Hioung nou avaient perdu beaucoup de leur puissance, que les
peujïlcs occidentaux recherchaient avec empressement tout ce qui venait de ia
Chine; qu'en conséquence, en faisant des présents aux Ou sun, on pourrait les
engager k quitter le pays qu'ils occupaient, pour passer dans leurs anciennes
hlllitations près de Kan tcheon et de Su tcheou. Il prétendait qu'ils accepteraient
volontiers cette proposition, pour se soustraire aux incursions de plusieurs de
leurs vuisiiis qui les incommodaient beaucoup; qu'une fois établis sur les frontières
occidentales de la Chine, Ich Ou son devraient nécessairement rester attachés au
parti des Chinois ; et que les Hioung nou, ainsi séparés du royaume du milieti ,
ne pourraient plu» faire d'invasions sur les terres deTempire, sans trouver cette
nation vaillante , et être obligés de la combattre. L'empereur ayant adopté ce
projet, chargea Tchang khian lui-même de l'exécuter; il lui donna en effet un
grand noml^re de boeufs , de moulons et plusieurs milliers d'habits à la chi-
«loise , pour les présenter au roi et aux chefs des Ou sun. Le Grand Kuen mo
L
RACE BLONDE. u
sachant que Tchangkïiian venait dans ses états en qualité d ambassadeur , voulut
exiger que les Chinois liù rendissent les mêmes honneurs qu'ils rendaient au
Tchhcn }U des Hioung nou , et refusa les salutations ordinaires. Tchang khian
ne put souffrir tranquillement qu'on reçût avec tant de hauteur les présents de
son maître : il parla de les remporter; aussitôt le Kuen mo lui donna satisfac-
tion , et renvoyé chinois exposa le sujet de son ambassade.
A cette époque le pays de Ou sun était déchiré par des factions, et l'autorité de son
chef se trouvait moins fortement établie qu'auparavant Ces troubles furent cause
que le Kuen mo n'osa traiter avec Tchang khian. En vain celui-ci lui proposa de
faire alliance avec les Chinois contre les Hioung nou, lui promettant une fille ûv
Terapereur ; on ne put y déterminer la nation qui n'avait point une si haute idée de
la prépondérance que la Chine avait déjà obtenue sur ses voisins. Les Ou sun ai-
mèrent mieux rester dans leur pays et vivre sous la domination des Hioung nou ,
que de retourner dans la patrie de leurs ancêtres. Le Kuen mo , qui d'ailleurs
était vieux, ne pouvait se faire obéir, il se contenta de renvoyei Tchang khian avec
des présents pour l'empereur, auquel il dépécha une ambassade de sou coté.
Cependant les Hioung nou, ayant appris le projet d*une alliance entre la Chine
et les Ou sun, se préparèrent à fondre sur ces derniers, qui, alarmés du dan-
ger qui les menaçait, se hâtèrent de conclure le traité que Tchang khian
avait proposé. Leur prince demanda en même temps une infante chinoise
pour la faire Kuen ti on reine. Ce mariage n'eut lieu que quelques années
plus tard, car les Hioung nou en ayant eu connaissance, forcèrent, en 107, to7av J.-C
le Kuen rao d'épouser une de ses filles. I^ princesse chinoise arriva dans ce
pays et ne trouva pas de palais convenable pour sa demeure; elle fut obUgée
d'attendre un an pour que celui qu'on avait commencé à bâtir pour elle fût
terminé. Le Kuen mo était vieux et adonné à la boisson , la jeune infante ne
comprenant pas sa langue se trouva très malheureuse dans une contrée si bar-
bare. Pour apaiser sa tristesse elle exhala ses plaintes en vers, conservés en
partie par les auteurs chinois. En io5 avant notre ère, le Grand Kuen mo mou- io5 «v. J.-C.
rut. Les Ou sun, quoique par le fait soumis aux Hioung nou, restèrent toujours
en relation avec la Chine, L'an 60, décéda le second successeur du roi nommé Divîsiou du pays
plus haut , il s'appelait Oung kuei mi , et portait le titre chinois de Fei xvang. Son
fils Ou. dzieou tkou abandonna sa capitale Tchhy kou ichhing , et se retira dans
«les Ou Sun.
av. J.-C.
fiiydc J.-C.
CJiou le
ou Kachgar.
i zo de J.-C
677 <fc J.-C,
166 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENISE.
les montagnes qtii sont ati nord; il se fit un parti considérable qui le proclama
roi , sous le titre de Petit Kuen mi. La capitale et la plus grande partie du pays
des Ou sun étaient restés sous la domination dn Grand Kuen mi, qui descendait
en ligne directe du premier roi de ce peuple. Cette division affaiblit beaucoup
la puissance des Ou sim. L'histoire chinoise parle de leurs princes jusqu'à la se-
conde année avant J.-C. Quand les Sian pi (voyez pag, 95) devinrent puis-
sants ils snbjuguèreiït aussi les Ou sun , et les forcèrent, par des incursions conti-
nuelles, d'abandonner leur pays et de se retirer à l'occident et au nord-ouest.
Cet événement eut lieu au commencement du IV' siècle. Une partie de la nation
se dispersa dans le pays situé sur le laxartes supérieur et dans la Transoxiane ,
une autre se retira dans la partie méridionale de la steppe des KirgLiz qui avoi-
sine rirtjthe. En 619 ils devinrent sujets des Thou khiu ou Turcs, et il parait
qu'ils ont fini par se confondre avec cette dernière nation.
Le pays de Chou te ou de Khin cha, qui est celui de Kachghar de nos jours, était
aussi habité par une nation qui avait des yeux Wetis et des cheveux blonds. Il pro-
duisait des grains, du riz, des cannes à sucre rouges, espèce particulière k l'Asie
centrale, du coton, de la soie, du fer, du cuivre et de Forpiment. Du temps des
premiers Han on n'y comptait que quinze cents familles. Il fut soumis aux Chi-
nois par Pantchao (voyez pa^. 66). Avant, il avait été tributaire des llîoimg nou.
Vers l'an 1 20 de J.-C. le roi de Chou le fut déposé par les Yue tchi. Ses sujets em-
brassèrent la religion de Boutïdha. Au milieu du V* siècle, leur roi envoya ime am-
bassade à Wen tchhing ti , empereur de Goei, et lui offrit un hai)it de Chakia mouni
(Bouddha). Ce prince, qui soupçonnait que cet habit n'était pas véritable, or-
donna de le jeter dans un grand feu; il y resta jusqu'à la fin du jour sans
brûler. Le roi de Chou portait sur la tête un bonnet avec un lion en or ,
qu'on changeait tous les ans. Il n'avait que 200 hommes de troupes d'élite. Ce
pays fut soumis aux Thou khiu. On y comptait alors douze grandes villes et
quelques dizaines de petites. En plusieurs endroits le pays était désert et rempli
de sable et de pierres. La famille royale s'appelait Phoei mi Fy , et le titre
du roi était Amoidd ^ il habitait dans la ville de Ra ehy ( c'est à-d ire Kachgkar).
Il avait épousé une fille du khan des Thou khiu. Sous les dynasties Soui et
Thang, dans le VII' siècle, le ro^'aumede Chou le envoya des ambassades avec le
tribut en Chine. Vei-S 677 il fut envahi par les Thou fiin ou Tubétains, sous le
RACE BLONDE,
joug tiesqiiels il resta jusque vers la moitié du IX* siècle; époque à laquelle il
rctieviot tributaire des Tliang.
Le pays de Hou te ou Khoute était au nord-est de la Sogdiane et à roccident HouteouKIioutT
des monts Thsoung ling et du pays des Ou sun. Ou n'y comptait que 2000 sol-
dats; les habilaïits étaient nomades, et avaient d'excellents chevaux. Les mar-
tres zibelines abondaient dans le pays. En 177 avant J.-C. le vice-roi Hioung i77av. .l-C
nou de l'occident avança jusque chez les Hou te et les subjugua. Dans la pre-
mière moitié du troisième siècle de notre ère, les Chinois eurent quelques
relations avec les peuples de Hou te ou Khoute , dont le nom pouvait bien in-
diquer une tribu détachée des Goths.
Une autre nation blonde ou rousse et aux yeux bleus était celle des Ting iing. Ti»g ling.
Leurs tribus paraissent avoir été très répandues T car vers Tan 100 avant J.-C.
on les trouve cités chez les historiens chinois , comme touchant à la partie
occidentale du lac Baïkal , habitant également au nord des Ou sun dans les pays
arrosés par l'Ob et l'Irlyche supérieur, et encore plus à l'occident, au nord-
est et au nord du Rhang khiu ou de la Sogdiane. Leur nom signifiait tlans la
langue des Ou sun, ancien , doyen, l^s tribus des Ting ling, voisins du Baïkal , et
quelques autres furent soumises par les Hioung nou à la fin du troisième siècle
avant notre ère. L*an 65 avant J.-C. , pendant que les Chinois forcèrent les
Hioung nou d'abandonner les pays de Rachghar, de Khotan et de Yarkiang,
les hordes des Ting ling qui se trouvèrent au nord des Ou sun attaquèrent les
Hioung nou , et leur firent une gueiTe qui dura pendant trois ans. Ils emme-
nèrent un grand nombre de prisonniers, et firent un butin considérable à la vue
même d'une armée de dix raille chevaux que les Hioung nou avaient envoyée
contre eux. Les Ting ling les plus occidentaux furent soumis vers l'an 48 avant
J.-C. par Tchi ickij Tchhen yu occidental des Hioung nou, et compétiteur de
Hou ban sie ( voyez pag. 106), qui étabUt sa résidence dans le pays des fiian
kuen» A l'époque de la destruction de l'empire des Hioung nou du nord ( 85 de
J.-C), les Ting ling ne cessèrent de faire des incursions dans leur pays. Dans la
dernière moitié du second siècle de notre ère une partie des tribus Ting ling, qui
occupaient dans la Sibérie méridionale les bords de TOb et de l'irtyche , furent
vaincus par les Sian pi. On ne sait pas combien de temps ils restèrent sous la
domination de ces derniers. Il paraît pourtant qu'ils se sont bientôt délivré de ces
48 av. J.-C.
85deJ..C.,
Kiitn kucn ^ Hakas,
ou i»ncêtres
don KtrghiK.
i6S APERÇU DES PEUPLES DE Ï7AS1E MOYENNE
joug; car, peu de temps après, on les voit figurer comme une nation puissante
et belliqueuse, qui tenait ses voisins en respect. Dans la guerre que lesGoei
firent aux Jeoii jan, les Ting ling vainquirent la horde des Hionny nou , ap-
pelée Joui joui , qui avait ses pâturages dans leur voisinage , et s'emparèrent de
5o7 de J -c. leur pays. Cependant, quelque temps après (607 de J.-C.) , les Joui joui entre-
prirent de rentrer dajis leurs anciennes habitations, et chassèrent à leur tour les
Ting ling, qui regagnèrent roccident. Depuis ce temps, ce peuple est souvent
mentionné dans l'histoire chinoise ; mais il ne paraît plus avoir eu d'influence
politique sur ses voisins. Dans la suite des siècles il s'est insensiblemeRt* con-
fondu avec les Kirghiz. •
Les Kian kuen sont le même peuple qui, plus tard , fut appelé Ha ka $zu ou Ha-
kas, et î\ la fin, Ki li ki szu ou Kirghiz. La patrie des Kian kuen était au nord des
Ouigour et de Y an khy, ou Kharachar, Ils se trouvaient donc sur les bords du leni-
5ei,elà'étendaientau sud jusqu'à la chaîne des monts Than man, qui parait être
celle qu'on appell%à présent Tang nou. Ils portaient aussi le nom àeKhin tvoti et
Ki kou. Leurs tribus étaient mêlées avec celles des Ting ling.Les Kian kuen étaient
tous de haute stature, avaient des cheveux roux, le visage blanc et la pupille
des yeux verte. Une clievelure noire passait chez ce peuple pour un mau-
vais pronostic, et ceux qui avaient des yeux noirs étaient regardés comme
97 av. J.-C- descendants de Li ling (i), général chinois, qui, en 97 avant J.-C, s'étant
donné aux Hioimg nou, fut créé par eux roi des Kian kuen. On coniptait chez
ce peuple quelques centaines de milliers d'habitants, dont on pouvait, tirer
quatre-vingt mille hommes d'élite. Il naissait chez lui peu d'hommes et beau*
coup de femmes. Il portait àes anneaux aux oreiller. Le pays e^t rempli de
marécages en été , et couvert de neige en hiver. Le froid y dure long-temps; les
grandes rivières y gèlent à moitié de leur profondeur. C'était une nation fière et
altière. Les hommes étaient très courageux et se faisaient des figures tatouées aux
mains ; les femmes s'en marquaient le cou après leur mariage. Les deux sexes vi-
vaient indistinctement ensemble, ce qui produisait beaucoup de libertinage.
Mel«nKe Les historiens chinois d'une époque postérieure nous apprennent que les Ha-
a1rcc*ïcs T.i'rcî. ^«» o" Kirghiz, qui sont les descendants des Kian kuen, avaient la même langue
(1) Les roi» de Kinn kuen |irêti'ndiiieot être issu» d«5 Li ling.
RACE BLONDE. iQ
les tïïérnes lettres que les Turcs Hoei hou ou Ouigour orientaux. Il faudrait donc
ranger les Hakas parmi les nations turques; mais c'était sans doute un peuple
d^orîgine indo-germanique qui, s'étaut mêlé avec des tribus turques, avait in-
sensiblement abandonné son ancien idiome pour adopter celui des derniers. Les
mémesbistoriens ajoutent que, pendant que lesTTakas étaient soumis aux Thou khiu
ou Turcs de FAltaï, ceux ci épousaient les filles des premiers: il est probable que,
de leur coté , les Hakas prenaient des femmes turques. De pareils mélanges de deux
nations dWigine différente ne sont pas rares dans l'intérieur de TAsie , et finis-
sent ordinairement par faire oublier à un des deux peuples sa langue maternelle.
Les Hakas appelaient dans leur langue le commencement de Tannée meous
ai (i). Trois ai ou tunes faisaient une saison. Le mot ai signifie encore tune dans
tous les idiomes turcs. Ils avaient le cycle de douze ans, et chaque année portait
le nom d'un animal La troisième de ce cycle était l'année du tigre. Cette manière
de compter les années s*est conservée chez tous les peuples de la race turque,
chez les Mongols, les Mandcboux , les Japonais et les Tubétains (2).
(i) C*e5l vruisemblablcmeQt mous-ai, le mois de glace, en turc oriental.
(at) On n'est pas encore parvenu à èclaircir l'origine de ce cycle singulier, qui ne pnrAÎt pas
aroirété inventé par tes peuples de TAele centrale. Voici les dénominations des douze animaux
qui le composent.
OUtCOOB
iRlM^Vlf
«■iiroii.
tktQXXU,
TOSiTAIM.
ou
Tt-ac.
MOKCOt.
ÏALUUK,
MAai»C0O['.
t. Rat,
choit
ni,
/tdji.
keokou ,
khoubugouaa,
koniougourta,
•inggeri.
a. Bœuf,
nieoo ,
onchi,
A'iang,
outb.
Duker ,
ouker,
îkhan.
3. Tigre,
hou ^
tora ,
itak ,
bars.
ban,
bart ,
taskha.
4. Lièvre,
thou,
OQ»
yoi.
tawcbk'aa ,
toolaii,
tolsï.
goûlroakhoCin.
S. Dragon,
J&ung,
tato,
broûk ,
ioiii ,
loo.
loai ,
moudouri.
6. Serpent»
chy.
mi,
f broul ,
ulan ,
inokhoT ,
inogoi .
mcikhé.
7, Cbeval ,
ma.
oumaj
rda,
îoaoad,
marîQ >
morin ,
morin.
S. MOQtOQ,
y«o«t
fittouji ,
lookt
k'oi, :
kboîn ,
khoïn ,
khonio.
9. Sioge»
beou ,
»ara,
fprë-ou ,
pitchin,
tnetchio.
metchin ,
boniou.
10. Poulti,
^y»
torif
tSA luu , .
dak'ouk' ,
takîya,
taka ,
tcbuko.
it. Clûea,
keoa.
la ou,
tcby,
it,
Dokhai,
nokoî ,
indakboûn.
ti. Porc ,
: ^
bai,
i ,
p'hak ,
tfaoagouK ,
khakai.
gakhai,
onïghijva.
22
170 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Le loi desHakas portait le titre d'O/V ouy^y^ ; c*élait aussi son nom de famille.
Près de lui flottait toujours fétendard royal. Les membres de sa propre horde
étaient habillés en rouge. Les autres hordes s'appelaient d'après les noms des fa-
milles de leurs chefs. Les gens riches aimaient beaucoup les habits garnis de mar-
tres zibelines. Pendant l'hiver, VOjé poi-tait un bonnet fait de cette fourrure;
en été, il en avait un en filigrane d'or et pointu: ceux de tous ses sujets étaient
faits de feutre blanc. Ils portaient le sabre et une pierre à aiguiser suspendus à
la ceinture. Le bas peuple n'était vêtu que de peaux et allait nu-tète. Les
femmes s'habillaient en drap, en serge, brocart, et autres tissus en soie, que les
Hakas achetaient des marchands arabes qui venaient à Ngan si (Routché) et à
Pe thing (Ouroumtsi). iJOjé avait son campement principal (i) dans \es Monts-
Btem (Tsing chan en chinois); on le nommait Midydjito , et il était en-
touré de palissades. Les tentes de ce prince étaient en feutre , et celles de Sfi
suite plus petites que les siennes. Ses sujets lui payaient les impots en martres
zibelines et en petits-gris. Le gouvernement civil et militaire était administré
par six différents ordres d'officiers.
(ï) Ce campement ûtail éloigné de celui du khakhan des Hoci hou ou Omgourorienlatur, de
quarante journées de chnraeau vers le nord-ouest. Ce dernier se trouvait sur la droite de
rOrkbon supérieur ; il est marfjué sur noire quinzième carte. Pour se rendre de là à celui de
rOjé, on faisail tîoo \y au nord, et ou reuconlrail le Sian ngo ou la Selen^a. Au nord-est de
cet endroit de celte rivière sont des monts netg^eux , et le terrain est rempli de sources et
de ruisseaux. A Torient des Monts-Bleus ( Thsing chan ) , couluil une rivière nommée
Kian , c'est le ^em ou leniseï supérieur ; on la passait sur deur barques jointes ensemble.
Toutes cea eaux coulent Yers le nord-est, traversent le pay» des Hakas , se réunissent et vont
au nord se jtler dans la mer. On voit, par ceUc description, que les Monis-Bleus étaient la
chaîne du Petit Akai^ et que le campement de l'O^Vdes Hakas devait se trouver sur la gauche
du Kern ou leniseï , à son entrée en Sibérie. A Forient des Hakas étaient les Thou khiu ou
Jures à chevaujc de bois (traîneaux}, ils se composaient de trois hordes nommées Doubo ,
Milik'o et Odji. Leurs chefs portaient le titre de khieghin i leurs huttes étaient faites d'ecorce
de bouleau, et ils avaient une grande quantité de chevaux excellents. Pourpasfer sur la glace ,
ils se servaient de traîneaux; celui qui y était assis se poussait avec des béquilles fuite» de
branches d'arbre recourbées, et se donnait par là un élan qui lui faisait faire jusqu'à cent pas
en avant. A l'aide de ces traîneaux ils parcouraient les distances avec une vitesse incroyable.
Ces peuples exerçaient leurs brigandages pendant la nuit, et enlevaient souvent des Rian kiieo
^ ou Hakas , pour en faire des esclave».
RACE BLONDE. ^^.^m ^^^
Les Flukas vivaient généralement de chair et de lait de cavale; le roi seul
niaogeait des mets faits avec de la farine et du riz cuit. Leurs instruments de
musique étaient la flûte traversière , le tambour, Forgue chinois, la flûte droite,
des cymbales et de petites cloches. Ils se divertissaient à voir des combats d'a-
nimaux et des danseurs de corde. Ils offraient des sacrifices aux génies qui |>rési-
dent aux rivières et aux prairies; mais l'époque de ces solennités n était pas déter-
minée. Leurs prêtres ou chamans s'appelaient Gankkoun. Les présents de noces
consistaient en chevaux et en montons; les riches les donnaient par centaines et par
milliers. Durant les funérailles, ils ne se déchiquetaient point le visage; ils se con-
tentaient de faire trois fois le tour du corps en hurlant , ensuite ils le brûlaient. Les
os étaient gardés pendant un an entier avant qu on les ensevelît; on allait de temps
en temps pleurer le défunt sur sa tombe. En hiver, les Hakas couvraient leurs huttes
d'écorces d'arbre. Ils avaient quelques chan^ps cultivés qui leur fournissaient du pa-
nie, du froment et de Torge. Pour moudre les grains, ils avaieiU des moulins à bras
et des piloirs; ils faisaient avec ces grains des gâteaux et de leau-de-vie. I>eur plus
grande richesse consistait en chevaux d'une espèce très grande et très forte. Ils
avaient aussi beaucoup de chameaux, de moutons, des moutons à gi-osse queue
et des bœufs. Les lois de ce peuple étaient extiémement sévères, et la peine de
mort était la punition ordinaire. Si un voleur avait encore son père, on attachait
au cou de celui-ci la tête du fils^ et il était obligé de la porter jusqu'à la rnort.
r^e pays des Kian kuen ou Hakas était d'une grande étendue. Originairement
ils étaient sujets des Sie y an tho (voyez le tableau cllinographique dans T Allas) ,
qui leur envoyaient un Khie ti fa, ou vice-roi. Les Kian-kuen avaient trois chefs,
le premier nommé Khy sy bout, le second Khiu cka bo, et le troisième Ami, qui,
d'im commun accord, administraient les affaires publiques. Ils n'avaient pas en-
core eu de communication avec la Chine, lorsqu'en 64S, ayant appris que les Tkie
îe ou Hoei he s'étaient soumis aux Thang, ils envoyèrent aussitôt un ambassadeur
à l'empereur. Le Khie li fa, nommé Chy bo kkiu adzan, qui était alors le chef des
Kian kuen, vint en personne à la cour, où il fut très bien reçu. L'empereur érigea
son palais en fou, ou juridiction du premier ordre, et lui donna le titre de Kian
kuen fou. Le Khie li fa fut créé commandant des gardes campées à gauche , on
lui donna aussi la charge de Thou tou ou gouverneur de province, et on le mit
sous la juridiction d'un généralissime chinois. C^était de celte manière que les
APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
Chinois rangeaient sous leur obéissance la plupart des principautés de TAsic
moyenne.
Vers Fan 709, le chef des Kian kuen envoya des présents à rempereur Tchottng
tsoungdes Thang; ce prince les reçut avec plaisir;- en disant à Taiiihassadeur qui
les avait apportés : * Votre royaume et le mien ont tous deux la même origine. » Il
voulait dire par là que, comme le nom de sa propre famille était Li, et que le
roi des Kian knen prétendait descendre de Li Ung , générât chinois duquel i*ai
parlé plus haut, ils étaient parents.
En 769 les Kian kuen furent entièrement défaits par les Iloei hou , et depuis ce
temps ils ne purent plus communiquer avec la Chine. Après cet événement, les
barbares septentrionaux leur donnèrent le nom de Hakas (Hîa ka szu),qui, en
langue hoei hou, signifie visage Jaune ou rougeâtre. Ce peuple entretenait alors des
relations amicales avec les Arabes, hsThoufan ou Tubétains, et avec les Ko Imi
ou Go bu; ceux-ci habitaient à l'occident du pays des Hakas. Les marchands
arabes qui craignaient d'être dévalisés par les Hoei hou restaient chez les Go bu
jusqu'à ce qu'une escorte des Hakas vînt les prendre sous sa sauvegarde. Les
Arabes fabriquaient des brocarts d'une si énorme pesanteur, qu'il fallait vingt
chameaux pour en porter une pièce entière. Ne pouvant pas la transporter
autrement, ils la coupaient en vingt morceaux; tous les trois ans ils en don-
naient un en présent au Hakas. Ce fait démontre que le commerce des Arabes
dans l'intérieur de l'Asie était très florissant dans le VHP siècle. Les Hoei
hou ou Ouigotir donnaient à TOjé le titre de Bi Kia toun Khie kin, qui signifie,
à ce qiw? je crois, prince {Khie kin) du Bi et de la Katounia, rivières qui se réu-
nissent dans l'ancien pays des Hakas ou Rirghîz, et forment VOb.
Aussitôt que la puissance des Hoei hou commença à tomber en décadence,
rOjé des Hakas ou Kirghiz prit le titre de KJiakhan. Les Hoei hou cherchèrent à le
réduire, mais ils furent repoussés. Cette guerre dura vingt ans sans interruption;
elle finit avec ia défaite totale des Hoei hou. L'Ojé fit couper la tête à leur Kha-
khan, pilla son campement principal, situé sur l'Orkhon supérieur, et y mit le
feu. La princesse chinoise, épouse de ce souverain, tomba entre les mains des
Hakas, cjid la firent partir avec une ambassade, et sous bonne escorte, pour la
reconduire en Chine. Cependant les Hoei hou, qui s'étaient ralliés et avaient choisi
un nouveau Rhakhan, lui coupèrent le chemin, la reprirent et massacrèrent
RACE BLONDE. i^S
rescorie. Ces événements eurent lieu vers l'an 841 de notre ère. L année suivante,
rOjé s'approcha de la Chine , et s'empara de Ngan-st ( Koutche), de Pe thing
(Ouroumtsi), et du pays desTatars. (Voyez pag. i56.)
En 845, ayant reçu la nouvelle de la mort de ses ambassadeurs, et ne pou-
vant avoir de communication avec la Chine, à cause des Hoei hou, qui étaient entre
lui et cet empire, TOjé y envoya TihoughoUy qui avait le titre de Kho sou ( 1 ) 6u
de brave de (a gauche^ avec des lettres d'avis de ce qui s'était passé. Il proposa en
même temps une alliance aux Chinois, et demanda la permission de détruire
tout-H-faitles Hoei hou, et de transférer son siège au même endroit où leur prince
avait auparavant eu son camp royal. Ce fut en ii^6 que les Hakas parvinrent à con-
sommer la ruine des lïoei hou ; ils s'emparèrent de leur camp et de la princesse
chinoise, les battirent complètement, et obligèrent le khan de se sauver chez les
Toungouses à chariots noirs. Ne s y trouvant pas en sûreté, ce prince fugitif se
retira plus au nord, et chercha un asile chez les Chy goei (voyez pag. 91). Il n'y
resta pas long-temps; les Chy goei furent vaincus par les Hakas en 848. C/est
alors que les restes des Hoei hou, qui habitaient dans le voisinage deiV^flw si
(Koutché), vinrent demeurera loccidentde la Chine septentrionale, dans le pays
de Kan tcheou et de Cha tchcou. Les Hakas étaient alors maîtres de tout le
vaste empire qu'avaient possédé les Hoei hou. La plupart des hordes de cette der-
nière nation furent soumises et détruites, et il n'y eut que celles qui s'étaient
retirées du coté de l'occident qui subsistèrent encore pendant long-temps, et for-
mèrent un empire assez redoutable.
Dans la suite, Ojé khakimn envoya demander k l'empereur les livres classi-
ques, et peu de temps après le calendrier chinois. L*acceptation de ce dernier
est regardée en Chine comme une marque de soiunission; car la nation qui re-
çoit Talmanach du céleste empire se déclare son sujet. Le luxe que nous avons vu
régner chez les Hakas, la circonstance que ce peuple avait une écriture , et le dé-
sir qu'il montrait de s'instruire , en demandant des livres aux Chinois, sont des
(1) Kh» signifiait bmve en langue hakas, qut, i\ ce que nous ayons tu plus haut, était U
même que celle des Hoei hou ou Ouigom": c*est te mot turc k'otch. Sou signifiait gaucA«,
et correspond au mot soi, usité dans ïen autres dialectes turcs» II faut remarquer que les
Chinois ont rhabitude de supprimer les consonnes finales dans les mots étrangers , si ce ne
sont pas des ng et des n, comme les seules consonnes qui ferment des syllabes cbinoises.
AlaJus
ou Yan tbJSaî.
174 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
marques qu'ils étaient déjà parvenus à un degré de civilisation qu'on n'aurait
pas cherché, dans le moyeu âge, chez les hahitants delà Sibérie méridionale. Les
anciennes inscriptions qu'on trouve encore dans le pays autrefois habité par les
Hakas ou Kirghiz offrent des traits qui ressemblent assez aux runes deTEurope
septentrionale; on y reconnaît fticilement des caractères grecs et latins. Ce fait
curieux, joint à la certitude que nous avons que les Kian kuen, ancêtres des
Hakas, avaient les yeux bleus, la peau très blanche et la chevelure blonde, fait
soupçonner que les relations qui existaient jadis entre le nord de l'Asie et celui
de l'Europe étaient plus firéquentes et plus intimes qu'on ne Ta pensé jusqu'à
présent.
La puissance des Hakas ne paraît pas avoir été dune longue durée. Leur khan,
préférant sans doute Fancien siège de la nation à sa résidence sur les bords de
rOrkhon, retourna, vers Fan 670, à son campement situé siu* le lenisei supérieur.
Les hordes qui lui avaient été soumises regagnèrent insensiblement leur liberté,
et l'accroissement du pouvoir des Khitan (voyez pag. 89), qui s'emparèrent de
tous Les pays situés entre la Chine et le lac Baïkal, contribua à faire rentrer
les Hakas dans Fétat de nidlité politique où ils s'étaient trouvés avant leurs
guepres contre les Hoei hou. L'histoire ne reparle j>as d'eux avant Fépoque de
Tchinghiz khan. Ils portaient alors le nom de Kirghiz, et devinrent sujets de ce
conquérant.
Le plus ancien nom que les Chinois donnaient aux plains fut celui de Yan
t/isai. Ils avaient eu connaissance de ce pcujileà l'époque de la première expédi-
tion qu'ils firent dans Foccident^environ cent vingt ans avant notre ère. Le pays des
Yan thsai se trouvait de quatre-vingts à cent lieues au nord-ouest de la Sogdiane ; il
était voisin d'un grand marais sans bords (1), c'était sans doute la mer Caspienne.
(1) C*eal ainsi que les auteurs cbinuis s'exprimeoL D'aprè» les obscrvalicns récentes failti
par les voyageurs russes qui odI visilé les contrées siluécs à rorirut de la mer Caspienne, il
paraît que celle mer était autrefois beaucoup plus étendue, et que le lac d'Aral eu faisait
partie. Lo dessèchement des lacs et des rivières dans les pays de FAsie moyenne, qui dimi-
nuent annuellement^ donne beaucoup de probabilité à celte snppositioo ; en elTet, M, de
Mounm'iéw^ a reconnu les anciens bords de la mer Caspienne» qui se trouvent entre ses côtes el
la pointe méridionale du lac Artd. Le Djan dana^ ou le bras méridiouaf et le plus fort des trois
par lesquels le Sir on Iaxartcs3e jette dans TAral . 9'c«l des5écbé depuis dix ans : et le Kousvan
RACE BLONDE. i^S
On y conaptaitcent mille archers, et les habitants ressemblaient pour les mœurs, les
usages et rhabîllement, à ceux deKliaiig khiu ou de la Sogdiaiie. Dans le premier
et le second siècle après J.-C.,Ies Yan tbsai furent nommés >i lan na, et (vraisem-
blablement par erreur) J lan liao. Ils étaient alors soumis aux Sogdiens, et habi-
taient dans des villes. Le climat de leur pays était chaud et peu variable; on y
trouvait beaucoup de pins fort hauts et de Therbe blanche (Pe thsao). Dans la
première moitié du troisième siècle ces peuples furent appelés simplement J tan
par les Chinois. Ils coniinaient Jilors à loccident avec l'empire romain, c'est-à-
dire ils s étaient déjà étendus jusqu'au Caucase oriental. Leur pays était riche en
bétail et en martres. Les habitants étaient nomades et voisins du grand lac maré-
cageux; ils s'étaient délivrés du joug desSogdiens. De 4^5 à 4^0, ils furent nom-
més 5o{i{^ ou Soui, et ils eurent des relations fréquentes avec les empereurs de
la dynastie de Goeî, qui régnait dans le nord de la Chine. On les connaissait aussi
sous la dénomination de Sou the ktti mung. Il y avait chez eux d'excellents chevaux,
des bœufs , des moutons, et, entre différentes espèces de fruits, une grande
quantité de raisins avec lesquels ils faisaient du vin délicieux. Le sol et Feau étaient
très bons; ou y récoltait une plante céréale appelée ta ho (i), qui atteignait à la
hauteur d'une toise chinoise. Ce pays était partagé en plusieurs petites principau-
daria f tormanl \c bras du milieu, a dimmué coDsidéraUlument en ceat amr Les environs
du Inc Aral démonlrenl clairement t[\ie fes bords se sont rétrécis, et que les Sal>!e3 mourant."
contribuent pnîssiimmenl à lui faire perdre du Icrraîo. Les mOmes observations ont été faite?
pour les lacs Ju pays appelé Bnraba, situé dans la Sibérie occidentale. Il paraît aussi, d'après
les auleors chinoit, quHl existait dans le milieu de la Sibérie, il n'y a que peu de siècles*
un grand lac appelé la mrr i^mèr^, que traversait le leniseL Le«. débris de cette mer sont
les lacs salés de la Baraba et les marais immenses qui se trouvent entre le Icniseî et FOb.
Tous ces faits prouvent que les auleurs anciens n'avaient pas tort de donner à ia m^
Caspienne une étendue beaucoup plus grande, de l'orient ù l'occident, qu'elle ne Va Je
nos jours, et de se taire totalement sur Texistence du lac d'Aral, qui, en effet, u'étail i!i
leur temps que la partie orientale de celte mer. A l'époque d'Hérodote, la branche principale
du laxartes, qtiMl appelle Araxcs, tombait dans In mer Caspienne; trente-neuf autres bras de<fe
fleuve seperdnient dans des marécages, Yraisemblabtemcnt desséchés ù présent, et faisiiut parti
i!u stepdes Rirghiz; c'est donc tin terrain gagné par les sables sur la partie de la mer Cas-
pienne devenue plus tard l'Aral,
(i) C'est peut-être le djogan de nos youn, qui est très répandu dans l'Asie moyenne.
Délai I&
sur les Alams ,
dounës
par les ancieiiS.
176 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
tés , et on y comptait plus de quatre cents lieux murés. Anciennement ,
ajoute l'histoire de la dynastie des Goei,les Ilioung iiou ayant tué le roi des
À tan, possédèrent son pays jusqu'à l'époque de PFang hou ni (ou du roi
Hou ni). Autrefois les marchands Soûl ou Jlains faisaient un grand commerce
dans les terres de Liajig (voyez pag, 99 et 1 1 3 ); mais ayant commis des violences
à Kou thsang (voyez pag. 1 1 3 et la carte i o de l'Atlas), on les traita comme des
brigands et on les arrêta. Ce ne fut que sous le règne de Kao Uoung des Goei (de
452 à 465) que le roi de Soui envoya une ambassade chargée de racheter ses su-
jets. Sou y et fV$n na cita sont deux autres noms donnés dans l'histoire chinoise
aux A iarts desquels elle ne fait plus mention après Tan 565 de notre ère.
Après avoir fait connaître ce que les historiens chinois rapportent des
Alains, je dois donner un résiuné de ce qu^on lit sur ce peuple dans les au-
teurs de l'antiquité. Le nom des J tains se trouve pour la première fois dans
Denys de Charax, géographe grec, qui écrivait dans les dernières années du
règne d'Auguste. Il les appelle un peuple puissant, et vante le grand nombre de
leurs chevaux. Ils vivaient Mprs sur les bords du palus Maéotis et de la mer
N'oire, entre le Don et le Dniepr; ils habitaient l'ancien pays des Rhoxolans et
Jazyges, qu'ils avaient poussés plus k l'occident. Les Akins étaient de la même
origine que les Aorses, et Plolémée confond ces deux nations dans une seule,
qu'il appelle yîtanorses. Outre les J tains et Àorses occidentaux , qui habitaient
dans la partie méridionale de la Russie européenne, il y avait aussi des branches
orientales de ces peuples, qui demeuraient à lest du Volga et au nord de la
mer Caspienne : ceux-ci étaient beaucoup plus puissants que les premiers , ils
faisaient un grand commerce, qui les enrichit considérablement.
Amraien Marcellin, écrivain de la seconde moitié du IV siècle, nous a
laissé des détails précieux sur les Alàins. « Le Danube, dit-il, augmenté par
• plusieurs rivières, passe par le pays desSauromates, lequel s'étend jusqu'aux
• rives du Tanaïs, qui sépare l'Asie de l'Europe. Quand on Ta passé, on trouve
» les Ataim^ habitant une grande étendue de pays dans les déserts de la Scythie.
»^C*est de quelques montagnes qu'ils ont reçu le nom d'Alains; plusieurs nations
«qu'ils ont vaincues, adoptèrent peu à peu cette même dénomination; absolu-
• ment comme c'était arrivé avec les Perses. Parmi les peuples soumis par
"les Alains se trouvent les Neuves y qui habitent au milieu des terres, près des
lACE BLONDE. 177
• coteaux fort élevés et escarpés en ptusiears endroits. Ils sont resserrés pai' les
• glaces du septentrion. Après eux se Irouvent les Fldimes et les Gelons, peu-
»ples tout-à-fàit sauvages, qui se font des véteinents et des caparaçons pour
• leurs chevaux de la peau de leurs ennemis écorchés. Au reste , c'est une nation
• belliqueuse. Les ^gathyrses sont limitrophes des Gelons; ils se peignent le
i^corps et les cheveux eu couleur bleue ;, le bas peuple avec des petites taches
» clair-senlées , mais les nobles avec des taches plus' foncées, plus larges et en
• plus grande quantité. Après ceux-là viennent les Melanchienes et les Anlhropo-
»» fxhages, répandus en différents endroits , et vivant de chair humaine. Pour cette
, * raison tous leurs vofsins s^éloignent d eux : c'est pourquoi toute la plage orien-
» taie, jusqu'au pays des Sères, est inhîibitée. De Tautre côté, à l'orient, et près
«des demeures des Amazones, sont les Alains; ils s'étendent parmi les nations
• nombreuses des contrées asiatiques, et j'ai même appris que leurs habitations
» vont jusqu'aux rives du Gange (i), qui traverse l'Inde, et va tomber dans la mer
"australe. Je ne citerai point ici les diverses nations qui composent celle des
ft Alains, répandus dans ces régions, dans Tune et l'autre partie du monde. Ils sont
»en effet dispersés sur une grande surface de terrain, car ces nomades parcoiu^ent
»un pays immense. Par la suite des temps, tous ces peuples dispersés en tant de
'* lieux ont été connus sous le seul nom i^HAlains, parcequ'ils se ressemblent
» pour les mœiurs, pour la férocité, et pour la manière de faire la guerre. Ils n'ont ni
f maisons ni l'usage de la charrue; ils vivent de chair et de beaucoup de laitages;
fliis sont assis continuellement sur des chars couverts de nattes faites d'écorces
» d'arbre. Quand les Alains arrivent dans un lieu où il y a de l'herbe , ils s'y arré-
• tent, et disposent leurs chariots en cercle. Ils y prennent leurs repas comme des
• bétes sauvages. Ils roulent, comme des villes mobiles, ces chariots, quicontien-
» nent tout leur avoir. C'est là qu'habitent les hommes et les femmes; leurs enfants
• y naissent et y sont élevés et nourris, car ce sont là leurs demeures perpé-
(1) On voit p.ir les anciennes traditions de la Per.se, conserrées d-ins le Cfmh nameh <Ie Fît-
(Jou»9i, qu^anciennement hi Alains [Alanân) liabitntent le versanl seplentrional du Puropami-
fua ï près du pays de Ghour 011 Ghordjek. Le roi Kai khosrou chargea Lohrasp d'y corn-
b»Ure tes Touranleus , qui , aynnl passe le Dflboun , venaient faire une înTasion dans Tirana
Lohrasp chassa Tennemi de Ghour et d'AlanSii , et reçut ces deux proTÎnces en Oef^ qu'il gardi4
jusqu'ù son aTéneoient au tr&oe.
a3
178 APERÇU DES PEUPLES DE IMSIE MOYENNE.
Quelles; et, en quelque lieu qu'ils ailtet,^2ls re|^eilt l^diariot'OMim^ leur
f maison natale. En marchant, ils font préoéd«r les char^|gM^le ffrps bétail et par
>1es brebis ; mais ils ont le plus grand soîa de leurs.cbe^^^r qWil«ff*é&nfot à
• tout. l les campagnes sont toujours veAeSy^ntreméléeftdelMxâigeBcbd^diNrtt
• fruitiers; de sorte qu'on n*a pa»byoinii^iw>rter<»», fourrages et d^ vives:
• c'estFefifetdel'humiditéduterrain^dagnq^n^n'^^ rivièiWitiiinàToaâit.
tTout&ge et tout sexe qui n'est pas propre à bg^yyeaedbi H i ^tii Bb r desc^
• riots , où il est renfermé Comme dans une plao» légèjiétaieafrfortiÇée.^ jèanesse,
• accoutumée depuis T^ je plus tendre à monter^à «bevai^ cmnk'dètogpr^
«marchant à pied. Tous sont militairement dîifiiplii& ot^e bopt aoUits. Cest.
» pour la même raison que lei9«rse», qui sont origi^|j(ftimem Sqnhei».sôiâ m
» propres au métier de la guerre.
> Les Alains sont presque totis beaux et de llfuté stature ;<- Us jont ka d^iveux
« médiocrement blonds ; leurs yeux, quoique terribka» ^ft pomlaDt de i| dou-
>ceur. Comme ils sont armés à la lég^, ils peuVbntxnancher tarés TÎte; ils res-
» semblent en tout aux Huns, si ce n'est qu'ils^ènent lAe m un peu moins jcude
» et qu'ils sont mieux .vêtus. Ils font leurs «liasses et»(orteiit taon brigaMJi^es
» j usqu'aux Palus-Mseotis et jusqu'au BosphoreCiminifijea , jeraènie tfm Sur les
• confins de l'Arménie et de la Médie. Autant le f^kos tpl^^lèliâeuz ^Kxir ]^
«hommes tranquilles et paisibles, autant le^ périls de lagneneontdedimnes
a pour les Alains. On regarde comme heureux, dans ce paya, éeliil qiiî percf tk
» vie dans le combat ; ceux qui vieillissent ou qui meurent Jaocîdit sont ré-
• pûtes lâches et chargés d'injures. Rien he parait plus glo^gi^pLil Itm^/tatSifa^mk
> homme tué dans un combat, de quelque nipg qu'il toit IlaoBDaerv«4f <l!Vi^^ à»
• trophées la peau de la tête de leurs ennemis, et ils s'en font de^ hanMÎa ppUfhleurs
» chevaux de bataille. Il n'y a chez^ux ni temples ni lieux saints. Vépkf à Ik mode
» des barbares; y est^diée toute nue en terre; ils la révèrent en Mtélit comme
> d'autres^tions adorent le dieu Mars. Ib prédisent l'avenir d'une manière admi-
arable, en prenant des verges d'osier, les plus droites qu'ils puissent trouvei^ et
• les liant ensemble : puis , ayant fait dessus quelc^es charmes, ils y voient daîre-
^ment ce qui doit arriver. Anciennement ils ne connaissaient pas là servitude,
> «tous étant réputés de sang noble. Ils élisent encore aujourd'hui juges ceux qui
• se sont rendue célèbres dans toutes les guerres. »
RACE BLONDE.
'79
Animieu dît expressément que lesAlains étaient le même peuple qui ancien-
nement fut connu sous le nom de MassagèUs. Du temps de Cyrus, les Massa^
gètes babitaient à Test et à Touest de la partie supérîeuie de la mer Caspienne.
Cyrus fit deux campagnes contre eux, dans des directions différentes» Tune à
Test et l'autre à l'ouest. C'est dans cette dernière qu'il perdit une grande bataille
et la vie, aux rives de VÀraxes, tandis que, pendant la première, il avait fondé
la ville de Cyropolis, sur les bords de laxartes.
Dans le deuxième siècle, les Alains, vivant dans de vastes contrées comprises
entre le Don et le Dniepr, attaquèrent les Romains, dans le voisinage de l'Ister ou
duDanube,vpaiscmblablementpar les plaines inhabitées de la Moldavie, caries
autres chemins étaient fermés et bien gardés. Dans le troisième siècle, les Goths
commencèrent à se répandre dans les pays occupés par les Alains. D'après le té-
moiguage formel de Procope, les Goths étaient de la même souche que ces der-
niers, qui se lièrent avec eux, et les accompagnèrent dans leurs expéditions guer-
rières. Après la décadence du grand empire goth, une partie des Alains se trans-
porta sur les bords du Danube, lit cause commune avec les Vandales, et les
suivit, dans leurs migrations occidentales, jusqu'en Espagne et en Afrique, où
plus tard on ne distinguait plus ces deux peuples. Cependant la grande masse
des Alains se retira à l'orient du Tanaïs, où elle s'accrut par la réunion de
plusieurs peuplades, qu'Ammien, qui suivit en cela Hérodote, nomme Boadinienti
et Gelons^ mais qui , en effet, étaient les laxamates et les Sirakes, dont les noms
disparaissent dans les temps postérieurs à cet événement. Ainsi renforcés, les
Alains eurent leurs campements volants dans les pays , entre la mer Caspienne
et les Palus-Mseotis , jusqu'au Bosphore, et recommencèrent, à l'instar de leurs
ancêtres, les Massagètes, à faire des invasions dans les provinces septentrionales
de Tempire des Perses. La première mention de ces J tains asiatiques se trouve
sous le règne de Vespasien ; ils venaient alors de fllyrcanie, et entrèrent en
Médie par les Portes Caspiennes. Sous Tibère , Suétone les connaissait comme
habitants du Caucase oriental. De là ils ne cessèrent de faire des incursions en
Perse, et le monarque de cet empire demanda à Vespasien du secours contre
eux. Sous Hadrien ils dévastèrent les provinces romaines, et le préfet de la Cap-
padoce écrivit un mémoire sur la tactique à suivre contre les Alains. Le
Daghestan, appelé par les anciens ^/6fl/ii>, était donc habité par les Alains, et il
nom j{éiiérnl.
iAlUnn.
IM «i«>« AIhi«i«
l$ù APEIU;iî DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
oit phu ciiie vraisi^mblahlc» que Àlhanet Alan étaient deux noms qui désignaient
In nicWnr ixMipIf. Jusèjihe écrit toujours Alan pour Alban,eK rempereiir Julien
(lit , ilimn un ili:*Lours adressé à ses troupes: « Pompée a déjà fait la guerre aux
% Ailtanhnâ et aux Mamagètes, que nous appelons à présent Alains.^Ce que nous
Wmuin duuH les historiens chinois sur la fertilité du pays des Alan , sur la cul-
ture ties céréales et d« la vigne à laquelle ce peuple se livrait, et sur le grand
noudire dv his villes et de ses habitations murées, ne peut s'appliquer qu'à TAl-
bunie, où les Alains avaient adopté des demeures stables, tandis que leurs com-
patriote», au nord du Caucase, étaient restés nomades, comme le disent les
mém^ auteurs, vX ceux de Tantiquilé. Nous savons que les Alains étaient un
piMiple de race iudo-germauique qui avait reçu son nom des montagnes qu'il
habilatl - oi* le mot alh ou alp, qui adonné lenomaux^^Z/jes^ signifie nwntagne
duHft leH huigucH leutoniqucs; on voit donc c[u A tban présente la même signifi-
Cttlitui i\uAtan, \a^ nom des Albauiens, dans le Caucase, se perdit insensible-
uumU , et Pi\HX)po ny connaît que hs Alains ^ qui cependant habitaient la même
purlic docelh^ montagne occupée auparavant par les Albaniens.
j'.iMit^uinnlJv, tl.ias l'édition française démon Voyage en Géor<^e (t.lî, pag./p7
%\ luiv. ), que les Alains, placés par Constantin Porphyrogénète (9 J8 de Jésus-
* ,luM»t) au milieu du Caucase, étaient le même peuple que les Ossètes de nos jours.
U^» ttUteurs arabes du moyen âge donnent aussi le nom de pays d'Alan à l'Os-
»étie, et celui de porte iYAlan à la fameuse porte caucasienne appelée Dairan ou
Onriéla ( voy. pag. 118) par les habitants <lu pays.
Vers la fui du quatrième siècle le* tribus farouches des Huns se déchaînèrent
contre l'Europe, ébranlée par U dtV:ideuce de lempire romain, et par l'agita-
tion née des progrès d'une ivligion nouvelle, qui, cherchant la vertu pour
appui, ne trouvait que le vice. I/CS Alains étaient le premier peuple exposé
aux fureurs des Huns; ils ess:»yèrent de les combattre , mais ils furent défaits , ^^
finirent par s'alfier île bon gré aux vainqueurs. Ces deux nations puissantes
tournèrent leurs armes contre les Goths, qui succombèrent. Alors rien ne put
résister à l'impétuosité avec laquelle les Huns s'emparèrent de la moitié de l'Eu-
rope. Depuis cette époque, l'histoire ne connaît d'autres Alains que ceux qui ,
fixés dans le Caucase, n'ont plus joué de rôle dans l'histoire.
Ivcnora de Massagètes, sous lequel les Alains furent anciennement compris.
RACE BLONDE. 181
s'appliquait, à ce qu'il paraît, à la plus grande partie des peuples de race indo-
germanique qui habitaient sur les bords septentrionaux et orientaux de la mer
Caspienne. Ceux qui se trouvaient à Test de cette mer vivaient en partie de leurs
troupeaux : mais ils étaient aussi agriculteurs, et habitaient dans des villes. Les
auteurs chinois le remarquent expressément; et quand Alexandre entra dans la
lîactriane, dans l'Hyrcanie, et dans la Sogdiane, il y trouva un grand nombre de
villes et de bourgs très peuplés, de même que de^ pays riches et bien cultivés.
Les nomades ne campaient alors que sur TOxus inférieur et sur le laxartés.
lis se divisaient en deux grandes branches: Toccidentale, appelée Daaï, habitait
dans les plaines qtii bordent la mer Caspienne; et lorientale, composée des
Massagètes et des Daces, errait sur les bords du laxartes. Les Daaï sont le
même peuple appelé par les Chinois Ta Ida (voyez le tableau ethnographique
dans Tatlas). Anciennement le laxartes porta aussi le nom de Tanaïs. Alexandre
ayant quitté Maracanda, la capitale desSogdiens, se porta sur le Tanaïs. Ar-
rien, rhistoriographe de ce conquérant, ajoute, d'après l'autorité d'Aristobule ,
que ce fleuve portait aussi le nom barbare i\'Orjantes. Il place ses soiu-ces dans
le mont Caucase, qui ici est Vllindoukoucft^et le fait se jeter dans la mer Caspienne,
ïl le distingue de Tautre Tanaïs , mentionné par Hérodote, comme le huitième
fleuve de la Scylhie; celui-ci sortait û\m gra^d lac, et tombait dans le Palus-
Mieotis. On a cru jusqu'à présent que c'était par erreur que les anciens avaient
attribué le nom deTanaïs au Sihhoun, on laxartes ; mais cette méprise apparente
s'explique facilement, quand on sait que les peuples qui habitaient sur les bords
des deux Tanaïs étaient de la même souche et parlaient la même langue. Celle
des Alains ou des Massagètes s'est conservée dans l'idiome des Ossètes du Cau-
case: or, chez ce peuple, don ou dan signifie eau et fleuve. C'est de cette racine
que dérivent les noms du Danube, du Danastris ou Dniestr, du Danapris ou
Dniepr, aussi bien que celui des deux Tanaïs, dont l'un est le Don même, et
l'autre le laxartes.
L'Asie centrale, entourée des hautes chaînes des Monts célestes, du Tiisoting .
Ung, et du Kuen lun, comprend la Scythie au-delà de i'Imaiis, et la Sérique des f*^ TAsie centrale
géographes anciens. Ce vaste pays comprend des vallées fertiles et des déserts af-
freux. Un auteur chinois, de la seconde moitié du dernier siècle, assure que la
' partie déserte de l'Asie centrale paraît être un ancien fond de mer, qui est bordé,
Peuples
indo -germaniques
iffl APERÇU DES PEUPLES Dï; L^ASIE MOYENNE,
depuis Pidjan et Kachghar jusqu'à la frontière septentrionale du Tubet, parde.s
pays suîîceptibles de culture. Cette triste contrée, ajoute-t-il', présente une vaste
solittide impraticable, entrecoupée de marécages , de terrains dont la superficie
montre la roche vive, de montagnes, de mares deau, de ruisseaux, d'abîmes
horribles, de sources, de terrains inondés, de plaines couvertes de cailloux
roulés par les vagues, de rivières qui changent souvent leur cours, de lacs et
de sables mouvants. Ces derniers empiètent annuellement sur les terrains fer-
tiles qui les avoisinent , et sur les plaines riantes qu'ils enceignent. On n'a-
perf*oit plus qu'un immense désert là où il y avait anciennement des villes flo-
rissiuites et des populations fortunées: tout a étéenseveh par les sables, et dans
ces plaines arides on chasse à présent le chameau sauvage.
Khoiafi. Les premiers habitants de l'Asie centrale que l'histoire connaît étaient de la
race indo-germanique. Nous devons à M. Abei-Remu$at l'importante décou-
vert*' qu'on parlait k Rhotan, avant Tère chrétienne, le sanscrit, ou une lan-
gue qui lui ressemblait beîiucoup. D'après les relations chinoises, traduites par
ce savant, KltoUm paraît avoir été dans son origine une colonie hindoue. Son
nom dérive du mot sanscrit Kou-stana (Kiu sa tan na), qui signifie mamelle de
la terre, La religion de Bouddha florissait déjà avant notre ère dans ce pays.
C'est vraisemblablement de là qu'elle s'est répandue dans d'autres contrées voi-
sines, et parmi presque tous le^ nomades de fintérieur de TAsie. Les Samans
ou Chamatu , qu'on trouve encore aujourd'hui chez ces barbares, et qui à prér
sent ne font que le métier de prêtres-jongleurs, dérivent vraisemblablement des
anciens Samanéens de Tllindoustan , et le culte superetitieux qui leur sert à s'en-
richir aux dépens des hommes crédides n'e^t que la dernière trace du système
religieux répandu autrefois parmi leurs ancêtres. Le bouddhisme s'est conservé à
Khotan, et dans les autres villes de l'Asie centrale, jusqu'au moment où les Turcs
mahométans et conquérants les ont envahis. Firdoussi connaissait dans cette con-
trée le château et le pavs de Ketik ou Gkenk, situés au-delà de Rhotan dans un cli-
mat fortuné, qui furent donnés en apanage à Siawech quand il épousa Ferengis,
fille du roi de Touran. Or Kenk ou Kenek désigne, en persan, les temples hindous;
ce lieu était peut-être une ville sacrée, composée de temples et de couvents,
comme H'iassa (Lassa), la capitale du Tubet, l'est encore aujourd'hui. Les envi-
rons de Khotan étaient couverts de couvents où les bouddhistes de^ pays orien*
RACE BLONDE. — i83
taur allaient chercher les livres sacrés et les traditious de leur croyance, long-
temps avant que cette religion eut pénétré dans le Tubet (pag. i48). C était
principalement pai' le Racheniir que les habitants de Rliolan entretenaient des
relations avec Flnde ; ils avaient imité les lettres, les lois et la littérature de ce
pays. Cette imitation les avait policés de bonne heure, et avait modifié leurs
moeurs et leur langue, qui différait de celle des peuples voisins. Ils honoraient
extrêmement Bouddha, et étaient si attachés à sa loi, qu'ils avaient plus de cent
Kia lan ou couvents, danà lesquels vivaient au-delà de cinq mille religieux: tous
étaient adonnés à Tétude de leur loi et de leurs mystères.
Les rois de ce pays prétendaient tirer leur origine miraculeuse du dieu -Pi Origmc
■ ' inrxaculeusi'
cha men. Anciennement, disaient leurs annales, ce royaume était un pays désert desioisdeKhomn.
et inhabité. Le dieu Pï cha men vint s'y fixer. Le fils aîné du roi Wouyeou
(exempt de tristesse) fut aveuglé dans le royaume de Tan tchha cki b. Le roi
H'ouyeoUj pour se venger, chargea son ministre de faire transporter le chef de
sa famille dans les vallées, au nord des montagnes neigeuses, au milieu du désert.
Ces exilés, étant arrivés à la frontière occidentale de ce pays, se choisirent un
chef qu'ils nommèrent leur roi. Dans ce même temps, le fils de l'empereur des
terres orientales fut aussi exilé, et vint avec sa suite se fixer à la frontière de ce
pays, qui est du coté de lest, où il se fit roi. Use passa quelque temps sans que
les deux colonies eussent aucune communication; mais enfin on se rencontra en
allant à la chasse dans le désert. Bientôt il s'éleva des disputes entre les deux par-
tis ; ils étaient prêts à se battre, quand quelqu'un fit observer qu'il ue fallait pas se
hâter; qu'il valait mieux achever la chasse, et prendre un jour pour se trouver
ejîsemble dans le même lieu et y vider la querelle ]>ar les armes. Celte proposi-
tion fut acceptée; on tourna bride, et chacun retourna chez soi faire les prépara-
tifs, exercer les chevaux, et animer les soldats et les officiers. Au jour convenu,
les deux armées se trouvèrent au rendez-vous; et, dès qu'on s'aperi;ut, on sonna
la charge. Le chef de roccident perdit la bataille; on le poursuivit dans le nord,
et«n lui coupa la tête. Le prince d'orient, vainqueur, s'appliqua h réunir les
fuyards, et les transporta dans le mifieu du pays , où il fonda une ville qui fut
construite d'une manière miraculeuse. Les murailles, ajoute l'auteur, ne sont
pas plus élevées que celles d'une autre ville; mais celle-ci est néanmoins si dif-
ficile à prendre, que depuis l'antiquilé personne ne s'en est jamais emparé. Le
i84 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE,
roi bâtit encore d*autres villes; il s'occmm âe, gouvamer le peu[|[)^ jBD«paw
et de rendre son état florissant. Arrivé à un tfft' flrès aVâncé Mn& ^gmrVbé-
ritiers, il envoya ses .courtisans Cadre leur jprière au Aeifl|Fcia^râi , pour qu'il
lui accordât un successeur. En effet, lejront de la staliie s'4lui^'cmvertf & en
sortit un enfant, qu'on reçut et (pi*oh pôrta^QttvOi. Les'gois dij(,[ttfs se Imè-
rent à la plus 'grande joie ; mais l'en&nt ne voulant f^ 4Sler,mi craignît qu'il ne
A pût vivre ; on retourna alors vers le iieu ,*et on lui ^ÀfpÊgfr dça prims ftài^^ftes
pour qu'il voulût bien nourrir le prittce. QuandAm fat-dewlt la sit^edu dli^,
la terre s'élevartoùt d'un coup en forme de mamelle^ pt le divin taoÊÊSkfse i^H à
''^ . téter; il grandit, et devint bientôt un prince ^ccottipli , prttdent, coimgeuf ,
^ digne en tout du dieu auquel il fit bâtir un temptd polir lui rendre Mef^ bdb-
neurs conune àison aïeul. C'est de lui que descend la |j(^iérati«n des fois qui. le
sont succédé sans interruption dans ce pa^, et voilà pôorquoi on jrôit dan« le
temple du dieu un si grand nombre 'd'oll>jels<préâeux^ui j ont été déposés en
o£&ande, sans qu'aucun roi ait lAanqué de s'i^pquittor de^jp^devoir» La mamelle
sortie de terre, qui servit ^ nourrir le fondateur de la jpaoe royale, a dqimé
naissance au nom que porte le pays. * -
Rapport singulier Je ne puîs m'cmpéchcr de' présenter un rapprochement fiatalier entiSe les
entre les traditions ._^j.-»_ a j t i— j *«.i . ' • .. .
asiatigueV traditioBS couservées dans les annales de Khotan, et de celles, ijui sont rappoiw
et égyptiennes. ^^ ^^ Hérodote, d'après lè^Vécat des prÂres égyptien0.'Une dhnA de ffiaung
nou, très. considérable, vint fieiire une invasion .dans le royauine de Khdcan. Le
roi de ce pays n'avait pas de forces suffisantes pour s'oppQpçr à l'eniienu; il ^t
donc préparer un sacrifice aux rats du désert, et les siïpplia d*étre ses auxi-
liaires. La même nuit il vit en songe vu gros rat, qui kd ditt c Vous ave^ ré-
-» clamé notre secours, disposez vos troupes pour livrer batkiUe tlemain matin,
• et vous serez vainqueur. » Le léiKiemain le roi attaqua à l'improviste les
Hipung nou; ceux-ci, surpris, voulurent monter à chUDIil et endosser leur ar-
mure ; mais il se trouva que les harnais demeura diei^ux^lef ttabîtâ des .soldats ,
les cordies des arcs, les courroies de leurs cuirasses , tout œ qui était finit d'étoffe
ou de fil' avait été entièrement rongé et détruit par lin rats. Jkinsi privés
de tout moyen de défense, ils tombèrent sous les Aups de leuTs'CinnemJk; leur
général fut tué, et l'armée entière faite prisonnière. Le rœ dèS^Piotan voulut
témoigper aux rats sa reconnaissance pour un service siltnportaft^ il construisit
RACE BLONDE. 'i85
un temple, fit des sacrifices, et depuis ce temps on n'a cessé dy apporter des
offrandes. — Voilà l'extrait du récit asiatique; entendons à présent celui des
Égyptiens, rapporté par Hérodote (II, i4ï )•
* A la mort d'Ànysis, un prêtre de Vulcain , nommé Setkos ^ lui succéda. Ce
»roi négligea beaucoup Tordre des guerriers... Lorsque, peu de temps après, une
• armée nombreuse, commandée piïv Sannackariby roi des Assyriens et des Arabes,
• vint attaquer l'Egypte, aucun des guerriers égyptiens ne voulut marcher. Le
» prétre-roi, inquiet de ce refus , et incertain du parti qui! devait prendre, entra
• dans le temple de Vulcain, et vint déplorer aux pieds de la statue du dieu les
• malheurs qui le menaçaient. Pendant qu'il exhalait ses plaintes, le sommeil
• s'empara de ses sens, et il lui sembla voir en songe le dieu debout près de lui,
• qui le rassurait , et lui promettait qu'avec le secours qu'il allait recevoir il n'au-
• rait rien à craindre de l'armée arabe. Le roi , plein de confiance dans cette vi-
«sion, rassembla tous ceux qui consentirent à le suivre; il marcha vers Péluse,
»qui est le point par lequel on peut pénétrer en Egypte, n'ayant avec lui aucun
» soldat, mais seulement un ramas de marchands, d'artisans, et de journaliers. Il
• étaitàpeine arrivé, qu'un nombre infini de rats champêtres se répandirent dans
» le camp ennemi, et, pendant le cours d'une seule nuit, rongèrent si bien les cordes
• des arcs, les carquois^ et jusqu'aux attaches des boucliers, que l'armée , privée
• de toute espèce d'armes, fijt contrainte de prendre la fuite le lendemain, pour-
• suivie par les Égyptiens; elle perdit beaucoup de monde. En mémoire de cet
«événement, on voit, dans le temple de Vulcain, une statue de pierre qui re-
» présente Sethos tenant dans sa main un rat, avec cette inscription : En me
v voyant y apprenez à révérer tes dieux. »
Les premières relations que les Chinois eurent avec Yu tkian ou Khotan
• remontent à la fin du second siècle avant notre ère. Le roi de ce pays faisait
alors sa résidence dans la ville occidentale; on y comptait 2,3oo maisons et
19,300 habitants. Le nombre des soldats d'élite ne s'élevait qu'à 2,400, Il y avait
un premier ministre, un général de droite et un de gauche, deux chefs pour la
cavalerie, un commandant de la ville occidentale et un autre de la ville orien-
tale. Rhotan a toujours été célèbre pour la grande quantité de ja ou Jade orientai
que roulent ses rivières. Cette pierre fait encore le principal objet du commerce
*4
i86 APERÇU DES PEUPLES DE L'ASIE MOYENNE.
de cette contrée, car elle est extrêmement recherchée par les Chinois et d'autres
peuples voisins.
En 7?) après Jésus-Christ, lorsque Pan tchao (page 65) fut nommé généralis-
sime et commandant des contrées occidentales, le roi de Khosan fit sa soumis-
sion. Il y avait alors dans la capitale 85,ooo habitants et 5o,ooo soldats. Quel-
que temps auparavant le roi de So kiu ou larkiatigj étant devenu puissant,
suhjiigua le pays de Khotan et déposa le roi. Vers Tan 70, le général Hieou
mou pa se révolta contre le prince de So kiu et prit le titre de roi de Yu thian.
Son successeur, Kouang le, le même qui se soumit à Pan tchao , détruisit à son
tour le royaume de So kiu , et rendit au pays son ancienne splendeur. Treize
états , situés dans le nord-est jusqu'à Kashghar, reconnurent son autorité. Vers
le même temps le roi de Chen chen , pays au nord-est de Khotan et dans le voi-
sinage du grand lac salé, appelé actuellement Lob , commença aussi à devenir
puissant. Depuis ce temps ces deux pays de l'Asie centrale furent les clefs de la
route méridionale qui conduit des monts Thsoung ling à la Chine.
Depuis cette époque aussi les princes de Khotan et des autres états de l'Asie
centrale ^ont toujours obéi aux Chinois, aux nations ti-irques, aux Tubétains ,
ou à d'autres peuples qui dominaient dans les vastes contrées comprises entre
l'Himalaya et TAtlaï. Le bouddhisme y resta la religion dominante jusqu*au mo-
ment où ces pays furent vaincus par les Turcs Hoei hou, qui y introduisirent
l'islamisme. Il paraît cependant que le culte de Bouddha s'y est conservé encore
long-temps, et qu'il n'y a totalement cessé que sous les successeurs de Tchinghiz
khan dans le Turquestan.
mum% m mv»fi^^mi»0i0w^* »%< ■» ^^ ** * ■ < «.^■fc^^^^KO*^^
ÉVÉNEMENTS
DE LA CHINE
jusqu'à la FIW de la dynastie de THAICG, es 907 DE JÉSUS-CHRIST.
*San kouc ,
ou
trois roy au mes. J
•j'io de J.-C.
Goei.
Nous avons laissé Thistoire de la Chine à Fépoque de la division de cet em-
pire en trois royaumes, qui eut lieu vers lan 220 de notre ère, et après Tex*
tinction de la dynastie des Han.
Le royaume de Goei, dont Tilluslre Thsao thsao avait jeté les fondements,
comprenait toute la moitié de la Chine située au nord du Kiang et de la chaîne
des monts Peling. Sa capitale était Lo yang : les royaumes de TAsie centrale
qui avaient été les alliés des Ilan conservèrent les mêmes relations amicales
avec les empereurs de Goei. Ces derniers dominèrent aussi sur le reste des hordes
de Hioung nou, qui avaient leurs habitations cl Iciu-s pâturages au nord de la pro-
vince de Cken si, au pied des monts de In cfian jusqu aux sources de VOrkfion.
Thsao phi, fils de Thsao thsao et premier empereur des Goei, mourut en 226,
après un règne de sept ans. Comme il n'avait pas d'enfants, il déclara Thiaojoui,
son frère, prince héréditaire. Celui-ci monta sur le trône sans éprouver aucune
opposition. Sun khinan, prince d'Où, ou de la Chine méridionale, apprenant la
mort de Tk&ao phi, crut l'occasion favorable pour tenter quelques conquêtes sur
les tenues des Goei, mais il fut battu, et contiaint de se retirer avec perte. L'em-
pereur de Chûu. ou Chou tmn , qui possédait une partie de la Chine occidentale, HovHime dv Chou*
ou la province actuelle de Szu tchhouan j étant de la liimille impériale des Han , "" ^^^^ '""'*
se regardait par cette raison comme le véritable souverain de la Chine , quoi-
qu'il n'eu possédât qu'un cinquième. Croyant la puissance des Goei abattue par
le décès de Thsao phi, il se prépara à la guerre, et faisait continuellement exercer
226 de J.C.
Ho V Alunit-' (i'(
i88 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
ses troupes. Les états des Goeij, qui depuis plusieurs années n'avaient point
eu la guerre avec ceux de Chou , ne s'atlendant pas en être attaqués, n étaient
point en état de défense. Tchu kotio liang , ministre et général de Tempereur
des Chou han, partit brusquement avec une grande armée pour tomber sur
eux au dépourvu ; il jeta, en effet, une si gi^ande terreur sur son passage, qu'il
soumit plusieurs cantons sans la moindre résistance. Cependant le prince des
Goei envoya à sa rencontre le fameux général Szu ma j. Cet habile guerrier mit
des garnisons dans toutes les villes qui étaient le plus exposées, et, ne voulant
pas risquer le sort d'une bataille, quelque artifice que pût employer son ennemi
pour l'y engager, il s'enferma dans un camp , qu'il étendit le plus qu'il fut
possible. Tchu kotto liang se vit alors contraint de camper aussi; mais lise trou-
vait dans un pays où il ne lui était pas aisé d'avoir des vivres, car le plan de Szu
ma y était de laisser les troupes de l'ennemi se consumer d'elles-mêmes; Szu ma y
évita donc toujours d'en venir aux mains , malgré l'ardeur dont les siens étaient
animés pour combattre, malgré les reproches et les chansons satiriques qu'on
faisait contre lui dans son propre camp , malgré toutes les ruses de Tchu kotto
liang, qui le provoqua, qui l'insulta, jusqu'à lui envoyer des habits de femme;
il resta inébranlable. Il ne voulut pas, pour un point d'honneur mal entendu,
sacrifier les intérêts de son prince, ni perdre de vue la véritable gloire attachée
au succès. Ce qu'il avait prévu arriva en partie: la disette, les défections , et
les maladies , ayant épuisé l'armée des Cltou han, Tchu kouo Liang fut enfin
forcé de se retirer. Ce grand général étant tombé malade, sentit qu'il n'en re-
viendrait pas: il ordonna à son successeur dans le commandement de se pré-
parer à la retraite aussitôt qu'il aurait fermé les yeux. A peine avait-il cessé de
vivre, que celui-ci, faisant défiler les troupes, mita l'arrière-garde les étendards
particuliers de Tchu kouo liang, pour faire croire que ce général vivait encore.
Cependant le bruit de sa mort s'était répandu avec rapidité, et Szu maj ne fut
pas des derniers à en être instruit. Alors il sortit de son camp pour harceler les
ennemis, changer leur retraite en fuite, ou leur livrer bataille s'ils voulaient
l'accepter. Mais, dès qu'il aperçut les étendards de son adversaire, il crut avoir
été la dupe d'un bruit que celui-ci aurait fait courir pour l'engager à en venir aux
mains. Dans cette persuasion, il retourna sur ses pas, et l'armée ennemie fit
tranquillement sa retraite. Cet événement eut beu en 254 ^^ J'-C.
JUSQU^A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANC. 189
Sun khiuany prince d'Ou^ se voyant aussi puissant qwe les deux autres rao Ou,
narques qui avaient partagé avec lui la Chine, crut qu'il pouvait, ainsi qu'eux,'
porter l'auguste titre d'empereur , et il le prit avec toutes les céréraonies usi-
tées en pai-eille occasion; il augmenta sa cour , créa de nouveaux oÉficiers^ et
se donna un cortège digne de ce rang suprême. Cette démarche fit beaucoup de
peine à Tchu kouo liang, qui avait le dessein de rendre à la dynastie des Man
son ancien éclat. Il ne voidut cependant pas se brouiller avec le nouvel empe^
reur , crainte de s'attirer un ennemi redoutable, qui aurait pu arrêter les progrés
qu'il se promettait de faire contre les GoeL II envoya donc un ambassadeur à
San khiuan pour le féliciter et pour renouveler l'alliance contre Thsao joui.
Ceci eut lieu en 229 de J. C. Trois ans plus tard , Sun khiuan travailla à susciter ^'^9 ''«^ J-'^.
un nouvel ennemi à Ferapereur des (7ot?t, dans la personne de Koung mn yuan ,
qui s'était emparé depuis long-temps du Liao toung. Mais celui-ci, craignant la
puissance et le voisinage des Goei , fit couper la tète aux ambassadeurs des Ou ,
et accepta des titres de Thsao joui. L'alliance entre les empereurs de Chou han et
d'Où se resserra alors de plus en plus.
La bonne intelligence entre Koung mn yuan et Thsao Joui ne fut pas de
longue durée : en 237 ce dernier attaqua le prince de Liao toung. Cette guerre, iSydeJ.-C.
qui commença par quelques revers du coté des Goei , fut cependant heureu-
sement terminée par Szu ma y. Ce grand capitaine s'empara Tannée suivante des
états de Koung sun yuan , qui lui-même trouva la mort en voulant se faire joïir à
travers l'armée ennemie. Quand Siu ma y revint de cette expédition glorieuse, il
trouva Thsao joui dangereusement malade. Ce prince, reconnaissant ses services,
lui recommanda Tluao fang , son successeur désigné, et mourut peu de jours
après.
A la nouvelle du décès de l'empereur des Goei, Sun khiuan fit entrer trois
corps d'armée sur leur territoire. Siu ma/ les força de plier bagage. Ces succès ne
rétablirent pourtant pas la paix avec les Ou et les Chou han. Un général des Goei
voulant, en 24 >, s'emparer des provinces limitrophes des derniers, y essuya ^44 de J.-c.
de grandes pertes, et fut forcé d'abandonner cette entreprise. Depuis ce temps
les Goei n'osèrent plus se mesurer avec leurs ennemis. L'empereur des Chou lian ,
<iui ne se trouvait pas en force, et Sun khiuan, accablé par lage, avaient à la
vérité adopté des sentiments plus pacifiques , et désiraient voir la Chine rendue
/
25o âc J.-C.
P'iu du royaume
de Goej.
a63 de J.-C.
,90 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
à la tranquillité. Cependant le prince de Goei fut bientôt forcé de reprendre
les armes. Le roi de Corée , son vassal , s*ét«Bit révolté , le força d'envover des
troupes contre lui qui prirent sa capitale, et firent, suivant leurs ordres, main
basse sur toute sa famille.
En a5o, Szu ma y, profitant de quelques troubles et du mécontentement qui
régnait à la cour de Sun khiuan, envoya plusieurs corps d'armée pour .s^einparer
de quelques villes limitrophes appartenantes aux Ou, Il aurait vraisemblablement
réussi à faire d'autres conquêtes plus considér.ibles si la mort ne l'avait pas
enlevé en 25 1. Son fils, Szu ma chi , lui succéda. L'année suivante Sun khiuan
mourut aussi.
Après la mort de ces deux grands hommes, les affaires des Jrois royamnes
qui avaient partagé la Chine commencèrent d'empirer. Celui de Chou han fut
anéanti en 363 par Sza ma tchao, frère de Szu ma chi et grand générai des Goei.
L'empereur Heoit tchoa , après avoir régné pendant qtiarante-un ans, ne put
résister à un ennemi si redoutable. Son fils , au désespoir de voir sa famille
dépouillée d'une couronne qu'elle portait depuis si long-temps, tua son épouse,
ensuite se tua lui-même , pendant que son père allait se rendre entre les mains du
vainqueur, et en recevoir quelques titres inutiles.
A la cour de Goei , Szu ma chi et Szu ma tchao s'étaient emparés de toute
l'autorité. Celle de l'empereur Thsao fang était nulle, eux seuls réglaient tout
d'après leur volonté. Les deux frères furent cependant instruits que l'empe-
reur avait conçu le projet de se défaire d'eux; ils le prévinrent et le firent dé-
poser, en mettant sur le trône un de ses parents, qui n'était âgé que de quatorze
ans. En 255 , Szu ma chi mourut, et Szu ma tchao lui succéda dans ses emplois.
Il parvint bientôt à augmenter son influence à un tel degré, qu'il gouvernait
lempire des Goei en maître absolu. Quoiqu'il eût déjà pris le titre de prince
de Tsin, il n'était destiné qu'à son fils de devenir le fondateur d'une nouvelle
a65d?J.-G. dynastie impériale. Szu ma yan hérita en 266 de la principauté de son père»
de ses emplois et de toute son autorité; mais, plus ambitieux que lui, il con-
Vin du royaume traigiiit le dernier empereur des Goei de lui céder l'empire , et le relégua dans
de Gnei.
une petite ville du Ho nan. Dès qu'il fut -parti , Szu ma yan prit le titre d'einpe-
fjnaâtie de Tsin. reur, et donna à sa dynastie le nom de Tsin, d'après celui de la principauté
créée pour son père. Il se trouva alors possesseur des étals des Goei et des
a55 de J,.C.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE ÏHANG. 19!
Ckou han. Il aurait pu facilement réduire le prince des Ou sous sa domination ;
il ne voulut cependant pas Fentreprendre au commencement de son règne: tout
occupé du soin d'établir solidement sa famille sur le trône, il employa ses pre-
mières années à renouveler le gouvernem^R, et à faire revivre les anciennes
lois et coutumes. L'affermissement des institutions, quelques révoltes, des guerres ^
civiles, et des invasions des Siaii pi, voisins septentrionaux de la Chine, empè-
c lièrent pendant long-temps Szti ma y an de penser à la conquête du royaume
d'Où. Ce ne fut qu'en 280 que tous les obstacles se trouvèrent levés. La cruauté
et la mauvaise administration de Sun hao, dernier prince d'Où, facilitèrent l'en-
treprise de l'empereur des Tsin. Partout ses troupes furent victorieuses, et Sun
hao demanda à se soumettre. C'est ainsi que toute la Chine fut réunie sous la
domination d'une seule famille, et que finit la période appelée parles Chinois
San koue , ou les trois royaumes.
Le règne du fondateur de la dynastie de Tsin, qui dura vingt-cinq ans, fut
glorieux et prospère» Les relations entre la Chine et l'occident furent rétablies,
et ce fut ce prince qui en 28/1 re<;ut l'ambassade de Théodose, frère de lem-
pereurlléraclius, événement dont j'ai parlé plus haut (page 70). Ses successeurs,
doués de moins de talents et adonnés au plaisir , ne surent pas tenir le sceptre
d'une main aussi ferme que lui. Vers la fin du IV' siècle, plusieurs petits chefs
Uioung nou se révoltèrent contre les Tsin. Un de ces chefs s'appelait Licou yuan;
il descendait des anciens Tchhen yu de ce peuple, et prétendait que le sang des
Han coulait dans ses veines , parcequ'un de ses prédécesseurs avait épousé une
princesse chinoise. Après avoir rempli plusieurs emplois au service des empe-
reurs des Tsin , il finit par avoir des charges considérables jointes à une petite
principauté située dans le nord de Chan si. A cette époque les Hioung nou n'é-
taient plus ces barbares qui habitaient sous des tentes au milieu de leurs trou-
peaux : depuis qu'ils étaient venus demeurer dans la partie septentrionale de la
Chine, les principaux de la nation s'étaient policés, et, à l'imitation des Chinois,
s'appliquaient à l'étude. Un des soins principaux de Lieou yuan était celui de
policer ses sujets; il leur donna des lois, établit des peines pour les criminels,
et sut gagner le cœur des peuples par le mépris qu'il faisait des richesses, et
par le plaisir qu'il avait à les distribuer. Il obtint en 290 la charge de général
d'armée et le commandement sur cinq hordes des Hioung nou, avec le titre de
Ftjj
roynume d'Où,
'i8h de J.-C.
■r4 de J.-C.
■290 de J.-C,
o4 de J.-C.
Royaume
lie llan ou Trhao.
Prise de Lo
en 5 1 1 fie
192 É^^ENEMENTS DE LA CHINE
keou (duc). Plus tard il prit celui de Tckken yu. Ce fut en 3o4 qu'il conçut le
dessein de se servir de sa puissance pour se rendre indépendant, et pour replacer
sur le trône la famille de îlan, conservée en sa personne. Il réussit en profitant
des désordes qui régnaient à la cA" des Tsin , et des troubles qui déchiraient
leurs états. Il établit sa cour à Li chi et ensuite à Phing jan^', dans le Chan si,
espérant se rendre maître de Lo yang , une des capitales de l'empire. Ses expé^
ditions contre les états des Tsin furent presque toujours couronnées de suc-
cès. A ces guerres, qui désolaient toute la Chine, se joignit, en 309, une si
grande sécheresse, que les plus grands fleuves tarirent presque tous. Quoique
ces malheurs tombassent également sur les Han, ils ne les empêchèrent pas de
> yang , ravager le pays soumis aux Tsin, et surtout de songer à prendre Lo yang. Ce ne fut
pourtant que le second successeur de Lieou yuan qui exécuta ce grand dessein
en 5i I . Cette résidence fut pillée et réduite en cendre. L'empereur tomba entre
les mains des vainqueurs; il fut déposé, et réduit à la dignité de ioun^ (comte).
L'année suivante Tchhang ngan (page 55) fut aussi prise par ies Han.
Un prince de la famille de Tsin, nommé Szu ma joui, monta sur le trône en
317. 11 avait refusé de se revêtir de la dignité impériale tant que vécut son pré-
décesseur, prisonnier chez les Han. Il établit sa capitale à Kian kkang, qui est
Tsin nrienuux. la ville de Nan king de nos jours. La nouvelle branche de la dynastie de Tiin,
^ qui commença avec lui, reçut l'épithète lïorieniate,
Lieou yao, le dernier roi des Han, étant monté sur le trône en 3 1 8, transporta
bientôt sa cour à Tchhang ngan, et donna à sa dynastie le nom de Tchao. Ce-
pendant plusieurs de ses officiers abandonnèrent son service et passèrent chez
les Tsin. Le roi de Tchao fut obligé de marcher contre ces rebelles, et il les
réduisit. Il ne put pourtant pas faire rentrer Chy le dans son devoir. Cet
homme extraordinaire était uu chef des Hiouug nou : par son mérite il avait ob-
tenu les plus grandes charges au service des Han ou Tchao. Lieou yao, au lieu
de reconnaître son dévouement et sa fidélité, l'outragea par la plus noire ingra-
titude, qui le détermina à penser sérieusement à se former une domination
indépendante. Obligé, au commencement, de cacher ce dessein, il leva le
masque en 319, et se déclara souverain de la principauté de Tchao, qu'il
posséda , et d'après le nom de laquelle Lieou yao venait de changer le nom de la
sienne. Il se forma une cour, créa des officiers, et prit le train d'un empereur. Sa
3i7 de J.-C.
3i8deJ.-C.
Royaume
de Heoti trdao.
I
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. igj
résidence était à Siang koue daus le Pe tchy li. Pour distinguer cette dynastie de
celle des Tchao ou Han, on l'appelle ordinairement Heou tchao^ ou seconds
Tchao. Dans ia suite, profitant de la faiblesse de son ancien maître, il lui enleva
plusieurs provinces, le battit complètement en 028, le fit prisonnier, et ordonna
sa mort, Chy le et ses successeurs régnèrent pendant trente-trois ans dans le
nord-est de la Chine. Leur dynastie fut renversée par le roi de Goeî , qui était de
la même famille , et qui ne jouit que trois ans de son usurpation. Il fut défait
en 552 , et tué par ordre des premiers Y an (page 96).
Tandis que ces troubles, et ceux qui accompagjièrent naturellement rétablis-
sement de plusieurs petits états, formés par des princes turcs et sian pi, déso-
laient les provinces septentrionales de la Chine, les princes des Tsin se sou-
tinrent assez bien dans le midi de rempirc. Quelques révoltes, qui auraient pu
devenir funestes, furent heureusement étouffées. Ces empereurs étaient en
grande partie des princes débonnaires, qui aimaient la tranquillité, et s'oc-
cupaient plus de l'observation des préceptes de philosophie de Lao tsu ou de
celle de la religion de Foe ou Bouddha, que des affaires, qui devenaient
de jour en jour plus compliquées, A la fin du IV' siècle, Lieou yu, fonda-
teur de la dynastie des Soung, qui succéda à celle des Tsin, commença à se
faire connaître. Né d'une famille extrêmement pauvre, il montra, dans sa jeu-
nesse, un esprit vif et pénétrant; il apprit, sans le secours d'aucun maître, à
lire eéîà écrire, et augmenta bientôt ses connaissances. Cependant, dénué de tout
secours, il fut obligé de vendre des souliers pour vivre. Bientôt ennuyé de ce
métier, il suivit la carrière militaire, dans laquelle il se distingua, et s'acquit
une grande réputation. L'an 4oo il rendit des services signalés contre le pirate
Sunngken, qui désolait les côtes de l'empire, pillant tout, et emmenant des mil-
liers d'habitants en captivité. Ce rebelle fut forcé de quitter le Kiang, qu'il avait
le dessein de remonter jusqu'à la capitale de l'empire. Lieou yu resta long-temps
à la tcte des troupes sous le titre de grand général, et c'est en cette qualité qu'il
détruisit peu à peu tous ceux qui voulaient enlever l'empire à la dynastie des
Tsin. En récompense de ces services, il fut nommé prince de Sotmg, Il continua
à servir comme auparavant, et remporta encore plusieurs victoires sur les en-
nemis de l'état. Il se disposait, en 4iÔî à marcher contre le prince de Zfw, qui
menaçait Tchhang ngang et tout le pays de Kouan (ckoung; mais ce projet , qui
25
328 de J.-C;
Fin
<\cs FIfOii tchao.
55'i de J.-C.
4oodc J.-C*
418 de J.-C.
Dynastie
«le Soung ,
fonddc
par Lieou vu,
en 430 de J.-C.
Naii po tchao,
ou division
de Tempirc.
jg4 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
eût mis le comble à sa gloire, échoua par la mauvaise conduite* de ceux qui
étaient alors en place, et par la faiblesse de rempereuri Lieou yu en fat si in-
digné, qu'il conçut le dessein de se déÊiire de oe. prince, et de lui substituer
son frère. Les eunuques, gagnés par le premier ministre, étranglèrent rinrortuné
prince avec sa propre ceinture. Le nouvel empereur, qui est appelé dans l'his-
toire Komg ti, ne jouit pas long-temps d'une dignité àlaqnelle il n*ayait pas
aspiré. La crainte d'un sort semblable à celui de son frère le fit descendre vrf.
lontairement d'un trône pour lequel il sentait qu'il n'était pas fiiit. Ce fut en
420 qu'il proposa à Ueou yu d'y monter à sa place, et qu'il effectua 9 en sa
faveur, son abdication solennelle.
Ueou yu prit aussitôt les rênes du gouvernement, donnant à son prédécesseur
le simple titre de roi, et le reléguant dans une petite ville, avec 4» gardes,
moins pour l'honorer, que pour être plus sûr de sa personne. L'année smvante,
ayant empoisonné un vase plein de vin, il ordonna à un de ses officiers, nommé
Tchhang goei, de le présenter à Koung-ti. Tehkang goei ne voulut point obéir,
et avala le poison, dont il mourut sur-le-champ. Lieou yu voulut ensuite con-
traindre l'ex-cmpereur à le prendre lui-même; mais. ce prince répondit que la
religion de Foe, dont il faisait profession, lui défendait de se donner la mort.
Alors des soldats le massacrèrent.
Après la destruction de la dynastie de Tttn la Chine fut remplie de troubles,
dont le résultat fut l'établissement de deux empires, l'un situé dans les proirinces
septentrionales , et l'autre dans celles du midi. Dans ce dernier, cinq ÊunUJes
(Ou tai) régnèrent successivement en assez peu de temps; quatre occupèrent
celui du nord. Deux de ces dernières étaient d'origine itan pi, les God appelés
aussi Yuan goei, Heou goei ou Pe goei, et les Heou teheou ; deux antres étaient
chinoises , savoir , les Pe th$i et les Heou Uang,
Le fondateur de la dynastie Soung possédait dans un degré éminent toutes
les qualités qui rendent un homme digne de commander aux autres. A la tête
des troupes , il se montrait tout à la fois bon soldat et habile général : dans
le cabinet, il était politique estimé, profond, et fertile en moyens pour faire
réussir les plus vastes projets : dans sa vie privée, il avait la modestie, là
réserve et toutes les vertus d'un particulier. Sans faste, sans ostentation,
sans orgueil, il occupa le trône avec cette noblesse, cette majesté, cette
JUSQU'A LA FIN DE, LA DYNASTIE DE THANG. 195
grandeur d'âme qui distinguent un grand monarque, en même temps que,
par sa générosité, sa douceur, sa bienfaisance-, et son attention à faire le bon-
heur de ses sujets, il tâchait de se rendre digne de Tauguste titre de père du
peuple. Peut-être même eiit-il fait oublier le double crime qui l'avait conduit à
la dignité suprême , si le cours de sa vie n'eût pas été sitôt terminé. Après envi-
ron deux ans de règne ,'i^ mourut à Kian khan g , où il tenait sa cour.
Son fds, qui luisuccéda, ne régna qu'un an ; il fut déposé à cause de sa mauvaise
conduite, et bientôt après mis à mort. Un de ses frères fut son successeur en /jîî /j ;
il monta sur le trône sous le nom de fVen (t. C'était un prince accompli; pendant
les trente ans que dura son régne ht Chine fut souvent en proie i*i des troubles,
mais sa considération s'augmenta dans l'étranger. Des ambassades de tous les
royaumes de llnde, du Kaboid, et d'autres contrées occidentales, vinrent sou-
vent présenter les hommages de leurs maîtres , et resserrer les nœuds de la bonne
intelligence avec l'empire du milieu. Wen ti soutint des guerres glorieuses contre
les Goei, et réussit dans la plupart de ses autres entreprises. Il aurait pu régner
pendant de longues années pour !e bonlieur de ses peuples, si ses fils n'avaient
pas conspiré contre lui. Il périt dans une révolte, exilé par son aîné Lieou
chao. Ce parricide ne jouit pas long-temps des fruits de son crime. Il fut vaincu
et mis à mort par un autre fds de son père, qui monta sur le trône sous le nom
de ff^ou ii Celui-ci eut encore quelques troubles à apaiser, et ne se vit paisible
possesseur du trône qu'en 4^5. Il conçut alors le projet de mettre à l'avenir les
premiers de sa famille hors d'état d'exciter des désordres. I>es principaux princes
des Soung possédaient de vastes domaines, ou plutôt des fiefs de lempire, et
leur train n'était guère différent de celui de l'empereur même. Ils tenaient leurs
vassaux dans une dépendance si absolue, qu'ils pouvaient, quand il leur plaisait,
leur faire prendre les armes et leur imposer tels tributs cpi'ils jugeaient à propos.
Ce système vicieux avait été la perte de plusieurs dynasties précédentes. ÏVou ti,
pour engager ces princes à se démettre d'eux-mêmes de leur trop grande puis-
sauce , les fit pressentir sur la crainte qu*il devaient tous avoir qu'une autre
famille que la leur ne vînt à profiter des divisions qui pourraient survenir entre
eux, et n'enlevât le trône à leur dynastie, si l'empereur ne réunissait pas assez de
pouvoir et d'autorité pour mettre un frein à ces dissensions, et écarter les com-
pétiteurs. Par des négociai tious habiles il parvint à se faire présenter par ces
4^4 de J.-C.
iqG ^^ ^ ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
princes une requête par laquelle ils lui demandaient comrae une grâce" de re-
prendre rautorité souveraine sur les principautés et les domaines de lempire,
et de ne laisser aux autres princes de ses états que ce qui convenait pour soute-
nir leur raujs:. L'erapereur reçut la supplique, et la renvoya aux tribunaux, qui
la modifièrent au gré du monarque, et en firent une loi pour l'avenir.
Sous fFoa ti, les relations avec l'Inde et les pays o«cidentaux de TAsie con-
tinuèrent ; les Goei , et d'autres puissances voisines de Fera pire , n'osaient plus
lattaquer : l état florissant de la Chine augmenta principalement vers la fin du
règne de ce grand empereur. Malheureusement une roort prématurée l'emporta
4fi5 (le J..C. en 4^5. Ses successeurs, loin de posséder les grandes qualités de ce prince,
étaient tous des monstres qui contribuèrent eux-mêmes à la perte de leur dy-
nastie, en soulevant les grands et le peuple par leurs cruautés. Siao tao tching,
général en chef sous Ming ù , successeur de JVoa ti , était parvenu, par son
mérite, k la place la plus importante du palais, celle qui le mettait à la tète
de la maison de l'empereur et rapprochait le plus de sa personne. Ce prince ,
étant tombé dangereusement malade, nomma Lieou yu son successeur. C'é-
tait le premier de ses fils adoptifs , car il n'avait jamais eu d'enfants. Il le re-
commanda particidièrement aux soins de Siao tao tching, qu'il revêtit de la
dignité de grand général de tous ses états, et de celle de ministre principal pour
la guerre. Ces deux dignités réunies rendirent Siao tao tching tout-puissant,' et lui
frayèrent le chemin du trône. I^ conduite indigue de son pupille, ses inclina-
tions basses, et sa cruauté, forcèrent bientôt le tuteur de s'en défaire par les eunu-
ques du palais, qui lui coupèrent la tête un soir, quand il y rentrait i\Te, suivant
sa coutume. Siao tao tching fit alors proclamer empereur un autre fils adoplif
de Ming ti, quoique les grands lui eussent offert l'empire avec instance. II
ne tarda pourtant pas à s'emparer de la dignité suprême : après s'être défait
de tous ceux qui auraient pu empêcher l'exécution de ses desseins, il obligea,
^?a 7^9 d^Za' *^" 439 y t'e dernier empereur des Soung de lui céder la couroune. Siao tao tching
prit alors le litre d'empereur , et donna à sa dynastie le nom de Tksi.
Nous avons vu, à la page 98, l'origine des empereurs des Goei, qui descen-
<laient des Tho po ou So tkeou, famille de la race sian pi. Leur horde était depuis
long-temps en possession de la partie septentrionale de la province de Chan si ,
lorsqu'on 358 son chef Chy y kian, dont le père avait été créé roi de Tai par
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 197
l'empereur Tchking li des Tsin, prit le titre d'empereur. C'était un homme
extraordinaire, d'une grandeur gigantesque, brave, magnanime et prudent. Il
se composa une cour à la manière chinoise, car les institutions et les usages du
royaume du milieu ont toujours servi de tnodèle aux peuples barbares qui l'en*
tourent, quand ces peuples ont commencé à se policer. Cky y kian se plaisait dans
des guerres continuelles: il avait dompté presque toute la partie orientale de l'Asie
moyenne; mais, la dernière année de son règne et de sa vie , Fou kian, roi de Tsin
{voyez page ï56), ayant envoyé une armée de 200,000 hommes contre lui, le
délit dans deux grandes batailles, et le dépouilla de toutes ses conquêtes.
Kouei, petit-fils de Chy y kian^ succéda à son aïeul en 577; il n'avait que
cinq ans , et n'échappa que par un bonheur extraordinaire à la poursuite de
Fou kian. La dixième année de son règne il se fit proclamer roi de Tai , et
quelques mois après roi de Goei. Il ne prit le titre d'empereur qu'en 398. Ce-
pendant, ayant commencé à s'entourer des marques de cette dignité dès la pre-
mière année de son règne comme roi de Tai, les auteurs chinois comptent le
commencement de son empire , et de la dynastie dont il fut le fondateur, dès
l'année 386. D'abord il essaya le peu de forces que lui avait laissées son pré-
décesseur contre les Turcs Kao tchké {voyez page 1 25), qui alors étaient très
puissants, et qui avaient leur principal campement dans le voisinage de la
Toula et de l'Orkbon. Ayant augmenté son armée de leurs hordes vaincues, il
reviM d» cette expédition pour faire des conquêtes jusqu'en Chine. Ensuite il
subjBgua le royaume des Yan occidentaux, et se croyant alors en état de tout en-
treprendre , il essaya de réduire la Chine entière sous ses lois. Il prit aussi l'habit,
les coutumes et la forme du gouvernement de cet empire. Il mourut à la
fleur de son âge en 409 » empoisonné par x\n de ses fils. Sa mort fut vengée par
un autre fils, qui lui succéda, et qui eut des guerres à soutenir contre Lieou yu ,
fondateur de la dynastie de Soimg, et dont les résultats ne furent pas toujours
heureux pour les armes des Goei.
Au commencement du cinquième siècle, les Jeau jan (page 99), peuple de ^
la même race que les Goei, étant devenus puissants dans l'Asie moyenne , s'em-
parèrent de la plus grande partie de la Mongolie actuelle, ce qui réduisit les
empereurs des Goei à la possession des provinces qu'ils avaient en Chine, sans
diminuer cependant leur puissance de beaucoup. Tkaiwou ii, le troisième em-
ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
55o de J.-C.
perciir des Goei, qui monta sur le trône en 423, continua la guerre contre les
Soung, qui régnaient clans la Chine méridionale. Il fut d'abord vaincu; mais il
se releva aussitôt, et leur enleva plusieurs villes. Il acheva la couquéte de^ cinq
provinces septentrionales de la Chine, et reprit sur les Jeou jan plusieurs contrées
de la Tatarie. Sous son règne et sous celui de ses successeurs, les Goei étaient en
relations fréquentes avec TAsie centrale et occidentale; ils reçurent des ambas-
sades de la Perse, de la Transoxiane, des Alains et de plusieurs pays de l'IIin-
doustan. Au commencement du sixième siècle les empereurs des GoeJ transpor-
tèrent leur cour à Loyang, située sur la rive méridionale du Ilouang ho, dans
la province actuelle de Ho nan. Ils étaient presque toujours en guerre contre les
dynasties qui régnaient dans le midi de la Chine. Cependant ils ne parvinrent
jamais à pousser leurs conquêtes au-delà du Kinng.
Vers la fin de la dynastie des Goei , leur empire était rempli de troubles. On
empoisonnait, on noyait et on tuait les empereurs» Le dernier, appelé Hiaowou
ti , fuyant la puissance de son ministre Kao houan, avait quitté Loyang et s était
salivé à Tchhang ngan (page 55), où il établit sa cour. Kao houan fit son pos-
sible pour rengager à revenir, mais Hiao wou ti refusa constamment. Alors Kao
houan assembla tous les grands pour faire clioix d'un autre empereur. On
jeta les yeux sur le prince Cfien. Kao houan , voyant la capitale Lo yang trop
voisine de Tchhang ngan^ séjour de son ancien maître, et du côté du midi trop
resserrée par les empereurs de la dynastie chinoise des Liang, fit tran9pŒ|£r la
cour à Po, aujourd'hui Tchang ht fou, dans le Ho nan. La branche des Gomnjî y
régnait ne compte qu'un seul empereur; elle reçut Tépithète (ïorientaie, pour
la distinguer de celle qui s'était retirée à Tchhaîig ngan. Kao yang^ fils de Kao
houan, hérita de toute l'autorité de son père. H fut plus heureux que lui dans
1 exécution de ses projets. Son ci'édit augmenta de jour en jour, de sorte qu'il
parvint à déposer son souverain et à monter lui-même sur le trône. L'empereur
fut réduit au simple titre de souverain , en attendant la mort, que l'usurpateur
ne tarda pas à lui donner. Ce Kao yang est le même que Wensiuan ti, fonda-
teur de la dynastie de Pe thsi.
La branche des Goei de Tchhang ngan, où Hiao wou ti s'était retiré, fut appelée
V orientale, Cq. prince , qui avait fui les trames ourdies contre lui par Kao houan,
y trouva un ministre non moins ambitieux ni moins entreprenant, qui, raécon-
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE TIIANG. 199
tent de la conduite du prince, le fit mourir par le poison (534), et mit à sa place
un nutre monarque, qu'il empoisonna aussi dans la suite. La puissance des mi-
nistres a été la perte de la plupart des petites dynasties en Chine. Revêtus de
toute fautorité, ces officiers déposaient à leur gré les empereurs, pour pren-
dre leurs places. C'est ce qui arriva à ces Goei : Yu wen tai, un de leurs généraux
d'armée, commença par faire périr tous ceux dont le crédit lui devenait suspect,
et qui pouvaient s'opposer à rexécution de ses desseins ambitieux. JVcn (ï empoi-
sonné, et Fei ti détrôné , furent louvrage de Yu wen tai II était réservé à son fils
Yawen kio de déposer Kûung ti en 556, et de le faire mourir: alors fut éteinte
cette puissance , d'origine Tho po, qui avait été si formidable dans la Chine.
La dynastie de Pe tksi, qui a succédé à la branche des Goei orientaux , était
d'origine chinoise. Son fondateur Kaoyang fut proclamé empereur à Po, dans le
Ho nan , en 55o» Les Goei occidentaux voulurent sopposer à l'établissement de
cette famille , mais Rao yang les repoussa , et se rendit maître de plusieurs places
importantes, entre autres de Lo yang. Le nom de Pe thsiy ou Tlisi du nord ,
n'a été donné à cet empire que pour le distinguer de celui d'une autre dynastie ,
nommée Thsi, qui subsistait vers le même temps dans les provinces du midi.
On peut voir sur la onzième carte de l'atlas l'étendue des pays soumis aux Pe thsi ;
ils avaient leur résidence à Lo yang. Ils étaient en relations avec les peuples toun-
gouzes et avec la Corée. Les successeui-s de Rao yang oot régné pendant vingt-
huit ans; leur puissance fut détruite en 677 par les empereurs des Heou tcheou.
Ce fut Yu ven kio, ministre des Goei occidentaux, qui devint le fondateur
de la dynastie des Heou tcheou, ou seconds Tcheou. Il descendait des anciens
rois Sian pi. Ses successeurs, qui régnèrent jusqu'en 58 1, possédaient la plus
grande partie de la province actuelle de Ghen si et le Szu Ickhouan , jusqu'au
bord septenti'ional du Riang. Ils tenaient leur cour à Tchhang ngan. Yang kian,
ministre des empereurs de cette petite dynastie , étant devenu très piussant ,
avait pris le titre de roi , et finit par se déclarer empereur. Il déposa alors le der-
nier prince des Heou tcheou , et le fit mourir en 58 1.
La dynastie des Th$i, fondée par Tao tchhingy de la famille SiaOj en 479 y pos-
séda la partie de la Chine située au sud du Riang , et quelques districts au nortl
de ce fleuve. Elle occupa le trône pendant vingt-trois ans. Des troubles à la cour,
excités par les membres de la famille impériale , hâtèrent la perte des Thsi.
aoo ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
Ming ti usurpa en 494 ^^ trône , duquel il avait fait descendre Siao tchao. Les
Goei saisirent cette occasion pour s'emparer de plusieurs provinces de la Chine
méridionale ; mais ils furent repoussés sur tous les points et forcés d'abandonner
cette entreprise. Ils reparurent cependant, après quelques années» sur les terres
des Thsi, et alors ils eurent plus de succès. Ming ii^ un des plus grands tyrans
qui aient pesé sur la Chine,niourut en 498. Son troisième fils, Pao kiuan, lui suc-
céda. Ce jeune prince, avant de monter sur le trône, ne s*était occupé que de
ses plaisirs, qui consistaient dans une débauche continuelle. Il ne changea pas
d'inclination, et, comme empereur, devint extrêmement cruel. Un de ses géné-
raux, nommé Siao y, qui était de la famille impériale, avait apaisé une rébel-
lion formidable : pour le récompenser de ce service , l'empereur lui envoya un
breuvage empoisonné dont il mourut SiaoyaUj frère de Siao y, craignant avec
raison pour sa propre sûreté, prit alors les armes, et marcha contre la capitale.
Son armée augmenta de jour en jour , de sorte qu'il ne crut pas devoir différer
de donner un autre maître à l'empire : il fit déclarer Pao kiuan incapable du
trône, et le réduisit au rang du peuple; il mit à sa place le frère de ce prince,
nommé Pao young ^ qui fut reconnu par toute l'armée. Kian khan g , résidence
de Pao kiuan, fut bientôt investie. Après quelques jours de blocus, ce prince fut
tué par ses propres officiers, qui portèrent sa tête à Siao yan. Ce général se déclara
premier ministre, et ne laissa aucune autorité au nouvel empereur. Peu de temps
après il se fit déclarer roi de Liang, et ordonna la mort de la plupart des princes
de la famille impériale des Thsi. Pao young, craignant le même sort, crut devoir
lui céder la couronne; il envoya le sceau de l'empire à l'impératrice Siuan chi,
afin qu'elle le remît à Siao yan. Celui-ci le reçut comme une chose qui lui était
due, se fit reconnaître empereur par tous les grands et épousa l'impératrice,
après avoir relégué Pao young dans un palais (5o2}, où il périt bientôt, et
Siao yan donna à sa nouvelle dynastie le nom de Liang , qu'il avait déjà porté
comme roi.
IVou tij tel était le titre sous lequel régna le fondateur des Liang, rétablit
les anciens usages en Chine. L'introduction du bouddhisme et la propagation des
doctrines philosophiques de I^o tsu, défigurées par les Tao szu, avaient été la
cause de beaucoup de dissensions et de persécutions, qui , dans ces temps de
troubles, contribuèrent à augmenter le malheur général. Wou ti remit envi-
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 201
gueur la doctrine cîe Confiicius, qui en Chine est regardée comme la seule vérita-
hkment utile à l'empire. Il fit construire une salle , dans laquelle on honorait la
mémoire de ce philosophe; il établit des collèges publics dans toutes les villes,
et notamment dans la capitale, où il rassembla des hommes habiles, pour y doiuier
chaque jour des leçons sur l'histoire, sur la doctrine de lantiquité^et sur les king
ou livres sacrés de la nation. D'autres institutions utiles et de bonnes lois, exé-
cutées avec exactitude , rendirent bientôt l'empire florissant. Sous le règne de ce
prince , les relations entre la Chine et TAsie méridionale étaient très actives ,
les vaisseaux chinois allaient en grand nombre à Vile de Ceylan et dans les ports
de rinde , et y faisaient un commerce considérable. Les ambassades des dif-
férents rois de l'indous tan, des peuples voisins de la Perse et des états de
TAsie centrale, qui arrivaient à la cour, augmentèrent l'éclat du règne de
Wou ti. Ce restaurateur de la doctrine ancienne quitta , sur la fm de ses
jours, la pliilosophie aride et peu attrayante de Vancien sa^e , pour s'occu-
per uniquement de l'étude de la religion de Foe ou Bouddha , dont les
principes, dépouillés de la mythologie monstrueuse qui les cache aux yeux du
commun de ses sectateurs, sont sans doute plus dignes de la méditation de
l'esprit humain que les fragments moraux et pédanlesques de Confucius. Ce-
pendant l'attachement que l'empereur montrait pour la croyance indienne lui
aliéna Famour de son peuple. Cette disposition des esprits facilita la rébellion
du général Heou king : celui-ci , après avoir conquis une grande partie des pro-
vinces de lempire, vint assiéger Kian khang, la capitale, la prit, et s'arr©gea
Fautorité suprême. Wouti, qui depuis long-temps menait une vie monastique
très sévère , ne survécut que peu de temps à son malheur ; il mourut à l'âge
de quatre-vingt-six ans, après en avoir régné quarante-huit.
llmu king ht proclamer le fils de Wou ti ; lui-même prit le titre de roi de
llan. Deux aps après il déposa l'empereur et mit un autre prince sur le trône.
Pour ôter au peuple , qui avait retrouvé son ancien amour pour le fondateur
de la dynastie des Liang, tout sujet de remuer, il fit étouffer le prince déposé.
Le successeur de celui-ci eut bientôt le même sort, et Heou king s'arrogea
le titre d'empereur de Han. Yuan ti ^ un autre fils de Wou ti , envoya contre le
rebelle deux de ses meilleurs généraux , qui le vainquirent en 552 , et le firent
prisonnier. On lui trancha la tète. Son cadavre fut exposé à toutes sortes
26
549 do J.-G.
55^ de J..a
LLiaiig poatdrit'urs.
f)vriiiBt4e
202 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
d'outrages , et mangé par une populace furieuse. Yuan ti transporta sa cour à
Kiang liiig; mais, (pielque temps après, les Goei septentrionaux, alliés de
Tchha , pelit-Lils de Wou ti, se rendirent maîtres de cette place, et firent
mourir l'empereur. Les généraux Tchht'n pa stan et Wang sian pian, les mêmes
(jui avaient vaincu Ileou king, élevèrent alors King ti sur le trône à Kian khang.
Dans la suite Tchkin pa sian le fit mourir, et se mit à sa place.
Tchha prit le nom de Siuan ti; il tenait sa cour à Kiang ling, ville située sur
la rive septentrionale du iviang, dans le district de King tcheou fou, de la pro-
vince actuelle de IIou kouang. Ce prince et ses descendants ne possédèrent que
le nord de cette province, et quelques districts de celles de Ho nan et de Szii
tchhouan. Us y régnèrent jusqu'en 687 , et leur dynastie porta le nom des Ileou
iiang, ou des Liang postérieurs. Elle fut détruite par le fondateur de celle de5
Soui,
Tchhin pa sian , pendant long- temps fidèle à la cause des empereurs des
Liang , avait même vaincu fJ'ang sian pian^ qui voulait changer Tordre de la
succession au trône. Par tant de hauts faits il se vit à la tête du gouve4'nement ; il
était généralissime des troupes et premier ministre à la fois. Celte autorité,
presque sans bornes, ne lui suffit pas: il voulut avoir le titre de prince de
Tchhin ; fempereur le lui accorda. Cette dignité n'était qu'un acheminement
au trône. Il n osait en faire descendre de force celui qui y était assis, et qu'il y
fa57deJ.-C. avait placé lui-même; il lui persuada de le lui céder de bon gré. Ce jeune
priiM^e consentit à lui abandonner l'empire par im acte solennel. Tchhin pa sian
alla Viwstaller dans le palais qu on lui avait préparé, prit le titre de fJ'ott ti, et
donna à sa dynastie le nom de Tchhin. Plusieurs grands, {pii exerçaient des
emplois considérables dans les provinces , refusèrent d'obéir et se déclarèrent
ouvertement contre celui qu'ils traitaient d'usurpateur. Ils levèrent des troupes
dans le dessein de rétablir le prince légitime, et entrèrent en campagne. Ces
soulèvements n'eurent pourtant pas de suite ; ils furent éteints dès leur nais-
sance, et n*eurent d autre effet que celui de bâter la mort de King li , que le
nouvel empereur jugea nécessaire à la tranquillité de l'état. Après l'extinction de
la famille des Liang, il crut n'avoir plus rien à craindre, et ne s'occupa que du
soin de gouverner l'empire. Sou règne ne dura que deux ans. N'ayant point
d'enfants il déclara son successeur un de ses neveux, capable de supporter le
Hciijtifun
de remptre ,
58^ rfe J.-C.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE TIIANG. 20."
fardeau du gouvernement. Sa dynastie posséda pendant trente-trois ans le trône
tie la Chine méridionale. Le dernier empereur de la famille des Tchhin , plongé
dans la mollesse, était toujours renfermé dans son palais. Yang kian, premier
ministre, tuteur et grand-père maternel du dernier empereur des ITcou tcheou
(voyez page 199)» ayant déposé ce prince en 58i , devint le fondateur de la Dynastie <les Soui,
dynastie des 5(?Ht, Il envoya bientôt ses généraux dans le midi, à la tête d une
armée nombreuse. Elle passa le Kiang^ qui ne fut pas défendu par les Tchhin.
Ces derniers furent battus en plusieurs rencontres; leurs troupes se déban-
dèrent , et un grand nombre prit parti dans Farmée ennemie. Tous les efforts
devinrent alors inutiles. L'empereur, craignant de tomber entre les mains des
Soui, se précipita dans un puits, d'où on le retira encore vivant La capitale
fut mise au pillage. C'est ainsi que finit la dernière dynastie méridionale de la
Chine, et avec elle les Nan pe tehao , ou Indivision de Ferapire en deux, celui
du sud et du nord. La Chine redevint à cette époque (589) une monarchie
unique et puissante.
Le nouvel empereur de Soiti avait pris le titre de JVen ti, I^a sagesse de son
gouvernement le place à côté des plus grands princes qui ont régné en Chine.
Il promulgua un nouveau code de lois, qui fut basé sur celui de l'antiquité;
cependant il ne se montra pas imitateur aVeugle de toutes les institutions éta-
blies par les trois premières dynasties qui avaient régné en Chine. II fit même
des innovations qui auraient pu avoir des suites funestes pour lui et pour ses
successeurs, si la douceur de son gouvernement et sa perspicacité n'avaient
pas fait échouer toutes les tentatives des mécontents. Il voulait, par exemple,
introduire en Chine la division du peuple en quatre castes: elles paraissent Divisiomiu peupi
en quatre ciSles.
avoir été calquées sur le modèle de celle de 1 Inde, car il statua que le fils d'un
marchand ferait le négoce, que celui d'un laboureur travaillerait à la terre, que
celui d'un artisan apprendrait lui métier, et que celui d'un ofTfîcîer militaire ou
civil suivrait l'une ou l'autre de ces carrières. Il paraît cependant que ces
distinctions n'ont jamais été suivies rigoureusement , et qu'on est bientôt revenu
aux anciennes formes, qui laissaient à chacun la liberté de se choisir une occu-
pation. fVen ti, surpris du grand nombre de collèges entretenus aux dépens de
l'état , et de la prodigieuse quantité de lettrés subalternes dont Fempire four-
millait , ne conserva que le collège de la capitale. Il destina les bàliraents de
Bihlîolljêqtie
des empereurs.
6o4 de J.C.
ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
'ceux qu'il avait supprimés dans les autres villes à servir de greniers publics, et
ordonna que leurs revenus seraient employés à acheter des grains pour être
distribués au peuple dans les temps de disette. Malgré la sévérité qu'il déploya
dans cette circonstance, il ne fut nullement ennemi des lettres; il voulait seu-
lement supprimer la foule des demi - savants , qui se croyaient en droit de
prétendre aux plus hautes places dans le gouvernement. IF en ti n'était pas
lettré ; mais il estimait les livres et la littérature ancienne. Les princes de la
famille des Heou tclieou avaient recueilli jusqu'à dix mille volumes d'ouvrages
qui remontaient au temps des Tcheou et des Han. Le fondateur de la dynastie
des Soui y eu ajouta plus de cinq raille, fruit de ses conquêtes, ou qu'il avait
fait acheter, à grands frais, dans tout l'empire.
IFen ti régna avec gloire pendant seize ans. Il eut des démêlés avec les Thou
khiu ou Turcs, et avec le roi de lif Corée; il les termina glorieusement. Il était
sur le point de profiter des divisions qui régnaient parmi les premiers, lorsqu'il
mourut victiine de lambition de son second liis , qui lui succéda en 6o4 sous
le nom de Yang ti. Celui-ci employa les trésors amassés par son père à bâtir
une nouvelle ville à Loyang, dans le Ho nan. 11 y transporta sa cour et quitta
Tchhang ngan^ l'ancienne capitale de l'empire. Ses armées remportèrent d'abord
des victoires décisives sur les rebelles du Kiao tchi oa Tonquin, et effectuèrent
dans la presqu'île . . , , i i r •
lorientak* dénude, ensuite une mvasion heureuse dans le Ltn y ou Siam , dont ils prirent la capitale.
Ils y trouvèrent des richesses immenses , et entre autres dix-huit idoles en or
massif. L'empereur ne se contenta pas de bâtir partout des palais superbes,
il construisit aussi des canaux pour faciliter les communications entre les pro-
vinces de l'empire. Il fit également élever de vastes magasins destinés à mettre
des grains en réserve, et défendit d'y toucher, hors les temps de disette.
Sous son règne, le commerce intérieur de la Chine fut très florissant, et les
peuples de l'Occident vinrent aussi en foule trafiquer à Tchhang ye, ville qui
s'appelle a présent Kan tcheou, et qui est située dans la partie la plus orientale
de la province de Kan sou. On fut obligé, pour empêcher des désordres, d'y
établir des magistrats particuliers chargés de la surveillance de ces étrangei-s.
On profita de cette occasion pour recueillir toutes les notions qu'on pouvait
tirer de ces marchands sur les pays occidentaux, et on dressa une carte repré-
sentant les quarante-quatre principautés qui y existaient, réparties dans trois
Conquclcs
Commerce
nvec les peuples
occideataujt.
iiog de J.-(
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. ao5
• grandes divisions naturelles. Cette carte commençait à la montagne de Si khing,
;situéeversle lieu où le Houang ho, ou fleuve Jaune, entre en Chine, et s*éten-
Hait jusqu'à la mer Caspienne. Au milieu de cette carte on voyait les haute^s
montagnes du Tubet septentrional, appelées par les Chinois du nom collectif de
Kuen tun. Trois routes principales conduisaient delà Chine à Foccident: la première
se dirigeait par l' ou ( Rhamil ) , ou par le pays des Ouigour orientaux ; la seconde
par celui des Kao tckang , qui sont les Ouigour occidentaux; et la troisième
par Chen chen^ petite principauté qui se trouvait autrefois au sud du lac Lop j
et qui paraît depuis plusieurs siècles être ensevelie sous les sables mouvants.
L'inspection de ces mémoires et de la carte qui les accompagnait inspira Soumussion
à l'empereur le désir de se voir, à l'instar de ses prédécesseurs de la famille de de l'Asie moyenne.
Han , arbitre et chef suprême des royaumes occidentaux. Il chargea un des
grands officiers de sa cour de négocier leur soumission ; celui-ci réussit , mais
au prix de sacrifices considérables en argent et en marchandises , qu'il fut
obligé de distribuer parmi les princes de l'Asie centrale ^ pour les disposer à
entrer dans les vues de son maître. En 609 Yang ti entreprit en personne une
expédition contre les Thûu kti hoen, qui avaient négligé de lui envoyer le tribut
accoutumé. Il s'avança jusqu'aux frontières des Ouigour, et reçut les deux rois
de cette nation et vingt-sept autres des pays occidentaux, qui étaient venus lui
rendre hommage. La Chine reprit, sous son rtgne, celte prépondérance dans
TAsie orientale , qu'elle avait perdue par sa division en plusieurs états.
L'année suivante il envoya une expédition contre les iles LÀeou khieou, dont Iles Lieou kliieou.
le roi avait refusé de se soumettre. Les Chinois le battirent, et il resta sur le
champ de bataille. Plus de cinq mille insulaires des deux sexes furent trans-
portés en Chine. Yang ti ne fut pas également heureux dans ses guerres contre
la Corée , quoiqu'il commandât plusieurs fois son armée en personne. Malgré
ces entreprises guerrières il ne perdit pas de vue la littérature et les sciences; il
encouragea les lettrés de toutes les sectes. A l'exemple de son père, il augmenta
considérablement la bibliothèque de la capitale ; il porta le nombre des volumes
à cinquante-quatre mille.
Cependant les guerres extérieures , pour lesquelles Feropereur fut forcé de
surcharger le peuple d'impôts^ occasionèrent un mécontentement général ; il
se manifesta par plusieurs révoltes partielles, et finit par un soulèvement uni-
Révoltes
dans l'efDpire.
6i9 de J.C.
Dynaiitie
«les Thang,
6a6de J.C.
206 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
versel. Les différents chefs de rebelles cherchèrent à s'emparer du pouvoir
suprême, et érigèrent les provinces qu'ils occupaient en autant de principautés
ind<^pendantes.
Dans cet élat de choses, IJ yuan(i), un des grands de l'empire, secondé par
son fils Li chi min, se forma une armée considérahle , baltit plusieurs chef» des
rebelles, et s'empara de Tchhang ngan. Yang ii s'était depuis long-temps retiré
à Kiang iou, dans la province actuelle de Riang nan , où il s'abandonnait au vin
et aux femmes. Li yuan le déposa, et mit à la place un de ses petits-fils» qui
éprouva bientôt le même sort. Il fut rem[>lacé par son frère, avec lequel ^mt
en 619 la dynastie de Soui. Ce jeune prince tomba victime de l'ambition de son
ministre, qui le fit empoisonner pour s'arroger la dignité impériale.
Les deux derniers empereurs de la dynastie de Soui résidèrent à Lo yang
dans le Ho nan, pendant que Li yuan régnait à Tchhang ngan dans le Chensi,
sous le titre du prince de Thang, Après la destruction totale des Soui , Li yuan ,
qui avait pris le titre d'empereur, envoya Li chi min contre Lo yang. Celui-ci
s'empara de cette capitale et soumit en peu d'années toutes les provinces de la
Chine au sceptre de son père. l\ lui succéda en 626, sous le nom de fVen
ivou ti. Sous son règne la puissance de la nouvelle dynastie des Thang alla
toujours en croissant, et l'influence de la Chine dans l'Asie centrale augmenta
beaucotip par les divisions qfli éclatèrent dans l'empire des Thou khtu ou
Turcs. Les limites de la Chine proprement dite furent bientôt considérable-
ment étendues vers l'ouest. En 64o de notre ère, les villes de Khamii et de
Tour fan j appelées alors Y tcheou et Si tcheou, se trouvaient, avec le reste du
pays des Ouigour orientaux, enclavées dans les limites delà province de Loungsi^
qui comprenait presque tout le Tangout. Pour tenir le Thou kou hocn ( voyez
page 97 ) en respect, et pour empêcher les Thon fan ou Tubétains ( qui com-
mencèrent déjà à déployer leur caractère entreprenant) d'avancer vers le nord,
et d'interrompre par là les relations politiques et commerciales que la Chine
entretenait avec l'occident de l'Asie . la cour de Tchhang ngan établit dans
le centre même de l'Asie quatre TcAm ou gouvernements militaires; savoir,
(1) II ét^lt de ranciertne maison de Lt, décorée du litre de soureraine du pays de Liang
tcheou, dans le Kan sou, par les erapcrcurê de la dynnslîe des Tsin. Elfe perd il celle priiici-
paulé en 4^»''* de noire ère.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. ^07
celui de Khottei thsu ou Kou tche , de nos jours, à louest de Kharachar, et
au sud-est d'Aksou ; celui de Pi dm, dans le pays de Khotan ; celui de Y an khi
ou de Kharachar, dans le pays des Ouigour occidentaux, et celui de C/tou ie
ou Kach^ar, Ces quatre gouvernements étaient entourés par les chaînes neigeuses
de Thsounf^ iins^eï de Thian chan. Les pays situés au nord-ouest et k Fouest de Mouarchie
^ ° ■ . 1 • * . 1 - 1 - ■ I (eudalairc dans
ces quatre gouvernements se sounnrent bientôt a la puissance chmoise ; les FAsîe movcnne.
Thang appelaient Pa mi les principautés qu ils avaient prises sous leur protec-
tion. Bieutùt toutes les vastes contrées situées entre la Chine et la Perse obéirent
aux lois du céleste empire. Le chef suprême de cette vaste souveraineté se
trouvait à la tête d*une monarchie composée de plusieurs étals feudataires,
dont les princes étaient censés gouverner en vertu d'un diplôme impérial, mais
qui pourtant continuaient à être maîtres absolus chez eux, quoiqu'ils por-
tassent le titre de gouverneurs chinois. Parmi ces Pa mi on en comptait seize du
premier rang, gouvernés par des rois, et qui avaient le [titre chinois de Tou tou
/i?« ou de vice-roi. Soixante-douze autres états de moindre importance étaient
Ti hcou, ou district du second rang. Sous ces Tou tou fou et Tcheou il y avait cent
dix ftian ou villes du troisième ordre ; on comptait en tout cent vingt-six campe-
ments militaires gardés par des troupes inupériales. Les Chinois ne se mêlaient
pas de l'administration intérieure des états des princes indigènes , qui s'étaient
reconnus vassaux de l'empereur , en recevant de lui des patentes , des sceaux
et des ceintures. Ceux-ci n'étaient tenus qu'à envoyer de temps en temps des
ambassades et des présents à la cour, et à conserver la tranquillité dans leur
pays. De cette manière, le commerce de la Chine avec les pays occidentaux était
protégé et pouvait se maintenir dans ces contrées lointaines.
Les frontières de rempire des Thang s'étendaient donc à l'ouest jusqu'à la
Perse orientale et jusqu'à la mer Caspienne, et au nord jusqu'aux monts Altaï
etTangnou. La Sûgdianeyie Tokharestân et une partie tlu Khorassân, et les pays
traversés par la chaîne de l'Hindoukouch obéissaient à ces princes. Le règne de
Jf^in ivoa ft fut un des plus brillants de ceuxqui ont illustré la Chine. Il reçut des
ambassades non seulement de tous les princes feudataires , mais même des pays
les plus éloignés, tels que le Nt'pàl et le royaume de Magadhâ dans l'Inde; de
Jezdedjerd, roi de Perse , qui chassé par les Arabes vint en Q7)^ se réfugier à
Ferghana , soumis à la Chine ; enflu une ambassade de Fou lin ou de l'etupire
Extension
des limites
fie rempîrr.
Ambassade
raiîiaine.
de la Corde.
Introduction
du christianisme'
en Chine.
208 EVENEMENTS DE LA CHINE
romain, de laquelle j'ai déjà parlé page 70, apporta en 643 des présents con-
sistant en cristaux de couleur pourpre (rubis) et en émeraudes. L'histoire de
la Chine renia rque à cette occasion que dans ce temps les Ta chy ou Arabes
devinrent puissants et entrèrent dans le pays des Eomains. Leur général battit
l'armée de ces derniers, et les força à faire la paix et à payer tribut à son maître.
Vers la fin du règne de Wen wou ti, une révolution eut lieu en Corée. Kai sou
wen, un grand de ce pays, assassina son roi en 642, et fit proclamer le neveu
de sa victime. Ce ne fut que deux ans plus tard que l'empereur résolut de
punir cet attentat. Il se mit à la tête de ses troupes et entra dans les provinces
appartenant aux Coréens. Malgré plusieurs victoires, il fut obligé de faire
rebrousser chemin à son armée, qui était sur le point de périr faute de vivres.
En 648, les Chinois passèrent le Ya lou kiang, qui fait la limite de la Corée pro-
prement dite, et battirent les Coréens. Cette guerre, qui ne finit que sous le
successeur de Wen wou ti , se termina en ^iy^ par la soumission totale du royaume
de Kao li.
L'expédition contre la Corée fut la dernière que Wen wou ti put entrepren-
dre. La mort surprit ce grand prince à 1 âge de cinquante-trois ans. Il avait le
premier conçu le projet de mettre son père Li yuan sur le trône , que les derniers
rejetons de la famille de Soui occupaient pour le malheur de la Chine. C'est
encore lui qui, par ses grandes qualités, a puissamment contribué à exécuter
ce dessein, de sorte qu'on peut le regarder comme le véritable fondateur de la
dynastie de Thang. Ce monarque joignit un esprit supérieur à tme sagesse peu
commune. Il était habile littérateur, plusieurs de ses écrits qui existent encore
prouvent qu'il ne méritait pas seulement de briller par ses qualités guerrières.
C'est sous le règne de ce grand empereur quO hpen , prêtre nestorien , origi-
naire du Tha thsin ou de l'empire romain, apporta les premières notions de la reli-
gion chrétienne en Chine. Il arriva en 655 à Tchhangngan. L'empereur envoya
à sa rencontre un des grands de sa cour pour l'amener au palais, fit traduire
les livres saints qu'il avait apportés , et se convainquit que la doctrine qu'ils
contenaient était véritable et salutaire. Il ordonna en 658 qu'on élevât dans la
capitale même un temple de la nouvelle religion , et que vingt et un prêtres
y fissent le service divin. Cet événement remarquable est pleinement constaté
par le célèbre monument de Tchhang ngan , ou Si ngan fou , qui fut érigé en
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 209
781 , et retrouvé en i6a5. Ce moniiment porte toutes les preuves d'authenti-
cité désirables; il aurait été également impossible à un Chinois et à un Euro-
péen de l'inventer et de l'exécuter tel qu'il est, comme tous les juges compé-
tents peuvent TafOrmer. Des écrivains ignares ont osé contester celte authenti*
cité ; d'autres ont été jusqu'à nier son existence, et ont accusé les missionnaires
qui en ont parlé d'avoir, par une fraude pieuse , supposé ce monument.
Quand cette supposition eut été praticable au milieu d'une nation défiante et
soupçonneuse , dans un pays où les particuliers et les magistrats sont égale-
ment mal disposés pour des étrangers, et surtout pour des missionnaires; où
tout le monde a l'œil ouvert sur les moindres démarches ; où l'autorité veille
avec un soin extrême à tout ce qui tient aux traditions historiques et aux mo-
numents de l'antiquité ; il serait encore bien difOcile d'expliquer comment les
missionnaires auraient été assez hardis pour faire imprimer et publier à la
Chine, et en chinois, une inscription de dix-huit cents mois qui n'auraient
jamais existé; comment des gens, qui ne venaient que d'arriver en Chine , au-
raient-ils pu imiter le style chinois, contrefaire la manière des écrivains de la
dynastie des Thang , rappeler des usages peu connus, des circonstances locales,
des dates conçues dans les figures mystérieuses de Tastrologie chinoise ; le tout
sans se démentir un seul instant, et de manière à en imposer aux plus habiles
lettrés, intéressés, par la singularité même de la découverte , à en discuter
Faulhenticité. On serait donc obligé de supposer qu'uti lettré chinois , et un
lettré des plus érudils, se serait joint aux missionnaires pour tromper ses com-
patriotes. Mais ce n'est pas tout: les bords de l'inscription sont couverts de
noms syriens en beaux caractères siranghélo. Le fau.ssaire savait donc le sy-
riaque; ainsi cet homme aurait été en état de faire graver sous ses yeux , avec
exactitude, quatre-vingt-dix lignes d'écriture syrienne qui était en usage au-
trefois, et dont la connaissance est aujourd'hui peu répandue. I^ liste des prê-
tres syriens qu*on iit sur le monument offre plusieurs noms peu connus en-
core à l'époque où on a placé la découverte de cette pierre , avant la publi-
cation des extraits d'Assemani. Le faussaire était donc un homme qui avait fait
une étude approfondie des monuments syriaques. D'ailleurs , il ne suffirait
pas d'expliquer la supposition de l'inscription dans l'édition chinoise, et dans
les copies rapportées par les PP. Semedo , Martini et Boym ; il faudrait encore
37
è^
210 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
rendre raison de la fahrjcahem du monument; cir la pierre existe: elle a dix
pieds de haut sur cint] de large; on en a pris des empreintes en y posant du
papier transparent après l'avoir enduit d'encre; et la gravure réduite d'une de
ces empreintes est à lu bibliothèque du Roi , à Paris, et dans d'autres collec-
tions de l'Europe. Déplus, ce ne sont pas les missionnaires qui l'ont trouvé
dans la terre , ce sont des ouvriers chinois qui creusaient les fondements d'une
maison particulière ; c'est le gouvernement cliinois qui l'a fait relever et placer
sur un piédestal, dans un temple didoles du voisinage, sans se douter qu'il
était la dupe d'une fraude pieuse. Ainsi il avait fallu faire composer cette in-
scription eu chinois, par un lettré gagné à prix d'argent ; y faire ajouter des
lignes syriaques par ini écrivain habile à tracer le stranghélo , faire bien soi-
gneusement graver le tout sur une pierre , enfouir cette pierre sans qu'on s'en
aperçut, diriger les fouilles des maisons de la ville de manière que les ou-
vriers pussent la retrouver. Que de fourberies, que de soins, que de peines ,
(|ue de risques même, chez un peuple comme les Chinois. Et dans quel but?
Pour établir d'une manière plausible , ce qu'on savait d'ailleurs, qu'aux sep-
tième et huitième siècles de notre ère les Syriens avaient construit quelques
égUses à Si ngan fou, et qu'un certain nombre de Chinois avaient embrassé le
nesloriauisme. Voilà sans doute un objet peu digne des moyens f|u'oti était
forcé {l'employer; on ne devine pas ce que le catholicisme avait à gagner dans
toute cette affaire, ni conmient les jésuites pouvaient se trouver récompensés de
leurs peines, en voyant leur inscription placée daus un temple d'idoles au fond
de la [>roviuce de Chen si (i).
Le iJls de Wen wou ti monta en G5o sur le trône, sous le titre de Iliao tt._
Ce prince , ayant couru une passion violente pour une des dames dti palais de
son père, l'épousa bieiittU, et l'éleva au rang d'impératrice. C'était la fameuse
Ou nm y plus comme sous le nom de Ou heou. O^lle femme ambitieuse
s'empara entièrement tle l'esprit du nouvel eTupereur, qui n'était doué ni du
génie ni des grandes qualités de son prédécesseur. Elle gouverna la Chine en
^ olx^hcmi' *^' souveraine presque absolue jusqu*à la mort de son époux, arrivée en 685;
elle déposa bientôt son propre fils, qui avait succédé à Hiao ti , et monta elle-
lliao li,
«îSo de J.-C.
(i) Mélanges mititiqitcs , pnr M. Abcl Rcmusnt ; Pnn>, i8u5, toI. I, pag. S^.
JUS<^*A L\ FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 211
même sur le trône, sous le tilre de On houang heou , ou impératrice souve-
raine de la famille â*Ou. Cette usurpation excita, au coraineucement de son
règne, plusieurs révoltes, qui cependant furent toutes apaisées. Llmpéra-
trice savait gouverner , et sa sévérité , qu'on pourrait appeler cruauté , tenait
les mécontents en respect. Du temps de son époux , les Tubétains , devenus Conqiu-tes
, . , des Tubt^ains dans
très puissants, s étaient emparés de plusieurs pays de l Asie centrale. Ils se trou- lAsic centrale „
vaient » en Gga , maîtres de Khouei ihsu (Koutthé), de Khotan , de Chou té
ou Kachghar, et même de Soui yé, ville située au nord des montagnes célestes ,
sur les bords du Tsoui , dans le voisinage de l'entlroit où cette rivière sort du
lac Teraourtou ou Issi koul. Le gouverneur cbinois de Si tchcou (Tourfân)
demanda à rimjïératrice la permission de les cbasser de ces contrées. .Elle v
consentit , et lui envoya un corps d'armée considérable, avec lequel il battit les
Tubétains et rentra en possession des quatre royaumes ou gouvernements mi-
litaires de riiitérieur de l'Asie. Oji établit alors le gouvernement général des
pays occidentaux à Koutclié , et les princes feudataires qui avaient quitté le
parti des Chinois furent forcés de rentrer dans lobéissance. Dans l'orient, la
cour de Tcbhang ngan eut bientôt de rudes guerres à soutenir contre les Kkilan,
(Voy. pages 89 et 1 56. ) Ceux-ci finirent par être repoussés à l'aide des Turcs.
Cependant ces derniets ne cessèrent pas de faire leurs incursions accouttiraées
dans les provinces septentrionales de lempire.
L'impératrice Ou houang heou avait toujours nourri Tespérance de placer sa
famille sur le trône, au préjudice de celle des Thang. Mais eUe se convainquit
avec le temps que ce plan était chimérique, puisque la nation voidaît le con-
traire , et puisque ses voisins , les Turcs et les Tubétains , étaient animés des
mêmes sentiments. Elle commença donc à faire revenir à la cour son fils ,
qu'elle avait privé de la dignité impériale, cl le nomma de nouveau prince
héréditaire. Cette mesure amena la fin de son règne; il se termina par une ré-
volution du palais qui éclata en 706 , et qui remit Tempereur Tchoung tsoung yoSdcJ.-C.
sur le trône. Ou houang heou mourut bientôt après, âgée de quatre-vingt-un
ans.
Tchoung tsoung était un prince indolent ; il laissa gouverner son épouse , à Tchoung tsoung.
l'exemple de son père , qui avait laissé les rênes de letat à Ou houang heou.
I>es princesses et les dames du palais vendaient publiquement les emplois.
212 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
remettaient les peines dues aux crimes , donnaient des ordres et y fai^ient
L'Jmpt-raLricc apposer le sceau de l'empire. L'impératrice Ouei cki était présente aux au-
Ouci chl. ^^ , ,
diences publiques ; elle s'y tenait derrière un rideau , pour entendre tout ce
qui s y disait. Tous les placets des ministres passaient par ses mains; Tcmpe-
reur ne faisait rien que de son consentement. Une femme ambitieuse ne peut
pas longtemps estimer un homme qui n'est que Tesclave de sa volonté. Ouei
cki cessa donc bientôt d'avoir de la tetidresse pour soti mari ; elle choisit
pour amant Ou san siu , neveu de l'impénilrice Oti liouang heou , et se livra
sans contrainte à son penchant pour lui. L'empereur resta long-temps insen-
sible à toutes les représentations qu'on lui faisait sans cesse sur les abus
dans l'administration des affaires , ainsi que sur les désordres et la vie scan-
daleuse de son épouse et d*autres dames du palais. Il n ouvrit les yeux que
trop tard; et avant qu'il put faire quelque chose pour se tirer des ûlels des
traîtres qui rentourèrent , il mourut empoisonné par l'impératrice Ouei cki.
Celte princesse tint sa mort cachée jusqu'à ce qu'elle eut arrangé ses propres
aflaires, fit écrire un ordre supposé de l'empereur , qui déclarait un jeune
prince de seize ans son successeur, et elle-même régente de l'empire. Elle
échoua pourtant dans son projet, et trouva la mort avant de l'exécuter. Le suc-
cesseur de Tchotmg tsoimg ne régna que trois ans, et abdiqua , en 712 , en fa-
lliutQ i^ouog, veur de son fils //ii/£i« tsoting. Ce grand empereur commença son règne par
la réforme des abrjs nombreux qui setaîent glissés dans l'administration civile
et militaire; il réduisit tes dépenses énormes auxquelles la cour avait été ac-
coutumée , pendant le gouvernement des deux impératrices qui avaient
occupé le trône ; il diminua !e nombre des officiers , tant dans la capitale que
dans les provinces ; remit en vigueur les anciennes lois, et en fit de nou-
velles , conftjrmes aux circonstances et aux mœurs présentes de la nation ;
il restreignit aussi le nombre des bonzes , et en renvoya plus de douze mille
dans leurs familles , pour y être employés à des professions utiles. Il lit abattre
un grand nombre de temples consacrés au culte de Bouddha, fit fondre les
statues de cette divinité et de ses saints, et défendit d'en fabriquer de nouvelles.
Ces sages mesures rendirent bientôt à l'empire la prépondérance politique
sur les nations voisines, T^s Thou fan , ou Tubétaius , qui avaient envahi
«de J.-C. ^^J^ç grande partie de l'Asie centrale , s'emparèrent, en 713, du Ferghana, sur
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 2i3
le bord du Syr supérieur. Ils étaient alors alliés aux Arabes , et avaient un
corps auxiliaire de cette nation dans leur année. Le roi de Ferghana chercha
> protection et assistance contre eux chez le gouverneur chinois des pays occi-
dentaux. Il Alt puissamment secouru et rétabli dans ses états ; les Tubéiains ,
vaincus et chassés de leurs conquêtes , se trouvèrent réduits à demander la
paix aux conditions qu'on voudrait imposer. Elle leur fut accordée. Le suc-
cès rapide des armées chinoises les fit craindre dans l'occident de l'Asie;
les peuples de la Sogdiane et plusieurs chefs arabes [se soumirent. Cependant
la puissance toujours croissante des Arabes en Perse, et plus tard celle des
Abassides, dans le Khorassân et aux bords de l'Oxus , les entreprises guer-
rières des Tubétains, qu'aucun désastre ne pouvait rebuter, et la prépondé-
rance que les Khitan acquirent dans la partie la plus orientale de l'Asie moyenne,
menaçaient de détruire le système feuclataire que la Chine avait établi dans
les pays situés entre l'Océan oriental et la mer Caspienne.
Plusieurs guerres contre les Tubétains et les Khi tan , qui avaient fait des in-
cursions dans les provinces limitrophes de l'empire, feirent terminées glorieu*
sèment pour les Chinois. Kao sian tcki fut le héros qui , dans la première
moitié du huitième siècle , tint en bride les Tubétains et les Arabes dans
rjVsie centrale. En y4j , il les chassa les premiers du royaume de Po Un ou
Borout; deux ans après il s*empara, par ruse, de la ville de Cfiy ou Chach
( Tachkand de nos jours) , fit prisonnier le roi de ce pays, et pilla le palais et
la ville. Le fils du roi parcourut les pays voisins pour avoir du secours contre le
général chinois, dont la mauvaise fui et l'avarice révoltaient les princes feu-
dataires. Tous implurèrent le secours des Arabes, et, pour se venger, ils réso-
lurent d'attaquer les Chinois , et de leur enlever le^ quatre gouvernements mi-
litaires qu*ils avaient dans la petite Boukharie. Kao dan tclii, à la tête de 5o,ooo
hommes, alla k la rencontre des alliés; il fit plus de soixante-dix lieues sans
^ se reposer , et son armée souffrit beaucoup dans celte marche. Toutefois il
^■voulait combattre l'ennemi; il fut entièrement défait, et perdît la plupart
de ses troupes. Il s'enfuit pendant la nuit , et se rendit à Ngan si (Koutché).
Cette bataille se donna sur les bords du Taias , qui coule presque parallèle-
ment avec le Tchoui.
Cette même année fut partout désastreuse pour les armées chinoises. Le gé-
Affaiblîâsement
de la puissance
chinoise dans
l'Asie ceniralc
Kao sian tclii
balle» Tubétains
en 747 flf-'J* C,
U est défait.
Gueires
tiiiiitieureuses
contre les Khîtaa
t't les >an ichao,
75a de J.-C.
2i4 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
néral Ngan toit chon , favori de lemperetir et de ses reines, ayant marché à la
tête de soixante mille hommes , contre les Khîtan , fut totalement battu , et ne
parvint qu'avec peine à se sauver avec une vingtaine de cavaliers. A la même
époque les Chinois avaient une guerre à soutenir contre le roi de /Van ichao^ dont
les états se composaient d'une grande partie de la province de Yun nan et des
pays adjacents. Les invasions qu'ils ne cessaient de faire sur son territoire le
forcèrent de repousser ces agressions. La fortune lui fut favorable, et la guerre
éclata bientôt entre les deux nations. Une armée chinoise de quatre-vingt raille
hommes fut entièrement défaite, et réduite à un quart de sa force. I^e roi de
Nan tchao sentit pourtant que, malgré cette victoire , il ne serait pas capable,
sans un appui puissant, de résister aux forces de tout l'empire; il se soumit donc
aux Tubétains , dont les états confinaient aux siens. Cette alliance entre deux
voisins si redoutables eut des suites fiuiestes pour l'empire.
En 752 , le roi de Thsao , dans la Sogdiane , qui était resté fidèle aux Chi-
nois, demanda à l'empereur la permission d attaquer les Arabes qui avaient
des habits noirs , c'est-à-dire les Abassides ; mais elle ne lui fut pas accordée.
Malgré l'échec que Kao sian tchi avait essuyé dans TAsie centrale, TinOuence des
Chinois n'y avait pas beaucoup diminuée ; elle y fut rétablie entièrement en 755,
quand le comnçiandant des quatre gouvernements militaires battit les peuples
de Grand Doroul. Cette victoire fit rentrer dans lobéissance les petits princes
tributaires, et l'année stiivante phisieurs roitelets voisins de la Perse en-'
voyérent des ambassadeurs à la cour de Tclihang ngan.
Le règne de Uiaan isoung avait commencé sous des auspices heureux : la
conduite de ce prince continua pendant long-temps à être irréprochable. Du-
rant vingt-deux ans, livré tout entier aux soins du gouvernement, il ne mon-
tra que des vertus. Tout prospéra dans l'état tant que l'empereur eu tint
lui-même les rênes, mais quand, amolli par les plaisirs du palais, il eut
négligé le soin des affaires, les femmes et les eunuques surent bientôt écarter le
petit nombre de conseillers sages qui l'aidaient à porter le fardeau de l'empire,
et s'emparèrent de toute l'autorité, dont ils abusèrent de la manière la plus
indigne, lliuan tsoung , entièrement abandonné à leurs suggestions , et cap-
tivé par une confiance aveugle, eut encore le malheur de choisir pour favori le
Kgon loti clinti. traître Ngan hu chan. Ce Turc, qui s'était réfugié en Chine, obtint d'abord
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG- 2i5
un eià|)loi subalterne dans l'armée. Un officier général , charmé de sa bonne
mine et de sa bravonre , l'.idopta , et Itii fit faire son chemin. Ngan lou ckan
devint bientôt général, et prouva par sa conduite qu'il n'était pas indigne de
ce poste. Il se distingua dans plusieurs occasions importantes , et mérita une
attention particulière de la part du souverain. Lempcreur le vit , le mit au
nombre de ses officiers , et en Ht bientôt son favori de prédilection. Il le com-
bla de biens, et après l'avoir fait passer successivement par les dignités les
plus honorables, il leleva enOn l\ celle de prince, et lui accorda toutes le^
prérogatives de ce haut rang. L'ambition étant devenue la passion dominante
de ce favori, il ne pensa qu'à augmenter son autorité, pour parvenir, après la
mort de son bienfaiteur, à se rendre indépendant et à se former un petit état.
L'empereur l'avait fait et nommé gouverneur général des provirices situées au
nord du Uouang ho, qui à cette époque se déchargeait encore dans le golfe
de Peking. Ngan lou chan eut ainsi tout le loisir nécessaire pour travailler à
l'exécution de ses projets. Des serviteurs fidèles avertirent l'empereur de ce qui
se tramait contre la sûreté de l'état; quoique doutant delà vérité de ces accusa-
^tions, le monarque appela pourtant son favori à la cour: celui-ci s'empressa d'y
' venir. Son arrivée dissipa tous les soupçons qu'on avait fait naître dans l'esprit
de Hiuan Isoiing. Content de cette marque d'obéissance, il renvoya le Turc dans
son gouvernement, et le remit à la lè(e des troupes qui étaient sur les frontières.
Ngan lou chan comprit bien que si cette fois il avait échappé h la disgrâce
de son maître, il ne pouvait pas espérer de tenir toujours tête aux représenta-
tions que des ministres clairvoyants et fidèles feraient à l'avenir sur son
compte. Il se décida donc de hâter l'exécution de ses plans, sans attendre la
mort de Iliuan taoung. Aussitôt qu'il fut arrivé dans son gouvernement, il
disciplina ses troupes, en augmenta le nombre, et s'efforça de s'en faire ai-
mer. Il fit venir de chez les Turcs et les Khitan beaucoup de chevaux pour
remonter sa cavalerie. Quand il se crut en état de tout entreprendre, il pu-
blia que rcmpereur lui ordonnait d'aller à son secours, à la tète de son armée,
pour le délivrer de la tyrannie de ses ministres, qui, s'étant emparés de l'au-
torilé, le tenaient prisonnier, et bouleversaient l'empire. Sa hardiesse, la
réputation dont il jouissait, les faveurs sans nombre qu'il avait reçues de
sou maître, en imposèrent h la multitude. A la fin de l'an ^^5 le rebelle
Sa revofle
en 755 de J.-G
J* S
Prise
rie TUuu)i|j; kouan
JNgiit) lou chan
prend le litre
«i'cinijercur
en yiiO lie J*-C.
2',6 EVENEMENTS DE LA CHINE
se met en marche à la tête de cent vingt mille hommes ; il passe le HouJtng EôT
s'empare des villes qu'il trouve sur sa route, y place des garnisons , et se trouve
maître de la partie nord-ouest de la Chine avant qu'on eût pensé à Tchhang ngan
à se mettre en défense. Cependant les nouvelles de sa révolte arrivaient de tous
côtés à la cour; l'empereur avait encore de la peine à y croire.
Malgré le peu de troupes que Hiuan tsoung pouvait opposer à Ngan lou chan,
il trouva pourtant encore beaucoup de serviteurs fidèles , qui sacrifièrent leui-
fortune et leur vie pour sauver Fempire et leur souverain légitime. Pendant plu-
sieurs mois les trftupes impériales firent des prodiges de valeur ; mais l'infério-
rité de leur nombre et la mauvaise fortune leur firent perdre presque toutes les
batailles.
Pour pénétrer du centre de la Chine » ou de la province âeHo nan^ dans celK»
de Chen si où se trouvait Tchhang ngan ^ capitale de l'empire des Thang, il faut
suivre une vallée étroite , qui est défendue par la fameuse forteresse de Thoung
kouan. Les généraux de l'empereur avaient fait ce qui était possible pour em-
pêcher les rebelles de s'emparer de cette place. Un brave officier serait vraisem-
blablement parvenu à les retenir ; mais des ordres insensés , que le conseil au-
tique de (a guerre lui envoyait de la cour, et qu'il fut forcé d'exécuter, furent
la cause que les rebelles le repoussèrent sur tous les points avec une perte con-
sidérable, et que son armée, intimidée par ces échecs, se débanda presque en
même temps de tous côtes. Le général ennemi tomba sur ces débris, acheva de
remporter une victoire complète, à la suite de laquelle il enleva Thoung kouan.
Le général chinois, qui s'était sauvé avec cent cavaliers, fut arrêté et conduit à
Ngan lou chan , qui était kLo yang ; l'accueil que ce dernier lui fit l'engagea à
servir sous ses drapeaux , où il n'avait pas à craindre de recevoir ie? ordres
ineptes d'un conseil auiique de la guerre,
A la première lune de Tan 766 Ngan luu chan s'était déclaré empereur ; par la
prise de Thoung kouan la route de la capitale lui fut ouverte. Hiuan Houng^rh la
résolution de se retirer dans le pays de CAou^qui est la partie orientale de la pro-
vince actuelle de Szu tchhouan. Ngan lou chan , ayant réuni toutes ses troupes,
s'avança vers Tchhang ngan: il y entra sans tirer Tépée. Officiers et soldats s'y
livrèrent à la débauche, ce qui donna à l'empereur le loisir d'arriver tranquil-
lement dans le Szu tchhouan, et au prince héréditaire celui d'aller sans danger
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 217
à Phing iiangy dans le Chen si, où il fit quelque séjour. Au milieu de tant de
disgrâces Hiuan tsoung reconnut ses fautes , et se déchargea sur son fils du soin
de les réparer; il lui envoya les sceaux de l'empire, et se démit de l'autorité sou-
veraine en sa faveur. Cet événement fut un sujet de joie pour toute la Chine;
on reprit courage; les fidèles sujets des Thang accoururent se ranger sous les
drapeaux du nouvel empereur Sou tsoung; le roi de Khotan, un des princes feu-
dataires et alliés de l'empire, vint à son secours; tous les états de la petiie
Boukharie, le kakhan des Hoei heou Ouigour, le roi de Ferghana et les Arabes
envoyèrent des troupes auxiliaires contre les rebelles, dont la puissance fut
bientôt brisée, Nganbu ckan, après avoir été battu plusieurs fois, tomba sous le
fer d'un de ses propres serviteurs, et son parti fut entièrement dissipé- ^
Les espérances qu'avait données Sou tsoung au commencement de son règne
s'évanouirent bientôt; il suivit l'exemple de son père, et se laissa gouverner par
les femmes et les eunuques. De nouvelles révolutions éclatèrent, et les troubles
ne cessèrent pas pendant les six ans de son règne. Les Arabes et les Persans
faisaient à cette époque un commerce considérable à Canton, appelée alors Thsing
hai. En 76^, profitant des troubles qui décKi raient la Chine, ils excitèrent une
émeute dans cette ville, à la faveur de laquelle ils pillèrent les magasins, brû-
lèrent les maisons des marchands , puisse retirèrent par mer.
Hiuan tsoung et son fils Sou tsoung paraissent avoir été adonnés à la croyance
des nestoriens; le premier s était retiré dans le palais de Hingkhing koang , qui
est le même où le monument des chrétiens syriens, duquel j'ai parlé plus haut,
dit qu'il avait établi une église de leur secte. La religion chrétienne fut confon-
due alors avec celle de Bouddha ou de Foe, c'est pourquoi il est souvent diffi-
cile à reconniutre de laquelle de ces deux croyances il est question chez les
historiens chinois.
Sou tsoung eut pour successeur son fils Taï tsoung. Le chef des rebelles,
qui occupait Lo yang, ayant déjoué toutes les entreprises de la cour pour l'exter-
miner , devint de jour en jour plus puissant. L'empereur fut donc forcé d'avoir
de nouveau recours aux Hoei iie ou Ouigour, à l'aide desquels il parvint en 763
à reprendre cette ville et à détniire les rebelles. I^s guerres civiles avaient
obligé la cour de retirer de la frontière des Tubétains les troupes chargées de
la défendre contre les incursions de ce peuple. On les avait remplacées par de
28
Sou tsumig.
Clirîâtianisme
prot*^gtî.
Taï Isoutig ,
76a rie J.-C.
Invasion
des Tiibétains
en Cbioe, et prise
de la cnpitate
de IVmpirc.
Te tsoung,
-jygkSoS de J.-C.
Lîiîue contie
les Tubetains.
790 de J.*C.
F Les Cliiiioi^
rdeni TAsic
eenlrale.
Ambassade
diikhalifeHarmm,
J98 de J,C.
ai» ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
nouvelles levées peu aguerries. Les Tubétains profitèrent de cette circonstance
pour effectuer la grande invasion en Chine que j'ai menlionnée à la page i34,
et qui finit par la prise de Tchhang ngan, la capitale. Ces étrangers furent bien»
tôt repoussés et obligés de se retirer dans leurs frontières , mais la paix intérieure
et extérieure de l'empire ne fut rétablie qu'en 766. La tranquillité fut souvent
troublée pendant les dix-sept années du régne de Taï tsoung, et la guerre
avec les Tubétains désola les provinces de l'ouest de la Chine. Le gouvernement
de son successeur Te tsou7ig, qui dura de 779 jusqu'en 8o5, ne fut pas non plus
très paisible. L'empereur, obligé de quitter sa capitale pour se soustraire à la
fureur d*une milice révoltée par les mauvais procédés de son ministre Lou ni,
eut encore lecbagrin devoir ses serviteurs fidèles tourner leurs armes contre lui.
Une amnistie générale, qu'il accorda en 784, fît cependant rentrer les révoltés
dans leur devoir, et rétablit le calme pour quelque temps.
Pendant ces troubles intérieurs la guerre avec les Tubétains continua tou-
jours. Un des ministres de l'empereur fît voir à ce monarque la nécessité de
s'allier avec les Ouigour contre ces ennemis incommodes. Il lui proposa donc
d'accorder au kakhan de cette nation belliqueuse la princesse chinoise qu il
vint demander en mariage (787). On députa aussi des grands de l'empire au
roi de Nan tchao, à différents princes des Indes et au khalife des Arabes, pour
engager ces souverains à tourner leurs armes contre les Tubétains , dont tous
avaient à se plaindre. Les Ouigour furent les premiers qui signalèrent leur zèle
contre l'ennemi commun. En 7()o, les Tubétains furent aussi battus en Chine;
mais ils devinrent de plus en plus redoutables par leurs fréquentes incursions
sur le territoire des villes de la province de Chen si. Ils défirent, la même année,
l'armée des Ouigour prés de Pe thing ou Bich-baiik : les Chinois perdirent alors
presque toutes leurs possessions dans la petite Boukharie , à Texception de ïa
ville et de la forteresse de Si tckeou , qui se trouvait près de l'emplacement
actuel de Ton rfân. Les Tubétains devinrent très puissants par ces conquêtes.
En 798 le khalife Ga /im (Haroun) envoya trois ambassadeurs à l'empereur;
ils se conformèrent k la cérémonie de se mettre à genoux et de frapper du
front contre terre pour saluer le monarque chinois. Les premiers ambassadeurs
du khalife qui vinrent k la Chine eurent d'abord de la peine à s'y résoudre. Sui-
vant les historiens chinois, ces mahométnns disaient qu'ils ne se mettaient à
Jliau tsuung ,
8o5 de J.-C.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 219
genoux que pour adorer le ciel. Dans îa suite, jnstruits de cette mamère de
témoigner du respect au fils du ciel, ils n'eurent aucun scrupide; c'est pourquoi
les auteurs chinois, en racontant l'ambassade du khalife lîarouu, observent que
la cérémonie d'usage pour saluer l'empereur de la Chine fut faite par les
envoyés mahométans.
Malgré ses grandes qualités, Te tsoung commit plusieurs fautes, qui rem-
plirent son règne de guerres et de troubles. Il écoutait trop facilement ses mi-
nistres et ceux qui l'entouraient; peu attentif de ce qui se passait hors de l'en-
ceinte du palais, il mécontenta les ofûciers des provinces, et accabla le peuple
d'impôts, sans cependant pouvoir mettre de l'ordre dans les finances. Son fils
ne régna que quelques mois; une maladie , qui lui avait ôté la parole, lobligea
d'abdiquer en faveur de Zfian isoung, qui lui succéda en 8o5. Celui-ci était un
prince sage, judicieux et vaillant, toujours occupé des soins du gouvernement,
mais trop confiant. La faiblesse qu'il montra pour ses favoris et pour les eunu-
ques fut la cause de sa perte; il mourut eu 820 empoisonné par les derniers, qui
répandirent dans le public le bruit qu'il s'était donné la mort, en prenant le
breuvage de l'immortalité. Il eut pour successeur Mou tsoung , l'un de ses fils,
dont le règne est remarquable par le traité de paix conclu en 83 1 entre la Chine
et le Tubet : le contenu en fut gravé sur une table de pierre , qui existe encore
dans le grand temple à H* lassa. I/empire jouissait d'une tranquillité parfaite au
dehors; Tempereur licencia la plus grande partie de ses troupes, et grossit par
là le nombre des rebelles, qui continuaient à remuer sourdement. Mou tsoung
Lut aussi le breuvage de l'immortalité, et mourut empoisonné, après avoir régné
trois ans et demi. Les eunuques ^^hcèrent Ktng tsoung, î>on fils, sur le trône, et
l'en firent descendre peu de temps après, pour donner toute lautorîté à l'impé-
ratrice sa mère ; mais, craignant que ce jeune prince ne trouvât moyen de se ven-
ger , ils l'assassinèrent un soir à son retour de la chasse.
fVen tsoung^ frère de King tsoung, gouverna quatorze ans avec sagesse , autant ^1" J*"/**!?
que \e& circonstances critiques où il se trouvait |M>uvaient le permettre. Vers le
mifieu de son règne il tomba malade ; depuis ce temps sa santé ne se rétablit
point entièrement, et fut toujours languissante. Les eiuuiques, qui étaient tout-
' puissants, et qu'il voulait abaisser, ayant appris qu'il tramait quelque chose con-
tre eux, ne lui donnèrent pas le temps d'exécuter ses projets; ils prirent si bien
Mou tsouue ,
8ao de J.-C.
WuU tSOUDâ' ,
84odeJ.C.
Abolitiou
des tem[)Ic5
des religions
cl^aIl^é^es
en Chine,
845 de J.-C.
Christianisme
cl religion
dos Mages.
EVENEMENTS DE LA CHINE
leurs mesures qu'ils devinrent de jour en jour plus indépendants. Ils massacrèrent
les ministres, toîite la garde du prince, et ceux des grands dont ils croyaient
avoir sujet de se défier. Wen tsoung, se voyant sans autorité, mourut de chagrin,
en Sf\0. Un de ses frères prit les rênes du gouvernement : Thistoire le comiait
sous le nom de If^ou t&ating. Il eût pu rétablir les affaires , si son règne eût été
plus long, il purgea les limites de la Chine de tribus turques et tubétaines, qui
depuis long-temps avaient empiété sur les terres de Fempire.
Depuis l'introduction de la religion chrétienne par les Jacobites de Syrie ,
celte croyance, mêlée probablement d'idées bouddhistes, avait fait de grands
progrès en Chine» ff^ou tsoung fut attaché à la religion des Tao $zu, qui est une
espèce de quiétisme pythagorico- platonique; il ne fut donc pas très favorable
aux croyances étrangères qui avaient cours dans son empire. En 845 ses minis-
tres lui firent un rapport sur le nombre des religieux , des religieuses et des
temples de la religion de Bouddha, et sur les grands désordres qui eti étaient la
suite; en conséquence il ordonna d'abattre tous ces temples, et de nen laisser
subsister que deux àTchhangngan et à Lo yang, et un dans les autres grandes
villes, dont les prêtres devaient être subordonnés à ceux des deux capitales. Il
lit quitter aux religieux des deux sexes leurs couvents, et les renvoya dans
leurs familles. Les biens immenses qui avaient appartenu aux monastères et aux
temples furent soumis aux mêmes impôts que les autres terres de l'empire, et
leurs serfs furent incorporés dans la masse du peuple. Les officiers chargés de
faire le rapport sur les temples de Foe ou Bouddha n'avaient pas fait mention
de ceux des autres religions étrangères qui s'étaient répandues en Chine : Tune
était celle de Ta thsin ou le christianisme ^ l'autre était celle de Moukh]ou
Moukoub , c'est-à-dire la doctrine des Mages, Mough ou Mobed. Par un second
édit, Fempereur ordonna que les prêtres de ces deux religions devaient éga-
lement quitter le cloître , et retourner dans leurs familles. Ils furent soumis
aux mêmes corvées que le peuple. L'empereur fil remettre les ministres de ces
religions qui étaient étrangers aux commandants des frontières avec Tordre de
les renvoyer dans leurs pays respectifs.
Le dénombrement fait à celte occasion apprît qu'il y avait quatre mille six
cents temples et couvmts autorisés par le gouvernement, et quarante mille
bàlis par des particuliers; et que le nombre des religieux et religieuses était de
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THAISG. aai
deux cent soixante mille cinq cents; celui des ministres de la religion chrétienne
et de celle des Mages s'élevait à environ trois mille, La croyance des Mougk, ou
Mages, était, d'après les historiens chinois, en vogue dans les pays au sud et au
nord de l'Oxus, en Perse et dans les pays voisins ; elle s'était répandue dans la
Transoxiane et dans une grande partie de l'Asie centrale , principalement dans
le pays de Kachghar , de Kkoian et de Yan khi, ou des Ouigour proprement
dits. Les sectateurs de cette croyance nommaient TEtre suprême Yao ; ils hono-
raient aussi le soleil, la lune et les étoiles; avant d'adorer Yao, ils pratiquaient
des ablutions , et se frottaient de musc les oreilles et le nez.
A la mort de f^ou tsoung, arrivée en S46 , les eunuques eurent encore assez
de pouvoir pour faire exclure son fils du trône et y placer le treizième fils de
l'empereur Hian tsoung , qui reçut le titre de Siuan tsourig. Le nouveau monar-
que commença son règne par un acte de vigueur et d'autorité dont on ne l'avait
pas supposé capable ; il cassa le premier ministre tout-puissant de son prédé-
cesseur, parcequ'll lui déplut. Les eunuques qui avaient travaillé à Télévation de
Siuan tsoung s'en repentirent bientôt. Ce prince tint lui-même les rênes du gou-
vernement, et conserva les ministres qui avaient témoigné le plus de zèle pour
soutenir les droits de son neveu contre ses propres intérêts. Il ne montra pas
de la sévérité contre les croyances étrangères, et permit que leurs temples fussent
rétablis. A cette époque, les Hoei hou ou Ouigour devinrent extrêmement fai-
bles, et leur kakhan fut tué par ses ministres. Les Hakas ou Kirghiz ( y oyez
page 168 et suiv. ) les remplacèreni dans la domination de l'Asie centrale. L'em-
pereur accorda, en 847 » le diplôme de kakhan au prince de celte nation, qui
avait sollicité cette faveur depuis plusieurs années ; il fut reconnu aussi comme
étant de la race de Li kouang H ou Li ling , tige de la famille impériale des
Thang.
Les Tubélains étaient toujours dans un état plus ou moins hostile contre la
Chine ; ils faisaient souvent des invasions et commettaient des déprédcitions. On
parvint pourtant à les tenir en respect, et leur puissance baissa de jour en jour ,
principalement par les troubles intérieurs qui déchirèrent leur pays.
Depuis son avènement au trône , Siuan tsoung avait conçu le projet de briser
le pouvoir des eunuques, qui pendant tant de règnes avaient été le fléau de
l'empire et causé la perle des souverains. Son premier ministre lui traça un plan
8i6<rle J.-C.
Puissance
des Kirghiz dans
l'Asie mo\Tnnc,
Projet
d'exterminer
le< eunuques.
a52 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
judicieux pour empêcher que ces intrigants n'influassent désormais dans les
affaires, pour leur fermer l'entrée du conseil, pour les exclure des emplois
militaires, et pour diminuer leur nombre. Ce projet fut lu et approuvé par le
conseil d état. Un des membres voulait qu'on allât plus loin , et qiion exter-
minât sans miséricorde tous les eunuques qui avaient d'autres ckarges que
celles du service immédiat du palais. L'bumanité imprudente de l'empereur
l'empêcha de consentir à cette dernière proposition : ce fut pour le malheur de
sa famille. Les eunuques se doutèrent de ce qui se tramait contre eux j comme
ils avaient un grand parti parmi les officiers civils et militaires, leur puissance
devint redoutable au prince et à ses ministres. Dans un temps où l'empire
fourmillait de rebelles, les mécontents pouvaient facilement se réunir; le gou-
vernement fut donc obligé de dissimuler, et les choses allèrent de mal en pis.
C'est ici la véritable époque de la décadence de la dynastie des Thang.
Siuan tsoung eut aussi la faiblesse de vouloir devenir immortel par le fameux
breuvage qui avait occasioné la mort de tant d'empereurs avant lui; il le
prit et mourut, en SSg, dans les douleurs les plus aiguës. On soupçonne les
eunuques d'avoir accéléré son trépas par le poison , qui ouvre aussi les portes de
l'immortalité.
Y tsoung » fils aîné de Siuan tsoung, lui succéda. Son règne commença par une
révolte dans la province actuelle de Tche kiang, qui formait alors la partie sep-
tentrionale du gouvernement de Kiang nan toiing. Ce soulèvement à peine
apaisé, une nouvelle guerre extérieure troubla le repos de l'empire. Le roi de
ISan ichao avait plusieurs sujets de se plaindre du gouvernement chinois:
[Guerres avec le i-oi jamais on ne luI avait donné la satisfaction qu'il demandait. Il prit enfin les
de Nau ichao ^ /> i
86ideJ.C. armes, fit des excursions sur les terres de l'empire, et, en 862 et 865, con-
quit le nord dû Ngan nan ( Tonquin ) , pays qui était alors une des parties inté-
grantes de la monarchie. Il y laissa un corps d'armée pour le tenir dans lobéis-
sance , et entra à la tête d'une armée formidable dans le Kouang si : cependant ,
y ayant trouvé une plus forte résistance qu'il n'avait supposé, il se retira en
bon ordre dans ses états. Le Ngan nan ne resta pas long-temps en son pou-
voir, car dès 866 les Chinois le reprirent, et le roi de Nan tchao (ut obligé
de faire la paix. Elle ne fut pas de longue durée, et les hostilités éclatèrent de
nouveau , après trois ans, pour une injure que ce roi avait reçue dans la per-
Y tâouug,
85çjdeJ.-C.
Hi Uoung,
874 de J.-C.
ud)t" y iufi
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. aa3
sonne de son ambassadeur. Il dévasta le pays de Kian nan , qui faisait partie du
Szu tcbhouan actuel.
Pendant tous ces troubles, l'empereur s*amusait k voir jouer la comédie et s'oc-
cupait d^autres choses aussi frivoles; il ne s'occupait nullement de son devoir de
souverain. Son fils Hi Uoung lui succéda en 874 ; au lieu de rétablir Tordre dans
le gouvernement, il le remit entre les mains des eunuques. Les folles dépenses de
Y tsoung, pour ses plaisirs, avaient épuisé le trésor; les provinces de l'est
avaient souffert, durant plusieurs années de suite, d'une si grande stérilité, que
les denrées étaient d'une cherté extrême ; les gouverneurs n'osaient en avertir
la cour, et exigeaient durement les impôts, que le peuple était hors d'état de
payer. Dans cette extrémité, les malheureux aimaient mieux abandonner leurs
terres, et se retirer dans les montagnes, que d'être maltraités par les agents dti
fisc. Les premiers qui prirent ce parti furent bientôt suivis par un grand nom-
bre d'autres. Les garnisons des petites villes , qu'on dépécha contre eux pour
lej& faire rentrer dans l'obéissance, étaient trop faibles: elles n'essuyèrent que
lie
des échecs ou se joignirent à eux. Wang sian tchi , homme audacieux et Waiif;5iai,mrkj,
entreprenant, se mit à la léte de plusieurs miUiers de ces mécontents, et leva *^ g^s'drV^^c***''
Fétendard de la révolte à Tchhang wan , dans ta partie méridionale de la province
actuelle de Pe tchy li. Houang tch/tao* natif de la province de Chan ioungy et issu
d'une famille marchande devenue très riche par le commerce de sel qu'elle fai-
sait depuis pkisieurs générations, réunit également un corps de troupes, et en
accrut le parti de Wang sian tchi. Ils prirent plusieurs villes dans le Chan toung.
Malgré quelques défaites , les rebelles voyaient journellement leur armée s'aug-
menter; les deux chefs agissaient tantôt ensemble, tantôt séparément, pour faire
des conquêtes. Toute la Chine orienlale et une partie du centre de l'empire
étaient exposées à leurs déprédations. fVangsian tchi fut totalement battu, en 878,
dans deux actions , et resta sur le champ de bataille; Fa tête fut envoyée à la
cour. Un corps de ses troupes vint se pimlrç k Houang tchhao^ qui, bien que
déjà très puissant, n'osa pourtant pas prendre le titre d'empereur, et se con-
tenta de celui de grand général qui attaque le ciel. Sa puissance augmenta rapi-
dement; en 879, il entra dans le Fou kian par les montagnes extrêmement hautes
et presque impraticables qui le séparent du Kiang nan «t, et en prit la capi-
tale. Il y fut joint par les débris de l'armée de AYangsian tchi ; ces révoltés firent
ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
un riche biUiii dans les provinces de Fou kiati , Tche kiang et Kiang nan. Au
commencement de l'année suivante, Houang tchhao projeta une invasion dans
le Kiang nan; mais il fut battu par les troupes impériales, et prit le parti d'aller
dévaster la partie orientale de la province de Ling nan^ qtii est celle de Canton
de nos jours. Quand son armée fut près de celte capitale, il envoya un placet
à l'empereur, lui demandant le gouvernement de la province dans laquelle il
se trouvait. Cette demande ne fut pas agréée: Houang tchhao, pour se venger,
fit le siège de Canton et prit celte ville en peu de jours. Une maladie conta-
gieuse s'étant mise dans son armée, il retourna vers le nord et passa dans le
Hou kouaug , où il s*erapara de plusieurs grandes villes. 11 y fut battu complète-
ment et contraint de repasser le Riang, Ravageant tout par le fer et le feu, il
entra dans le Kiang si , et soumit presque toute cette province; son armée gros-
sit tellement, qu'à la fin de Tannée il se trouva à la tête de deux cent mille
honuues, sans compter les troupes que plusieurs de ses lieutenants avaient ail-
leurs. Dans Tété de 880 il passa le Kiang; la cour deTchhang ngan , effrayée de
ses progrès, envoya des ordres positifs pour assembler les troupes et empêcher
les rebelles de traverser le Hoai ho. Ces ordres furent mal exécutés, car il n'y
avait pas d^union entre les généraux de lempereur, qui cherchaient à se
nuire mutuellement. Houang tchhao passa dans le Hoai ho sans obstacle , leva
de nouvelles troupes dans le pays, s*empara de plusieurs villes et marcha contre
Lo yangj capitale orientale de Fempire. Le général qui commandait l'armée
impériale crut qu'il ne pouvait rien faire de mieux que de garder le fort et le
Houang icliUiio passage de Thoung kouan (voyez page 216), pour Fempécher d'arriver à Tchhang
«le Ln yanç, ngan. Cependant le chef des rebelles avait pris le titre de grand général aidé par
880 rie J.C. 'iTiî 11 ii<i*
le ctel. H s approcha de Lo yang; le gouverneur vint au-devant de lui, a la tête
de tous les mandarins, dans la posture d*un sujet devant son prince: l'armée de
Houang tchhao entra dans la ville sans commettre le moindre désordre. De là
il se porta devant Thoung kouan, qui se défendit assez bien, mais qui finit pai*
se rendre. Sans perdre de temps, il s'avança contre Tchhang ngan avec tant do
diligence, qu'il manqua d'y entrer pendant que l'empereur y était encore. A la
nouvelle de son approche, le brave général qui avait si bien défendu Tchhoung
kouan fit sortir secrètement l'empereur avec une partie de sa famille, et le fit par-
tir pour Foung ihsiang fou, d'où il se rendit à Hingyuan , ou Han hhoitng fou dans
Il t'titre duiis
Te I il) an ^ ngau.
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. aaS
le Chen sL Houang tchhao enlra alors dans la capitale de l'empire, se déclara em- ïl prend le titre
• . d'empripiir.
pereiir, et donna à sa dynastie le nom de Thsi, et aux années de son règne celui
de Kin îhoung. Il fit mourir les membres de la famille impériale qui n'avaient pu
se sauver , il cassa tous les mandarins depuis le premier jusqu'au troisième
ordre, nomma des ministres, des grands de l'empire et des officiers de toutes
classes. Cependant la prise de la capitale ne lui fut pas d'une si grande utilité qu'il
l'avait présumé; les commandants de plusieurs autres villes refusèrent de se sou-
mettre à la première sommation, et l'empereur reçut à Ring yuan des secours
considérables en hommes, argent et provision, qui le mettaient en état de pou-
voir se mesurer avecles rebelles. Houang tchhao prévit alors toutes les difficultés
qu'il éprouveraitàsesoutenir; une armée nombreuse qu'il envoya contre Foung
thstang fou fut battue complètement, et en peu de temps les troupes impériales
reparurent pour l'attaquer. L'empereur s'était retiré de Hing yuan dans le pays
àeCfiOU, qui est la partie orientale du Szu tcbhouan actuel; il mit tout en œu-
yre pour former de nouvelles armées et hha rentrer dans lobéissance les
cantons révoltés. Plusieurs corps de troupes vinrent bloquer à Tcbhang ngan le
rebelle, déjà battu dans différentes rencontres. Une bataille décisive qu'il per-
dit l'obligea de se sauver par la route de Test. Les troupes impériales en rentrant
dans la capitale commirent beaucoup de désordres, et n'observèrent nulle
discipline. Houang tchhao, averti du peu de précautions que ses ennemis pre-
naient, rentra dans la ville, qui devint le théâtre d'un massacre général: deux
tiers de l'armée impériale y périrent, et la plupart des habitants furent passés au
fil de l'épée. Après cette victoire, Houang tchhao alla faire de nouvelles con-
quêtes dans le Ho nan.
Sur ces entrefaites, la cour avait accordé le pardon k Li koue ichhang et à Lîklteyoung,
son fils Li khe young; c'étaient deux chefs des Turcs appelés €ka thoy qui se vient au secours
trouvaient au service de la Chine. Ils avaient encouru le mécontentement de
la cour et s'étaient réfugiés chez les Ta ta ou Tatar$^ tribu mongole qui
bahitait alors dans le voisinage du mont Inchan. {F oyez page i56.) Les chefs
des bordes des Tatars leur avaient donné dix mille hommes de leurs sujets ;
Likhe young, à leur tète, entra en Chine; les Cha tho, ses compatriotes, de même
que plusieurs autres tribus turques, que les empereurs de la dynastie Thang
avaient établies à la frontière de lémpire, se réunirent à lui. Avec ces renforts,
29
iipirc.
Il bat les rebelles
en 883 de J.-C.
Mort
de Houang tchliao.
llelatiou
de voyageurs
HRibes sur cette
rébellion.
226 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
et sur l'invitation spéciale delà cour, il attaqua en hiver 883, les rebelles prés
de Tchhang ngan, et les défit. Il les chassa à Test, et les battit encore une fois.
Bientôt après il parvint à livrer bataille à Hou&ng tchhao lui-même, le força
de quitter la capitale de Tempire, et de se retirer dans le Ho nan. Li khe young
vint le chasser de cette province. Le meilleur général des rebelles se rendit
alors au prince turc, et augmenta avec ses troupes Tannée impériale, qui
marcha à la poursuite de Houang tchhao et le battit de nouveau. Cet homme
entreprenant, voyant tout perdu, se donna la mort. Son gendre lui coupa
la tête, et se remit , de même que toute sa famille, entre les mains de Voià-
cier turc qui le poursuivait. Ainsi finit une rébellion qui aurait pu devenir
funeste à la famille impériale des Thang, et donner une nouvelle dynastie
à la Chine, si les peuplades turques et tatares n'étaient pas venues à son
secours.
C'est à dessein que je suis entré dans tous ces détails sur la rébellion de Houang
tchhao, qui a préparé la chute totale de la dynastie des Thang. Elle fournit une
preuve irrécusable de l'authenticité des relations des deux voyageius arabes qui
ont visité la Chine par mer, dans le IX* siècle de notre ère. Une traduction
française de ces relations, faite sur l'original conservé à la bibliothèque du
roi, à Paris, avait été publiée en 1718 par l'abbé Renaudot. Comme le contenu
de cet ouvrage n'était pas tout-à-Êiit d'accord avec les récits des missionnaires
sur la Chine, on a long-temps douté de sa véracité; on a même cru pendant
quelque temps que Renaudot l'avait fabriqué , et que l'original arabe n'existait
pas. Cependant il a été retrouvé par M. Deguignes père, qui a donné une courte
notice de ce manuscrit.
Abou zeïd el Hafsan de Siraf, auteur de la seconde des relations mentionnées,
donne les détails suivants de la révolte de Houang tchhao, qu'il Appelé Bânehoa:
« Un officier considérable, dit-il , mais qui n'était pas de la famille royale , se ré-
» voltaii y a quelque temps. Il s'appelait Bânchoa, et il commença d'abord par des
» hostilités dans le pays, en portant ses armes en plusieurs endroits au grand dom-
smage des habitants; en ayant attiré une partie par ses libéralités, il assembla
> quantité de vagabonds et des gens sans aveu, dont il forma un corps de trou-
npes assez considérable. Se trouvant ainsi fortifié et en état de tout entrepren-
»dre, il fit paraître le dessein qu'il avait de se rendre msutre de l'empire. Il mar-
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 1227
Bcha dabord vers Kanfau (1), qui est une des plus considérables villes de la
fChinej et celle où abordaient alors tous les marchands arabes. Elle est située sur
•' une grande rivière, à quelques jours de distance de son embouchure: leau y est
" douce. Ceux de la ville refusèrent d'ouvrir les portes à Bànchoa, ce qui le fit ré-
»soudre à les assiéger. Le siège dura long-temps; ce fut Tan 264 de rhegire. En-
» fin s étant rendu maître de la ville, il fit passer au fil de l epée tous les habitants.
» Des personnes bien informées des affaires de la Chine assurent que, sans comp-
»ter les Chinois qu'il fit massacrer en cette occasion, il périt vingt-six mille ma-
«hométans, juifs, chrétiens et parsis, qui demeuraient dans la ville pour leur
•-négoce. On a su exactement le nombre de ceux de ces quatre religions qui
« périrent alors, parceque les Chinois sont fort soigneux de les compter. Il fit
aussi couper tous les mûriers, et presque tous les autres arbres... Ce ravage est
{1} KanfoUf ou plutôt Kan pkou, était Tandeo port de Hang tcfieoujou, capitale de la pro-
vÏQce de Tche kiang. Ce port, otitrefoîs irès florissant, est à présent engorgé parles sables; il se
trouve par So" 28' lat. N. el 1 17° 4/ long. E. dans lu lerrltotre de Haiyan hiatif ville du troi-
sième ordre du district de Kia hin^fou} il est éloigné de Hang tcheou fou de deux lieues géo-
graphiques ù l'E. N. E., el environ i trois lieues au sud de Hai yan hian. II est situé ?ur la côte
septentrionale de lu baie de San kiang kheou, formée par rcmbouchure du TcJtt; kiang, qui
donne son nom à toute la province, et qu'on nomme aussi Thsiang thang kiang. Une petite
ririère, venant de Hai yan hian, se jette dans ce port, dont les eaux s'étendent jusqu'à la fron-
tière S. O. du territoire de celte ville \ devant le port se trouve le passage de Wou ton men, entre
deux rochers de la baie. Kan pkou servait déjàj en 5o6 de notre ère, de mouillage aux navires
caboteurs. Sous la dynastie des Thang, vers 7^0, il y avait une amirauté. Du temps des Mon-
gol» en Chine, on y établit un tribunal de commerce, chargé de juger les différends qui pou-
vaient s'élever entre les négociants arrivés par mer pour y vendre leurs cargaisons. Ce port,
jadis si célèbre, a disparu; il n'en reste que le nom que porte unhourg situé à moitié cheraîn^ entre
feon ancien emplacement el la ville de Haiyan hian. Il parail que les négociants et les auteurs
urabes étendaient la dénomination de Kanphou ou Kanfou à Hang Icheou iou même : Marco
Polo nomme Gampou le port de cette ville. Ce célèbre Vénitien, en parlant de Quinsai, qui
est Hang tcheou fou de nos jours, dit : « A vtngt-cinq milles E. N. E. de cette ville, se trouve
aTOcéan ; sur ses bords il y a la ville de Gampou, avec un très beau port, dans lequel arrivent
«tous les vaisseaux chargés des marchandises de l'Inde. Le Oeuve qui vient de la ville de Çuin-
asai, Torme ce port à son embouchure dans la mer. Les bâtiments de Quinsai y descendent et
)i remontent journellement pour porter des objets de commerce, qu^on charge sur d'autres
H navires qui vont dans les différentes contrées de TlnJe et du Catai. d
228 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
. cause que la soie y a manqué , et le commerce qui s'en EEÛsait dans le pays sou-
>mis aux Arabes a entièrement cessé.
» Après avoir ainsi saccagé et ruiné ICan/ba, il s'empara de plusieurs autres vil-
• les qu'il attaqua Tune après l'autre, sans que l'empereur de la Chine pût s'op-
. poser à ses progrès. Il s'avança ensuite jusqu'auprès de la capitale appelée
» Kfiûumdân.Vem^ereur abandonna alors cette ville, et se retira en désordre jus-
> qu'à la ville de Madhou, qui est sur la frontière du côté de la province de Tubet
1 Cependant le rebelle, élevé par des succès si grands, et ae trouvant maître du
>pays, attaqua les autres villes, qu'il ruina après avoir tué la plus grande partie
» des habitants, dans le dessein d'envelopper dans ce carnage général tous ceux de
• la famille royale, afin qu'il ne i-estàt personne qui pût lui disputer l'empire. On
1 sut les nouvelles de ces révolutions, et de la désolation générale de k Chine ,
» qui dure encore à présent.
» Les choses demeuraient dans cet état, sans que le rebelle eut aucun désavan-
» tage qui diminuât sa puissance et son autorité. Enfin l'empereur écrivit au roi
» de Taghazghaz dans le pays des Turks, avec lequel il avait quelque aUiance par
» mariage , et lui envoya une ambassade pour le prier de le délivrer du rebelle.
B Le roi de Taghazghaz envoya son fils avec une armée fort nombreuse contre le
• rebelle, et après plusieurs batailles et des combats presque continuels, il le dé-
• fit entièrement. On ne sut pas ce que le rebelle était devenu, et les uns croient
» qu'il fut tué dans un combat, les autres qu'il mourut d'une autre manière. Vem-
» pereur de la Chine revint alors à la ville de Khoumdâny et quoiqu'il se trouvât
> dans une extrême faiblesse ,et qu'il eût presque perdu tout son courage, à cause
»de la dissipation de ses finances, de la perte de ses capitaines et de ses meilleurs
• soldats, et des misères passées, il ne laissa pas de se rendre maître de toutes les
B provinces qui avaient été conquises. Il ne toucha pas aux biens des ludbitants,
» mais il se contenta de ce qu'il pouvait avoir entre les mains, et de ce qui restait
ide deniers publics. La nécessité l'obligea à se contenter de ce que ses sujets lui
> voulurent donner, et de n'exiger rien d'eux que la soumission à ses ordres, sans
>les contraindre à lui fournir de l'argent, parceque les rois ou gouverneurs
» l'avaient dissipé, b
Les particularités racontées par le voyageur arabe sur cette révolte corres-
pondent parfaitement avec le récit qu'en font les annales de la Chine. Le nom
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE THANG. 239
de Bànchoa ( \yLJ^ ), que le premier donne à ce rebelle, et que Fabbé Renaudot
avait mal lu Baïciiouy n'est qu'une altération de celui de Houangtchkao; cardans
plusieiurs dialectes de la Cbine , le k au commencement des mots est souvent
changé en w ou b, Abou zeïd place l'expédition de Houang tchhao contre
Kaîïfou l'an de Vkcgire 26^, qui commença le 12 septembre 877 et finit le premier
du même mois de 878 de notre ère. C'est sous cette dernière année que les au-
teurs chinois mentionnent la prise de Hang (clieoii fou, et par conséquent celle de
Kan phou, qui en était le port. La fuite de l'empereur de sa capitale, telle que
FAralje la raconte, correspond parfaitement avec le récit des historiens indigènes.
Quant au nom de Khoumdân qu*Abou zeïd donne à Tchhang ngan , ou Si ngan KJiuuuhLIu
fonde nos jours, nous savons par le monument des chrétiens syriens trouvé cnpiiiile.ii.-iThaniîl
dans cette ville, qu'elle fut apelée ainsi par les nations de TAsie occidentale» Il
ne nous reste qu'à expHquer quel était ce roi de Taghazgliaz , dont le fils vint
au secours de l'empereur et battit le rebelle. Les auteurs arabes placent le pays
de ^^' Taghazghaz dans le Turkestân (i), c'est-à-dire dans la partie de l'Asie
moyenne Jiabitée par des tribus turques. A cette époque, toutes les contrées Stu leTaghwgha
entre la pointe du nord-ouest de la Chine jusqu'aux laxartes faisaient partie du
Turkestân. Le nom de Taghazghaz^ se trouve écrit chez le Cherif Edrissi (géo-
graphe arabe du douzième siècle )j^y^, i ce qu'on doit lire, d'après la transposition
des points diacritiques, Bagiiarghar, On voit donc qu'il règne ici une incertitude
considérable sur l'application de ces points au corps des lettres qui forment le
mot, et qu'il est probable que la leçon de Thagazghaz est aussi fautive que
celle de Bagharghar, Je propose donc de ponctuer de la manière suivante jê/b Ce sotu î<»s Igbour
et de lire Ighour Gouz, ce qui signifierait les Ghouz Ighour ou Ouigour, ou les
Ghouz fédérés. J'ai fait voir plus haut (pages 121 et 122) que les Ouigour étaient
vraisemblablement le même peuple que les Gliouz des auteurs arabes et per-
sans, et que leur identité avec les Turcs Iloeî hou, du temps deXhang, était indu-
bitable. Les Cha tho étaient de même origine que les Hoei hou ; c'était une horde Tuiks Chu Uio.
turque qui, au commencement du neuvième siècle, s'était soumise aux Thang,
Ces derniers l'établirent au nord de la province de Chen si, pour protéger leur
(i) Le premier des deux voyageurs arabes dit: Au-delà du contiuent de la Chine on trouve
un pays appelé Taghazghaz, du nom d'une nation deTurks qui ^habitent, et le pays du kakhan
de Tubet, qui louche au pays des Turkj. ^
250 ÉVÉNEMENTS DE LA CHINE
frontière. Un des princes cha tho rendit, vers 869, de grands services à la
Chine; ils lui valurent de nouvelles dignités et suitout le nom de famille Li (qui
était celui des empereurs de la dynastie desThang) et le surnom de Koue tchhang
(splendeur de l'empire). Cependant lui et son fils Li khe young encoururent plus
tard la disgrâce du monarque chinois; ils furent battus et obligés de se sauver
chez les Tatar, branche de la nation mongole, alors fixée sur le versant méridio-
nal de la chaîne des monts Inchan. Ce ne fut que quand l'empereur de la Chine
se vit à deux doigts de sa perte, qu'il accepta les offres réitérées de leurs services,
et leur pardonna. Lt koue ichkang dépêcha alors son fds à la tête des Turcs Cha
tho et Hoei hue pour secourir ce prince contre le rebelle Houang tchhaOy et
apaiser la révolte, comme nous l'avons vu plus haut. Il paraît donc que le roi
de Taghazghaz , mentionné par l'auteur arabe, est Li koue tchhang, et que son
fils , qu'il envoya k la tête de ses troupes pour sauver l'empire, n'est autre que
Li khe young , que nous avons vu aux prises avec les rebelles. — Quanta la ville
où l'empereur se réfugia quand il s'enfuit de Tchhang ngan, son nom se trouve
deux fois dans l'original arabe; il y est écrit jJ^ Madhou, L'abbé Kenaudot l'a mal
lu par Hamdou. C'est sans doute Tchking tou capitale du pays de Chou, où ce
prince se retira effectivement
[Aoftrcbicgduêrale. L'empire n'avait point encore été dans une si grande agitation depuis que la
dynastie de Thang subsistait. Les gouverneurs, affectant l'indépendance, vidaient
leurs différents par la voie des armes, sans respecter les ordres de I empereur;
plusieurs même cherchèrent à profiter de ces troubles pour s'élever jusqu'au
troue (i). La ville impériale de Tchhang ngan, et surtout le palais, avaient été
tellement endommagés par les soldats de Houang tchhao, que la cour ne pou-
vait plus les habiter : l'empereur , après les avoir fait un peu réparer, arriva de
(1) Aboiizéid, le voyageur arabe que j'ai déjà ckc, dit de ces troubles: a La Chine se
• trouva alors dans uq état presque seaiblable À celui de Tempire d'Alexandre , après la défaite
"Glla mort de Darius, lorsqu'il distribua les pays conquis sur les Perses à différents princes «
"qui établirent autant de royaumes ; car chacun des princes de la Chine commença à se joindre
«avec quelque autre , pour faire la guerre \ï quelqu'un d'entre enx, sans la permission de l'em-
opereur *, et lorsque le plus fort avait défait le plus faible, cl 8*était rendu maître de la province
i que l'autre gouvernait, il la ravageait enlièretnent, en emportait tout ce qui s'y trouvait, et
•«mangeait tous tes sujets de son eDoemi. Cette cruauté leur est permise, selon tes lois de leur
JUSQU'A LA FIN DE LA DYNASTIE DE TÎÏANG. aSi
Tchhing tou à Tchbang ngan, où il ne fit pas un long séjour. La It^on que ce
prince avait reçue par le soulèvement général de son empire n'avait produit
qu'une faible impression sur son esprit ; son indolence le fit retomber sous le
pouvoir des eunuques, il n'était que l'organe de leur volonté. Hitsoung mourut
en 888, peu regretté et même méprisé de ses sujets, réduits à la dernière mi-
sère par les guerres civiles qui dévastèrent Tempire.
Son frère cadet lui succéda, sous le nom de Tchao tsoung; c'était un prince de
beaucoup d'esprit, qui connaissait les affaires et désirait ardemment de remettre
l'empire dans un état florissant; mais la force des cboses l'en empêcba. Les gouver-
neurs des provinces se faisaient des guerres cruelles; notamment Li khe young ,
cbef des Cha tiio, qui était dans un état d'bostilités continuelles avec ceux de la par-
tie septentrionale de Tempire. L'empereur, qui intérieurement estimait ce prince,
dont la valeur avait replacé son prédécesseur sur le trône, sévit cependant, en
890, forcé par son conseil de faire marcher contre lui plusieurs corps de troupes.
Des gouverneurs à moitié révoltés s'étaient joints à l'armée impériale pour com-
battre leur ennemi commun ; mais ils n'avaient pas compté qu'ils auraient affaire à
un capitaine brave et expérimenté. Li khe young les battit à chaque rencontre, et
parvint à dissiper totalement l'amnée des confédérés . Maître de marcher sur
Tchhang ngan et d'humilier l'empereur, il préféra de se réconcilier avec ce prince.
Cependant la faiblesse de ce dernier lui fit bientôt rompre les promesses qu'il
avait faites à Likhe young J^es guerres civiles, au lieu de cesser, augmentèrent
journellement et produisirent un bouleversement général dans l'empire. Le
prince des Cha tbo vint plusieurs fois au secoujrs de l'empire; mais toutes ses vic-
toires ne purent arracher Tchao tsoung des mains des eunuques, qui , l'an 900,
avaient même osé le déposer, et le tenaient dans une prison étroite. Un officier
Tchaci tfiouuK ,
888 de J.-C.
(itieitc toJiti*-
Li klii? youug ,
J*()o de J.-C.
• religion-f jusque là même qu'il» Tendenl la chair humaine dans les marché». » — Il n'y a pas
Je doute que pendant les famines, qui sont fréqueules daas un pays aussi peuplé quela Chine, on
n'ait souvent eu recours à ce moyen horrible de prolonger Texbtence; aussi Thisloire chinoise
fournil-elle des exemples d^anlhropophagie dans tes guerres civiles ; c'élail alors ou la famine
qui y forçait, ou un excès de vcngeancÊ à laquelle les Chinois et les Malais sont très portés.
Mats dans les temps ordinaire?, et pendant que Tempire jouissait d'une tranquillité profonde,
on n*a jamais mangé de ta chair humaine, encore moins étaît-elle publiquement expos^te en
vente. ^
goS de J.-C.
ètatdeluCliine
à la fin
h d>
rdesTh
252 ÉVÉNEMENTS BE LA CHINE
courageux délivra lerapereur et fit main basse sur les eunuques qui avaient
tramé ce complot. Trois ans après Tchao tsoung se trouvant puissament secouru
par un de ses généraux, ordonna le massacre de tous les eunuques. Ce général,
dont le nom était Tchu thsiuan thoung, avait pris le titre de roi de Liang; il par-
vint aisément à se rendre maître de la personne de l'empereur. Il le força , en
905, de transférer sa résidence kLo yang^ où celui-ci fut à peine arrivé qu'il le fit
assassiner : Tchu thsiuan thoung fit proclamer empereur un des jeunes fils du
malheureux monarque. Ce prince monta sur le trône sous le nom de Ngai tt,
mais le roi de Liang Ten fit descendre au bout de deux ans» usurpa le titre d'em-
pereur, et adopta pour sa nouvelle dynastie le nom de Liang. Il fit mettre à mort
son prédécesseur en 907 , après avoir exterminé tous les princes de la famille im-
périale des Thang, qui se trouvaient dans son pouvoir. A cette époque plusieurs
chefs se firent proclamer empereurs, et la Chine fut à la veille d'être encore par-
tagée en différents royaumes.
Le nouvel empereur de la Chine ne posséda pas tout ce vaste empire. Le
Ho nan et le Clian toung formaient tous ses états; le reste était entre les mains
d autres généraux, qui, sur la fin de la dynastie des Thang , étaient parvenus
à un si haut degré de puissance qu'ils s'étaient rendus maîtres de leurs gou-
vernements. Li meou tching, sous le titre de roi de Khi, régnait à Foung
thsiang dans le Chen si; et Yang ti^ou,roide Hoai nan^ dans la province de
Kiang nan. Wang kian était établi dans le royaume de Cfiou , qui comprenait
la plus grande partie du Szu tchhouan, et sa domination s'étendait jusque dans
le Chen si et le Hou kouaug. Le Tche kiang formait le royaume de Ou yue ,
qui appartenait à Thsian lieou. Ma yn et Kao ki tcft/iang étaient maîtres du reste
de la province de Hou kouang et des environs, le premier sous le litre de roi de
TAso«, le second sous celui de Ain^ nan, Lieou yn, roi de Ling ruin, régnait
dans le Kouang toung. Les Turcs Hoei fiau ou Ouigour possédaient le ^Tangout
et la partie la plus occidentale du Chen si. Les Rhitan menaçaient d'entrer dans
le nord-est de l'empire par la province de Pe tcliy li; et Li khe young régnait
dans le Clian si , sous le titre de roi de Tsin.
RECHERCHES
SUR
• V
LA MIGRATION DES PEUPLES.
C'est lagriculturc qui donne une patrie aux nations; elle est la véritable source
des gouvernements et des états. Les peuples qui ne subsistent que du produit de
leurs troupeaux , ou de la chasse et de la pèche, ne peuvent avoir de demeure fixe.
Ils périraient s'ils voulaient s'étabUr d'une manière stable, sans adopter l'agricul-
ture, liCS nomades , en suivant avec leurs troupeaux le cours des rivières, pour
chercher des pâturages nouveaux quand les anciens ne présentent plus de nour-
riture suffisante à leur bétail , vivent dans une migration perpétuelle, qui ordinai-
rement n'a lieu que dans des limites que rarement ils franchissent. La plupart des
peuples pasteurs de l'Asie moyenne parcourent pendant l'hiver les plaines de
leur pays, arrosées par des rivières ou des sources; en été ils se retirent dans
les vallées des montagnes, où ils joiussent d'un air pur et frais, et où Therbe
n'est pas desséchée par les vents brûlants des steppes. Si cependant une nation
nomade, au lieu de varier ses campements, circonscrits par des bornes quelcon-
ques, les passait et suivait une ligne droite, il en résulterait une migration des
peuples. La nation voisine , contre les habitations de laquelle le premier choc
serait dirigé, se joindrait vraisemblablement, si elle était nomade, à celle qui
donne Télan; mais si elle était stable, elle serait ou assez forte pour résister et
repousser la force par la force, ou bien elle succomberait et finirait par être écrasée.
Cest ordmaireraent ce dernier cas qui arrive. Une nation civilisée, ayant des ha-
bitations fixes, peut rarement résistera un peuple nomade qui s*est mis en mouve-
ment, lors même qu'elle Fégale en nombre. Chez les nomades, tous les mâles capa-
bles déporter les armes combattent et marchent en combattant; ils ne craignent
pas de perdre du terrain ni leurs propriétés; leur demeure est où ils trouvent des
3o
I deiHuDS
Europe.
254 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
pâturages pour leurs bestiaux; les localités, qui attachent l'ag^riculteur, leursoot
indiftérentes. La perspective de se voir dépourvus des premières nécessités de la
vie, en dévastant le pays qu'ils veulent conquérir, ne leur cause aucune appréhen-
sion. La nation stable, au contraire , ne trouve jamais assez de bras pour s'opposer
à un ennemi aussi redoutable; chezellecene sont que les jeunes gens qui vont
volontiers ;\ la guerre; le père de famille craint pour sa maison, ses récolles sa
propriété, sa femrae et ses enfants; le nomade amène avec lui à la guerre les
siens et tout ce qu'il possède. Ces considérations expliquent comment, à l'épo-
que de la grande migration des peuples, des nations barbares, proportionnel-
lement peu considérables, ont pu inquiéter et renverser avec facilité des états
qui paraissaient redoutables et florissants. ,
La partie du nord-est de l'Europe et celle du nord-ouest de TAsie sont
occupées par les peuples de la souche finnoise , à laquelle nous avons donné ce
nom d'après celui d'une de ses plus faibles branches du nord-ouest. On pourrait
rappeler, avec plus de justesse, la race ouralienne ; car tout indique qu'elle vient
du mont Oural, duquel elle est descendue tant à l'ouest qu'à Test. Il paraît qu'a-
vant Tèpoque de la grande migration des peuples , les tribus finnoises avaient leur
tiabitatîon plus au sud quelles ne l'ont actuellement; qu^auparavaut elles s'éten-
daient, il est vraisemblable, jusquaux bords du Pont-Euxin : on les confondait
avec une foule d'autres peuples sous le nom vague de ScyUtes,
Les pays qui avoisinent l'Oural sont la porte par laquelle les nomades de
l'Asie moyenne ont fait leur irruption en Europe. Leurs entreprises furent plus
ou moins considérables ou heureuses. Souvent les tribus venues de l'Orient s'ar-
rêtèrent en chemin pendant un ou plusieurs siècles, et ne quittèrent point pen-
dant quelques générations les pays qui leur offraient de gras pâturages et une
chasse abondante. C'est ainsi que ces peuples asiatiques s'arrêtèrent dans les
contrées fertiles de l'Oural, et se fondirent avec les peuplades finnoises qu'ils
y avaient trouvées. Ces mélanges produisirent des langues et des nations nou-
velles, qui restèrent dans la patrie qu'elles avaient adoptée, ou qui, poussées par
d'autres peuples venant de lest, s'avancèrent vers l'Europe. Voilà en peu de
mots l'histoire de la grande migration des peuples, qui se fit sentir pour la pre-
mière fois aux états civilisés de l'Europe, par le passage des Huns en 576.
Ceux-ci, franchissant le Mœotis et le Tanaïs, tombèrent sur les nations d'origine
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 235
indo-germanique qui occupaient les pays situés au nord de la mer Noire jusqu'au
Danube, Ces fugitifs, rejetés les uns sur les autres, se t^épandirent dans les pro-
vinces de lempire roinain, et en changèrent la face. L'auteur ancien quia le pre-
mier fait mention des Huns est Denys le Périégète. Ce géographe, qui écrivait pro- Pi cmiércs noiions
■ I I n ^ 1 I ■ I n I sur les Huns
bablement vers lan 160 de notre ère, nomme quatre peuples, qui , dans 1 ordre
de son récit, sesuivent du nord au sud sur la côte occidentale de la mer Caspienne ;
savoir, les Scytfies^ les Huns (Oùwoi), les Caipiens et les Aibaniens. Eratosthène
(qui mourut vers Tan 194 avant J.-C), cité par Strabon, place ces peuples dans
le même ordre ; mais au lieu des Hun& il nomme les O tti tien s (oùÏtvji) , qui étaient
probablement la tribu bunnique la plus avancée vers l'ouest. PtOlémée, qui vivait
vers le milieu du troisième siècle, place les Huns (XoOvoi) (i) entreles Rastarnes et
les Roxolans, par conséquent sur les deux rives du Borystbène. Les historiens
arméniens connaissent ce même peuple sous la dénomination de Hounk ; ils lui
assignent son séjour au nord du Caucase, entre le Volga et le Don. Par la même
raison ils appellent le défilé de Derbend k rempart des Huns, Dans la géographie RempandesHuns.
faussement attribuée à Moïse de Kborène on lit ce passage : « Les Massagètes
habitent jusqu'à la mer Caspienne , où est la branche du mont Caucase qui ren-
» ferme le rempart de Tarpant (Derbend) et une tour merveilleuse bâtie dans la
«mer : au nord sont les Huns avec leur ville de p'^arhatchan et d'autres encore. »
Moïse de Kborène raconte, dans son Histoire arménienne , les guerres que le roi
Tiridate-le-Grand 3, qui régna depuis Tan 269 jusquen 5i2, soutint contre les
peuples septentrionaux qui avaient fait une irruption en Arménie. Ce prince les
attaqua dans les plaines des Karkeriens (2), les battit et tua leur kakban, ou roi;
(1) M. Saint-Martin fait à rocooEsion de ce nom ta remarque suîraote. « La forte aspiration
«qui commence le aom des Huns dan«) Ptoléinéc se retrouve souvent dans les auteurs Ittins des
ociuquième et sixième »lèvle5. On peut en voir un exemple dans le passage suivant de S. Am-
• broise. « Chunni in Almios, Alani in Gothos, Golhi^ in Taifalas et Sarmatas insurrexenint.9
>II serait facile d>n citer beaucoup d'aulrcf>. Les auteurs arméniens donnent au?si une aspira-
ation ù. ce nom^ mais moins forte. Les écrivains du Nord^ qui connurent les Huns par les inva-
usions qu*ils firent en Scandiuavie, ne manquent pas non plus de placer une aspiration devant
"»leur nom. Ils appellent presque tout le pays qui forme actuellement la Russie européenne,
'iChunigard, c*est-â-dire la demeure des Huns. * — Histoire dit Bais-En^ire f ^ar Lebeau,édi>
lion nouvelk'. Pari?, i8a6, vol. IV , pag. 64, note.
(9) Ce sont les Gargaréens de Strabon, qui les place dans l'Albanie septentrionale, c'est-à-
dire dans la partie du Daghestan située entre Derbend et le Terek.
Récit d'Ammicn
Marcctlin
sur k'S Hun.ii.
Riîcil
de Jornandès.
256 HECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
alors toute leur armée prit la fuite; et il la poursuivit jusque dans le pays de
Hounk ou Huns. Zonaras rapporte que, suivant l'opinion de quelques personnes,
l'empereur Caras avait été tué (en 284) dans ""^ expédition contre les Huns.
On voit donc que ce peuple était déjà connu avant son invasion en Europe ,
et que si Aramien Marcellin dit que cette nation était « peu connue des anciens »
[Hunnorum gens monumenlis veteribus (éviter nota) , il ne veut pas donner à en-
tendre qu'on n'en avait eu aucune notion avant 376.
« Elle habitait, poursuit le même auteur, au-delà du Patus-Mfrotis^ sur les bords
»de l'Océan glacial; elle est d'une férocité extrême. Dès qu'un enfant vient an
«monde, on lui ùât avec un fer des enlailles profondes aux joue^, afin que les
(.cicatrices qui s'y forment empécbent par la suite le premier poil de pousser.
»Ils parviennent à un âge avancé sans avoir de barbe, et sont difformes comme
» les eunuques. Ils sont trapus, ont des membres vigoureux et de grosses tètes.
» Leur figure est extraordinaire; ils sont si courbés qu'on les prendrait pour des
«bétes à deux pieds, ou jjour ces piliers grossièrement taiiiés à la ressemblajice
» humaine qui soutiennent les ponts* »
Zosirae, qui écrivit environ un siècle après la première invasion des Huns en
Europe, s'exprime ainsi : « Cette nation barbare attaqua les peuples scythiques
nqui habitaient au-delà de l'Ister (Danube); auparavant elle n'était pas connue,
'>mais elle devint bien vite puissante. On les nommait Huns; ce sont ^eut-étre
«les Scythes surnommés Basilides (royaux), ou bien ceux qui , selon Hérodote,
»liabilaient sur rister,et qui étaient camus et laids; ou bien ils ont passé d'Asie
» en Europe. »
Jornandès rapporte l'origine fabuleuse des Huns de la manière suivante :
uFilimerf roi des Goths, dit-il, trouva parmi son peuple quelques femmes sor-
«cières, qui portaient le nom iVAliorumna (Alrunna); comme elles lui parais-
«saient suspectes, il les chassa et les força de se rerirer dans un pays désert , très
* éloigné du lieu où était son armée. Les esprits impurs qui parcourent ces
s lieux solitaires ayant aperçu ces femmes, eurent commerce avec elles, et
-engendrèrent cette race féroce f des Huns). Originairement elle habitait dans les
" marais; c'était un peuple petit , hideux et faible , qui ne montrait d'autre res-
*serablance avec le genre humain que parcequ'il avait l'usage de la parole.
» Voilà l'origine des Huns qui arrivèrent sur les fiontières des Goths- D'après le
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 25;
» récit de Prisciis, cette nation sauvage s'était établie sur les bords orientaux du
f» Palus- Mscotis; elle ne connaissait d'autre occupation que la chasse; cependant,
«étant devenue pbis nombreuse, elle inquiéta ses voisins par ses artifioëS et ses
» rapines. Quelques uns de leurs chasseurs s'étant, suivant leur usage, avancés sur
» les rivages orientaux du Micotis, remarquèrent tout-à-coup unebicbe blanche;
» elle entra dans l'eau, et tantôt niarcbaul, tantôt sarrétant, elle devint leur guide.
»Les chasseurs la suivirent et traversèrent a pied le Palus-Maeotis , qu'ils avaient
■ jusqu'alors regardé comme une mer impossible à passer. Arrivés dans le pays
»des Scythes, la biche disparut. Ces hommes^ qui savaient à peine qu'il y eût
» un autre monde que la contrée qu'ils habitaient au Palus-JMtrotis, admirèrent le
pays des Scythes , et, comme ils sont fins, ils jugèrent que ce chemin leur avait
«été indiqué d'une manière surnaturelle puisqu'ils n'en avaient eu auparavant
«aucune connaissance; ils retournent donc chez eux, racontent ce qui leur est
«arrivé, vantent la Scythie, et déterninient leurs compatriotes à suivre le che-
»min qui y conduit et qu'ils venaient de découvrir, à attaquer les premiers
» Scythes qu'ils rencontreront, et à courir la chance des combats pour les soumet-
»tre. Bientôt ils traversent ce grand lac, et pillent les Alpizures, les Aîzidïures,
» les Itamares, les Tuncasses et les Boisces, établis sur le rivage de la Scythie. Us
!> parvinrent aussi à vaincre les Alains, en les fatiguant par des attaques conti-
«nuelles, quoique ceux-ci les égalassent en bravoure. Ceux qu'ils ne pouvaient
n vaincre par la force des armes furent mis en fuite par la frayeur qu'inspirait la
«figure horrible de ce peuple, car leur visage était d'une noirceur affreuse, il
«ressemblait pour ainsi dire à une masse de chair informe, sur laquelle on dis-
» tinguait plutôt des points que des yeux. Un regard farouche exprimait la férocité
«de leur âme, qui se manifestait même envers leurs enfants le jour de leur
«naissance; car ils tailladent les joues des mâles avec im fer, afin qu'ils appren-
» nent à supporter la douleur d'une blessure avant même qu'ils aient sucé le
«lait. Ils vieillissent donc sans barbe, et sont jeunes sans beauté, parceque leur
» visage est ridé par le fer, et les cicatrices empêchent les poils de pousser. Quoi-
» que petits , ils ne manquent pas de vigueur; ils sont agiles et excellents cavaliers.
» Ils ont les épaules larges , savent très bien manier lare et les flèches, et dressent
• fièrement leur tête. Quoique semblables aux hommes par l'extérieur, ils vivent
» comme des bétes sauvages. »
a38 RKCHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
Enfin y pour compléter le portrait des Hinis, je dois transcrire ici les vers dans
lesquels Sidoine Apollinaire y évéque de Clerraont en Auvergne en 472, fait
la description de ce peuple.
Cens animis mcmUrisque minax : ita vullibiis ipsis
lo fan lu m su us horror itiesl. Consurgll iu ardu m
Massa rotunda cnput ; geroîuls $ub fronte cavcrni:»
Yisus adest ocults absentibus : acra CRrcbii
In caméra m vix ad r»;fugus Uix pcrvcnit orbes ;
Non tamen et clausos, nam foroice non spQlîoso ,
Magna vident spalia , el majoris luioinîs usum
Perspicua 'n\ puleis compensât puncta profundis.
Tum De per malad excrescat fi.stula duplex,
Obtundit teneras circunidata r;iscia nares ,
Ul galeis cédant. Sicproptcr praelia nalos
Mntcrnus déformât amor, quiii tensa genarum
Nou interjccto fit latior arca oa^jo.
Caetera pars est pulchra viris. Stant pectora vasta.
Insignes huincrî, succincla sub j'iibus alvu^.
Forma quidem pedili média esl^procera sed extat
Si cernas équités, sic longi sœpe putantur .
Si scdeant.
{Sidonii ApoUmariscarmenlli v. •^^^—v^-x.)
Voilà à peti près tout ce qu'on trouve dans les historieus contemporains sur
1 origine , la physionomie et l'extérieur des Huns. Les traits qui servent à peindre
la figure de ce peuple sont assez vagues. Ce qui paraît constant est que les Huns
avaient les yeux petits, le nez camus, la tête grosse, et que la coideur de leur
visage était jaune ou très brune. Cependant les récits que nous venons de citer
annoncent que dès que les enfants mâles venaient au monde, les mères leur
écrasaient le nez, afin que le casque pût s'appliquer plus exactement à leur tête;
et que la difformité de leur visage venait plutôt des incisions que les parents
faisaient aux joues de leurs enfants, que de sa forme primitive.
La terreur que ces barbares inspiraient à tous les peuples de l'Europe a peut-
être aussi contribué beaucoup au porti^ait hideux que les auteurs anciens se sont
attachés à leur donner. Il faut également prendre en considération une circon-
i.
KIlCHERCHES sur la migration des peuples. â5^
stance qui jusqu'à présent réchappé à tous les écrivains qui se sont occupés de
recherches sur Torigine des Huns. Les différents peuples barbares , tels que les
Lombards, les Goths , les Vandales» et autres, qui étaient venus attaquer l'empire
romain avant l'invasion des Huns, étaient de la race indo-germanique; leur
physionomie ne différait donc pas beaucoup de celle des nations européennes
connues des Grecs et des Romains. Tout-à-coup arrivent les Huns, qui certaine-
ment appartenaient à une race différente, et dont la figure^ déjà peu agiéable,
était encore rendue plus horrible par des moyens Artificiels. H'n'est pas douteux
que leur apparition n'ait dû produire un effet terrible; aussi les écrivains du
moyen âge ne pouvaient-ils trouver d'expressions convenables pour décrire
toute la laideur de ce peuple ; ils renchérissaient les uns sur les autres pour le
dépeindre sous les traits les plus afïreux qu'il leur était possible de trouver.
Les hommes à système, et dépourvus des connaissances et de Tinstruction néces- Les Huns u'ciaieut
saires pour s occuper de ces sortes de rechercnes,^sesont empresses de recon- mongole
naître dans les Huns , les Mongols et les Kalmuks de nos jours , sans avoir d'autre
appui pour soutenir cette hypothèse que les descriptions vagues de la figure des
premiers. Ces auteurs auraient du d'abord faire une réflexion toute simple, c'est
que ces descriptions peuvent s'appliquer à un grand nombre de peuplades de
TAsie septentrionale, et qu'elles dépeignent aussi bien les Vogoules, lesSamoïèdes
et les Toungouses, que les tribus de race mongole. Nous savons d'ailleurs positi-
vement qu'à l'époque de l'invasion des Huns, les nations qui appartiennent à cette
dernière race habitaient dans la Sibérie orientale et à l'extrémité septentrionale
de la Mongolie actuelle; elles étaient séparées par les tribus nombreuses des Turcs,
et par plusieurs peuplades indo-germaniques, du pays des Huns , qui campaient au
nord et à l'ouest de la mer Caspienne.
Se fondant sur rbypothèse de l'origine mongole des Huns , quelques personnes
^ersées dans la langue kaimnke ont essayé d'expliquer, à Taide de cette dernière^
les noms hunniques conservés par les auteurs du moyen âge. Malheureusement
ces auteurs ne donnent pas la signification des noms hunniques; or dans ce cas
toute étymologie doit devenir inutile, si elle n'est pas appuyée sur des faits his-
toriques établissant la parenté de deux peuples, qu'on cherche de corroborer
par ce moyen.
Pour faire voir comment on a cru pouvoir dénpontrer l'origine mongole des
2/,o RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
Huns, je me bornerai à transcrire le passage suivant de M. Bergmann : «La
» preuve la plus évidente (i), dit-il, que les Mongols descendent des Huns se trouve,
"à ce qu'il me semble, dans les noms des chefs de ce peuple conservés par les
«auteurs grecs. Jornandès (2) (cap. xlix) appelle le père d'Attila Mountsak. (\e
» nom est composé des mots mongols mou mauvais, et tzak temps. A une époque
«récente il y a eu un prince kalmuk, nommé Mountsak y qui vivait sur les bords
-du Volga. Les Kalniuks ne connaissent pas le noin iVAttiia; mais celui que ce
"Conquérant porte dans la langue hongroise nous ramène sur la trace de son
'«origine mongole. Oirocotsi (Orig. hnng.^ P. I, p. 59) nous apprend que ce prince
-des Huns fut appelé yilhet ou Àlzel par les Hongrois, nom que les Huns pio-
«nonçaieut Atkila; il ajoute qu'il signifie im homme puissant et distingué
*. {inagnas). Dans les chroniques anciennes et chez les minnesœngcr ( troubadours )
« allemands , il est appelé EtzeL Quoiqu'il semble qu'Otrocotsi s*est trompé
«quant à la véritable signification de ce mot, il parait cependant en avoir saisi
»'le sens. Dans tous les dialectes mongols et turcs JSdjiU /Etijel el .'Uhel ser\ent
» encore aujourd'hui à désigner le majestueux Volga. Les Mongols et les Kalmuks
«ont rarement des noms déterminés; il n*est donc pas étonnant qu'un fils de
« leur prince ait été nommé d'après une grande rivière. Ces peuples prennent à
«leur fantaisie des noms d'êtres vivants ou inanimés. Je connais un prince
okalmuk qui a reçu son nom de VOulastoUf petite rivière qui se jette dans le
" Don ; il n*est donc pas absolument invraisemblable, que cehii qui plus tard fui
«rui des Huns ait été nommé d'après le fleuve sur les bords duquel peut-être
• il reçut le jour. Dentzick, autre nom hunnique, qu'on trouve aussi écrit Den-
^tsouk et Derttsich, est tout-à-fait Mongol; il y a même chez les mongols une
«divinité appelée DenUouk. Quant à Emedzar, je présume que ce mot doit être
• écrit Eumniklsar y qui dans la langue de ce peuple signifie un hœuf sauvage.
■ Le nom Outo (peut-être Outou) signifie long, haut. Faudrait-il d'autres prcu*
» ves pour constater l'affinité des Huns et des Mongols? Je ne le crois pas. «
Sans doute ii faut ti' autres preuves! Car en employant une méthode pareille,
il est facile d'expliquer les noms hunniques par toute langue quelconque. Est-on
(i) Noutadische StrejyereieTt unler den Knlmùkcn. ftig^t i8o4, in-8"*, vol. I,pag. lag,
(a) Jornandès ùtait Guili irurigtue ; Il tcrivaU en latin, que M. Bergmann prend [lour
(lu GREC.
RFXIIEIICHES SUR LA MIGRATION DES PEUP.l.ES. 241
excusable de marcher encore aujourd'hui sur les traces incertaines de ces étymo-
logistes,qui prétendirent exj)hquer,au moyen de la première langue qu'ijs choi-
sissaient, les noms barbares conservés dans les auteurs anciens, noms dont ces
écrivains n'ont pas donné la signification? Et cependant si Ton analyse les étymo-
logies des noms liun niques présentées par M. Bergmann,qu en résulte-t-il PMf^ttnfsaA-
nepetitsecomposerdemoii mauvais, et /sflA* temps, car ce nom se trouve aussi écrit
Môumiiouk'hos et Omoundios; et on voit parla que le n du milieu est de rigueur,
et qu'il ne doit pas être supprimé comme le fait M. Bergmann. Le nom iVyîtei
on iVAliUia, par lequel on désignait le f'^oiga, n'est nullement un nom propre.
Adet et Idei signifient fleuve ou grande rivière en général chez les Turks ou Tatars
de Kazan, chez les Kirghiz et chez les Bachkir. Les premiers de ces trois peuples
appellent le Volga Idet par distinction ; le Vialka Naukradidel; le Kama Tcfiolman
Idel. Dans le dialecte turc des Tchouvaches, qui habitent sur les bords du Volga,
chaque rivière s'appelle- y^é^a/. Ce nom, n'étant pas particulier au Volga, n a donc
pu être donné à Attila ( 1 ) parcequ'il avait vu le jour sur les rives de ce fleuve (2).
Si M. Bergmann n'a pas été heureux dans les deux étymologies précédentes, il
est bien plus malheureux en comparant le nom de Dentsik avec celui de la
divinité mongole appelée Z)enf*ou A:. Tout le monde sait que la religion lamaique
ne s est répandue parmi les Mongols que û\i temps de Tchinghiz khan et de ses
premiers successeurs, c'est-à-dire dans les douzième et treizième siècles. Marco
Polo même dépeint ce peuple plutôt comme adonné aux superstitions du chama-
nisme, que comme professant le culte bouddhique. Or, Dentsouk étant une di-
vinité bouddhique, comment aurait-il pu être connu aux Huns, «'n supposant
même que ce peuple fut d origine mongole?
Degtiignes le père * savant très versé dans la connaissance du chinoiset d'autres
langues orientales, prenant principalement pour guides les indices fournis par Conjecture
de Deguîcncs Vw* •
les PP. Gaubil et Fisdelou, entreprit d'éclaircir les ténèbres qui couvrent la IWiginede*Huns.
(i) L*élyii>i>logic la plus ridicule rJuuom.d'y^fa^ est celle que M. de Hnmoier a coiomu-
niquée au monde ^avunl; il Ta trouvé expliqué dan» un livre turc, par langue de chien; néan-
moirts il De [ieul désigner en turc que langue de cheval.
(î) C'est encore une conjecture grriliiite de M, fier^mann. A l'époque de la naissance d'Attila
les Huns avaient depuis long-temps passé le Mœolis, et se trouvaient déjà dans le centre de
l'Europe, où leurs princes avaient leurs catnpemenis.
5i
« coniectiirr.
b/^2 recherches sur la migration des peuples.
première origine des peuples venus d'Asie en Europe. L*idée était heureuse; la
patience de celui qui l'avait entrepris égalait Timportance du tra>^il. Cependant,
malgré la facilité que l'érudition de cet écrivain célèbre lui procurait de puiser
dans les auteurs chinois , arabes et syriens , il lui manquait ime chose essentielle,
C^était une idée juste de la parenté des nations de l'Asie. En confondant ensemble
k» nations turques, mongoles, toungooses, finnoises et autres, il a manqué son
but, de sorte que son ouvrage n'est réellement qu'un magasin immense de ma-
tériaux précieux, entassés sans discernement. Deguignes trouvait avant et après
Tépoque de notre ère une nation nomade et puissante appelée par les Chinois
liioimg noUy qui inquiétait continuel lenient les frontières de ses voisins. La
biiuple ressemblance des noms lui fit conclure que ces Hioung nou étaient les
Hum qui plus tard vinrent inonder l'Europe dans le quatrième siècle. Cepen-
daut , eu lisant avec soin ce que les auteurs chinois racontent des Hioung nou,
on ne trouve aucune raison suffisante pour en induire que ce peuple était le
même que les Hunê, J'ai donné dans le chapitre sur les peuples delà race turque
(pag. 101 et suiv.) Thisloire des Hioung nou: on y voit que ceux du nord furent
dispersés par les Chinois près les sources de Tlrtyche, vers l'an 91 de nolTe ère.
f^urs débris se dirigèrent vers l'Occident pour aller en Sogdiane; mais ils ne
purent arriver j usque là, et furent contraints de s'arrêter au nord de Kkoaei ihstt,
ou KotUché (le nos jours. Ils s'y fixèrent pend.'tnl quelque temps sous h* nom de
Yuefw on Yue pan. Plus tard ils se portèrent vers le nord-ouest , et haiiitèrent,
sous ce même nom , la partie de la steppe des Rirghiz, qui est traversée pur les
monts Oulou tau et Jlghin tau. Ils y vécurent d'abord en bonne intelligence
avec les Jvuau Jouan; mais ils finirent par se brouiller avec eux, et ces querelles
occasionërent des combats fréquents. En 44^ '^^ envoyèrent une ambassade
aux Goei pour les inviter à attaquer les Jouan Jouan du côté de Forient, pen-
dant qu'eux fondraient sur ce peirple à Foccident. C'est pour la dernière fois que
riiistiûre de la Chine fait mention de ces Hioung noti. Deguignes, sans donner
aucune preuve de ce qu'il avance, dit simplement de ce peuple, « Ce sont les Huns
«(jui passèrent dan» ta suite en Europe sous le règne de V empereur Faiens. -
Il faut observer à ce sujet que cette portion de la nation des Hioung nou
(l'autre était restée dans la partie orientale de l'Asie moyeime ) avait déjà quitté
ce nom à répotjuc de ses désastres en l'an 91 de J.-C. et quelle s appelait Yuepo
RKCHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. a/p
ou Yue pan, nom qui n'offre nulle ressemblance avec celui des Huns. Une ïribu
(le ce dernier peuple est déjà mentionnée par Eratosthène, cité dans Strabon ,
comme habitant à Fouest de la mer Caspienne, deux cents ans avant notre ère. Il la
place au nord des Albaniens et du défilé de Derbend, tandis que vers cette épo-
que les Yue po u étaient pas encore arrivés aux sources de Vhkim, dans la steppe
des Kirgbiz; ils habitaient alors, avec les autres Hioung non, au nord de la Chine,
Tous ces faits rendent leur parenté avec les Huns très problématique; et si l*on
considère que les noms huuniques n offrent presque pas de rapport avec les dia-
lectes turcs , et que la plupart, comme Bièdas, Blidas, ou Bdeia , Glanés on
Glôés, BoareXj Sjrax Skotla, et Apsikh, sont des mots qu'aucun Turc ne peut
prononcer, à cause de l'accumulation des consonnes, qui se suivent sans être
séparées par des voyelles (i), alors la prétendu parenté des Turcs et des Huns
doit s^évanoun" complètement.
Après avoir démontré que les Huns n'avaient été ni Mongols ni Turcs, il reste Parente des Hun
dc5 Avares
à rechercher a quelle race cette nation fameuse appartenait. Heureusement les et des Hongrois.
historiens bysantins nous ont laissé des renseignements positifs sur ce point.
Nicétas, Léon le grammairien,GeorgeMonachus, nous apprennent que les Hon-
^roî« étaient le même peuple que les Hum, et ils se servent indistinctement de ces
deux noms pour le désigner. Les anciennes chroniques hongroises s'expriment de
même, et donnent un nouvel appui à ce système, quoique les fables dont elles sout
rem plies rendent leur autorité très suspecte à d'autres égards. Cmnamus désigne les
Hongrois sous le nom de Huns occidentaux (Oùwoi èaxepwi). A ces témoi-
gnages se réunit la ressemblance du nom de Huns et de celui de Hongrois^ ou
plutôt Oungri. Le nom des Ougri, Oungri, Ongri ou Hongrois se retrouve aussi
dans les dénominations de plusieurs tribus des Huns, tels que les Ogor, les
Ounougour, les Outigour, les Koutrigour, les Sarogour, et autres.
Mais les Huns étaient de la même race que les Avares; car Théophylacie dit,
« I^s jévares sont Huns d'origine, ils habitent sur l'ister; c'est le peuple le plus
» perfide et le plus avide de tous ceux qui mènent la vie pastorale. » Dans plusieurs
passages de son ouvrage il applique indifféremment le nom de Huns aux Avares,
et il dit positivement que ces derniers furent aussi appelés Hum (2). Ménandre,
(i) Poarcelïe tnSme raison ces noms oc peuvent nnn plus être mongols.
(a) Théophylacie i pag. la, 189, a65.
244 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
dans son livre sur les Ambasmdes (pag. 1 3 1), parle d'une entrevue de Théognis avec
Baïauy khagan des Avares; il appelle à cette occasion Tinterprète du dernier « /'m-
terpréte duHun.^ Cedrenus rapporte qu'eu 626 Rhosroës envoya Sarbar, uti de
ses généraux , ù la tète d'une armée contre Constantinople, avec ordre de faire
alliance avec les Huns occidentaux, quon appelle aussi Jvares^ avec les Bulgares,
les Slaves et les Gépides, pour aller assiéger la capitale de l'empire grec.
Ou voit, par ces diverses citations , que les HunSyles Avares et les Hongrois tétaient
indubitablement des peuples issus de la même souche, et on ne sera pas étonné
si j'entreprends d'expliquer les noms hunniques plutôt par la langue hongroise
que par tout autre idiome. Je n*ai pu douuer à cet essai plus de développement,
puisque les auteurs bysantins nont pas conservé les significations des noms
huns qu'ils citent.
Noms tlea Huns
expliqués
par le hongrois.
Noms hunniques Hongrois.
ArvikoLç ou Etsel A tzét, acier {edzeni,irem\iev \e(er^ edoz-
uïz, eau dans laquelle on le trempe).
Mouv^io'jjfoçouMouvTÇay, père d'Attila Mentség, protection, délivrance.
Hpvay , fils d'Attila Hir-nagy, gloire grande.
AeYY^'Ct/» fils d*Attila Tenyészes, (ertWïié {tenyézem, je repous-
se, je me reproduis).
KiÎtxwv, grand maître de sa cour . Etek, aliment , repas.
O^ïar , oncle d*Atula 0/r f a (om, j'instruis.
SovâiX , prince des Ouf oargour. . . Sandai, qui louche, s fl?ï<fi tant, loucher.
Xivta>.oç, prince des Koutourgour. Kinalas, offre, invitation.
Stvvuiw, . Szinni^ colorié.
Zaêepyotv Zàvar^ verrou, serrure, Zavariiom , je
mêle.
KoupiXayoç Koriit-ia§y, indulgent envers ceux qui
l'entourent (circum indulgens).
BaXay Balog , gauche.
BaXa4 ^a/, faisceau. Falasz, distinction, juge-
ment.
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. j]:^
Les Huns et les Avares étaient deux branches d'une même nation. Dans le Noms Imnniques
chez les
Caucase on trouve encore aujourd'hui une tribu de Lesghi qui s appelle Jvar et Lesghi-Avar.
qui habite Khoun dzakk. Pendant mon séjour dans ces montagnes , j ai recueilli
les noms suivants, conservés chez les Lesght^jivar ^ qui correspondent avec
ceux des anciens Huns.
Noms hunnùfues. Noms chez les Lesghi- Jvar.
Auiia Adilla^ nom d'homme très fréquent.
Oiild y Outdin Ou/rftn, famille avare.
Btéda ou Bouda k Boudakh-Suithan,
Eilak EHak.
Dingitsik />tn^tffsiAr , nom de famille.
Eskam f fille d'Attila Eika , nom de femme.
Balamir Balamir. ^
Almous Jrmous.
Leel Leei.
Tsolla Solta
Geysa Gaissa.
Zarolta, Zaroita.
Beled Les chefs des Lesghi ont encore ce titre.
Dans les dialectes des Let g hi-Avar, un fleuve ou une rivière s'appelle or^ kor , KipHcaiiou
, , - *J'u" passage
aiior. — Jornandes, chap. lu, dit: « Pars Hunnorum in fugam versa, eas partes Sc}- de Jomandés.
nthiaepetiit, quas Danubii amnis fluenta practermeant , quaî hnguà sukHunmvar
«appellant. » J'ai toujours pensé (i) qu'on devait lire la dernière phrase de cette
manière : «Quae Unguà sua Hunni Far appellent. • Ainsi Var aurait été le nom
du fleuve. Ma conjecture est pleinement confirmée par le manuscrit n" 5766 de
la bibliothèque du roi de France; il est du treizième siècle , et on y lit (fol. 3i) :
«^. iingua sua huni. uar. apeiianl, » — Un autre mantiscrit de la même biblio-
thèque, n** 5873 [2] fol. 69, recto, col. i. lit, au lieu de Danubii, « quas Da^
nnapri amnis fluenta, etc. * Ceci ne fait aucune différence pour le mot var,
qui , dans la langue des Huns , paraît avoir désigné une rivière; tandis que or,
(i) Archir fîjr Asiatiâche Lilleratur, Sanct-Petersburg, 1810, in-4M'ol. I,pag. 2^. — fteise
in den Knukasuâ. — Kaukasiache Sprachen, Berlin, 1814, ïn-8", pag. ig.
Les Huii« soiil les
[Finnois orienlaui,
et parents
des Vogouls.
a46 RFXHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
hor et ouor ont la même signification dans Pidiome des Avar de nos jours (i).
iNons avons vu que le portrait que les auteurs grecs et latins nous ont fait des
Huns était loin de [)eindre exclusivement un peuple de la race mongole. Cepen-
dant, si Ion trouvait mcine dans leur description quelques traits caractéristiques
qui conviendraient à la physionomie kahnuke , il ne faudrait jamais oublier que
le nez écrasé, les yeux de cochon et la rareté on l'absence de la barbe se rencontrent
chez une foule de nations de TAsie septentrionale. Ce que les anciens disentdes Huns
s*applique parfaitement aux f^ogoutê tle nos jours , qui sont de la race des Fin-
9 nois orientaux , et dont la langue offre une affinité marquée avec celle des
Hongrois. «La physionomie des Vogouls, dit un observateur éclairé, diffère
» totalement de celle des Russes , et montre leur parenté avec d'autres peuples
«sauvages de l'Asie. lis ressemblent beaucoup aux Kalmuks, Leiir regard est som-
»bre et leur chevelure d'une couleur foncée ou brun rougeâtre, ils la coupent
» autour de la tête; leur barbe est très clair-semée et plusieurs/) entre eux la rasent.
• Leur stature n*estpas élevée, et ils sont plutôt petits que grands. Les femmes et
» les filles ne paraissent pas trop laides , si l'on ne fait pas attention à leurs yeux
«petits et étroits. Celles-ci ne coupent pas leurs cheveux, ne les tressent pas,
• et les couvrent seulement avec un mouchoir. Les Vogouls sont très ignorants;
«leur occupation principale est la chasse et la pèche. Depuis l'enfance ils ne
• connaissent d'antre passe-temps que de tirer lare; ce qui les rend très habiles
«pour la chasse. Ils courent si vite, qu'ils manquent rarement d'attraper une
■ bète dont ils ont la trace. » Pallas , qui avait un talent particulier de saisir les
traits caractéristiques des peuples, dit des Vougouls: « Ils sont généralement
)» petits , ont l'air efféminé, et leur physionomie a quelque chose de kahnuke ,à
» l'exception de la teinte plus blanche de la peau. Leur visage est ordinairement
»rond , ce qui rend les femmes assez agréables ; on dit ces dernières très portées
(i) Malgré les poinli de (;onlact que je Tiens d^indîqucr entry les ûQcieas Huns et les ^wir
de Khoun dzakh dtins le Caucase, il faudrait se garder de {ireiidre, sans iiutres preuves, tous tes
Lesghi pour des trihus hunniques. Ceux de Khoun dzakh peuvent avoir éJé «lul'jugués par
quelque khan des anciens Avares, qui, à ladesU'Uction de sa puissance ,se ternit retiré avec ses trou-
pe* dauii les hautes rnoulagnes du Caucase, nû il aura fondé Tétut à* Avar ^ et où les siens se sont
raêlés avec les aitciens habitants ksghi, dont ils ont adoplé la langue, en conservant seulement
quelqui s uns de leurs mots et de leurs anciens noms propres.
\
RECHERCHES SDR LA MIGRÂTfON DES PEUPLES. 24;
• à l'amour physique. Leur chevelure est longue et noire ou d'un brun foacé.
■> Peu d'entre eux ont la barbe rouge et des cheveux de couleur claire. En général
j ilsn'onî que fort peu de barbe, qui leur pousse très tard. »
A ces ressemblances avec les Huns il faut encore ajouter quo , dans plusieurs
dialectes de la langue des Vogouls, itoum, khoam et koum sigoifient homme^ et que
ce mot ressemble assez au nom des Huns, qu'on doit prononcer /f<7mi ouKhoun, Il
ne faut pas non plus oublier que les Vogouls habitent les pays Ouraliens, qui dans
le moyen âge étaient connus sous le nora de la Grande II unie ^ ou de la Grande
Hongrie, a Ayant cheminé , dit le moine Ruysbroek (i a53) , enviro!> douze jour-
» nées depuis le fleuve Etlîtia (Volga), nous trouvâmes une autie grande rivière ,
«nommée lagag (laik) , qui vient du septentrion et du pays des Pascatir
a(Bachkir), et s'embouche dans cette mer. Le langage de ces Pascatir et des
n Hongrois est le même : ils sont tous pâtres, sans aucunes villes ni bourgades.
»Du côté de Forient ils touchent à la grande Bulgarie. Depuis ce pays-là vers
• l'orieut en ce côté septentrional, on ne trouve plus aucune ville. De sorte que
» la petite Bulgarie est le dernier pays où il y en ait. C'est de ce pays de Pascatir
)»que sortirent autrefois les HunSy qui depuis furent appelés Hongrois, et cela est
•y proprement la grande Bulgarie. *
Ce serait tirer des conclusions fausses , si Ton prétendait que , parceque les
Hongrois de nos jours sont une n:jtion généralement belle et d'une taille élancée,
ils ne peuvent descendre d'ancêtres qui étaient petits et mal faits. La tribu
finnoise des Hongrois a été mélé« avec tant de peuplades d*origine turque, slav^t
et germanique, quVlle s'est renouvelée totalement par ce mélange, qui d<v
vient évident par sa langue, composée d'éléments finnois, turcs, slaves et
allemantls. Une pareille régénération a eu lieu chez les Avares du Caucase; la
première colonie de ce peuple qui quitta les plaines pour se retirer dans les
hautes montagnes, s'y croisa avec la belle race qui les habitait, et s'assimila par
le laps des temps avec elle. Le plissage de Sidoine Apollinaire que j'ai cité plus
haut ne dit pas non plus que les Huns fussent si petits. Ce n'était que la
figure de ce peuple que l'évéque de Clermont dépeint comme horrible , mais il
ajoute,
Cœtera pars est pulchra riris. Staat peclara vasta ,
Insigni's huracri, succiiicU sub ilibus aUus.
Expli€»UtHl
du aotn dvn Huns
par 1» lattguc-
vogoute.
Téiiioifjfjage
«leRtiysljioek.
Les Hoiigi'ûis sont
des HuDs xnôléB
avec d'aiilres races.
Manière de vivre
des Huns.
2^8 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES
Il existe une suite de portraits des grands Mongols de Flnde, dans laquelle ces
princes paraissent très beaux et bien faits, et cependant nous savons positivement
qu'ils descendent de ces mongols si hideux dont nous méprisons la fif^ure dans
le Kalmuk et le Bouriate* Des mélanges perpétuels avec d auires races peuvent
de même, en peu de siècles, changer considérablement Textérieur d'im peuple,
surtout s'il quitte l'état sauvage, rempli de privations , pour se civiliser, se fixer
et se former dans un état stable et régulier.
La façon de vi\Te des Huns était celle de tous les peuples sauvat^es. Ils ne
mangeaient rien de cuit, et ne connaissaient nulle espèce d'assaisonnement. Ils
vivaient de racines crues ou de la chair des animaux un peu mortifiée enlte la
selle et le dos de leurs chevaux. Jamais ifs ne maniaient la charrue : les prisonnier?;
qu'ils faisaient à la guerre cultivaient la terre et prenaient soin des troupeaux.
Avant leur arrivée en Europe, ils n*avaient jamais habité ni maisons ni ca-
banes; toute enceinte de muraille leur paraissait un sépulcre; ils ne se croyaient
pas en sûreté sous im toit Accoutumés dès Fenfance à souffrir le froid , la faim ,
la soif, ils changeaient fréquemment de demeure, ou, pour mieux dire, ils n'en
avaient aucune, errant dans les montagnes et dans les forets, suivis de leurs
nombreux troupeaux, transportant avec eux toute leur famille dans des chariots
traînés par des boeufe (i). C'était là que leurs femmes renfermées s'occupaient à
filer ou coudre des vêtements pour leurs maris, et à nourrir leurs enfants. Ils
s'habillaient de toiles ou de peaux de martres , qu'ils laissaient pourrir sfu- leur
corps, sans jamais s'en dépouiller. Ils portaient un casque, des bottines de peau
de bouc, et une chaussure si informe et si grossière, qu'elle les empêchait de
marcher librement; aussi n'étaient- ils pas propres à corabattie à pied- Ils ne
quittaient presque jamais leiu's chevaux , qui étaient petits et hideux, mais lé-
gers et infatigables. Ils passaient les jours et les nuits sur ces animaux , tantôt
montés à la manière ordinaire, tantôt assis comme les femmes. Ils nen descen-
daient ni pour manger ni pour boire; et lorsqu'ils étaient pris de sommeil , se
laissant aller sur te cou de leur monture, ils y dormaient profondément- I^e
conseil de la nation se tenait à cheval, ils fondaient sur rennemi en poussant des
ft) Il est Pssentiei de rcmarquf;r que les ffioun^ nou D'avatent pas leurs habitnlions sur de
pareil» chariots. Les hi^loriens chinois di«enl rxpressimenr qu'ils vivaient sous des lentes de
feuirc. Ceci (ail encore une disiinction caracie'nsti/jue mire le» Huns cl les Hioung non.
REÇTIEKCIIES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 249
cris affreux : s'ils trouvaient trop de i^sistaucc, ils se dispersaient bientôt, et
revenaîeni avec une vitesse extrême, enfonçant et renversant tout ce qui se ren-
contrait sur leur passage. Leurs flèches étaient armées d'os pointus, aussi
durs et aussi meurtriers que le fer; ils les lançaient avec autant d'adresse que
de force, en courant à toute bride, et même eu fuyant. Pour combattre de près
ils portaient d'une main un cimeterre et de l'autre un filet, dont ils tâchaient
d'envelopper Tennemi. Une de leurs familles avait le glorieux privilège de porter
le premier coup dans les batailles; il n'était permis à personne de frapper Ten-
nemî avant qu'un cavalier de cette famille en eût donné l'exemple. Leurs
femmes ne craignaient ni les blessures ni la mort; et souvent, après une défaite,
on en trouva parmi les morts et les blessés. La barbarie de ce peuple était si
enracinée, que , près de cent ans après son arrivée en Europe, il n'avait aucune
idée de l'art d'écrire et n'envoyait que des propositions verbales aux princes avec
lesquels il traitait.
Les principales tribus de Huns étaient les Huns proprement dits, les A katsires , Tribus hunniques
qui sont vraisemblablement les mêmes que les Khazar des siècles postérieurs ;
les Viitorei; les Bourougoundi y qu'il ne faut pas confondre avec les Bour-
guignons établis dans les Gaules; les Ephtlialites , Hayathéiites ^ À bdetas^ ou.
Huns blancsy au-delà de la mer Caspienne, vers la frontière de la Perse; lesKi-
darites; les Koutrigoures ou Koutour goures y les Outigoures , Ouiiigourei ou Ou-
tour goures; les Ounnougoures ; les Ougoures ou Ogôr; les Ouitizoures ; les Sabirs,
qui habitaient le versant septentrional du Caucase; les Sdragoures et XesSarseit.
En 3^4 l^s ïïuns proprement dits, et plusieurs des tribus que je viens de nom- ^f'^^^'r® des HotI
mer, quittèrent, sous la conduite de leur roi Batumir , les bords du Volga et du
PaIus^Méotis,et assujettirent les v^Aafsr'rt?*, qui, d'après le témoignage de Priscus,
avaient avec eux une origine commime. Réunis à ce peuple, ils attaquèrent
les Jlains, nommés rflnflïie^, parcequ'ils habitaient les bords du Don. Les
Alaias furent vaincus et firent cause commune avec les Huns, qui en ojû entrè-
rent dans le pays des Ostrogoths. Hermannrick, roi de ces derniers, essuya une
défaite complète, et se tua de désespoir. Son successeur f^ithimir se défendit
pendant quelque temps : mais après plusieurs combats, vaincu par ses ennemis,
il fut tué dans une bataille qui se donna près des rives de VErac, Alors les Ostro-
goths furent dispersés. y^Manard A, chef des Gotbs appelés Thervinges^ s'opposa
3a
250 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
en vain sur les bords du Dniestr aux progrès des Huns. Surpris par ces barbares,
il fut obligé de prendre la fuite. Les Huns, s'avançant cbaque jour davantage,
gagnaient du terrain ; les Ostrogoths se soiimirentj et les Visigotbs, au nombre de
deux cent mille combattants, s'approchèrent du Danube et firent demander à
l'empereur Yalens la permission de se retirer dans la Thrace. C'est ainsi que les
Huns se rendirent les maîtres des pays situés au nord du Danube, qui depuis
un siècle et demi étaient sous la domination des Gotlis. De grandes troupes
de ces derniers restèrent encore quelque temps dans le pays, mais ensuite elles
prirent également la résolution de le quitter, et se transportèrent comme les
autres au sud du Danube. Cette migration des Gotbs produisit le même effet
que celles des autres barbares, c^esl-à-dire que leurs premiers progrès leur
fournirent les moyens de tenter de plus grandes entreprises sur les provinces
situées plus au sud ou à l'ouest. Les Romains se repentirent bientôt de les avoir
introduits dans leurs provinces; faute irréparable qui ouvrit aux Goths le cbemin
de la Grèce, des Gaules, et enfin de l'Espagne.
Baiamir attaque les Baîamîr, OU Eatiimber, dévasta en 55û les provinces romaines, et dé-
provinces romaines
en 3«o de J.-C. truisit plusieurs villes. Ou parvint à l'apaiser par la promesse d*uii tribut
annuel de dix-neuf livres ilor. Après lui Dmtatus régna sur les Huns. H fut
assassiné vers lan 387. Les Romains furent encore obligés de donner à son
successeur KItaraton des présents pouf Ferapécher d'entreprendre des invasions
sur leur territoire. Pendant près de quarante ans après cette époque , les histo-
riens bysautins font rarement mention des Huns. Ce ne fut qu'en 426 que plu-
sieurs de ces barbares, sous la conduite de RoïtaSy traversèrent le Danube,
pillèrent la Thrace et s'avancèrent vers Constantinople; mais ce chef fut tué par
un coup de tonnerre, et une grande partie de son armée ayant été détruite par
une maladie contagieuse, le reste retourna dans son pays. Ce Roïlas doit être
distingué d'un autre chef des Huns appelé Roua ou Ruguia^ auprès duquel se
loua ou RugulB. retira, en 4^^, Aélius, mécontent de la cour. Roua avait vécu en paix quelque
temps avec les Romains, moyennant un tribut annuel de trois cent cinquante
livres dor , que lempereur Théodose II fut obligé de lui payer; mais ayant été
infornié que les Amilzoures , les Itimares, les Tonosoures et lesBoiskes , nations
qui toutes habitaient près du Danube , avaient fait alliance avec les Romains, et
que ceux-ci le* avaient reçus sous leur protection, il envoya un ambassadeur à
Kfaaraton.
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. aSi
Théodose II pour lui déclarer qu'il était prêt à rompre les traités si l'on n*aban-
donnaît pas ces peuples, et si on ne les obligeait promptement de retourner danî»
le pays quils venaient d'abandonner. Cependant Roua mourut l'année suivante
(453), après avoir conclu la paix avec Valentinien îll , empereur d'Occident. Il
eut pour successeur ses neveux ^tttla et Bteda , fils de Moundzoukh , qui convin- ^"'^'^ '^^ Rled»,
rent Tannée suivante d'un traité avec Théodose IL Ce dernier s'engageait à leur
payer tous les ans sept cents livres dW. N'ayant rien à craindre de la part des Ro-
mains, les deux princes huns s'occupèrent de combattre tous les peuples barbares
et d'origines difléren tes qui habitaient alors le centre de l'Europe ; mais il ne nous
reste pas de renseignements sur leurs conquêtes au nortl, et nous n'avons que peu
de détails sur leurs guerres postérieures avec les Romains. En 44^ ils ravagèrent
la Thrace et Flllyrie. Théodose II fut contraint de se retirer en Asie, et decon-
clure une paix honteuse, n'ayant pas assez de forces pour repousser ces ennemis.
Après cette guerre, Attila , qui voulait régner seul, se défit de son frère Bleda Atula rècae seul
'■n 444 ^^ J.-C.
en 444 ' 6t s^ ^^^ P^^ 1^ maître des Huns , des Gépides , des Goths ou Ostrogolbs
restés en Pannonie, des Suèves, des Alaius, des Quadcs, des Marcomans, et
d'autres peuples. Ayant solidement établi sa puissance, il entra en447i^l*
tête d'une armée immense, dans les pays soumis à l'empire d'Orient, et les dévasta
jusqu adx portes de Constantinople, Théodose II, abandonné par l'empire d'Oc-
cident, ne put opposer qu'une faible résistance ; ses armées furent battues partout,
et il n'obtint la paix qu'en donnant au roi des Huns six mille livres pesant d'or,
et en lui promettant mille livres chaque année, et douze pièces d'or pour chaque
prisonnier romain qui était rentré dans l'empire sans rançon. Deux ans plus tard
on conçut à Constantinople le projet de faire assassiner Attila, et on gagna son
ambassadeur Edekon , qui consentit à exécuter ce dessein moyennant une
récompense considérable*. Il retourna chez son maître, accompagné de deux
envoyés de Théodose, dont l'un était dans le secret, et l'autre simplement chargé
de remettre au roi des Huns les lettres de l'empereur. Cependant la conspiration
fut découverte, et Attila profita de cette circonstance pour extorquer encore de
l'or aux Romains.
Le récit de cette ambassade contient plusieurs particularités intéressantes sur Manière de vivre
^ '^ d' Attira.
les moeurs et la manière de vivre des Huns. A cette époque, on voit que ce peuple
s'était civilisé considérablement pendant son séjour en Europe, et qu'il avait
Pfouvelles guerres
35a RECHERCÎIES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
adopté plusieurs usages dont il n^avait eu aucune connaissance cent ans aupara-
vant. La résidence d'Attila était située au nord du Tiieiss supérieur, son palais
était un grand bâtiment construit en planches de bois bien polies et surmonté
de tours ; il était entouré d'une enceinte semblable, qui servait plus pour en rele-
ver la beauté que pour le fortifier. Les maisons des grands de la cour étaient
bâties de la même manière et munies d*une enceinte pareille, sans cependant
égaler en beauté le palais du roi. Il y avait aussi à une certaine distance du palais
du roi un bain en pierres. On avait été obligé de les apporter de la P^xonie, parce-
qu on ne trouvait ni pierres ni marbres dans le pays où il était.Quand Attila retour^
nait dans sa résidence , il y fut reçu par des troupes de jeunes filles qui chantaient
des vers à salouange. il donna un grand festin aux ambassadeurs deConstantinople.
D'abord on leur présenta à boire à la santé du prince, ensuite on les fit placer
sur des sièges disposés autour de Tappartement \ Attila était assis au milieu avec ses
enfants sur un lit près duquel on voyait un escalier qui conduisait à sa chambre
à coucher, ornée de rideaux blancs et de tapis. Les grands de sa cour étaient assis
à différentes tables , où il n'y avait que trois ou quatre places. Après que ce prince
eut bu à leur santé et eux à la sienne, on servit divers mets dans des plats d'or et
d'argent. Attila seul, revêtu d'habits fort simples, et qui notaient distingués de
ceux des autres que par leur propreté et leur finesse, ne mangea et ne but que
dans des vases de bois; car il méprisait tous les ornements superflus. Après le
repas deux chanteurs entonnèrent des hymnes dans lesquelles ils célébraient les
victoires du roi ; au autre vint ensuite, et par des récits plaisants excita le rire des
auditeurs. Mais Attila conserva pendant ces divertissements une gravité imper-
turbable. Cette peinture de la cour du roi des Huns n offre pas la moindre
ressemblance avec les moeurs des Mongols, qu'on a voulu faire passer comme
descendants de ce peuple; elle contribue au contraire à détruire totalement cette
supposition gratuite que j'ai réfutée précédemment.
La paix avec la cour de Constantinople fut rétablie par de nouveaux
sacrifices de la part de celle-ci. La mort de Théodose le jeune, arrivée en /|5o,
parut offrir une occasion favorable à Attila pour faire de nouvelles demandes.
Il envoya des ambassadeurs à Marcien, devenu empereur, et exigea de lui le
paiement des tributs. Celui-ci répondit qu'il avait de l'or pour ses amis et du fer
pour ses ennemis. Attila fit de grandes menaces, mais n'ayant pu rien obtenir il
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 255
cessa dlnqriiéter Marcien, et chercha des prétextes pour porter la guerre dans
l'Occident, Honoria, sœur de Valentinieii , avait, quelque temps auparavant,
envoyé son anneau à Attila, dans le dessein de Tépouser. Ce prince la fit deman*
der comme sa femme, et avec elle une partie de Tempire qui devait lui servir
de dot. Après de longues négociations, Attila se désista de ses prétentions et
s*occupa de préparer une expédition contre Théodoric roi, des Visîgoths. H
pénétra en effet, en 45 1, dans les Gaules, et les ravagea. Trêves, Strasbourg, Spire,
Worms, Mayeoce, Besançon, Laon , Toul, Langres, Metz, et plusieurs autres
villes, tombèrent en sa puissance; il fit trembler Paris, et vint assiéger Orléans.
Il se rendit maître de cette place en 45a; mais elle ne resta pas long-temps entre
jses mains. Aétius et Théodoric le surprirent, le battirent, et l'obligèrent de se
retirer du coté de Troyes. Il s*y arrêta dans les vastes plaines de Mauriac près Bau lie
de Chàlons-sur-Marne, pour livrer bataille à ses ennemis. Elle lui fut funeste, chàlonsf*^ M
car il la perdit, quoique Théodoric eût été tué dans Faction, et il fut obligé de
retourner dans ses états pour réunir des forces nouvelles. Néanmoins il fit bien-
tôt une irruption en Italie, ravagea la Gaule cisalpine, prit Aquilée,et pilla les
villes de Milan et Pavie. II tenta encore une expédition contre les Gaules; mais,
battu par les Goths et les Alains, il fut obligé de se retirer. Toutes ces entre-
prises eurent lieu en 45^ > ^u* ^^^ aussi Tannée de la mort du roi des Huns.
Étant à Aquilée il prit une nouvelle femme, nommée Itdico, Le jour de ses noces
il but une si grande quantité de vin, qu'il mourut pendant la nuit, étouffé par le
sang. EUakky son fils aîné, devait lui succéder, mais ses frères lui disputèrent
le pouvoir et voulurent le partager entre eux. Ardarikh, roi des Gépides, saisit
cette occasion pour attaquer les Huns, et en 4^4 l^""" ^^"^^^ une bataille dans
laquelle Ellakh fut tué. Ses frères alors se sauvèrent vers le Pont-Euxin, et toute
leur nation fut dispersée. Dinghitsik^ autre fils d'Attila, se soutint encore peu- DînghitsiS.
dant quelque temps en Hongrie; il y fut battu par les Goths en 46 1 » et obligé de 4^1 t'e J.-C.
se retirer pi us à Test. Une partie des H uns passa le Danube, et reçut par les Romains
des habitations dans la petite Scythie et dans la Dacic riveraine, sur les bords de
la mer Noireet dans l'ancien pays des Goths. C'est de cette manière que ce peuple
disparaît peu à peu de l'Europe centrale. Les historiens du moyen âge nous ont
conservé plusieurs particularités sur les branches de la nation hunnique qui
"habitaient plus à Torient ; je les ai recueillies dans les extraits suivants.
Mort d'Allila
on 453 de J.-C,
et dispersion
des Huus.
Autres peuples
hiinnii|iu*s.
Ak^^lSMcs.
Saragoures
nougourcg.
Outourgourt-s
ri
Koiilourgourfs,
a54 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
Les Akaisires , vraiseraLlableraent le même peuple que les Khazar, qui occu-
paient les bords du Volga inférieur, quittèrent, sur l'invitation de Théodose, le
parti dWtlila et se firent alliés des Romains. Cependant un de leurs chefs, appelé
Kouridakh, mécontent de ce que les Romains ne lui faisaient pas des présents
assez considérables, fit prévenir Attila de yenir soumettre les Akatsires. Celui-ci
envoya contre eux, en I{l\S, une armée qui les subjugua, et tua leurs chefs, k
l'exception de Kouridakh. Le roi des Huns choisit alors un de ses fils pour prince
des Akatsires. Quelque temps après ce peuple fut vaincu par les Saragoures, les Ou-
roges et les H ounno goures^ chassés de leur patrie et forcés de chercher de nouvelles
habitations. Plus tard l'histoire fait pour la dernière fois mention des Akatsires, en
rapportant que, soumis par les Saragoures, ils firent avec ceux-ci une invasion •
en Ibérie et en Arménie. Cette expédition eut lieu vers Tan 470- Arrivés aux
portes Caspiennes, ou au défilé de Derbend, ils les trouvèrent occupées parles
Persans. Hs prirent donc un autre chemin , vraisemblablement par la vallée du
Terek, et pénétrèrent en Arménie. Depuis ce temps il n'est plus question des
Saragoures dans l'histoire.
Les Onougoures ou Hounogores formaient une branche considérable de la
nation hunnique ; ils firent vers l'an 470, dans les pays situés au sud du Caucase,
une invasion qui ne fut jias très heureuse. Attaqués par les Lazes des rives du
Kobus, ils éprouvèrent une défaite totale. En mémoire de cet événement les
Lazes donnèrent à un château situé dans le voisinage le nom de Onougoun's ;
mais à Fiiitroduction du christianisme dans ce pays (522), il fut changé en celui
de Saint-Étienne.
Les Ou tour goure s et les Kotttour goure s ne formaient originairement qu'un seul
peuple, appelé /f«n5 cimmériem; ils furent ensuite partagés en deux tribus,
celle des Outigour ou Outourgour, et celle des Koutrigour ou Koutoargoury nommés
ainsi d'après leurs chefs qui étaient frères. Leurs habitations s'étendirent depuis
Tembouchure du Tanaïs jusqu au Bosphore cimmérien , sur la côte orientale du
M<Tûtis. Comme les autres Huns, les Koutrigoures , guidés par une biche, traver-
sèrent cette mer en masse, et occupèrent bientôt toute la plaine entre le Tanaïs
et le Danube. Les Outigoures retournèrent avec leur prince en Asie, en prenant
leur chemin par la Crimée, où ils rencontrèrent les Goths Tétraxites. Ceux-ci,
quoique très inférieurs en nombre, leur résistèrent pourtant avec une bravoure
[
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 255
admirable. Ke pouvant vaincre ces adversaires, les Outigoiires conclurent avec
eux un tmité; ces Goths s'obligèrent à les accompagner en Asie, pour se fixer
sur l'autre rive du Bosphore. Ils y vécurent comme amis et alliés des Outi-
goures , sans néanmoins leur être soumis; et comme ils craignaient leur prépon-
dérance, ils recherchèrent Tamitié des Romains. Depuis cette époque, les Onti-
goures habitèrent la contrée comprise entre le Tanais et le pays des Sagides,
dans le voisinage de Pityas et de Sébastopolis, le long de la mer Noire; à l'est
ils s'étendaient jusqu'au Volga.
Les Koutourgoures, que le Danube seul séparait des Romains, traversèrent
souvent ce fleuve, et firent des irruptions dans les provinces de l'empire. En
55 1 les Gépides contractèrent une alliance avec eux pour se fortifier contre les
Longobardes; mais ils les envoyèrent ensuite dévaster et piller le territoire
romain. L'empereur Justinien , se sentant trop faible pour s'opposer a leurs
déprédations, envoya des présents aux Outîgoures, et les disposa , en leur faisant
espérer un butin corvsidérable sur les Koutourgourcs, à se prononcer en sa faveur.
En conséquence , les Outîgoures passèrent le Tan aïs sous la conduite de Sandii
leur prince, et, renforcés par les Goths tétraxites, attaquèrent les Koutourgourcs
dans leur pays , et retournèrent avec un nombre immense de prisonniers. Cet
événement força les Koutourgourcs de faire la paix avec les Romains, et Justinien
en établit en Thrace deux mille d'eux, qui avaient pu avec leiurs femmes et
enfants échapper aux Outigoures. Cette mesure indisposa beaucoup ces der-
niers. Huitansplus tard (en 559), une armée nombreuse de Koutourgourcs, sous
la conduite de Zabergan, passa le Danube couvert de glace, et mil tout à feu et
à sang sur le territoire romain. Hs envoyèrent même des expéditions en Grèce,
dans la Chersonèse. Ils furent vaincus par Bélisaire, déjà très avancé en âge;
défaite qui fut due plutôt à la ruse qu'à la bravoure des troupes romaines. Za-
bergan retourna dans son pays , non sans emporter des sommes considérables,
qu'il avait extorquées de Justinien. Cet empereur, prévoyant que ces barbares ne
rest^aient jamais tranquilles , chercha un moyen pour les exterminer.il envoya
une seconde ambassade aux Outigoures, et réussit à leur faire entreprendre une
nouvelle guerre contre leurs compatriotes. En effet, Sandil se mit aussitôt en
marche, attaqua les Koutourgourcs qui revenaient de leur incursion dans l'empire
romain, les battit totalement, et leur arracha le butin qu'ils avaient fait. Depuis
K"l;*l ilr^,
Sjiïiiifs OU SaMVes,
!i56 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
ce temps, la guerre entre ces deux peuplades hunniques fut presque perpétuelle,
et les affaiblit tant , que les Avares n'eurent pas beaucoup de peine à les subjuguer.
Les Huns appelés Kidarites babilèrent dans le voisinage des portes Caspiennes,
et furent anciennement tributaires des Perses. Un de leurs princes, qui régna vers
Tan /(6o, refusa de payer le tribut et attaqua les Perses. La guerre dura encore sous
son fils Kounkhas. Perozes ou Firouz, le roi de Perse, voulut la terminer par une
ruse, et promit de donner sa sœur en mariage à Kounkbas ; mais il la remplaça
par uneautre femme. Rounkbas, instruit de cette imposture, se vengea par le sup-
plice de trois cents seigneurs perses qu'il avait demandés pour commander ses
troupes. Ijcs liostililés éclatèrent donc de nouveau; enfin les Kitlarites furent
vaincus, et Baia, leur capitale, tomba au pouvoir des Persans. Bala est vraisem-
blablement la même ville queiîd/A/i, souvent mentionnée dans l'histoire persanne
deDerbend; elle était située sur la rive droite duKoïsou, au même endroit où l'on
voit à présent les ruines de Vancien Endery ou Andrceva, dans le pays des Lesghi.
Les Huns appelés Sabires ^ Sabinores , ou plutôt Sabir - ougores , for-
maient une nation puissante, coniposée de plusieurs tribus. Vers, 456, ils habi-
taient déjà au pied septentrional du Caucase , avec d*autres peuples de même
origine. A cette époque ils furent chassés de leur pays par les Avares, et tom-
bèrent à leur tour sur les Ouroges et les Onougoures. En 5i6 ils pénétrèrent
par les portes Caspiennes, firent des incursions en Arménie, et dévastèrent la
Cappadoce, la Galatie et le Pont, jusqu'à Euchatia, dont ils ne purent pourtant
pas s'emparer. Douze ans plus tard, Boarex, veuve de Batakkf régna sur les Sa-
bires. Ils occupèrent alors leur ancien pays au pied du Caucase, et furent voisins
des Zyklies. Boarex fit alliance avec les Romains, et vint habiter leur territoire,
avec cent mille des siens. GlôneSi ou Gto'vs, et Styrax, marchèrent, à la tète de
vingt mille hommes, au secours des Perses, contre les Romains; Boarex les atta-
qua et les tailla en pièces. Styrax fut tué dans la bataille, et Glônes envoyé
prisonnier à lenipereur Justinien L Cette princesse resta jusqu'à sa mort fidèle
aux Romains. Bientôt après (53 1), lesSabires repassèrent les portes Caspiemjes et
firent une nouvelle irruption sur le territoire romain; ils pillèrent rArménie,rEu-
phratésie , la seconde Cilicie et Ryrrhestilta. A la cour de Bysance on soupçonna
qu'ils avaient été excitésà cette invasion pâv Kabades ouKobad^roi de Perse; mais
ce monarque se justifia de ce reproche. Dorotheus, qui commandait les troupes
i
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 267
romaines en Arménie se mit enfin en marche contre les Sabires : ceux-ci n'atten-
dirent pas qii*il les attaquât, et se retirèrent dans leur pays avec un butin im-
mense, lis y habitaient encore en 546, et occupaient le Caucase au-delà des Alains,
des Abasges et des Zikhes: il paraît aussi qu'ib avoisinaient la mer Noire. En
555, deux raille Sabires, commandés par leurs chefs Balmakh, Koutilzîs et lliger,
vinrent au secours des Romains contre les Perses; un an après ils étaient alliés de
ces derniers contre les Romains. A cette époque lesSabires étaient encore très puis-
sants; mais ils penchaient vers leur déclin, car en 558 ils furent totalement défaits
par les Ouar et Khounni, peuples ogorcs, qui avaient passé le Volga. Les faibles
restes des Sabires se réfugièrenten Albanie. Ils y furent attaqués, en 5^5, par une
armée romaine, qui avait Tordre de les exterminer. Comme leur roi était absent,
les Sabires se soumirent et donnérentdes otages. Ils envoyèrent une ambassade à
Bysance; elle y fut très bien reçue par Tibère César, qui leur donna un subside
double de celui qu'ils recevaient ordinairement des Perses. Cette bonne intel-
ligence fut de courte durée. Leur roi , entièrement voué aux intérêts des Perses ,
refusa de ratifier l'alliance conclue avec les Romains» Ceux-ci les attaquèrent de
nouveau, et les obligèrent par des négociations de quitter la contrée qu'ils occu-
paient, et de se fixer sur le territoire de l'empire au-delà du Cyrus, ou Kour.
C'est la dernière fois qu'il est question de ce peuple dans l'histoire; cependant
on trouve encore que, vers Tan 585, il y avait des troupes sabires dans rarmée
romaine.
Les peuples hunniques habitaient non seulement à Touestde la mer Caspienne ;
[plusieurs de leurs tribus occupaient aussi des contrées situées à l'orient de
cette mer. Au commencement du cinquième siècle, une partie du Mawarannahar
et le Kharizm étaient ocaipés par les Huns blancs^ connus sous le nom des Ephika-
HteSj Abdela^ ou Nephtkaîites. Par la couleur de leur visage et leur manière de
vivre , ils différaient de ceux qui demeuraient plus au nord et en Europe : !e teint
de ceux-ci était basané. Beaucoup plus policés que ces derniers, les Ephthalites
vivaient dans des villes, faisaient le commerce et contractaient des alliances avec
leurs voisins; ce qui contribua beaucoup à les dépouiller de cette barbarie,
que les 'autres avaient conservée. A la fin du cinquième siècle les Ephthalites
n'étaient pas même en relation avec les Huns occidentaux. I^es écrivains orien-
taux les nomment HayaîeUh, et plus communément Turcs, La différence mar-
33
Ephihalites
ou HuDâbJaacs,
258 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
qiiée qui existait entre eux et les autres Iluns, donne sujet de croire que
c'était un peuple turc, gouverné par des princes d'origine hunnique; cette
conjecture est d'autant plus vraisemblable, qu'à la même époque les Turcs
desTchhy le ou Thie le s'étendaient jusqu'au Djihoun et à la mer Caspienne : leur
nom est vraisemblablement caclié sous celui des Hayalelek. Os derniers habi-
taient au sud-ouest jusque dans le voisinage de Gorgo , ville limitrophe du ter-
ritoire des Perses, appelée aussi Korkandj, et qui est le Chorasmia des anciens.
Rahram-gour, pour les punir d'une invasion qu'ils avaient faite en Perse, passa ,
en '|20, le i\éCi\é de Derbend, et, suivant le bord de la mer Caspienne, les
surprit dans le Kharizm , où il les attaqua si brusquement qu'il en tua un grand
nombre avant (ju'ils eussent eu le temps de se mettre en défense. Les Huns
abandonnèrent leur roi, qui fut tué dans sa tente par Rabram-gour, et se sau-
vèrent en désordre. On les poursuivit jusqu'au Djihoun, et le roi de Perse conclut
avec eux un traité par lequel ce fleuve fut reconnu pour la limite entre les deux
nations. Perozes ou Firouz,peX\t'iï\s de Rahram-gour, périt, en 4^^, avec toute
son armée, dans le voisinage de Gorgo, dans une expédition contre eux. Palofih,
fils deFirouz, qui était resté en Perse, fut proclamé roi. Pendant deux ans il
reconnut la souveraineté des Hayatcleh, et leur paya le tribut convenu par le
traité fait par Soukhra ou Soufrai, marzban ou gouverneur du Zablestân , deGhiz-
et de ïîost sur les frontières de l'Inde. Dans la suite ce même Soukhra délivra
la Perse de ce tribut; il passa le Djihoun à Kachmahin, attaqua Kfiouch tiavaZj
chef de ces Huns, et le vainquit. Une des conditions auxquelles il leur accorda
la paix fut qu'ils rendraient Kohdd, fils de Firouz, et les autres prisonniers.
Palach, s'étant fait haïr par ses sujets, fut obligé de remettre le pouvoir su-
prême à Kobâd ; mais celui-ci ne le conserva pas loug-tem(3S. Il avait fait mourir
Soukhra, son libérateur, et s'était attaché à la doctrine de^lVIazdak, qui prétendait
réformer la religioii«de Zoroastre, et voulait que toutes les femmes fussent com-
munes. Les grands de la Perse convinrent donc imanimement de déposer Kobâd,
et de mettre à sa place son frère DJamasp ; leur complot réussit , et Kobâd fut
renfermé dans une prison. Sa sœur, qui était en même temps sa femme, l'en
ayant tiré par un stnitagème , il parvint à se sauver dans le pays des Hayateleh.
Le roi de ce peuple lui donna une armée de trente mille hommes, à la tête des-
quels il rentra en Perse, ot reprit les rénos {\i\ gfjuvernement sans coup férir.
RECHEKCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 269
•
Les historiens persans, qui nous ont conservé ces détails sur les relations que
leurs rois ont eues avec les lluns-HaYateîeh, distinguent soigneusement cette
nation de celle des Turcs, gouvernée par un Ihakan. Quelques auteurs bysan-
tins ont confondu les Turcs, ou Thou khiu de l'Asie centrale, avec ces Hum;
Menandre, dans son Livre sur les ambassades, établit avec raison une distinction
entre ces deux peuples, en nous apprenant que les Sogdîens avaient été soumisaux
Ephtbalites avant de devenir sujets des Turcs. Théopbylacte nous a transmis des
renseignements sur l'asservissement des Ephtbalites par les Turcs. « Au com-
♦ menceroent de leté de Tan 599 ; i6* du règne de Maurice) , dit-il, le khagan des
• Turcs envoya de» ambassadeurs à Tempereur Maurice. Il soumit le prince de la
«nation des jibdela, appelés aussi Keplithalites, et s'enipara de leur royaume. »
Il faut aussi remarqiier qu'Aboulfaradj , dans sa Chronique syriaque,
abuse souvent du nom de Huns {Uounnâ)^ çn rappliquant aux peuples
d origine turque. Il indique cependant la première invasion des véritables Huns
dans les provinces romaines, à l'époque ou elle eut lieu. A Toccasiou de leur
irruption en Tbrace et en Illyrie ( en^^'fa )i sous la conduite d^AttiU et
de lileda, il les désigne sous la dénomination vague de barbares; mais il ne {i\\\
nulle part mention d'Attila. H décrit très bien les démêlés qui eurent lieu
entre le roi de Perse Ftrouz et les Ephl/iaiiles^ qu'il nomme .simplement II uns,
H rapporte que, sous le régne i\(^ Justin (de 5iS à Suliy, le roi <le Perse exigea
de cet empereur cinq cent cinquante quintaux d'or (?), qui lui avaient été promis
pour détendre les portes du Caucase contre les Huns. Justin ayant refusé d'ac-
céder à sa demande, il envoya les Arabes, ses alliés, dévaster le. pays des Ro-
mains. Mondar, le roi de ces Arabes, pilla phisieiu's contrées de la Mésopotamie
et de la Syrie. Aboulfaraclj place une entreprise des Huas et des Slaves contre
Constantiuople dans la 5i* année du règne de Justinien ( 55S ); il ajoute qu'ils
avaient déjà brisé la muraille extérieure de cette capitale. En effet, dans celte même
année que les Huns passèrent le Danube sur la glace, et vinrent fondre dans la
Mœsie, dans la Thrace et dans la Grèce, ils menaçaient d'assiéger Constantinople,
d'où ils se retirèrent après une négociation avec Bélisaire, qui leur donna de
l'argent et leur promit le paiement d'un tribut annuel. Jusqu'ici Aboulfaradj n'a
parlé que des véritables Huns; mais lorsqu'il dit qu'en 2(So de l'hégire bg5 de
J.-C ) , Jsmaél , fils de Ahmed , entra à la tête des Arabes dans le pays des Huns,
Alnts de
la dc^noniinution
de Huns.
a6o RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
y prit leur roi avec sa femme, pilla leur capitale, et emmena avec lui dix mille
Turcs prisonniers , et beaucoup de moutons et autre bétais , il est évident qu'il
donne le nom de Huns aux Turcs qui habitaient au-delà de TOxus En parlant
( sous Tan i o36 ) de Forigine de la puissance des Seidjoukides , le même auteur
appelle Huns-Gouz la tribu de ces Turcs. Dans cet endroit , l'édition arabe de son
ouvrage est beaucoup plus exacte , car elle donne le nom de Turcs gouzûns à
la tribu commandée par la famille de Seldjouk.
BouJgaref , nation Le^ Boulsarci , qui , après la destruction de l'empire d'Attila , devinrent puis-
sants et célèbres dans l'Europe orientale , furent aussi un peuple d'origine hun-
nique. Moise de Khorène les appelle Boulgharkh , et les place au nord du Caucase.
NicéphoreetThéophane nous donnent la certitude que ces Boulgares étaient des
Huns, et le dernier dit positivement qu'ils appartenaient à la même race que les
Koutrougoures. Il rapporte aussi que les Ottougoundoures , les Boulgares et les
Kotrages ( i), occupaient originairement les pays situés au nord du Pont-Euxin et
les bords du Palus-Maïotis , entre VAtalis et le Tanaïs (Don), et qu'ils habitaient
principalement entre le JVIœotis et le Kouphis ( Kouban), dans lequel on péchait
le poisson boulgare appelé xystus. Ici , ajoute-t-il , est l'ancienne Grande-Boul-
garie , qu'on appelle le pays des Kotragps ( Koutrigoures ) et des Boulgares , qui
sont de la même race. Dans un autre passage, il parle encore A,ei&Huns^Boulgares.
Nicéphore répète le même fait en disant : « A présent je dois parler des ha-
» bitations primitives des Huns , qu'on appelle aussi Boulgares. Sur le Palus-
• Mafoliset les bords du Kophines (Ruban) , est située la Grande-Bou/garie, et
• la nation qu'on appelle Kotrages, qui sont de la même origine.»
Nicéphore Gregoras nous apprend que les Boulgares avaient reçu leur nom
du fleuve Boulgan (Volga), sur les bords duquel ils avaient originairement
habité. En effet , le nom de la Grande-Boulgarie désigne , chez les autres his-
toriens bysantins, le pays situé entre le Don et le Volga, et ne se borne pas
seulement à la contrée à laquelle Théophane et Nicéphore l'attribuent. Les an-
ciens noms propres de ce peuple , conservés par les auteurs du moyen âge ,
n'offrent aucune analogie avec ceux des peuples slaves ; ils se rapprochent au
(i) Ce sont sans doute les Koutrigoures } il paraît eu général que Boulgar fut pendant quel-
que temps la dénomioatiou générale de toutes les peuplades hunno-ogoriques.
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. a6i
contraire du hongrois. Les grands, chez les Boulgares, portaient le titre de
boUad, qui convient parfaiteraent avec cehii des chefs lesghi , appelés encore
aujourd'hui beled (voyez aussi page a45).
^ Les Boulgares passèrent pour la première fois le Danuhe, l'an 487 de notre
ère ; mais ils furent complètement battus par Théodoric , roi des Ostrogoths , et
leur prince Bousas resta sur le champ de bataille. Ce désastre les retint pendant
quelque temps; cependant ils firent, en 49^, une nouvelle invasion en Thrace,
et dévastèrent ce pays d*une manière terrible. Six ans après ils y revinrent , et y
exercèrent des cruautés inouïes. Une armée romaine, conduite par Aristus, qui
voulut s opposer à ces barbares, fut totalement défaite: depuis ce moment, rien
ne fui capable d'arrêter les incursions des Boulgares. En 5o2 ils tirent une nou-
velle irruption sur le territoire romain; elle fut si soudaine, que déjà la Thrace
et riliyrie étaient envahies par l'ennemi, avant qu'on en eût la nouvelle à Bysance.
L'armée romaine était alors occupée à combattre les Arabes qui étaient entrés
en Syrie. Jusqu'alors les Boulgares n'avaient été que les ennemis des Romains , à
présent ils commencent à servir dans leurs armées. Un corps considérable de ce
peuple marcha, en 5o5 , sous la conduite de Sabinien contre les Ostrogoths en
[ Pannonie; mais il fut battu à plate coulure sur les bords de la Morava en Servie,
I par Moundo et Pitsia , capitaines de Théodoric. Quimd p'^italien , gouverneur de
la Tlu-ace , se révolta , en 5i4, contre A nastase; il avait panui ses troupes des
Huns et des Boulgares. Avec leur aide il força l'empereur à souscrire aux condi-
tions qu'il lui plut de prescrire.
l^s Avares passèrent en Europe vers Tan 558, après avoir vaincu phisieurs Passage des Avare»
autres peuples ; ils attaquèrent et soumirent aussi les Boulgares; ceux-ci resté- 558 de'jf^-C.
rent les vassaux des Avares, jusqu'à lepoque où leur roi Koubrat^ nommé aussi
prince des Hounogoundoures , secoua le joug et chassa les oppresseurs. Cet évé-
nement arriva entre 634 ^ï 64»' Koubrat conclut aussitôt une alliance avec
l'empereur Héraclius , et y resta fidèle. Après sa mort ses cinq fils, agissant contre
sa volonté expresse, partagèrent son peuple. -Batfrûi l'ainéresta avec les siens
dans son ancienne patrie ; il y fut, peu de temps après, subjugué par les Kha-
t zars. Kotrag, le second, passa le Tanaïs et se fixa sur son bord occidental. Le
I quatrième et le cinquième frère passèrent le Danube ; le dernier poussa jusqu'à
m Ravenue en Italie, et l'autre s'étal>lil en Pannonie et se réunit aux Avares. Le
' 262 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
troisième enfin , nommé Asparoukh , franchit le Danastris (Dniestr) et le Dana-
pris ( Dniepr ), et se fixa sur les bords d'une autre rivière , dans un lieu que les
Boulgares appelaient dans leur langue On^/. Ces Boulgares commencèrent bientôt
à infester le territoire romain. L'empereur Constantin Pogonate marcha, en 678.
contre eux, pour les punir; mais, aprt»s avoir hésité à leiur livrer bataille, il fut
forcé , par une maladie qui lui survint aux pieds, de quitter l'armée; ses soldats,
Coiiquéic de la reffardaut son départ comme une fuite ,• le suivirent en désordre. Les Boulgares ,
Mœsic-lDfc'rieurc ^ * o »
parles Boulgares commandés par leur roi Terbel, les poursuivirent, passèrent le Danube, et firent
la conquête de la Mœsie'Inferieure; ils rendirent tributaires les Slaves qui habi-
taient ce pays , auquel ou donna bientôt le nom de la Boulgarie.
On voit parce récit que les Roulgares, qui se fixèrent dans la Mœsie-lnférieure
ne formaient qu'à peu près le cinquième de toute la nation. Les autres disparu-
rent insensiblement avec les Avare3,ou bien tombèrent sous le joug des Kliazars,
qui devinrent puissants à cette époque. La tribu de; Terbel, quoiqu'elle eût soumis
les Slaves de laMdîsie, leur était cependant très inférieure en nombre; avec le
t<Mnps elle se fondit entièrement avec eux, oublia sa langue, adopta celle des
vaincus, el ne garda que le nom de Boulgaret. Celte fUsion parait avoir été com-
plète vers le milieu du neuvième siècle, car depuis cette époque les noms
propres de ce peuple , conservés par les historiens bysantins , commencent à
être tout-à-fait slaves. L'histoire de ces Bulgares n'a aucun rapport à l'Asie, et
je dois la passer ici sous silence.
Avares J'ai déjà cité (pages 2.'|,> et '2!\\) plusieurs passages par lesquels on voit que
ou Ouarklioiiitcs*.
les Avares étaient des Huns. Paul JVarnefrid , d^ori^ine longobarde et diacre
d'Aquilée, qui écrivait vers l'an 770, dit que les Avares portaient originairement
le nom de Huns , mais qu'ils furent appelés Avares d'après celui d'un de leurs
rois. Nous savons aussi , j)ar les historiens bysantins , que ce peuple s'habillait
comme les Huns, et qu'il parlait la même langue avec eux. Théophylacle Simo-
catta nous a laissé les meilleures notices sur ce sujet. D'après lui la nation des
Ogor habitait au nord du Caucase. Deux de ses tribus, les Ouaret Khounni, qu'on
appelle ordinairement d'un nom commun Ouarkhonites,éta.ïeni les Avares qui ar-
rivèrent en Eun)pe. Nous connaissons déjà, par les noms de plusieurs peuplades
hunniques, la dénomination â'Ogor ou Ougour; elle paraîtdériverdu mot iou-
grien qui signifie haut; car, dans la langue des Ostiakes (qui forment, avecles
RECHERCHES SLR LA MIGRATION DE?S PEUPLES. 265
Vogouls, la race iougriennexles Finnois orientacix) , ûugor ou ogour et ogor, expri-
ment l'idée lie haut et de Aaa/é-ur. Vraisemblablement les tribus hunniques avaient
adopté cette dénomination quand ils habitaient encore dans les hautes montagnes
de rOnral , d'où ils sont venus passer le Volg» et se répandre vers l'occident pour
envahir TEurope centrale. Ce que je viens de dire relativement à la descendanct*
ogore des Avares s'applique cependant principalement à ceux qui vinrent
habiter plus sur le bord du Danube; car les vérilahles étaient restés, d'après le
même Tbéophylacte, à Test du Volga , ce qui n'cmpéche pas qu'ils ne bissent
de la même race que les occidentaux. Les Ouar cl Khoimni ou Ouark/ioniieshiibi'
taient, du temps de Justin 1", à Torient du (leuve TH. Ils avaient reçu leurs noms
de ceux de deux de leurs anciens chefs, et furent, à cette époque, soumis au
khagan des Turcs. Vingt mille de leurs familles s'affranchirent , en 557, de ce
joug, et se sauvèrent à Toccident. I^s Sarselt, les Ounougoures, les Sabires et
autres tribus hunniques , furent épouvantés de cette migration : prenant ces fugi-
tifs pour les véritables Avares, ils leur envoyèrent des cadeaux précieux pour
fléchir l'esprit farouche de ce peuple. L'année suivante lesOuar et Khounni atta-
quent les Sabires, qui furent battus et presque entièrement détruits ; les débris se
sauvèrent, comme nous l'avons vu, eu Arménie. Les Ouarkhonites se glorifiaient
d'être de la même race que les Jcares; car ce peuple passait pour être le plus ingé-
nieux de toutes les nations scjthjques. En peu de temps ils soumirent plusieurs
tribus hunniques, telles que les Outigoures et les Koulourgoures ; les derniers
paraissent s'être soumis volontairement à eux. Lîn des chefs des Koutourgoures
disposa les Avares d'attaquer la nation slave des Antes. Ils suivirent ses conseils,
et tlévastèrent le pays de ces derniers. Les Antes envoyèrent alors des ambassa-
deurs aux Avares pour proposer rechange des prisonniers; mais les Avares
les tuèrent et ravagèrent derechef le territoire des Antes. Tous ces événements
eurent lieu entre 56o et 56a. Déjà en 507 les Avares avaient tâché de se mettre
en relation avec les Romains , par rentremise de »Saros«i5, prince des Alains
caucasiens : ils reçurent en effet la permission d'envoyer une ambassade à Con-
stantinople. Elle vanta beaucoup le nombre et la valeur de ses compatriotes , et
offrit leur alliance à la cour de Bysance. En revanche , les Avares demandèrent
un revenu annuel et un pays fertile pour s'y établir. Justinien T' les combla de
présents, et envoya Valeuiin avec leurs ambassadeurs pour conclure un traité
Les A11WI e.-.
se rendent dans
264 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
avec le khagan des Avares , et pour le disposer de faire la guerre aux ennemis
des Romains. Ixurs entreprises contre les tribus hunniques furent une suite de
cette alliance. Sous le règne de Justinien II , en 565 , les Avares envoyèrent à
Bysance pour recevoir les présents stipulés; ils tentèrent par des menaces d'en-
gager l'empereur de leur accorder plus , mais celui-ci tint ferme , et les choses
restèrent sur l'ancien pied. Bientôt après , ce peuple inquiet, voyant qu'il ne
pouvait rien extorquer de plus aux Romains, quitta les frontières de l'empire
oriental, et se rendit dans le pays des Francs. Les Avares y conclurent une
lepavsdes Francs, alliance avec le roi Sigebert, et se réunirent aux Longobardes contre les Gépides;
'"iofi de J.-C.
ils retournèrent , en 568 , aux bords du Danube. Quoique alors Justinien II ne
hs reçût pas mieux que la première fois , ils n'osèrent cependant pas attaquer
les Romains» et se contentèrent de les faire inquiéter par les Koutourgoures.
Après que ces derniers avaient soumis les Outigoures et les Gépides , les Avares
devinrent plus exigeants, et demandèrent que l'empereur leur cédât Sirmium
avec l'île ou le territoire de celle place, c'est-à-dire tout le pays situé entre le
Save , le Drave et le Danube, qui fait partie de l'Esclavonie actuelle ; ils répétè-
rent en mérae temps la demande d'un tribut annuel.
En 573 les Avares attaquèrent et vainquirent les Romains; cependant la paix
avec eux fut bientôt rétablie. En 58 1 ils firent, sur Finvitation de Fcmpereur
Tibère, une irruption dans le pays des Slaves qui dévastaient le territoire ro-
main. Ils étaient d'autant plus disposés à cette expédition , que lesSlaves avaient
tué l'ambassadeur de Batan, khagan des Avares. Mais l'année suivante ils
rompirent le traité conclu , et essayèrent de s'emparer par ruse de la ville de
Sirmium. Bientôt après une guerre ouverte éclata , elle finit en 58a; les Romains
furent forcés de céder cette ville et s'engagèrent à payer un tribut annuel. Tottrou-
xanth, prince des Turcs, auquel Tibère avait envoyé^ en 579, une ambassade , se
plaignit, entre autres, de ce que cet empereur, dans le moment où il recher-
chait son amitié , avait fait une alliance avec les Ouarkhonites , ou Pseudo-Ava-
res, qui étaient les serfs des Turcs; en même temps Tourouxanth menaça les Ro-
mains d'une invasion sur leur territoire. Il connaissait très bien, disait-il, les pays
arrosés par le Danastris, le Danube et FHébrus, et cita aux Romains l'exemple
des Alains et des Ounigoures; quoique ces peuples, ajouta-t-il, eussent été braves,
puissants et courageux , ils n'ont pourtant pu résister aux Turcs , qui les
Guerre contre
les Romains,
573 de J.-C,
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 265
avaient soumis k leur domination. Tourouxanth ne se borna pas à ces démons-
trations. Pendant que les ambassadeurs romains étaient encore chez lui , il fit
conquérir par Bokhan la ville et le territoire de Bosphore,
Depuis la dernière paix conclue entre la cour de Conslantinople et les Avares,
la puissance de ceux-ci s'accrut de jour en jour. Presque tous les ans ils de-
mandaient une augmentation/de tribut, et néanmoins ne cessaient pas d'in-
quiéter les frontières des Romains. Vers la fin du sixième siècle, les Avares
avaient déjà subjugué les Slaves qui habitaient l'Allemagne orientale : ils les trai-
taient avec une cruauté extrême. A la même époque, ils demandèrent à d'antres
Slaves, occupant les bords delà mer Baltique, des troupes auxiliaires contre les , l^i^'^sance
Romains orientaux. Il paraît en effet qu'ils ont poussé leurs conquêtes jusque jusqu'à l'Elbe.
dans les pays situés à l'est de l'Elbe : à l'ouest de ce fleuve , ils dévastèrent sou-
vent la Thuringe. Au commencement du septième siècle, ils firent la conquête
de la DalmatJe, qu'ils occupèrent depuis l'Istrie jusqu'au Timmok. Ils s*étaient
renforcés de nouvelles tribus venues de l'Asie, et parmi lesquelles Théophylacte
nomme les Tarniakkei les Kotsaghires, qui, s étant soustraites à la domination
des Turcs, arrivèrent en Europe; il nomme aussi lesZabender, forts de dix mille
familles, qui accoururent également pour se réunir aux Avares. Toutes ces peu-
plades étaient de la race des Ouar et des Khounni. Mais la puissance des
Avares touchait à son terme: les coups les plus rudes leur furent portés par les
Koutrougoures et le^ Boulgares , qui habitaient encore au nord de la mer Noire
et du Palus-Mœotis. Ces tribus hunniques, quoique dépendantes des Avares,
avaient toujours été gouvernées par des princes pris dans leur sein.
Cependant les Avares , soutenus par les Slaves , les Boulgares et les Gépides ,
leurs vassaux, avaient encore mis, en 626, le siège devant Constant! nople. Depuis ce
temps ils s'affaiblirent de plus en plus,etperdirent la prépondérance qu'ils avaient
exercée. Ils infestèrent encore de temps en temps les provinces de l'empire, et in-
commodèrent surtout les peuples voisins du Danube et de la Pannonie, dont tls
étaient maîtres. Charlemagne résoktt de les subjuguer : il passa rEmsen79i, et
porta le ravage dans leur pays. La division se mit alors parmi les chefs des Avares,
et leur état de faiblesse facilita , cinq ans plus tard, à Henri , duc de Frioul , la
prise de leur principal campement on Ring ; il y trouva des richesses immenses,
Teudon , uo de leurs chefs, se rendit auprès de Charlemagne, embrassa le
"4
Deaiructron
ries Avares
par les Francs. |
266 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
chrislianisme, puis fut renvoyé dans son pays, situé sur le Rab; mais étant re-
tombé peu de temps après dans ndolâtrie, il fut tué par les Francs. Les autres
Avares, qui s'étaient choisi un nouveau roi , furent vaincus par Pcpin ; et les
Francs devinrent maîtres de tout le pays depuis le Rab jusqu'à la Drave et au-
delà du Danube; une grande partie des Avares furent tués, et le reste repoussé
au-delà du Theïss. Ceux qui habitaient plus à l'est furent anéantis par les Boni-
gares en 803.
Tout ce qn*on vient délire ne s'applique qu'aux Avares occidentaux, ou Ouar
et Khounni; la grande masse de la nation, ou les Avares proprement dits, n'a
pmais passé le Tii^ auquel les Turcs doimaient le nom de fleuve Noir. Ce fut
en r>97 que le khagan des Turcs vainquit ces Avares : une partie d'eiUre eux se
T»mgas, 1.1 CliJnr sauvèrent à TflWiTiii fi). C'était une colonie florissante des Turcs, éloignée dequinae
sous les Soni, o^ \ / Cl
cents stades de Flnde ; ses habitants étaient très braves et nombreux, et surpas-
Rrëiorïenlaiix.
(1] Ce que Théopliylaclc, qui écrivait vers 610» raconle ù cille occasion de Taugas ( Tavyotç )
cal irop curieux pour que je le puisse passer sous àileuce. • Le khagan iles Turc?, dit-il, .iprès
«avoir hcurcusemcnl terminé la guerre civile qui nviiil écliilû dans son puys, conclut uoe al-
wliance avec les Taugm, Le prince de ce pays s'appelle Talssan. (Tacffocv), ce qui signifie ^*/s
»de Dieu. Ce royatfinc n'csl jamais Iroublé par des désordre* inlérieur?, parcequc la succession
-des princes est héréditaire; on y adore d«!S idoles ; les lois sunl jnsle» et les hahilnnls sobres.
'•D'iiprcs une ancienne coutume qui a force de lois, les hommes ne portent jinniiis d'orne-
I mentit d'or, quoiqu'il y ait chez eux beaucoup d'or et d^argent, qui y est attiré par le çnnd
"CûUMucrcc qu'ils font. Taugas est divisé par uu fleuve considérable qui autrefois séparait deux
••peuples nombreux j dont Tuo portait des habits noirs et Pautre drs rouges. De nos jourâ, et
'•sous le règne de Maurice, ceux qui élaient habillés en noir passèrent le Quuvc pour alt.iquer
lies habillés en rouge , les vainquirent et Its subjuguèrenl.
«Les barbares racontent que la yille de Taugas avait été bfllle par Alexandre , après qu'il eut
• soumis les Sogdiens el les Bactrien;; et détruit iao,ooo barbares par le feu.
»Leâ épouses du roi, parées d*or et de pierres précieuses» montent des chars dorés, dont
«chacun est traîné par une jument riclicmenl ornée d'une bride d'or el de pierreries. Le prince
»a sept cenls coneubines. Les femmes des nobles se servent de voitures suspendues et argenl€Q«.
• On raconte aussi qu*Atexandre fît construire une autre ville, qui n'est éloignée de Taugas
nque de peu de milles; lec barbares l'appelteiU Khotibdan ( XouÇàcxv). Après la mort du roi ses
^épouses se rasent la It-le cl portent un deuil perpétuel ; d'après les lois elles ne doivent jamais
-quiUer son tombeau. Khonhdan est partagé par deux bir^cs rivières bordées de cyprès. On dit
'que ce» Indiens septentrfoneux ont le leint bl-iu'. Ou trouve ibei eux beaucoup de vers h soir.
UECÎIF.RCllKS SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
267
saient tous les autres peuples de l'univers. Le reste des Avares se retira chez les
Moukrit (1), qui, dit-ou , habitaient près de Taugas, et qu'on dt»peint aussi
comme un peuple 1res valeureux»
Deguignes» en prenant les Turcs îlioung non pour les Huns qui sont venus
dévaster FEuropCj pouvait au moins appuyer cette conjecture sur une res-
semblance de nom. Un pareil secours lui manqua, lorsqull soutint que les
Jeottjan ou Juan Juan (voy. page 99 ) des historiens cliinois avaient été le même L.es Avares nfe sont'
pas les Jeou-jati
peuple que les Avares. Les Jeoujan furent entièrement défaits, en 555, par
le M oiikan-khan^ empereur des Turcs; et leur roi, avec le débris de ses sujets, fut
obligé de se retirer chez les Goei occidentaux {voj. page 1 15 ). Moukan^ qui était
plus puissant que ces derniers, exigea de l'empereur de Goei qu'on lui remît
les restes des Jeou jan , au nombre d'environ trois mille ; il les fit tous égorger
avec leur roi. Les Jeou jan, qui habitaient au nord de la Chine, ne peuvent donc pas
être le même peuple que les Avares, établis dans le voisinage de ta mer Cas-
»f\m fournissent une grande quantilé désole de diH'creDtes couteura. Gci barbares soQt très
utiabiles ù les élever et i^ tirer parti de ce qu*ils produisent »
Taitgas csl évidemment \a Chine , réunie diins un seul empire sous le sceptre de» Sout.
{Foyez pnge 3o5. ) Le fleuve qui jmrtngeaîl le p.iy* de Taugas est le KiangqKie les Sotii pnp-
."èrent pour attaquer et détruire le* Tchhin. Cet événement eut lieu en 588 , ainsi précisément
sous le régne de l^eaipereur Maurice (de SSa à 60a), comme Théophylacte Simocatta Tobserve.
Le litre des princes de Taugas Tdisan, qui «signifiait /î/s fie Dieu, est l« cliinais Thian Liu , qui a
la même significalion; car thian est ciel et Dieu^el Isu fils. Dans Tatsan Vnvl l'jsont transposés;
si on remet ci's letlres ;i leur place j on aura Tiansa ^ mol qui ne diiFére pas essentielli-mcnt de
Thian tstu Tout le reste de la descrîptinn de Taugys dépeint bien la Chine; ta splendeur de la
cour, le nombre des concubines deTempereur ralleslenf ; et memeta remarque que les Chinois
sont biancs en comparaison arec Itf Hindotrs est exacte.
Khouhiîan est ïe même nom que Khoumdan {voyez page 229) : c'est oeîui que les peuples
turcs, ceux de l'occident de l'Asie et les chrétiens «yricns donnaient à Tchhangngan ou Singan
fou de DOS jnurs, C|ui fut la capiiale des Soui. L*0«eï c/wui coule uu nord de cette ville, el s'y
partage en deux bras, qui se reioignent après l'avoir parcourue; ce sont les deux rivières dont
Tbèophylactc parte. Le récit de cet auteur donne une preuve de son exactitude et démontre la
véracité de Thistnire chinoise.
(1) Ce sont vraisemblablement les Mckrit^ peuplade d'origine douteuse, qui , du temps de
Tchinghti-khan , habita dans les monts Altuî, et Tangnou , aux sources du Sélenga et de ses
affluents.
Pareil rc des Avares
avec les Finnois
orientaux
et les penjjJes
du Caiicîjse ,
demonlree
par Inir langue.
. ou Khozars.
•26S RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
pienne et du Volga , et qui ^ dispersés par les Turcs trente-sept ans plus tard ,
ne furent jamais totalement exterminés.
Les Avares , comme peuple hunnique , appartenaient à la branche iou-
grienne de la souche des Finnois orientaux. J ai démontré dans mon Voyage
au Caucase et dans mon Aùa potygiotia , que les langues des Lesghi et des
Mitsdjeghi , peuplades caucasiennes, offraient des analogies frappantes avec
les idiomes des Finnois orientaux ; on doit donc chercher le peu de mots
avares, que les écrivains du moyen âge nous ont conservés, ou dans le Caucase,
ou chez les habitants des pays ouraliens. En effet, le mot ^7, qui signifiait
noir chez les anciens Avares, se retrouve chez plusieurs tribus des Lesghi;
car dans les dialectes d*Antsoukh, deTchar et chez les Andi , dir est noir. Chez
les anciens Avares, vokolabras signifiait grand-prêire ; chez les Ingouches ,
tribu des ÎMitsdjeghi, voko, et chez les Lesghi d'Antsoukh, vôkhouta, veulent dire
grand. Parmi les noms propres avares que nous connaissons, ceux de Baïan ,
Samoury Sotakh el Kokh &e retrouvent encore aujourd'hui chez les Lesghi et les
Mitsdjeghi- Le plus puissant prince des premiers porte le nom (.Vy^var-khan, et
résitle, comme je l'ai déjà remarqué, à Khoundzakk. Ces ressemblances sont si
frappantes, qu'on ne peut s'empêcher de croire que ces peuples caucasiens ne
soient, ou de véritables Avares, ou du moins fortement mêlés avec les débris de
cette nation , qui pendant long-temps vécut dans le voisinage des montagnes
qu'ils habitent
Dans les annales russes, les Kfiazars ou Khozars sont aussi appelés Hongrois
blancs. Dans la dernière moitié du second siècle de notre ère , cette nation habi-
tait déjà au nord du Caucase, sur les bords de la mer Caspienne, comme nous
l'apprenons par le récit de Moïse de Khorêne. D'après cet auteur , les Khazars,
réunis aux Zf^rsiViciiSj sous le commandement de leurs rois f^énaseb eiSourhag,
forcèrent, vers l'an 178, les gorges de Derbend, passèrent le Cyrus et firent
une invasion en Arménie. Vagbarck, roi de ce pays , se mit aussitôt à la tète de
ses troupes, et marclia contre eux; il les vainquit, les contraignit de repasser
le Cyrus , et leur livra une seconde bataille auprès du défilé de Derbend. Cette
fois la. fortune lui fut contraire ; son armée fut défaite, et lui-même périt dans
la mêlée. Son fils Khosrov lui succéda et vengea sa mort. Il rassembla de
grandes forces , passa le Caucase , et alla attaquer les Khazars jusque dans
:iazars nomme!»
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 269
leur pays; il les battit complèleraeiit , fit élever siir leur territoire un monu-
ment avec des inscriptions arméniennes et grecques, pour conserver le souvenir
de sa victoire ; il emmena un grand nombre d otages, pour être assuré à l'avenir
de la tranquillité de ces barbares.
A l'époque de l'invasion des Huns, les Akatsires (^Khazars) devinrent les alliés Khuzars soumis
aux Huas ,
de ce peuple; Attila les subjugua en 449» ^^ leur donna son fils pour roi. La mort en 449 de J.-C.
de ce conquérant fut Fépoque de leur délivrance; ils retombèrent pourtant
bientôt (en 462 ) sous le joug des Ounougoures , Boulgarcs et Saragoures.
Khosrou jénouchirvân ^ roi de Perse, qui régnait entre 55i et f>79, fit la paix
avec le khakan des Rhaxars , et éleva la fameuse muraille de Derbend, dont on
voit encore les ruines ; elle devait empêcher ce peuple de faire des irruptions
dans ses provinces. H y établit unmarzbau^ chargé de garder ce rempart contre
les barbares du nord. Cependant les Khazars le franchirent de temps en
temps pour faire des incin-sions en Perse et en Arménie. Dans les historiens
bysantins, les Khazars paraissent pour la première fois sous le nom de Turc* Kti^
orientaux^ sous le règne de lempereur Héraclius. Ce prince les excita en 626, "1^6 Se'j" c"* '
par des présents et par des promesses, à faire une invasion en Perse. Une
armée nombreuse de ce peuple entra alors par les portes Caspiennes , et se
réunit à l'armée romaine. Héraclius honora leur khagan d'une manière toute
particulière, lui mit son propre diadème sur la tète, lui donna le nom de
son fils , et lui promit pour épouse sa fille Eudoxia, dont ce prince avait ad-
miré le portrait. D'après l'alliance conclue entre les deux souverains , le khagan
laissa à ferapereur une armée de quarante mille hommes, sous le commande-
ment de son grand général Ziebel, et retourna dans ses états. Les Romains et
les Khazars pénétrèrent dans l'Adzarbaidjân , prirent plusieurs,villes et détrui-
sirent les temples du feu. A l'approche de l'hiver les Rhazars commencèrent à
quitter l'armée, et finirent par retourner dans leur pays.
Après le milieu du septième siècle, les Khazars sortirent tout-à-coup de la Les Khaiar»
, SOliCHl
BerziUe intérieure, ou du pays des Barseikh, comme le nomment les historiens de la Berzilie.
arméniens; ils soumirent les Boulgaresqui , sous la conduite de Balbat , étaient
restés au-delà du Don {voyez page 261) , et inondèrent toutes les contrées qui
s'étendent jusqu'à la mer Noire. Vers 700 ils s'emparèrent de la plus grande
partie de la Crimée, occupée jusqu'alors par des tribus ouguriennes, qui s'a-
i^^
Cl lien t\s
ries Klj.T/ars
270 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
vançaient jusqu'au Bog. Les R bazars les soumirent toutes, et devinrent, par
cette conquête , voisins des Slaves établis sur le Dnieper et sur TOka , des Po-
lianes, des Séveriens , des Viatitches et des Radimitcbes; ils parvinrent, avec
le temps, à se rendre tributaires tous ces peuples. Ils avancèrent à l'ouest jus-
(pi en Dacie. I^ puissance de ce peuple devint très considérable.
A la même époque les Arabes ayant subjugué la Perse, se trouvèrent voisins
(vr. ks Anilns, Jes Khazars. Mabomet, frère du kbalife Abduhualek,et eouverneur de l'Adzar-
(u)fi fie .T C.
baidjàn , de la Mésopotamie et de l'Arménie, envoya, en 6go, cent mille
hommes contre eux; mais toute cette armée périt par le glaive ennemi , et les-
K bazars entrèrent en Arménie, où Mabomet, à la tète de quarante mille
hr)mmes , les battit complètement» Un grand nombre de fugitifs se sauvèrent
dans les églises, et y furent brûlés. Après cette y'icioire^ M usiema, fils du kbalife,
poussa, avec quatre-vingt mille hommes, jusqu'aux portes Caspiennes , qu'il
occupa , et les' ferma aux barbares du nord.
Eu 728, les Rhazars entrèrent en Médie et en Arménie, et y remportèrent une
grande victoire sur les Arabes. Alors Tempereur Léon Tlsaurien maria son fils
Constantin, qui parvint après lui au trône,avec la fille du khagan desKbazars((l.
Ce dernier avait toujours sa résidence principale sur les bords de la mer Cas-
pienne, qui portait à cette époque le nom de mer des Khazars. Sa capitale se
trntivait sur le Volga, et s'appelait ^Aiei on Batandjar.
Pendant tout le reste du huitième siècle , les Rhazars ne cessèrent pas de
renouveler leurs incursions en Arménie et dans d'autres provinces des khalifes;
et y commirent des déprédations et des cruautés inouïes. Ils inquiétèrent
même les pays mahométans situés au-delà de la mer Caspienne , car en 799 leurs
trotqjes avancèrent jusque dans le Mavarannabar. Depuis ce temps les historiens
orientaux ne rapportent plus rien des invasions de ce peuple, qui parait être
devenu plus pacifique. Ils avaient alors un gouvernement régulier, ûilc et bien
organisé. L'effet de plusieurs croyances religieuses, telles que le Judamne , le
christianisme, et vraisemblablement ime des branches de la religion de l'Inde,
lépaudues à la fois parmi eux, avait adouci leurs mœurs. Plus tard Vitlamisme
7^«/JeJ.-C.
yij()f\o J -C
(i) ElU «•« fit chrétienne, recul )*• ni>m dVrvfir et dcïinl mère de Léon, qui ptirrint au
lr»ini' t'i rrriji Ir purnom de Khnzare,
eut aussi de nombreux sectateurs chez ce peuple. La bonne intelligence entrt
les Romains orientaux et les Khazars ne fut presque jamais interrompue.
En 809 le khagan de ces derniers et leur beg envoyèrent une ambassade â ï^"' ' •'*-* Soikci ,
l'empereur Théophile» pour le prier de leur faire bâtir une forteresse sur le Don
inférieur; elle reçut le nom de Sarkel . cVst-â-dire habitation blanche (»<nrp<iv
Ô67CITWV ); elle protégeait leur frontière contre les Petchneghes. Une autre am-
bassade khazare arriva en 858 à Constantinople; elle demanda à Tempereur Mi- Christiauistur
*^ ' ' introduit
chel de leur envoyer quelqu'un qui les pût instruire dans la religion chrétienne, «liez les Khazars,
1^3 juifs et les mahométans lâchaient à cette époque de convertir ce peuple à
leurs croyances respectives. Cette mission fut confiée à Constautin de Thessalo-
niquc, homme docte et éloquent. Après avoir appris à Khcrson la langue des
Khazars , il alla chez eux et convertit tout le peuple, même ceux qui avaient
adopté les croyances juive et mahométane. Ils voulurent le combler de présents,
mais il refusa tout, et se contenta de demander la liberté des esclaves grecs qui
se trouvaient clans le pays des Khazars. C'est le même Constantin qui devint
aussi l'apôtre des Moraves et des lioulgares, et qui inventa l'alphabet esclavon.
La puissance des Khazars i^ commença k décliner qu'à Tépoque de la fon-
dation de la monarchie russe par les JVarcghes. Dans les premières annëes du
onzième siècle ils perdirent la Crimée, appelée d'après eux Khazarie; alors ils
ne dominèrent plus que sur les bords occidentaux de la mer Caspienne, et sur
le pays arrosé par le Volga inférieur. Us y restèrent jusqu'à lepoqueoù ils tom-
bèrent sous la domination des Comans et des Ouzes ou Polovîses. Ainrs leur
nom disparut de l'histoire.
La dénomination de Hongrois blana , donnée par les chroniques russes aux
Khazars, et ndentilé de ces derniers avec la tribu hunnique des Akatsires, nous
montre déjà que cette nation était de la race des Finnois orientaux, de même
que beaucoup d'autres qui ont figuré dans la grande migration des peuples. Le
nom de la forteresse de SarkeL qui dans leur langue signifiait habitation blanche,
nous en donne une pins grande cerfitude. Plusieurs savants , présumattt que les
Khazars étaient originairement des Turcs fi), ont cherché à expliqtierce nom par
le turc. Mais, dans cette langue , /^Ainc est rendu par ak ; et kel ny signifie pas
(1) Moi-iTi6me j'ai partagé celle opinion , scdiiil par nn pnssage fantifcle la géographie per-
.«nne, qni pa«se pour Être une Uaduclton de l'ouvrage dTbn Eraukiil. Il y eH djt-que b langue
rlf* ïn ptii:i5ani'c
khazaro.
Les Khazur»
sont des FiiiDois
01 icDtauT,
»insi que les Huns.
fclîou
tlu nom Sijrkel
272 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
habitation. Ce dernier mot ressemble plutôt à kalalt , d'origine arabe et usité
dans les dialectes turcs. Feu M. Lehrbcig, auquel nous devons un mémoire
très intéressant sur la véritable position de Sarkel, a proposé de traduire ce nom
par forteresse jaune ( sari kala'h ). Cette explication, bien loin d'être satisfaisante,
diffère trop de l'idée iS' habitation blanche. D'ailleurs le mot kalah ne s'est intro-
duit chez les tribus turques que par rislauiisme. Mais la plus grande difficulté se
montre dans le mot sar , qui doit signifier blanc ^ et non pasyaune. Une explica-
tion plus naturelle et conforme aux données historiques que nous avons sur
les Khazars est offerte par les dialectes des f^ogouls de la lougrie dans la Sibé-
rie occidentale. Dans ces dialectes, sar et sarni signifient blanc; la racine en est
«-r avec une voyelle entre ces deux consonnes; elle sere trouve avec la même
signification chez plusieurs tribus saraoïèdes dans les mots syr , sirr et siri. Une
maison ou habitation s*appelle dans les différents dialectes wogouh kell , hue l ,
koualy kol , et dans la langue des Tchou vaches kil.
Khazats gouvernés Quoique les Khazars fussent un peuple d'origine finnoise, plusieurs raisons
Khozars mrcs. concourent à faire penser qu'ils étalent gouvernés par une famille d origine"
turque. La dénomination de Turcs orientaux ,que les historiens de Bysance leur
donnent, indique déjà ce fatt ; il devient plus vraisemblable par le titre de kha-
gan que portait le roi des Khazars, et par celui de beg ou pekhk, affecté aux
grands de la nation. Ces titres sont turcs, de même que hataun^ qui était celui
de la reine; ils nous ont été conservés par les Bysantins et par la cosmographie
arménienne attribuée k Moïse de Khorène.
Les auteurs chinois font mention d'un usage singulier qui se pratiquait à l'in-
stallation d'un nouveau kakhan des Turcs.
" Quand on proclamait un kakhan , disent-ils , les grands le portaient sur un
«feutre et lui faisaient faire neuf tours, suivant le cours du soleil ;à chaque tour
» il était salué par tout le monde. Après ces tours faits, on le mettait à cheval ,et on
» lui jetait autour du cou une pièce de taffetas avec laquelle on le serrait si fort
«qu'il étnit près d'expirer. On le relâchait, et on lui demandait combien de temps
• il comptait régner. Le trouble de son esprit ne lui permettait pas de répondre
des Khnîir? est h mPme que celle des Turc*. L'originiil arabe d'Ibn H'aukal dit expre3<émcnl
Ifc couiruire, savoir : «La langue des Rbainrs tlifltrrc de cefle des Turcs et des Persans, et h
lungued'uucun peuple ne corrci«por>d avec ctic. Les Khniars ne ressemblent pas aui Tuics.
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 273
• au juste à cette demande. On regardait cependant sa réponse comme une pré-
«diction de la durée de son règne. »
Il est très remarquable qu Ibn traukal rapporte que le même usage se pra-
tiquait chez les Khazars. < Quand un prince, dit-il, devient khakan, on le fait
"Sortir et on lui serre le cou si fortement avec une pièce de taffetas qu'il peut à
• peine respirer. Dans le même moment on lui demande combien de temps il
• compte régner; il répond alors » tant d'années. On le relâche, et il devient
«khakan des Khazars. S'il ne meurt pas avant le terme qu'il a fixé lui-même, ou
« le tue aussitôt que le temps qu'il a déterminé pour son règne s'est écoulé. «
Quant aux titres des rois et des personnages émiuents chez les Khazars, il nest Khazars gouvernes
i>R r des
pas difficile d'en découvrir la source, si on se rappelle que les Turcs de Tintérieur khakans unes
de l'Asie avaient déjà, au milieu du sixième siècle , éteiulu leur puissance jusque
dans l'Europe occidentale. Il n'est doue pas invraisemblable qu'à Texemple
d'Attila, les empereurs turcs aient installé une branche de leur famille comme
khahans des Khazars, et que ces derniers, quoiqtie d'une origine différente,
aient obéi pendant plusieurs siècles à une dynastie turque. De cette manière les
titres de khagartr khatoun, et peck, usités chez les Khazar.«, paraissent faciles
à expliquer. Un passage de Massoudi , auteur arabe qui écrivait vers l'an c^]5 de •
notre ère, nous apprend qu'alors les Khazars étaient gouvernés en même temps
par un roi et par tin AA^Aa/i héréditaire. Ce dernier n'avait en réalité aucun
pouvoir; le roi s'arrogeait même le droit de le sacrifier à la première demande
du peuple, quand celui-ci croyait que le khakan portait malheur au pays. On
pourrait présumer que fautorité des khakam d'origine turque s'était considé-
rablement affaiblie dans le dernier temps de la monarchie khazare. Des espèces
de maires du palais, après avoir usurpé le titre de roi, étaient devenus les véri-
tables souverains du pays, et tenaient le khakan légitime dans une dépendance
absolue.
Théophylacte Simocatta , qui nous a transmis des notions si précieuses sur les Hoogiois.
peuples de l'Europe orientale et de l'Asie occidentale , raconte que le khakan des
Turcs, après avoir dispersé tes Avares en 697, soumit les OgoVy nation très nom-
breuse et très brave. Les Ogor habitaient à l'est des rives du Tity que les Turcs
appellent la rivière noire. Une partie de ce peuple avait pris les noms de Ouar et
de Khounni, d'après ceux de deux de leurs anciens princes. Le khagan employa
35
274 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
toutes ses forces pour réduire les Ogor, eC tua kur roi nommé Kolkk. Le
carnage fut si grand , que les cadavres de plus de trois cent mille ennemis cou-
vrirent une étendue de quatre journées de chemin.
Il faut faire ici distinction entre les Ogor et la partie de ce peuple qui portait
les noms de Ouar et de KÀounni, Nous avons vu plus haut que vingt mille familles
de ces derniers entrèrent en Europe sous le nom d'Avares; le reste de la nation
ogore, subjuguée par les Turcs, ne quitta pas ses anciennes habitations, compri-
ses dans les contrées ouraliennes ; car les Ouar et les Khounni avaient passé le Volga
pour venir en Europe. Il n'est pas facile de déterminer quelle était la rivière Noire
ou le TU, mais je pense qu'on ne se tromperait pas beaucoup , en supposant
que c'était la Kama , qui coule à l'est du Volga , et vient du pays appelé dans les
chroniques russes Oagor, Yougra ou Yougoria. L'eau de la ILama est d'ailleurs
trouble et d'un brun foncé , circonstance qui peut bien lui avoir fait donner le
nom de rivière Noire; tandis que son affluent le plus considérable porte encore
aujourd'hui le nom de Bélaïa ou blanche. Il est\ en effet, très ordinaire, dans
l'Asie septentrionale, de voir distinguer deux branches d'une même rivière par
les surnoms de blanche et de noire,
PaMige Nestor , le pins ancien historien russe , appelle les Hongrois Ougrr; il parle
des Hongrois y ^ i
en Europe. aussi d'une montagne nommée , d'après eux, Ougorêkoïe. Une inscription latine ,
très curieuse , qui est citée par Coxe , et qui se trouvait sur une des portes du
Kreml à Moskou (i), nous apprend que la Yougrie, ou le pays qui avoisine la
chaîne de l'Oural, portait encore k la fin du quinzième siècle le nom dVngaria,
Ruysbroek nomme cette contrée Grande-Hunnie, ou Grande-Hongrie, et ajoute
(i) L'un 7007,1e grand- duc Ivan P^tusiliewitch cnroja. ion armée dans le pays d'Oiigor
i:ontnUsGougouUtehes{yo^oa\B);[eun Tilles et leurs terres fureat prises, leurs princes
furent ralncus et faits prisonniers, et cooduils ù Atoskwa. Les troupes niises défirent les restes
des Ougres et des GougouUtches, et ruriorent bien portantes yers le grand-duc. Voyes le
Sêeppennaia kniga.
JOAVRBS YaSILII, DbI 6IACIA , MACNCS DVX VOLODIMEaUB ,
MoscovLB, NoTOGAiDUB, TiFiaLE, Plbscotia, Vmcu,
OxGJBIE PIIMIIB arOLGABIE BT ALIAS. TOTIOS Q.
«^ RazIJî DOMIRUS, AiniO TBBTIO IMPBBII SVI , BAS
ToBBBS coaDKiB vcT. Statdit Pbtsvs Antovides ^OLàmV»
Msdiolaubhsis, arvo «at. Donnii 1491 IL. Joui. ^:
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. ^75
que c'est de ce pays de Pascatir que sortirent les Huns^ qui depuis furent
appelés Hongrois*
Le nom é'Ogôr , Oagor et Ougrise prononce aussi Oungri, comme nous le
voyons par les historiens bysantins, par le nom iVOunger que les Allemands
donnent aux Hongrois, et par celui de Vengri ou de Fenghertsi^ qui , en russe,
désigne actuellement le même peuple. H se retrouve , comme je l'ai déjà observé,
dans ceux de plusieurs tribus hunniques, telles que les Ougoures^ Ounougoures
et Ouiiigoures. I^s Hongrois ne se le donnent pas à eux-mêmes; ils s'appellent
Madgyar ( pronon«ez Madjar)^ d'après une de leurs tribus que Constantin Por-
phyrogénète nomme Megeri ( Meyi pr, ). H paraît très vraisemblable que c'est le
même mot que Bachgiiird yyénXahXd nom des Bashkir ou des Pascatir^ et le Ba-
chard de Ruysbroek et Plan Carpin , les labiales m et h étant souvent confondues
chez les peuples asiatiques. Les Rachkir habitent d'ailleurs une grande partie
du pays ougrien ou ïougrien dans fOural; et, quoiqu'ils aient adopté la langue
turque , ils ressemblent plutôt par le caractère de leur physionomie aux tribus
bnnuises qui les avoisinent qu'à une peuplade turque. Les Mestcherèkes^ qui for-
ment une tribu parliculiere des Bachkir, habitent avec eux le même pays; leur
nom ressemble aussi beaucoup au Madjar i\es Hongrois. La plus ancienne no-
tice sur lesBachkir nous a été conservée par Yakouti, géographe arabe, Elle est
d'Ibu Foslan , et remonte au commencement du dixième siècle; nous devons
sa publication à M. de Frîehn de Saint-Pétersbourg. « Bachghird , dit Yakouti,
est aussi écrit Bacluljird et Bachkurd ; c'est un pays situé entre Constantinople et
ta Boulgharie ( sur le Volga ). « Ibn Foszlan , envoyé en 92a par le khalife Mok-
ladir Billahau roi des Boulgares, pour FaiTermir dans la croyance musulmane ,
alla aussi tians le pays des Bachqhird ^ peuple turc qui passait pour être le plus
dangereux et le plus puissant de cette nation. Quand les Bachghird avaient tué
un ennemi, ils lui coupaient la tête et l'emportaient. Ils se rasaient la barbe et
mangeaient des poux; ils taillaient une pièce de bois en forme. de membre viril,
quand ils se mettaient en route, et avant de combattre leimemi , ils baisaient
cette figure en disant : » O mon maître, donne-moi ce que je désire. • Plusieurs
entre eux admettaient douze dieux pour l'hiver, l'été, la pluie, lèvent, les ar-
bres, les hommes et les bétes de somme, l'eau, la nuit, le jour, la mort, ia vie
el la terre. Us croyaient cependant à une divinité supérieure, qui habitait le ciel
^loins
des Hongrois.
Buchkir
ou Btkchdjird.
376 RECHERCHES SUR LA MIGRATIOÎN DES PEUPLES.
et qui gouvernait le monde , en écoutant les conseils des autres. Quelques Rach-
ghird adoraient des serpents , des poissons et des grues.
Yakouli ( treizième siècle) ajoute à ce récit d'ibn Foszlan qu'il avait vu à jélep
un grand nombre de Bachghird ; ils avaient les cbeveux et le teint rouges, ils
étudiaient la loi d'après la doctrine d'Abou H auifa. Un d eux lui apprit que leur
pays était situé au-delà de Constantinople, dans le royaume d'une nation de
Francs (ou d'Européens ), (jui portait le nom de Houngar, Nous sommes raaho-
métans» disait-il, et nous habitons trente viJla«ijes, qui ressemblent à de petites
villes; mais le roi des Houngars, qui nous craint, ne permet pas que nous les
entourions de murs. Nous nous trouvons au milieu des pays cbrétiens: au nord
nous avons les Slaves j au sud les pays du pape , qui est le ebef des Francs et
le vicaire du Messie; à l'ouest est l'Espagne, et à l'est le pays des Grecs. Nous
avons la même langue et les mêmes usages que les Francs , et nous faisons la
guerre avec eux, contie tous ceux qui ne suivent pas la loi de l'islamisme. H
ajoutait que sa nation avait été convertie par sept mahométans venus de la Boul-
garie. Il était venu avec ses compatriotes à Alep pour étudier la loi du pro-
phète. Ceux des Bachghird qui servaient dans l'armée des Francs se rasaient la
barbe. D*Alep à Constantinople il comptait deux mois de chemin, et autant de
celte dernière ville jusqu'à son pays.
Cette notice, quoique un peu obscure , montre pourtant qu*il y avait dans le
treizième siècle parmi les Hongrois une tribu appelée Bachghird (ou peut-être
Madjird ), mais on a raison de douter qu'elle ait été tout entière convertie à
Tislamisme; les Bachghird que Yakouti rencontra dans Alep se disaient peut-
être mahométans pour y acquérir plus de considération.
Grande-Hunaîe La Grande-Hongrie , ou l'ancien pays des Hongrois, des moines du moyen
Grande-Hongrie, âge, comprenait k partie septentrionale du gouvernement dX)renbourg et celui
de Perme. C'est là qu'habitaient, dans le seizième siècle, les Ogors subjugués par
les Turcs, et gouvernés vraisemblablement après cette époque par des princes
de celte nation. C'est de cette circonstance que dérive la dénomination de Turcs^
par laquelle les historiens bysantins désignent souvent les Hongrois.
L'origine d'un peuple barbare , et qui ne connaît pas l'art d'écrire , ne peut
être éclaircie qu'à l'aide des livres de ses voisins plus civilisés. C'est le cas pour
les Hongrois, qui, arrivés en Europe vers lafiu du neuvième siècle , ne furent
:
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 27;
convertis à la religion chrétienne qu'après Tan 973. Avant cette époque et peut-
être plusieurs années après, ils ne savaient pas écrire, et probablement restè-
rent long-temps sauvages; car en ii5o ils passaient encore l'été et l'automne
sous des tentes. Aussi n'ont-ils pas conservé la moindre tradition des événements
qui leur ont fait quitter les pays ouraliens ; du moins les chroniqueurs hon-
grois ne les ont pas conservées. Ces derniers ont préféré de remplir les pre-
miers chapitres de leurs annales des fables les plus grossières, c|ui ne méritent
pas que Thistorien s'en occupe. On est donc obligé de chercher , sur les premiè-
res migrations des Hongrois , les notions éparses chez les annalistes grecs, latins
et russes. Malheureusemenr nous ne trouvons chez ces écrivains aucun rensei-
gnement sur l'époque à laquelle ce peuple quitta l'Oural pour venir en Europe;
et l'histoire ne fait connaître les Hongrois que dans leur seconde patrie, au nord
de la mer Noire.
Nestor raconte * qu'en 898 les Ougres ( ou Hongrois) passèrent devant Kiev
a et traversèrent une montagne qu'on appelle VOugorienne. Ils arrivèrent sui* le
"•Dniepr, et y campèrent en vejes ( camps), car ils marchaient comme
9 les Polovtses. Ils venaient de l'orient , et franchissant tout-à-coup les hautes
j montagnes qu'on nomme OugoréettneSy ils firent d'abord la guerre aux Vlaques
»et aux Slaves, qui habitaient ces monts ; car autrefois les Slaves s'y étaient
• fixés, puis les Vlaques étaient venus s'emparer du pays slave. Plus tard, les
• Ougres en chassèrent les Vlaques et occupèrent leur pays avec les Slaves qu'ils
«avaient subjugués. Depuis ce temps, il fut appelé pays ougorien. Les Ougri
■' commencèrent alors à guerroyer contre les Grecs , et leur firent beaucoup de
• prisonniers dans la Thrace , dans la Macédoine et à ïhessalonique. »
Nestor parle ici de la seconde migration des Hongrois , lorsqu'ils quittèrent
le pays situé entre le Don et le Dniepr. Il se trompe cependant , en plaçant cet
événement sous Tan 898. Il est évident qu'il était antérieur à cette époque ; car en
888 ce peuple se trouvait déjà , sous le nom de Turcs , sur les bords du Danube.
L'empereur Léon lui envoya des présents, pour l'engager à attaquer les Bouiga-
res. Une alliance fut conclue avec Arpad et Koursan, chefs de la nation : ceux-ci
passèrent le Danube, battirent les Boulgares,et leur enlevèrent un grand nombre
de prisonniers , qu'ils vendirent à l'empereur grec. Quelque temps après, les
Boulgares s'unirent aux Petcheneghes; ces derniers chassèrent les Hongrois delà
Los Hbngroiâ
passent
«levant K»r\.
Première
apparîlion
fies Hongrois
eu Euiopc ,
75o do J.-C.
278 RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES.
Transylvanie. Les historiens francs racootent que les Hougrois arrivèrent en
Europe en 889 ; en Sgii , Arnoulf les appelle à son secours contre Sviatopolk,
qui avait conquis la Grande-Moravie; en 893 , ils firent une invasion en Bavière ;
en 894, les Petchenèghes les forcent de reculer jusqu'en Moldavie; en Ô9S, ils
battent les Boulgares ; en Ô96, les Petchenèghes les chassent de la Moldavie;
en 897, ils se fixent en Pannonie; en 898 , ils font la conquête delà Grande-
Moravie; et en 899 , ils entreprennent déjà une expédition contre l'Italie.
La seconde migration des Hongrois est donc antérieure à l'an 89S, époque
indiquée dans la plupart des manuscrits de Nestor, et même à 8»8 , comme on
le lit dans uu setd. Cet événement eut lieu en 88'3 , comme nous le verrons
bientôt.
Un passage très curieux des Acta Sanctorum nous apprend que les Hongrois
{impia gens Httngarorum) passèrent en 760 le Danube, et qu*ils s'avancèrent
jusque dans le pays des Grisous. Ils y pillèrent et détruisirent le couvent de Des-
seriina , fondé par saint Sigebert, dans le voisinage du bourg actuel de Dissentis,
sur le Rhin antérieur. En 858, on trouve encore des Hongrois sur le Danube in-
férieur. Krumus 1 , roi des Boulgares, obtint de grands succès dans ses guerres
contre les Romains orientaux. En Bil\ , il prit Andrinople , enleva les habitants
de cette ville et de son territoire et les transporta dans la partie de la Roulgarie
située au nord du Danube. Les Macédoniens y restèrent pendant vingt -quatre
ans, sous la domination des Boulgares; ils avaient cependant un commandant
de leur propre nation. Kordytis^ qui occupait cette charge en 858, réussit à se
sauvera Constantinople , et disposa l'empereur Théophile â expédier à Tembou-
chure du Danube une flotte pour en ramener ses anciens sujets , qui désiraient
de rentrer dans leur patrie. Les Macédoniens , inquiets de ne pas voir arriver
«'issez vite ces vaisseaux , prennent la résolution de passer le Danube et de retour-
ner sur le territoire romain à travers le pays de leurs oppresseurs. Les Boulga-
res leur disputent le passage; et en essayant de traverser le fleuve pour les atta-
quer, ils sont repoussés. Une armée nombreuse d'Oungres (0'jYYpoi,et plus bas
Ojvvoi et ToupxoiJ vint alors au secours des Boulgares, mais la flotte grecque pa-
rut en même temps. On se prépara aussitôt à combattre. Cependant les Oungres
offrirent aux Macédoniens de les laisser passer librement, s'ils voulaient leur li-
vrer toutes leurs richesses. Ceux-ci refusèrent cette conililion. I^s deux armées
m-i de i.-c.
RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES. 27g
restèrenr pendant trois jours vis-à-vis l'une de l'autre sans s'attaquer; enfin les
Oungres fondirent sur les Macédoniens , mais ils furent repoussés à plusieurs
reprises; ceux-ci s'embarquèrent sans être inquiétés et parvinrent heureusement
a Constantinople.
En S62 , on voit les Hongrois ( Ungri) parmi les ennemis de Louis-le-Germa-
niquej ils firent alors une invasion dans les états de ce monarque, les pillèrent
et y commirent les dévastations les plus cruelles. Auparavant ils étaient inconnus
dans le royaurfie d'Allemagne. C'est vers cette épocuie que de grands dérange- Des tribus turïjues
. , , se fiirigent
ments survinrent dans la position des tribus turques de loccident; alors tout à J'occuleni
cliangea de fiace dans le voisinage de la mer Noire, du Paltis Maotis, du Don et stir (es Hongrois,
entre le Volga et le Don. Cette révolution fut occasionée par la destruction du
dernier grand empire des Turcs appelé par les Chinois Tou khi chi. Les Hoeihmt
ou Turcs-Ouigour (voyez page 121 ) s'emparèrent des pays possédés par cette
nation, qui s étendait des bords de la rivière dlli, dans l'est, jusqu'au Volga, à
louest ; elle fut forcée de reculer à l'occident et de s'avancer vers l'Europe. Les ^
steppes situées entre le laïk (rty)/,) et le Volga (Att.X) furent alors occu-
pées par un peuple nombreux et nomade, d'origine turque , qui se donnait à lui-
même le nom ileKangar ou Kangli, et que les auteurs slaves et bysantins dési-
gnent par celui de Petchenéghes ou Patsinakîtes. Les Khazars étaient leurs voi-
sins à l'ouest, et les Ouzès ou Cotimns au sud et au sud-est ; ces derniers par-
laient la même langue que les Rangar. Déjà en 839 les Petchenéghes avaient
poussé leurs excursions jusqu'aux sources du Donets; et en 867 ils firent la
guerre aux Slaves de Kiev. Les Ouzes occupaient alors les bords occidentaux de
la mer Caspienne, au nord du Caucase; et les Khazars étaieul plus à l'ouest sur
les nives du Palus Mœotis. Ces deux nations se réunirent contre les Petchenéghes,
les vainquirent et les chassèrent de leurs pays. La plupart des Petchenéghes
prirent la fuite; le reste se soumit aux Ouzes, Ceux qui s'étaient sauvés cher-
chèrent de nouvelles liabitations; parvenus dans le pays des Hongrois, ils les at-
taquèrent entre le Don et le Dniepr et les défirent totalement ; une partie de
ces derniers passa le Don et alla se fixer à la frontière de la Perse; le reste s'en-
fuit à l'ouest, passa le Dniepr à Kiev , traversa les monts Karpathes, qui alors
reçurent le nom iVOugouriens, et se hâta d'arriver sur les bords du Danube.
Cet événement, raconté en partie par Nestor, comme nous l'avons déjà vu,
âBo RECHERCHES SUR L\ MIGRATION DES PEUPLES,
arriva en 883. Les Hongrois étaient depuis trois ans sous la domination immé-
diate des Rhazars; ils n'avaient pas de princes de leurs nations : ils étaient gou-
vernés par des chefs qui portaient le titre slave de vaïvodes. Un des plus remar-
Lebedias, vaivodc quables entre ceux-ci fut un certain Lebedias. Le khagan,qai l'avait distingué
pour son mérite, lui avait donné une femme khazare pour épouse. Le pays ha-
bité par les Flongrois avant que les Petchenêghes les eussent mis en fuite avait
reçu le nom de ce chef célèbre, et s*appelait Lebedias. Il était arrosé par le Khin-
gyl et le Khidmas. La première de ces deux rivières est vraiseniblablement la
même que Constantin Porphyrogénète appelle dans un autre endroit iSjn^^M/;
c'est ïlngout de nos jours, un des affluents de la gauche du Boug, un peu
au-dessus de l'embouchure de ce fleuve dans la mer Noire. Il y a encore aujour-
d'hui , dans le gouvernement de Kharkov, une ville nommée Lebedin ; mais
comme Lebed en russe signifie cygne ^ il serait possible qu'elle n'eut rien de
coramtm avec le Lebedias des anciens Hongrois. Ceux-ci quittèrent leurs pays
sous la conduite de ce chef, et allèrent habiter entre le Boug et le Danube.
Sabarioïasphaloi. Cette nation , dit Constantin , ne s'appelait pas alors Turcs , mais Sabarloïaspha-
les ( 2ê«êapToiaTçaXoi ). Elle fut bientôt rejointe par une tribu khazare, nommée
Kabarj qui,s'élant brouillée avec ses compatriotes, se retira vers l'ouest. Les Ka-
èûn apprirent aux Hongrois le dialecte khazare, et se familiarisèrent en même
temps avec Tidiome de ceux-ci. Toute la nation hongroise se composait alors de
sept tribus: c'étaient, indé|)endamnjent des Kabar, les Neké, les Megherc, les
Kurlygermat, les Tariariy les Gkenak., les Karé et les Kassè. Avec le temps,
ces huit tribus se fondirent ensemble , et toute la nation adopta le nom de
Madjar,que Constantin Porphyrogénète rend par Majapoi.
A l'époque où Constantin écrivait, c'est-à-dire vers le milieu du dixième
siècle, le pays que les Hongrois fugitifs occupèrent portait le nom iVAtelkouzou^
Atelkouzou , ATclbcoj^oii. Il était compris entre le Bouff et le Danube inférieur , et s'étendait jus-
pavs tnlre le ' ^
Danube et le Boiig. qu'au pont que Trajan avait construit sur ce dernier fleuve. I^ nation turque des
Patsinakes l'occupait dans le dixième siècle. Je pense qu'il faudrait lire le nom
de ce pays AtA x,ai Oj^o'j , j^tel et Ouzou (i) ; car je présume que le mot y^tel
qtii désigne dans les dialectes turcs occidentaux une grande rivière, a été appli-
(i) D.in> iir» .-ïHlrc endroit de rouvr.igode Cr»n?tanlin on lit ce nom écrit ArcX xa» KouÇot»t
mais c *nt et>core une faute du copiste.
Tribus
i Hongrois.
RECHERCHES SLR LA MIGRATION DES PEUPLES. 281
que par les Patsinakes au Danube, tandis que V Ou zou est le Botig, qui s appelle
encore aujourd'hui cheïL les Turcs de Constauliaoj)!e et chez les Nogay, Ouii-sou
(soit ou soui si^niûe eau ^ rivière). Cette contrée était arrosée par le Baroukh, le
KêuboUjleTrouUos, le Broutas, et le Seretos. On reconnaît dans les noms des
deux dernières rivières le Pruth et le ScretL Le TrouUos est sans doute le Dniestr^
appelé encore Touria par les Turcs. Quant au Baroukhet au Koubou, on doit,
d'après l'ordre de l'est à Vouest suivi par Constantin, les chercher à l'orient du
Dniestr, et entre ce fleuve et le Bong. Ce sont vraisemblablement le Tili-gout et
le Kûuelnik de nos jours.
Iji khagan des Khazars , voulant donner un roi aux Hon^oîs , proposa à liC-
bediasde l'investir de cette dignité. Celui-ci la refusa, et les Hongrois choisirent
pour leur prince Jrpad, fds d*Jtmoutz. Il fut, suivant Fusage des Kiiazars, élevé .\i.,.mI
sur un bouclier et proclamé roi. C'est le fondateur de la dynastie qui a réené '''* «î A'mouts,
sur les Hongrois , et qui s'éteignit avec Andréa mort à Venise en i5oi . '^'^ Hongrois.
Depuis Arpad, les Hongrois se répandirent toujours davantage vers l'occident; •
pendant long-temps ils furent la terreur de leurs voisins; mais leur histoire pos-
térieure appartient exclusivement à l'Europe; je m'abstiens donc de m'en occu-
per, puisqu'elle sort du cercle de mes rechei-ches.
Avant de terminer, je dois placer ici un aperçu du contenu démon travail sur Kempiiuraiion.
la migration des peuples. Je crois avoir réussi à démontrer, 1° que tous les peu- ^
pies qui ont pris part à cette grande révolution , tels que les Huns, les anciens
Boulgares, les Avares, lesKhazars et les Hongrois appartenaient à une seule et
même grande souche, celle des Finnois ouraliens ou orientaux; 2° que les dé-
bris des Huns et des Avares se sont retirés dans le Caucase , où ils se mê-
lèrent avec les peuples lesghi et mitsdjeghi , qui vraisemblablement étaient
de la même origine qu'eux, mais arrivés , par une migration antérieure, dans les
hautes montagnes qui bordent une partie de la mer Caspienne à l'ouest. Il ne
faut pourtant pas croire qtie les nations ouraliennes, que je viens de nommer, ne
formaient qu'une seule branche de la grande souche finnoise et parlaient abso-
lument la même langue : on doit au contraire supposer que leiu'S idiomes étaient
aussi différents entre eux, que le sont l'allemand , le danois , le Sîjédois et l'an-
glais. Le mélange avec d'autres tribus produisit nécessairement cette diversité
dans les langues des anciens Finnois orientaux, comme il a causé celle qfii
56
a8a RECHERCHES SUR LA MIGRATION DES PEUPLES,
existe entre les dialectes des Tcheremisses, des Mordvines et des Tchouvaches de
nos jours. La manière dont j'explique plusieurs points de la partie ethnographi-
que de l'histoire de la migration des peuples sera peut-être susceptible de quel-
ques corrections; toutefois, je crois avoir prouvé que les Huns n'étaient ni des
Mongole ni des Turcs, et que par conséquent les hypothèses du savant D^^ui-
gnes, sur l'origine de ce peuple et sur celle des Avares j doivent être regardées
comme étant sans fondement.
%««»«««««%%
CONCLUSION
Le texte qui accompagne cet Àtia& historique de l'Jsie ne devait pas contenir
lin récit complet de tons les événements qui ont eu lien dans cette partie du monde.
Mon intention était principalement de donner un Jpercu ethnographique et
historique des différentes nations qui ont formé des empires considérables , et
qu'on avait jusqu'à présent confondues ensemble , sous des noms généraux et
très mal choisis, tels que ceux de Tatares , de Peuples de ta race mongole y etc.
Des recherches nouvelles étaient nécessaires pour dissiper les ténèbres qui cou-
vraient encore la filiation des peuples de l'Asie movenne. Fisifehm , Gauhil et
Deguignes avaient déjà mis à contribution , pour cet objet , les immenses richesses
de la littérature chinoise; mais ils n'avaient pas penâé à classer, d'après les diffé-
rentes familles ou souches, les peuples dont ils écrivaient les fastes. On ne peut
cependant blâmer ces savants d avoir négligé un point si essentiel, quand on
fait réflexion qu a fépoque où ils composaient leurs ouvrages, les connaissances
ethnographiques de l'Asie moyenne n'étaient ni assez exactes, ni assez re'pandues,
pour être d'un grand secours à l'histoire. L'art de retrouver la parenté des peu-
ples parle moyen de la comparaison des langues, sur laquelle Leibnitz insistait
si fortement, était encore dans son enfance î et les matériaux existants pour
faire cette comparaison étaient si défectueux et si inexacts, qu'il devenait
impossible de s en servir pour former un système qui ait offert quelque solidité.
C'est par la publication du Dictionnaire comparatif des idiomes de l'Europe et
de l'Asie, ordonnée par Fimraortelle Catherine II y par le Mithridaîe commencé
par le célèbre Jean-Chrétien Jdeltmg, et terminé par le savant professeur f'atcr,
et , je peux le dire, principalement par les Recherches de M. Abet Rémusaly et
par mon Asia polyghtla, que l'on est parvenu à connaître avec précision la pa-
renté et à distinguer les familles des peuples asiatiques de nos jours: ces secours,
et celui des livres chinois, donnent la facilité de suivre leurs filiations à travers
le moyen âge, en remontant jusque dans les siècles qui précèdent immédiate-
ment notre ère.
Il résulte de ces recherches une nouvelle classification des peuples de l'Asie
CONCLUSION.
centrale, que je distingue d'après leurs degrés de parenté eiiToungouses,Sian pi,
Turcs, Ïurcs-Ouigour, Mongols, peuples blonds de la famille indo-gerraauique,
et nations hunuiques ou ogoro-fin noises. Ce sont principalement ces derniers qui,
sortant de leurs anciennes habitations dans les monts ouralieus, vinrent fondre
sur l'Europe , et produisirent l'immense révolution que nous appelons ordinai-
rement la grande migration des peuples.
J'ai cru nécessaire de donner un double aperçu de l'ancienne histoire de la
Perse; Fim d après Firdoussi, ou d'après les traditions vagues et poétiques qui
ont survécu au ravage général produit en Perse par Finvasion des Arabes; l'autre
d'après les auteurs de lantiquité. Il ne me paraît guère possible de mettre jamais
ces deux récits en harmonie. Tous les auteurs qui Tout essayé ont été plus ou
moins malheureux dans cette tentative hasardeuse.Je pense donc qu'il faut aban-
donner les anciennes traditions des Persans aux mylhologisles, qui y trouvent
un vaste champ à parcourir dans un demi-jour si favorable pour quiconque aime
à s^égarer. L'histoire des successeurs d'Alexandre en Perse et celle des Arsacides
a été jusqu'à présent traitée d'une manière bien peu satisfaisante. J'ai préféré de
laisser la dernière de côté plutôt que de répéter le peu de notions incomplètes
que nous avons sur ce sujet; le lecteur m*en saura gré, car il en sera amplement
dédommagé par les savantes Recherches sur les Arsacides, de M. Saint-Martin ,
ouvrage dont on attend la publication avec une juste impatience. Les matériaux
pour rétablir l'histoire des Sassani des, sont encore plus incomplets que ceux que
nous possédons pour rétablir les fastes de la dynastie qui les avait précédés. Les
Sassanides furent anéantis par les Arabes, et depuis cette époque l'histoire de
la Perse appartient à celle des dynasties mahométaues, exclues du plan de mon
ouvrage.
Quant à. l'histoire de la Géorgie , j'ai cru devoir la condmVe jusqu'à la dynastie
khosronienne d'origine persanne ; mon but n'étant que de donner une notion
succincte de l'origine de la nation géorgienne, et de l'état qu'elle a fondé entre la
mer Noire et la Caspienne. Dans l'édition allemande de mon voyage au Caucase,
j'ai donné un aperçu complet de l'histoire de la Géorgie jusqu'à nos jours. J'ai
l'espérance de recevoir bientôt des matériaux précieux pour augmenter ce
travail, que je compte alors publier séparément et en français.
Je n'ai conduit Thistoirc de l'Aj^ménie que jusqu'à l'an 252 , époque à laquelle
CONCLUSION. 265
ce pays fut conquis par Ardechir, fondateur de la dynastie sassanide. Il est ré-
servé à M. Saint-Martin de nous instruire de tous les événements qui sont arrivés
m Arménie, ce savant ayant si bien décrit le pays quien fut le théâtre. Il rendra
t^par là un service essentiel à la littérature, et fera disparaître , dans nos connais-
sances historiques, une lacune qui, sans lui , ne sera pas remplie de long-temps.
L'histoire de la Chine est d\ine haute importance, non seulement pour cello
de TAsie, mais aussi pour celle de l'Europe; je n'ai donc pu me dispenser de la
traiter un peu plus en détail que les autres. J'ai glissé sur les temps fabuleux,
et sur les événements d^s trois premières dynasties historiques. Pendant le
règne de ces derniers , les Chinois n'ont presque pas eu de contact avec les
peuples voisins de leur empire. Ce n*est que sous la dynastie de Thsin que
commença Feffet de l'influence exercée par la Chitae sur TAsie moyenne. Chi
houang ti battit les Hioung nou ; les Han détruisirent la puissance de ces Turcs, .
et parvinrent à pousser leurs conquêtes jusqu'aux parties supérieures des cours
du laxartes et de TOxus. Leurs armées s*avancèrent bientôt plus à l'ouest, jusqiu^
dans le voisinage de la mer Caspienne; et des relations directes s*établirent entre
ia Chine et les Romains. Souvent , sous les dynasties suivantes , l'empirr
chinois s'étendit aussi loin du même côté; et sous les Thang une grande partie de la
Transoxiane et les provinces limitrophes de la Perse furent soumises au céleste
empire. Les rapports de la Chine avec l'occident avaient été interrompus pendant
quelcjue temps par les troubles qui déchirèrent oe pays , après la chute des Thang-
Sous lesSoung, qui commencèrent à régner en 960, ils se rétablirent. Les empe-
reurs de cette dynastie reçurent des ambassades fréquentes de Khotan, des khalifs,
de différents pays de l'Inde, et, en 1081, une de Michel Ducas, empereur de Con-
stant inople ( Voy. p. 70). Cependant l'établissement du royaume khitan des Liao ,
au nord de la Cbdne, dut gêner beaucoup les communications entre les Soung et
les peuples de F Asie centrale ; des communications furent tout-à-fait interceptées
par la puissance des Kin , peuple de la famille toungouse, qui s'empara, vers le
milieu du douzième siècle, de la partie septentrionale de la Chine , et força lem-
pereur des Soung de se retirer au sud , et d'établir sa résidence dans la ville
connue actuellement sous le nom de Hang tcheou fou, et qui est la capitale de
la province de Tche kiang.
Le seul chemin pour arriver alors en Chine était par mer; aussi le commerce
a86 CONCLUSION.
dans les ports de l'empire était très considérable. Il y attira les navires des Arabes,
des Parsi et de tous les peuples maritimes de Tlnde , de même que ceux de Su-
matra, de Java, de Bornéo et des Philippines, tandis que le grand commerce
qui se faisait auparavant par les caravanes , en traversant toute l'Asie moyenne
pour arriver à la frontière de la Chine, était presque anéanti.
Les Soung furent remplacés par la dynastie mongole de Yuan; celle-ci fut
assez puissante pour rétablir les anciennes liaisons avec Toccident. Alors la
Chine fut découverte de nouveau par Marco Polo et d'autres voyageurs européens.
Le manque total de matériaux m*a forcé de passer sous silence l'histoire et
les antiquités de l'Inde. La géographie politique de ce vaste pays, même long-
temps après qu'il eut été occupé par les mahométans , nous est encore très peu
connue. Ce n'est que sous le règne des souverains qu'on appelle ordinairement
les Grands Mogols, qu'on commence à mieux discerner les faits : or les évène -
ments qui tombent dans cette époque sortent du cadre dans lequel j'ai renfermé
mes récits ; ainsi je n'ai pu m'occuper de l'histoire de lllindoustan ; j'ai de même
été obligé de laisser cette contrée de l'Asie à peu près en blanc , dans, la plupart
des cartes de l'atlas. K.
Paris, ce ao mars i8a6.
NOTE
POUR LE CHAPITRE QLI TRAITE DES PEUPLES TIBÉTAINS
(page i3o}.
Dans le chapitre qui traite de la famille tubélaine (pag. i5o et suivantes), j'ai regarde
comme lui appartenant la nation des Vue tchi, qui, dans le troisième siècle avatit tiotre
ère , occupait le pays situé à l'ouest de la province chinoise de Kan sou. Les his-
toriens chinois comiaissent trois peuples portant le nom de Vut tchi; ils les distinguent
par les dénominations de Grands Vue tchi » <le Petits Vue tchi et des Vue tchi de
Ilouang tchoung. Le savant Thou chi^ qui composa son Tkoung tian dans le neuvième
siècle de notre ère , place les Yue tchi de Houang tchounf^ parmi les tribus des Khiang
ou Tubttains orientaux; et il dit expressément qu'ils avaient presque le langage et les
coutumes de ces derniers. Cet auteur range au contraire les Grands et les Petits
Yue tchi avec les nations de l'Asie occidentale , et ne dit rien de leur langue. D'un
autre côté, nous voyons, par les annales de la Chine, que ces deux branches de la na-
tion Yue tchi, qui ne formaient qu'une setde souche, habitaient anciennement à l'oc-
cident delà Chine, avec les Ou sun, nation blonde qui sûrement n'était pas d'origine
tubétaine. Les Petits Vue tchi furent séparés des autres pendant la fuite de toute la na
tion vers le nord-ouest; ils se retirèrent alors dans les montagnes qui bordent ïv TuLet
\ au nord, et s'y mêlèrent avec les Kliiang. Les Yue tchi de Houang tchoung paraissent, au
[contraire, n'avoir jamais quitté le pays montagneux qui est au sud des villes de Kan
tchéou et de Sou tchéou de nos jours j ils y étaient voisins des tribus Khiang , occupant
les mêmes montagnes, et en contact continuel avec elles. Cette proximité de deux peuples
d'origine différente peut avoir produit une fusion complète, et comme les Yue tchi y
étaient vraisemblablement les moins nombreux , ils finirent par adopter entièrement
la langue et les mœurs des Khiang. Celte supposition acquiert plus de solidité par ce qui
va suivre- Mais je dois avouer d'abord que je me suis probablement trompé en disant que
les Yue tchi appartenaient à la faniiiiù tubétaine (i). Cette erreur paraîtra excusable, si
Ton fait réflexion que les auteurs chinois nous ont fourni bien peu de renseignements
ethnographiques sur ce peuple.
Dans les annales chinoises le nom des Y'uc tchi est écrit tt^ JR et 3C M *
(j) It faut aupprimcrli note (i) à la page i52; fjoicooroodu VmPttîti Yue tehi ajtc Ici Yue tchi de Houang,
288 -^^^— '' NOTE.
Dans ces deux transcriptions les deux derniers caractères se prononcent icki; cependanr
on rencontre le même mot écrit très souvent gV J3 , ce qui doit se prononcer Yuc tf.
L'écriture des Chinois est peu propre à marquer et à conserver les sons des mots; rt
il est constant que, dans la suite des siècles, la prononciation des caractères a changé
fréquemment : les grammairiens chinois citent une foule d'exemples qui démontrent que
le I a été souvent remplacé par im tch : le mot de Vue tchi paraît en fournir une nou-
velle preuve; en effet, il est probable que sa prononciation primitive a été Vue ti ,
comme l'indique la troisième manière de l'écrire, que je viens de citer en caractères chi-
nois : or l'tieti est le même mot que T ut. Les 1 «c (i ayant conquis une grande partie
de l Hindoustân septentrional, et principalement les pays arrosés par flndus (voyez.
pages i55 et i54)» les anciens chinois donnaient communément à l'Inde le nom de
Royaume des Vue ti ou des Y ut.
Quoique l'histoire de l'Inde soit encore couverte d*un voile épais ^ nous savons pour-
tant , par des inscriptions sanskrites et d'autres monuments, que les Y ut ou Jut ont
fondé, à répoque Indiquée par les auteurs cliinois,de puissants empires dans THindous-
tàn; qu'au cinquième siècle , des princes de Irur race régnaient dans le IVndjàh scpten-
ii'ional , et que, vers Tan looo de notre ère, ce peuple opposa sur Vlndus une résistance
opiniâtre à Mahmoud le Gnaznevide; mais qu'il fut repoussé au-delà du SeticdJ, Nous
avons vu aussi que les Yue ii reçurent plus tard le nom de Ye ta. Ils sont sans doute le
même peuple que les Cctes t vaincus par Tchinghiz-kban et par Timour. Les descendants
lies anciens Yue ti existent encore de nos jours dans l'Inde. Dans la partie nord-est de la
province de Goudjerat, on trouve le territoire de Jutvar , ou pays des Jut ^ Jhttt ou
Y ut ; il s'étend le long du grand marais appelé Rann, et il est traversé, pendant la saison
pluvieuse, par plusieurs bras du Banass , par le Seresvati et le Houpeyne. Les Yut s'éten-
dent bien au-delà de ce pays désigné par leur nom ; car les provinces de lempire des
Afghans, situées sur la rive gauche de Tlndus, sont habitées par une peuplade de Hin-
dtklnomméG Yut; tous les paysans niahométans du Pendjab appartiennent à la même
souche : ce peuple forme la population principale du Sin<h ; il est mêle aux Balautchi ,
dans le Baloutchistân, où il est aussi connu sous le nom de Jugdall. Les \ul e^ui ha-
bitent le Jutvar sont originaires du Sindi : c'est un peuple inquiet et adonné au bri-
gandage ; dans certaines saisons , ils poussent leiu*s incursions à ime grande distance de
chez eux. Ils sont mahométans^ tuent les vaches et les bœufs , et préfèrent la chair de ic
dernier animal à toutes les autres. La physionomie de ce peuple ressemble à celle des
Européens, et son profil rappelle orditiaircment celui des Grecs.
Los Yuc tchi ou Yue ti des Chinois n'étant pas d'origine tuhétaine, je suis porte à
NOTE. 289
croire qu'ils appartenaient à la race 1>londe, parcequ'ils vivaient mêlés avec les Ou sun,
qui étaient blonds; or, il est rare que deux peuples nomades, d'origne différente, habi-
tent long-temps ensemble sans se brouiller, et que l'un ne devienne pas sujet de l'autre.
Le nom des Vue ti ou Y ut rappelle celui des Yuts ou Goths , qui sont venus en Europe :
il serait très possible que les Yutes, arrivés en Scandinavie avec Odin , aient été le même
peuple (jui, trois siècles avant notre ère, habitait encore au nord du lac Khoukhou noor
et à l'ouest de la province chinoise de Kan sou. Ceci supposerait rémigration des Goths
de l'Asie centrale postérieure à celle des autres peuples germaniques.
37
SOMMAIRES
DU TEXTE
ACCOMPAGNANT LES TABLEAUX HISTORIQUES DE L'ASIE.
iMrnunvcTioK. Page i
IIiÀToiRc DE l'ancienne Perse , d'après Fir-
doussi.
Dyniislie des Pichdudiens. 4
Dynastie des Kuïaniens. i5
Histoire delà Pbbse juscjd'adx temps d'A-
LBXAHDBB-LB- GRAND, d'uprës les auteurs
grecs. 23
Histoire de la Chine, jusqu'à la fin de la
dynastie desThsin, 207 avant notre ère. 29
Événements de la Chine, jusqu'à ladi?i-
sion de l'empire, en 220 de notre ère. 5/|
Événements de la Chine, jusqu'à la fin
de la dynastie des Than g, en 907 de
notre ère. 1 87
Kvènements de l'Asie occidentale, depuis
la mort d'Alexandre jusqu'en 236 après
notre ère. 58
ÊvEKEHKNTS DE LA GÉORGIE , jusqu'au mi-
lieu du troisième siècle de notre ère. /jo
Kvi^sEMENTS DE l'Armbnie, jusqu'àl'an 232
de notre ère. 5()
Événements de la Corée , jusqu'à la fin du
neuvième t-iècie après J.-C. 74
ÉviiNEMENTs DU Japoit , jusqu'cu 399 de
notre ère. Page 78
Aperçu historique et bthnograpuiql'e
DES PEUPLES DE l'AsIE MOYENNE , jUSqu'à
l'an 1000 de notre ère. 81
Peuples de race toungouse. 83
Peuples de race sian pi. 95
Peuples de race turque. 101
Turcs-Ouigour. lai
Peuples de race tubétaiuc. i3o
Peuples de race mongole. 1 55
Noie sur les Khitans. 169
Peuples de l'ancienne race blonde de
l'Asie centrale. 161
AeCHERCHES sur la GRANDE MIGRATION DBS
PEUPLES DE RACE FINOISE ORIENTALE. 253
Huns et tribus hunniques. 234
Boulgares primitifs. 260
Avares ou Ouar et Khounni. 2G2
Ivbaiares. 268
Hongrois, ou Ogores et Ongres. 273
Note au chapitre qui traite de la race tu-
bètuine. ' 287
Conclusion de l'ouvrage.
Fl.N DliS SOMMAIRKS.
1
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4
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Tableaux historique* de l'Asfe
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